À LA CROISÉE DES MONDES 2

Commentaire sur
LA TOUR DES ANGES

de PHILIP PULLMAN

*…une guerre se prépare. J’ignore encore qui seront nos alliés, mais je sais qui nous devons combattre. Il s’agit du Magisterium, de l’Église… Depuis qu’elle existe, l’Église a toujours cherché à supprimer et à contrôler toutes les pulsions naturelles. Et quand elle ne peut pas les contrôler, elle les détruit. Certaines d’entre vous ont vu ce qu’ils faisaient à Bolvangar. C’était épouvantable, mais ce n’est malheureusement pas le seul endroit, ni la seule pratique de ce genre.

J’ai voyagé dans les contrées du Sud. Il y a là-bas des Églises qui mutilent les enfants elles aussi, comme les gens de Bolvangar, pas de la même façon, mais de manière tout aussi horrible. Ils leur coupent les organes sexuels, oui parfaitement, aux garçons comme aux filles ; ils les tranchent avec des couteaux. Voilà ce que fait l’Église, et toutes les églises ont le même objectif : contrôler, détruire, anéantir tous les bons sentiments. *

(Extrait : LA TOUR DES ANGES, tome 2 de À LA CROISÉE DES MONDES de Philip Pullman, Gallijeune éditeur, papier, 2007, 423 pages, ISBN-13 : 978-2070612437, aussi disponible en version audio, éditée par Gallimard. Durée d’écoute : 11 heures 18 minutes, narrateur : François-Éric Gendron.

 

Le jeune Will, à la recherche de son père disparu depuis des années, croit avoir tué un homme. Dans sa fuite, il franchit la brèche qui lui permet de passer dans un monde parallèle. Là, à Cittàgazze, la ville au-delà de l’Aurore, il rencontre Lyra. Les deux enfants devront lutter contre les forces obscures du mal et, pour accomplir leur quête, pénétrer dans la mystérieuse tour des Anges. Le deuxième tome de la célèbre trilogie de Philip Pullman nous entraîne à nouveau dans un univers étrange et envoûtant, immensément riche de découvertes et d’émotions.

Pour vous remettre dans le contexte, je vous invite, amis lecteurs, amies lectrices, à lire mon commentaire sur le livre 1 de la série : LES ROYAUMES DU NORD.

ENTRE LE DELÀ ET L’AU-DELÀ

Avec la TOUR DES ANGES, nous sommes au cœur de la série LA CROISÉE DES MONDES. Dès le départ, on y fait la connaissance d’un jeune ado, Will, à la recherche de son père, croyant avoir tué un homme, Will, en prenant la fuite, traverse accidentellement une mince brèche temporelle qui le précipite dans un monde parallèle. Ce passage s’explique dans le premier tome par l’action de Lord Asriel qui a provoqué rien de moins qu’une fissure dans l’enveloppe du temps.

Une fois arrivé dans ce monde d’une autre dimension, Will fera la connaissance de Lyra Bellaqua, l’héroïne des ROYAUMES DU NORD, fille de Lord Asriel et de la cruelle Marysa Coulter. Il se trouve que Lyra est aussi à la recherche de son père. Will et Lyra vont se mettre en *mode entraide* mais pour accomplir leur quête, ils devront franchir de redoutables obstacles  et pénétrer dans la mystérieuse tour des anges.

Bien que cette histoire soit bien développée et riche en rebondissements, elle est moins aboutie que dans le livre 1, il y a un peu de répétition, de redondance et Philipp Pullman continue d’étaler au grand jour son mépris pour l’Église et la religion, ce qui est un peu irritant même si ce sont les abus de l’Église, représentée ici par le magisterium qui sont à la basse de toute l’histoire.

Même s’il n’ajoute rien de vraiment neuf, Pullman maintient ici les grands thèmes introduits dans LES ROYAUMES DU NORD : la poussière, appelée aussi *matière sombre* qui colle à la conscience de chaque être humain adulte, c’est LE grand mystère de la CROISÉE DES MONDES, les daemons, êtres de forme animale, prolongement de l’être humain représentant l’âme. C’est à mon avis, une des plus belles trouvailles de Pullman.

L’aléthiomètre, un mystérieux instrument qui apporte des réponses tant que ses aiguilles et icônes sont bien interprétés, je retrouve les principaux personnages du livre 1 dont mes préférés, à cause de leur altruisme en particulier : Lee Scoresby et Seraphina Pekkala, une sorcière protectrice de Lyra.

Les deux ados ont un caractère bien trempé, ils sont plaisants à suivre mais comme je l’ai souligné dans mon commentaire sur les ROYAUMES DU NORD, leur maturité est plus grande que nature…c’est comme trop beau pour être vrai…ce qui arrive très souvent quand un auteur veut faire d’un jeune personnage un héros.

Pullman entretient comme une philosophie dans sa trilogie : rien de moins qu’un combat à finir contre l’église. Ça se sent dans toute son œuvre. Bien que le tome 2 soit moins original et intense que le livre 1, ça reste un grand roman d’aventure. En terminant, j’ai écouté la version audio de LA TOUR DES ANGES. C’est un petit chef d’œuvre de narration exécuté par François-Éric Gendron. Remarquable performance.

Suggestion d’écoute :  DERNIÈRE TERRE, la trilogie audio de Clément Rivière

LA TRILOGIE
À LA CROISÉE DES MONDES


L’auteur Philip Pullman

Bonne lecture/
Bonne écoute
Claude Lambert

 

UN MONDE APRÈS L’AUTRE

Livre premier de la série signée
JODI TAYLOR

La jeune historienne Madeleine Maxwell vient de terminer brillamment ses études et s’apprête à passer un entretien à l’institut St Mary. Mais en pénétrant dans l’enceinte de ce centre de recherche historique, « Max » comprend très vite que celui-ci ne ressemble à aucun autre. Derrière la façade très académique de l’institut St Mary, les équipes d’historiens, de techniciens, de chercheurs ont découvert le secret du voyage dans le temps.

Ici, les historiens n’étudient pas seulement le passé, ils le visitent… Max découvre alors les possibilités qui s’offrent à elle.

De la disparition de Pompéi aux tranchées de la Première Guerre mondiale, du grand incendie de Londres à la destruction de la bibliothèque d’Alexandrie, la jeune historienne va revivre d’extraordinaires événements. Alors qu’au sein de l’institut naissent des enjeux de pouvoir…


Quand on met des dinosaures et des humains ensemble, les hurlements sont inévitables.

<Extrait : LES CHRONIQUES DE ST MARY’S, livre premier :
UN MONDE APRÈS L’AUTRE, Jodi Taylor, HC éditions 2018, papier :
320 pages, audio : par Audibles  studios, 11 heures 27 minutes, lu par Ludmila Ruoso>

 

 

L’histoire attaquée

Bien que le sujet développé dans ce livre soit en surchauffe sur le plan littéraire parce qu’il est question de voyage dans le temps, il a un indéniable pouvoir attractif. Voyons le contenu. Un institut ultrasecret du nom de Saint-Mary réunit des historiens qui, non seulement étudient le passé mais le visitent grâce à la maîtrise du voyage dans le temps. Le but : apportez à leurs contemporains et aux générations futures les réponses manquantes aux grandes énigmes historiques en prenant soin de ne rien changer aux lignes temporelles.

