LE RÊVE DE CHAMPLAIN 1

Première partie de mon commentaire sur le livre de
DAVID HACKETT-FISCHER

Champlain a lutté pour la réalisation d’un rêve immense, un Grand Dessein pour la France en Amérique. Pendant trente ans, il a sillonné un territoire que se partagent aujourd’hui six provinces canadiennes et cinq États américains, tout en menant un combat non moins farouche contre les ennemis de la Nouvelle-France à la cour d’Henri IV.

Dans Le Rêve de Champlain, l’historien américain David Hackett Fischer brosse un portrait profondément renouvelé et fascinant de cette figure que l’on croyait familière et en fait ressortir les multiples facettes : le soldat, l’espion à la solde du roi, l’artiste doué, le cartographe de génie et le navigateur hors pair. <Boréal>

L’identité de l’homme lui-même étant si incertaine, c’est avec soulagement qu’on retourne au récit de ses actes.
Nous disposons ici d’une preuve abondante et il en ressort le personnage d’un découvreur unique dans les annales des grandes explorations. Tel un grand acteur bondissant d’un rôle de composition à l’autre, sa carrière foisonne d’énigmes.

<Extrait de l’introduction : LE RÊVE DE CHAMPLAIN, David Hackett Fischer, Boréal éditeur 2012, papier, 998 pages. >

De la Nouvelle-France à Québec

Samuel de Champlain étant mon personnage préféré dans l’histoire du Canada, lorsque mon frère m’a proposé de me prêter la biographie de Champlain écrite par David Hackett Fisher, j’ai sauté dessus comme on dit au Québec. C’est une brique savante de calibre encyclopédique, un magistral puits de savoir sur le plus illustre Père de la Nouvelle-France, Samuel de Champlain.

Le p’tit gars de la Saintonge a donné corps, âme, esprit, énergie et volonté à la réalisation de son rêve, faire du royaume du Saint-Laurent la Nouvelle-France pour la gloire de la France et du roi Henri IV. Il y a établi des colons, créé des alliances avec les indiens et exploré le vaste territoire du Saint Laurent, Tadoussac, Stadaconé, Trois-Rivières, Montréal, les Grands Lacs, et a pénétré dans l’actuel territoire des États-Unis.

En France, peu de gens croyaient au rêve de Champlain qui n’avait pas beaucoup d’alliés naturels, le principale étant le roi Henri IV. Mais lorsque ce dernier est mort, l’arrivée de Louis XIII, du Cardinal de Richelieu et la création de la Compagnie des cent associés ont changé la donne. Champlain a dû se battre, contourner les intrigues de cour, les trahisons. Il a connu des échecs mais jamais il n’a abandonné son rêve.

Dans son livre, David Hackett Fischer a mis en perspective un aspect de la personnalité de Champlain qui m’a fasciné. Champlain ne faisait rien pour sa gloire personnelle, ne cherchait pas l’avancement personnel ni les faveurs de la Cour. Il n’avait autre ambition que de faire fleurir la Nouvelle-France pour la gloire de son pays. Cet altruisme était en fait le défaut de sa qualité. Cette absence d’ambition personnelle amenuisait le respect de ses pairs allant même jusqu’à l’inimitié comme ce fût le cas avec le Cardinal de richelieu.

Ça ne l’a pas empêché de fonder Québec le 3 juillet 1608 et de se voir attribuer par l’histoire le titre de Père du Canada Français. Ce livre m’a captivé tellement j’ai appris des choses intéressantes, nonobstant le fait que les cours d’histoire de la petite école étaient erratiques et souvent fantaisistes, j’en ai appris plus sur Louis Hébert, le premier colon de la Nouvelle France, infatigable défricheur, le rôle précis de la Compagnie des Cent Associés, les motivations iroquoises, la vie sentimentale incohérente de Champlain et beaucoup d’autres choses, entre autres sur les mœurs indiennes. De page en page, j’apprenais, j’assimilais et j’ai dans l’ensemble, éprouvé beaucoup de plaisir et de satisfaction.

suggestion de lecture : UNE HISTOIRE DU QUÉBEC, de Jacques Lacoursière


Monument de Samuel de Champlain dans le vieux Québec

Dans la prochaine partie à venir, de mon article sur le RÊVE DE CHAMPLAIN, je parlerai davantage de mon ressenti suite à la lecture de ce long et passionnant pavé.

Bonne lecture
Claude Lambert
le dimanche 19 octobre 2024

 

Une histoire de tout ou presque

Commentaire sur le livre de Bill Bryson

Posez une question qui ait un rapport, même le plus simple, avec l’histoire. L’auteur Bill Bryson y répond dans ce livre, clair, synthétique, vivant, truffé d’anecdotes, qui conjugue avec bonheur science et humour. Vous y apprendrez sans efforts par quels hasards, traits de génie, intuitions, déductions, expérimentations, débats, les hommes en sont arrivés à connaître le monde tel qu’ils le connaissent aujourd’hui. Tout y est (ou presque) de l’histoire des sciences, de notre planète et de l’univers. Un merveilleux compagnon…un puits de savoir.

*Avant tout, il a fallu, pour que vous soyez là aujourd’hui, que des billions d’atomes errant au hasard, aient la curieuse obligeance de s’assembler de façon complexe, pour vous créer. Cet arrangement est si particulier qu’il n’a jamais été tenté auparavant et qu’il n’existera qu’une seule fois. *

(Extrait : UNE HISTOIRE DE TOUT OU PRESQUE, Bill Bryson, Version audio par Audible studio éditeur 2020. Durée d’écoute : 18 heures 57 minutes. Narrateur : Emmanuel Lemire.)

