Les aventures de Tintin

Commentaire sur les albums de
HERGÉ

Malgré les efforts de Tintin pour les protéger, six membres d’une expédition scientifique consacrée à la civilisation Inca sont mystérieusement plongés dans une profonde léthargie. Lorsque le dernier scientifique tomba en léthargie, le professeur tournesol disparait, enlevé après s’être paré du bracelet de la momie Rascar Capac. Tintin et le capitaine Haddock concluent que leur enquête devra se poursuivre au Pérou d’où origine la momie. Pendant ce temps, les scientifiques endormis font régulièrement et simultanément le même cauchemar. Un rêve fou dans lequel la momie est vivante.

LE TEMPLE DU SOLEIL est la suite de l’aventure amorcée dans LES 7 BOULES DE CRISTAL. Nos amis Tintin et Hadock sont au Pérou, à la poursuite du professeur Tournesol, après avoir appris que ce dernier a commis le sacrilège de porter le bracelet de la momie Rascar Capac. Ils auront l’aide inespérée d’un jeune indien Quishua appelé Zorrino qui leur apprend l’existence d’un temple, très loin dans les montagnes péruviennes où pourrait être mis à mort le professeur Tournesol. Ils entreprennent un long et périlleux voyage qui pourrait bien conduire nos amis au sacrifice de leur vie…

Riche et indémodable

Ma première lecture à vie fut celle d’un album de Tintin. Par la suite, j’ai dévoré rapidement la collection complète et j’y suis revenu régulièrement au fil des ans. C’est comme plus fort que moi. Tintin fut mon premier ami. C’est lui qui m’a introduit à la lecture. Même après soixante ans, j’y reviens à l’occasion.

Cette fois, j’ai profité de l’arrivée sur le marché d’un nouveau format d’édition, plus petit mais tout aussi attractif et qui se glisse bien mieux dans une bibliothèque. En fait, ce nouveau format est sorti en 2007, toujours chez Casterman pour souligner le centenaire de la naissance de Hergé.

Il était temps pour moi de m’y remettre. J’étais dû comme on dit. Pour me replonger dans l’univers du jeune reporter, j’ai choisi les diptyques de la collection, c’est-à-dire les aventures de Tintin déployées sur deux albums. Il y a quatre diptyques en tout dans la collection : LES CIGARES DU PHARAON et LE LOTS BLEU, LES 7 BOULES DE CRISTAL et LE TEMPLE DU SOLEIL, LE SECRET DE LA LICORNE et LE TRÉSOR DE RACHAM LE ROUGE et le diptyque lunaire : OBJECTIF LUNE et ON A MARCHÉ SUR LA LUNE.

J’ai réalisé peut-être encore davantage aujourd’hui la richesse de ces albums avec leurs graphismes recherchés, leur caractère initiatique en géographie, histoire, sciences et phénomènes de toutes sortes et ce magnifique équilibre que Hergé a toujours jalousement conservé entre mystères, énigmes, enquêtes et l’humour avec les attachants personnages qui entourent Tintin dont bien sûr le tonitruant capitaine Haddock.

Toutes ces qualités sont toujours recherchées par les jeunes lecteurs à qui on propose encore plus car Hergé a su insuffler à son jeune héros un inexplicable pouvoir attractif comme une aura qui tend un irrésistible filet gardant les jeunes lecteurs dans le coup.

Je constate aujourd’hui que Tintin demeure une icône de la francophonie internationale. Un incontournable. Il n’a pas vieilli. Et après toutes ces années, je le redécouvre encore.

Quant au diptyque en rubrique, c’est mon préféré. Il est teinté de véracité et de crédibilité qui supposent une recherche sérieuse et beaucoup de documentation. Il y a aussi les personnages secondaires qui sont venus me chercher en particulier Zorrino dans LE TEMPLE DU SOLEIL, une attachante petite racine péruvienne. Il y a aussi Tchang le jeune chinois qui fut au centre de mon attention dans LE LOTUS BLEU et TINTIN AU TIBET.

Chaque album a un petit quelque chose, une particularité, un personnage ou une situation, susceptible de vous atteindre personnellement. Pour moi, dans les   boules de cristal, ce fut un petit cachet fantastique, personnifié par Rascar Capac. Quoiqu’il en soit, encore aujourd’hui, Tintin ne laisse personne indifférent.

C’est donc avec un plaisir renouvelé que je vous recommande un des fleurons du neuvième art : LES AVENTURES DE TINTIN, créé par Hergé.