Au fil d’une intrigue complexe, la mission de l’institut évolue et en devient une de sauvetage humain dans un premier temps puis, un audacieux projet : sauver le maximum de documents, parchemins et manuscrits de l’incendie historique qui a détruit un des bijoux de la planète : la grande bibliothèque d’Alexandrie.

Là où l’histoire se complexifie, c’est que le futur et le présent s’imbriquant dans la ligne temporelle, lors d’un passage dans le crétacé, nos historiens découvrent que des contemporains tentent d’exploiter Saint-Mary à des fins mercantiles. Comme l’action se déroule dans le futur, il faut croire que l’avenir de Saint-Mary serait compromis. Plusieurs autres éléments viennent compliquer davantage le récit. À vous de les découvrir amis lecteurs et amies lectrices.

Un mot sur le personnage central, que j’ai beaucoup aimé : Madeleine Maxwell, une femme de tête au caractère bien trempé, bagarreuse opiniâtre et qui donne l’impression d’être une parfaite fabrique de catastrophes. Est-ce que Max, comme tout le monde l’appelle, pourra extirper ce qui pourrit Saint-Mary tout en palliant ce qui lui manque? C’est la question je crois qui va garder le lecteur et la lectrice captifs jusqu’à la fin du récit où tout est mis en place pour la suite.

C’est un ouvrage instructif, riche sur le plan historique mais plutôt pauvre sur le plan scientifique. En effet, pour l’histoire, le livre est bien documenté, crédible dans l’ensemble. Le plan scientifique est tout simplement sous-développé. On sait que les historiens ne doivent pas interférer sur les évènements passés pour ne pas modifier la ligne temporelle ou le cours de l’histoire. Si je tiens compte de tout ce que j’ai lu de romans et documentaires sur les voyages dans le temps, je crois que c’est impossible.

L’ouvrage ne fait aucune allusion aux principes scientifiques de déplacements dans le temps, pas question non plus de la fiche technique et scientifique des capsules temporelles, pas d’allusion aux paradoxes temporels, à l’effet papillon et autres principes liés aux voyages dans le temps. C’est comme si le récit n’était pas en équilibre.

Toutefois, à ce rapport de forces et de faiblesses s’ajoute la dimension de l’intrigue : complexe, palpitante et énigmatique eu égard au domaine mystérieux du temps. Ajoutons à cela un peu d’humour tendance au noir, quelques épisodes sexuels qui cadrent bizarrement avec le récit. Comme tous les récits ayant pour sujet le tripotage de la ligne temporelle, le fil conducteur est fragile et nécessite un peu de concentration. Mais ça vaut le coup. Je crois qu’il sera intéressant de suivre toute la série.

Suggestion de lecture : L’ODYSSÉE DU TEMPS d’Arthur C Clarke

 La suite

À lire :  les biographie/bibliographies de Jodi Taylor et un petit dossier pas mal intéressant sur le voyage dans le temps.

Bonne lecture
Bonne écoute
Claude Lambert
le dimanche 28 avril 2024

LE VOLCRYN, le livre de Gorge R.R. Martin

*Maintenant, je suis vieux, de plus en plus vieux. Bientôt,
la mystérieuse nébulosité du volcryn percera le voile du
tentateur et, à travers les abîmes sans vie, à travers le vide,
à travers l’éternel silence, nous le suivons, mon Armageddon
et moi, nous lui donnons la chasse. *
(Extrait : LE VOLCRYN,
Actusf éditeur, 2015, format numérique, coll. Hélios, 170 pages)

Depuis des temps immémoriaux, les volcryns traversent la galaxie. Personne ne sait d’où ils viennent, où ils se rendent ni même ce qu’ils sont vraiment. Karoly d’Branin est bien décidé à être celui qui percera ce mystère. Entouré de scientifiques de talent, il embarque sur l’Armageddon. Mais bien vite les tensions s’accumulent. Quelle est cette menace sourde qui effraie tant leur télépathe ? Et pourquoi le commandant du vaisseau refuse d’apparaître autrement que par hologramme ? Karoly est certain d’une chose : ses volcryns sont tout proches. Pas question de faire demi-tour. Quel qu’en soit le prix.

Le peu rassurant ARMAGEDDON
*Le commandant Royd est parfait, dit-elle en secouant
la tête. Un homme étrange pour une étrange mission.
Qu’avez-vous à redire à ça? Vous n’aimez pas le mystère?*
(Extrait)

Le VOLCRYN est un roman pas très long. Il sent un peu le réchauffé, le déjà vu…disons une variation sur un thème connu. Sans dire que le sujet brille par son originalité le récit reste intriguant et très axé sur la psychologie des personnages. Voyons comment ça se présente.

Neuf scientifiques, xénotechnicienne , xénobiologiste, télépathe, psi et techniciens s’embarquent à bord d’un vaisseau ultrasophistiqué pour aller à la rencontre du VOLCRYN un peuple légendaire qui, selon cette légende, ère dans un vaisseau colossal, vers les limites de la galaxie depuis des temps très anciens. Le véritable problème tient au fait que le capitaine du vaisseau, Royd Erris est confiné dans des quartiers scellés et n’a aucun contact avec les passagers, sauf par hologramme.

Ainsi s’installent la crainte, la méfiance, le doute, les soupçons et au final, la mort car il devient incertain que le capitaine Erris ait vraiment le contrôle du vaisseau. Beaucoup de choses pourraient empêcher les scientifiques de s’approcher des Volcryn, en supposant que cette énorme entité ne soit pas un prétexte. Le vaisseau porte bien son nom : ARMAGUEDDON.

LE VOLCRYN est une sorte de space opera, une novella de type huis-clos très dense et à forte connotation paranoïaque. J’ai reconnu plusieurs éléments qui auraient pu être empruntés à des grands classiques : ODYSSÉE DE L’ESPACE 2001 à cause du dérèglement de Hal l’ordinateur. Celui de l’Armageddon perd les pédales mais pour des raisons quelque peu nuancées. ALIEN, LE 8e PASSAGER à cause de l’étouffante paranoïa liée à la présence probable d’une entité à bord. LES DIX PETITS NÈGRES à cause de la tension qui monte proportionnellement aux disparitions.

Aussi, le mystérieux commandant qui vit à l’écart dans un quartier qui le maintiendrait possiblement en vie grâce à une atmosphère particulière et l’absence de gravitation, n’est pas sans rappeler les navigateurs de la guilde du film DUNE (1984) qui ne peuvent sortir de leur atmosphère chargée de gaz d’épice.

