FENÊTRE SUR CRIME

Commentaire sur le livre de
LINWOOD BARCLAY

*- Tu dois partir, a répété Howard sur un ton suppliant.
 C’est ça que je fais pour toi, Morris. Je te laisse en dehors
de certaines choses que je fais. Je fabrique des saucisses.
 Personne n’a envie de savoir ce qu’il y a dedans. Je fais ça
pour toi…*
(Extrait : FENÊTRE SUR CRIME, Linwood Barclay. À l’origine : Belfond
éditeur, 2014, papier, 472 pages. Version audio : Thélème éditeur, 2016,
durée d’écoute : 14 heures 3 minutes, narrateur : Bertrand Suarez-Pazos)

À la suite du décès de son père, Ray doit abandonner ses activités pour retourner dans la maison familiale. Il y retrouve Thomas, son cadet atteint de schizophrénie, qui passe ses journées devant un programme de cartes interactives sur son ordinateur. Convaincu de l’imminence d’une attaque terroriste, celui-ci mémorise les plans des grandes villes jusqu’au jour où il pense avoir surpris une scène de meurtre. Il ne cesse de harceler son frère pour qu’il aille vérifier sur place. De guerre lasse, Ray se rend à Manhattan, déclenchant malgré lui une spirale tragique…

La peur et la traque
*Personne n’avait vu le garçon quand il était à la fenêtre.
Personne n’avait levé les yeux.
Personne ne l’avait aidé. *
(extrait)

Vous avez lu sûrement le synopsis. Je veux juste aller à l’essentiel, Thomas Kilebried est un homme dans la trentaine, atteint de schizophrénie mais très intelligent et doté d’une mémoire colossale. En explorant un logiciel de cartes interactives appelé *world 360*, branché à des milliers de caméras dans les grandes villes du monde, Thomas est témoin d’un meurtre perpétré dans un appartement de New-York et capté par une caméra qui transmet le tout sur internet.

Thomas harcèle son frère Ray, illustrateur professionnel venu régler la succession de son père, mort des suites d’un accident avec sa tondeuse à gazon. À partir du moment où Ray se rend à New-York pour enquêter, le récit se corse et l’auditeur/auditrice est attiré irrésistiblement dans l’enchevêtrement de plusieurs intrigues qui finiront par converger dans une finale tout à fait captivante.

Si l’auditeur-auditrice peut passer à travers les deux premières heures qui sont passablement monotones et introduisent beaucoup de personnages, il n’en aura aucun regret car l’auteur met habilement ses pions en place.  Quand j’ai réalisé le caractère suspect de la mort du père de Ray et Thomas et que ce dernier gardait enfoui en lui un secret de famille pas forcément très propre, le récit m’a pris comme une mouche se fait prendre dans une toile d’araignée.

Même s’il y a plusieurs intrigues qui s’entrelacent dans cette histoire, elle est facile et agréable à suivre grâce à un fil conducteur solide. Le roman, bien que noir, est empreint d’une grande sensibilité et évite l’étiquetage de la schizophrénie mais suggère plutôt le respect des différences.

La première moitié comprend des longueurs, un peu de redondance, quelques dialogues creux. Le rythme prend un peu de place à s’installer. Mais à partir du milieu, l’imagination de l’auteur explose, ça devient haletant et fortement intrigant. C’est bien bâti et le texte a un petit caractère angoissant qui n’est pas sans rappeler FENÊTRE SUR COUR du célèbre Alfred Hitchcok. Évidemment, dans FENÊTRE SUR CRIME, Linwood Barclay mise beaucoup sur les technologies et ça lui réussit.

Sans être au pied de la lettre, c’est tout le récit qui repose sur un logiciel manipulé d’ailleurs par un schizophrène d’une remarquable intelligence. Thomas est le personnage le plus réussi et le plus fini de la distribution…à en être attachant. Le reste est un amalgame de chantage, de meurtres, de règlement de compte, de dérèglement sexuel et de poursuites. C’est cohérent, c’est fort. Un bon moment d’écoute.

Suggestion de lecture du même auteur : CETTE NUIT-LÀ

Linwood Barclay est un auteur et ancien éditorialiste.  En 1959, il émigre à Toronto au Canada avec sa famille alors qu’il est tout juste âgé de quatre ans. Il commence à écrire des livres en 1995 et publie quatre ouvrages humoristiques de 1996 à 2000 ainsi que quatre thrillers de la série Zack Walker de 2004 à 2007. Auteur de polars incontournable, Linwood Barclay a déjà publié seize romans chez Belfond, dont Cette nuit-là (2009) et sa trilogie consacrée à la ville fictive de Promise Falls – Fausses promesses (2018), Faux amis (2018) et Vraie folie (2019). Tous sont repris chez J’ai lu.

du même auteur

Bonne écoute
Claude Lambert
le dimanche 19 janvier 2025

LES OISEAUX

Commentaire sur le recueil de
DAPHNÉ Du MAURIER

<Il cria en agitant les bras et les dispersa; comme le premier oiseau, ils s’envolèrent et disparurent par-dessus le toit. Il laissa vivement retomber la vitre de la fenêtre à guillotine et la ferma. -Tu as entendu ça ? dit-il. Ils m’ont attaqué, ils voulaient me crever les yeux. > Extrait : LES OISEAUX ET AUTRES NOUVELLES, Daphné Du Maurier, Albin Michel éditeur, 1953 et 1988. Édition de papier, 327 pages.

