LES THANATONAUTES, le livre de Bernard Werber

*Dates à retenir : 1492, premiers pas sur le continent américain.
1969, premiers pas sur la lune, 2062, premiers pas sur le
continent des morts. 2068, première publicité sur le chemin de
la réincarnation…*
Extrait : LES THANATONAUTES, Bernard Werber, à l’origine,
Albin Michel éditeur, 2011, papier 450 pages. Version audio :
Audible studios éditeur, 2017. Durée d’écoute : 16 heures 47 minutes.
Narrateur : Matthieu Dahan)

Nourri d’informations scientifiques souvent inédites, des textes sacrés et initiatiques les plus secrets des principales religions depuis le fond des âges, Bernard Werber nous entraîne à la découverte du continent ultime, au-delà de notre imaginaire. En suivant les Thanatonautes, vous subirez les lois d’un univers étrange, où se cache l’énigme qui hante les hommes depuis toujours… Jamais personne n’est allé aussi loin que les Thanatonautes. Ils ont exploré la vie après la vie. L’odyssée la plus stupéfiante de tous les temps.

Les extrémités du cordon
*Fixe une heure précise avec les médecins pour
le débranchement des appareils. Nous tâcherons
alors de décoller en même temps qu’elle. En nous
accrochant à son cordon ombilical, et en nous
efforçant de le retenir avant qu’il ne se casse, nous
parviendrons peut-être à la ramener à la vie. *
(Extrait)

Avec LES THANATONAUTES, j’ai l’impression que Werber s’est offert une petite fantaisie qui, même si elle pousse à certains questionnements pouvant être débattus en cours de philo, est truffée de clichés, d’errance et de passages qui frôlent la carricature. Je pense par exemple à l’archange Michel qui s’adresse aux Nations Unis pour donner un choix à l’humanité : réduire les naissances pour désengorger le continent des âmes en attente de jugement ou créer une brigade de fonctionnaires ectoplasmiques pour accélérer les procédures aux portes du paradis.

Je n’ai pas vraiment accroché à ce genre de propos, d’autant que le texte a été produit en bonne partie par l’écriture automatique qui, à mon avis désencadre l’intrigue et induit l’errance. Pourtant, l’introduction, la mise en place des personnages et du sujet, le départ…tout ça est excellent. J’ai trouvé le début de l’histoire prometteur mais je crois que l’auteur a dérapé dans le développement. L’idée de départ est bonne, originale mais enrobée d’absurde. Revoyons le synopsis.

Suite aux décès de proches et d’amis, Deux amis d’enfance Raoul Razorback et Mikaël Pinson développent une fascination pour la mort. Séparés par la vie et les études en médecine. Les amis se retrouvent beaucoup plus tard et Raoul convainc Mikaël de participer à des expériences visant à démontrer et prouver l’existence d’une vie après la mort, une vie que l’on peut explorer selon les principes du voyage astral, l’âme étant maintenue au corps par un cordon ombilical appelé cordon ectoplasmique.

À titre de thanatonautes, c’est-à-dire les explorateurs de la mort, nos amis et les associés qui s’ajouteront feront des découvertes fascinantes autant que fantaisistes pour plusieurs, et annonceront au monde que le continent des morts existe et tout ce qui va avec…vous comprendrez que je ne veux pas trop en dévoiler.

Au moment où on va jusqu’à organiser des visites touristiques dans L’au-delà, et qu’on apprend qu’il faut 600 points au jugement pour devenir esprit pur, sinon c’est la réincarnation…je crois que le ridicule a été consommé. Ça ne ressemble pas à Werber.

Enfin un bon point pour l’auteur, le récit évoque une grande quantité de questionnements dont les réponses, si on les avait un jour, changeraient la face du monde. Que sont les religions, à quoi elles servent à part s’entretuer? Que serait la vie sur terre, sachant exactement ce qui se passe au-delà? Que deviennent le sens de la mort et le sens de la vie. Ces questions et beaucoup d’autres donneraient des débats vraiment intéressants.

Le livre n’est pas mauvais mais il est redondant sur le plan du texte, répétitif à profusion sur la question des religions. Il n’y a pas vraiment d’intrigues. Comme vous voyez, je suis mitigé alors pourquoi ne pas en faire l’essai.

Une histoire laborieuse

Suggestion de lecture : L’IMMORTEL, de Franz-Olivier Giesbert

Bernard Werber est un écrivain français né à Toulouse en 1961. Il commence à écrire dès l’âge de 14 ans et déjà, même sans le savoir, il met en place des éléments qu’on retrouvera dans son œuvre. Après ses études en criminologie, il deviendra journaliste scientifique, Son goût pour la science sera ainsi irrémédiablement amalgamé avec celui de l’écriture, ce qui nous vaudra des chefs d’œuvre comme LE JOUR DES FOURMIS, LES THANATONAUTES. LE CYCLE DES DIEUX, et L’ARBRE DES POSSIBLES dont j’ai déjà parlé sur ce site. J’ai aussi commenté LE PAPILLON DES ÉTOILES et LE LIVRE DU VOYAGE.  Bernard Werber est un des auteurs français contemporains les plus lus au monde. 

Quelques livres du même auteur

Bonne lecture
Bonne écoute

Claude Lambert
le dimanche 14 avril 2024

LE VILLAGE, livre de Virginie Delage

*Finalement, je ne sais pas ce qui a déclenché tout ça.
 Son regard à lui. Ses yeux, à elle. Ou le gosse ?
Le gosse me demandant : “Tu viens nous aider ?” 
J’ai la rage, soudain. Tout ça, c’est à cause de lui.
Uniquement à cause de lui. Voilà pourquoi je
m’apprête à faire un truc que je n’aurais jamais pensé
faire, moi qui ne suis pas un violent. Dans quelques
minutes, je vais tuer cet homme. * 
(Extrait : LE VILLAGE,
Virginie Delage, pour la présente, édition numérique, Michel
Lafon éditeur, 2020, 1,7 Mo, 237 pages. Collection Thriller)

Les villages de l’adolescence sont parfois dangereux quand on les revisite vers la quarantaine et qu’on se confronte à ses rêves de jeunesse. Car l’adolescence est une période magique où l’on croit volontiers à l’amour éternel, aux amitiés d’airain, à son talent, au destin que l’on s’est choisi. Pour finir, quelquefois, par tout renier et se trahir soi-même. Ce livre nous permet d’emprunter le regard de plusieurs personnages ayant tous un lien avec un village qui génère des souvenirs bons ou douloureux. C’est un roman à deux voix : Oscar, qui raconte son ascension sociale, puis un anonyme qui plonge dans ses souvenirs en se promenant dans le village.

