Lettres fort inconvenantes de deux libertins

Commentaire sur le livre de
MICHEL GARCIN

*J’étais rouge et haletant derrière la vitre. Ma pique, excitée par ce voluptueux tableau, redressait sa tête impatiente. J’écarquillais les yeux, dans l’attente d’un accouplement nouveau pour moi et dont je savourais <à l’avance les multiples aspects…> * (Extrait : LETTRES FORT INCONVENANTES DE DEUX LIBERTINS, Michel Garcin, Mercure de France éditeur, 2000, édition de papier, 260 pages)

***

Loin des troubles politiques qui secouent Paris en cette fin du XVIIIe siècle, sourds aux grondements croissants du peuple ulcéré, le marquis de La Fare et le baron d’Albon n’ont que deux préoccupations dans la vie : le libertinage et le « beau sexe ». Ils entretiennent une correspondance dans laquelle ils dévoilent leurs exploits amoureux. Leurs aventures, parfois cocasses, souvent scabreuses, contées dans leurs moindres détails, sont à vrai dire plutôt des mésaventures : un inventaire éloquent des Infortunes de la débauche !

En effet, à lire les hauts faits du marquis et du baron, le plaisir est loin d’être sans danger. Le baron, lorsqu’il ne se fait pas assommer et dépouiller pendant l’amour par le compagnon de la femme qui lui dispense du plaisir, manque de périr par les flammes à trop vouloir espionner de charmantes dames dans leurs élans saphiques ou voit, à sa plus grande honte, l’objet de sa virilité réduit à l’impuissance au plus mauvais moment. Quant au marquis, l’amour lui réserve aussi son lot de déconvenues. 

 Libertinage et irrévérence

Peu de choses à dire sur ce livre dont la forme narrative est essentiellement épistolaire et qui s’adresse finalement à un lectorat assez limité. L’ouvrage explore les mœurs et les excès d’une noblesse française lascive qui se cherche à travers une série de lettres entre deux libertins. Le titre est réaliste et révélateur. Les lettres sont effectivement inconvenantes et irrévérencieuses.

Désireux de sortir des sentiers battus, je suis tombé sur ce livre lors d’une de mes nombreuses visites dans les librairies.

Je l’ai choisi, question de faire diversion dans mes lectures sans trop me douter que l’inconvenance atteignait les sommets de la débauche. Le format épistolaire renforce le caractère intimiste de l’histoire de nos deux *héros* qui devient ainsi encore plus *chaude* si vous me permettez cette image.

Ça va plaire aux amateurs de *coquinage*, c’est sûr. Ils se pourraient bien qu’ils jugent le contenu immersif. N’eut été d’un style cru, direct et explicite, j’aurais pu m’intéresser à ce livre. J’y ai plutôt constaté un manque d’imagination. C’est trop direct au but. Ça ne m’a pas emballé du tout même si je dois admettre que l’exploration historique de la France du XVIIIe siècle est intéressante et que l’esprit et l’humour de l’auteur rendent les récits tolérables.

C’est un livre pour lecteurs adultes et avertis car son contenu est potentiellement choquant avec des descriptions lubriques et plutôt salées. La trame est linéaire sans fil conducteur solide comme ça se produit dans les romans épistolaires.

Si vous êtes amateur de littérature paillarde, ce livre est pour vous, mais si vous cherchez bien, vous pourriez trouver mieux.

Je n’ai trouvé aucune photo acceptable de l’auteur et la biographie est plutôt mince. Plutôt ordinaire pour quelqu’un qui a écrit huit livres. Quelques détails sont tout de même disponibles sur lecteurs.com.

Bonne lecture

Claude Lambert

le dimanche 16 mars 2025

NOA, de Marc Levy

*La cupidité est une tare que l’on peut pardonner, mais trahir son pays pour de l’argent, c’est un acte inacceptable. Le XXIe siècle est l’histoire de la victoire progressive de la démocratie sur les idéologies fascistes, communistes et nationalistes, le XXIe siècle est l’histoire inverse. *

Extrait : NOA, de Marc Levy. Versions papier et numérique:  Robert Laffont/Versilio éditeur, 2022, 367 et 332 pages.  Version audio : Lizzie éditeur, 2022, durée d’écoute : 7 heures 43 minutes. Narratrices : Audrey Sourdive et Marie Bouvier.

9 hackers combattent un dictateur.

Des vies sont en danger.

Une reporter d’investigation va s’infiltrer en terrain ennemi.

Le temps est compté.

Le Groupe 9, plus uni que jamais, repart en mission.

L’avenir de tout un peuple est en jeu.

Le pouvoir du hacking

NOA est un drame d’espionnage extrêmement bien ajusté à la réalité géopolitique des années 2021-22 et 23. Peut-être même trop selon une partie de la masse critique. Mais moi, j’ai passé un bon moment.

Une entité que je vous laisse découvrir, crée un groupe de 9 hackers qui doivent s’infiltrer dans un vaste complot international visant à détruire les démocraties. Le tout premier membre recruté fut une femme appelée NOA. La mission des 9 : utiliser leur génie technologique pour empêcher les russes d’arriver à leur fin.

Dans ce troisième tome, les 9 veulent protéger un reporter d’investigation infiltré en Biélorussie où le dictateur Loutchine met le pays à feu et à sang pour s’enrichir, foulant du pied le moindre droit humain.