 

UN CONCENTRÉ DE SAVOIR

J’aime bien m’offrir un bon documentaire à l’occasion, Les sciences et l’histoire m’attirent plus particulièrement. Malheureusement, peu de ces ouvrages m’ont emballé. Si j’exclus les livres spécialement écrits pour la jeunesse, ces ouvrages avaient à mes yeux des points en commun peu attrayants, les principaux étant la lourdeur et l’absence de vulgarisation. Bill Bryson a compris le problème et m’a surpris avec un ouvrage généraliste sur les sciences et leur histoire. J’ai été émerveillé par l’esprit de synthèse de l’auteure et la clarté de son langage ainsi que sa façon d’imbriquer l’humour dans ses exemples et en particulier ses comparaisons.

Bryson fait une tournée des grands thèmes scientifiques à travers l’histoire : les origines de la vie, l’ADN, l’espace : planètes, météores, soleil et les étoiles. Il fait aussi une tournée des moments forts de la physique, de la chimie, la paléontologie, de l’astronomie, de la géologie et même de la philosophie. Et là où il m’a le plus surpris, c’est dans le développement des thèmes de l’infiniment grand et de l’infiniment petit. Pour moi c’est un chef-d’œuvre de rédaction.

Voilà, en gros, ce que je demande aux auteurs, spécialement dans les documentaires. Surprenez-moi, mais parlez pour que je comprenne. Mission accomplie pour Bill Bryson. Son ouvrage détruit des mythes tenaces, apporte des éclairages nouveaux sur la participation au développement scientifiques de grands scientifiques comme Albert Einstein. C’est un très bon livre. L’ensemble est attractif, léger et hautement instructif. J’ai aussi beaucoup aimé la prestation du narrateur Emmanuel Lemire qui lit sur le ton d’une discussion amicale autour d’une table avec du café.

Ici le matériel vocal force l’attention, nul doute. Donc c’est un très bon livre, très accessible, peut-être sa plus belle qualité. C’est un ouvrage bien vulgarisé à la portée de tout le monde où le langage du quotidien de la vie et le langage de la science ont été savamment amalgamés.

On ne se surprendra donc pas que *UNE HISTOIRE DE TOUT OU PRESQUE* ait reçu, entre autres, le prix Aventis en 2004 du meilleur livre de vulgarisation scientifique aux États-Unis. En conclusion, je vous dis: Abordez ce livre sans crainte. Vous vous apprêtez à vous faire plaisir avec un bouquin *touche-à-tout* en matière de sciences.


L’auteur Bill Bryson

Pour connaître le parcours de l’auteur, Bill Bryson, cliquez ici. Il existe plein de lectures parallèles ou complémentaires, comme LA GRANDE HISTOIRE DU MONDE de François Reynaert, UNE BRÈVE HISTOIRE DU TEMPS de Stephen Hawking, LES ÉNIGMES DE L’HISTOIRE DU MONDE, un collectif dirigé par Jean-Christian Petitfils et beaucoup d’autres.

Du même auteur…des suggestions…

Bonne écoute
Claude Lambert
Le samedi 18 octobre 2024

La clinique du docteur H.

Commentaire sur le livre de
MARY HIGGINS-CLARK


Katie DeMaio, est une jeune et brillante adjointe au procureur dans une petite ville du New jersey. Un accident de voiture la conduit à la clinique Westlake où elle croit apercevoir, au milieu de la nuit, une silhouette familière transportant un corps de femme inanimée dans une voiture. Lorsque la femme est retrouvée le lendemain morte dans son lit, Katie décide de découvrir la vérité, et met très vite au jour les scandales enfouis dans la vie de personnages en apparence parfaitement équilibrés. Parmi ceux-ci : le Dr Edgar Highley, un grand gynécologue dont la froideur distante cache peut-être autre chose que son intérêt pour les problèmes de maternité…

*Je suis en train de rêver, pensa-t-elle. Et au même instant, elle pressa sa main sur la bouche pour étouffer un hurlement. Elle avait les yeux rivés sur le coffre de la voiture. Il était éclairé. À travers le rideau de neige fondue qui heurtait la vitre, Katie vit la substance blanche s’entrouvrir. Au moment où le couvercle se refermait, elle aperçut un visage. Le visage d’une femme, grotesque dans l’abandon sans retenue de la mort* (LA CLINIQUE DU DOCTEUR H., Mary Higgins Clark, t. f. Albin Michel éditeur 1981. Édition de papier, 290 pages)

Diabolique

C’est le deuxième livre que je lis de Mary Higgins-Clark. J’ai lu le premier en 1995. J’étais sorti déçu de ma lecture de son recueil LE BILLET GAGNANT ET AUTRES NOUVELLES, des récits que je trouvais ennuyeux et peu profonds. Mais je me suis dit qu’avec un si impressionnant volume de vente, l’auteure avait autre chose à offrir. J’avais conclu cet article comme suit : Je veux croire que LE BILLET GAGNANT ET AUTRES NOUVELLES n’est pas le reflet fidèle de l’oeuvre de Clark. Il faudra simplement que j’essaie autre chose.

C’est exactement ce que j’ai fait. J’ai mis la main sur un livre d’une toute autre trempe. LA CLINIQUE DU DOCTEUR H. est une histoire bien écrite, très bien développée, rapide et facile à lire. 290 pages de pure terreur sur le thème du complot médical et pour être plus précis, un complot d’une inimaginable bassesse.

Comme vous l’avez lu plus haut dans le quatrième de couverture, une chaîne d’évènements amène une jeune procureure, Kati de Maïo à entraîner les autorités dans la mise au jour d’activités criminelles du docteur Edgar Highley, un gynécologue soi-disant faiseur de miracle mais dénué de tout sens moral et éthique. Son ingéniosité pour échapper à la justice est remarquable, l’enquête laissant à penser que le coupable est ailleurs.

