GRAVÉ SUR CHROME, de WILLIAM GIBSON

*Le Drome puait le trafic : arrière-goût métallique de tension nerveuse. Des malabars éparpillés dans la foule jouaient des biceps en échangeant de minces sourires glacés et certains étaient noyés sous de telles masses de muscles greffés, qu’ils n’avaient presque plus figure humaine.* (Extrait : GRAVÉ SUR CHROME, recueil de nouvelles
de William Gibson, T.F. : Éditions La Découverte, 1987. Édition numérique, 190 pages)

GRAVÉ SUR CHROME est un recueil de nouvelles au style cyberpunk évoquant un monde sur encadré par l’hyper technologie, en particulier les technologies de l’information. Le recueil comprend 9 nouvelles dont JOHNNY MNEMONIC (adapté au cinéma), Coécrit avec Michael Swanwick. En tout, neuf nouvelles plongent le lecteur dans l’hyper-technologie, un monde qui peut sembler surréaliste mais qui dépeint une société qui évolue rapidement en développant différents thèmes sociologiques.

Les nouvelles :

1)    Johnny Mnemonic, William Gibson
2)    Fragments de rose en hologramme, William Gibson
3)    Le genre intégré, William Gibson et John Shirley
4)    Hinterlands, William Gibson
5)    Étoile rouge, blanche orbite, William Gibson et Bruce Sterling
6)    Hôtel New Rose, William Gibson
7)    Le marché d’hiver, William Gibson
8)    Duel aérien, William Gibson et Michael Swanwick
9)    Gravé sur chrome, William Gibson

Traduction : Jean Bonnefoy

VERTIGE HYPERTECHNOLOGIQUE
*Chrome : son joli visage enfantin aussi lisse que
l’acier, avec des yeux…gris et froids qui vivaient
sous une terrible pression. On disait qu’elle
mitonnait ses cancers maison pour les gens qui
la croisaient, variation rococo sur mesure qui
prenaient des années à vous tuer.
(Extrait : GRAVÉ SUR CHROME du recueil GRAVÉ SUR CHROME)

En lisant ce recueil de nouvelles vous pénétrez au cœur d’un style littéraire un peu dégingandé pour mon goût quoique très visionnaire, sombre, bariolé, saturé de synthétique, de rebuts et de gadgets ultra-technologiques.

Ce style crépitant fut ourdi par Gibson lui-même avec la publication de son livre NEUROMANCIEN en 1984 qu’on trouve maintenant dans toutes les bibliothèques de SF et dans le top 20 à vie des meilleurs livres de science-fiction.

La plus connue de ces nouvelles est sans doute JOHNNY MNEMONIC adaptée au cinéma et incarné par Keanu Reeves qui transporte dans son cerveau des informations auxquelles il n’a même pas accès lui-même…un disque dur vivant qu’on cherche à éliminer et ce ne sera pas simple…l’archétype du genre : très punk, très cyber, froid.

J’ai eu de la difficulté à lire ce livre au complet. La plume de William Gibson est confuse. Ses nouvelles n’ont à peu près pas de fils conducteurs et prennent toutes sortes de directions. Il m’a fallu souvent revenir en arrière pour comprendre certains développements, certains passages.

Aussi, contrairement à la science-fiction classique, Gibson accorde une importance à mon avis démesurée à la psychologie de ses personnages. Ça crée des longueurs et des temps morts dans un environnement qui explore dans la plupart des nouvelles un monde spasmodique noyé dans une ultra-technologie froide et sans âme.

Après JOHNNY MNEMONIC, je suis tombé sur FRAGMENTS DE ROSE EN HOLOGRAMME, une histoire banale, linéaire. Imaginez un homme qui ne peut pas accepter de vivre sans son ex…qui tente de revivre un passé révolu.

Je me disais au départ que j’aurais quelque chose d’un peu moins techno et plus humain. Très humain en effet mais triste et déprimant à mourir. C’est un récit lent, dépourvu d’action et étouffant par son absence d’espoir.