Suggestion de lecture : FINGERS,  une aventure de Lucky Luke, de Lo Hartog Van Banda et Morris


L’auteur : Georges Remi, dit HERGÉ

Les autres suites

Bonne lecture
Claude Lambert
le samedi 22 mars 2025

Lettres fort inconvenantes de deux libertins

Commentaire sur le livre de
MICHEL GARCIN

*J’étais rouge et haletant derrière la vitre. Ma pique, excitée par ce voluptueux tableau, redressait sa tête impatiente. J’écarquillais les yeux, dans l’attente d’un accouplement nouveau pour moi et dont je savourais <à l’avance les multiples aspects…> * (Extrait : LETTRES FORT INCONVENANTES DE DEUX LIBERTINS, Michel Garcin, Mercure de France éditeur, 2000, édition de papier, 260 pages)

***

Loin des troubles politiques qui secouent Paris en cette fin du XVIIIe siècle, sourds aux grondements croissants du peuple ulcéré, le marquis de La Fare et le baron d’Albon n’ont que deux préoccupations dans la vie : le libertinage et le « beau sexe ». Ils entretiennent une correspondance dans laquelle ils dévoilent leurs exploits amoureux. Leurs aventures, parfois cocasses, souvent scabreuses, contées dans leurs moindres détails, sont à vrai dire plutôt des mésaventures : un inventaire éloquent des Infortunes de la débauche !

En effet, à lire les hauts faits du marquis et du baron, le plaisir est loin d’être sans danger. Le baron, lorsqu’il ne se fait pas assommer et dépouiller pendant l’amour par le compagnon de la femme qui lui dispense du plaisir, manque de périr par les flammes à trop vouloir espionner de charmantes dames dans leurs élans saphiques ou voit, à sa plus grande honte, l’objet de sa virilité réduit à l’impuissance au plus mauvais moment. Quant au marquis, l’amour lui réserve aussi son lot de déconvenues. 

 Libertinage et irrévérence

Peu de choses à dire sur ce livre dont la forme narrative est essentiellement épistolaire et qui s’adresse finalement à un lectorat assez limité. L’ouvrage explore les mœurs et les excès d’une noblesse française lascive qui se cherche à travers une série de lettres entre deux libertins. Le titre est réaliste et révélateur. Les lettres sont effectivement inconvenantes et irrévérencieuses.

Désireux de sortir des sentiers battus, je suis tombé sur ce livre lors d’une de mes nombreuses visites dans les librairies.

Je l’ai choisi, question de faire diversion dans mes lectures sans trop me douter que l’inconvenance atteignait les sommets de la débauche. Le format épistolaire renforce le caractère intimiste de l’histoire de nos deux *héros* qui devient ainsi encore plus *chaude* si vous me permettez cette image.

Ça va plaire aux amateurs de *coquinage*, c’est sûr. Ils se pourraient bien qu’ils jugent le contenu immersif. N’eut été d’un style cru, direct et explicite, j’aurais pu m’intéresser à ce livre. J’y ai plutôt constaté un manque d’imagination. C’est trop direct au but. Ça ne m’a pas emballé du tout même si je dois admettre que l’exploration historique de la France du XVIIIe siècle est intéressante et que l’esprit et l’humour de l’auteur rendent les récits tolérables.

C’est un livre pour lecteurs adultes et avertis car son contenu est potentiellement choquant avec des descriptions lubriques et plutôt salées. La trame est linéaire sans fil conducteur solide comme ça se produit dans les romans épistolaires.

Si vous êtes amateur de littérature paillarde, ce livre est pour vous, mais si vous cherchez bien, vous pourriez trouver mieux.

Je n’ai trouvé aucune photo acceptable de l’auteur et la biographie est plutôt mince. Plutôt ordinaire pour quelqu’un qui a écrit huit livres. Quelques détails sont tout de même disponibles sur lecteurs.com.

Bonne lecture

Claude Lambert

le dimanche 16 mars 2025

NOA, de Marc Levy

*La cupidité est une tare que l’on peut pardonner, mais trahir son pays pour de l’argent, c’est un acte inacceptable. Le XXIe siècle est l’histoire de la victoire progressive de la démocratie sur les idéologies fascistes, communistes et nationalistes, le XXIe siècle est l’histoire inverse. *

Extrait : NOA, de Marc Levy. Versions papier et numérique:  Robert Laffont/Versilio éditeur, 2022, 367 et 332 pages.  Version audio : Lizzie éditeur, 2022, durée d’écoute : 7 heures 43 minutes. Narratrices : Audrey Sourdive et Marie Bouvier.