Comme roman, c’est noir et machiavélique. Le récit a un caractère aussi troublant qu’addictif car la question n’est pas de savoir qui est coupable mais plutôt comment sera-t-il arrêté ? Quand ? Comment démêler les fausses pistes et quel mal le docteur aura-t-il encore le temps de faire ?Les chapitres vont crescendo. J’ai particulièrement apprécié la façon dont Higgins-Clark termine ses chapitres : toujours une petite phrase ou un petit paragraphe à saveur de rebondissement, de revirement, de révélation ou ayant un caractère spectaculaire. Comme les chapitres sont courts, il devient très difficile d’abandonner le récit en cours de lecture.

Dans ce livre, il est secondaire de connaître très vite qui est le coupable, il faut se rappeler que l’auteur dévoile à la petite cuillère jusqu’où un homme, dit savant, scientifique peut pousser l’abomination. Je ne perds pas de vue non plus la réflexion que véhicule l’histoire sur les dérives de la science, la dénonciation des savants fous et la nécessité d’un contrôle serré des questions éthiques.

Je recommande ce livre. C’est un excellent roman, un thriller à saveur de complot médical bas et sordide mais un régal de lecture.


L’auteure Mary Higgins Clark (voir sa biographie)

Mary Higgins Clark a une imposante bibliographie. Vous pouvez la consulter ici. De la même auteure, j’ai commenté sur ce site le livre LE BILLET GAGNANT. Je signale aussi que LA CLINIQUE DU DOCTEUR H. a été adapté dans un téléfilm français (photo ci-bas) réalisé par Olivier Barma en 1995. Je vous invite enfin à lire l’hommage posthume de l’éditeur de madame Clarke (décédée en 1992) , Francis Esmenard.

Bonne lecture
Claude Lambert
le vendredi 17 octobre 2024

Cartes sur table

Commentaire sur le livre d’
AGATHA CHRISTIE

*-Si je voulais commettre un crime…> dit M. Shaitana…
-Je m’y prendrais de façon très simple. Des accidents se
produisent tous les jours…il haussa les épaules et prit
son verre de vin… il y eut un moment de silence… *
(Extrait : CARTES SUR TABLE, Agatha Christie, Librairie des
Champs-Élysées éditeur, 1939, papier, poche, 320 pages)

M. Shaitana est un excentrique collectionneur à l’air méphistophélique, il met toujours un point d’honneur à chercher l’excellence, que ce soit pour acheter une tabatière ou pour débusquer le parfait assassin. Et pour le prouver au célèbre détective belge, Hercule Poirot, il convie lors d’une soirée huit hôtes triés sur le volet :  u. Mais quand on entre dans la cage du tigre, celui-ci peut bondir et, au cours de la soirée, le rictus démoniaque de M. Shaitana s’effacera définitivement. C’est une erreur de laisser traîner des armes potentielles en présence d’aussi éminents spécialistes

 

Une nouvelle pause AGATHA
*-Voyons, laissez-moi l’examiner ! s’écria le médecin avec
impatience. Il ne s’agit peut-être que d’une syncope.
-Excusez-moi mais personne ne touchera le cadavre avant
l’arrivée du médecin légiste. Mesdames et messieurs,
M, Shaitana a été assassiné. *
(Extrait)

Je reste émerveillé par cette capacité d’Agatha Christie d’apporter à chacune de ses histoires une touche différente et de l’originalité. Je constate aussi avec bonheur qu’Agatha Christie n’a jamais fait de concession sur la place de la psychologie dans la résolution des énigmes. Voyons ce que nous avons ici. Un monsieur *je sais tout* excentrique, énigmatique et surtout diabolique, invite à un dîner suivi d’un bridge, huit personnes : quatre spécialistes du crime, et quatre criminels qui ont échappé à la justice.

Après le repas, les invités se lancent dans un bridge mais Shaitana reste dans le salon et semble assoupi jusqu’à ce qu’on se rende compte qu’il est mort, poignardé au cœur. Comme de juste, parmi les criminalistes se trouve Hercule Poirot, Comment Shaitana a pu être assassiné au nez et à la barbe de tout le monde. Pas d’indice, pas de preuve, pas d’idée. Même Poirot est déstabilisé…phénomène assez rare.

Pour faire avancer l’investigation, il y a deux possibilités : fouiller le passé de chaque suspect et faire preuve de psychologie. Comme le dit Poirot, *je mets cartes sur tables* , son idée étant d’analyser et de fouiller les attitudes, les comportements et la mémoire de chaque joueur pendant la partie de bridge. S’ensuivra, une extraordinaire chaîne de déductions qui déterminera le coupable le plus improbable.

Évidemment, je suivais un peu en arrière car je n’ai aucune notion de bridge mais, de la démarche du limier, j’ai pu saisir toute la force de la logique…logique qui va permettre à Poirot de résoudre beaucoup plus qu’un meurtre. L’intrigue est un peu complexe et oppose les méthodes de Poirot à celles de la police. C’est souvent comme ça. Certains dialogues sont trop longs, et l’enquête est compliquée. Mais j’ai trouvé l’ensemble bien ficelé et le dernier quart du récit fait place à de nombreux revirements.

Quant aux méthodes de Poirot et je pense aussi à un autre limier célèbre créé par Agatha Christie, Miss Marple, je reproduis ici un extrait de l’article que j’ai publié en septembre 2014 sur ce site :

 <Les deux célèbres détectives appliquent les grands principes du roman policier qu’Agatha Christie a collés à la réalité de l’ensemble de son œuvre, à savoir :
-Le crime peut-être expliqué par la personnalité de la victime comme celle de l’assassin.
-La recherche de mobiles est plus importante que celle d’indices dans la recherche de solution d’un crime.
– le coupable ne peut être démasqué qu’au terme d’une investigation, souvent psychologique, des antécédents de la victime.
-Très souvent la solution de l’énigme ne se trouve qu’après une recherche purement intellectuelle.
Donc Poirot et Marple sont le reflet fidèle de la mentalité littéraire de leur créatrice qui fait passer la solution des énigmes par une profonde compréhension de la psychologie des personnages.>

À lire donc : CARTES SUR TABLE, une autre très bonne idée d’Agatha Christie.

