La vérité sur l’affaire Harry Qubert

Commentaire sur le livre de
JOËL DICKER

« Mon livre avançait. Les heures passées à écrire se matérialisaient peu à peu, et je sentais revenir en moi ce sentiment indescriptible que je croyais perdu à jamais. C’était comme si je recouvrais enfin un sens vital qui, pour m’avoir fait défaut, m’avait fait dysfonctionner ; comme si quelqu’un avait appuyé sur un bouton dans mon cerveau et l’avait soudain rallumé. Comme si j’étais de nouveau en vie. C’était la sensation des écrivains. »

Extrait : LA VÉRITÉ SUR L’AFFAIRE HARRY QUEBERT, de Joël Dicker. Support papier : BFallois éditeur, 2014, 864 pages. Version numérique : Rosie et Wolfe éditeur, 2022, 611 pages. Support audio : Audiolib éditeur, 2013, durée d’écoute, 21 heures 26 minutes, narrateur : Thibault de Montalembert.

Marcus Goldman, auteur d’un premier best-seller, est en panne d’inspiration. Quand il apprend que son mentor, le célèbre écrivain Harry Quebert, est le suspect numéro un d’un crime, il se précipite à son secours. Dans le jardin de Quebert, on a retrouvé le corps de Nola – 15 ans – serrant contre elle le manuscrit du roman d’amour que Quebert lui avait dédié. Devenu un best-seller, il avait fait la gloire de son auteur. L’histoire de Quebert devient alors le sujet romanesque que Marcus avait tant cherché.

Un roman en abyme

C’est une longue histoire développée de façon plutôt leste. Aussi, faut-il être très attentif et patient. Nous suivons dans un premier temps un jeune auteur : Marcus Goldman à partir du moment où celui-ci est en manque d’inspiration et doit affronter la hantise de la page blanche ainsi qu’un délai fixé par son éditeur qui s’amenuise rapidement.

Parallèlement, à Aurora, New Hampshire, un écrivain de grande réputation, Harry Quebert, ancien professeur de Marcus à l’université, aussi devenu son ami et mentor est accusé du meurtre de Nola Kellergan assassinée 33 ans plus tôt alors qu’elle n’avait que 15 ans, Quebert aurait eu une liaison avec Nola.

Malgré les pressions exercées par son éditeur et convaincu de l’innocence d’Harry, Marcus décide de se rendre à Aurora et d’enquêter sur cette sombre affaire. Qui sait si elle ne résoudrait pas son problème d’inspiration.

Pour sauver l’honneur et la carrière de son ami Harry, Marcus doit rapidement découvrir ce qui s’est réellement passé au New-Hampshire en 1975 et qui a assassiné Nola Kellergan. Fait troublant, le corps de Nola, qui était mineure je le rappelle, a été retrouvé dans le jardin de Quebert serrant contre elle le manuscrit du roman d’amour qu’il lui avait dédié.

L’histoire est très centrée sur un amour impossible entre Nola et Harry. C’est une faiblesse majeure du livre parce qu’elle est puérile et d’une naïveté navrante. J’ai trouvé cela trop artificiel pour ressentir une empathie quelconque pour des personnages plus ou moins travaillés.

De plus, l’histoire rebondit tellement qu’elle en donne le vertige : beaucoup de longueurs, de lourdeur, des palabres qui ne finissent pas de finir. L’intrigue est noyée dans des dialogues souvent insipides et plusieurs revirements sont tirés par les cheveux. Par exemple, le syndrome de la double personnalité (Je vous laisse découvrir ce que ça vient faire dans l’histoire) apparait comme un diable sorti d’une boîte.

Il est difficile de lire une histoire dont le fil conducteur est aléatoire. Pourtant, si on enlève les trop nombreux passages qui ne servent à rien, on découvre une intrigue originale, serrée et bien ficelée.

Je dois admettre que le développement pousse à la curiosité d’aller plus loin à cause, en particulier des thèmes qui sont développé dont certains donnent un caractère sociologique à l’ensemble. Par exemple, le détournement de mineurs qui demeure aujourd’hui moralement indéfendable. On pourrait parler aussi de maladies mentales.

L’aspect littéraire m’a aussi beaucoup intéressé : la démarche d’auteur et le processus de création, les recherches requises pour écrire un livre, le redouté syndrome de la page blanche, la fonction de l’éditeur et la pression qu’il exerce sur les auteurs et même le plagia qui s’insère subitement dans le récit.

Autre fait intéressant dans ce livre de Dicker, c’est la mise en abyme. On a l’impression que tous les mystères se résolvent par livres interposés. Ça ne plaira peut-être pas à tous les lecteurs/lectrices, mais j’ai trouvé le procédé de développement intéressant.

L’ensemble est plutôt commercial et manque de profondeur. Les personnages sont artificiels et je ne parlerai pas des dialogues vides et infantiles entre Quebert et Nola, évoquant une histoire d’amour qui n’a pas de sens.

Le roman est complexe et lourd mais malgré tout, je l’ai trouvé fonceur, ambitieux, intrigant et révélateur de la nature humaine. Ce n’est pas de la haute littérature mais je ne regrette pas ma lecture.

Suggestion de lecture : ZERO, de Marc Elsberg


L’auteur Joël Dicker

Des livres de Dicker

Pour parcourir la bibliographie de Joël Dicker, cliquez ici

La série télé

La mini-série télé éponyme a été créée en 2018 par Joël Dicker

Bonne lecture
Bonne écoute
Claude Lambert

Le dimanche 9 février 2025

MARY, auteure de FRANKENSTEIN

Commentaire sur le livre illustré de
LINDA BAILEY et JULIA SARDÀ

*Parfois le déclic se produit en rêve*

(Extrait : MARY auteure de FRANKENSTEIN, Linda Bailey et Julia Sardà, v.f. Les éditions de la Pastèque 2019, 29 par 19 cm, illustré, 54 pages. Littérature jeunesse…dès 6 ans.)