LES NOUVELLES :

Les Oiseaux : Sans raisons apparentes, des nuées d’oiseaux attaquent des maisons, puis un village. Les agressions s’étendent. La guerre aux humains semble déclarée.

Le pommier : Un veuf associe mentalement un vieux pommier de son jardin à son épouse récemment décédée. À côté du vieil arbre se trouve un jeune pommier qui rappelle à l’homme une fille qu’il a aimée. Le vieux pommier en voudrait-il à l’homme ?

Encore un baiser : Des aviateurs sont tués, supposément par une femme activement recherchée. Malheureusement, le héros de l’histoire s’est trouvé sur son chemin.

Le vieux : Près d’un lac, un homme observe à distance un vieux couple dont il est impossible de percer l’intimité jusqu’à ce qu’un évènement tout à fait inattendu renverse complètement l’observateur.

Mobile inconnu : Un détective privé enquête sur le suicide d’une jeune femme. Ce qu’il apprend est désarmant. Ce qu’il dira au père de la jeune suicidée est tout à fait inattendu.

Le petit photographe : une femme de la haute société mais tout à fait insignifiante, s’ennuie dans son couple. Pour mettre du piquant dans sa vie, elle prend un amant qu’elle va manipuler cruellement, pour s’amuser et passer le temps. Mais ça ne se terminera pas du tout comme elle l’espérait.

Une seconde d’éternité : Au retour d’une promenade, une femme ne reconnait plus sa maison et observe à sa grande surprise que la maison est occupée. La police l’emmène au poste. Personne ne semble reconnaître cette femme. Quelque chose a dû se passer pendant la promenade…

Au cœur de la nuit, le vent d’est cingle la falaise. Entre deux rafales, des nuées d’oiseaux cognent aux vitres. Mais ce n’est pas la peur qui les précipite avec une telle force vers le monde des hommes…

On retrouvera ici – et pas moins terrifiant – le récit qui inspira son chef-d’œuvre au maître de l’angoisse, Alfred Hitchcock.

Dans les autres nouvelles de ce recueil, l’horreur se fait plus insidieuse, le fantastique à peine étranger au réel. Il suffit d’un pommier à forme étrangement humaine, ou d’une ouvreuse de cinéma qu’un jeune mécanicien a envie de suivre après la séance…

La fiction que la réalité redoute

J’ai beaucoup aimé ce recueil. Les nouvelles ne m’ont pas toutes atteint de la même façon.

J’ai adoré ou simplement aimé mais aucun récit ne m’a laissé indifférent. Toutes les histoires sont imprégnées d’étrange, de mystère, de bizarre allant aux limites du surnaturel, du fantastique.

Dans chaque récit, j’ai particulièrement apprécié une petite touche d’inachevé, d’inabouti, parfaitement voulue par l’autrice. Mais elle nous laisse quantité d’indices, de clés…non pour nous permettre de résoudre le mystère mais plutôt de titiller notre libre arbitre, stimuler notre réflexion, bref nous équiper pour amener notre propre solution. Brillant.

Évidemment, la nouvelle la plus célèbre est la première : LES OISEAUX. Bien que cette nouvelle angoissante ait inspiré le célèbre film éponyme, je veux préciser ici que l’œuvre d’Alfred Hitchcok n’a pas grand-chose à voir avec la nouvelle de Daphné Du Maurier. Hitchcok s’est aussi basé sur autre chose, Un fait vécu mais explicable apparemment. Il faut lire la nouvelle car ce détail m’a sauté aux yeux.

Cela dit, LES OISEAUX occulte sensiblement les autres nouvelles et c’est un peu dommage car elles ont toutes sans exception un cachet particulier et attractif, en particulier UNE SECONDE D’ÉTERNITÉ qui m’a fait développer une forte empathie pour la pauvre madame Ellis et LE VIEUX qui m’a totalement pris par surprise.

J’admire la capacité de Daphné Du Maurier d’amalgamer aussi subtilement qu’habilement la psychologie et la conscience humaine en insérant à chacune de ses nouvelles ces éléments qui amènent le lecteur, la lectrice à plonger dans l’impossible, le hasard, la coïncidence…le surnaturel.

Brillamment écrit et fortement recommandé : LES OISEAUX et autres nouvelles de Daphné Du Maurier.

Suggestion de lecture : MALÉFIQUE LE POUVOIR DU MAL (roman du film) d’Elizabeth Rudnik


Extrait du film LES OISEAUX …voir les détails


L’auteure DAPHNÉ Du MAURIER

Bonne lecture
Claude Lambert
le samedi 18 janvier 2025

FINGERS

Une aventure de Lucky Luke par
Lo Hartog Van Banda et Morris

Extrait : LUCKY LUKE FINGERS, scénario : Lo Hartog Van Banda, dessins : Morris. Lucky comics éditeur, 2001, bande dessinée, 47 pages. Numérique et papier.


Lucky Luke apprend que cinq (!) Dalton viennent de s’évader. En effet, un habile prestidigitateur du nom de Fingers a participé à l’évasion des Dalton mais c’est aussi lui qui va permettre de les renvoyer en prison. Se prétendant injustement condamné, ce « gentleman cambrioleur » a besoin de l’appui de Lucky Luke pour son recours en grâce. Il obtiendra gain de cause mais Lucky Luke gardera un œil sur lui car ses mains échappent à tout contrôle !