Pas besoin d’être sorcier pour deviner que Loutchine est en fait le nom compressé de deux despotes tristement célèbres : Loutchenko, dictateur biélorusse et Poutine président de la fédération de Russie.

Même si le roman a été écrit avant l’invasion de l’Ukraine, le récit fait référence à des évènements qui ont fragilisé le monde, mettant à mal, l’équilibre géopolitique, la liberté de la Presse, les droits de la personne.

Dans ce roman aux multiples facettes, ce n’est pas l’action qui manque et elle se déroule partout dans le monde. Toutes les recettes du genre sont réunies : dessein hégémonique, meurtres à glacer le sang, énigmes, poursuites sans oublier ce qui fait la grande force du récit : une incroyable technologie de pointe dans laquelle se déploient les génies du piratage.

C’est riche en rebondissements, en revirement, en action, en vitesse et en trouvailles de toutes sortes. C’est un récit électrique qui se dévore et qui n’est pas sans rappeler les grands *James Bond* du cinéma.

Les petites faiblesses maintenant… la principale n’est pas forcément une faiblesse. Ça dépend de vos attentes et de la perception que vous avez eue des deux premiers tomes.

Ici, Marc Levy nous rapproche beaucoup trop d’une réalité alors qu’habituellement, il nous en éloigne. J’avais parfois l’impression de lire un grand reportage. Moins romanesque, plus réaliste. Moi ça m’a plu.

Il y a beaucoup de personnages. La galerie est même imposante. Il est facile de s’y perdre. Je note aussi dans la série un certain essoufflement…quelques idées qui s’étirent ou se répètent. Enfin toute bonne chose a une fin. De toutes façons, ça n’arrêtera pas les inconditionnels des nouvelles technologies.

J’ai trouvé fascinant le déploiement d’imagination dont l’auteur a fait preuve dans cette histoire. C’est un livre qui fait beaucoup réfléchir sur les effets de l’hégémonie, les droits humains et sur la valeur de la vie humaine…des grands principes dont les besoins de domination et de pouvoir ne s’encombrent pas tellement.

Une très bonne lecture.

Suggestion de lecture : LE CRÉPUSCULE DES DIEUX, de Stéphane Przybylki


L’auteur Marc Levy

Autres livres de Marc Levy

Bonne lecture
Bonne écoute
Claude Lambert
le samedi 15 mars 2025

L’ANOMALIE, Michael Rutger

Tout le monde a conscience que c’est censé être un sujet crucial, et soit on y croit, soit on n’y croit pas. Quoi que l’équipe puisse trouver en Alaska, ça ne changera pas la donne. Nous, en revanche… on sera peut-être en mesure de prouver à l’establishment … que toute notre histoire officielle est biaisée.

Extrait : L’ANOMALIE de Michael Rutger, format numérique, Bragelone éditeur, 2020, 375 pages.

Oppression sans plus

Un explorateur, Nolan Moore et son équipe publient sur YouTube une série d’émissions intitulée AUX FRONTIÈRES DE L’ANOMALIE :

<Nous avons besoin qu’une voix décisive combatte le portrait mensonger que les scientifiques, le gouvernement et l’autocratie libérale brossent de notre monde, cette interprétation erronée de l’histoire humaine, cette façon de tomber à bras raccourcis sur tout ce qui ne colle pas avec leurs desseins. > Extrait

L’équipe de Moore décide de frapper un grand coup en réalisant un documentaire sur une mystérieuse grotte, découverte en 1909 par l’explorateur Kincaid, dans le grand canyon en Arizona. Une gigantesque formation rocheuse s’étendant sur 446 km de longueur avec une profondeur moyenne de 1 600 mètres. Longé à sa base par le vigoureux fleuve Colorado.

*Nous avions ‘impression d’avoir pénétré dans un lieu secret, étrange et ancien… un environnement antérieur aux attentes humaines, et où l’inhabituel pouvait devenir réalité. * Extrait

Il fallait donc trouver cette caverne à partir des maigres données de Kincaid dans ce colossal univers de roche. L’histoire raconte comment, de peine et de misère, Moore a découvert la grotte comment l’équipe y a pénétré et comment elle s’est trouvée piégée.

Pas de lumière, peu d’eau, peu de nourriture, impossible de sortir, une immense sphère s’étant déplacée pour bloquer la sortie. Pire, l’équipe semble épiée par d’étranges créatures. Sont-ils sur les lieux qui cachent le mystérieux secret de nos origines ou pourrait-il y avoir comme une odeur de complot ? Ou les deux ?

Malgré l’ambiance mystérieuse de l’histoire et son caractère imprévisible, le livre raconte tout mais ne dit à peu près rien. Beaucoup d’évènements surviennent dans la grotte mais très peu sont expliqués. Le mystère est continu et linéaire. Presque rien sur les origines de cette mystérieuse grotte. Beaucoup de descriptions, mais pas d’explications.

Sur ce plan, je me suis retrouvé un peu comme une coquille vide avec une histoire qui nous fait dire en fin de compte *Tout ça pour en arriver là*

Toutefois, l’histoire n’est pas dénuée d’intérêt. J’ai été piégé par son atmosphère oppressante au point d’avoir l’impression de manquer d’air. J’ai été aussi sensible à cette espèce de rayonnement surnaturel omniprésent dans la grotte mais jamais affirmé. Un peu surpris aussi de la débrouillardise de cette équipe d’archéologues amateurs peu préparés et mal équipés. Même si les personnages sont plus ou moins travaillés, j’ai réussi tout de même à développer un peu d’empathie.