Voici l’histoire de Mary Shelley et de la manière dont une écrivaine vient au monde et une légende est forgée. Une histoire à vous glacer le sang, un château, une créature morte. Une découverte scientifique. Une nuit d’orage. Cette histoire raconte comment une jeune fille de dix-huit ans a tout réuni pour créer un des plus grands romans de tous les temps…

Frankenstein dévoilé aux jeunes


Illustration extraite de
MARY auteure de FRANKENSTEIN
(incluant un petit clin d’œil à Boris Karloff)

 

Voici un adorable petit album magnifiquement illustré pour les enfants prêts à explorer le monde de l’étrange et du fantastique et vous savez comme moi qu’ils y viendront tôt ou tard, autant le faire avec un livre à la fois audacieux et respectueux de la sensibilité des enfants.

Un jour ou l’autre tous les jeunes recherchent le frisson. Le livre MARY est écrit simplement avec des illustrations qui parlent parfois plus fort que le texte. Le livre se prête particulièrement bien à la lecture animée ou racontée par un parent par exemple.

Moi j’ai trouvé ça plutôt génial. Comment en effet, expliquer à un enfant, l’origine d’un des personnages les plus adulés de la littérature, Frankenstein, dans le cadre d’une activité divertissante et instructive. Pour expliquer Frankenstein aux enfants, il faut d’abord expliquer qui est Mary Shelly. Le reste est un enchantement.

Expliquer Frankenstein aux enfants, c’est leur dire comment est née la science-fiction et le fantastique, c’est aussi d’une certaine façon, un moyen de les introduire à la mythologie en leur expliquant la légende de Prométhée, le Titan qui a osé voler le feu sacré aux dieux.

MARY, c’et la genèse de Frankenstein, un monstre devenu sacré par la littérature et le cinéma et qui est issu d’un défi lancé par le célèbre Lord Byron vers l’an 1815 lors d’une soirée qui réunissait cinq personnes. Parmi ces personnes se trouvait Mary Shelly.

Le défi consistait à écrire une histoire de fantôme. Avant que les amis se séparent, Mary eut l’idée lumineuse. *La vision d’un scientifique contemplant la créature qu’il a assemblée avec des chairs mortes et à qui il lui a insufflé la vie. * (Extrait)

Si MARY AUTEURE DE FRANKENSTEIN explique l’origine du monstre, elle raconte surtout l’histoire de Mary Shelly dont le petit côté tumultueux a été occulté. Les parents trouveront à la fin de l’album des pages qui leurs sont destinées, permettant d’enrichir une transmission orale éventuelle aux enfants.

Je recommande chaleureusement cet album aux enfants à partir de 8 ans. Ça pourrait être aussi une belle expérience pour les parents de parcourir ce livre avec eux. Un trésor d’imagination à l’esthétique impeccable.

Suggestion de lecture : DRACULA, de Bram Stocker


À gauche l’auteure Linda Bailey, à droite l’illustratrice Julia Sardà


Boris Karloff, le célèbre interprète de Frankenstein au cinéma


Mary Shelley, créatrice de Frankenstein

 

Bonne lecture
Claude Lambert


le samedi 8 février 2025

 

À TRAIN PERDU

Commentaire sur le livre de
JOCELYNE SAUCIER

Le 24 septembre 2012, Gladys Comeau est montée à bord du Northlander et on ne l’a plus revue à Swastika, qui n’est pas une ville, même pas un village, tout juste une bourgade le long du chemin de fer.

Commence alors l’errance, celle de Gladys et la mienne, car ceci est le récit du voyage de Gladys Comeau sur les rails du nord de l’Ontario et du Québec qui l’amèneront au sud, puis à l’ouest, ensuite à l’est, puis de nouveau vers le nord. Voyage erratique auquel personne n’a rien compris et qui a été suivi par nombre de personnes à partir du moment où la disparition de la vieille dame a été signalée.

Les témoignages sont nombreux, les opinions également, plusieurs l’ont blâmée, condamnée, certains l’ont qualifiée de monstrueuse. Il ne s’agit pas ici de faire son procès mais de suivre la fuite éperdue de Gladys sur les trains du Nord pour en cueillir les morceaux épars et y trouver ce qui peut en être la motivation. Car l’errance de celle qu’on a appelée « la femme de Swastika », si on en connaît maintenant les détours et revirements, a fait l’objet de maintes interprétations.

Extrait : À TRAIN PERDU, XYZ éditeur, 2020, édition de papier, 198 pages. Version audio : XYZ éditeur, 2020, durée d’écoute : 5 heures 50 minutes. Narrateur : Patrick Labbé

C’est sur un train qui sillonnait les régions reculées du nord de l’Ontario qu’est née Gladys. Avec sa fratrie et les enfants de la forêt côtoyés au fil des haltes, elle a vécu sur les rails des années de pur ravissement. A rencontré l’amour. Qu’est-ce qui a poussé cette optimiste forcenée, devenue une femme âgée, à se jeter sur un train puis un autre, échappant à toutes les tentatives pour la ramener à la maison ? La question obsédera ses amis proches et lointains, de même qu’un certain activiste des chemins de fer qui n’en démordra pas : quelqu’un, quelque part, doit savoir ce qui a conduit Gladys si loin de Swastika.