 

Le parfait héros

J’ai adulé Lucky Luke pendant de nombreuses années. Je l’aime toujours mais mon intérêt a baissé d’un cran. Comme tous les inconditionnels de l’homme qui tire plus vite que son ombre, j’ai dû subir deux sevrages avec cette série de BD qui réussit à garder la tête hors de l’eau. D’abord, Morris a troqué la cigarette pur une brindille de paille. Je peux comprendre Morris, il ne faisait que devancer les exigences de la loi Elvin, adoptée au début des années 1980 en France et encadrant sévèrement la publicité sur le tabac. C’est un détail, loin d’être malsain mais je ne m’y suis jamais fait.

Autre sevrage important, le décès de Goscinny en 1977. Depuis ce jour, la série a perdu un peu de ses étincelles et a commencé à vieillir à mes yeux. La subtilité et la spontanéité de Goscinny manquent cruellement au scénario de FINGERS. Ça reste une bonne histoire, drôle par moment, pas désagréable à lire au contraire. Malheureusement, le personnage de Lucky Luke s’est affadit avec le temps. Il reste stoïque, sûr de lui mais il est devenu prévisible et sans éclat. Toujours vedette, mais d’une série essoufflée. Dans FINGERS, Luke est plus effacé, trop,  en fait, par rapport au prestidigitateur à qui le scénariste a donné des pouvoirs surdimensionnés

Morris, très différent aussi de son prédécesseur Uderzo a fait quand même de son mieux pour rehausser le scénario de Van Banda et a réussi à rendre l’ensemble plus rigolo. L’histoire de Lucky Luke est quand même extraordinaire.

Plus de 80 albums. Malgré une certaine baisse d’intérêt, j’ai apprécié la lecture de FINGERS. Je sens que je n’en ai pas terminé avec le <poor lonesome cowboy> car j’aime particulièrement l’environnement dans lequel il évolue, une espèce de carricature du far ouest qui m’a toujours fait rire.

À gauche, le scénariste Lo Hartog Van Banda, à droite, le dessinateur Morris, créateur de la série LUCKY LUKE

BONNE LECTURE
CLAUDE LAMBERT

Le vendredi 17 janvier 2025

 

S’AIMER MALGRÉ TOUT

Commentaire sur le livre de
NICOLE BORDELEAU

*Lorsqu’une vieille blessure de rejet se réveille, on est comme saisi d’une forte fièvre et on peut perdre le contact avec la réalité. Quand Madeleine vit le jeune couple s’éloigner d’elle, c’est ce qu’il lui arriva. Elle fut projetée dans le passé. Des souvenirs douloureux fusaient de toutes parts, avec une force qui la fit vaciller. *

(Extrait : S’AIMER MALGRÉ TOUT, Nicole Bordeleau, Flammarion éditeur, 2021, 400 pages, ISBN : 9782081519473, disponible en version audio chez Vues et voix éditeur, durée d’écoute : 9 heures 4 minutes, narratrice : Chantal Fontaine.)

Un concentré d’aveux

S’AIMER MALGRÉ TOUT est l’histoire d’une femme au bout du rouleau : Édith, une professionnelle détruite à petit feu par un misogyne sans conscience, alcoolique avec un foie malade, et guettée par la dépression est perdue dans un cercle de dépendance qui remonte à deux générations et qui met en évidence une tendance à la fragilité mentale.

Pour aider les lecteurs/lectrices à comprendre l’ampleur du problème d’Édith et son destin, l’auteure a incorporé au cœur de son livre les carnets du père d’Édith et l’histoire détaillée de sa mère.

C’est un peu comme un livre dans un livre mais ces carnets font toute la richesse de l’œuvre et constituent un puits d’émotions. Le récit couvre trois générations. Peut-être qu’une version papier m’aurait donné une impression de misérabilisme, je n’ai pas vraiment eu ce sentiment avec la version audio mais cette dernière m’a quand même singulièrement agacé à cause d’une fâcheuse tendance de la narratrice Chantal Fontaine à baisser radicalement son registre vocal dans ses fins de phrase qui deviennent des chuchotements. C’est loin de mettre en valeur le récit qui souffre déjà de longueurs

C’est une histoire d’une infinie tristesse, prenante et qui brasse des émotions au point d’accuser de la lourdeur. Si j’exclus les longueurs et cette impression de remplissage que j’ai ressentie en écoutant le livre audio, c’est la principale faiblesse de l’œuvre.

Quant à ce que j’en retire sur le plan social et sur les principaux thèmes développés, il y a des points intéressants, le principal étant que l’œuvre de Nicole Bordeleau soulève des problèmes et des questionnements avec lesquels la Société compose plutôt mal : la misogynie, l’alcoolisme et autres addictions, la dépendance affective, la dépression et tous les problèmes liés à la santé mentale, l’introspection, l’indifférence, l’empathie.

Si le livre de Nicole Bordeleau laisse matière à réflexion, j’ai été fortement agacé par les petits messages et allusion de l’auteure laissés un peu partout sur la connaissance de soi-même et l’épanouissement personnel. Étant donné le CV de l’auteure, ça sent l’exercice de vente des ateliers de développement de la personnalité et de méditation.

À ce sujet, le titre du livre est très ajusté à l’histoire. C’est un aspect important à mon sens parce qu’il me fait déchanter à tout coups. Bref : Thèmes assez bien travaillés, les carnets sont de belles trouvailles. Le rythme est lent et la trame est longue. Je ne suis pas sorti de cette écoute vraiment emballé.