C’est un récit qui, bien qu’en léger déficit de développement, garde le lecteur tendu et alerte. Il ne tranche pas par son originalité mais il est très bien écrit, sans longueur, sans errance. Personnellement j’ai aimé ça et j’ai tout lu d’un trait. Et puis ça nous change un peu de l’interminable saga TRÔNE DE FER. La forme va au-delà du thriller. C’est un roman bien construit. Il est court, comme toutes les novellas ce qui ne l’empêche pas d’être crédible.

Un récit abrégé, et crédible quant aux aspects environnementaux et psychologiques a permis au livre de décrocher le prix LOCUS du meilleur roman court en 1981. Et il est évident qu’avec un tel texte, générateur de haute tension et d’oppression, on n’allait pas tarder à adapter ce mélange de science-fiction et d’horreur au cinéma, puis à la télévision.

Quant à la finale, je l’ai trouvé satisfaisante, mes questions sur le Volcryn ayant trouvé certaines réponses, mais pas toutes. Le Volcryn n’est pas forcément ce qu’on pense en cours de lecture. Je crois que ça reste et ça restera une énigme. Ceci est un autre aspect du déficit de développement dont j’ai parlé plus haut. C’est le risque à courir quand on écrit une novella.

Donc c’est un bon petit livre qui fait travailler l’imagination. Un peu gore, très dense…mélange de science-fiction, de mystère, de thriller auquel on a ajouté une touche de fantastique et une petite matière à réflexion sur le pouvoir de l’esprit. Pas mal intéressant…

Suggestion de lecture : DUNE, livre premier et second, de Frank Herbert (commentaire sur biblioclo)

Mondialement connu pour sa série du Trône de Fer, George R. R. Martin a eu avant elle une riche carrière d’écrivain, récompensée par de prestigieux prix (Hugo, Nebula, Locus…). Touchant à tous les genres avec le même brio, à l’aise aussi bien sur la forme longue que plus courte, il signe avec Le Volcryn un huis clos spatial angoissant qui tient en haleine jusqu’à la dernière page.

Le Volcryn au cinéma


Affiche du film NIGHTFLLYERS, adaptation du livre de Gorge R.R. Martin LE VOLCRYN. Film réalisé par Robert Collector et sorti en 1987, Dans la distribution on retrouve Catherine Mary Stewart, John Standing, et Lisa Blunt, entre autres. Le film a été scénarisé par Robert Jaffe qui assume aussi le rôle de producteur.

 

 

BONNE LECTURE
CLAUDE LAMBERT
le vendredi 19 avril 2024

 

LES THANATONAUTES, le livre de Bernard Werber

*Dates à retenir : 1492, premiers pas sur le continent américain.
1969, premiers pas sur la lune, 2062, premiers pas sur le
continent des morts. 2068, première publicité sur le chemin de
la réincarnation…*
Extrait : LES THANATONAUTES, Bernard Werber, à l’origine,
Albin Michel éditeur, 2011, papier 450 pages. Version audio :
Audible studios éditeur, 2017. Durée d’écoute : 16 heures 47 minutes.
Narrateur : Matthieu Dahan)

Nourri d’informations scientifiques souvent inédites, des textes sacrés et initiatiques les plus secrets des principales religions depuis le fond des âges, Bernard Werber nous entraîne à la découverte du continent ultime, au-delà de notre imaginaire. En suivant les Thanatonautes, vous subirez les lois d’un univers étrange, où se cache l’énigme qui hante les hommes depuis toujours… Jamais personne n’est allé aussi loin que les Thanatonautes. Ils ont exploré la vie après la vie. L’odyssée la plus stupéfiante de tous les temps.

Les extrémités du cordon
*Fixe une heure précise avec les médecins pour
le débranchement des appareils. Nous tâcherons
alors de décoller en même temps qu’elle. En nous
accrochant à son cordon ombilical, et en nous
efforçant de le retenir avant qu’il ne se casse, nous
parviendrons peut-être à la ramener à la vie. *
(Extrait)

Avec LES THANATONAUTES, j’ai l’impression que Werber s’est offert une petite fantaisie qui, même si elle pousse à certains questionnements pouvant être débattus en cours de philo, est truffée de clichés, d’errance et de passages qui frôlent la carricature. Je pense par exemple à l’archange Michel qui s’adresse aux Nations Unis pour donner un choix à l’humanité : réduire les naissances pour désengorger le continent des âmes en attente de jugement ou créer une brigade de fonctionnaires ectoplasmiques pour accélérer les procédures aux portes du paradis.

Je n’ai pas vraiment accroché à ce genre de propos, d’autant que le texte a été produit en bonne partie par l’écriture automatique qui, à mon avis désencadre l’intrigue et induit l’errance. Pourtant, l’introduction, la mise en place des personnages et du sujet, le départ…tout ça est excellent. J’ai trouvé le début de l’histoire prometteur mais je crois que l’auteur a dérapé dans le développement. L’idée de départ est bonne, originale mais enrobée d’absurde. Revoyons le synopsis.

Suite aux décès de proches et d’amis, Deux amis d’enfance Raoul Razorback et Mikaël Pinson développent une fascination pour la mort. Séparés par la vie et les études en médecine. Les amis se retrouvent beaucoup plus tard et Raoul convainc Mikaël de participer à des expériences visant à démontrer et prouver l’existence d’une vie après la mort, une vie que l’on peut explorer selon les principes du voyage astral, l’âme étant maintenue au corps par un cordon ombilical appelé cordon ectoplasmique.

À titre de thanatonautes, c’est-à-dire les explorateurs de la mort, nos amis et les associés qui s’ajouteront feront des découvertes fascinantes autant que fantaisistes pour plusieurs, et annonceront au monde que le continent des morts existe et tout ce qui va avec…vous comprendrez que je ne veux pas trop en dévoiler.

Au moment où on va jusqu’à organiser des visites touristiques dans L’au-delà, et qu’on apprend qu’il faut 600 points au jugement pour devenir esprit pur, sinon c’est la réincarnation…je crois que le ridicule a été consommé. Ça ne ressemble pas à Werber.

Enfin un bon point pour l’auteur, le récit évoque une grande quantité de questionnements dont les réponses, si on les avait un jour, changeraient la face du monde. Que sont les religions, à quoi elles servent à part s’entretuer? Que serait la vie sur terre, sachant exactement ce qui se passe au-delà? Que deviennent le sens de la mort et le sens de la vie. Ces questions et beaucoup d’autres donneraient des débats vraiment intéressants.

Le livre n’est pas mauvais mais il est redondant sur le plan du texte, répétitif à profusion sur la question des religions. Il n’y a pas vraiment d’intrigues. Comme vous voyez, je suis mitigé alors pourquoi ne pas en faire l’essai.

Une histoire laborieuse

Suggestion de lecture : L’IMMORTEL, de Franz-Olivier Giesbert

Bernard Werber est un écrivain français né à Toulouse en 1961. Il commence à écrire dès l’âge de 14 ans et déjà, même sans le savoir, il met en place des éléments qu’on retrouvera dans son œuvre. Après ses études en criminologie, il deviendra journaliste scientifique, Son goût pour la science sera ainsi irrémédiablement amalgamé avec celui de l’écriture, ce qui nous vaudra des chefs d’œuvre comme LE JOUR DES FOURMIS, LES THANATONAUTES. LE CYCLE DES DIEUX, et L’ARBRE DES POSSIBLES dont j’ai déjà parlé sur ce site. J’ai aussi commenté LE PAPILLON DES ÉTOILES et LE LIVRE DU VOYAGE.  Bernard Werber est un des auteurs français contemporains les plus lus au monde. 