Le monde sur rails de Gladys

C’est un roman touchant, profond. À la fois chronique et drame psychologique. Il n’y a ni action, ni suspense, ni rebondissements. Un environnement enveloppant d’introspection que j’ai bien connu dans le livre précédent de Jocelyne Saucier : IL PLEUVAIT DES OISEAUX : un rythme très lent maintenu par le constant questionnement du narrateur sur le personnage principal que nous suivons. 

Gladys est née sur un train, mais officiellement elle vient de Swastika, même pas un village, un simple hameau des terres lointaines du nord-est québécois, reliées entre elles par la voie ferrée. Galdys est la mère de Lisanna. Une fille suicidaire qui est restée pour moi une énigme. Gladys a passé sa vie sur les rails, d’un train à l’autre. Elle y a fait beaucoup d’expériences, elle y a connu l’amour.

Je vous laisse découvrir le pourquoi de ce choix étrange et d’où vient cette appellation dérangeante de <Swastika>. Vous découvrirez également les <school trains>, des wagons aménagés en salle de classe qui amenaient l’instruction aux enfants de toutes races venus des forêts et des terres lointaines. Je sais qu’ils ont déjà existé, mais leurs présences viennent enrichir le récit de magnifique façon.

C’est un roman qui m’a ému et réchauffé. Il s’en dégage de l’amour et de la résilience. Pour entrer rapidement dans la trame du roman, il faut faire la différence entre la vie qui coule et la vie qui s’écoule. Gladys est rongée de l’intérieur par le cancer. Voilà…c’est une femme dont la vie s’écoule et voit venir rapidement sa fin, qu’elle anticipe d’ailleurs et prépare mentalement…sur les rails au rythme du <touk-e-touk> mentionné souvent par le narrateur.

C’est un roman d’une infinie tristesse. L’histoire d’une errance dont il m’a été difficile de saisir le sens profond. D’ailleurs, tous les personnages du roman sont confondus sur les motivations de Gladys. C’est un roman à lire ou à ou à écouter sans attente. C’est un livre qui porte à réfléchir sur la fragilité de la vie et sur les choix souvent complexes que nous sommes appelés à faire.

J’ai aimé ce roman. Je l’ai trouvé bouleversant dans son originalité et émouvant dans la finesse de la plume. J’ai profondément ressenti l’errance de Gladys au point de m’imaginer moi-même dans une urgence de vivre au rythme du <touk-e-touk> et de partager son destin dramatique

Je précise enfin que j’ai écouté la version audio et je me suis laissé aller hors du temps sur la signature vocale excellente de Patrick Labbé dont la voix chaude et vibrante force l’attention.

Suggestion de lecture : L’ÉTRANGER, d’Albert Camus


L’auteure Jocelyne Saucier

DE LA MÊME AUTEURE

Pour lire mon commentaire sur IL PLEUVAIT DES OISEAUX, cliquez ici

Bonne lecture
Bonne écoute
Claude Lambert

le dimanche 2 février 2025

LE PETIT PRINCE

Commentaire sur la version audio du livre
D’ANTOINE DE SAINT-EXUPÉRY

*-Aaahh…Petit Prince, j’ai compris peu à peu ainsi, ta petite vie mélancolique. Tu n’avais eu longtemps pour distraction que la douceur des couchers de soleil. J’ai appris ce détail nouveau le quatrième jour au matin quand tu m’as dit : -J’aime bien les couchers de soleil ! Allons voir un coucher de soleil ! *

Extrait : LE PETIT PRINCE, édition anniversaire, livre audio par ADA, Vues et Voix éditeur, 2019. Durée d’écoute : 1 heure 58 minutes, narrateur principal : René Gagnon. Comédiens : Élizabeth Gautier-Pelletier, Catherine Renaud et Tristan Harey.

Suite à une panne de moteur, un aviateur doit poser son appareil en catastrophe dans le désert du Sahara. Cet aviateur, qui tente de réparer son avion est nul autre que Antoine de Saint-Exupéry qui se met lui-même en scène dans cette histoire. Tôt le matin, il est réveillé par une petite voix qui lui demande : « S’il vous plaît… dessine-moi un mouton ! »

 Indémodable

Magnifique adaptation sonore du conte universellement connu : LE PETIT PRINCE. Il a été publié en plus de 500 langues et dialectes à travers le monde. Je ne connais pas d’ouvrages autant traduits à part peut-être la bible. Il y a de bonnes raisons à cela. C’est un conte d’une douceur et d’une fraîcheur infinies.

L’histoire est très simple. Celui qui se raconte est nul autre que l’auteur lui-même, Antoine de Saint-Exupéry, un aviateur qui a dû poser son appareil en catastrophe dans le désert du Sahara.

Le lendemain de ce drame, Antoine est réveillé par une petite voix qui lui demande candidement *S’il-vous-plait…Dessine-moi un mouton*  (Extrait) Jour après jour, alors que l’aviateur tente de réparer son appareil, le Petit Prince lui raconte son histoire à partir du moment où il a décidé de quitter sa minuscule planète mère, l’astéroïde B612 pour explorer les étoiles et se faire des amis.

Je ne peux pas critiquer un chef d’œuvre pareil. On ne peut que se laisser pénétrer par sa chaleur et sa force d’attraction. Le petit Prince nous pousse en effet à retrouver l’enfant en nous, dont la pureté et l’innocence sont demeurés intactes.

Avec une simplicité et une tendresse désarmantes, LE PETIT PRINCE nous amène à redécouvrir le bambin toujours en couvaison dans notre cœur et qui détient une vérité à redécouvrir car elle est le sens de la vie.

Mon passage préféré est le dialogue avec le renard qui tient tant à être apprivoisé. Il met en lumière l’amitié, l’attachement, l’amour, la valeur de la vie.