L’idée de base est bonne mais malheureusement, la plume est beaucoup plus descriptive qu’explicative. Ce manque d’équilibre nuit à la crédibilité de l’ensemble. La finale est à l’image de l’histoire. On sait ce qui se passe mais on ne sait pas pourquoi, Ça force le lecteur à spéculer sans jamais être sûr de rien.

Dommage parce qu’il y a dans cette histoire de très bonnes idées qui font tout de même qu’elle vaut la peine d’être lue.

Michael Rutger, auteur de L’ANOMALIE

 

Bonne lecture
Claude Lambert
le vendredi 14 mars 2025

Les livres de Jimmy Guieu # 2

Commentaire sur la collection SF

2e partie

*<La Maison Blanche a mis en alerte toutes les bases de l’Air Force et des escadrilles de chasseurs ionosphériques dotés de missiles à ogives nucléaires sont prêtes à décoller à tout instant…pour, si possible, intercepter l’engin et le forcer à se poser sur l’une de nos bases militaires. Au cas où il serait … <habité>, M. Barclay, votre concours, en tant que biologiste et en raison de votre odyssée avec mon ami Ronald Morton <au-delà de l’infini>, nous sera très précieux pour étudier les êtres qui, peut-être, se trouvent à son bord. >*

Extrait : L’INVASION DE LA TERRE, de Jimmy Guieu, Fleuve Noir éditeur, 1952 pour l’édition original. Pour la présente, réédition : Plon-GECEP-Fleuve Noir, 1979, format numérique chez Plon, 146 pages.

Une nuit de réveillon, faite de rires et d’embrassades, un engin mystérieux cinglait vers la Terre. Un engin pacifique qui annonçait pourtant la plus terrifiante des agressions… Jerry Barclay rallierait-il à temps un peuple ami… à plus de deux millions d’années-lumière ?

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-Grand prix du Roman Science-Fiction 1954
-Prix du roman Ésotérique 1969
-Grand Prix du roman S.F. Claude Auvray, 1973

*<Cette quatrième expérience prouve surabondamment l’effroyable danger que font peser sur le monde ces folies. Il faut jeter un cri d’alarme et insister. Dans notre papier, sur les risques incalculables que peuvent entraîner ces essais d’armes thermonucléaires.

-Nous pouvons d’ores et déjà en conclure que de nouveaux faits insolites et d’autres disparitions vont vraisemblablement se reproduire…*

(Extrait : LES ÊTRES DE FEU, Jimmy Guieu, édition originale : Fleuve noir éditeur, 1976, pour la présente, réédition : Plon éditeur-GECEP-Fleuve Noir 1980. Format numérique, 153 pages)

Quand des savants atomistes disparaissent de par le monde et que s’ouvrent des puits insondables engloutissant avions, bases militaires et centres atomiques, il y a tout lieu d’être inquiet, d’invoquer une attaque venue de l’espace… Et l’on peut ainsi se tromper lourdement sur l’origine de la terrible menace…

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-Grand prix du Roman Science-Fiction 1954
-Prix du roman Ésotérique 1969
-Grand Prix du roman S.F. Claude Auvray, 1973

 

La passionnante SF des sixties

C’est la science-fiction d’un autre temps, une autre époque. C’est en effet au milieu du XXe siècle que la SF allait se forger une forte identité. À l’époque, les romans étaient porteurs de science mais il n’y avait pas d’hyper-technologie comme celle qui empreint la SF d’aujourd’hui ce qui la rend moins attrayante pour le jeune lectorat en particulier.

C’est vrai, ces livres ont un caractère vieillot. Mais ils se distinguent par leur caractère visionnaire qui ne se démentira jamais grâce à l’influence de Jules Verne, Isaac Asimov, Georges Orwell, René Barjavel, HG Wells et de plusieurs autres. Ces livres ont une aura particulière. Leur auteur étaient d’abord des créateurs d’atmosphère, puis des inducteurs de mystères et dans une certaine mesure, des sources prophétiques.

Personnellement, je me suis laissé bercé dans une bienfaisante nostalgie, comme je l’ai fait avec l’œuvre de Maurice Limat à qui j’ai consacré mon tout premier article sur ce site en 2012.

Les livres de Jimmy Guieu suivent la tendance de son époque. Les histoires sont brèves, se lisent vite et bien et sautent très vite dans le vif du sujet. Plusieurs de ces récits parlent d’invasion comme L’INVASION DE LA TERRE, un thème très récurent de nos jours :

*Ils perçurent un ronronnement léger et se reculèrent prudemment, levant le nez dans la direction de ce bruit bizarre : des hublots trapézoïdaux apparurent, démasqués par l’escamotage d’une plaque de blindage, à quatre mètres au-dessus du sol. -Attention, lança une voix venant de derrière l’astronef. Un portillon vient de s’ouvrir ! * (Extrait : L’INVASION DE LA TERRE, Jimmy Guieu)

Les auteurs de l’époque ont ouvert un bal, développant des thèmes qui sont encore privilégiés de nos jours : les ovnis, les créatures monstrueuses, le surnaturel, les mondes parallèles, les dérèglements temporels.