Quelques livres du même auteur

Bonne lecture
Bonne écoute

Claude Lambert
le dimanche 14 avril 2024

SIGNE DE VIE, de J.R. Dos Santos

*- Un signal ? Le numéro deux du Vatican afficha un sourire nerveux, comme si lui avait du mal à croire ce qu’il était sur le point d’annoncer. *
(Extrait : SIGNE DE VIE, J.R. Dos Santos, HC éditeur, 2018, 700
pages, papier. Version audio : Lizzie éditeur, 2019. Durée
d’écoute : 20 heures 8 minutes. Narrateur : Philippe Allard)

Les immenses radiotélescopes de l’institut SETI en Californie viennent de capter un signal inhabituel venu de l’espace sur la fréquence 1,42 GHz. Un signe de vie. La Nasa, l’Agence spatiale européenne et la CNSA en Chine préparent une mission internationale pour découvrir qui émet ce signal. En tant que cryptanalyste reconnu dans le monde entier, Tomás Noronha est recruté pour faire partie de l’équipe des astronautes qui seront à bord de la navette Atlantis. Loin de s’imaginer ce qu’ont déjà découvert les scientifiques sur la vie extra-terrestre, il plonge alors au cœur du plus grand mystère de l’univers. Le mystère de la vie.

 

À la recherche du premier contact
*Il m’arrive d’avoir envie de tout larguer et de ficher le camp.
-Et pourquoi vous ne le faites pas ?
C’est un jeu de
Patience Tommy ! Nous devons être conscients que des
décennies et des décennies peuvent s’écouler sans qu’on
ne trouve rien d’intéressant. Mais quand on captera
quelque chose, ce sera extraordinaire. Je veux participer
à cette découverte…*
(Extrait)

E.T. a téléphoné… <extrait>

Comme beaucoup de livres de J.R. Dos Santos, SIGNE DE VIE est un mélange de science-fiction, thriller et science vulgarisée expliquée dans de longs dialogues qui constituent autant d’intermèdes dans le roman. J’avais l’impression par moments d’être au banc de l’école et de suivre un cours de science. Quand on lit ou on écoute J.R. Dos Santos, il faut accepter cette réalité qui introduit, de façon fluide, la science, la philosophie, la théologie, le darwinisme et l’évolution, l’ufologie et j’en passe.

J’ai trouvé que l’effort de vulgarisation est magistral. J’ai appris ou compris beaucoup de chose, sur les mathématiques par exemple, le nombre pi 3.1415 suivi d’un tas de décimal, nombre sur lequel repose pratiquement la vie, l’évolution, la physique et évidemment, ce besoin très humain de scruter le ciel. Mais attention, si SIGNE DE VIE a une tendance manifestement documentaire, c’est aussi un roman à haute tension qui m’a accroché dès le départ alors que les immenses radiotélescopes de Seti captaient un signal inhabituel venu de l’espace.

Dès la conclusion à l’effet que le signal est intentionnel et donc qu’il y a signe de vie, les choses se précipitent, le rythme augmente, l’intrigue s’intensifie, les lecteurs-auditeurs deviennent captifs, mus par une brochette d’émotions rendues encore plus intenses par la performance extraordinaire du narrateur Philippe Allard pour la version audio.

Il y a donc signe de vie. Son interprétation est à l’effet qu’un vaisseau approche de la terre. Houston envoie une expédition pour le rencontrer. Les russes s’en mêlent. L’intensité dramatique est en crescendo et atteint son paroxysme au quatrième quart de l’ouvrage avec une surprise inattendue. Toute la finale est inattendue.

Ne vous attendez pas à un vaisseau spatial du genre Enterprise ou Independance day ou Rencontre du troisième type. En fait, ne vous attendez à rien. Laissez-vous aller car ce qui approche de la terre dans SIGNE DE VIE est simplement inimaginable. Donc en bref : livre très bien écrit et fort bien imaginé. Les personnages ne sont pas tous travaillés en profondeur, mais le personnage principal, Thomash Nohrona est très attachant et profondément humain.

Le rythme monte en flèche. L’ouvrage est fortement documenté et bien entendu, l’histoire est ventilée par des palabres scientifiques. Certains sont trop longs mais tous sont en accord avec l’esprit du texte et je les ai trouvés clairs et accessibles. Je vous suggère, même si vous n’aimez pas les sciences, de prendre le temps de bien écouter les dialogues. Personnellement je les ai trouvés passionnants.

Intégrer un documentaire dans un roman est un défi, mais le risque était calculé avec comme facteur-clé l’intensité de l’intrigue et surtout, une façon enrichie de définir et de comprendre la vie. Ce fut un précieux moment d’écoute pour moi.

Suggestion de lecture :  À L’INTÉRIEUR DES VAISSEAUX DE L’ESPACE, de Georges Adamski

Journaliste, reporter de guerre, présentateur vedette du 20H au Portugal depuis plus de vingt-cinq ans, Joseph Rodriguez dos Santos est l’un des plus grands auteurs européens de thrillers. La saga Tomás Noronha, traduite en 18 langues, s’est fait connaître en France avec La Formule de Dieu, vendue à près de 500.000 exemplaires (2 millions dans le monde) et dont les droits d’adaptation au cinéma ont été acquis par Belga Films.
Avec Signe de vie, il signe le 7e roman de la saga.

 

Du même auteur

Bonne lecture
Bonne écoute

Claude Lambert
le dimanche 3 décembre 2023

3001 L’ODYSSÉE FINALE, d’Arthur C. Clarke

<Ici GOLIATH, dit Chandler à l’intention de la terre,
avec dans la voix un mélange de fierté et de solennité.
Nous ramenons à bord un astronaute vieux de mille
ans. Et je crois savoir qui c’est. >
Extrait : 3001 L’ODYSSÉE FINALE, Arthur C. Clarke, 1997,
Albin Michel éditeur. Édition de papier, 285 pages.

Après une longue hibernation, le corps de Frank Pool, l’un des deux pilotes de l’astronef Discovery, est restitué à la vie. Persuadé que Dave Bowman, son compagnon d’odyssée, se trouve sur la lune Europe, il brave l’interdiction qui est faite d’y atterrir. Cet héroïsme mettra en perspective le grave danger que les monolithes font peser sur Europe et sur la terre. Peut-on changer le cours du destin ?