Il y a quand même une nouvelle qui s’est démarquée des autres et qui est venue me chercher, pas toujours facile à suivre mais offrant au moins une matière accrochante. Comme ça se produit souvent dans les recueils, Gibson a gardé le meilleur pour la fin. Il s’agit de la nouvelle en titre : GRAVÉ SUR CHROME.

Notez que, comme c’est le cas de quelques autres nouvelles, GRAVÉ SUR CHROME va et vient dans le temps et raconte l’histoire de deux hackers très doués qui décident de s’attaquer à la forteresse de Chrome, la barrière informatique hyper sophistiquée d’une entreprise qui gère des milliards dans le cyberespace.

Pour parvenir à briser Chrome, nos magouilleurs récupèrent un programme destructeur russe extrêmement virulent qu’ils utiliseront au péril de leur vie, pour détourner à leur profit, le gigantesque flux financier qui transite au-delà de Chrome. Donc, une seule condition pour réussir : GRAVER SUR CHROME.

Au moins dans cette nouvelle, j’ai senti un but, un objectif, un peu d’action et des indices qui permettent aux lecteurs de sous-peser les chances de Bobby et Automatic Jack, les deux hackers, de réussir ou de se planter.

Là aussi, il y a des digressions, des longueurs, de longs passages sur les états d’âme des principaux acteurs mais au moins j’ai pu m’accrocher à une intrigue, bénéficier d’une plume plus structurée, plus disciplinée et même un peu plus chaude. J’ai beaucoup apprécié la finale. Dans l’ensemble, GRAVÉ SUR CHROME est un beau texte.

Voilà, tout est une question de goût finalement, je vous ai donné quand même une bonne idée du monde dans lequel nous fait plonger Gibson : un monde glacial, échevelé, étouffé par une puissante circulation de l’information, un monde saturé de drogues synthétiques qui flirt dangereusement avec la criminalité.

C’est ce qu’on appelle le CYBERPUNK. En faire l’essai pourrait en convaincre plusieurs que, finalement, rien ne pourra jamais occulter la science-fiction classique.

Personne ne pourra mettre dans l’ombre George Orwell qui nous a donné 1984, Frank Herbert, le créateur du cycle de DUNE, Isaac Asimov, à qui on doit le cycle de FONDATION, Ray Bradbury avec les chroniques martiennes, Dan Simmons avec son cycle d’Hypérion, René Barjavel qui nous a donné LA NUIT DES TEMPS et j’en passe vous vous en doutez bien.

Toutefois, je me permets d’ajouter à cette liste un ouvrage dont le style pourrait se rapprocher sensiblement de celui de William Gibson : LE GUIDE DE VOYAGEUR GALACTIQUE, la saga H2G2 de Douglas Adams publiée en 1979.

Vous savez…la fameuse trilogie publiée en cinq volumes. J’ai déjà commenté sur ce site le 2e opus :  LE DERNIER RESTAURANT AVANT LA FIN DU MONDE.

Voilà amis lecteurs, amies lectrices, vous voici aux portes de deux mondes : la science-fiction classique qui recèle d’extraordinaires trésors et une science-fiction émergente appelée CYBER-PUNK. Si comme moi, vous voulez essayer des nouvelles tendances sans garantie d’aimer, alors je vous invite à lire GRAVÉ SUR CHROME.

William Gibson est un écrivain américain né en 1948 en Caroline du Sud. En 1968, pour éviter d’être envoyé au Vietnam, il fuie vers le Canada, et reprend ses études. Vers la fin des années 70, Gibson commence à écrire des nouvelles.

Il développe des sujets d’anticipation sur la réalité virtuelle alors émergente, la cybernétique et sur un portrait de la race humaine dans un futur pas si lointain.

Gibson se spécialise donc en science-fiction mais dans un style plutôt gothique qui adopte la tendance punk également émergente à l’époque. Le CYBERPUNK est né officiellement en 1984 avec NEUROMANCIEN, détenteur de plusieurs prix.

Deux de ses nouvelles seront portées à l’écran (voir plus bas). Enfin, Gibson collaborera avec Tom Maddox à l’écriture de deux épisodes de la célèbre série X-FILES. 