9 hackers combattent un dictateur.

Des vies sont en danger.

Une reporter d’investigation va s’infiltrer en terrain ennemi.

Le temps est compté.

Le Groupe 9, plus uni que jamais, repart en mission.

L’avenir de tout un peuple est en jeu.

Le pouvoir du hacking

NOA est un drame d’espionnage extrêmement bien ajusté à la réalité géopolitique des années 2021-22 et 23. Peut-être même trop selon une partie de la masse critique. Mais moi, j’ai passé un bon moment.

Une entité que je vous laisse découvrir, crée un groupe de 9 hackers qui doivent s’infiltrer dans un vaste complot international visant à détruire les démocraties. Le tout premier membre recruté fut une femme appelée NOA. La mission des 9 : utiliser leur génie technologique pour empêcher les russes d’arriver à leur fin.

Dans ce troisième tome, les 9 veulent protéger un reporter d’investigation infiltré en Biélorussie où le dictateur Loutchine met le pays à feu et à sang pour s’enrichir, foulant du pied le moindre droit humain.

Pas besoin d’être sorcier pour deviner que Loutchine est en fait le nom compressé de deux despotes tristement célèbres : Loutchenko, dictateur biélorusse et Poutine président de la fédération de Russie.

Même si le roman a été écrit avant l’invasion de l’Ukraine, le récit fait référence à des évènements qui ont fragilisé le monde, mettant à mal, l’équilibre géopolitique, la liberté de la Presse, les droits de la personne.

Dans ce roman aux multiples facettes, ce n’est pas l’action qui manque et elle se déroule partout dans le monde. Toutes les recettes du genre sont réunies : dessein hégémonique, meurtres à glacer le sang, énigmes, poursuites sans oublier ce qui fait la grande force du récit : une incroyable technologie de pointe dans laquelle se déploient les génies du piratage.

C’est riche en rebondissements, en revirement, en action, en vitesse et en trouvailles de toutes sortes. C’est un récit électrique qui se dévore et qui n’est pas sans rappeler les grands *James Bond* du cinéma.

Les petites faiblesses maintenant… la principale n’est pas forcément une faiblesse. Ça dépend de vos attentes et de la perception que vous avez eue des deux premiers tomes.

Ici, Marc Levy nous rapproche beaucoup trop d’une réalité alors qu’habituellement, il nous en éloigne. J’avais parfois l’impression de lire un grand reportage. Moins romanesque, plus réaliste. Moi ça m’a plu.

Il y a beaucoup de personnages. La galerie est même imposante. Il est facile de s’y perdre. Je note aussi dans la série un certain essoufflement…quelques idées qui s’étirent ou se répètent. Enfin toute bonne chose a une fin. De toutes façons, ça n’arrêtera pas les inconditionnels des nouvelles technologies.

J’ai trouvé fascinant le déploiement d’imagination dont l’auteur a fait preuve dans cette histoire. C’est un livre qui fait beaucoup réfléchir sur les effets de l’hégémonie, les droits humains et sur la valeur de la vie humaine…des grands principes dont les besoins de domination et de pouvoir ne s’encombrent pas tellement.

Une très bonne lecture.

Suggestion de lecture : LE CRÉPUSCULE DES DIEUX, de Stéphane Przybylki


L’auteur Marc Levy

Autres livres de Marc Levy

Bonne lecture
Bonne écoute
Claude Lambert
le samedi 15 mars 2025

L’ANOMALIE, Michael Rutger

Tout le monde a conscience que c’est censé être un sujet crucial, et soit on y croit, soit on n’y croit pas. Quoi que l’équipe puisse trouver en Alaska, ça ne changera pas la donne. Nous, en revanche… on sera peut-être en mesure de prouver à l’establishment … que toute notre histoire officielle est biaisée.

Extrait : L’ANOMALIE de Michael Rutger, format numérique, Bragelone éditeur, 2020, 375 pages.

Oppression sans plus

Un explorateur, Nolan Moore et son équipe publient sur YouTube une série d’émissions intitulée AUX FRONTIÈRES DE L’ANOMALIE :

<Nous avons besoin qu’une voix décisive combatte le portrait mensonger que les scientifiques, le gouvernement et l’autocratie libérale brossent de notre monde, cette interprétation erronée de l’histoire humaine, cette façon de tomber à bras raccourcis sur tout ce qui ne colle pas avec leurs desseins. > Extrait

L’équipe de Moore décide de frapper un grand coup en réalisant un documentaire sur une mystérieuse grotte, découverte en 1909 par l’explorateur Kincaid, dans le grand canyon en Arizona. Une gigantesque formation rocheuse s’étendant sur 446 km de longueur avec une profondeur moyenne de 1 600 mètres. Longé à sa base par le vigoureux fleuve Colorado.