Suggestion de lecture : LA VIE QUAND-MÊME UN PEU COMPLIQUÉE D’ALEX GRAVEL-CÔTÉ de Catherine Girard-Audet

De la même auteure

À lire : biographie de Nicole Bordeleau,

           Site officiel

Bonne lecture
Bonne écoute
Claude Lambert
le dimanche 22 décembre 2024

Le vent en parle encore

Commentaire sur le livre de MICHEL JEAN

<Quand le train d’atterrissage touche le sol, elle comprend qu’ils ont atteint leur destination. Ils ne retrouveront les leurs que dans dix mois. Une éternité quand on a quatorze ans. Un vertige s’empare d’elle. Pourtant, de sa gorge nouée, aucun son ne parvient à sortir, même pas un soupir. L’adolescente serra très fort la main de Marie qui, comme elle, reste sans voix. Face aux jeunes filles se dresse le pensionnat de Fort George. > Extrait : LE VENT EN PARLE ENCORE, Michel Jean, Libre Expression éditeur, 2013, réédition 2021. Papier, 215 pages.


À quatorze ans, Virginie, Marie et Charles sont arrachés à leurs familles sur ordre du gouvernement canadien. Avec les autres jeunes du village, ils sont envoyés, par avion, dans un pensionnat perdu sur une île à près de mille kilomètres de chez eux pour y être éduqués. On leur coupe les cheveux, on les lave et on leur donne un uniforme. Il leur est interdit de parler leur langue. Leur nom n’existe plus, ils sont désormais un numéro. Soixante-dix-sept ans plus tard, l’avocate Audrey Duval cherche à comprendre ce qui s’est passé à Fort George et ce qu’il  est advenu des trois jeunes disparus mystérieusement.

 

IMAGINER L’INIMAGINABLE

C’est un livre inoubliable, est troublant et dur dans sa réalité. Il m’a choqué, attristé et ému. Il m’a surtout mis <les barres sur les T> si vous me permettez l’expression. Il m’a aussi conforté sur la piètre opinion que j’ai concernant la qualité de l’enseignement que j’ai reçu à la petite école et sur l’obscurantisme crasse que l’Église faisait peser sur la Société. Le livre a été publié en 2013 puis, réédité en 2021, s’ajustant ainsi à l’actualité de premier plan qui a secoué l’ensemble du Canada et qui est évoqué par Michel Jean dans la postface :

<Cent cinquante mille enfants autochtones ont fréquenté ces établissements. Plus de quatre mille y sont morts. Les conditions de vie difficiles qui prévalaient dans les pensionnats sont le plus souvent attribuables au financement insuffisant du gouvernement canadien. Elles ont entraîné des problèmes sanitaires, un régime alimentaire inadéquat et un manque de vêtements et de médicaments pour les enfants sur place>  Extrait

Dès la fin du XIXe siècle, le but, aujourd’hui avoué du gouvernement canadien était de <désindianiser> les jeunes autochtones en les arrachant d’abord à leur famille et en les assimilant à la Société en général : <Quand les cinquante-trois enfants sont descendus de l’avion, chacun a perdu son nom, son foyer et, déjà, une part de sa dignité.> Extrait

Et on a confié la gestion de ce gâchis à des prêtres et autres religieux décidés à dresser ces <petits sauvages.> Les pensionnats étaient dirigés par le même clergé qui, dans le passé, s’était posé en rempart contre l’intégration forcée des francophones.> Extrait.

N’est-ce pas édifiant ? Et je ne m’étendrai pas sur la violence psychologique, les agressions physiques, abus sexuels dont le viol, morts douteuses et le mépris dont les enfants autochtones ont été victimes de la part de religieux supposément voués à la charité et à l’empathie.

DES ÉMOTIONS QUI CHAVIRENT

Bien que le livre mette à jour des atrocités orchestrées en toute impunité par de soi-disant <bien-pensants>, le récit de Michel Jean est développé avec beaucoup de sensibilité et est dépourvu d’éléments spectaculaires. Évidemment, beaucoup de passages ont généré en moi de la frustration, de la colère mais l’auteur, lui-même d’origine innue, journaliste d’enquête, chef d’antenne, écrivain et universitaire, s’est exprimé sur des faits avérés.

C’est dur, mais c’est bien écrit, c’est simple, c’est humble, sobre et ça met en lumière la situation actuelle des premières nations et sur l’image qu’on a développé d’elles, plus faussement qu’autrement. Je crois que LE VENT EN PARLE ENCORE, livre qui porte admirablement son titre, est une œuvre qui doit être lue, absolument, pour se rappeler, ne pas oublier…un argumentaire pour décrier la bêtise et l’hypocrisie.

Suggestion de lecture: LE RÊVE DE CHAMPLAIN, de DAVID HACKETT-FISCHER


L’auteur Michel Jean


DU MÊME AUTEUR

Bonne lecture
Claude Lambert
le samedi 21 décembre 2024

Regarder le noir

Commentaire sur le collectif dirigé par
YVAN FAUTH

*Chacun peut laisser libre cours à ses fantasmes, sans peur d’être vu ou jugé. Grâce au noir et à l’anonymat, chacun peut révéler sans crainte les aspects les plus débridés ou les plus sombres de sa personnalité. * Extrait

Douze auteurs prestigieux de noir sont ici réunis et, si chacun a son mode opératoire, le mot d’ordre est le même pour tous : nous faire ouvrir grand les yeux au fil de récits qui jouent avec les différentes interprétations de la vision.