Suggestion de lecture : 17 NOUVELLES ENQUÊTES DE SHERLOCK HOLMES et du docteur Watson, d’Arthur Conan Doyle

Agatha Mary Clarissa Miller devenue Agatha Christie est une des romancières les plus appréciées de l’histoire de la littérature. Elle a vécu de 1891 à 1976. Auteure de 84 romans, une vingtaine de pièces de théâtre et de plusieurs recueils de nouvelles, elle a présidé à l’élaboration de règles de base pour un bon roman policier avec ses fameux détectives Hercule Poirot et Jane Marple qui ont une approche originale et hautement intuitive de la résolution d’énigmes. Évidemment, il y aurait beaucoup à dire sur la grande dame. La place et le temps me manquent mais pour en savoir plus sur la célèbre romancière, je vous invite à consulter le site internet  http//agatha.christie.free.fr/.

DU MÊME AUTEUR :
Pour prendre connaissance du livre audio DIX PETITS NÈGRES,
cliquez ici.
Pour lire mon commentaire sur À L’HÔTEL BERTRAM,
cliquez ici.

Bonne lecture 
Claude Lambert
le dimanche 12 octobre 2024

Les chroniques de Méduse

Stephen Baxter s’inspire d’Arthur C Clarke

Inspiré par la nouvelle Face-à-face avec Méduse de Sir Arthur C. Clarke, lauréate des prix Hugo et Nebula, ce roman raconte la rivalité croissante entre hommes et machines, à travers les siècles et les étendues du système solaire, vers un avenir imprévisible.

2080 : Le commandant Howard Falcon, pilote de dirigeable, devient infirme après le crash de son appareil. Une procédure de chirurgie expérimentale va le transformer en cyborg, doté de pouvoirs surhumains mais isolé du reste de l’humanité… Au fil des siècles, Howard Falcon, ni homme ni machine, mais singulièrement solitaire, devra prévenir un conflit interplanétaire effroyable.

L’univers fabuleux de Jupiter
*Il était allé sur Jupiter où, parmi les bancs de nuages aux conditions tempérées, presque équivalentes à celles de la terre, il avait rencontré un autre animal immense : une méduse aussi grosse que le Shore, qui nageait dans cette mer incroyablement lointaine. * (LES CHRONIQUES DE MÉDUSE, Stephen Baxter, Dendocropos, Orion éditeur, T.F. Bragelonne 2017, format numérique 1163 pages)

C’est une belle histoire et si je la prends au pied de la lettre, je dirais que sa grande vedette est la planète Jupiter, la plus grosse planète du système solaire, une géante gazeuse dont la masse dépasse celle de toutes les autres planètes réunies.

Mon intérêt pour Jupiter a vu le jour pendant le visionnement d’un des films qui m’ont le plus impressionné : 2001 l’odyssée de l’espace et sa suite, 2010, un film magnifique. Mais les images que l’auteur Stephen Baxter a imprégné dans mon esprit m’ont fait vibrer. En réalité les principaux protagonistes de l’histoire sont d’une part, Howard Falcon, un miraculé de la chirurgie expérimentale, suite à un accident de dirigeable. Il est devenu cyborg mais garde une conscience humaine.

Et d’autre part, il y a Adam, un robot, une machine pensante, la nec plus ultra de l’intelligence artificielle. Falcon accepte une mission dans les nuages de Jupiter où aucun humain ne peut s’aventurer. Plusieurs années plus tard, Adam expérimente le réveil des émotions alors que lui et les siens sont menacés de destruction.

Pendant toute la lecture de ce long pavé, j’ai senti l’influence d’Arthur Clarke. Elle était voulue par Baxter, il s’en est enveloppé et inspiré pour soumettre Howard Falcon à une autre mission impossible. Cette influence, amalgamée au talent d’écrivain de Baxter a donné un récit très fort. La plume est magnifique. La description que Baxter fait de la planète Jupiter est au-delà des mots.

Il y a une poésie dans cet ouvrage et un peu de fantastique aussi car au cœur des nuages joviens, évoluent des créatures gigantesques, colossales, des méduses dont les tentacules s’étendent sur des kilomètres et Falcon se liera d’amitié avec une d’entre elles. C’est ainsi que la méduse jouira d’une certaine influence qui se fera sentir tout au long du récit, lui donnant un petit caractère philosophique. Tout ce monde est en danger car les humains ont exporté leur soif de guerre dans l’espace.

J’ai dévoré ce volume dans lequel la science-fiction et la science se confondent et donnent un tout crédible et empreint d’émotion. La faiblesse de ce livre réside dans son introduction qui ne finit pas de finir par rapport è la finale qui est géniale. Donc c’est long avant d’entrer dans l’histoire.

La grande force du roman, outre son écriture, qui est très belle, est d’anticiper une relation possible ou éventuelle avec l’intelligence artificielle. J’ai beaucoup apprécié les dialogues entre les deux tendances : Falcon et Adam. Il y a aussi une réflexion intéressante sur l’oppression et la dérive de gouvernements trop puissants aux tendances dystopiques. Je pourrais m’étendre longtemps mais je couperai court en disant que malgré de nombreuses longueurs et d’un scénario un peu étiré, j’ai beaucoup aimé ce livre, en particulier pour les messages qu’il véhicule.

Suggestion de lecture : Je vous invite à lire mes commentaires sur ARCHE de Stephen Baxter, et LA CITÉ ET LES ASTRES d’Arthur C Clarke

À lire aussi


Stephen Baxter                                    Arthur C Clarke

Je vous invite à consulter les notes biographiques sur Stephen Baxter et Arthur C Clarke.