Plusieurs thèmes développés dans les années 1950-1970 sont encore aujourd’hui d’une brûlante actualité comme la peur viscérale des armes nucléaires, sujet développé avec une étonnante intensité dans LES ÊTRES DE FEU :

* … Il semble donc bien établi que les nombreuses disparitions d’atomisticiens et électroniciens, les non moins nombreux faits bizarres et inexpliqués que nous enregistrons sur la Terre …depuis le début des expériences atomiques durant ce mois de juillet, sont en corrélation avec lesdites expériences. Il ressort logiquement de ces constatations… dans les jours à venir, nous enregistrerons de nouvelles disparitions de savants et techniciens et que nous assisterons à de nouveaux phénomènes inexplicables. * (Extrait LES ÊTRES DE FEU, Jimmy Guieu)

Aujourd’hui, j’explore avec délice la science-fiction moderne…James Dashner, Richard Morgan, Alexis Aubenque, Catherine Fisher sans oublier George R.R. Martin, Suzanne Collins et beaucoup d’autres mais j’aurai toujours un faible pour la SF des sixties et j’aime à y revenir souvent. Elle a une saveur particulière.

La science-fiction se combine aisément avec la créativité. Jimmy Guieu en est un exemple. Enfin entre la SF du passé et celle d’aujourd’hui, il y a un pont commun : Cette tendance anticipe l’avenir de l’homme et prend parfois un aspect philosophique. Elle annonce presque toujours des temps difficiles et souvent elle a eu raison. La SF appelle à l’imagination et à la raison.

J’explore toutes les tendances littéraires en général mais entre la science-fiction et moi, il y a un élastique.



L’auteur Jimmy Guieu

Suggestions de lecture : Les 25 meilleurs livres de science-fiction de tous les temps, d’après coollibri

 

Bonne lecture
Claude Lambert
le dimanche 9 mars 2025

Les livres de Jimmy Guieu, # 1

Commentaire sur la collection SF
1ère partie


Chaleureuses salutations amis lecteurs et amies lectrices. Ceux et celles qui me suivent depuis mes débuts sur ce site savent que je suis généraliste dans mes choix de lectures mais ils savent aussi que j’ai toujours eu un penchant pour la science-fiction.

C’est d’ailleurs avec ce courant littéraire toujours adulé que j’ai inauguré ma série de commentaires avec un article sur la collection sf de Maurice limat (1914-2002) (voir l’article) écrivain extrêmement prolifique qui  a écrit près de 500 livres et fut un des piliers des célèbres éditions fleuve noir.

Celui dont je vais vous parler aujourd’hui fut aussi prolifique sur le plan littéraire que controversé pour ses convictions d’ufologue. Il s’agit d’Henri-René Guilleu. Pseudonyme : JIMMY GUIEU

Henri-René Guieu était un écrivain de science-fiction, ufologue, essayiste, vidéaste et communicateur français. Il a versé aussi dans les romans d’espionnage, policiers et même dans les romans érotiques. Comme Maurice Limat, il a publié abondamment chez Fleuve Noir. Il a emprunté plusieurs pseudonymes.

Outre Jimmy Guieu, il a publié sous le nom de Jimmy G. Quint, Claude Rostaing, Dominique Verseau et Claude Vauzière. Comme ufologue, il était très proche de la théorie conspirationniste en vogue aux États-Unis dans la deuxième moitié du XXe siècle et d’ailleurs encore très actuelle.

C’est de l’écrivain dont je veux surtout parler.

Les avis sur Jimmy Guieu sont très mitigés. Chose sûre, il n’a laissé personne indifférent. Je suis tombé sur ses livres, comme beaucoup de monde, dans les années 1960 et 1970 alors qu’ils étaient partout et bien en évidence avec des couvertures tape-à-l’œil et des titres accrocheurs. La présentation était typique de l’époque et très proche des concepts cinématographiques qui commençait à envahir les écrans.

Moi ça me plaisait beaucoup. Même aujourd’hui, je suis encore accro à ce style devenu vieillot, je dois l’admettre mais qui continue à frapper de plein fouet l’imaginaire des amateurs de sf, spécialement quand il est question de paranormal, d’ovnis et des mystères de l’espace. Guieu croyait dur comme fer aux ovnis et ça transpirait dans son œuvre.

En ce qui me concerne, j’ai lu une trentaine de volumes de la collection SF et pour autant que je sache, comme la collection est quelque peu linéaire, aucun chef d’oeuvre ne figure dans la longue bibliographie de Guieu. J’ai aimé ces livres pour le contexte, la situation et surtout l’atmosphère de chaque histoire, en harmonie avec le mystère, l’intrigue, l’obscur, l’incompréhensible même si le tout rappelle parfois le papier mâché. Guilleu a tout de même frappé mon imagination.

On peut facilement entrer dans l’univers de Guilleu si on surmonte les nombreux irritants qui jalonnent son œuvre. Ici je rejoins la pensée de Richard D. Nolane, écrivain, traducteur, anthologiste et scénariste qui a rédigé un excellent dossier sur Jimmy Guilleu paru en 2004 sur sfmag.net :

À la lecture des romans de Jimmy Guieu, on découvre vite que celui-ci n’est pas un grand styliste et qu’il a un penchant un peu trop prononcé pour les digressions et les explications qui cassent l’action. Quant aux intrigues, il arrive assez souvent que leur déroulement ne soit pas à hauteur de ce que laissait espérer leur début, Jimmy Guieu étant plutôt habile pour capter l’attention du lecteur dans les premiers chapitres. Enfin, les personnages ne sont que très rarement nuancés : les bons sont aussi parfaits que les méchants sont abjects. (Extrait : JIMMY GUIEU, itinéraire d’un franc-tireur de la SF française, Richard D. Nolane, 2004)

Le succès éditorial de Guieu s’explique par le fait qu’il atteint son lecteur avec le pouvoir de faire vibrer ses cordes sensibles et il m’a donné l’impression de participer à l’aventure.