Même titre pour le film et la nouvelle : JOHNNY MNEMONIC, scénarisé par l’auteur de la nouvelle : William Gibson. Production Canado-américaine réalisé en 1995 par Robert Longo avec Keannu Reeves, Dolph Lundgren et Dina Meyer.

   

Là aussi, même titre pour le film et la nouvelle : HOTEL NEW ROSE FILM AMÉRICAIN SCÉNARISÉ PAR William Gibson et réalisé par Abel Ferrara en 1998 avec Asia Argento, Christopher Walken et Willem Dafoe.

BONNE LECTURE
Claude Lambert
le dimanche 25 mars 2018

DEUX AMIS DANS LA NUIT, de LOUISE LEBLANC

*Je le vois s’éloigner au bord du lac.
Je ferme la porte et je commence à
trembler. Je prends conscience du
danger auquel je viens d’échapper.*
(Extrait : DEUX AMIS DANS LA NUIT,
Louise Leblanc, Courte Échelle, 1996,
Littérature jeunesse québécoise,
édition de papier, 65 pages, illustré)

Léonard et Julio sont amis mais ils ne se voient pas très souvent. Il n’y a rien d’étonnant à cela parce que Julio est un vampire et il ne peut sortir que la nuit. Un soir, alors que les parents de Léonard ne sont pas à la maison, lui et son ami Julio peuvent enfin passer une soirée ensemble. Du moins, c’est ce qu’ils souhaitent. Mais rien n’est jamais simple entre un humain et un vampire. Il est fort probable que cette soirée réserve son lot de surprises. Heureusement l’amitié est une force, une belle valeur. Humour et émotions sont au rendez-vous dans ce souvenir de la Courte Échelle. 

ENTRE UN HUMAIN ET UN VAMPIRE
IL N’Y A RIEN DE SIMPLE…
*OUI! OUI! J’ai invité un ami. Oui! Je
l’ai enfermé. Parce que c’est un vampire.
Si vous ouvrez la porte, il va mourir.
À cause de la lumière. Et vous serez
des assassins!
(Extrait : DEUX AMIS DANS LA NUIT)

Voici un bon petit livre pour les premiers lecteurs, c’est-à-dire les enfants de 6 et 7 ans. L’histoire est un peu fantaisiste puisqu’elle a comme sujet une improbable amitié entre un petit garçon, Léonard, et un petit garçon…vampire, Julio.

Julio vit dans la peur d’être reconnu. Il demeure dans un cimetière, ne peut pas sortir le jour, donc il ne peut pas admirer les beautés de la nature éclairée par le soleil.

Léonard a compris son dilemme et réserve une belle surprise à son ami. Alors que les parents de Léonard et Julio s’absentent un soir, les deux garçons décident de passer leur première soirée entre amis. Mais voilà…rien ne se passe comme Léonard l’aurait souhaité…

Ce petit livre est porteur d’une double réflexion : d’abord sur l’importance qu’accordent les enfants à la liberté et ensuite, le récit donne tout en douceur une petite leçon sur la tolérance car Julio est un enfant différent des autres, très différent mais l’amitié naissante chez les enfants est quelque chose d’extraordinaire.

Dans une entrevue qu’elle accordait au mensuel culturel québécois VOIR en 1999, l’auteure Louise Leblanc précisait qu’elle voulait créer une situation avec un personnage étranger à la vie courante, une amitié entre un petit garçon ordinaire et quelqu’un d’extraordinaire.

Elle a réussi à un point tel que DEUX AMIS DANS LA NUIT recevait en 1999 le prix du Livre Jeunesse Québec/Wallonie-Bruxelles dont le thème portait cette année-là sur l’amitié et la différence. Le choix des personnages, l’originalité des situations et des péripéties avaient séduit le jury. Les enfants aussi ont été séduits puisque la série Léonard s’est allongée jusqu’à 6 épisodes.