Dans ces nouvelles, ils ont donné libre cours à leur noire imagination pour créer une atmosphère, des personnages inoubliables et une tension qui vous happeront dès les premiers mots… et jusqu’à la chute.

Éclectique et surprenant, ce recueil renferme des expériences exceptionnelles de lecture.


Noir c’est noir

Comme dans tous les recueils de nouvelles, il y a du bon et du moins bon. Le principe du recueil nous permet de découvrir de nouveaux auteurs, comme ce fut mon cas. Des styles différents, des plumes variées. La plupart des lecteurs et lectrices trouvent dans un recueil une ou plusieurs nouvelles qui valent bien l’achat du livre.

Dans REGARDER LE NOIR, le thème est imposé et ça m’a permis de faire des découvertes sur des visions différentes du noir…sans jeu de mots. Je dis <jeu de mot> parce que chaque auteur nous livre sa vision de la noirceur et de ce qui s’y cache.

Les nouvelles de ce récit ont, vous vous en doutez bien, un point en commun : elles sont noires. Je veux dire très très noires, propres à démoraliser et l’éditeur a frappé très fort dès le départ avec REGARDER LES VOITURES S’ENVOLER, d’Olivier Norek dont la vision du noir s’est portée sur la méchanceté, crue, froide, sans appel. J’ai donc été ébranlé dès le départ puis par la suite, j’ai ressenti des émotions mitigées.

Ma nouvelle préférée fut celle de Claire Favan : LE MUR qui raconte l’odyssée du navire Havana Bay qui sillonne les mers grâce à l’énergie procurée par les innombrables déchets qui s’y trouvent. C’est une vision très noire de l’avenir de l’humanité sur le plan écologique. Mais le récit m’a frappé à la fois pour son caractère implacable et par son actualité.

Il n’est pas facile de critiquer un recueil de nouvelles. Sur ce plan, aucun n’est mauvais même si la nouvelle travaille encore à se bâtir une renommée. Mais là où votre choix est sensiblement facilité c’est que le thème du recueil est imposé. Alors si vous êtes prêts à affronter tout ce qui se cache dans le noir : intolérance, colère, méchanceté, peur et folie, vous trouverez sûrement votre petit bonheur dans ce recueil.

C’est exactement ce qui m’est arrivé.

Suggestion de lecture :  NOUVELLES NOIRES, recueil de Renaud Benoit


De gauche à droite : Barbara Abel, Amélie Antoine, R.J. Ellory et Julie Ewa


De gauche à droite : René Manzor , Johana Gustawsson, Karine GiebelClaire Favan


De gauche à droite : Fred MarsOlivier Norek, Fabrice Papillon, Gaëlle Perrin-Guillet

 

Bonne lecture
Bonne écoute
Claude Lambert
le dimanche 15 décembre 2024

 

Les ailes d’Alexanne

Tome 1 : 4h44
D’ANNE ROBILLARD

*C’est alors qu’un énorme camion transportant une cargaison de billots de bois fonça droit sur elle… Paralysée, Alexanne assista à la scène cauchemardesque, les yeux écarquillés. À son grand étonnement, en grinçant sur la chaussée, le mastodonte lui traversa le corps, comme si elle avait été un hologramme. *

Extrait : LES AILES D’ALEXANNE, tome 1, 4H44 d’Anne Robillard. Michel Lafon éditeur 2011, format broché, 365 pages. Version Numérique : Guy Saint-Jean éditeur, 275 pages.

Après la mort de ses parents, Alexanne Kalinovsky est confiée à sa tante Tatiana. La vieille dame vit seule dans un immense manoir aux multiples chambres parfumées à l’encens, garnies d’anges et de chandelles. Découvrant l’histoire de ses origines russes et ses propres dons particuliers, Alexanne apprendra toute la vérité sur l’héritage étrange dont son père l’avait tenue éloignée. Pour ceux et celles qui ont apprécié la fabuleuse histoire des Chevaliers d’Emeraude, l’écrivaine crée un univers tout nouveau avec la série Les ailes d’Alexanne. Cette saga explore les phénomènes paranormaux, la guérison spirituelle et les anges. 

Un héritage magique

C’est avec *4h44* que débute le cycle de fantasy LES AILES D’ALEXANNE qui suit des êtres magiques et qui a comme principale héroïne Alexanne Kalinovsky, une jeune fille de 16 ans, sympathique tête dure, qui, après la mort de ses parents est prise en charge par sa tante Tatiana dans les Laurentides.

Graduellement, Alexanne découvre qu’elle possède des dons, certains pouvoirs comme celui de la *double-vue*. Elle accumule les surprises quand elle apprend qu’elle est une fée, comme sa tante, qu’elle a des pouvoirs de guérison et qu’elle peut communiquer avec non seulement les êtres magiques qui peuplent la forêt, mais aussi avec les anges.

Dans ce premier tome de la saga, Alexanne est en apprentissage. Elle apprend de sa tante tout ce qu’elle doit savoir. Mais des événements viendront compromettre leur petit train de vie avec l’arrivée d’Alexei Kalinovsky, l’oncle d’Alexanne qui a toutes les caractéristiques d’un loup. Elle aura aussi le coup de foudre pour un beau jeune homme du village qui s’appelle Mathieu.

J’ai toujours apprécié l’écriture d’Anne Robillard. Elle est fluide, facile à suivre, et souvent touchante. J’ai connu Anne Robillard avec LES CHEVALIERS D’ÉMERAUDE. Cette fois, elle nous entraîne dans quelque chose de différent.