Un passé attractif
*Il y a des souvenirs si forts, si intenses,
qu’il vaut mieux les tenir à l’écart. *
 
(Extrait)

LE VILLAGE est un drame psychologique qui met en scène des personnages ayant un point en commun : ils sont issus d’un village où des évènements précis ont touché et modelé de toutes sortes de façon leur enfance et leur adolescence, façonnant ainsi un avenir qui ne s’annonce pas nécessairement rose. Les deux principaux personnages ont aussi un point en commun : leur ambition.

Dans ce livre, deux narrations alternent. D’abord, nous suivons l’évolution professionnelle d’Oscar Aury dont la vie jongle entre l’amour et l’ambition. Oscar parle de sa vie, de ses amis, de son amour et surtout des évènements qui vont le conduire vers son tragique destin sans oublier la façon dont il influencera le destin des autres, par exemple celui de François Bonnamy qui dirige, pour le compte d’une Société dont fait partie Oscar comme cadre, une prestigieuse entreprise de production de vêtements pour enfants : la marque Bonenfant.

Le deuxième narrateur n’a pas de nom. Il parle lui aussi de son quotidien au village pendant sa jeunesse et nous fait rencontrer les riches familles de la région.

Que deux destins en apparence banals convergent, sur le plan littéraire, c’est très courant et très acceptable, mais j’ai de la difficulté avec les récits à plusieurs voix quand l’auteur s’étend trop longtemps et farcie son récit d’une quantité de détails telle que l’intérêt du lecteur et de la lectrice est dilué. Sur le plan de l’écriture, le récit à deux voix est un beau défi. Ça peut même devenir emballant avec des personnages bien travaillés et une intrigue solide.

Je n’ai pas pu m’attacher aux personnages qui sont insuffisamment définis et j’ai trouvé l’intrigue en errance avec un peu de confusion jusqu’au dernier quart du livre où les états d’âmes d’Oscar nous font un peu appréhender la finale. J’ai trouvé que, pour un roman aussi court, il y avait beaucoup de longueurs. Malgré tout, j’ai trouvé l’écriture belle, la plume élégante. Malheureusement, les personnages manquent de chaleur et ont été, à mon avis, insuffisamment travaillés.

Je ne regrette absolument pas d’avoir lu LE VILLAGE car c’est le premier roman de Virginie Delage et j’ai ressenti dans la lecture de son livre les indices d’un futur prometteur. Et peut-être quelque chose m’a-t-il échappé ! Le livre n’a-t-il pas gagné un prix? Je le considère comme un encouragement pour l’auteure qui, pour jouer sur la convergence devra ajouter à son écriture de l’émotion et des éléments qui pousseront les lecteurs et lectrices à l’empathie vis-à-vis ses personnages.

Je considère ce dernier élément extrêmement important car à quoi s’accroche le lecteur dès le départ sinon à un personnage. J’admets que le début du récit est accrocheur et en parfaite cohérence avec la finale et que le roman a sûrement d’autres belles qualités. Ici, je me suis spontanément limité à mon ressenti.

Suggestion de lecture : L’APPEL DU COUCOU, de Robert Galbraith


Virginie Delage, lauréate du PRIX LITTÉRAIRE AU FÉMININ

 

Bonne lecture
Claude Lambert
le samedi 13 avril 2024

LE VENGEUR, livre de Frederick Forsythe

*La septième fois où ils l’avaient plongé dans les
immondices liquides de la fosse à purin, le jeune
américain n’avait plus été capable de résister. Il
était mort là-dessous, bouche, oreilles, nez, yeux
envahis par l’innommable boue. *
(Extrait : LE VENGEUR, Frederick Forsythem, Albin
Michel éditeur, 2004, édition de papier, 375 pages.)


De l’enfer du Viêt-Nam aux charniers de Bosnie et aux jungles de l’Amérique centrale, ce récit infernal d’une double traque nous entraîne dans les arcanes de la diplomatie. Un cauchemar d’une totale actualité où l’angoisse se mêle au meilleur suspense politique. Le grand retour de Frederick Forsyth.

 


D’un enfer à l’autre
*Pendant ce temps, caché dans une cuvette
broussailleuse sur le flanc de la montagne,
le chasseur observe, prend des notes, observe
encore et attend l’heure qui n’a pas encore
sonné. *
(Extrait)

Le VENGEUR est un roman fort bien ajusté à l’actualité d’une époque pendant laquelle c’est toute la planète qui essaie de vivre avec les séquelles de la Guerre Froide. Le récit est fort bien documenté, tellement qu’il parait plus grand que nature et les lecteurs-lectrices devront prêter bien attention, d’abord pour séparer la fiction de la réalité. Ensuite, l’histoire est un peu complexe car elle décrit le parcours d’une double traque à travers des pays politiquement instables en passant par le milieu très tentaculaire de la diplomatie.

Voyons un peu le contenu. L’histoire commence sur fonds de purification ethnique alors que des criminels assassinent sauvagement un jeune américain. Je vous fais grâce de la cruauté du geste mais elle est malheureusement ajustée à la triste réalité. Le grand-père du jeune sacrifié cherche un homme pour venger son petit fils en ramenant le chef de bande aux États-Unis pour y être jugé. Cet homme, il va le trouver et il se trouve que lui-même cherche à exercer une vengeance. C’est ainsi qu’une traque impitoyable commence et entraînera les lecteurs-lectrices dans les pires poudrières du monde.

Vous pourrez suivre alors l’extraordinaire évolution du personnage principal : Calvin Dexter qui sera propulsé dans un inimaginable enchaînement de violence. Je me suis senti entraîné au cœur de l’actualité alors que tous les évènements de ce récit ont comme toile de fond le fanatisme, l’intolérance, le radicalisme et le terrorisme. Vous avez compris que le Vengeur se frottera à des organisations peu recommandables avec, en tête de liste AL QUAÏDA.

J’ai aussi saisi l’effroyable porté de l’influence d’un des pires terroristes de l’histoire Oussama Ben Laden. Ce qui m’a amené d’ailleurs à une finale très amère mais fort bien pensée. Forsyth nous entraîne aussi dans les pires bourbiers géopolitiques de l’histoire à l’exception peut-être, d’Israël : Le Vietnam, la Bosnie, L’Afghanistan, la Yougoslavie. Ça prend un auteur chevronné comme Forsyth pour démêler ses sacs de nœuds et y faire évoluer ce personnage opiniâtre et courageux qu’on appelle LE VENGEUR.