LE PETIT PRINCE est avant tout une œuvre poétique et philosophique. Très accessible à tous, elle m’a atteint quand j’étais petit, elle m’atteint encore en tant qu’adulte.

Ce n’est pas une œuvre moralisatrice. Elle rassemble, avec l’extraordinaire sincérité du Petit Prince, tout un lot de valeur positives comme l’amitié, l’empathie et particulièrement l’ouverture d’esprit sans oublier le sens de l’émerveillement. LE PETIT PRINCE est aussi porteur d’une réflexion sur la solitude.

La version audio de cette œuvre est un véritable enchantement. La narration est superbe, les comédiens merveilleux. C’est une autre belle occasion d’introduire les enfants à la littérature, tout en douceur. Les parents passeront aussi un bon moment à faire la lecture du conte aux enfants, redécouvrant ainsi une des œuvres les plus marquantes de l’histoire littéraire.

Suggestion de lecture : LE PETIT PRINCE, LE ROMAN DU  FILM, novellisation, adaptation de Vanessa Rubbio-Barreau

Suggestion de lecture : LES CONTES DE NOËL, de Charles Dickens


L’auteur Antoine de Saint-Exupéry

Bonne écoute
Claude Lambert

Le samedi 1er février 2025

NATIVE, livre 1

Commentaire sur
LE BERCEAU DES ÉLUS
de LAURENCE CHEVALIER

*ISABELLE CASTELLANE !
cria l’inquisiteur dont la voix forte fit taire l’assemblée.
-Reconnais-tu devant le peuple les accusations de sorcellerie dont tu fais l’objet ? La femme fixa son bourreau franciscain d’un regard acéré puis toisa la foule massée autour d’elle. Ces gens qui souhaitaient sa mort et dont les yeux fiévreux révélaient le désir impatient d’assister à une exécution…* (prologue)

Extrait : NATIVE, tome 1 : LE BERCEAU DES ÉLUS, de Laurence Chevallier. Format relié : Independantly published éditeur, 2021, 430 pages. Format numérique : Black Queen édition, 2013, 432 pages. Support audio : Audible studio éditeur, 2021, durée d’écoute 9 heures 18 minutes. Narratrice : Ana Piévic.

Gabrielle est une lycéenne de 18 ans, dont une sale rumeur, lancée par son ex, a détruit toute vie sociale. Seule son amie, Olivia, reste fidèle à ses côtés, lorsque deux frères, aussi mystérieux qu’ensorcelants, débarquent au lycée. Gaby découvre alors l’existence des natifs, une élite d’êtres doués d’étonnants pouvoirs dont elle semble faire partie. Destructrice et tentatrice, Gabrielle n’est pas qu’une élue, c’est la seule en son genre…

La maîtrise du pouvoir

Ce livre est le premier opus d’une saga de sept tomes. Je n’ai lu que le livre 1. L’histoire ne m’a pas emballé. Elle est superficielle, manque de profondeur et est beaucoup trop axée sur le sexe à un point que l’histoire est diluée et le fil conducteur est tordu.

Toutefois, si vous passez à travers le premier quart du live, vous pourriez trouvez des éléments intéressants qui pourraient être prometteurs pour les autres tomes. Disons qu’une bonne partie du livre est constituée d’un vigoureux brassage d’hormones qui pourrait plaire au lectorat adolescent quoique j’hésite un peu à classer ce livre *littérature jeunesse* .

Ceci dit, l’autrice tente tant bien que mal, de mettre en place les éléments de la série. Avec l’arrivée des mystérieux frères Valériens dans son lycée, beaux, ombrageux et sexuellement attirants, Gabrielle découvre l’existence des natifs. Ce sont des êtres humains dotés de pouvoirs extraordinaires : télépathie, télékinésie, lévitation et j’en passe.

Gabrielle découvre qu’elle est elle-même une native et apprendra très vite que les natifs se reconnaissent et s’attirent sexuellement entre eux seulement. Prétexte évident de descriptions de nombreuses scènes torrides.

À travers les tribulations des lapins en chaleur, j’ai fini par mieux comprendre la légende des natifs, guerres de clans, lutte de pouvoirs, combats de coqs et au milieu de tout ça, une jeune fille qui se découvre native et dont les pouvoirs pourraient dépasser tout ce qui existe dans l’élite des natifs dont je vous laisse découvrir le but ultime.

Rien de neuf. Variation sur un thème connu. Je n’ai pas trop compris le choix du titre de la série : NATIF, quelle réalité ça représente exactement ?

En ce qui concerne les points positifs, avec les éléments mis en place dans LE BERCEAU DE L’ÉLUE, les prochains tomes s’annoncent meilleurs. Dans le premier quart, l’héroïne est d’une insignifiance navrante mais elle prend par la suite une place beaucoup plus marquante selon une intrigue à évolution en dents de scie. L’écriture est fluide, le style est intéressant.

Le mystère va s’épaississant. Quant à la finale…décevante sur le plan contextuel mais intrigante sur le plan de la continuité. Le fil conducteur est très instable du fait de l’omniprésence de scènes et d’allusions sexuelles.

Enfin, l’idée de base est bonne, il y a quelques trouvailles intéressantes. Je ne regrette pas ma lecture mais je n’irai pas plus loin dans la série.