Je poursuivrai dans ma prochaine publication, avec la deuxième partie de mon commentaire sur la collection SF de Jimmy Guieu, deux livres en particulier.

Bonne lecture
Claude Lambert
Le samedi 8 mars 2025

 

LE FEU DE DIEU

Commentaire sur le livre de
PIERRE BORDAGE

*Le fleuve se vida tout à coup dans un bruit prolongé de succion, l’eau s’évanouit à une vitesse sidérante, comme aspirée par la gueule béante d’un monstre, dévoilant un lit tapissé d’une végétation luisante et de poissons frétillants, des bateaux se retrouvèrent plantés dans la vase, d’autres se renversèrent dans un fracas de bois et de vitres brisées. *

Extrait : LE FEU DE DIEU, Pierre Bordage, Audvauvert éditeur, 2009 et 2012, respectivement pour les versions papier et numérique, 480 pages. Version audio :  Audible studios éditeur. Durée d’écoute : 10 heures 3 minutes, narrateur : Emmanuel Lemire

Franx a anticipé le cataclysme planétaire qui s’apprête à détruire une grande partie de l’humanité. Il a réalisé une arche avec trois autres familles dans un coin du Périgord. Ce domaine, appelé le Feu de Dieu, doit bénéficier d’une autonomie totale de sept ou huit ans. Quand le cataclysme se déclenche sous ses yeux, à Paris, Franx rentre immédiatement chez lui, accompagné d’une étrange petite fille autiste qu’on lui a confiée, et dont les dons de voyance pourraient lui être bien utile.

Une recette du genre

 

Premier point, faites attention à l’interprétation du titre. Le récit ne décrit pas la fin du monde ni une catastrophe. Il est développé dans un contexte essentiellement post apocalyptique. LE FEU DE DIEU est une arche fortifiée et isolée dans laquelle prennent place trois familles qui devraient pouvoir survivre quelques années à une catastrophe mondiale.

L’arche a été imaginée par un homme qui a anticipé le cataclysme, Franx, qu’on suit tout au long de l’histoire. Mais lors du désastre, Franx est piégé à Paris. Il entreprend de marcher les 500 kilomètres qui le séparent de l’Arche et frôlera souvent la mort de très près.

En chemin, Franx adopte une petite fille autiste appelée Sauria. Cette jeune fille, confiée à Franx par sa mère juste avant de mourir, a un don particulier : celui de la voyance. Pendant ce temps, un homme habitant l’Arche et surnommé le Grax prend le contrôle de l’abri avec une main tyrannique.

C’est un récit post apocalyptique de plus qui n’apporte pas grand-chose de neuf au genre. Je n’ai trouvé aucune originalité quant au thème de la fin du monde qui est carrément sous-développé et je n’ai développé aucune sympathie pour les personnages sauf peut-être Franx sur lequel l’auteur donne peu de détail.

Du déjà vu à tous égards y compris le personnage-cliché, monstrueux, exécrable, celui pour lequel on aime se lever de bonne heure pour le détester plus longtemps.

La force du récit tourne autour de Sauria, une jeune autiste qui *parle par son silence* et qui a le don de voyance. Ça va même un peu plus loin. Sauria apporte au récit une petite touche de surnaturel qui force quelque peu l’attention. Franz doit se dépenser sans compter pour la protéger. C’est un élément intéressant qui enrichit l’intrigue.

Il est même très intéressant de suivre le lien qui se développe entre Franx et Sauria. Franx y puise de l’inspiration et même de la force. On peut dire que c’est le point fort de ce récit survivaliste.

L’histoire est développée en deux formes narratives alternées : les évènements tragiques qui se déroulent dans l’Arche et ce qu’on pourrait appeler la route de la mort empruntée par Franx qui sera bientôt rejointe par une héroïne en devenir, Sauria.

LE FEU DE DIEU est un road trip noir, violent, variation sur un thème usé mais qui tient en haleine malgré tout avec une plume efficace et facile à suivre. Le récit met en perspective ce dont l’homme est capable lorsqu’il croit sa dernière heure arrivée. Sujet intéressant mais usé.

Suggestion de lecture :

WARDAY, de W. STRIEBER et J. KUNETKA 


L’auteur Pierre Bordage

 

Bonne lecture
Bonne écoute
Claude Lambert
le dimanche 2 mars 2025

Le destin du magister

Commentaire sur le livre de
EVA ORBELUNE

Un râle de douleur et d’incompréhension fit écho à son geste tandis que les yeux clairs du vieillard s’obscurcissaient. Un centyre s’écoula. Puis, sur la peau presque translucide des poignets du défunt, s’effacèrent les marques qui le désignaient jusqu’alors comme le meneur des Sept Provinces. Désormais, il n’était plus le Magister.

Les Dieux nommeraient un nouveau porteur, un Aspirant. La création de la Marque du Magister générait une énergie particulière que la meurtrière devait localiser avant de partir à sa rencontre.