Le style rappelle un peu Tom Clancy mais la trame est plus complexe et l’histoire plus rattachée à la réalité géopolitique. Beaucoup de rebondissements, de l’action, du suspense. Aussi, beaucoup de violence. Il faut toutefois faire attention car il n’est pas simple de démêler la fiction des faits avérés.

Dans le premier quart du livre, on se demande un peu où veut en venir l’auteur mais il faut voir après comment il s’y prend pour préciser l’intrigue. Je place LE VENGEUR dans la catégorie des grands romans qui n’est pas sans nous faire réfléchir sur le rôle d’unités obscures mais bien réelles qui ont joué un rôle crucial dans les grands conflits.

Peut-être pensez-vous à la Résistance pendant la Deuxième Guerre en France. Vous avez raison mais il y en a beaucoup d’autres qui ont évolué dans l’anonymat aussi complet qu’héroïque comme les *rats* du Vietnam dont on raconte la terrible histoire dans LE VENGEUR. Excellent thriller haletant et intense. Je le recommande. Vous ne serez pas déçu.

Suggestion de lecture: APOCALYPSE SUR COMMANDE, de Ken Follet

Frederick Forsyth est né en 1938 à Ashford. Après avoir servi en tant que pilote dans la RAF, il devient journaliste à la BBC et pour l’agence Reuters. Il couvrira les conflits du XXe siècle. Son premier roman, Chacal, paraît en 1971 ; c’est un succès. Frederick Forsyth a par la suite publié plus d’ une dizaine d’autres thrillers, traduits en plus de trente langues. (Le livre de poche)

Bonne lecture
Claude Lambert
le dimanche 7 avril 2024

 

MAUDIT KARMA, de David Safier

*Le jour où je suis morte n’a pas vraiment été
une partie de plaisir. Pas seulement à cause
de ma mort. En réalité, celle-ci est péniblement
arrivée bonne sixième dans la série des pires
instants de cette journée.*
(Extrait : MAUDIT
KARMA, Davied Safier, Presses de la cité/Pocket
2008. Édition de papier, 345 pages.)

Animatrice de talk-show, Kim Lange est au sommet de sa gloire quand elle est écrasée par une météorite. Dans l’au-delà, elle apprend qu’elle a accumulé beaucoup trop de mauvais karma au cours de son existence. Non seulement elle a négligé sa fille et trompé son mari, mais elle a rendu la vie impossible à son entourage. Pour sa punition, Kim se réincarne en fourmi. Et le pire reste à venir: de ses minuscules yeux d’insecte, elle voit une autre femme la remplacer auprès de sa famille. Elle doit au plus vite remonter l’échelle des réincarnations. Mais, elle devra revoir au passage la plupart de ses conceptions sur l’existence !

Le karma post-météorite
*La lumière m’enveloppa.
Douce.
Chaude.
Pleine d’amour.
Je la pris dans mes bras et entrai en elle.
Je me sentais si bien.
Tellement en sécurité.
Tellement heureuse.
Mon être commença à se dissoudre.
Tous mes souvenirs s’estompaient… *
(Extrait)

Le ton est donné dès le début du récit alors que le morceau de météorite que Kim Lange reçoit sur la tête et qui la tue sur le champ n’est rien d’autre qu’un lavabo, détaché d’une station spatiale entraînée accidentellement dans l’atmosphère terrestre. Au lieu de se désintégrer, le lavabo est tombé sur la tête de notre héroïne.

L’auteur laisse à penser au départ que le lecteur a en main un livre qu’il ne faut pas trop prendre au sérieux même s’il véhicule des réflexions et des questionnements très intéressants. J’y reviendrai. Voici donc l’histoire de Kim Lange, une présentatrice de télévision au sommet de sa gloire, égocentrique et très centrée sur sa carrière au détriment de sa fille Lilly et de son mari, Alex, qu’elle trompe soit dit en passant avec un beau tombeur appelé Daniel Kohn.

Affaiblie par un mauvais karma, Kim renaît dans le corps d’une fourmi et comparait devant Bouddha…et oui, LE Bouddha qui a atteint le Nirvana. Dans cette histoire, le bienheureux philosophe servira de répartiteur pour envoyer Kim Lange d’une vie à l’autre.

Pour atteindre son objectif : regagner l’estime de Lilly et Daniel, Kim devra accumuler du bon karma en logeant dans le corps de différents animaux et ça pourrait aller plus loin. Elle sera aidée dans sa quête par Bouddha, un peu timidement. Toutefois, un célèbre aventurier aidera Kim beaucoup plus activement. Il s’agit de Casanova…LE Casanova…Giacomo Girolamo Casanova, célèbre écrivain vénitien surtout réputé pour son côté séducteur qui, par le plus pur hasard est aussi à la recherche de bon karma.

Pour nos amis, le chemin sera long, même dans la complicité et sera pavé d’aventures rocambolesques, de moments tendres, d’action, de tension, le tout teinté d’humour et de fraîcheur.

J’ai passé un beau moment de lecture. L’histoire est simple, un tantinet prévisible. Il y a beaucoup d’anecdotes, des trouvailles originales. C’est déjanté. J’ai trouvé la finale un peu simpliste. L’ensemble est un peu moralisant mais drôle. Comme je le dis plus haut, l’histoire pousse à la réflexion entre autres sur le pouvoir de l’amour et propose une petite carricature de la réincarnation.

La plume est un peu superficielle. L’ensemble est léger mais divertissant. Je me suis amusé même si l’humour est passablement revisité. On est loin de la trouvaille littéraire mais il faut prendre ce petit livre pour ce qu’il est : un objet de divertissement.

Je dirai en terminant que j’ai trouvé les citations de Casanova, en bas de page dans tous les cas, particulièrement drôles et stimulantes en lecture : -Qu’est-ce qui se passe ? -C’est cet idiot de Nils qui fait bruler les fourmis avec une loupe. Citation, MÉMOIRES DE CASANOVA : <…si je dois un jour avoir amassé suffisamment de bon karma pour revenir sur cette terre dans une forme humaine, je mettrai un soin tout particulier à botter l’arrière-train de tout garnement pourvu d’une loupe> Extrait.  Ça se laisse bien lire et ça arrache des sourires.