Suggestion de lecture : LES AILES D’ALEXANNE d’Anne Robillard


L’autrice Laurence Chevallier


La série

Pour parcourir la série NATIVE, cliquez ici

 

Bonne lecture
Bonne écoute
Claude Lambert

le vendredi 31 janvier 2025

CROC FENDU, de Tanya Tagaq

Une adolescente grandit au Nunavut dans les années 1970. Elle connaît la joie, l’amitié, l’amour des parents, l’art du camouflage et de la survie. Elle connaît l’ennui et l’intimidation. Elle connaît les ravages de l’alcool, la violence sourde, le courage d’aimer les petites peurs. Elle connaît le pouvoir des esprits.

Elle scande en silence le pouvoir brut, amoral, de la glace et du ciel. Dans ce récit venu de loin, d’un espace intime et profond où les frontières s’effacent, Tanya Tagaq chronique les jours terribles d’un village écrasé sous le soleil de minuit, laissant dans la blancheur de la page l’empreinte sauvage d’une mythologie enchanteresse. La réalité se révèle aussi étrange que la fiction, à moins qu’il n’y ait jamais eu de différence entre les deux.

*La dépendance, ça peut être tout ce qui te fait du bien sur le coup, mais qui finit par te mettre dans un état encore pire, une flétrissure de la psyché qui se manifeste physiquement. Toutes nos faiblesses se réunissent pour devenir nos adversaires les plus redoutables. Elles apportent de l’eau au moulin de l’insécurité, de la haine de soi, et nous, pauvres martyrs, on s’apitoie sur notre sort. *

Extrait : CROC FENDU, Tanya Tagaq, version audio Alto/Audible, 2020, durée d’écoute : 4 heures 1 minutes, narratrice : Natasha Kanapé Fontaine)

Cri du cœur sur fond blanc

C’est une histoire prenante et même dérangeante. La narratrice, dont je n’aurai jamais connu le nom finalement, raconte sa vie et plus particulièrement ses premiers temps d’adolescence au Nunavut des années 70 dans son village envahi par la nuit six mois par année. Dans ce récit magnifiquement narré, il m’a semblé entendre une longue déclamation de *la fureur de vivre*, pour emprunter le titre de l’oeuvre cinématographique immortelle de Nicholas Ray qui devait consacrer James Dean comme symbole de la jeunesse en crise.

Car c’est bien d’une crise dont il s’agit ici. Pas seulement une crise d’adolescence, consécutive entre autres, au réveil hormonal, mais une crise existentielle…cri du cœur d’être une femme dans un monde régi par des hommes, d’être autochtone issue pas seulement d’un peuple mais de toute une race violée par les blancs envahisseurs. Le récit est difficile à suivre parce qu’il n’a pas vraiment de fil conducteur mais je me suis laissé submergé par les mots, les nuances d’une plume subtile, chaude et enveloppante.

La description de son accouchement et de ses bébés est particulièrement belle et c’est là que le récit bascule dans toute la force du drame. Déjà que le livre est dépaysant, il est devenu troublant, et sensiblement mystifiant. Son pouvoir descriptif, couplé à la beauté de la plume, le choix des mots et la magnifique prestation de Natasha Kanapé Fontaine m’ont rendu captif comme auditeur.

Mais le récit n’est pas sans faiblesses. Outre la fragilité du fil conducteur, l’histoire est insolite, teintée de philosophie et de mysticisme et son caractère intimiste ouvre la voie à plusieurs passages qui m’ont paru hallucinants et peu crédibles. La plupart des personnages sont peu ou pas identifiés en commençant par la narratrice, et son meilleur ami appelé tout simplement le beau gars. Ce sont davantage des entités que des personnages et je n’ai pu m’y attacher.

Mais je n’ai aucun doute sur la beauté du récit. Croc fendu est un long poème, donc matière à être interprété. Il est dramatique et porteur d’émotions d’autant que Madame Kanapé-Fontaine campe très bien son personnage.

Suggestion de lecture : CHEVAL INDIEN, de Richard Wagamese

Tanya Tagak est originaire de Iqaluktuuttiaq, au Nunavut. Tanya est d’abord et avant tout une chanteuse de gorge, une jeune femme très engagée auprès de son peuple. Sans délaisser la scène, elle nous propose un tout premier roman, et quel roman…  best-seller canadien et finaliste au prix Scotiabank Giller

Pour en savoir plus sur Tanya, je vous invite à lire un article passionnant signé Anne-Frédérique Hébert-Dolbec dans LE DEVOIR en octobre 2019.  Si vous voulez en savoir plus sur le chant diphonique, cliquez ici. Vous pourrez également faire de belles découvertes ici, sur la culture et les traditions du Nunavut.

Bonne écoute
Claude Lambert

le dimanche 26 janvier 2025

ÉTERNELLE ODYSSÉE

Commentaire sur le livre de
A.F. LUNE

*Les souvenirs prennent possession de moi et oblitèrent la réalité. Les cristaux mémoriels greffés dans mon cerveau libèrent images, sons, odeurs et sensations, et me les imposent en m’incarnant dans un autre présent. Le temps subjectif. La seule vraie mesure temporelle. Le problème quand cela survenait, c’est que tout me revenait avec clarté, mais en bloc. En quelques minutes, je revivais une compression de plus de trois mille ans de vie sur mes cinq millénaires d’existence. *

(ÉTERNELLE ODYSSÉE, A.F. Lune, format numérique, Noir d’Absynthe éditeur, 2019, 666 kb, 446 pages)

Harms Moyser est un soldat Lycaon engagé sur le Prétorien, vaisseau spatial amiral de la flotte humaine. Au cours d’une bataille contre les Enkidous, l’ennemi héréditaire de l’humanité, le vaisseau est happé par une tempête stellaire et doit se poser en catastrophe sur une planète inconnue.