*Nous avions ‘impression d’avoir pénétré dans un lieu secret, étrange et ancien… un environnement antérieur aux attentes humaines, et où l’inhabituel pouvait devenir réalité. * Extrait

Il fallait donc trouver cette caverne à partir des maigres données de Kincaid dans ce colossal univers de roche. L’histoire raconte comment, de peine et de misère, Moore a découvert la grotte comment l’équipe y a pénétré et comment elle s’est trouvée piégée.

Pas de lumière, peu d’eau, peu de nourriture, impossible de sortir, une immense sphère s’étant déplacée pour bloquer la sortie. Pire, l’équipe semble épiée par d’étranges créatures. Sont-ils sur les lieux qui cachent le mystérieux secret de nos origines ou pourrait-il y avoir comme une odeur de complot ? Ou les deux ?

Malgré l’ambiance mystérieuse de l’histoire et son caractère imprévisible, le livre raconte tout mais ne dit à peu près rien. Beaucoup d’évènements surviennent dans la grotte mais très peu sont expliqués. Le mystère est continu et linéaire. Presque rien sur les origines de cette mystérieuse grotte. Beaucoup de descriptions, mais pas d’explications.

Sur ce plan, je me suis retrouvé un peu comme une coquille vide avec une histoire qui nous fait dire en fin de compte *Tout ça pour en arriver là*

Toutefois, l’histoire n’est pas dénuée d’intérêt. J’ai été piégé par son atmosphère oppressante au point d’avoir l’impression de manquer d’air. J’ai été aussi sensible à cette espèce de rayonnement surnaturel omniprésent dans la grotte mais jamais affirmé. Un peu surpris aussi de la débrouillardise de cette équipe d’archéologues amateurs peu préparés et mal équipés. Même si les personnages sont plus ou moins travaillés, j’ai réussi tout de même à développer un peu d’empathie.

L’idée de base est bonne mais malheureusement, la plume est beaucoup plus descriptive qu’explicative. Ce manque d’équilibre nuit à la crédibilité de l’ensemble. La finale est à l’image de l’histoire. On sait ce qui se passe mais on ne sait pas pourquoi, Ça force le lecteur à spéculer sans jamais être sûr de rien.

Dommage parce qu’il y a dans cette histoire de très bonnes idées qui font tout de même qu’elle vaut la peine d’être lue.

Michael Rutger, auteur de L’ANOMALIE

 

Bonne lecture
Claude Lambert
le vendredi 14 mars 2025

Les livres de Jimmy Guieu # 2

Commentaire sur la collection SF

2e partie

*<La Maison Blanche a mis en alerte toutes les bases de l’Air Force et des escadrilles de chasseurs ionosphériques dotés de missiles à ogives nucléaires sont prêtes à décoller à tout instant…pour, si possible, intercepter l’engin et le forcer à se poser sur l’une de nos bases militaires. Au cas où il serait … <habité>, M. Barclay, votre concours, en tant que biologiste et en raison de votre odyssée avec mon ami Ronald Morton <au-delà de l’infini>, nous sera très précieux pour étudier les êtres qui, peut-être, se trouvent à son bord. >*

Extrait : L’INVASION DE LA TERRE, de Jimmy Guieu, Fleuve Noir éditeur, 1952 pour l’édition original. Pour la présente, réédition : Plon-GECEP-Fleuve Noir, 1979, format numérique chez Plon, 146 pages.

Une nuit de réveillon, faite de rires et d’embrassades, un engin mystérieux cinglait vers la Terre. Un engin pacifique qui annonçait pourtant la plus terrifiante des agressions… Jerry Barclay rallierait-il à temps un peuple ami… à plus de deux millions d’années-lumière ?

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-Grand prix du Roman Science-Fiction 1954
-Prix du roman Ésotérique 1969
-Grand Prix du roman S.F. Claude Auvray, 1973

*<Cette quatrième expérience prouve surabondamment l’effroyable danger que font peser sur le monde ces folies. Il faut jeter un cri d’alarme et insister. Dans notre papier, sur les risques incalculables que peuvent entraîner ces essais d’armes thermonucléaires.