Les deux soleils
<Soudain, il avait trouvé une raison de
vivre. Il était temps ! Il lui restait un
travail à accomplir dans ce monde
qu’on appelait autrefois Jupiter.>
Extrait

Gary Lockwood à gauche et Keir Dullea incarnent respectivement les docteurs Frank Pool et David Bowman, les deux personnages principaux du film culte 2001 L’ODYSSÉE DE L’ESPACE réalisé en 1968 par Stanley Kubrick. Ces deux héros se retrouvent au cœur de la grande finale de l’Odyssée : 3001.

3001: L’ODYSSÉE FINALE est le dernier opus de la célèbre tétralogie d’Arthur C. Clarke qui a commencé par 2001 : L’ODYSSÉE DE L’ESPACE immortalisé par le septième art,

Dans ce chapitre final, Après 1000 années de dérive dans l’espace, le corps de Frank Poole est récupéré puis ramené à la vie. Ce dernier peut désormais contempler la planète Terre du haut de la tour Afrique, une des quatre tours construites par les humains. Poole, persuadé que David Bowman se trouve sur la mystérieuse Europe, le satellite interdit, va transgresser l’interdiction et s’y poser.

C’est une bonne histoire malgré mon ressenti d’un certain essoufflement et d’une surexploitation du thème. En fait, j’ai ressenti sensiblement la même chose qu’après la lecture de 2010 qui a été aussi adapté au cinéma. Dans ce deuxième volet,  le Dr Heywood Floyd accompagne un équipage russo-américain vers Jupiter à bord du Leonov dans le but d’étudier l’étrange objet satellisé, le fameux monolithe *stationné* entre Io et Jupiter.

Je sais. Mon commentaire peux ressembler étrangement à ce que j’ai écrit en mars 2023 sur ce site à propos du livre 2010 : ODYSSÉE 2 à savoir Une grande crédibilité sur les plans littéraire et scientifique même si ce dernier aspect m’a paru parfois très lourd, une représentation chaude et bucolique de l’environnement de la majestueuse Jupiter, mystère tenace et intrigue maintenus sur le monolithe, une plume riche malgré une certaine redondance par rapport aux tomes précédents et le fait, un peu navrant, que le film a laissé dans mon esprit une impression plus forte que le livre.

Quant aux personnages, j’ai eu de la difficulté à m’y attacher. Bowman en particulier. La série se tient et son caractère environnemental est criant : nous sommes les locataires de la terre. Quand le bail sera échu, on aura des comptes à rendre.

J’ai aimé ce livre mais je crois qu’il était temps que la série se termine. J’ai l’impression que, comme dans beaucoup de séries et de collections, le premier opus n’a jamais été battu.

Suggestion de lecture : HISTOIRE DE LA SCIENCE FICTION, de James Cameron

Arthur C. Clarke (de son nom complet Arthur Charles Clarke) est un auteur et un inventeur britannique. Il se consacre pleinement à l’écriture’à partir de 1951.C’est avec <2001, l’odyssée de l’espace> que vient la célébrité pour Sir Arthur C. Clarke. Son oeuvre comporte de nombreux autres titres, notamment des suites à 2001 et des essais.

L’écrivain vivait sur un fauteuil roulant depuis 30 ans, suite à une poliomyélite contractée pendant son enfance. Il s’était retiré au Sri Lanka, où il est mort le 19 mars 2008. Une académie y porte son nom. La plupart de ses essais (entre 1934 à 1998) sont rassemblés dans le livre Greetings, Carbon-Based Bipeds! (2000). La plupart de ses nouvelles sont réunies dans le livre The Collected Stories of Arthur C. Clarke (2001). Ces deux ouvrages forment une bonne sélection du travail de l’écrivain.

Bonne lecture
Claude Lambert
Le samedi 20 mai 2023

HISTOIRE DE LA SCIENCE-FICTION

Commentaire sur le collectif dirigé par
JAMES CAMERON

*La science-fiction a toujours été à l’origine de profonds questionnements :
Qu’est-ce qu’un être humain ? Quel est le sens de notre existence ?… Sommes
nous appelés à périr ou à évoluer encore et encore…le genre n’a pas peur de
contempler les plus insondables abysses philosophiques. *
(Extrait : HISTOIRE
DE LA SCIENCE-FICTION, Collectif dirigé par James Cameron, Mana Books
éditeur, 2019, livre illustré, version papier, 225 pages).

ÉCRIVAINS :
Radall Frakes, Brooks Peck, Sidney Perkowitz, Matt Singer, Gary K. Wolfe et Liss Yaszeck

RÉALISATEURS ET CINÉASTES INTERWIEVÉS :
Guillermo Del Toro, George Lucas, Christopher Nolan, Arnold Schwarzeneger, Ridley Scott et Steven Spielberg, James Cameron

DIRECTION ET INTERVIEWS :
James Cameron

PRÉFACE : Randall Frakes     POSTFACE : Broocks Peck

Pour mettre en perspective l’histoire et l’évolution de la science-fiction, le réalisateur de TITANIC James Cameron conduit personnellement des entretiens avec Guillermo del Toro, George Lucas, Christopher Nolan, Arnold Schwarzenegger, Ridley Scott et Steven Spielberg sur leur vision du genre, sur son impact et son évolution. Ces cinéastes primés nous entraînent dans des discussions fascinantes autour des extraterrestres, des voyages temporels, des intelligences artificielles ou encore des épopées spatiales.

Divertir et pousser au questionnement
*Je pense que nous manquons de fictions
opposant foi et science. Pour moi, la foi
relève de la superstition, et la science
est le seul chemin vers la vérité *
(James Cameron, extrait)


James Cameron avec Guillermo Del Toro (Hell boy, le labyrinthe de Pan…)

C’est un beau livre, grand format, abondamment illustré, composé principalement de six entrevues qui racontent et imagent l’histoire de la science-fiction et tentent d’expliquer les frontières qui sont autant de zones grises entre la science-fiction et la science : *…le plus intéressant, lorsque l’on est dans cette industrie depuis si longtemps, c’est que l’on voit des choses qui relevaient de la science-fiction devenir de la vraie science. * (Arnold Schwarzenegger, interviewé par James Cameron)

Cinq de ces entrevues sont réalisées par James Cameron : Guillermo Del Toro, George Lucas, Christopher Nolan, Arnold Schwarzenegger et Ridley Scott. L’auteur-concepteur est lui-même interviewé par Randall Frakes. Une grande quantité de sous-thèmes sont développés comme l’éthique et les dérapages technologiques, le caractère précurseur de la science-fiction et les questions que la science-fiction suscite dévoilant ainsi un certain aspect philosophique du genre :

*Mais les questions existentielles font partie intégrante de la science-fiction. Qui sommes-nous? Pourquoi existons-nous? Qu’est-ce que la conscience ? Qu’est-ce que l’âme ? Qu’est-ce qui fait de nous des humains? * (Extrait : Guillermo Del Toro, interviewé par James Cameron) À tous ces questionnements, je pourrais ajouter celui-ci, car il est abordée par les six participants : Sommes-nous seuls dans l’univers ? 

Autre observation, importante je crois : les participants tentent d’établir la différence, voir la frontière entre la science-fiction, l’épouvante, le fantastique et l’horreur avec leurs sous-thèmes comme le gore ou le gothique. Avec un tel ouvrage, j’observe que, si le cinéma demeure un divertissement, il véhicule pourtant beaucoup de matière à réflexion.