Même à l’âge de 6 et 7 ans, les enfants aiment se faire raconter des histoires. Ça permet un beau contact entre ces derniers et les parents ou les grands-parents et je sais de quoi je parle, ce sont des moments extrêmement agréables pendant lesquels les adultes admirent souvent la capacité d’émerveillement des enfants. Je vous en parle parce que DEUX AMIS DANS LA NUIT est une histoire parfaite pour ce genre de moment privilégié.

Bien sûr, il faudra vous attendre à ce que l’enfant vous demande qu’est-ce que c’est qu’un vampire. Il faudra évidemment vous préparer une réponse gentille mais sachez que dans ce petit livre, il n’y a aucune connotation de violence qu’on attribue généralement aux vampires, bien au contraire.

Julio est un petit bonhomme attachant qui souffre de tout ce qu’il manque à la clarté du jour et son ami Léonard est là pour l’aider. C’est une histoire développée avec doigté et délicatesse.

Sinon, l’enfant peut lire le livre seul. Ce petit livre n’a que 61 pages, ce lit très bien, les lettres sont grosses et les chapitres sont courts et agrémentés par les très belles illustrations de Philippe Brochard, graphiste, illustrateur et spécialiste de la Bande Dessinée.

Enfin, je suis heureux de recommander DEUX AMIS DANS LA NUIT pour les enfants, d’autant que le livre est issu d’une maison d’édition qui a participé activement à l’éveil intellectuel de dizaines de milliers d’enfants pendant 35 ans : LA COURTE ÉCHELLE.

Née à Montréal, Louise Leblanc a donné des cours de français, elle a été mannequin, comédienne, mime, recherchiste, rédactrice publicitaire et puis elle est devenue auteure et le succès est venu rapidement. En 1983, elle gagne le prix Robert Cliche pour son roman 37½AA. En 1993, elle reçoit le prix des clubs de la livromagie pour SOPHIE LANCE ET COMPTE. Elle a écrit plusieurs nouvelles, des romans pour adultes, elle a également écrit pour la télévision. DEUX AMIS DANS LA NUIT est le huitième roman qu’elle publie à la Courte Échelle. (photo: Pierre Charbonneau)

Né à Montréal, Philippe Brochard a fait ses débuts dans les journaux étudiants où il a publié caricatures, bandes dessinées et dessins éditoriaux.  Parallèlement, il a commencé à dessiner pour CROC et commencé à multiplier les collaborations avec divers magazines et éditeurs de matériel pédagogique. Après une participation au Salon International de la bande dessinée d’Angoulême en 1985, Philippe Brochard poursuit sa double vie d’illustrateur et de graphiste en illustrant LE COMPLOT à la Courte Échelle et DEUX AMIS DANS LA NUIT.

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BONNE LECTURE
Claude Lambert
Le dimanche 18 mars 2018

MORT AUX CONS, livre de CARL ADERHOLD

*Je savais enfin contre qui je me battais. J’avais enfin mis un nom sur leur visage. Le con. M’écriais-je, voilà l’ennemi! (Extrait : MORT AUX CONS, Carl Aderhold, Hachette 2007, rééd. Fayard 2011. 687 pages)

Soucieux de développer une société meilleure basée sur le respect, l’entraide et l’empathie, un homme décide simplement de partir en guerre contre la connerie et d’éliminer une race d’humains qui prolifère un peu trop à son goût : Les cons. Ne réussissant pas à arrêter une définition claire et nette du con typique, il extermine ici et là tous ceux qui l’embêtent ou qui l’ennuient. Le livre prend un peu la forme d’un mode d’emploi …

TUEUR DE CONS EN SÉRIE

*J’avais l’impression d’être un super-héros qui
vient de découvrir ses superpouvoirs. Littéralement,
je planais au-dessus des choses. Le simple fait de
savoir qu’il existait…une possibilité rapide de
mettre fin à toute nuisance, me procurait un
sentiment de complet détachement vis-à-vis des
contingences…ma démarche est une vraie
démarche scientifique.
(Extrait : MORT AUX CONS)

Au début l’auteur peint le tableau d’un couple normal devant sa télévision où la chatte de la voisine vient se faire câliner. Christine va se coucher, l’homme reste à regarder une émission et se fait mordre par le petit animal. Il décide tout bonnement de la jeter par la fenêtre (4° étage). Elle meurt.