-Nous pouvons d’ores et déjà en conclure que de nouveaux faits insolites et d’autres disparitions vont vraisemblablement se reproduire…*

(Extrait : LES ÊTRES DE FEU, Jimmy Guieu, édition originale : Fleuve noir éditeur, 1976, pour la présente, réédition : Plon éditeur-GECEP-Fleuve Noir 1980. Format numérique, 153 pages)

Quand des savants atomistes disparaissent de par le monde et que s’ouvrent des puits insondables engloutissant avions, bases militaires et centres atomiques, il y a tout lieu d’être inquiet, d’invoquer une attaque venue de l’espace… Et l’on peut ainsi se tromper lourdement sur l’origine de la terrible menace…

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-Grand prix du Roman Science-Fiction 1954
-Prix du roman Ésotérique 1969
-Grand Prix du roman S.F. Claude Auvray, 1973

 

La passionnante SF des sixties

C’est la science-fiction d’un autre temps, une autre époque. C’est en effet au milieu du XXe siècle que la SF allait se forger une forte identité. À l’époque, les romans étaient porteurs de science mais il n’y avait pas d’hyper-technologie comme celle qui empreint la SF d’aujourd’hui ce qui la rend moins attrayante pour le jeune lectorat en particulier.

C’est vrai, ces livres ont un caractère vieillot. Mais ils se distinguent par leur caractère visionnaire qui ne se démentira jamais grâce à l’influence de Jules Verne, Isaac Asimov, Georges Orwell, René Barjavel, HG Wells et de plusieurs autres. Ces livres ont une aura particulière. Leur auteur étaient d’abord des créateurs d’atmosphère, puis des inducteurs de mystères et dans une certaine mesure, des sources prophétiques.

Personnellement, je me suis laissé bercé dans une bienfaisante nostalgie, comme je l’ai fait avec l’œuvre de Maurice Limat à qui j’ai consacré mon tout premier article sur ce site en 2012.

Les livres de Jimmy Guieu suivent la tendance de son époque. Les histoires sont brèves, se lisent vite et bien et sautent très vite dans le vif du sujet. Plusieurs de ces récits parlent d’invasion comme L’INVASION DE LA TERRE, un thème très récurent de nos jours :

*Ils perçurent un ronronnement léger et se reculèrent prudemment, levant le nez dans la direction de ce bruit bizarre : des hublots trapézoïdaux apparurent, démasqués par l’escamotage d’une plaque de blindage, à quatre mètres au-dessus du sol. -Attention, lança une voix venant de derrière l’astronef. Un portillon vient de s’ouvrir ! * (Extrait : L’INVASION DE LA TERRE, Jimmy Guieu)

Les auteurs de l’époque ont ouvert un bal, développant des thèmes qui sont encore privilégiés de nos jours : les ovnis, les créatures monstrueuses, le surnaturel, les mondes parallèles, les dérèglements temporels.

Plusieurs thèmes développés dans les années 1950-1970 sont encore aujourd’hui d’une brûlante actualité comme la peur viscérale des armes nucléaires, sujet développé avec une étonnante intensité dans LES ÊTRES DE FEU :

* … Il semble donc bien établi que les nombreuses disparitions d’atomisticiens et électroniciens, les non moins nombreux faits bizarres et inexpliqués que nous enregistrons sur la Terre …depuis le début des expériences atomiques durant ce mois de juillet, sont en corrélation avec lesdites expériences. Il ressort logiquement de ces constatations… dans les jours à venir, nous enregistrerons de nouvelles disparitions de savants et techniciens et que nous assisterons à de nouveaux phénomènes inexplicables. * (Extrait LES ÊTRES DE FEU, Jimmy Guieu)

Aujourd’hui, j’explore avec délice la science-fiction moderne…James Dashner, Richard Morgan, Alexis Aubenque, Catherine Fisher sans oublier George R.R. Martin, Suzanne Collins et beaucoup d’autres mais j’aurai toujours un faible pour la SF des sixties et j’aime à y revenir souvent. Elle a une saveur particulière.

La science-fiction se combine aisément avec la créativité. Jimmy Guieu en est un exemple. Enfin entre la SF du passé et celle d’aujourd’hui, il y a un pont commun : Cette tendance anticipe l’avenir de l’homme et prend parfois un aspect philosophique. Elle annonce presque toujours des temps difficiles et souvent elle a eu raison. La SF appelle à l’imagination et à la raison.