Voilà ce qu’est cet ouvrage principalement, une bonne analyse du genre qui laisse le libre arbitre aux lecteurs-lectrices. Étant moi-même depuis toujours mordu de science-fiction et de fantastique, ce livre m’a rappelé de beaux souvenirs. Je l’ai dévoré. C’est un livre très bien développé, bien documenté, enrichi d’archives personnelles et des nombreux souvenirs des six intervenants.

L’ouvrage a certains irritants qui pourront être perçus différemment d’un lecteur à l’autre : toutes les entrevues comportent des passages d’auto-flatterie, quelques échanges dithyrambiques et un étalage de connaissances parfois poussées à outrance. Personnellement, ça m’énerve, mais j’ai pu surmonter ce détail car HISTOIRE DE LA SCIENCE-FICTION m’est apparu comme un ouvrage hautement iconographique, attractif et dont la mise en page est d’une exceptionnelle qualité.

Les nombreux souvenirs que ce livre a fait remonter en moi me donnent le goût de replonger dans cet univers cinématographique en constante évolution. J’ai beaucoup apprécié enfin les nombreuses références à la rampe de lancement que constitue la littérature au cinéma. Un très bon livre qui enrichira je crois, votre bibliothèque.

Suggestion de lecture : HISTOIRES À LIRE AVANT LA FIN DU MONDE, collectif

James Cameron, diplômé en physique a réalisé entre autres, ALIENS LE RETOUR (1986), ABYSS (1989), TERMINATOR 2 LE JUGEMENT DERNIER (1994) TITANIC (1997, récompensé par 11 Oscars, dont celui du meilleur réalisateur et AVATAR. Notez qu’à ses débuts dans l’industrie cinématographique, Cameron était spécialiste des effets spéciaux. Il avait été engagé par un réputé producteur des années 1980, Roger Corman. Cette expérience exceptionnelle lui a été profitable et utile tout au long de sa carrière de réalisateur. Dans HISTOIRE DE LA SCIENCE-FICTION, l’entrevue avec James Cameron a été réalisée par le scénariste Randall Frakes.


AVATAR de James Cameron. Coût de production, plus de 500 millions…un record historique.

Bonne lecture
Claude Lambert
Le dimanche 7 mai 2023

2010 : L’ODYSSÉE 2, d’Arthur C, Clarke

*Quatre hommes étaient morts et un cinquième
avait disparu…là-bas…parmi les lunes de Jupiter. *
(Extrait : 2010. L’ODYSSÉE DEUX, Arthur C. Clarke.
Albin Michel éditeur 1983. Version audio : Audible studios
2019. Durée d’écoute : 8 heures 55 minutes. Narrateur :
Mathieu Dahan.)

Rappelez-vous 2001 : l’odyssée de l’espace. Pourquoi Hal, l’ordinateur plein de science et de sagesse, a-t-il assassiné l’équipage du Discovery 2010 . Dans L’ODYSSÉE DEUX, nous suivons des hommes qui vont se lancer dans l’espace, bien décidés à rapporter à la Terre les réponses attendues. L’équipage composé de Russes et d’Américains s’embarquera à bord du vaisseau Alexeï Leonov. Quand la navette s’arrache du terrain de Cap Canaveral, commence une mission qui peut décider du sort de l’humanité…

*Mon Dieu ! C’est plein d’étoiles*
(Extrait légendaire de ODYSSÉE DE L’ESPACE 2001 et 2010)

J’ai trouvé ce deuxième opus de L’ODYSSÉE DE L’ESPACE très intéressant. Malheureusement, je n’arrivais pas à m’enlever le film de la tête. Aussi je vous dirai dès le départ que les scénaristes ont pondu une adaptation très libre du livre en film. Les deux sont excellents, mais je crois que le livre est supérieur.

Dès le départ, l’auditeur/auditrice est embarquée dans une énigme : l’orbite de Discovery se modifie…dix ans après… Conscients que des évènements extraordinaires se déroulent à proximité de Jupiter et ne comprenant toujours pas pourquoi le superordinateur HALL9000 s’est dérèglé, les russes et les américains conviennent de s’unir pour aller voir et ils ne seront pas au bout de leurs surprises et  Arthur C Clarke sait ménager les surprises avec un extraordinaire savoir-faire.

Le texte est moins tendu que dans le livre premier et sensiblement plus descriptif. Il frôle même la lourdeur mais sans jamais l’atteindre. Je pense en particulier au contenu scientifique qui a été particulièrement bien vulgarisé. Pour moi en tout cas, c’était limpide. Même la description physique de la géante Jupiter avait pour moi quelque chose de bucolique, apaisant. La plume est détaillée mais pas jusqu’à l’ennui à quelques exceptions près.

La principale faiblesse du récit repose sur HALL9000 et David Bowman car l’auteur ne leur a attribué rien de neuf comme rôle et leur discours est non seulement remâché mais il est aussi surexploité. Mis à part le froid Shandra, papa de Hall, j’ai été enveloppé par des personnages chaleureux et attachant, le docteur Floyd en particulier et le russe Max, amical, rassurant, sans peur et sans reproche et sur lequel tout coule ce qui n’est pas sans faire sourire.

Et c’est Max justement qui m’amène à vous parler du narrateur. Mathieu Dahan n’a pas lu…il a raconté l’histoire avec un talent qui force l’admiration et une exceptionnelle capacité de rendre l’accent russe crédible, mélodique mais sans excès et c’est un beau défit car il est en général très facile de caricaturer l’accent russe. Donc, excellent travail de narration par un professionnel qui a su filtrer suffisamment d’émotion pour faire oublier le film.

Tout le livre est crédible autant sur le plan littéraire que sur le plan scientifique. En bref : la lecture est captivante. La plume est fluide, la voix du narrateur est très agréable. Il y a un petit peu de redondance par rapport au livre premier. J’ai été déçu par HALL9000 mais séduit par l’imagination débordante de l’auteur et son aspect visionnaire. C’était pour moi un très bon moment d’écoute.

Suggestion de lecture : LE DÉCHRONOLOGUE, de Stéphane Beauverger

Arthur Charles Clarke est un auteur et un inventeur britannique. Il a commencé assez tôt à vendre des histoires de science-fiction. Il ne se consacre pleinement à l’écriture qu’à partir de 1951. C’est avec 2001, l’odyssée de l’espace que vient la célébrité pour Sir Arthur C. Clarke. Ce roman est basé sur la nouvelle La Sentinelle, qu’il a réécrit à l’époque où Stanley Kubrick en tirait une adaptation cinématographique. Son oeuvre comporte de nombreux autres titres, notamment des suites à 2001 et des essais. L’écrivain s’est retiré au Sri Lanka, où il est mort le 19 mars 2008. Une académie y porte son nom.