Le lendemain, une solidarité se développe vis-à-vis de la maîtresse. Le personnage principal veut voir le retour de l’amitié, plus de contact, de solidarité…. Il extermine donc tous les animaux domestiques du voisinage.

Au début sa technique marche mais très vite des clans se forment et se disputent. Il est sur le point de se faire démasquer par la concierge, il la tue donc. C’est à ce moment-là que sa lutte contre les cons commence. Il décide de trouver une théorie pour ne pas faire d’erreur mais il ne parvient pas à trouver quelque chose de stable.

Il extermine tous ceux qui l’ennuie, d’où il tue « pour un oui et un non » sans raison bien valable à part que la personne ne lui convient pas au niveau caractère. Il ne se prend pas pour un tueur jusqu’à ce qu’un flic vienne l’arrêter et c’est sa peur de la prison qui lui fait faire son geste. Par la suite il essaye de faire comprendre à l’opinion son combat et d’être légitimé.

Je n’apprécie pas du tout le style de l’auteur, même le but de son ouvrage est négatif. Les tueries sont toutes les fois très répétitives. Il nous peint un personnage peu tolérant, égoïste, qui veut être seul au monde … Heureusement qu’il n’existe personne avec un caractère aussi négatif, même un sérial killer me paraît plus sympathique.

On ne retient rien de sa théorie sur les cons, il ne créait rien de bien nouveau. Je suis même choqué qu’un personnage aussi peu tolérant existe dans un roman en effectuant autant de meurtres aussi facilement.

Du coup, je n’ai absolument rien retiré de cet ouvrage (même peu de distraction), aucune théorie, aucune fable rien . Peut-être n’ai-je pas compris mais j’en doute, le sens réel de ce livre !!!!

Carl Aderhold est un écrivain français né dans l’Aveyron en 1963. Fils de comédiens, il a poursuivi des études d’histoire avant de se spécialiser dans la littérature du XVIIIe siècle. Il est actuellement directeur éditorial chez Larousse dans le domaine des sciences humaines. MORT AUX CONS est son premier livre publié en 2007. Ont suivi : LES POISSONS NE CONNAISSENT PAS L’ADULTÈRE en 2010 et FERMETURE ÉCLAIR en 2012.

BONNE LECTURE
Claude Lambert
Le dimanche 11 mars 2018

LES MANIPULATEURS ET L’AMOUR, d’ISABELLE NAZARE-AGA

*Que feriez-vous si une relation amoureuse vous
détruisait, écrasait votre personnalité et votre
identité propre, sans laisser place au bien-être, à
l’épanouissement, voire au bonheur? «Je prendrais
la poudre d’escampette au plus vite!» est sans
doute votre réponse. Cela n’est pas si sûr…*
(Extrait : LES MANIPULATEURS ET L’AMOUR, Isabelle
Nazare-Aga, Les Éditions de l’homme, 2004, édition
de papier, 215 pages)

Dans LES MANIPULATEURS ET L’AMOUR, la thérapeute comportementaliste Isabelle Nazare-Aga nous trace un portrait du manipulateur affectif et explique ce qu’il y a de mieux à faire lorsqu’on se rend compte qu’une relation amoureuse est destructrice, qu’elle écrase la personnalité et l’identité propre. À partir de témoignages recueillis pendant sa carrière, Isabelle Nazare-Aga étudie au quotidien les méfaits et les conséquences d’une relation amoureuse avec ce qu’elle appelle un vampire affectif.

Dans son livre, elle expose les mécanismes et manifestation de cette emprise éprouvante et donne des conseils pratiques pour s’en protéger en identifiant les différentes étapes de la vie amoureuse avec un manipulateur et les répercussions qu’elles ont sur la victime. Le livre poursuit un but simple : identifier avec certitude la manipulation et ne plus jamais être manipulable.

