LE CRÉPUSCULE DES DIEUX

Commentaire sur 

Le livre IV de la tétralogie des origines

— Vous savez ce qui se passe, mon cher Albrecht, quand les proches conseillers du roi finissent par diriger l’État à sa place à force de courtisanerie.
— Rappelez-le-moi.
— Dans une dictature, cela provoque un bordel qui vous fait perdre une guerre mondiale. Dans une démocratie, la gouvernance du peuple par le peuple devient un merveilleux trompe-l’œil dissimulant un carcan administratif, une nuée de conseillers, de lobbyistes qui dirigent le système à leur guise. 

 Extrait :  La tétralogie des origines, livre IV, LE CRÉPUSCULE DES DIEUX, Stéphane Przybylki, version audio, Sonobook éditeur, 2016, durée d’écoute : 14 heures 18 minutes. Narrateur : Victor Vestia.

Mai 1942. Reinhard Heydrich se meurt dans un hôpital de Prague. À moins que… Le monde est à feu et à sang, l’humanité se consume dans les affres d’une guerre comme elle n’en a jamais connu. Dans le chaos du conflit qui déchire le monde d’hier s’esquisse déjà celui de demain, mais les véritables enjeux de cette boucherie planétaire se dévoilent enfin – bien plus cruciaux que tout ce qu’il était possible d’imaginer.

Un futur que l’ancien SS Friedrich Saxhäuser refuse, qu’il ne permettra pas. Désormais coule dans ses veines l’impensable puissance révélée au cœur du Kurdistan irakien. Un pouvoir tel qu’il pourrait bien provoquer ce que, dans les secrets méandres du complot, tous redoutent : le crépuscule des dieux…

ET SI LES DIEUX S’EN MÊLAIENT

Voici donc la conclusion de la fameuse tétralogie uchronique des origines. Une série qui aura satisfait finalement l’amateur que je suis de complots, d’intrigues, d’espionnage : mélange explosif dans lequel l’auteur a habilement imbriqué la science-fiction et bien que Przybylski ait retravaillé l’histoire, le récit a assurément un lien avec l’actualité.

Ceux et celles qui ont lu les quatre livres se rappelleront que tout a commencé avec la découverte, par des SS, de preuves irréfutables de la présence extra-terrestre parmi nous. C’est un des liens avec l’actualité. Comme on le sait, ce sujet est devenu une conviction de société.

Par la suite, les extra-terrestres se sont manifestés et c’est ainsi qu’a commencé un jeu sordide de manipulation, de pouvoir, de contrôle allant jusqu’à l’expérimentation sur des sujets humains finissant suppliciés et que de monstrueuses créatures du nazisme et des SS sont devenus des instruments, marionnettes des étrangers tel le démon blond : Reinhard Heydrich. Le quatrième livre est très axé sur les horreurs innommables des SS pendant la deuxième guerre mondiale. Certains passages pourraient heurter les âmes sensibles.

Le lien avec la science-fiction m’a particulièrement captivé. Les motivations des extra-terrestres m’ont rappelé celles des aliens de INDEPENDANCE DAY, film de Rolland Emmerich. Le lien avec l’actualité aussi comme la destruction d’un ovni qui s’est écrasé près de Roswell. Dois-je rappeler que cette affaire est restée jusqu’à nos jours fort énigmatique.

J’ai aimé la progression de cette histoire. Un peu moins sa finale, la progression m’ayant préparé à mieux. L’auteur part de faits avérés sur le plan historique et bâtit une uchronie avec beaucoup d’imagination. La plume est fluide, claire et rien ne permet à l’auditeur et à l’auditrice de perdre le fil conducteur de l’histoire. Donc, c’est facile à suivre.

Avec sa connaissance pointue de l’histoire, l’auteur nous offre avant tout un récit historique, crédible, convaincant et photographique, me donnant l’impression d’être dans l’action, témoin de l’apparition d’un ovni, venu de nulle part. L’auditeur ou le lecteur ne voit plus le temps passer. La faiblesse, si on peut dire est que la tétralogie n’apporte rien de nouveau au genre et emprunte un peu trop au style X FILES mais j’ai consommé, si je puis dire, un sympathique moment d’écoute. Le narrateur a fait un assez bon boulot.