Suggestion de lecture : LE SECRET INTERDIT, de Bernard Simonay

Scénariste renommé, David Safier s’est imposé sur la scène littéraire allemande et internationale avec son premier roman, Maudit Karma, puis avec ses quatre autres romans : Jésus m’aime, Sors de ce corps, William !, Sacrée Famille, et Le Fabuleux Destin d’une vache qui ne voulait pas finir en steak haché. Tous ses ouvrages sont publiés aux Presses de la Cité et repris chez Pocket.

Bonne lecture
Claude Lambert
le samedi 6 avril 2024

MÉMOIRES D’OUTRE-MORT, de CHRISTOPHER BUEHLMAN

*Si vous cherchez une histoire de gens sympas qui font
des trucs sympas, passez votre chemin. Vous allez
être plombé par un narrateur peu fiable qui va vous
décevoir et vous répugner au détour de chaque page.*
(Extrait : MÉMOIRES D’OUTRE TOMBE, Christopher Buelham,
Hugo roman éditeur, 2019, 429 pages. Version audio : Audible
éditeur, 2019. Durée d’écoute : 11 heures 52, narrateur : Pierre
Rochefort)

1978: Si New York est une ville sale et dangereuse pour les vivants, Joey Peacock, vampire aux traits éternellement jeunes, y voit toujours un magnifique terrain de chasse. La nuit tombée, du fameux Studio 54 aux appartements du Village en passant par le CBGB cher aux punks, il écume Manhattan en quête d’une artère compatissante. Première des règles : charmer la proie, ne jamais la tuer.

Quand vient l’aube, Joey rejoint dans une station de métro désaffectée ses frères et soeurs de sang, parmi lesquels Cvetko le Slovène philosophe, Billy Bang le fou de free jazz et, bien sûr, la patronne, Margaret, qui administre son territoire d’une main de fer. Jusqu’au jour où de nouveaux arrivants menacent la survie de la petite communauté : des enfants aux yeux brillants et aux longues canines, redoutables tueurs dont les besoins semblent sans limite…

On ne nait pas vampire, on le devient
*Je vais vous raconter comment on fait souffrir
 des gens, et si vous aimez ce genre d’histoire,
 c’est que vous êtes mauvais.*
(Extrait)

MÉMOIRES D’OUTRE-TOMBE aurait pu s’intituler <journal d’un vampire>. En effet, dans ce récit, un vampire, transformé dans son adolescence se raconte…son visage est d’ailleurs marqué par une éternelle jeunesse. Son nom est Joey Peacok. C’est le narrateur et il nous entraîne dans les basses fosses de New-York, c’est-à-dire les égouts qui constituent sa résidence, qui le protègent de la lumière et qui lui permettent de remonter à la surface ponctuellement afin de se nourrir.

Il raconte comment il arrive à charmer les humains avant de s’en nourrir en tuant le moins possible car, faut-il le préciser, Joey a des états d’âme. On trouve dans le récit beaucoup des clichés courants sur les vampires, mais Joey profite du <micro> pour en démonter quelques-uns comme le fameux crucifix par exemple. En effet, celui-ci fonctionne si le vampire y croit, sinon il devient aussi utile qu’un fusil à l’eau. Joey nous raconte et nous explique les mœurs des vampires, leur langage, leurs manies.

Un jour, de nouveaux arrivants menacent la petite communauté vampirique des sous-sols new-yorkais: des enfants, de véritables monstres, petits tueurs impitoyables aux appétits illimités. Le récit devient alors glauque, macabre, terrorisant et pourrait bien générer chez certains auditeurs sensibles de sérieux frissons.

Première observation, malgré un ton monocorde, j’ai senti que le narrateur s’adressait à moi. Il me raconte son monde. Je sens parfois la conviction mais en général le ton est détaché et froid ce qui est peut-être normal quand on pense qu’ici, c’est un vampire qui s’exprime. Malheureusement, l’histoire n’est pas facile à suivre. Le fil conducteur est instable et prend toutes sortes de directions. J’en ai perdu des bouts je l’admets.

Dans ce récit, il y a peu d’action. L’histoire génère un peu d’émotion quand on y explique avec des détails parfois croustillants la cruauté des enfants. Mais je m’attendais à plus d’action, un caractère plus soutenu dans le développement du récit, un rythme plus élevé ou tout au moins un peu plus nerveux.

Au début, c’est prometteur mais au final, le sujet m’a semblé sous-développé. Et puisque je parle de finale, je dois vous dire que je l’ai trouvé bizarre, peu claire. Je n’ai pas vraiment compris où l’auteur voulait en venir. J’aurais souhaité quelque chose de plus précis sur le sort des enfants et les effets sur la communauté de vampires.

Sur le plan littéraire, si vous ne gagnez pas l’auditeur ou le lecteur dans les cinquante premières pages, il devient très difficile de le gagner pour l’ensemble de l’œuvre. La première moitié du récit justifie le titre : des mémoires imbriqués sans suite. Dans la deuxième partie, l’écriture est plus limpide mais nous dirige vers une finale étrange. La première idée qui m’en est venue se résume à ces mots: C’est n’importe quoi.

Je veux quand même terminer sur certains points positifs : entendons-nous, il n’est pas question ici de <gentils vampires> mais la sincérité de Joey m’a semblé évidente. Il y a dans l’histoire de bonnes idées, entre autres sur les mœurs vampiriques. La plume est directe, le sang coule à flot, beaucoup vont apprécier sans doute. Plusieurs passages sont très durs. Amis auditeurs et auditrices, la balle est dans votre camp.

Suggestion de lecture : DRACULA, de Bram Stocker

Christopher Buehlman est né en 1969 à Tampa en Floride. Il est l’auteur de deux romans et a obtenu le prix Bridport 2007 en poésie. Il a également publié plusieurs pièces de théâtre et incarne, en tant que comédien, le personnage « Christophe the Insultor » devenu culte grâce à de nombreux festivals. Il est diplômé en histoire et en français, et vit à St. Petersburg, en Floride.