Je pense que l’autrice a tout mis en place pour une série prometteuse. C’est un récit rafraîchissant, plein de candeur, un soupçon de naïveté, de la magie. Le récit ne développe pas tant les fées qui relèvent de la magie que les systèmes de croyances qui relèvent du paranormal : réincarnation, au-delà, lumières mystérieuses, magnétisme, karma, etc.

Anne Robillard démarre sa saga avec de la retenue. Rien de spectaculaire, de tiré par les cheveux. Au contraire, reposant sur des croyances très répandues, l‘histoire est empreinte d’un certain degré de plausibilité. Du fantastique, de la foi et la naissance d’une histoire d’amour. Ça devrait plaire au lectorat adolescent.

Les personnages sont sympathiques et attachants même si certains échappent un peu à ma compréhension faute de précisions. C’est le cas de Mathieu. Le livre manque de détails sur l’origine et le fonctionnement des pouvoirs et établie une différence timide entre la spiritualité et la magie. C’est sa principale faiblesse.

Sinon, l’histoire est très sympathique, développée tout en douceur et sa mission, réussie, soit tout mettre en place pour la suite de la saga avec une bonne injection de *revenez-y*. C’est doux, original, agréablement descriptif et l’heure à laquelle répondent les anges est vraiment une belle trouvaille.

Je recommande la série avec chaleur. C’est tout un univers dans lequel nous plonge madame Robillard. Un heureux mélange de paranormal, de fantasy et d’actuel. Son objectif : permettre à Alexanne de déployer ses ailes.


L’autrice Anne Robillard
une spécialiste des sagas

Bonne lecture
Claude Lambert

le samedi 14 décembre 2024

SEAWOLF, Michael Dimercurio

<Ahmed sentit un soupir de soulagement monter en lui, jusqu’à
ce que les écrans des ordinateurs s’arrêtent, que les lumières
s’éteignent et que les derniers ventilateurs cessent de fonctionner.
À 5 mètres sous la surface de la mer, le bâtiment avait perdu toute
source d’énergie. >
Extrait : SEAWOLF de Michael Dimercurio, L’Archipel éditeur pour la
traduction française, 1997. Édition de papier, 460 pages.

 

2002 : Mohammed al-Sihoud, maître absolu des pays musulmans coalisés, déclare la guerre sainte à l’Occident. Son principal atout : l’Hégire, un sous-marin équipé d’un missile au plutonium. Son plan : rayer Washington de la carte. A bord du Seawolf, le commandant Michael Pacino sait qu’il doit tout faire pour intercepter l’Hégire. Et que le compte à rebours qui déclenchera le feu nucléaire est déjà commencé…

 

Dernière chance
Aucune mission ne se déroule jamais parfaitement.
La seule différence entre une opération réussie et
un raid raté réside dans l’ampleur des imprévus.

<extrait>

C’est un techno-thriller assez efficace si je tiens compte du fait que j’avais l’impression de manquer d’air en lisant le récit de cette poursuite ultime de sous-marins qui se lancent des missiles meurtriers et destructeurs. Donc, en ce qui me concerne, l’auteur a trouvé le ton juste même si le roman est ultra-technologique…trop pour moi en fait même s’il a eu la bonne idée d’annexer un glossaire à la fin du volume. Toutefois, l’histoire comme telle est simple.

Le FIU, front Islamique uni, déclare la guerre aux pays occidentaux et son chef suprême, le général Al-Sihoudf souhaite lâcher sur les États-Unis un missile d’un nouveau genre qui tuerait tous les américains par l’effet de radiations rapidement envahissantes. Ce missile unique serait lancé à partir d’un super sous-marin de classe Destiny appelé Hégire. Au-Moins deux sous-marins américains vont se casser les dents sur l’Hégire. Finalement, le Seawolf se lance dans une mission de la dernière chance mais son destin n’a rien de réjouissant.

Au-delà des irritants qui parsèment cet ouvrage, j’ai été impressionné par les stratégies et contre-stratégies des capitaines qui connaissent à fond les incroyables possibilités de leur bateau. Malgré un langage technique complexe, l’auteur a entretenu chez moi une certaine anxiété. C’était haletant. Et bien sûr une chasse aveugle a toujours un caractère angoissant.

Il y a quelques points qui m’on agacé. L’introduction est très longue. Il est difficile d’entrer dans l’histoire et de comprendre sa structure car le Seawolf embarque dans la course tardivement. De plus, l’état du sous-marin est précaire, ayant été retiré prématurément d’un chantier de réparation. J’ai remis continuellement en question son efficacité. Tout ça nous amène vers une finale étrange qui m’a rappelé des scènes au ralenti. J’ai été un peu déçu par la conclusion qui m’a semblé un peu bâclée.

Enfin, ça parait que l’auteur DiMercurio a servi à bord d’un sous-marin à titre d’officier. D’une part, il traîne dans ce livre la trame de ses deux livres précédents : OPÉRATION SEAWOLF et LE SOUS-MARIN DE L’APOCALYPSE. J’ai trouvé les liens timides, ténus. Il eut été peut-être préférable de les lire avant LA MISSION DE LA DERNIÈRE CHANCE. Peut-être mais je suis sceptique.