J’explore toutes les tendances littéraires en général mais entre la science-fiction et moi, il y a un élastique.



L’auteur Jimmy Guieu

Suggestions de lecture : Les 25 meilleurs livres de science-fiction de tous les temps, d’après coollibri

 

Bonne lecture
Claude Lambert
le dimanche 9 mars 2025

Les livres de Jimmy Guieu, # 1

Commentaire sur la collection SF
1ère partie


Chaleureuses salutations amis lecteurs et amies lectrices. Ceux et celles qui me suivent depuis mes débuts sur ce site savent que je suis généraliste dans mes choix de lectures mais ils savent aussi que j’ai toujours eu un penchant pour la science-fiction.

C’est d’ailleurs avec ce courant littéraire toujours adulé que j’ai inauguré ma série de commentaires avec un article sur la collection sf de Maurice limat (1914-2002) (voir l’article) écrivain extrêmement prolifique qui  a écrit près de 500 livres et fut un des piliers des célèbres éditions fleuve noir.

Celui dont je vais vous parler aujourd’hui fut aussi prolifique sur le plan littéraire que controversé pour ses convictions d’ufologue. Il s’agit d’Henri-René Guilleu. Pseudonyme : JIMMY GUIEU

Henri-René Guieu était un écrivain de science-fiction, ufologue, essayiste, vidéaste et communicateur français. Il a versé aussi dans les romans d’espionnage, policiers et même dans les romans érotiques. Comme Maurice Limat, il a publié abondamment chez Fleuve Noir. Il a emprunté plusieurs pseudonymes.

Outre Jimmy Guieu, il a publié sous le nom de Jimmy G. Quint, Claude Rostaing, Dominique Verseau et Claude Vauzière. Comme ufologue, il était très proche de la théorie conspirationniste en vogue aux États-Unis dans la deuxième moitié du XXe siècle et d’ailleurs encore très actuelle.

C’est de l’écrivain dont je veux surtout parler.

Les avis sur Jimmy Guieu sont très mitigés. Chose sûre, il n’a laissé personne indifférent. Je suis tombé sur ses livres, comme beaucoup de monde, dans les années 1960 et 1970 alors qu’ils étaient partout et bien en évidence avec des couvertures tape-à-l’œil et des titres accrocheurs. La présentation était typique de l’époque et très proche des concepts cinématographiques qui commençait à envahir les écrans.

Moi ça me plaisait beaucoup. Même aujourd’hui, je suis encore accro à ce style devenu vieillot, je dois l’admettre mais qui continue à frapper de plein fouet l’imaginaire des amateurs de sf, spécialement quand il est question de paranormal, d’ovnis et des mystères de l’espace. Guieu croyait dur comme fer aux ovnis et ça transpirait dans son œuvre.

En ce qui me concerne, j’ai lu une trentaine de volumes de la collection SF et pour autant que je sache, comme la collection est quelque peu linéaire, aucun chef d’oeuvre ne figure dans la longue bibliographie de Guieu. J’ai aimé ces livres pour le contexte, la situation et surtout l’atmosphère de chaque histoire, en harmonie avec le mystère, l’intrigue, l’obscur, l’incompréhensible même si le tout rappelle parfois le papier mâché. Guilleu a tout de même frappé mon imagination.

On peut facilement entrer dans l’univers de Guilleu si on surmonte les nombreux irritants qui jalonnent son œuvre. Ici je rejoins la pensée de Richard D. Nolane, écrivain, traducteur, anthologiste et scénariste qui a rédigé un excellent dossier sur Jimmy Guilleu paru en 2004 sur sfmag.net :

À la lecture des romans de Jimmy Guieu, on découvre vite que celui-ci n’est pas un grand styliste et qu’il a un penchant un peu trop prononcé pour les digressions et les explications qui cassent l’action. Quant aux intrigues, il arrive assez souvent que leur déroulement ne soit pas à hauteur de ce que laissait espérer leur début, Jimmy Guieu étant plutôt habile pour capter l’attention du lecteur dans les premiers chapitres. Enfin, les personnages ne sont que très rarement nuancés : les bons sont aussi parfaits que les méchants sont abjects. (Extrait : JIMMY GUIEU, itinéraire d’un franc-tireur de la SF française, Richard D. Nolane, 2004)

Le succès éditorial de Guieu s’explique par le fait qu’il atteint son lecteur avec le pouvoir de faire vibrer ses cordes sensibles et il m’a donné l’impression de participer à l’aventure.