 

Bonne lecture
Bonne écoute

Claude Lambert

le vendredi 5 avril 2024

LE SQUELETTE DE RIMBAUD, de Jean-Michel Lecocq

*-Mon souci concerne l’illustration du roman de Franz Bartelt
que vous connaissez tous, je veux parler du fémur de Rimbaud.
Un exemplaire de ce roman doit être exposé dans une vitrine.
J’aimerais qu’à coté soit présenté le fémur de Rimbaud. *
(Extrait : LE SQUELETTE DE RIMBAUD, Jean-Michel Lecocq,
Lajouanie éditeur, 2019, format numérique, 232 pages)

Plus d’un siècle après sa mort, Arthur Rimbaud sème le chaos dans le département qui l’a vu naître, les Ardennes. Le maire de Charleville-Mézières, voulant fêter dignement le poète, décide de redonner un peu d’éclat au musée qui lui est consacré. En préparant la nouvelle exposition, l’édile et son conseil provoquent une découverte inouïe qui va révolutionner la galaxie rimbaldienne, mais pas seulement… Une cellule de crise est mise sur pied. On va y croiser, un officier de police peu porté sur la poésie et un juge d’instruction qui préfère Baudelaire à Rimbaud. Ce duo va croiser des personnages étranges, prêts à tout pour éviter que le terrible secret entourant la mort de Rimbaud soit éventé.

Les os d’Arthur
Les caricaturistes n’étaient pas en reste et l’un d’eux était allé
jusqu’à représenter une ronde avec les autorités en train de
danser et, au milieu, la tête de Rimbaud montée sur un squelette
 unijambiste en train de se déhancher, avec cette légende :
 la danse macabre.
(Extrait)

C’est un ouvrage original que j’ai trouvé bien écrit et qui m’a fait sourire car malgré son cadre sérieux, j’ai trouvé qu’il ne manque pas d’humour. Voyons le tableau. Le maire d’un département des Ardennes, pays natal du célèbre poète Arthur Rimbaud, décide de souligner dignement le centenaire de la mort du prestigieux poète en exposant dans son musée un fémur de Rimbaud. L’annonce fut suivie d’abord de la surprise générale, d’un éclat de rire, puis de la consternation et jusqu’à la levée de bouclier.

L’exhumation fut décidée…les Ardennes allaient perdre pour un temps leur belle tranquillité. *Ce fut donc au terme d’une démarche biaisée, inique, impopulaire et juridiquement bancale que, par une belle journée d’été, il fut procédé à l’ouverture de la tombe d’Arthur Rimbaud* (Extrait) Ho surprise générale, la tombe du génie renfermait un corps ayant ses deux jambes. Impossible. Rimbaud a été amputé vers la fin de sa vie.

Après enquête, on identifie une autre tombe où se trouvait sûrement le poète. Double surprise générale, pas de corps dans la tombe. C’est l’émoi. La population est au bord de la désobéissance civile. Pire…le coupable commet des meurtres pour protéger son identité. Un policier rémois, Vidal mènera une enquête qui va le pousser très loin. Fait à noter : il n’aime pas Rimbaud. On n’est pas sorti de l’auberge.

Et dire que cette aventure un peu burlesque part du caprice d’un politique municipal. J’ai aimé ce petit livre pour plusieurs raisons. Oui, c’est teinté d’humour mais le récit n’a jamais atteint l’absurde.

J’ai apprécié la retenue de l’auteur même si je l’ai senti hardi pour se moquer gentiment des rimbaldiens haut-perchés car faut-il le rappeler, Rimbaud, dont l’auteur jalonne un peu la vie dans son récit, n’a pas toujours été un enfant de chœur, et c’est sans parler de l’homosexualité supposée du poète et de ses aventures avec un autre célèbre poète : Paul Verlaine.

Je suis heureux aussi que l’auteur n’ait pas spécialisé son récit dans la poésie. C’est une tendance qui ne m’attire pas beaucoup. Mais le récit est intrigant. Ça reste un roman policier parcouru de pans de vie de Rimbaud ainsi que des extraits de ses poèmes insérés seulement au début de chaque chapitre. C’est de bon goût et j’ai lu les vers, extraits de poèmes célèbres avec beaucoup de plaisir.

C’est un suspense bien pensé qui m’a éclairé sur la vie d’Arthur Rimbaud sans jamais nuire à l’intrigue. Je n’ai ressenti aucune irritation, bien au contraire. Les personnages sont pétillants. Je confirme ce que je croyais avant d’entamer la lecture : un polar ayant comme toile de fond LE SQUELETTE DE RIMBAUD, ne doit sûrement pas manquer d’originalité.

Suggestion de lecture : LA VENGEANCE DE BAUDELAIRE, de Bob Van Laherhoven

Jean-Michel LECOCQ est un auteur français né à BOGNY-SUR-MEUSE, dans les Ardennes, le 19 avril 1950. Sa première apparition dans le monde de l’édition remonte à 1972, avec la publication, chez Millas-Martin, d’un recueil de poèmes. Il publie, en 2009, son premier roman, «Le secret des Toscans», un polar historique dans lequel il dévoile sa passion pour l’Histoire. Plusieurs livres suivront. En octobre 2016, il publie «Les bavardes», une enquête au cœur de la petite station balnéaire de Sainte-Maxime. Deux ans plus tard, Lecoq nous surprend avec LE SQUELETTE DE RIMBAUD.

Rimbaud est un poète incontournable, auteur de nombreux poèmes comme Sensation, Ma bohème, Le bateau ivre. Lorsque son chemin croise celui de Verlaine, la passion les emporte jusqu’au drame. Arthur Rimbaud est LE poète par excellence. Jean Nicolas Arthur Rimbaud est né le 20 octobre 1854 à Charleville-Mézières dans les Ardennes. Sa mère l’ élève seule, suivant des principes stricts.

Le jeune Arthur est un élève brillant, il remporte des prix de littérature dès son adolescence. Il saute la classe de cinquième. Grâce à sa plume talentueuse, il remporte divers prix dont le premier prix du Concours académique en 1869. Jeune homme révolté contre l’ordre des choses, il voit la poésie comme un moyen de les faire évoluer. 

Bonne lecture
Claude Lambert
le dimanche 24 mars 2024

LE VAISSEAU-MONDE HUMILITÉ, de R.R. Haywood

 

*La flotte existe car notre planète la Terre, celle sur laquelle
notre espèce a évolué, fut détruite par une météorite il y a
de cela plus de cent-vingt ans. Cette météorite avait été
détectée un peu moins de soixante ans avant l’impact. En
quête d’un nouveau foyer, les scientifiques de la terre
commencèrent par tourner leur regard vers les étoiles. *
(Extrait : LE VAISSEAU-MONDE MUMILITÉ, la trilogie du code
1, R.R. Haywood, Audible studios éditeur, 2019. Durée d’écoute :
13 heures 40 minutes. Narrateur : Loïc Houdré)

Cela fait 120 ans que les 50 vaisseaux-mondes contenant les quelques millions de survivants ont décollé après la destruction de la planète Terre par un météore.