Bonne lecture
Claude Lambert
Le samedi 12 octobre 2024

La traversée des temps

Livre 1 : PARADIS PERDUS

d’ERIC-EMMANUEL SCHMIDT

*La nuit n’apporte à Noam qu’une succession de révélations funestes. Huit milliards de personnes habitent désormais la Terre ! Huit milliards de personnes pompent de l’essence, du gaz, conduisent des voitures, empruntent des trains, circulent en avion, consomment de l’électricité. Huit milliards de personnes jettent des sacs plastique qui crottent les paysages et souillent les océans. Huit milliards de personnes agrandissent l’espace urbain en réduisant l’espace végétal. Huit milliards de personnes demandent à se nourrir alors que la terre exsangue s’épuise. *

<Extrait : LA TRAVERSÉE DES TEMPS, livre 1, PARADIS PERDUS, Eric-Emmanuel Schmidt, Albin Michel éditeur, 2021, édition de papier, 563 pages.

Cette Traversée des temps veut relever un prodigieux défi : raconter l’histoire de l’humanité sous la forme d’un roman. Faire défiler les siècles, en embrasser les âges, en sentir les bouleversements, comme si Yuval Noah Harari avait croisé Alexandre Dumas.

Depuis plus de trente ans, ce projet titanesque occupe Eric-Emmanuel Schmitt. Accumulant connaissances scientifiques, médicales, religieuses, philosophiques, créant des personnages forts, touchants, vivants, il lui donne aujourd’hui naissance et nous propulse d’un monde à l’autre, de la préhistoire à nos jours, d’évolutions en révolutions, tandis que le passé éclaire le présent.

Paradis perdus lance cette aventure unique. Noam en est le héros. Né il y a 8000 ans dans un village lacustre, au cœur d’une nature paradisiaque, il a affronté les drames de son clan le jour où il a rencontré Noura, une femme imprévisible et fascinante, qui le révèle à lui-même. Il s’est mesuré à une calamité célèbre : le Déluge. Non seulement le Déluge fit entrer Noam-Noé dans l’Histoire mais il détermina son destin. Serait-il le seul à parcourir les époques ?

Et on dit que le temps est long…

L’ambition littéraire d’Éric-Emmanuel Schmidt me rappelle un peu celle de Ken Follett : une grande saga qui suit des personnages attachants à travers les âges, l’histoire. Le projet de cet auteur prolifique est pour le moins audacieux : rien de moins que, raconter dans une octalogie, l’histoire de l’humanité. C’est ainsi que, d’entrée de jeu, les lecteurs sont entraînés dans l’histoire d’un jeune homme qui a reçu le don de l’immortalité. Il s’agit de Noam, doux, sage, empathique.

Le récit débute il y a dix mille ans près de Beyrouth au Liban. La curiosité de Noam le pousse à essayer de comprendre la nature humaine, l’essence de la vie, la spiritualité, un peu comme l’a fait Santiago dans le livre extraordinaire de Paulo Coelho L’ALCHIMISTE. En plongeant dans cette œuvre magistrale, sur laquelle travaille Schmidt depuis plus de trente ans, j’ai oublié le temps pour traverser LES temps.

Le premier grand évènement développé dans ce long pavé est le déluge. Faut-il se surprendre que le nom NOAM soit dérivé de l’anglo-saxon NOÉ, de l’hébreu NÛAH qui signifie reposer, consoler…tout à fait à l’image de notre héros immortel. L’auteur met donc tout en place pour amener très graduellement Noam vers les temps modernes.

Par sa chaleur, sa poésie, son réalisme, ce livre m’a littéralement enveloppé. J’avais l’impression par moment qu’il était développé à la façon d’un conte, immersif et vivant sans compter un sens du détail qui donne une remarquable intensité à la plume. Il y en a pour tous les goûts dans ce récit : de l’émotion, de l’aventure, de la matière à réflexion et j’en passe, sans compter le caractère attachant de Noam qui est devenu pour moi plus un ami qu’un ancêtre.

La seule faiblesse de l’ouvrage est un petit côté moralisateur perçu dans plusieurs passages, un petit caractère patriarcal qui ouvre la voie aux clichés. Mais en général, j’ai passé un superbe moment de lecture avec une merveilleuse narration de l’histoire humaine. Elle n’évite pas les indices de décadence mais cette dernière ne fait-elle pas partie de l’histoire. Je recommande chaleureusement LES PARADIS PERDUS, le livre premier de LA TRAVERSÉE des temps. Vivement la suite…

Suggestion de lecture : IMMORTELLE RANDONNÉE Compostelle malgré moi, de Jean-Christophe Ruffin


L’auteur Eric-Emmanuel Schmidt

Intéressé par l’auteur, consultez sa biographie ici.
Vous pouvez aussi visiter son site officiel.
Je vous invite aussi à consultez une petite liste préparée par Babelio, de livres ayant le temps comme sujet.

Bonne lecture
Claude Lambert
le dimanche 6 octobre 2024

Le crépuscule et l’aube

Commentaire sur le livre de
KEN FOLLET

*<C’est encore pire que ce à quoi je m’attendais >…
<Il faudrait faire rôtir vifs tous les vikings. > … Mais
cette fois, Wynstan lui donna raison. <À petit feu
pour sûr.> Approuva-t-il…*
(Extrait : LE CRÉPUSCULE ET L’AUBE, Ken Follet,
Robert Laffont éditeur, 2020, édition de papier, 850 p.)

 

Avant Les Piliers de la Terre…

En l’an 997, à la fin du haut Moyen Âge, les Anglais font face à des attaques de Vikings qui menacent d’envahir le pays. En l’absence d’un État de droit, c’est le règne du chaos.
Dans cette période tumultueuse, s’entrecroisent les destins de trois personnages.