L’équipage y découvre des hommes, au stade de civilisation antique, qui les prennent pour des dieux. Et si ces derniers n’avaient pas tort ? Un texte unique, au carrefour entre Planet Opera et Tragédie grecque, véritable relecture des mythes antiques où dieux et hommes sont les jouets d’un Destin implacable.

De Homère à Lune

ÉTERNELLE ODYSSÉE est une œuvre qui verse dans le plus pur style de la littérature de l’imaginaire. Ce n’est d’ailleurs pas l’imagination qui manque dans cette histoire qui est un mélange de science-fiction et de croyances, de fantastique et de décors futuristes sur lesquels plane l’apocalypse. Et il y a plus, dans ÉTERNELLE ODYSSÉE, la technologie et la mythologie s’imbriquent. Notez, ce n’est pas une première, Rick Riordan a fait la même chose avec son célèbre personnage Percy Jackson. Mais ici A.F. Lune va un peu plus loin.

J’’étais curieux de voir, tout au long de l’histoire, si TYPHON, le dieu titanesque, cruel et destructeur de la mythologie grecque, supposé fils de Héra, n’avait qu’à appuyer sur la touche <enter> pour déclencher la fin du monde. J’exagère à peine.

Nous sommes donc dans le futur et suivons Harms Moyser, appelé le NAIN par ses supérieurs. Mais ne vous y fiez pas. Le personnage est plus grand que nature, ombrageux, courageux, dont la force et le pouvoir iront crescendo dans le récit. Harms sert à bord du Prétorien, un vaisseau gigantesque qui, frappé par une tempête stellaire, assortie d’une faille temporelle doit se poser d’urgence sur une planète inconnue.

Harms et tout l’équipage seront perçus par les habitants comme des dieux. En sont-ils? Le récit vous réserve de belles surprises je crois car il est une montée graduelle vers une guerre des dieux dont Typhon fait partie d’ailleurs.

C’est un récit complexe. On y trouve les lycaons, Harms en est un, les <hommes vrais> les Enkidous, ennemis des lycaons et une brochette de dieux qui sont ou qui rappellent les divinités grecques. Il y a beaucoup de personnages. On s’y perd un peu car le fil conducteur est en dents de scie. Autre élément qui m’a déstabilisé dans la compréhension de l’histoire est que le passé, le présent et le futur s’entremêlent.

Il faut être attentif et ne pas craindre la relecture car le récit est riche et l’auteur nous entraine dans un très beau déploiement d’imagination. De plus, l’épilogue dévoile tous les mystères dans lesquels les lecteurs risquent de patauger. L’intrigue est bien développée, captivante. Certains passages sont merveilleux, d’autres plus erratiques.

Pour mon goût personnel, j’ai trouvé le personnage de Harms Oyster trop surréaliste, comme l’ensemble du récit d’ailleurs. Au fur et à mesure que Harms renforçait son pouvoir, il m’a semblé que l’histoire devenait un peu fantaisiste, manquait de crédibilité mais ce n’est qu’une question de perception. J’ai aimé cette histoire dans son ensemble et je la recommande. Je vous recommande toutefois de lire attentivement le prologue car sa compréhension sera essentielle pour vous permettre d’apprécier l’histoire.

Suggestion de lecture : PERCY JACKSON LE VOLEUR DE FOUDRE, de Rick Riordan

Rêveur éveillé, si Lune a une passion pour tous les genres de l’imaginaire, il nourrit un amour particulier pour la SF. Sa carrière militaire, faite de rencontres et de voyages entre Europe et Afrique, a constitué un vivier dans lequel il puise son inspiration. —- Les éditions Noir d’Absinthe publient dans les littératures de l’imaginaire : Fantasy, Fantastique, Science-Fiction et Horreur.

Nous brouillons cependant les genres avec délectation et, avec nous, les frontières deviennent muables et poreuses. Nous sommes des enfants de la nuit et préférons les livres en nuances, affichant avec orgueil leurs doutes et leurs ambiguïtés.

Bonne lecture
Claude Lambert
le samedi 25 janvier 2025

 

 

FENÊTRE SUR CRIME

Commentaire sur le livre de
LINWOOD BARCLAY

*- Tu dois partir, a répété Howard sur un ton suppliant.
 C’est ça que je fais pour toi, Morris. Je te laisse en dehors
de certaines choses que je fais. Je fabrique des saucisses.
 Personne n’a envie de savoir ce qu’il y a dedans. Je fais ça
pour toi…*
(Extrait : FENÊTRE SUR CRIME, Linwood Barclay. À l’origine : Belfond
éditeur, 2014, papier, 472 pages. Version audio : Thélème éditeur, 2016,
durée d’écoute : 14 heures 3 minutes, narrateur : Bertrand Suarez-Pazos)

À la suite du décès de son père, Ray doit abandonner ses activités pour retourner dans la maison familiale. Il y retrouve Thomas, son cadet atteint de schizophrénie, qui passe ses journées devant un programme de cartes interactives sur son ordinateur. Convaincu de l’imminence d’une attaque terroriste, celui-ci mémorise les plans des grandes villes jusqu’au jour où il pense avoir surpris une scène de meurtre. Il ne cesse de harceler son frère pour qu’il aille vérifier sur place. De guerre lasse, Ray se rend à Manhattan, déclenchant malgré lui une spirale tragique…

La peur et la traque
*Personne n’avait vu le garçon quand il était à la fenêtre.
Personne n’avait levé les yeux.
Personne ne l’avait aidé. *
(extrait)

Vous avez lu sûrement le synopsis. Je veux juste aller à l’essentiel, Thomas Kilebried est un homme dans la trentaine, atteint de schizophrénie mais très intelligent et doté d’une mémoire colossale. En explorant un logiciel de cartes interactives appelé *world 360*, branché à des milliers de caméras dans les grandes villes du monde, Thomas est témoin d’un meurtre perpétré dans un appartement de New-York et capté par une caméra qui transmet le tout sur internet.