Extrait : LE DESTIN DU MAGISTER, tome 1 : LA MARQUE, Eva Orbelune, Beta publisher éditeur, 2022, format numérique, 408 pages

Les Sept Provinces sont ébranlées par l’assassinat de leur meneur spirituel, le Magister.  Malgré l’instabilité du territoire, les Dieux doivent désigner un remplaçant, tandis que les habitants traquent le meurtrier qui a disparu sans laisser de traces.

Contre toute attente, le choix des Dieux se porte sur des jumeaux qui, pour la première fois de l’histoire, sont contraints de devenir les deux faces d’une même pièce.  Malgré leur jeune âge, Yaellin et Wyll devront faire face ensemble à un sombre complot. Seront-ils à la hauteur de leur destin ?

 SOLIDARITÉ GÉMELLAIRE

 

C’est une histoire originale qui se déroule dans un univers composé de sept provinces réunies en un genre de fédération dirigée par ce que l’on appelle un magister qui est nommé par les dieux, parmi les élus. Celui qui est visé reçoit une marque des dieux sur un bras.

Or, au début de l’histoire, le magister en titre est assassiné. Pour le remplacer, les dieux choisissent des jumeaux : Wyll et Yaellin, deux adolescents de 14 ans. Pourquoi un tel choix ? Deux jumeaux pour une seule marque, et pourquoi aussi jeunes ? Et pourquoi ici, deux personnes ne peuvent être qu’une ?  Les dieux ont leurs raisons que la raison ne connait pas…

Eva Orbelune nous plonge dans un univers de fantasy riche de trouvailles et d’imagination dans lequel on trouve des magiciens, deux jumeaux télépathes, des sorciers et des dieux dont il est difficile de comprendre les motivations.

La première partie est particulièrement immersive. On se familiarise avec la culture des sept provinces, son gouvernement, son fonctionnement et on fait la connaissance de deux jumeaux ados, attachants, humains et *appelés à n’être qu’un* pour gouverner les sept provinces sous la tutelle de dieux capricieux.

Le mandat du nouveau magister commence d’ailleurs sur des chapeaux de roues, car il doit éclaircir un mystère, un complot ourdi par une redoutable sorcière et qui menace la vie des habitants.

L’autrice a bien travaillé je crois pour rendre attrayant un sujet assez usé en exploitant de nouvelles idées comme par exemple l’exploitation des courants énergétiques pour expliquer la magie et son fonctionnement. Elle a eu aussi l’idée d’utiliser la signature énergétique d’un magicien, l’équivalent des empreintes digitales pour déterminer qui menace le royaume. Ce sont des idées qui rendent l’ensemble crédible et stimulent l’intrigue. Les runes sont aussi omniprésentes.

Elle a aussi beaucoup travaillé sur les personnages en général et sur la personnalité des jumeaux en particulier. Leur interdépendance est par moment inutilement compliquée mais leur bonne nature et leur complicité pousse le lecteur à l’empathie.

J’ai trouvé la plume empreinte d’émotion, une qualité rare dans la littérature de fantasy. Il faut dire qu’à ce chapitre, je suis assez difficile. Un autre bon point pour Eva Oberlune.

Je signale enfin deux petites faiblesses. L’action est très souvent en baisse au profit de l’intrigue. Ça compromet l’équilibre du récit. Dans cette histoire, les sorcières apparaissent comme le diable d’une boîte. Leur origine et leur rôle ne sont pas bien définis tout comme d’ailleurs la différence entre un magicien et une sorcière. À ce titre, Hélisa est sans doute le personnage le moins abouti de l’histoire.

Je n’ai pas tout à fait compris non plus les motivations des dieux et leur choix porté sur des jumeaux et leur participation apporte peu d’éclairage. Mais en général, j’ai beaucoup aimé ce livre qui a été pour moi une belle découverte.

Suggestion de lecture : L’OEIL DU MONDE, de Robert Jordan

L’AUTRICE EVA ORBELUNE

Bonne lecture
Claude Lambert
le samedi 1er mars 2025

Pour seul refuge

Commentaire sur le livre de 
VINCENT ORTIS

*Il y a trois entités dans un procès: la victime, l’accusé et la douleur des proches. La victime a existé, l’accusé existe, la douleur existera. *

Extrait : POUR SEUL REFUGE, Vincent Ortis. Version papier et numérique: ROBERT LAFFONT éditer, 2019, 336 pages. Version audio : LIZZIE éditeur 2021, durée d’écoute 9 heures 19 minutes. Narrateur : Bernard Gabay.

Duel dans le froid

C’est un livre intéressant. L’histoire, à connotation psychologique est tentaculaire quoiqu’extrêmement intrigante. Mais attention au quatrième de couverture Il ne met pas du tout en place les éléments essentiels qui sont nécessaires pour vous introduire à l’histoire. Aussi, il faut bien saisir les éléments suivants.

Un jeune amérindien, Allan Marocco est jugé pour meurtre et viol. Dans un jugement considéré erratique par le policier Ted Cortino, le juge Edward McCarthy déclare Marocco innocent et le relâche. Cortino, devenu schizophrène suite au meurtre et au viol de sa femme, décide de rendre justice lui-même.

Il piège le juge et l’enferme dans un chalet isolé où il termine de concocter une vengeance minutieuse et tordue. Le juge sera par la suite lâché dans une nature cruelle à la recherche forcée du jeune indien. La première partie du livre repose sur cette mise en situation. Maintenant, pour la deuxième partie, vous pouvez vous référer au quatrième de couverture.

