LOUIS XIV le plus grand roi du monde

Commentaire sur le livre de
LUCIEN BÉLY

*<Ha !  Mon pauvre père, si tu vivais et que tu puisses voir un pauvre jardinier comme moi, ton fils, se promener en chaise à côté du plus grand roi du monde, rien ne manquerait à ma joie ! > … homme sincère n’a rien d’un vil flatteur…ce qu’il dit correspond sans doute à l’idée que les contemporains se font du roi de France en général et de LOUIS XIV en particulier. *

Extrait : LOUIS XIV. LE PLUS GRAND ROI DU MONDE, Lucien Bély, À l’origine, J.-P. Gisserot, éditeur, 2005, papier, 279 pages, version audio, Sixtrid éditeur, durée d’écoute, 19 heures 27 minutes, narrateur, Marc-Henri Boisse.

Nous découvrons la personnalité d’un homme secret, ainsi que les rouages de l’État royal qui l’accompagne dans ses vastes projets. Cet ouvrage dévoile une page importante de l’histoire de la France et des Français, à travers toutes les facettes de ce règne qui a connu des moments brillants et exaltants et des épisodes pittoresques, mais également des drames terribles. Lucien Bély choisit comme fil directeur d’expliquer pourquoi les contemporains de Louis XIV ont vu en lui un grand roi, et même «le plus grand roi du monde», regardant ce rêve de suprématie avec bonheur ou avec crainte. 

 

1638, de grand matin,
un soleil gracieux se lève sur le Royaume de France
*La reine de France, Anne d’Autriche, épouse de Louis XIII, accouche d’un fils
au château de Saint-Germain-en Laye le 5 septembre 1638 à 11 heures 15.
L’enfant reçoit, selon la tradition française le titre de DAUPHIN. Tout le
royaume se réjouit, avec le roi, de cette naissance attendue pendant 23 ans. *
(Extrait)

Voici un livre qui m’a fasciné à plusieurs égards. D’abord, la qualité de sa recherche. C’est un ouvrage minutieusement documenté. Il ne m’a pas réconcilié avec la monarchie que j’ai toujours trouvé lourde, incroyablement dépensière au nom de la vanité et de l’orgueil et tellement éloignée des besoins du peuple, mais il m’a appris beaucoup de choses et comme je suis un passionné de l’histoire de l’Europe en général et de la France en particulier, j’ai été captif de cette oeuvre de Lucien Bély.

J’ai été entre autres instruit du fonctionnement d’un gouvernement monarchique, des traditions et des protocoles de la cour, du rôle joué par les cardinaux Richelieu mais surtout Mazarin et de la logique de guerre de Louis XIV qui visait en grande partie à le glorifier.

Cet homme serait considéré aujourd’hui presque comme un terroriste car il imposait l’absolutisme, imposait sa volonté qui coûtait très cher aux français, gouvernait seul à la manière d’un *va-t-en-guerre* afin d’intensifier à n’importe quel prix la puissance de la France et la gloire du seul maître : Louis XIV.

Considérons maintenant le titre de l’oeuvre. Passablement détesté, Louis XIV est pourtant considéré comme le plus grand roi du monde par ses contemporains parce qu’il a travaillé dans ce but. Il a imposé l’image au moyen de sa forte personnalité. C’est un excellent calcul de l’auteur et j’ai compris pourquoi dans l’émouvante finale de son livre.

Je l’ai trouvé excellent ce livre. Il analyse de façon rigoureuse l’émergence de Louis XIV et surtout, les raisons qui ont conduit à une telle exaltation de l’homme et ses idées de grandeur qui ont saigné la France même s’il faut admettre que certaines de ces idées font encore la grandeur de la France, histoire oblige. Versailles par exemple. Malgré cela, j’ai mieux compris pourquoi historiquement, les français ont toujours eu la révolution facile.

Vus les abus du système, je me demande si les contemporains de Louis XIV commençaient à se douter que la monarchie tirait à sa fin. Bély ne fait aucune allusion là-dessus mais insère tout de même dans une finale qui m’a saisi, le sincère mea culpa de Louis XIV dans son message livré avant sa mort au futur Louis XV. L’auteur nous livre donc le portrait d’un homme étonnant. Je dis bien étonnant car à travers ses plaisirs couteux, ses goûts de somptuosité et de splendeur, sa vanité et son orgueil, Louis XIV a fait beaucoup pour les arts, la culture, l’architecture. Il a même contribué à moderniser la langue française. Je recommande chaleureusement ce livre.

Il ne vous reste qu’à fermer les yeux et à vous laisser transporter dans la cour du plus grand roi du monde…

Suggestion de lecture : LES ROIS MAUDITS, de Maurice Druon

Lucien Bély est né le 2 septembre 1955, à Lyon. Historien moderniste, il est spécialiste des relations internationales. En 1997, il est nommé professeur des Universités à Paris. En 1998, il devient secrétaire général de l’Association des historiens modernistes des Universités françaises. Lucien Bély a publié plusieurs ouvrages, dont : Espions et ambassadeurs au temps de Louis XIV (Fayard, 1990), La Société des princes (Fayard, 1999) et le Dictionnaire des ministres des Affaires étrangères (1589-2004) (Fayard, 2005).


Le Château de Versailles
Résidence des rois de France

Bonne lecture
Bonne écoute
Claude Lambert
le samedi 4 novembre 2023

 

LA CITÉ DE FEU, de Kate Mosse

*Les pattes de mouche à l’encre jaunie, la langue surannée
viennent à sa rencontre, traversant les siècles ; Elle en
connait chaque syllabe, comme une leçon de catéchisme.
La première entrée. -Ceci est le jour de ma mort-. *
(Extrait : LA CITÉ DE FEU, Kate Mosse, Mantle éditeur 2018.
Pour la traduction française, Sonatine Éditions, 2020, édition de
papier, 610 pages.)