2010 :L’ODYSSÉE DEUX

Au cinéma

Le film a été réalisé en 1981 par Peter Hyams. Une production américaine qui réunit à l’écran entre autres Roy Scheider, John Lightgow et Helen Mirren. Neuf ans se sont écoulés depuis l’incident du vaisseau Discovery, toujours en orbite autour de Jupiter. Pour le professeur Floyd, créateur du super robot HAL 9000, il est temps d’éclaircir ce mystère et ramener Discovery sur Terre. A bord du vaisseau Leonov, américains et soviétiques vont devoir s’unir pour lutter contre la folie de HAL… (Allo Ciné)

Bonne écoute

Claude Lambert

DE LA TERRE À LA LUNE, de Jules Verne

*Les membres du gun club doivent donc …être prêts à opérer
au moment déterminé. Car s’ils laissaient passée cette date du
4 décembre, ils ne retrouveraient la lune dans les mêmes
conditions de périgée et de zénith que 18 ans et onze jours
après. *
(Extrait : DE LA TERRE À LA LUNE, Jules Verne, paru à
l’origine en 1865 chez Pierre-Jules Hetzel éditeur, 250 pages Apx.
Version audio : Audible studios éditeur, 2014, durée d’écoute : six
heures 20 minutes. Narrateur : Pierre Junières. Aussi en BD )

À la fin de la guerre fédérale des États-Unis, les fanatiques artilleurs du Gun-Club de Baltimore reçoivent du président, une proposition accueillie avec un enthousiasme délirant. Il s’agit de se mettre en communication avec la Lune en lui envoyant un énorme projectile, lancé par un gigantesque canon ! Tandis que ce projet inouï est en voie d’exécution, un Parisien excentrique Michel Ardan, un original, télégraphie au président  : «Remplacez obus sphérique par projectile cylindroconique. Partirai dedans.»

Grand précurseur de la SF
*S’ils avaient eu le point d’appui réclamé par Archimède,
les américains auraient construit un levier capable de
soulever le monde et de redresser son axe. Mais le point
d’appui, voilà ce qui manquait à ces téméraires mécaniciens.*
(Extrait)

Nous sommes aux États-Unis à la fin des années 1860.  Le président du Gun-club, une organisation orpheline de la guerre de sécession, décrète vouloir mettre la terre en communication avec la lune en lui envoyant un énorme projectile, lancé par un canon de 280 pieds.

Poussé par le désœuvrement d’après-guerre, les artilleurs acceptent de relever ce défi colossal et fou. En cours de projet, un français original et à la limite, fantaisiste, Michel Arden demande au Gun-club de modifier les plans du projectile de façon à prendre place à bord pour être propulsé vers la lune. Les trois premiers quarts du récits sont consacrés à la préparation et la mise au point du projet et le dernier quart laisse place au jour J.

Cet ouvrage est typique de l’oeuvre du grand Jules Verne. Plusieurs pensent que c’est son meilleur. Je ne partage pas cet avis mais j’admets toutefois que Verne n’aura jamais su finalement à quel point il était proche de la vérité. DE LA TERRE À LA LUNE est effectivement un chef d’œuvre d’anticipation qui repose sur des théories scientifiques et des faits scientifiques avérés, ce qui rend l’oeuvre extrêmement crédible.

Ici, les amateurs de Verne ne seront pas surpris, DE LA TERRE À LA LUNE est un long cours de science dont j’ai trouvé la vulgarisation discutable. Pas d’intrigue comme on en trouve un peu dans VOYAGE AU CENTRE DE LA TERRE ou 20 000 LIEUX SOUS LES MERS par exemple. L’ouvrage est monotone jusqu’à l’arrivée de Michel Ardan qui vient donner au récit un caractère pétillant, original et humoristique.

Les dialogues, bien que dans un français haut-perché, deviennent savoureux et énergiques. Ardan est ce précieux lien qui consacre au grand écrivain son titre de visionnaire. D’ailleurs, cette aventure rappelle un peu les évènements qui ont amené la création de la NASA. L’action commence donc avec l’arrivée d’Ardan, personnage attachant, éternel optimiste qui a une foi inébranlable quant aux capacités humaines.

Bien qu’il y ait quelques aberrations scientifiques, après tout, l’histoire remonte à 155 ans, les analogies avec la modernité sont criantes. Rappelons-nous que 104 ans après le lancement du projectile abritant trois hommes, soit le 21 juillet 1969, un vol Appolo, abritant aussi trois hommes, permet à Neil Armstrong de marcher sur la lune. Quelques fois, j’ai l’impression que Verne a voyagé dans le temps et qu’il est revenu avec un peu de matière à réflexion :

*Oui ! mon brave ami ! Songe au cas où nous rencontrions des habitants là-haut. Voudrais tu leur donner une aussi triste idée de ce qui se passe ici-bas , leur apprendre ce que c’est que la guerre , leur montrer qu’on emploie le meilleur de son temps à se dévorer , à se manger , à se casser bras et jambes , et cela sur un globe qui pourrait nourrir cent milliards d’habitants , et où , il y en a douze cents millions à peine ?*  (Extrait)

Malgré une dilution parfois irritante du roman dans l’univers scientifique. J’ai beaucoup aimé la version audio de ce récit. La narration est une réussite. Pierre Junières ajuste parfaitement sa voix à la conviction issue de la foi des personnages. Son registre vocal agréable a contribué à me faire tolérer les longueurs, spécialement dans la première moitié du récit.

La grande force du récit l’emporte sur tout le reste, un exceptionnel pouvoir descriptif et cette extraordinaire faculté qu’a toujours eu Jules Verne de créer dans l’esprit des lecteurs/lectrices, auditeurs/auditrices une image cinématographique des évènements rapportés dans ses œuvre. J’ajoute à cela la qualité des personnages qui m’ont fait vibrer. La finale pourrait vous laisser sur votre faim mais tout est en place pour la suite qui est devenue aussi célèbre : AUTOUR DE LA LUNE.

Je crois que vous apprécierez l’ensemble de l’œuvre. Elle est brillamment prémonitoire.

Suggestion de lecture, du même auteur : VOYAGE AU CENTRE DE LA TERRE


Image : cdha.fr

Jules-Gabriel Verne (1828-1905) est un écrivain français dont l’œuvre est surtout constitué de romans d’aventures basés sur les progrès scientifiques de son temps. Les plus célèbres (Le tour du monde en quatre-vingts jours, Vingt mille lieues sous les mers, l’Île mystérieuse, Michel Strogoff, Les enfants du Capitaine Grant, Voyage au centre de la Terre, De la Terre à la Lune) sont gravés dans les mémoires et font partie du patrimoine culturel mondial.