Le caractère intrigant de l’histoire prend le pas et heureusement car les personnages sont difficiles à cerner. Le dévoilement de leurs motivations se fait avec une lenteur désespérante. Mais lorsque le jeune indien et le juge sont lâchés dans la nature glaciale et troublante du Montana, le lecteur vit une espèce d’oppression qui le met sur les dents.

Le rythme devient alors constant. La véritable psychologie des personnages est dévoilée car ils sont amenés à s’affronter eux-mêmes, individuellement, avant de s’affronter entre eux. Le jeune Marocco est un personnage particulièrement bien développé même si ça ne le rend pas forcément facile à comprendre.

Ce livre m’a gardé captif à cause entre autres de la beauté de son écriture et de sa trame captivante. On ne peut que suivre d’une façon soutenue les déboires du juge et du jugé dans une nature hostile, glaciale qui intensifie l’intrigue rendant le récit addictif.

C’est un roman très fort qui opposent deux êtres humains que tout sépare et qui sont pourtant réunis par un complot minutieusement ourdi dans un cerveau malade.

La description de la nature montanienne est superbe, ce qui est étonnant si on tient compte du fait que l’auteur est français. L’histoire dans son ensemble m’a semblé invraisemblable et elle n’échappe pas aux longueurs et aux redondances. Les personnages sont froids comme le décor et peu attachants.

C’est un polar et ce qui le rend attractif malgré les bémols cités plus haut est son caractère intriguant et un peu glauque : est-ce que le juge reviendra sur son jugement comme le souhaite Ted? 

C’est un bon polar qui couve rebondissements et revirements et des…frissons…dans les deux sens du terme.

Suggestion de lecture : UNE FORÊT OBSCURE, de Fabio M. Mitchelli


L’auteur Vincent Ortis

DU MÊME AUTEUR

Bonne lecture
Bonne écoute
Claude Lambert
le vendredi 28 février 2025

La perle et la coquille

Commentaire sur le livre de
NADIA HASHIMI

*Shekiba grandit avec son père pour seule compagnie, avec ses mots rares, ses yeux pleins de solitude. Elle travailla à ses côtés jour et nuit. Plus elle en faisait, plus il était facile à cet homme d’oublier que son enfant était une fille. Il se mit à la voir comme un fils, se trompant même parfois et l’appelant par le prénom d’un de ses frères. Dans le village, les bavardages allaient bon train. Comment un père et sa fille pouvaient-ils vivre seuls ? *

(Extrait : LA PERLE ET LA COQUILLE, de Nadia Hashimi, Bragelonne éditeur, Hauteville, 2015, format numérique, 1126 pages.)

Kaboul, 2007 : les Talibans font la loi dans les rues. Avec un père toxicomane et sans frère, Rahima et ses sœurs ne peuvent quitter la maison. Leur seul espoir réside dans la tradition des bacha posh, qui permettra à la jeune Rahima de se travestir jusqu’à ce qu’elle soit en âge de se marier. Elle jouit alors d’une liberté qui va la transformer à jamais, comme le fit, un siècle plus tôt, son ancêtre Shekiba. Les destinées de ces deux femmes se font écho, et permettent une exploration captivante de la condition féminine en Afghanistan.

Amour et désamour

C’est un excellent roman mais il m’a ébranlé et m’a fait passer par toutes les émotions dont plusieurs négatives : colère, tristesse, amertume et incompréhension car j’ai lu ce livre avec, derrière moi, ma culture nord-américaine, libérale, émancipée. Une culture jadis dominée par la religion qu’on a fini par séparer de l’état, nous faisant ainsi sortir de l’obscurantisme.

L’histoire se déroule dans l’Afghanistan du début des années 2000. Un pays étouffé par sa religion et dominé par les mâles : <…si elle avait des fils, alors son destin serait scellé. Quand on donnait vie à des garçons, on n’était pas traitée comme du bétail. > extrait

Le contexte de l’histoire a tout pour mettre mal à l’aise. Peut-être pour nous rappeler que malgré l’objet de nos contestations, protestations et manifestations, on est quand même bien en Amérique. En Afghanistan, être une fille est une malédiction et être un garçon est une bénédiction. Idéal pour engendrer un parfait déséquilibre social.

L’Afghanistan est aussi un pays miné et ravagé par la guerre : <Parce que, pour autant que je me souvienne, ces enfants ont vécu sous les feux des roquettes toute leur vie ! Pour l’amour de Dieu, je ne me rappelle même pas un seul jour où ce pays n’a pas été en guerre. > extrait. Difficile de discuter avec Allah ou pire, avec un fondamentaliste islamiste qu’on appelle Taliban.

L’histoire, qui fait des bonds entre le passé et le présent, suit le destin de Rahima, obligée de se travestir en garçon, une tradition courante appelée baccha posh, utile pour faire croire à un père entouré de filles qu’il a au moins un garçon et utile aussi pour surveiller les harems. Parallèlement, on suit l’histoire de Shekiba, qui a connu un parcours semblable un siècle plus tôt.

Cette innommable tradition n’est pas sans créer une pression intolérable sur les filles à moyen et long terme : <Tu es tellement occupée à être un garçon que tu as oublié ce qui peut arriver à une fille. Maintenant, nous devons toutes payer pour tes bêtises égoïstes. > Extrait.

Mais tout n’est pas noir dans ce roman extrêmement actuel, mélange de fiction et de réalité qui dépeint de façon juste la condition féminine en Afghanistan. L’auteure n’a pas manqué d’ajouter un élément qui fait que, pour moi, la lecture de ce livre est devenue marquante, inoubliable. Il s’agit de l’espoir, issu du courage et de l’abnégation de pionnières afghanes.