Je poursuivrai dans ma prochaine publication, avec la deuxième partie de mon commentaire sur la collection SF de Jimmy Guieu, deux livres en particulier.

Bonne lecture
Claude Lambert
Le samedi 8 mars 2025

 

LE FEU DE DIEU

Commentaire sur le livre de
PIERRE BORDAGE

*Le fleuve se vida tout à coup dans un bruit prolongé de succion, l’eau s’évanouit à une vitesse sidérante, comme aspirée par la gueule béante d’un monstre, dévoilant un lit tapissé d’une végétation luisante et de poissons frétillants, des bateaux se retrouvèrent plantés dans la vase, d’autres se renversèrent dans un fracas de bois et de vitres brisées. *

Extrait : LE FEU DE DIEU, Pierre Bordage, Audvauvert éditeur, 2009 et 2012, respectivement pour les versions papier et numérique, 480 pages. Version audio :  Audible studios éditeur. Durée d’écoute : 10 heures 3 minutes, narrateur : Emmanuel Lemire

Franx a anticipé le cataclysme planétaire qui s’apprête à détruire une grande partie de l’humanité. Il a réalisé une arche avec trois autres familles dans un coin du Périgord. Ce domaine, appelé le Feu de Dieu, doit bénéficier d’une autonomie totale de sept ou huit ans. Quand le cataclysme se déclenche sous ses yeux, à Paris, Franx rentre immédiatement chez lui, accompagné d’une étrange petite fille autiste qu’on lui a confiée, et dont les dons de voyance pourraient lui être bien utile.

Une recette du genre

 

Premier point, faites attention à l’interprétation du titre. Le récit ne décrit pas la fin du monde ni une catastrophe. Il est développé dans un contexte essentiellement post apocalyptique. LE FEU DE DIEU est une arche fortifiée et isolée dans laquelle prennent place trois familles qui devraient pouvoir survivre quelques années à une catastrophe mondiale.

L’arche a été imaginée par un homme qui a anticipé le cataclysme, Franx, qu’on suit tout au long de l’histoire. Mais lors du désastre, Franx est piégé à Paris. Il entreprend de marcher les 500 kilomètres qui le séparent de l’Arche et frôlera souvent la mort de très près.

En chemin, Franx adopte une petite fille autiste appelée Sauria. Cette jeune fille, confiée à Franx par sa mère juste avant de mourir, a un don particulier : celui de la voyance. Pendant ce temps, un homme habitant l’Arche et surnommé le Grax prend le contrôle de l’abri avec une main tyrannique.

C’est un récit post apocalyptique de plus qui n’apporte pas grand-chose de neuf au genre. Je n’ai trouvé aucune originalité quant au thème de la fin du monde qui est carrément sous-développé et je n’ai développé aucune sympathie pour les personnages sauf peut-être Franx sur lequel l’auteur donne peu de détail.

Du déjà vu à tous égards y compris le personnage-cliché, monstrueux, exécrable, celui pour lequel on aime se lever de bonne heure pour le détester plus longtemps.

La force du récit tourne autour de Sauria, une jeune autiste qui *parle par son silence* et qui a le don de voyance. Ça va même un peu plus loin. Sauria apporte au récit une petite touche de surnaturel qui force quelque peu l’attention. Franz doit se dépenser sans compter pour la protéger. C’est un élément intéressant qui enrichit l’intrigue.

Il est même très intéressant de suivre le lien qui se développe entre Franx et Sauria. Franx y puise de l’inspiration et même de la force. On peut dire que c’est le point fort de ce récit survivaliste.

L’histoire est développée en deux formes narratives alternées : les évènements tragiques qui se déroulent dans l’Arche et ce qu’on pourrait appeler la route de la mort empruntée par Franx qui sera bientôt rejointe par une héroïne en devenir, Sauria.

LE FEU DE DIEU est un road trip noir, violent, variation sur un thème usé mais qui tient en haleine malgré tout avec une plume efficace et facile à suivre. Le récit met en perspective ce dont l’homme est capable lorsqu’il croit sa dernière heure arrivée. Sujet intéressant mais usé.

Suggestion de lecture :

WARDAY, de W. STRIEBER et J. KUNETKA 


L’auteur Pierre Bordage

 

Bonne lecture
Bonne écoute
Claude Lambert
le dimanche 2 mars 2025

Le destin du magister

Commentaire sur le livre de
EVA ORBELUNE

Un râle de douleur et d’incompréhension fit écho à son geste tandis que les yeux clairs du vieillard s’obscurcissaient. Un centyre s’écoula. Puis, sur la peau presque translucide des poignets du défunt, s’effacèrent les marques qui le désignaient jusqu’alors comme le meneur des Sept Provinces. Désormais, il n’était plus le Magister.