L’intérêt particulier de son œuvre, est d’y retrouver un amour profond de la science, mêlé avec autant d’art que de sérieux à des idées novatrices et proches de la science-fiction. Beaucoup de ses livres ont été adaptés au cinéma, 20000 lieues sous les mers, produit par Disney, réalisé par Richard Fleischer, et bien sûr, VOYAGE AU CENTRE DE LA TERRE. (À consulter)

Pour la version audio : narrateur : Pierre Junières. Comédien Théâtre,  Metteur-en-scène Théâtre : Animateur radio France Inter, RFI) et télé (France2, France3 
Comédien voix-off : narration et voice-over documentaires, livre audio, doublage synchro, publicité, film institutionnel, bande-annonce, Dvd, audiodescription

Bonne lecture
Bonne écoute
Claude Lambert

LE RESSAC DE L’ESPACE, de Philippe Curval

*Quel prix l’homme doit-il payer pour garder sa liberté?
Un monde de plénitude vaut-il la peine d’être vécu si on
ne peut y exercer son libre arbitre et son esprit critique?
Une apparence de bonheur et une vie de plaisir valent-
elles la peine de renoncer à son individualité ? Jusqu’à
collaborer avec l’envahisseur ? *
(Extrait : LE RESSAC DE L’ESPACE, Philippe Curval, à
l’origine, Hachette éditeur 1962, 244 pages. Pour la présente,
P. Curval, format numérique, 235 pages

Après une longue errance, le Txalq arrive finalement sur Terre. Sa quête est terminée ; il va pouvoir à nouveau se diviser par scissiparité et se multiplier. Les Txalqs sont un peuple parasite pour qui l’homme est un hôte parfait car ils peuvent les dominer sans peine. Naturellement les humains vont organiser la résistance, mais quelques hommes libérés de l’emprise mentale des extra-terrestres révèlent bientôt que la symbiose avec un Txalq apporte paix, harmonie et bonheur. C’est par milliers désormais qu’hommes et femmes se livrent joyeusement à la domination des parasites. Seule une poignée d’irréductibles tentent de préserver leur condition humaine. Une poignée contre toute une planète…

Les accords du cauchemar
(titre d’un chapitre de la troisième partie)
*Nous n’échangeâmes aucune parole, traumatisés que nous étions
par cette invraisemblable vision d’un monde nouveau auquel nous
voulions échapper de toutes nos forces. Aucun d’entre nous n’aurait
pu désavouer la pensée que je formulai à cette minute : nous devons
analyser ce qui nous incite à ne pas abdiquer notre dignité d’humain
pour nous intégrer à la civilisation harmonieuse que les Txalqs
établissent sur terre. C’est en en découvrant les raisons que nous
pourrons envisager la reconquête. *
(Extrait)

Forcés de quitter leur planète, des Txalqs errent dans l’espace jusqu’à ce qu’ils soient interceptés par des humains en mission spatiale. Les humains décident de ramener ces créatures sur la terre sans savoir que les Txalqs sont des parasites. Pour survivre, ils doivent s’emparer d’une race inférieure pour des raisons accessoires d’une part, car les Txalqs sont des êtres à peu près incapables sur le plan physique et d’autre part et surtout, pour atteindre un mode de vie idéal fait de beauté et d’harmonie.

C’est le genre de paradis artificiel que procurent aux humains certaines drogues sauf qu’ici, les Txalqs tendent à créer ce monde paradisiaque par l’hypno-contrôle. Les Txalqs, qui se reproduisent par scissiparité ne tardent pas à prendre le contrôle de la terre et étrangement, la plupart des humains sont trop heureux de vivre dans cette espèce de paradis artificiel, acceptant ainsi une symbiose qui leur est imposée…*S’il établissait sa domination sur ces êtres, c’était dans l’unique dessein de créer avec eux un monde harmonieux. En échanges de membres pour agir, il leur offrirait une sorte de renaissance, il deviendrait le corps pensant de leur espèce. * (Extrait) .

Refusant ce bonheur plastique qui n’est rien d’autre qu’une forme d’esclavage, une poignée d’humains décident de résister, fuient sur la planète Vénus afin d’organiser la libération de la terre.

C’est un des très bons romans d’anticipation que j’ai eu le plaisir de lire. Il développe en profondeur la philosophie TXALQ et amène le lecteur et la lectrice à des questionnements très intéressants : entre autres : qu’est-ce que l’homme est prêt à faire ou à donner pour être libre et LA question sur laquelle on pourrait s’étendre longtemps : Est-ce qu’une vie complètement dépourvue de libre arbitre et de sens critique vaut la peine d’être vécue.

Le livre de Curval alimente aussi un intéressant débat sur l’addiction. Si vous croyez que les Txalqs font ce qu’ils veulent avec facilité, détrompez-vous et c’est là que l’auteur nous amène à réfléchir sur la nature humaine. Les hommes sont rebelles, ataviquement violents et addicts. Ils aiment le sexe, ils aiment le jeu, le risque et ils sont épris de liberté. Ils sont humains quoi et de cette humanité, les Txalqs devront en payer le prix.

Est-ce que les hommes pourraient *déteindre* sur les Txalqs ?

Pas étonnant que ce livre soit devenu un classique de la science-fiction francophone. C’est un hymne à la liberté…cette précieuse liberté dont les hommes se privent entre eux depuis la nuit des temps. J’ai trouvé la plume de Curval envoûtante, un peu à l’image de cette créature qu’il a créée. Elle est dosée pour offrir tout ce que souhaitent les amateurs d’anticipation : des revirements, de la technologie, de la confrontation, le choc des idées et le fameux retour introspectif sur soi-même qui se traduit par une question bien simple : Qu’est-ce que je ferais à la place des humains dans cette histoire ? Je mets ma lucidité et mon libre arbitre au placard ou je me bats ?

Par les questions qu’il pose, par l’équilibre dont il a toujours gardé le souci et par sa profonde connaissance de la nature humaine, Philippe Curval a doté son récit d’une belle crédibilité.

Je sais que l’idée de l’atteinte du Nirvana ou la vie dans un monde ou guerre, haine et violence n’ont pas de sens sont des thèmes récurrents en littérature (par exemple, les inconditionnels de Star Trek se rappelleront sûrement du monde de Landru) mais peu de romans ont atteint la profondeur et l’intensité que Curval a insufflé dans son récit.

Une très belle pièce littéraire… à lire absolument.

Suggestion de lecture : LES PROTECTEURS, de Mario Fecteau

Écrivain, journaliste, photographe, Philippe Curval est l’un des principaux fondateurs de la science-fiction française, au milieu du siècle précédent. Il obtient le prix Jules Verne pour Le Ressac de l’espace (Hachette/Gallimard, « Le Rayon Fantastique », 1962), le Grand Prix de la science-fiction française pour l’Homme à rebours (R. Laffont « Ailleurs & Demain », 1974) et de nombreux autres prix et distinctions.

Son amour pour la nouvelle l’a conduit à en écrire plus de cent. Ses derniers recueils, Rasta Solitude (Flammarion « Imagine ») en 2003, et L’homme qui s’arrêta (La Volte) en 2009. Son travail critique sur la SF, commencé dans Galaxie, se poursuivra au Monde, et au Magazine littéraire. Traduit dans quatorze pays, à cette date, il a publié plus de quarante volumes. (La Volte éditeur)

Bonne lecture
Claude Lambert/ biblioclo.com
Le samedi 4 février 2023