Thomas harcèle son frère Ray, illustrateur professionnel venu régler la succession de son père, mort des suites d’un accident avec sa tondeuse à gazon. À partir du moment où Ray se rend à New-York pour enquêter, le récit se corse et l’auditeur/auditrice est attiré irrésistiblement dans l’enchevêtrement de plusieurs intrigues qui finiront par converger dans une finale tout à fait captivante.

Si l’auditeur-auditrice peut passer à travers les deux premières heures qui sont passablement monotones et introduisent beaucoup de personnages, il n’en aura aucun regret car l’auteur met habilement ses pions en place.  Quand j’ai réalisé le caractère suspect de la mort du père de Ray et Thomas et que ce dernier gardait enfoui en lui un secret de famille pas forcément très propre, le récit m’a pris comme une mouche se fait prendre dans une toile d’araignée.

Même s’il y a plusieurs intrigues qui s’entrelacent dans cette histoire, elle est facile et agréable à suivre grâce à un fil conducteur solide. Le roman, bien que noir, est empreint d’une grande sensibilité et évite l’étiquetage de la schizophrénie mais suggère plutôt le respect des différences.

La première moitié comprend des longueurs, un peu de redondance, quelques dialogues creux. Le rythme prend un peu de place à s’installer. Mais à partir du milieu, l’imagination de l’auteur explose, ça devient haletant et fortement intrigant. C’est bien bâti et le texte a un petit caractère angoissant qui n’est pas sans rappeler FENÊTRE SUR COUR du célèbre Alfred Hitchcok. Évidemment, dans FENÊTRE SUR CRIME, Linwood Barclay mise beaucoup sur les technologies et ça lui réussit.

Sans être au pied de la lettre, c’est tout le récit qui repose sur un logiciel manipulé d’ailleurs par un schizophrène d’une remarquable intelligence. Thomas est le personnage le plus réussi et le plus fini de la distribution…à en être attachant. Le reste est un amalgame de chantage, de meurtres, de règlement de compte, de dérèglement sexuel et de poursuites. C’est cohérent, c’est fort. Un bon moment d’écoute.

Suggestion de lecture du même auteur : CETTE NUIT-LÀ

Linwood Barclay est un auteur et ancien éditorialiste.  En 1959, il émigre à Toronto au Canada avec sa famille alors qu’il est tout juste âgé de quatre ans. Il commence à écrire des livres en 1995 et publie quatre ouvrages humoristiques de 1996 à 2000 ainsi que quatre thrillers de la série Zack Walker de 2004 à 2007. Auteur de polars incontournable, Linwood Barclay a déjà publié seize romans chez Belfond, dont Cette nuit-là (2009) et sa trilogie consacrée à la ville fictive de Promise Falls – Fausses promesses (2018), Faux amis (2018) et Vraie folie (2019). Tous sont repris chez J’ai lu.

du même auteur

Bonne écoute
Claude Lambert
le dimanche 19 janvier 2025

LES OISEAUX

Commentaire sur le recueil de
DAPHNÉ Du MAURIER

<Il cria en agitant les bras et les dispersa; comme le premier oiseau, ils s’envolèrent et disparurent par-dessus le toit. Il laissa vivement retomber la vitre de la fenêtre à guillotine et la ferma. -Tu as entendu ça ? dit-il. Ils m’ont attaqué, ils voulaient me crever les yeux. > Extrait : LES OISEAUX ET AUTRES NOUVELLES, Daphné Du Maurier, Albin Michel éditeur, 1953 et 1988. Édition de papier, 327 pages.

LES NOUVELLES :

Les Oiseaux : Sans raisons apparentes, des nuées d’oiseaux attaquent des maisons, puis un village. Les agressions s’étendent. La guerre aux humains semble déclarée.

Le pommier : Un veuf associe mentalement un vieux pommier de son jardin à son épouse récemment décédée. À côté du vieil arbre se trouve un jeune pommier qui rappelle à l’homme une fille qu’il a aimée. Le vieux pommier en voudrait-il à l’homme ?

Encore un baiser : Des aviateurs sont tués, supposément par une femme activement recherchée. Malheureusement, le héros de l’histoire s’est trouvé sur son chemin.

Le vieux : Près d’un lac, un homme observe à distance un vieux couple dont il est impossible de percer l’intimité jusqu’à ce qu’un évènement tout à fait inattendu renverse complètement l’observateur.

Mobile inconnu : Un détective privé enquête sur le suicide d’une jeune femme. Ce qu’il apprend est désarmant. Ce qu’il dira au père de la jeune suicidée est tout à fait inattendu.

Le petit photographe : une femme de la haute société mais tout à fait insignifiante, s’ennuie dans son couple. Pour mettre du piquant dans sa vie, elle prend un amant qu’elle va manipuler cruellement, pour s’amuser et passer le temps. Mais ça ne se terminera pas du tout comme elle l’espérait.

Une seconde d’éternité : Au retour d’une promenade, une femme ne reconnait plus sa maison et observe à sa grande surprise que la maison est occupée. La police l’emmène au poste. Personne ne semble reconnaître cette femme. Quelque chose a dû se passer pendant la promenade…

Au cœur de la nuit, le vent d’est cingle la falaise. Entre deux rafales, des nuées d’oiseaux cognent aux vitres. Mais ce n’est pas la peur qui les précipite avec une telle force vers le monde des hommes…

On retrouvera ici – et pas moins terrifiant – le récit qui inspira son chef-d’œuvre au maître de l’angoisse, Alfred Hitchcock.