À bord du Vaisseau-monde Humilité, Sam s’ennuie. Vivre dans l’espace devrait être une vie trépidante, mais ce n’est pas le cas, et il passe son temps à hacker des posters 3D de films. Yasmine Émile Dufont, petite voleuse, elle, ne s’ennuie pas. Après avoir grandi dans le Quatuor, les niveaux inférieurs du vaisseau où nulle loi ne règne, et avoir été confrontée à la violence et la pauvreté depuis sa naissance, elle souhaite désormais y échapper.

Elle veut accéder au luxe du Ab-Spa, au niveau supérieur du VM Abstinence, où les passagers mangent de la vraie nourriture et non des rats ou des cubes synthétiques. Pendant ce temps-là, le Gagarine, vaisseau autonome parti en éclaireur à la recherche d’une nouvelle planète où habiter, est revenu de sa mission avec un code d’information qui suggère qu’une planète habitable a bel et bien été trouvée. Cette nouvelle devrait être partagée avec l’ensemble de la flotte, mais quelques capitaines véreux souhaitent garder cette information secrète et coloniser eux-mêmes cette nouvelle planète.

Quand Yasmine vole le code par inadvertance, Sam et elle se retrouvent au milieu d’un jeu dangereux mêlant meurtres, corruption, querelles politiques et pire encore

ÉGOTISME ET HOMMERIE
*…avant de découvrir ce que cette courageuse petite sonde
a trouvé là dehors, dans l’étendue noire et solitaire de
l’espace…qu’a-t-elle vu ? *
(Extrait)

J’ai été attiré par la page couverture. Observez-la. Elle semble promettre une grande aventure, en route pour une vie différente et possiblement meilleure. Le concept de couverture laisse croire à un récit de science-fiction pure alors que ce que j’ai lu est plutôt une intrigue passablement banale, truffée de nombreux épisodes sexuels et de dialogues insipides.

Pour résumer très brièvement : la terre a été détruite. Des millions de rescapés ont été répartis dans cinquante vaisseaux-monde. L’histoire ce concentre sur un de ces vaisseaux: Humilité, un vaisseau colossal : 40 étages appelés *niveaux*. On y trouve des rues, centres commerciaux, maisons closes et toutes commodités. La mafia y fleurit, en particulier dans les quatre niveaux du bas, 37 à 40, appelés LE QUATUOR.

L’intrigue, qui semble secondaire et sous-développée dans le récit est à l’effet que le vaisseau de repérage GAGARINE aurait découvert une planète habitable qu’on espère depuis plus de 123 ans. Or les capitaines, soucieux de garder l’information pour eux, font crypter tous les détails de la découverte. Une jeune femme, Yasmine vole le code qui devient fortement convoité et source de complot et de meurtre.

J’ai trouvé cette histoire très ordinaire et par moment ennuyante. Il a été plus question des fameux et célèbres flocons d’avoine à la confiture de Sven que de la planète découverte par le Gagarine qui est quand-même la Terre Promise. Très peu d’informations sur la planète, sur le Gagarine, sur la construction et l’instrumentation des vaisseaux-monde, sur les étages V.I.P. et en particulier le ou les étages de commandement.

Aucune donnée scientifique ne serait-ce que sur la propulsion ou la communication. Le développement du récit vise surtout la crasse de la Société avec beaucoup de sexe, de scandales et de passages grossiers et vulgaires au pire, prosaïques au mieux.

En admettant que ce livre soit le premier d’une trilogie, j’aurais souhaité que l’auteur y inclut des éléments qui nous permettent de comprendre où il s’en va. Je m’attendais à de la science-fiction, j’ai eu droit à une comédie lascive. Je veux rendre hommage enfin à Loïc Houdré pour la version audio. Cet excellent narrateur a sauvé les meubles et m’a surpris par la vigueur de sa performance.

Suggestion de lecture : ESPERANZA 64, de Julien Centaure

Internet livre peu d’informations sur l’auteur mais il faut tout de même rappeler qu’il est auteur et créateur de L’HUMILITÉ DU MONDE et de THE UNDEAD, la série culte devenue la plus vendue au Royaume-Uni.

Bonne écoute
Claude Lambert
Le samedi 23 mars 2024

LE PETIT LÉONARD DE VINCI, BD de William Augel

Extrait : LE PETIT LÉONARD DE VINCI, bande dessinée de William Augel, La Boîte à bulles éditeur, 2020. Format numérique.  82 pages.

Avant d’être un grand génie, Léonard de Vinci a été un petit génie ! Tout ce qui l’entoure est prétexte à réflexion, apprentissage et invention des oiseaux à la poterie, en passant par la récolte des olives ou la fabrication des spaghettis. Sa curiosité le pousse à avoir des idées à propos de tout, et à voir la beauté partout. Il ira même jusqu’à dire que «le plus petit des félins est une œuvre d’art». À la fois peintre, ingénieur, philosophe, architecte, musicien, le voilà désormais personnage de bande dessinée ! Sous la plume de William Augel, c’est drôle attendrissant, et même instructif ! Que demander de plus pour ravir à la fois parents et enfants ?

Une belle collection en marche

Pour avoir beaucoup lu sur le sujet, j’avais une bonne idée de la vie et du génie de Léonard De Vinci. Après avoir découvert la bande dessinée de William Augel, qui a pris soin de bien se documenter, je réalise maintenant à quel point Léonard De Vinci aimait la vie et était animé par le besoin de l’enjoliver, l’embellir, l’adoucir en créant, en inventant. Pour ce génie, la moindre activité était matière à apprentissage.

Cette bande dessinée m’a amusé, détendu, attendri même car de Vinci voyait de la beauté partout et tout pour lui était matière à inspiration. Ajoutez à cela le talent naturel de De Vinci, bien mis en évidence dans la BD, Augel a fait de lui l’homme-orchestre que l’on connait : architecte, peintre et ingénieur, entre autres et même poète car le génie magnifiait la beauté et l’exprimait…*Même le plus petit des félins est une œuvre d’art*.

Je suis certain que De Vinci avait le sens de l’humour. On ne peut pas être acariâtre avec une aussi bonne nature. Une chose est sûre, la BD d’Augel ne manque ni d’humour, ni de spontanéité.