Les Dieux nommeraient un nouveau porteur, un Aspirant. La création de la Marque du Magister générait une énergie particulière que la meurtrière devait localiser avant de partir à sa rencontre.

Extrait : LE DESTIN DU MAGISTER, tome 1 : LA MARQUE, Eva Orbelune, Beta publisher éditeur, 2022, format numérique, 408 pages

Les Sept Provinces sont ébranlées par l’assassinat de leur meneur spirituel, le Magister.  Malgré l’instabilité du territoire, les Dieux doivent désigner un remplaçant, tandis que les habitants traquent le meurtrier qui a disparu sans laisser de traces.

Contre toute attente, le choix des Dieux se porte sur des jumeaux qui, pour la première fois de l’histoire, sont contraints de devenir les deux faces d’une même pièce.  Malgré leur jeune âge, Yaellin et Wyll devront faire face ensemble à un sombre complot. Seront-ils à la hauteur de leur destin ?

 SOLIDARITÉ GÉMELLAIRE

 

C’est une histoire originale qui se déroule dans un univers composé de sept provinces réunies en un genre de fédération dirigée par ce que l’on appelle un magister qui est nommé par les dieux, parmi les élus. Celui qui est visé reçoit une marque des dieux sur un bras.

Or, au début de l’histoire, le magister en titre est assassiné. Pour le remplacer, les dieux choisissent des jumeaux : Wyll et Yaellin, deux adolescents de 14 ans. Pourquoi un tel choix ? Deux jumeaux pour une seule marque, et pourquoi aussi jeunes ? Et pourquoi ici, deux personnes ne peuvent être qu’une ?  Les dieux ont leurs raisons que la raison ne connait pas…

Eva Orbelune nous plonge dans un univers de fantasy riche de trouvailles et d’imagination dans lequel on trouve des magiciens, deux jumeaux télépathes, des sorciers et des dieux dont il est difficile de comprendre les motivations.

La première partie est particulièrement immersive. On se familiarise avec la culture des sept provinces, son gouvernement, son fonctionnement et on fait la connaissance de deux jumeaux ados, attachants, humains et *appelés à n’être qu’un* pour gouverner les sept provinces sous la tutelle de dieux capricieux.

Le mandat du nouveau magister commence d’ailleurs sur des chapeaux de roues, car il doit éclaircir un mystère, un complot ourdi par une redoutable sorcière et qui menace la vie des habitants.

L’autrice a bien travaillé je crois pour rendre attrayant un sujet assez usé en exploitant de nouvelles idées comme par exemple l’exploitation des courants énergétiques pour expliquer la magie et son fonctionnement. Elle a eu aussi l’idée d’utiliser la signature énergétique d’un magicien, l’équivalent des empreintes digitales pour déterminer qui menace le royaume. Ce sont des idées qui rendent l’ensemble crédible et stimulent l’intrigue. Les runes sont aussi omniprésentes.

Elle a aussi beaucoup travaillé sur les personnages en général et sur la personnalité des jumeaux en particulier. Leur interdépendance est par moment inutilement compliquée mais leur bonne nature et leur complicité pousse le lecteur à l’empathie.

J’ai trouvé la plume empreinte d’émotion, une qualité rare dans la littérature de fantasy. Il faut dire qu’à ce chapitre, je suis assez difficile. Un autre bon point pour Eva Oberlune.

Je signale enfin deux petites faiblesses. L’action est très souvent en baisse au profit de l’intrigue. Ça compromet l’équilibre du récit. Dans cette histoire, les sorcières apparaissent comme le diable d’une boîte. Leur origine et leur rôle ne sont pas bien définis tout comme d’ailleurs la différence entre un magicien et une sorcière. À ce titre, Hélisa est sans doute le personnage le moins abouti de l’histoire.

Je n’ai pas tout à fait compris non plus les motivations des dieux et leur choix porté sur des jumeaux et leur participation apporte peu d’éclairage. Mais en général, j’ai beaucoup aimé ce livre qui a été pour moi une belle découverte.

Suggestion de lecture : L’OEIL DU MONDE, de Robert Jordan

L’AUTRICE EVA ORBELUNE

Bonne lecture
Claude Lambert
le samedi 1er mars 2025