Dans les autres nouvelles de ce recueil, l’horreur se fait plus insidieuse, le fantastique à peine étranger au réel. Il suffit d’un pommier à forme étrangement humaine, ou d’une ouvreuse de cinéma qu’un jeune mécanicien a envie de suivre après la séance…

La fiction que la réalité redoute

J’ai beaucoup aimé ce recueil. Les nouvelles ne m’ont pas toutes atteint de la même façon.

J’ai adoré ou simplement aimé mais aucun récit ne m’a laissé indifférent. Toutes les histoires sont imprégnées d’étrange, de mystère, de bizarre allant aux limites du surnaturel, du fantastique.

Dans chaque récit, j’ai particulièrement apprécié une petite touche d’inachevé, d’inabouti, parfaitement voulue par l’autrice. Mais elle nous laisse quantité d’indices, de clés…non pour nous permettre de résoudre le mystère mais plutôt de titiller notre libre arbitre, stimuler notre réflexion, bref nous équiper pour amener notre propre solution. Brillant.

Évidemment, la nouvelle la plus célèbre est la première : LES OISEAUX. Bien que cette nouvelle angoissante ait inspiré le célèbre film éponyme, je veux préciser ici que l’œuvre d’Alfred Hitchcok n’a pas grand-chose à voir avec la nouvelle de Daphné Du Maurier. Hitchcok s’est aussi basé sur autre chose, Un fait vécu mais explicable apparemment. Il faut lire la nouvelle car ce détail m’a sauté aux yeux.

Cela dit, LES OISEAUX occulte sensiblement les autres nouvelles et c’est un peu dommage car elles ont toutes sans exception un cachet particulier et attractif, en particulier UNE SECONDE D’ÉTERNITÉ qui m’a fait développer une forte empathie pour la pauvre madame Ellis et LE VIEUX qui m’a totalement pris par surprise.

J’admire la capacité de Daphné Du Maurier d’amalgamer aussi subtilement qu’habilement la psychologie et la conscience humaine en insérant à chacune de ses nouvelles ces éléments qui amènent le lecteur, la lectrice à plonger dans l’impossible, le hasard, la coïncidence…le surnaturel.

Brillamment écrit et fortement recommandé : LES OISEAUX et autres nouvelles de Daphné Du Maurier.

Suggestion de lecture : MALÉFIQUE LE POUVOIR DU MAL (roman du film) d’Elizabeth Rudnik


Extrait du film LES OISEAUX …voir les détails


L’auteure DAPHNÉ Du MAURIER

Bonne lecture
Claude Lambert
le samedi 18 janvier 2025

FINGERS

Une aventure de Lucky Luke par
Lo Hartog Van Banda et Morris

Extrait : LUCKY LUKE FINGERS, scénario : Lo Hartog Van Banda, dessins : Morris. Lucky comics éditeur, 2001, bande dessinée, 47 pages. Numérique et papier.


Lucky Luke apprend que cinq (!) Dalton viennent de s’évader. En effet, un habile prestidigitateur du nom de Fingers a participé à l’évasion des Dalton mais c’est aussi lui qui va permettre de les renvoyer en prison. Se prétendant injustement condamné, ce « gentleman cambrioleur » a besoin de l’appui de Lucky Luke pour son recours en grâce. Il obtiendra gain de cause mais Lucky Luke gardera un œil sur lui car ses mains échappent à tout contrôle !

 

Le parfait héros

J’ai adulé Lucky Luke pendant de nombreuses années. Je l’aime toujours mais mon intérêt a baissé d’un cran. Comme tous les inconditionnels de l’homme qui tire plus vite que son ombre, j’ai dû subir deux sevrages avec cette série de BD qui réussit à garder la tête hors de l’eau. D’abord, Morris a troqué la cigarette pur une brindille de paille. Je peux comprendre Morris, il ne faisait que devancer les exigences de la loi Elvin, adoptée au début des années 1980 en France et encadrant sévèrement la publicité sur le tabac. C’est un détail, loin d’être malsain mais je ne m’y suis jamais fait.

Autre sevrage important, le décès de Goscinny en 1977. Depuis ce jour, la série a perdu un peu de ses étincelles et a commencé à vieillir à mes yeux. La subtilité et la spontanéité de Goscinny manquent cruellement au scénario de FINGERS. Ça reste une bonne histoire, drôle par moment, pas désagréable à lire au contraire. Malheureusement, le personnage de Lucky Luke s’est affadit avec le temps. Il reste stoïque, sûr de lui mais il est devenu prévisible et sans éclat. Toujours vedette, mais d’une série essoufflée. Dans FINGERS, Luke est plus effacé, trop,  en fait, par rapport au prestidigitateur à qui le scénariste a donné des pouvoirs surdimensionnés

Morris, très différent aussi de son prédécesseur Uderzo a fait quand même de son mieux pour rehausser le scénario de Van Banda et a réussi à rendre l’ensemble plus rigolo. L’histoire de Lucky Luke est quand même extraordinaire.

Plus de 80 albums. Malgré une certaine baisse d’intérêt, j’ai apprécié la lecture de FINGERS. Je sens que je n’en ai pas terminé avec le <poor lonesome cowboy> car j’aime particulièrement l’environnement dans lequel il évolue, une espèce de carricature du far ouest qui m’a toujours fait rire.

À gauche, le scénariste Lo Hartog Van Banda, à droite, le dessinateur Morris, créateur de la série LUCKY LUKE

BONNE LECTURE
CLAUDE LAMBERT

Le vendredi 17 janvier 2025