Le jeune Edgar, constructeur de bateaux, voit sa vie basculer quand sa maison est détruite au cours d’un raid viking. Ragna, jeune noble normande insoumise, épouse par amour l’Anglais Wilwulf, mais les coutumes de son pays d’adoption sont scandaleusement différentes des siennes. Aldred, moine idéaliste, rêve de transformer sa modeste abbaye en un centre d’érudition de renommée mondiale.

Chacun d’eux s’opposera au péril de sa vie à l’évêque Wynstan, prêt à tout pour accroître sa richesse et renforcer sa domination. Dans cette extraordinaire épopée où se mêlent vie et mort, amour et ambition, violence, héroïsme et trahisons, Ken Follett, l’un des plus importants romanciers de notre temps, revient à Kingsbridge et nous conduit aux portes des Piliers de la Terre.

La préquelle d’une grande épopée
*Edgar eut une pensée pour Seric, le chef de village avisé,
le grand-père aimant et revit stiggy transpercer de sa lame
cet homme si bon. En contemplant la tête broyée de Stiggy
il se dit : J’ai simplement fait de cette terre un monde meilleur. *
(Extrait)

Voici un livre que j’ai eu beaucoup de difficultés à fermer tellement il a été pour moi passionnant et accrocheur. Fidèle à sa plume, Ken Follett installe des personnages solides et au caractère bien trempé dans l’Angleterre du Moyen âge alors que comme toujours, les hommes au pouvoir sont loin du peuple.

Nous suivons en particulier Edgar, fils de batelier, devenu bâtisseur de ponts et d’édifices et qui, sans le savoir prépare le terrain pour TOM LE BÂTISSEUR, personnage central des PILLIERS DE LA TERRE. Il y a aussi Ragna, une noble normande poussée par le système social vers des hommes cruel et sans cœur. Il y a toujours une exception, vous verrez bien. Puis, il y a Aldred, un moine, progressiste, idéaliste, obsédé par son projet de création d’un centre d’érudition de renommée mondiale.

Enfin, l’évêque Wynstan, un personnage détestable, très proche de l’image qu’on se fait du diable. Je regrettais presque que l’histoire ne soit pas plus longue. J’aurais détesté le personnage plus longtemps. Plongez. Il vous en fera voir de toutes les couleurs.

La saga débute à Drengs’Ferry qui deviendra au fil de l’histoire KINGS’BRIDGE, point de départ d’une grande saga qui sera au cœur de l’œuvre de Follet : LES PILIERS DE LA TERRE. LE CRÉPUSCULE ET L’AUBE est une préquelle dans laquelle se mêlent amour, ambition, violence, héroïsme, trahison et même bonté et altruisme grâce à deux personnages particulièrement attachants : Edgar et Aldred.

Follett reste Follett. Avec LE CRÉPUSCULE ET L’AUBE, il n’apporte rien de neuf à son style. Il semble tellement obsédé par l’idée de faire converger son récit vers LES PILIERS DE LA TERRE que les ressemblances entre les deux œuvres m’ont frappées. C’est la principale faiblesse de l’œuvre, une impression de redondance. Cette convergence justifie le titre LE CRÉPUSCULE ET L’AUBE, parfaitement ajusté à l’histoire. Une trouvaille. Sinon, je trouve intéressant que l’auteur ait pris certaines libertés sans jamais toutefois en abuser. Le fait par exemple, d’évoquer l’homosexualité dans un contexte médiéval ou de décrire certains effets de la démence et de la sénilité.

Le style de Follet contribue à l’addiction mais il faut dire qu’il y a beaucoup d’intrigues et de rebondissements dans LE CRÉPUSCULE ET L’AUBE et ce jusqu’à la finale particulièrement bien ficelée malgré son petit caractère prévisible. L’auteur crée et force l’attention et l’entretien : le bien contre le mal dans un sens manichéen. Plein de contraires s’opposent y compris chez les hommes d’église.

Enfin, je dirai que l’histoire est très longue. Il ne faut pas être pressé pour la lire. J’ai beaucoup aimé cette histoire qui est soit dit en passant très bien documentée. Elle m’a appris beaucoup de chose et en plus, elle est porteuse de beaucoup d’émotions. Ça ne battra jamais LES PILIERS DE LA TERRE même si ça prépare le terrain, mais ça vaut vraiment la peine d’être lu.

Ken Follet est un écrivain gallois spécialisé dans les thrillers politiques. Il est né le 5 juin 1949 et a grandi avec les histoires que lui racontait sa mère, ce qui l’a amené très tôt à développer une forte imagination ainsi que le goût de lire. Alors qu’il était étudiant pendant la guerre du Vietnam, il s’est pris peu à peu de passion pour la politique et le journalisme. L’écriture suit rapidement.  Le point culminant de sa carrière est atteint avec LES PILIERS DE LA TERRE qui devient rien de moins qu’un succès planétaire. Suit, la trilogie LE SIÈCLE. 

Suggestion de lecture :
Du même auteur

Pour lire mon commentaire sur LE SIÈCLE, cliquez ici.
Pour lire mon commentaire sur CODE ZÉRO, cliquez ici

Après la préquelle, l’œuvre majeure

Bonne lecture
Claude Lambert
le samedi 5 octobre 2024

 

TOUT CE QUI MEURT

Commentaire sur le livre de
JOHN CONNELLY

Série CHARLIE PARKER
livre 1

On l’appelle « le Voyageur ». C’est l’un des quelque deux cents tueurs en série qui sillonnent les Etats-Unis, semant la mort sur leur passage. Charlie Parker, dit « Bird », a de bonnes raisons de lui vouer une haine féroce : le monstre a assassiné sa femme et sa fille dans des conditions atroces.