Bien sûr, les changements seront longs à venir, mais ils viendront. C’est une qualité de l’auteure qui se retrouve dans tous ses livres. Malgré la malveillance et la maltraitance qu’elles subissent de la part d’hommes déjà malheureux, les femmes afghanes sont les remparts de l’amour. Finiront elles par triompher ?

C’est la grande qualité de ce livre : il est un sérieux porteur d’espoir et tout le monde devrait le lire. Particulièrement les hommes. Très belle lecture.


L’auteure Nadia Ashimi

 De la même auteure

Bonne lecture
Claude Lambert

Jonathan Livingston LE GOÉLAND

Commentaire sur le livre de
RICHARD BACH

*- Pauvre Fletcher, ne te fie pas à tes yeux, mon vieux. Tout ce qu’ils te montrent, ce sont des limites, les tiennes. Regarde avec ton esprit, découvre ce dont d’ores et déjà, tu as la conviction et tu trouveras la voie de l’envol… L’éblouissement s’éteignit. Jonathan le Goéland s’était évanoui dans l’espace. *

Extrait: JONATHAN LIVINGSTONE LE GOÉLAND, de Richard Bach. Format livre de poche, J’ai lu éditeur, 2000, 128 pages. Version audio : Coffragants éditeur, Alexandre Stanké, publié chez Audible en 2005. Narrateurs : Patrice Laffont, Dorothée Berryman, Cédric Noël, Vincent Davy Durée d’écoute : 58 minutes.

Décidément, Jonathan Livingston n’est pas un goéland comme les autres. Sa passion : voler toujours plus haut et plus vite pour être libre. Mais ce marginal qui ne se contente pas de voler pour se nourrir ne plaît guère à la communauté de goélands.

Condamné par les siens à vivre le reste de ses jours au-delà des falaises en solitaire, Jonathan Livingston le Goéland découvre non seulement la bonté et l’amour des amis, mais aussi comment dominer ses peurs et connaître ses limites.

 Un beau parcours initiatique

Lorsque j’ai terminé l’audition de JONATHAN LIVINGSTON LE GOÉLAND, je me suis posé deux questions : D’abord, comment un aussi petit livre peut avoir une aussi grande portée. Ensuite, comment ai-je pu passer aussi longtemps à côté d’un tel chef-d’œuvre.

Le livre comme tel fait une quarantaine de pages si j’exclus les photos et la version audio fait moins d’une heure et raconte l’histoire de Jonathan Livingston, un goéland qui a décidé un jour que l’existence ne se limitait pas à croquer des poissons. Il fallait aspirer à plus, repousser ses limites, voler plus haut, plus fort, plus vite, plus loin. Tendre vers la liberté, le bonheur, donner un sens à la vie en commençant par aimer et aider ses semblables.

Cet anti conformisme a fait de Jonathan Livingston, un paria dans sa communauté dont il est maintenant exclu, tombé en disgrâce. Son nouvel objectif : voler de ses propres ailes, tendre vers la sagesse et transmettre son savoir de guide.

Vous l’avez sans doute compris, JONATHAN LIVINGSTON LE GOÉLAND est un récit initiatique sur le développement personnel, un thème que je n’apprécie pas beaucoup lorsqu’il tend vers un exercice de vente. Mais dans ce cas-ci, il s’agit d’un voyage introspectif à la découverte de nos forces intérieures.

L’essence du récit me rappelle un peu l’idée développée par Paulo Coelho dans son livre L’ALCHIMISTE quand Santiago apprend à aller au bout de son rêve. Pas besoin de gourou ou de vendeur de cours pour faire vibrer les cordons du cœur. On ne peut qu’y arriver seul à partir de notre propre volonté, tout comme l’a fait Jonathan.

Bach n’a pas travaillé pour me convaincre. C’est venu seul et Jonathan a fait le reste.

C’est un récit initiatique mais aussi parabolique et critique de notre société. Il met surtout en lumière notre capacité de se réaliser et de se dépasser. L’écriture est très belle, enveloppante. Oui, JONATHAN LIVINGSTON est un récit évidemment, un parcours, un conte, une fable. On peut lui donner l’appellation qu’on veut.

L’oeuvre est un panégyrique de la vie, un éloge de la liberté, une invitation à mieux se connaître, mieux se comprendre, aimer et aider son prochain. Il est extraordinaire que Bach ait exprimé autant d’émotions en si peu de pages et tout autant remarquable est l’idée de donner la parole à des goélands. L’écriture est sensible, poétique, bienveillante.

Je recommande JONATHAN LIVINGSTON LE GOÉLAND à tout le monde, même les jeunes de 10 ans et plus. Ça peut aussi être une belle activité enrichissante et apaisante parents-enfants.

Je vous recommande chaleureusement JONATHAN LIVINGSTON LE GOÉLAND. C’est plein de poésie et d’amour…

Suggestion de lecture : LE GARÇON ET L’UNIVERS, de Trent Dalton


Du même auteur


L’auteur Richard Bach

Jonathan Livingston au cinéma

L’adaptation cinématographique a été réalisée en 2006 par Hall Barlett, avec James Franciscus, Juliet Mills, Hal Holbrook  Détails ici.

Bonne lecture
Bonne écoute
Claude Lambert