La bande est montée de la même façon que LE PETIT MOZART signé par Augel, paru en 2017 à La Boîte à Bulles et dont j’ai déjà parlé sur ce site…même technique du comics trip et du gag indépendant. Même virtuosité, même désir d’introduire en douceur, avec humour et couleur les enfants à la lecture. Il y a même, à la fin de l’ouvrage, une petite section ludique qui devrait intéresser les petits.

L’ouvrage comporte, je crois, une petite faiblesse, la même que j’ai déjà rapportée dans mon article sur LE PETIT MOZART. L’auteur aurait dû à mon avis, publié un petit texte, destiné aux enfants toujours et expliquant QUI était Léonard De Vinci.  Ça vaut pour les parents aussi parce que beaucoup d’entre eux croient toujours à la transmission orale et aiment raconter des histoires. 

Ce n’est pas bien grave. La BD demeure géniale. Mais comme dans LE PETIT MOZART, je suggère aux parents de faire une petite recherche afin d’introduire l’enfant à la BD, accroître son intérêt. Encore une fois, Augel m’a comblé sachant surtout qu’il utilise la forme de bande dessinée la plus exigeante, celle qui conclue une histoire imagée dans une seule et même page. En cette matière, je crois qu’Augel est devenu un virtuose.

Je recommande chaleureusement ce petit bijou aux parents pour offrir à leurs enfants. Personnellement, je l’ai lu en format numérique, dans une présentation impeccable qui fait environ 80 pages. La question que je me pose maintenant, c’est *avec qui William Augel va-t-il nous surprendre* dans sa prochaine BD.

Suggestion de lecture : ASTÉRIX LE GAULOIS/ASTÉRIX LA SERPE D’OR de René Goscinny et Albert Uderzo

Du même auteur



  1. William Augel crée un petit frère à son livre jeunesse LE PETIT MOZART, créé en 2019. Pour lire mon commentaire, cliquez ici



William Augel est né au Mans, en 1973. Dessinateur et illustrateur indépendant, il signe plusieurs ouvrages pour la jeunesse et travaille régulièrement pour des magazines tels que, «La Salamandre». Il publie en 2011 aux éditions de l’Oeuf Atomes Crochus puis, en 2012, Monstrueuse Cathy dans la collection BN des éditions Jarjille, qui sera suivi d’un second album, en grand format cette fois, mettant en scène le même personnage. En 2016, toujours chez Jarjille, paraissent Zoostrip et Pinard mon nectar puis, l’année suivante, c’est à La Boîte à Bulles que William publie son nouvel album Le Petit Mozart et maintenant en 2020, Le PETIT LÉONARD DE VINCI » et ça continue


Léonard De Vinci

BONNE LECTURE
CLAUDE LAMBERT
le vendredi 22 mars 2024

LE SECRET DE DIEU, d’Yves La liberté

Commentaire sur les

Tome 1 : Le message des templiers
Tome 2 : Le trésor enfoui

*Les caïnites prétendaient que la perfection consistait
à commettre le plus d’infamies possibles. *
(Extrait : LE MESSAGE DES TEMPLIERS, Yves Laliberté,
Les éditions Coup d’œil, 2014, LE SECRET DE DIEU,
LIVRE 1 format numérique, 718 pages)

Après avoir déjoué de justesse un attentat à l’anthrax à Ottawa, l’agente fédérale Kristen Vale est chargée de l’enquête sur la mort d’élèves atteints d’une nouvelle forme de peste pulmonaire. De son côté, le jeune historien de la Chambre des communes, Quentin DeFoix, reçoit un courriel obscur qui le mènera sur les traces d’un signe mystérieux et du cadavre d’un sénateur au parlement canadien. Ensemble, Kristen et Quentin feront tout pour gagner une incroyable course contre la montre qui les entraînera d’Ottawa à Niagara Falls et les mettra sur le chemin des Templiers. La sécurité de la population en dépend.

Bien qu’ils aient échappé à des pièges infernaux, l’agente Kristen Vale et l’historien Quentin DeFoix sont loin d’avoir terminé leur mission : découvrir le secret de Dieu. Le temps est compté. Attentat, tentatives de meurtre et prise d’otages, les événements s’enchaînent, et dans cette atmosphère de panique, on ne sait plus qui dit vrai. Pendant que l’équipe continue son enquête qui l’entraîne toujours plus loin dans le passé et dans les souterrains cachés d’Ottawa et de Montréal, le neveu de l’agente Vale, Grady, dont l’état de santé est fort inquiétant, perçoit d’étranges phénomènes que personne d’autre ne semble comprendre.

Les aventuriers de l’histoire
*Vous m’impressionnez vivement, d’abord pour avoir
décodé le texte gravé sur la tour de la paix. Il fallait un
historien de votre trempe pour retourner un siècle en
arrière *
(Extrait livre 2, LE TRÉSOR ENFOUI)

J’ai toujours été intrigué par les templiers, qui étaient, au départ, un petit groupe de chevaliers pauvres du Christ, vivant spirituellement, dans le dénuement. Leur premier but était d’escorter les pèlerins sur la route de Jérusalem vers les lieux emblématiques de la vie de Jésus.

On sait que par la suite, les Templiers sont devenus un ordre, qui a grandi et s’est enrichi mais toujours en gardant l’objectif premier. Comme on le sait, les choses ont beaucoup évolué jusqu’au reniement par le pape et l’exécution des templiers par le roi de France Philippe IV Lebel qui, ce faisant, a pu regarnir un peu les coffres de l’état. C’est vite dit, mais dans les faits, c’est un peu plus compliqué.

L’auteur Yves Laliberté nous en apprend beaucoup plus dans son roman LE SECRET DE DIEU, une fiction mais évoquant des hypothèses intéressantes. Tout débute de nos jours avec un courriel mystérieux reçu par un jeune historien, Quentin Defoix qui formera un binôme avec l’agente fédérale Kristen Vale qui enquête sur la mort d’enfants atteints d’une nouvelle forme de peste pulmonaire. Sans le savoir, les deux enquêteurs prendront la route du SECRET DE DIEU.

Ce sont les mystères entourant les templiers qui m’ont attiré vers ces livres. Ils sont très riches en explications, en idées, en hypothèses et assez bien en accord avec le contexte historique. L’intrigue de base est intéressante et même captivante. Malheureusement, elle est noyée dans des explications qui ne finissent pas de finir.