Après avoir démissionné de la police, Bird a pris une licence de détective privé, ce qui lui permet de suivre le Voyageur à la trace, d’une petite bourgade de Virginie jusqu’à La Nouvelle-Orléans, ensanglantée par une guerre des gangs particulièrement cruelle. Mais c’est dans le décor fantomatique des bayous de Louisiane qu’aura lieu l’affrontement décisif, reflet de celui qui oppose depuis toujours le Bien et le Mal.

*Parfois, elles viennent à moi, dans ce court intervalle qui sépare le sommeil de l’éveil, lorsque les rues livrées à la nuit sont encore silencieuses, ou quand l’aube s’insinue entre les rideaux pour répandre dans la pièce un semblant de clarté. Elles viennent à moi et je distingue leurs silhouettes dans la pénombre, ma femme et ma fille, ensemble, qui m’observent sans un bruit, empourprées du sang de leur mort brutale. *

Extrait : TOUT CE QUI MEURT, John Connolly, version audio, Audible studios éditeur, 2017, durée d’écoute : 15heures 47 minutes, narrateur : François Tavares, édition de papier, Pocket éditeur, 2005, 576 pages, format numérique : Presses de la Cité 2017, 567 pages, 3228 KB 

La grande première de Charlie Parker

Un tueur en série, monstre cruel et sans conscience appelé LE VOYAGEUR assassine la femme et la fille de Charlie Parker, un policier ivrogne, du moins au départ. Charlie, appelé BIRD, soupçonné par ses collègues, démissionne de la police et mène sa propre enquête en ruminant sa vengeance. Voilà toute l’histoire.

Facile à suivre avec un fil conducteur à toute épreuve. La version audio offre une narration exécutée avec un calme désopilant et une signature vocale de type *multipiste* qui force l’attention. Donc excellente performance vocale de François Tavarès. J’avertis tout de même les auditeurs/auditrices, lecteurs/lectrices que ce roman est d’une infinie noirceur. La plume de Connolly est sans pitié à cause de son pouvoir descriptif qui est par moments d’une cruauté innommable.

Les âmes sensibles pourraient trouver l’écoute ou la lecture difficile par moment, l’écriture étant très forte où on trouve, omniprésente, une violence démesurée. LE VOYAGEUR est une occasion pour l’auteur d’explorer les arcanes de la folie. L’imagination de Connolly pousse l’auditeur/lecteur à se demander si la folie doit bien avoir une limite à son déploiement.

C’est un roman très fort. Pas de doute. La partie de l’histoire se déroulant en Nouvelle-Orléans est particulièrement intéressante. La description des bayous est superbe. En général, ce livre est une hécatombe. Les morts s’empilent. C’est un peu surfait. La principale faiblesse réside dans les personnages que j’ai trouvé plutôt vides et superficiels. En général, les personnages de cette histoire, peu travaillés, me rappellent un peu l’environnement de Dick Tracy, ce célèbre détective issu de la pop américaine, créé par Chester Gould.

Les personnages sont, soit exagérément déformés sur le plan physique soit hideux par en dedans. Quant au héros de l’histoire, Charlie Parker, qui reviendra plus d’une quinzaine de fois dans la bibliographie de Connolly, Je n’ai pas pu m’y attacher. C’est un personnage froid, mû par la vengeance, devenu tueur, inatteignable. Mais comme c’est sa première apparition dans l’œuvre de l’auteur, je donnerai la chance au coureur.

La principale force tient au fait que l’auteur développe son histoire lentement et avec beaucoup d’habileté jusqu’à une finale plutôt surprenante. Le style Connolly est définitivement addictif. Il m’a accroché dès le départ et m’a tenu en haleine. 

Suggestion de lecture du même auteur : LES CLOCHES DE L’ENFER


Pour tout savoir sur John Connolly, biographie et bibliographie, cliquez ici

DU MÊME AUTEUR

Bonne lecture
Bonne écoute

Claude Lambert
le vendredi 4 octobre 2024

 

Petites histoires de l’histoire

Commentaire sur le livre de
DANIEL APPRIOU

*Alexandre le Grand s’attela à la tâche, mais, ne voulant accepter son échec, saisit son épée et, d’un coup violent, trancha le nœud de Gordias. * (Origine de l’expression <nœud gordien >

Extrait : PETITES HISTOIRES DE L’HISTOIRE, Daniel Appriou, Éditions
Acropole, 2008, édition de papier, 290 pages, ref. : France Loisirs)

De l’antiquité à nos jours, découvrez toutes les petites histoires qui ont fait l’histoire. L’histoire de France est parsemée d’anecdotes, de bons mots et de faits divers qui, bien souvent, sont occultés dans les manuels.

 

Les instantanés de l’histoire
*Le 16 février 1855, Napoléon III ordonna la création
d’un réseau de renseignements afin d’étudier et de
tenter d’anticiper les phénomènes dus au temps. La
météorologie venait de naître. *
(Extrait)

C’est un petit livre plein de découvertes qui propose près de 300 capsules sur les petits à côté de l’histoire : faits divers, anecdotes, citations…des petits textes éclairs, flash, instantanés sur le passé de nos ancêtres mis dans l’ombre par la grande histoire.

Ce petit volume, non seulement m’a fait sourire, mais il m’a appris beaucoup de choses comme par exemple, les origines de la météorologie, l’origine de l’expression *honni soit qui mal y pense*, pourquoi les anglais roulent à gauche, ce qui a amené la création de la guillotine, L’origine du sandwich, l’hygiène des français à la fin du XIX siècle, comment est né le premier porte-avion, la chute du mur de Berlin, l’adoption de la Jeep par l’armée américaine et j’en passe.

Comme on le voit, l’histoire explique beaucoup de choses : la mode et diverses tendances, les inventions, les balbutiements de la science jusqu’aux bonds de géants qui caractérisent notre époque actuelle, les manies, les coutumes. Sans en avoir la prétention, le livre explique entre autres pourquoi les nord-américains conservent le vieil atavisme du vieux continent.