LE VAMPIRISME AFFECTIF POINTÉ DU DOIGT
*Maintes fois, ces conjoints tentent de réparer,
de comprendre et de se faire comprendre. En
vain. Maintes fois, ils pensent partir, se séparer…
sortir de cette relation devenue sordide! Qu’est-ce
qui les en empêche? Les lois de nos pays ne sont
en rien des obstacles. Les freins sont ailleurs…
(Extrait : LES MANIPULATEURS ET L’AMOUR)

C’est un livre intéressant qui étudie les méfaits et les conséquences d’une relation avec un manipulateur. Dans son livre, Isabelle Nazare-Aga précise que les manipulateurs ne représentent que 3% de la population mais…*leur cas nous intéresse tant les dégâts qu’ils provoquent sont nombreux, systématiques et dévastateurs pour 90% de leur entourage.* (Extrait)

Le point fort du livre est ce chapitre qui nous apprend les 30 principales caractéristiques du manipulateur ou de la manipulatrice. Autre élément intéressant, Chaque chapitre se termine par une petite section intitulée *QUE FAIRE* qui résume les stratégies en lien avec le sujet développé.

Des sujets parallèles ou qui sous-tendent le sujet principal sont aussi développés comme la dépendance affective et en particulier la contre-manipulation qui serait un premier pas extrêmement intéressant pour s’en sortir, dans les cas des personnes manipulées.

Dans sa forme, ce n’est pas un livre qui innove. Comme dans beaucoup de livres de psychologie et de développement personnel, on retrouve beaucoup de témoignages qui ne diffèrent les uns des autres que par certaines variantes. On a l’impression que les témoignages se répètent ou disent la même chose.

Peu importe, ils amènent le lecteur à se demander comment les victimes peuvent vivre avec de tels monstres. En effet, le livre met en présence les manipulées, soit les victimes d’un côté et les manipulateurs de l’autre. Les bons et les méchants. Gros plan sur la malfaisance des manipulateurs et sur les conséquences néfastes pour les victimes.

Je veux en venir au fait que le livre laisse des questions en suspens : Il laisse supposer qu’on reconnaît les manipulateurs, mais une fois qu’on est tombé dans le piège. Mais si on revient juste un peu avant la case départ, y a-t-il moyen de prévenir, ou le manipulateur est-il indétectable? Ce n’est pas clair.

L’auteure précise que 30% des manipulateurs ont ou avaient des parents eux-mêmes manipulateurs. Il aurait été intéressant de savoir comment on devient un manipulateur comme il aurait été aussi intéressant de reconnaître certains signes qui laissent supposer que nos enfants pourraient être de futurs manipulateurs, question de faire un peu de prévention.

Je suppose que ces sujets doivent être développés dans d’autres livres comme le laisse supposer l’importante bibliographie publiée à la fin du livre, mais il aurait été intéressant de se voir proposé un petit condensé qui couvre ces questionnements et d’autres questions aussi comme : peut-on amener un manipulateur à prendre conscience de son problème et comment l’aider?

Ce livre est tout de même digne d’intérêt, surtout si vous trouvez que quelque chose cloche dans votre environnement relationnel. C’est un livre axé sur la victime…un manuel de survie quoi!

Thérapeute comportementaliste et cognitiviste, ­Isabelle Nazare-Aga exerce en cabinet et dirige des stages d’affirmation et d’estime de soi, de recherche des valeurs personnelles et de gestion des émotions. Elle donne aussi des séminaires sur l’art de faire face aux manipulateurs.

Elle est l’auteur de plusieurs best-sellers internationaux. Elle a écrit plus d’une dizaine de livres. Ses plus récents titres sont : LES MANIPULATEURS ET L’AMOUR (2013), LES PARENTS MANIPULATEURS (2014), LES MANIPULATEURS SONT PARMI NOUS (2015), JE SUIS COMME JE SUIS (2015) et SORTEZ DE VOTRE COQUILLE (2015).

À LIRE : dossier sur la manipulation dans le couple

BONNE LECTURE
Claude Lambert
Le dimanche 4 mars 2018