Bien qu’intéressants, les exposés historiques sont beaucoup trop longs. Quentin et Kristen m’on plusieurs fois donné l’impression qu’ils s’écoutaient parler. Heureusement, les chapitres sont courts et assez bien ventilés.

J’aurais préféré que l’auteur vulgarise davantage, simplifie les exposés, fasse un peu plus court et donne davantage de place à l’intrigue au centre de laquelle se trouve LE SECRET DE DIEU. Pour ceux qui aiment les longues descriptions parfois stylisées, ce sera parfait.

Malheureusement, l’auteur m’a perdu. En simplifiant un peu la science qui garnit son œuvre, il aurait pu me surprendre, ce qu’il a tout de même réussi à faire un peu dans le second volume dans lequel il y a plus d’action. Je crois que l’œuvre aurait pu être réduite à un volume.

Bref, intéressant mais trop long, répétitif avec beaucoup de dialogues statiques. Le sujet reste toutefois digne d’intérêt.

Suggestion de lecture : LES ROIS MAUDITS, de Maurice Druon

Détenteur d’un doctorat en lettres françaises et sémiotique, enseignant de littérature québécoise à l’Université, Yves Laliberté est l’auteur de deux essais et quatre thrillers. Il a œuvré toute sa vie dans le domaine de l’information. Il a été plongé dans le roman d’aventure dès son jeune âge. À onze ans, il aimait déjà écrire des romans et des histoires pour bandes dessinées. Aujourd’hui, il se sent animé par la passion du détective dans les recherches qu’il mène en criminologie, en médecine légale et en histoire québécoise.

Bonne lecture
Claude Lambert
le dimanche 17 mars 2024

SI JE SERAIS GRANDE, d’Angélina Delcroix

*Elle me caresse les cheveux et me dit qu’on va réussir.
Réussir quoi ? Je sais pas. Elle quitte ma chambre. Les
cris recommencent dans le jardin d’à côté et s’estompent. *
(Extrait : SI J’ÉTAIS GRANDE, Angélina Delcroix, or. Éditions
Nouvelles Plumes, 2019, version audio : Audible studio éditeur,
2019. Durée d’écoute : 11 heures 50 minutes. Narrateur :
Pascal Chemin)

  1. Deux petites filles disparaissent le même jour, sans laisser de traces. Elles sont voisines, mais n’étaient pas ensemble au moment de leur enlèvement. Eleanor, bientôt six ans, vit dans la crainte de déplaire à ses parents. Est-elle la menteuse que décrit sa mère ?
  2. Des cadavres d’enfants viennent d’être découverts. Mais il y a une survivante. l’adjudante Joy Morel se retrouve à la tête d’une enquête éprouvante qui va l’entraîner aux frontières de l’inimaginable…

LES ÉLITES DE LA HONTE
âmes sensibles s’abstenir
*…Et les pensées qu’elle avait eu en entendant la voix sur le
répondeur… Quelle horreur ! À quel moment s’était-elle
transformée en un monstre d’égoïsme ? Quel malheur nous
autorise à enfermer à double tour empathie, bienveillance et
générosité ? La conséquence en était aujourd’hui mortelle. *

Le récit est ébranlant. J’avais parfois besoin d’arrêter…de respirer et de réfléchir même sur la réalité que met en lumière ce roman noir. Jetons d’abord un bref coup d’œil sur le synopsis : en 2006, deux petites filles disparaissent séparément, même si elles sont voisines. Dix ans plus tard, un charnier est découvert…un charnier d’enfant…au milieu des cadavres, une survivante dont l’esprit est totalement chaviré :

*C’est plus fort que moi. Une force me pousse. Je ne me contrôle plus. Je laboure les bandages comme un chien creuserait pour trouver un os. Au passage, je me griffe la peau autour. Maman crie. Je l’entends, mais de loin. Je suis partie dans mon monde…celui de la souffrance. * (Extrait)

 À la tête de l’enquête, Joy Morel, enceinte de quatre mois et plutôt mal remise de son enquête précédente entraînera son équipe et en général les personnages sains de l’histoire et par la bande les lecteurs-lectrices, auditeurs-auditrices au-delà des frontières de l’imaginable. Mais voilà…qui est sain dans cette histoire et qui ne l’est pas? C’est loin d’être évident.

Même si vous n’êtes que légèrement sensible, attendez-vous à grincer des dents car dans ce roman noir, tout n’est que meurtres rituels et torture d’enfants, haine, cruauté, violence, satanisme, pédophilie, folie. Le récit dévoile une des pires distorsions de l’âme humaine et touche la corde sans doute la plus sensible en littérature et dans la Société en général : les enfants. C’est à la limite du supportable.

Même le titre qui évoque un certain caractère d’innocence camouffle une incroyable terreur. Je n’ai pas eu vraiment de plaisir à écouter cette histoire. L’efficacité de la plume de Delcroix a exacerbé ma curiosité jusqu’à la finale…une finale d’ailleurs qui m’a glacé le sang. C’est bien écrit…trop bien peut-être et c’est d’une crudité parfois refoulée heureusement mais en générale glaciale et dérangeante.

Le tout se rapproche considérablement de l’actualité, la maltraitance des enfants étant une malheureuse réalité. L’auteure vient aussi nous rappeler que souvent, les personnes que l’on croit bien connaître ou qui sont haut placées dans la Société ne sont pas celles qu’on pense. Il y a des penchants qui sont hautement inavouables.

C’est un roman *Coup de poing*, très fort, très noir, immersif et même gore. Son sujet dérange mais pousse à la réflexion et c’est ce que souhaite l’auteure dans une note publiée à la fin de l’ouvrage. Il faut toutefois faire attention…il y a beaucoup de personnages, on s’y perd un peu…

Encore plus dur de savoir qui est bon, qui est mauvais : *Soit, je suis vraiment un être à part, soit ils sont tous tordus. Vu qu’apparemment je suis toute seule à être différente, la réponse est toute trouvée. * (Extrait) Malgré tout, j’ai été éprouvé par le récit, ébranlé à l’idée qu’on applique à des enfants un étau psychologique qui leur donne un horrible choix : Mourir ou devenir eux-mêmes des monstres. Préparez-vous à du *pas facile*.

Suggestion de lecture : GORE STORY, de Gilles Bergal

Angélina Delcroix, psycho praticienne et auteure

À écouter aussi, de la même auteure
le premier volet de la série JOY MOREL

Bonne lecture
Bonne écoute

Claude Lambert

le samedi 16 mars 2024