Suggestion de lecture : LA PART DE L’AUTRE, d’Éric-Emmanuel Schmidt. Ce livre développe également une uchronie.

Les trois premiers tomes

Ci-haut, l’auteur de la tétralogie des origines, Stéphane Przybylki , auteur français, malgré son nom imprononçable.

Quant au narrateur, Victor Vestia, je n’ai rien trouvé à part une page Facebook vide. Pas de photo, pas de parcours…peut-être gagne-t-il à être inconnu.  Et pourtant sa performance était bonne.

Pour ce qui est du titre du livre IV de la tétralogie des origines, il faut faire attention car plusieurs livres d’auteurs différents portent le titre LE CRÉPUSCULE DES DIEUX :

-Le crépuscule des dieux de la série Amos d’Aragon par Bryan Perro
-Le crépuscules des dieux par Nicolas Jarry
-Le crépuscule des dieux en bandes dessinées
-Le crépuscule des dieux de Charlotte Key, qui est aussi une série.
-Le crépuscule des dieux est aussi le titre d’un célèbre opéra de Richard Wagner.

Bonne écoute
Claude Lambert
le samedi 20 juillet 2024

 

N.É.O. T1 de Michel Bussi

Commentaire sur le livre 1
La chute du soleil de fer

*Quelque chose est en train de changer, Zyzomys, on ne le voit pas encore, mais je le sens. C’est dans l’air. La course des nuages n’est plus la même. Ni la caresse du vent, ni la brûlure du soleil. Quelque chose se modifie. Nous ne pouvons pas attendre les grands froids de la Veillée du Sanctuaire. Nous devons nous préparer. *

Extrait : NÉO, livre 1, LA CHUTE DU SOLEIL DE FER, de Michel Bussi. Édition de papier, Pocket jeunesse, 2023, 600 pages. Format numérique : 12-21 éditeur, 2020, 513 pages, 2208 KB. Version audio : Lizzie éditeur, 2020, durée d’écoute : 11 heures 50 minutes. Narrateur : Damien Witecka

Dans un monde où les adultes ont disparu, il existe deux refuges pour les deux bandes rivales d’enfants qui ont survécu au cataclysme : le tipi et le château. Les uns chassent pour se nourrir, les autres vivent reclus et protégés. Bientôt, une étrange maladie fait peser un risque de famine sur le clan du tipi, le privant de ses proies. Et si ceux du château étaient à l’origine de cet empoisonnement ?

L’heure de la confrontation est venue : la guerre entre les deux tribus peut-elle encore être évitée, alors que la nature est plus menacée que jamais ? Zyzo, l’espion au grand coeur du tipi, et Alixe, la reine du château, sauront-ils unir leurs forces pour déjouer les mystères, les intrigues et les trahisons ? ILS SONT PRÊTS À TOUT POUR SAUVER L’HUMANITÉ.

Du Bussi pour les jeunes

Première incursion de Michel Bussi dans la littérature jeunesse. Même si certains détails sont à parfaire, je crois que c’est prometteur. Voyons d’abord le tableau : nous sommes dans un futur post-apocalyptique. L’humanité a été décimée par un gaz toxique. Toutefois, en France, des enfants ont survécu. Au début de l’histoire, ils ont tous douze ans. Je vous laisse découvrir pourquoi. L’idée est originale.

Ils sont vivants parce que quelques adultes un peu plus résistants ont pu subvenir à leurs besoins dans leurs premières années de vie. À l’origine, les enfants ont formé deux clans : les enfants du tipi, abritée par la tour Eiffel <habillée> et les enfants du Château, à l’abri dans un célèbre musée électrifié par un satellite qui les fournit en énergie solaire, appelé SOLEIL DE FER. Grâce à l’Énergie, les enfants du Château ont accès à tout ce dont ils ont besoin y compris la culture et la connaissance.

Les deux clans se détestent et sont toujours au bord de la guerre. Un jour, alors que la guerre est sur le point d’éclater, les enfants doivent faire face à un ennemi commun : une étrange maladie tue les animaux et provoque la famine. De plus, le SOLEIL DE FER est loin d’être propre et éternel…Sera-t-il possible pour les enfants de mettre la haine de côté ? De résoudre mystères et trahisons ?