Le problème n’est pas de saisir l’histoire et de savoir où l’auteur s’en va. Le problème c’est de passer à travers tout le jargon technologique qui dilue l’intrigue et l’action. L’auteur a fait certains efforts pour vulgariser mais j’avais quand même l’impression d’avoir en main le canevas d’un cours de sous-marin 303. Je maintiens toutefois que ce thriller a été suffisamment efficace pour maintenir chez moi cette espèce de stress grisant qui me rive aux pages. Le livre a la note de passage. À vous de voir.

Suggestion de lecture : PANIQUE À LA MAISON BLANCHE, de Clive Cussler

Formé à l’Académie navale d’Annapolis dans le Maryland, et diplômé du MIT en ingénierie mécanique, plongeur et ancien officier à bord du sous-marin USS Hammerhead, Michael DiMercurio est un spécialiste des technologies de pointe en matière d’armement.

Huit romans ont paru aux éditions de l’Archipel, parmi lesquels Opération Seawolf (1994, rééd. 2003), Coulez le Barracuda ! (1998) Menace en haute mer (2001), La Dernière Torpille (2003), Alerte plongée immédiate (2005). Il vit à Princeton, dans le New Jersey. <L’Archipel>

Du même auteur

Bonne lecture
Claude Lambert
le vendredi 13 décembre 2024

SÉCESSION, Julien Centaure

*Depuis de nombreuses années, tous les colons étaient descendus sur Terra et Madeleine avait dû admettre que son ami faisait partie des cinq millions de malheureux perdus pendant le voyage de 15 000 ans à travers l’espace… *

(Extrait : ESPERANZA 64 TOME 3, SÉCESSION de Julien Centaure, version audio, audible studio éditeur, 2019. Durée d’écoute : 16 heures 48 minutes, narrateur : Renaud Dehesdin. Équivalence : 541 pages.)

20 ans après l’arrivée de l’Esperanza 64 en orbite de Terra, tous les colons, qui dormaient dans des soutes vivent désormais sur la planète. Chacun possède un logement, un travail et mange à sa faim. La mission, confiée par Exodus à l’équipage du grand vaisseau, peut donc être considérée comme accomplie. Cependant, ce succès se doit d’être relativisé, car la grande majorité des colons abhorrent le système en place. Ils voudraient retrouver les fondements, si adaptés au genre humain, que sont la démocratie, la propriété privée et la liberté d’entreprendre. La révolution couve et Élisabeth, acculée, cherche désespérément une solution.

Tant qu’il y aura des hommes…

SÉCESSION est le troisième livre de la saga ESPERANZA 64. Bien qu’il peut être lu ou écouté indépendamment, pour mieux apprécier le volume, il est préférable d’avoir pris connaissance des deux premier livres. À ce propos, je vous réfère à un article que j’ai publié sur ce site en mai 2019 sur ESPERANZA 64. Dans ce troisième opus, les rescapés d’Esperanza ont fondé une colonie en plusieurs cités sur Terra, l’exoplanète qui les accueille.

Elizabeth a mis en place un système politique qui se rapproche de l’état de droit mais qui a toutes les apparences du communisme. Rien à voir toutefois avec les régimes qui se sont succédés en Union Soviétique. Sur Terra, le système était viable à cause de l’importance accordée aux droits de la personne. Mais les hommes étant ce qu’ils sont, une scission s’est opérée dans la population : une partie souhaitant de continuer à soutenir le régime en place, l’autre désirant l’économie de marché, bref, l’instauration du capitalisme.

Toutes les parties se sont mises d’accord pour qu’Élizabeth et ses partisans fassent sécession et aillent vivre ailleurs, sur une autre planète déjà détectée. Personnes, installations et matériel seraient envoyés sur la nouvelle planète appelée LUMIÈRE <Parce qu’elle a deux soleils> grâce à la technologie avancée d’une race appelée -superhumains- et basée sur une science devenue légendaire en science-fiction, grâce à Gene Roddenberry et sa création, STARTREK : le télétransport.

SÉCESSION raconte le transfert de ces gens sur une planète plus ou moins accueillante, l’obligation pour eux de coexister avec d’autres races extra-terrestres en particulier les KEINIS avec l’obligation morale du respect des différences, l’établissement d’alliances et la préparation d’un avenir satisfaisant pour tous. Ce n’est pas simple, mais les hommes ne sont pas simples. Julien Centaure a relevé, je crois, un très beau défi.

Beaucoup de critiques considèrent que la série s’essouffle. Je ne trouve pas. La sécession à elle seule est tout un défi à développer et Centaure l’a fait avec une parfaite connaissance de la nature humaine.

Disons que ce que j’ai trouvé le plus difficile est que l’exploration spatiale a laissé sa place aux sciences de la terre et aux tendances humaines. Mais la grande force de Centaure est le message qu’il insère un peu partout dans son récit sur la tolérance et le respect des différences. L’action et les revirements ne manquent pas. Un fil conducteur efficace fait qu’il est facile de suivre l’histoire qui évolue dans une parfaite cohérence.

Le récit accuse quelques longueurs, un peu de redondance comme on en trouve souvent dans les grandes sagas. Les personnages sont bien travaillés, particulièrement les extra-terrestres à qui l’auteur a donné un rôle de premier plan. La description d’une planète neuve témoigne d’une grande imagination de l’auteur, En fin, je signale l’excellente prestation du narrateur Renaud Dehesdin qui ne m’a jamais déçu.