France, 1562. Les tensions entre catholiques et protestants s’exacerbent, le royaume se déchire. Le prince de Condé et le duc de Guise se livrent un combat sans merci. Les huguenots sont persécutés, les massacres se succèdent. À Carcassonne, Marguerite Joubert, la fille d’un libraire catholique, fait la connaissance de Piet, un protestant converti dont la vie est en danger. Alors que la violence commence à se déchaîner dans la région, le couple se retrouve bientôt au centre d’un vaste complot lié à une sainte relique. Leur quête va les mener vers une ancienne forteresse, où sommeille un secret enterré depuis des décennies.

Ce que l’histoire a de pire
*L’histoire des injustices commises au nom de la religion
 – envers ses ancêtres – est sûrement la preuve que Dieu
n’existe pas. Car quel Dieu accepterait que tant meurent
 en son nom dans la souffrance et la terreur ? *
(Extrait)

Le récit a pour toile de fond les troubles, violences et tensions qui opposent les Catholiques et protestants de France. On sait que le protestantisme est issu du calvinisme britannique mais aux fins du récit, les protestants français et navarrais sont appelés HUGUENOTS. J’ai fait une recherche sur l’étymologie du mot HUGUENOT et je me suis aperçu que c’est une très longue histoire. Je vous fais grâce de cette saga, mais pour mieux comprendre, je vous suggère le dossier préparé sur les HUGUENOTS par Wikipédia. Cliquez ici.

Nous sommes donc en France en 1562, au cœur des guerres de religions. Les Huguenots du Prince Condé et les catholiques du Duc de Guise s’entre-déchirent sans pitié. Les Huguenots en particulier sont malmenés. Beaucoup sont massacrés. Au milieu de cet enfer, à Carcassonne, fleuron de l’Occitan, la fille d’un catholique, Marguerite Joubert, appelé Minou tout au long du récit, fait la connaissance de Piet, un protestant converti mais en danger.

Une chaîne d’évènements pousse le couple dans un vaste complot lié à une sainte relique, plus précisément à un suaire. L’aventure amènera Minou et Piet là où sommeille un grand secret.

J’ai adoré ce roman historique. En fait, c’est une fiction enclavée dans des faits historiques avérés. J’ai dévoré ce volume avec beaucoup d’intérêt pour tellement de raisons que je ne peux pas en faire le tour ici. Je dirais que les raisons les plus importantes sont les suivantes :  d’abord, c’est une belle histoire, qui en dit long sur le Moyen-âge à travers des évènements dramatiques mais exempts de tout sensationnalisme, à travers des personnages courageux et attachants qui pourraient être nos amis, nos frères nos sœurs.

Je pense au jeune frère de Minou, Aimeric un adolescent qui nous rappelle ceux d’aujourd’hui : veut participer, s’affirmer, assumer ses droits, exige la justice. Je pense aussi à Alys petite sœur de Minou qui s’affirme par sa sagesse et son courage, ce qui m’a mené à dévoiler la deuxième raison pour laquelle j’ai aimé ce roman : la place qu’il laisse aux femmes, phénomène rare dans un livre dont l’histoire se situe au Moyen âge, abstraction faite des histoires d’amour. Des femmes qui, dans ce contexte, passe à travers les mailles patriarcales et machistes, ça ne manque pas d’originalité. Ça me plait.

Enfin, ce livre de Kate Mosse pousse inévitablement à la réflexion sur la tolérance religieuse et me conforte dans mon opinion (qui peut être discutable, je vous l’accorde) à l’effet que la religion pourrait n’être qu’une étiquette justifiant la folie, la violence des hommes soi-disant soucieux de servir le vrai Dieu alors que les vrais Dieux, on en compte douze à la dizaine. Massacres, tortures de l’inquisition, pouvoir clérical, trahison, manipulation… *La menace d’une dénonciation terrifiait tout le monde. Un homme pouvait être pendu pour avoir récité la mauvaise prière, s’être agenouillé devant le mauvais autel. * (Extrait)

Kate Mosse a rassemblé avec une parfaite habileté tous les ingrédients pour faire de LA CITÉ DE FEU une magnifique fresque littéraire bien documentée et tout à fait captivante. Il y a bien quelques longueurs mais il n’y a pas d’errance. Ça se lit très bien. Il est difficile de fermer le livre. Je me suis laissé aller dans les mains d’une conteuse hors-pair. Un beau moment de lecture.

Suggestion de lecture : UNE COLONNE DE FEU, de Ken Follet

Kate Moss OBE , est une romancière britannique née le 20 octobre 1961 dans le Sussex en Angleterre. Elle fait ses classes au Chichester High School et au New College, d’Oxford. C’est là qu’elle rencontre son futur mari, Greg Mosse. Après avoir obtenu son diplôme, elle travaille pendant sept ans dans l’édition.

En 1996, elle publie son premier roman, Eskimo Kissing, suivi en 1998 par Crucifix Lane. De 1998 à 2001, elle occupe le poste de directrice exécutive du Chichester Festival Theatre. Parallèlement à ses activités, elle est toujours en recherche pour un nouveau roman. Kate Mosse est devenue officière de l’Ordre de l’Empire Britannique en 2013 pour services rendus à la littérature.

Bonne lecture
Claude Lambert
Le samedi 18 mars 2023