Dans ce livre, les textes sont donc très courts. Aucun enrobage, pas de longueur. C’est le vif du sujet en quelques lignes, des quoi alimenter tout un programme de recherches pour les lecteurs et lectrices. Malheureusement, le livre ne propose pas de bibliographies c’est sa première faiblesse, l’autre étant qu’il n’y a presque pas d’allusions à l’Amérique du nord et aucune au Canada et au Québec.

Il aurait pourtant été très intéressant de connaître les sentiments des monarchies françaises et britanniques sur la fondation de Québec, de Montréal, bref sur la naissance de la Nouvelle-France. Mais il n’y a rien malheureusement et pourtant, je suis sûr qu’il y aurait eu matière à anecdotes, de petits récits, de faits curieux. Le livre explore différents coins de l’espace-temps et commence même par une petite incursion biblique avec le combat entre David et Goliath et le jugement de Salomon.

Non seulement le livre m’a éclairé sur les petits soubresauts de l’histoire, mais il m’a fait sourire car beaucoup de nos ancêtres, même ceux qui n’étaient pas connus, ne manquaient pas d’humour : * Quelqu’un dont l’histoire n’a pas conservé le nom, osa louer la célèbre arme blanche en ces termes : <On peut tout faire avec une baïonnette, sauf s’assoir dessus.>* (extrait)

C’est donc un petit volume sans prétention que je vous propose, une vision télégraphique de l’histoire en ce sens qu’elle n’entre pas dans les détails. Les lecteurs et lectrices doivent en être avertis dès le départ. J’ai trouvé le tout de même instructif et divertissant.

Suggestion de lecture : UNE HISTOIRE DU QUÉBEC, de Jacques Lacoursière

Daniel Appriou a publié plus de vingt ouvrages. il est l’auteur de Rendons à César… au Pré aux Clercs, de Ces jours qui ont fait l’histoire, des Symboles de l’histoire et des Petites Histoires de l’histoire aux éditions Acropole.

Bonne lecture
Claude Lambert
le dimanche 29 septembre 2024

Le bureau des affaires occultes

Commentaire saur le livre
d’ÉRIC FOUASSIER

*Selon les témoignages… le fils de la maison s’était jeté volontairement d’une fenêtre de l’hôtel paternel. Il avait été tué sur le coup. De prime abord, le suicide ne semblait pas faire le moindre doute.  Cependant, ce qui rendait la chose peu banale, c’est que Lucien Dauvergne avait mis fin à ses jours en présence de sa mère qui s’inquiétait de son absence prolongée et était montée le chercher à l’étage… Les proches du défunt… avaient tous assuré qu’aucun signe, au cours de la soirée, n’avait pu laisser augurer pareille issue funeste. *

Extrait : LE BUREAU DES AFFAIRES OCCULTES, Éric Fouassier, Albin Michel éditeur 2021, 384 pages, papier. Version audio : LIZZIE éditeur, 2021, durée d’écoute 10 heures 36 minutes, 891 mo, narrateur : Benjamin Jungers


L’auteur Éric Fouassier

Une étincelle dans la Sainte-Barbe

C’est un beau roman, développé dans un contexte historique bien mis en valeur. Nous sommes en 1830. Paris ne s’est vraiment jamais remise de la révolution et elle n’est pas au bout de ses peines. La monarchie absolue n’existe plus. Elle a été remplacée par une monarchie parlementaire.

Celui qui se fait appelé <Le roi des français> Louis-Philippe, patauge dans l’incertitude politique et doit composer avec une opposition virulente et agressive. L’équilibre social est fragile. Nous suivons un jeune inspecteur nommé par le légendaire Vidocq à la brigade de sûreté : Valentin Verne. Un homme au passé tortueux qui accepte d’enquêter surf la mort suspecte d’un homme politique influent.

Mais Verne est surtout obsédé par la traque d’un criminel insaisissable appelé le Vicaire qu’il s’est juré d’épingler. En enquêtant sur la mort du politicien, Verne n’a pas idée de ce qui l’attend…traîtrise, complot, machination, trahison et mise au jour d’une sinistre organisation : le renouveau jacobin qui tente de dupliquer les heures de gloire de la révolution sous Robespierre.

Il faut faire attention au terme <occulte> dans le titre. L’histoire se déroule effectivement à une époque où on prête facilement un caractère surnaturel aux énigmes insolubles. Mais ici le terme a surtout un sens politique. Aussi il est impératif de conclure les enquêtes afin de conserver un équilibre politique déjà précaire car dans la première moitié du XIXe siècle, la France demeure une poudrière.

J’ai lu ce livre avec beaucoup d’intérêt, voire de plaisir. Le contexte historique est bien soigné et le personnage central, Valentin Verne est particulièrement bien travaillé. La psychologie des personnages est bien développée et l’intrigue est prenante. Le développement de l’histoire est constant, le fil conducteur assez stable. L’intrigue est double mais si une affaire est résolue avec un bel effet de surprise, l’enquête sur le vicaire n’est pas aboutie et m’a laissé sur ma faim.

Heureusement, tout est en place pour une suite qui permettra sans doute de nous expliquer où l’auteur veut en venir d’autant qu’il nous laisse sur la nomination de Verne au poste de chef du bureau des affaires occultes. Entre temps, j’ai pu profiter d’une plume fluide, agréable et d’une intrigue digne du titre.

En passant, pour la version audio, très belle narration du comédien Benjamin Jungers.

Suggestion de lecture : LES AVENTURES OCCULTES DE LADY BRADSLEY, d’Olivier Saraja

Du même auteur

Bonne lecture
Bonne écoute
le samedi 28 septembre 2024