Suggestion de lecture du même auteur : LES NETTOYEURS

Les autres tomes

Pour lire mon commentaire sur le livre premier d’ESPERANZA 64, cliquez ici


Bonne écoute
Bonne lecture
Claude Lambert.
Le dimanche 8 décembre 2024

 

RAINBOW 6, livre 2

Commentaire sur le livre de
TOM CLANCY

*…Et il était embringué dans une affaire dont
les implications dépassaient en envergure
un massacre collectif. *
(Extrait : RAINBOW SIX, tome 2, Tom Clancy,
T.f. Alabin Michel éditeur, 1999. Papier, 510 p.)

Une terrible menace pèse sur le monde. À la veille des jeux Olympiques, les attentats terroristes aveugles se multiplient en Europe. Aux États-Unis, le FBI enquête discrètement sur de mystérieuses disparitions. Un grand trust pharmaceutique édifie un étrange centre de recherches avancées en plein Kansas. John Clark, qui a déjà combattu sur le terrain les maniaques du chantage nucléaire, économique ou biologique, va se retrouver au cœur d’intrigues infernales. Récemment nommé à la tête d’une cellule antiterroriste internationale , Rainbow, il peut tenter l’impossible et sauver le monde d’une menace mortelle. Car c’est l’incroyable objectif des terroristes : la fin de l’espèce humaine

Le scénario de la fin
*…ce sont des druides, une secte de types qui vénèrent
la nature comme si c’était une divinité. Ils disent que
la planète appartient aux animaux mais pas aux hommes.
Ils disent qu’ils veulent restaurer l’ordre naturel… et
pour y parvenir, ils sont prêts à éliminer la totalité du
genre humain…de la folie pure… *
(Extrait)

Pour ceux et celles qui n’ont pas lu le livre 1, la bonne nouvelle est que le livre deux se lit très bien indépendamment. L’essentiel est de savoir que, vu la montée du terrorisme à l’échelle mondiale, des américains prendront une initiative très particulière mais hautement efficace. Entre autres, des agents de la CIA, John Clarke et Domingo Chavez se joindront à Alistair Stanley pour former une unité antiterroriste internationale baptisée RAINBOW, basée au Royaume-Uni et mise à la disposition de l’OTAN même si elle est entièrement financée et commandée par les États-Unis.

Voilà pour la création de RAINBOW. Le livre deux est basé sur un complot écologiste et développe le thème des savants fous et des dérives scientifiques. Je dois dire que la corde est sensible parce qu’au moment d’écrire mon article, la pandémie COVID 19 fait rage depuis un an sur l’ensemble de la planète. Maintenant voyons le résumé et vous allez comprendre ma petite gêne.

À l’approche des jeux olympiques en Australie, les attentats terroristes se multiplient et on signale de mystérieuses disparitions pendant qu’un puissant consortium pharmaceutique bâtit un centre de recherches ultra-secret au Kansas. Le FBI ne tarde pas à faire des liens et met au jour une menace biologique qui atteint la terre entière, ourdie par des écologistes extrémistes obsédés, tordus, dirigés par un milliardaire qui s’est adjoint des scientifiques sans scrupules dans le but de créer une saloperie qui éliminerait l’humanité et ainsi sauver la nature.

Relisez bien le synopsis. Quel serait selon vous le meilleur endroit pour lâcher un virus qui tuerait tout le monde en moins de deux semaines? Mais la grande pharmacie arrive en héros avec un vaccin, en fait, deux vaccins. Un pour les élus, l’autre pour les condamnés. C’est fou mais intrigant. Il semble que ce livre vieillissant se soit remis au goût du jour en s’ajustant à l’actualité.

Évidemment, le livre met en garde contre les déviations scientifiques, l’insuffisance de rigueur et appelle à l’intensification d’une conscience, d’une éthique. En dehors de ce fait, beaucoup de passages m’ont paru invraisemblables, peu crédibles et exagérément spectaculaires. Puisque je suis dans les irritants, il y a de la redondance dans les explications techniques qui sont déjà parfois lourdes comme ça arrive souvent dans les livres de Clancy. Ça se répète.

Enfin, le livre suit une tendance littéraire bien américaine qui, heureusement, semble vouloir s’atténuer : il glorifie les américains dans une logique de bons et de méchants. Les américains sont évidemment les bons, les gardiens de la vérité, les policiers du monde. Ça m’énerve à un point… Dans les points forts…l’histoire ne manque pas d’action. L’intrigue est bien développée et tient en haleine. Le sujet du livre a un côté terrifiant qui garde le lecteur et la lectrice dans le coup.

C’est un roman fort, techno-thriller, sensiblement dépoussiéré par la situation dans le monde. Intéressant…

Suggestion de lecture : LE VENGEUR, de Frederick Forsythe

Thomas Leo Clancy Jr., dit Tom Clancy, né le 12 avril 1947 à Baltimore (Maryland), où il meurt le 1er octobre 2013, est un romancier américain. Ses romans d’espionnage, du genre techno-thriller ou thriller politique, sont technologiquement très documentés et tournent autour du milieu du renseignement américain, plus précisément la CIA — à l’exception de TEMPÊTE ROUGE — sur fond de guerre froide ou de terrorisme. Certains de ses romans connaissent des adaptations au cinéma, notamment À la poursuite d’Octobre rouge ou La Somme de toutes les peurs. Au moment d’écrire cet article, RAINBOW 6 était en projet d’adaptation au cinéma pour 2022.

Bonne lecture
Claude Lambert
le samedi 7 décembre 2024