*Enimont ? L’auditrice respira profondément,
presque déprimée d’avoir évoqué ce nom
maudit. –Il s’agit d’un immense scandale de
corruption, dit-elle en insistant sur le mot
«immense»*
(Extrait : VATICANUM, José Rodrigues Dos Santos,
traduction française aux Éditions Hervé Chopin, 2017,
éditions numériques et de papier, 504 pages num.)
Depuis des siècles, trois prophéties annoncent la mort du pape et la chute du Vatican. Des documents de première importance sont volés dans la cité pontificale, le pape fait appel à Tomás Noronha pour les retrouver. Celui-ci commence son enquête dans les catacombes de la basilique Saint-Pierre, mais sa mission prend très vite une nouvelle tournure. Le pape vient d’être enlevé, il est menacé de mort. Le compte à rebours commence et le chaos menace. Les attentats s’enchaînent et plusieurs pays se préparent à entrer en guerre. Noronha doit retrouver le pape et mettre fin à cette situation en voie de devenir apocalyptique.
AVANT-PROPOS
Banco Ambrosiano est une banque italienne qui a fait l’objet d’une des plus retentissantes faillites de l’histoire en 1982, suscitant ainsi un énorme scandale impliquant la Mafia et la banque du Vatican, son premier actionnaire. Ce scandale aussi spectaculaire que complexe ouvrira la voie à l’opération MAI PULITE qui mettra au jour dans les années 90 des vérités troublantes.
Ainsi, Roberto Calvi, membre de la loge *Propaganda Due*, une loge maçonnique appelée *P2*, et aussi directeur de la banque Ambrosiano, a été retrouvé pendu sous un pont de Londres le 17 juin 1982.
En 2006, dans la foulée du procès Calvi, le grand-maître de la loge P2 est arrêté après 3 mois de cavale à Cannes. En 1978, alors qu’il fait une tentative d’assainissement des finances du Vatican, Jean-Paul premier est retrouvé mort. On a lié le décès au scandale de la banque Ambrosiano car cette dernière venait d’être accusée de transférer secrètement des fonds au syndicat polonais SOLIDARNOSC et aux Contras du Nicaragua soutenus par Washington contre le régime sandiniste.
Pour l’histoire générale, cliquez ici, Suggestion de lecture spécifique ici.
LE CÔTÉ OBSCUR DU VATICAN
*L’heure était extrêmement grave…le
délai fixé par les ravisseurs était sur
le point d’expirer et il ne restait plus
assez de temps pour découvrir le
lieu où ils retenaient le chef de l’église.*
(EXTRAIT: Vaticanum)
En cours de lecture de ce pavé qui fait près de 600 pages, j’ai fait une recherche pour m’assurer que je départageais correctement la fiction de la réalité. On y parvient aisément mais ça fait peur un peu. On trouve ici tout ce qui touche le tripotage des finances du Vatican, le cambriolage du palais des congrégations, les relations du Saint-Siège avec la mafia, le blanchiment d’argent, le sabotage systématique des enquêtes judiciaires de la part du Vatican, le célèbre scandale de la banque Ambrosiano et j’en passe…
tout cela constitue malheureusement une triste réalité. Ce qui concerne la fiction vise surtout la piste Islamique et l’enlèvement du pape. Même les prophéties présentées dans ce roman concernant la mort du pape sont authentiques. Je fais références aux prédictions de Malachie, Pie X et de Fatima.
L’histoire commence alors que le Pape fait appel au célèbre cryptologue Tomas Norona pour retrouver des documents très importants volés au Palais des congrégations. Puis tout s’enchaîne : le pape est enlevé et menacé de mort, le monde est menacé de chaos et la situation devient presqu’apocalyptique. Le temps est compté et dans son enquête, Norona fait d’obscures découvertes de nature à faire frémir d’horreur le monde…et les lecteurs…
Ce livre me rappelle un peu un énorme dossier de presse. La recherche documentaire est impressionnante. Entre les éléments d’action le livre comporte trois parties : un long dialogue avec le pape au début, un très long dialogue avec Catherine, la principale auditrice du Vatican et une longue conclusion qui n’est rien d’autre qu’un spectaculaire exercice de logique, de la part d’un simple historien qui vient mystifier les policiers chargés de l’enquête.
Trop beau pour être vrai dans les faits. Ça m’a rappelé un peu Da Vinci Code. Toutefois, Dos Santos est plus crédible et son histoire beaucoup mieux construite. Le problème majeur de Vaticanum tient sur le fait que le récit est long, répétitif, redondant jusqu’à l’ennui.
Donc le texte est lourd et les interminables dialogues, bâtis comme des articles de presse, diluent beaucoup l’action. Au moins, la crasse bancaire vaticane qui en ressort est un fait avéré. L’information livrée est vulgarisée et claire. Il y a quand même des éléments importants qui font que le lecteur et la lectrice ont de la difficulté à lever le nez de ce livre.
En fait, Dos Santos a le don de finir chaque chapitre par un élément qui rend le lecteur captif et qui l’oblige pratiquement à passer rapidement au chapitre suivant : un rebondissement, un fait nouveau, une révélation spectaculaire…c’est comme ça pour chaque chapitre. Moi qui ai toujours apprécié les livres ventilés avec des chapitres courts, j’ai été servi.
Voilà…on peut bien pardonner un peu les longueurs, la redondance et certains éléments comme la petite condition sentimentale de tomas que j’ai trouvée passablement insignifiante, car le récit ne laisse pas indifférent et même…il choque, remue, secoue, provoque la colère. L’émotion n’est pas imprégnée dans le récit qui est au contraire plutôt froid. C’est le récit qui crée l’émotion dans l’esprit du lecteur et le laisse grandir.
En conclusion, vous avez ici un récit dont l’aspect thriller alterne avec l’aspect journalistique. Les deux sont intéressants mais le rythme est altéré. Ça se lit vite malgré tout et je vous assure que votre patience sera récompensée.
Suggestion de lecture : LA FORMULE DE DIEU, de J.R. Dos Santos
José Rodrigues dos Santos est un journaliste, reporter de terrain, correspondant et écrivain portugais d’origine africaine. Il est né à Beira au Mozambique le 1er avril 1964. Pour CNN et la BBC, Dos Santos a parcouru le monde pour couvrir les plus grands conflits. Il a tiré de cette expérience de terrain des romans majeurs traduits dans près d’une vingtaine de langues. Il a un vécu très intense qui se répercute dans son œuvre littéraire.
Bonne lecture
Claude Lambert
Le dimanche 23 juin 2019