Au moment d’écrire ces lignes, je ne sais pas vraiment comment les ados ont perçu cette lecture mais j’ai été frappé par le fait que l’auteur prête aux enfants de son histoire des raisonnements qui ne sont pas de leur âge avec un sens artificiellement aigu de la haine, de la trahison et de l’intrigue. Pour des enfants de 12 ans, c’est un peu poussé. Les personnages manquent de profondeur. Le plus réussi est celui d’Alixe, la reine du château qui est d’une authenticité rafraîchissante.

Quant au personnage central, Zizomis, il est un peu froid et pusillanime. Difficile de s’y attacher mais son amour de la paix et de l’harmonie jouera dans la balance. Le thème choisi pour changer le cours de l’histoire, c’est-à-dire cette mystérieuse maladie qui tue les animaux m’a semblé sous-développé, un peu noyé dans les palabres des enfants. Enfin, il y a de longs passages statiques, pas beaucoup d’action sauf dans le dernier quart du récit, porteur d’émotions.

Malgré ses faiblesses, j’ai été sensible au récit parce qu’il propose une intéressante réflexion sur l’utilité de la guerre et sur les mécanismes de rapprochement dans un conflit. Ici l’ennemi commun est presque un prétexte qui amène le lecteur à s’interroger sur la violence, le bellicisme et la domination par le pouvoir, la haine. L’atavisme est peut-être une explication mais certainement pas une excuse. Des personnages ont la haine dans le sang, comme Mordélia, la sorcière du tipi.

L’âge des personnages suggère qu’il n’est jamais trop tôt pour transmettre de bonnes valeurs. L’auteur nous fait aussi un clin d’œil bien pensé sur la protection de l’environnement. Il y a beaucoup de personnage dans l’histoire mais l’auteur et l’éditeur ont eu l’excellente idée de dresser une liste des principaux acteurs avec leurs principaux attributs. Je salue cette initiative qu’on devrait voir plus souvent.

Voilà, je vous laisse découvrir le SOLEIL DE FER et la première grande protectrice des enfants MARIE-LUNE, les croyances et les traditions dans les clans. C’est quand même bourré de bonnes idées.

Enfin, pour sa première expérience en littérature jeunesse, Bussi a très bien adapté sa plume avec un style clair et limpide, donc accessible. Je crois que je vais m’offrir la suite. Ça semble prometteur.

Suggestion de lecture : CHRONIQUES POST-APOCALYPTIQUES D’UNE ENFANT SAGE, d’Annie Bacon


L’auteur, Michel Bussi

La suite

Mordélia et Ogénor partent à la conquête de Versailles… Le clan du château et le clan du tipi sont réconciliés ! Les frontières de la ville et de ses environs peuvent enfin être repoussées : le monde s’ouvre désormais à eux.
Mais au-delà des grandes découvertes et derrière une cohabitation en apparence sereine, Alixe, Zyzo et leurs amis devront percer de nouveaux mystères. Comment les enfants ont-ils pu survivre juste après le passage du nuage? Quelles sont les origines des deux clans ? Qui était vraiment Marie-Lune ? Mordélia, chassée de la ville, a conservé un objet secret qui contient peut-être des réponses à toutes ces questions. Or, habitée par une féroce volonté de survivre, elle compte bien prendre sa revanche…

BONNE LECTURE
BONNE ÉCOUTE
CLAUDE LAMBERT
le dimanche 9 juin 2024

ATTAQUE EXTRATERRESTRE

COMMENTAIRE SUR

LES CHRONIQUES DE L’INVASION, tome 1
de Morgan Rice

*Kevin trouvait que le terme « hallucination » n’était pas apte à décrire ce qu’il vivait. Il donnait l’impression que ses visions étaient des choses irréelles et fantomatiques alors qu’elles semblaient remplir le monde quand elles se produisaient. C’étaient des images de paysages qu’il n’avait jamais vus, des horizons indistincts. Et, bien sûr, les chiffres. « 23h06m 29.283s, -05 02’28.59 », dit-il. <Cela doit avoir un sens. C’est forcé.> *

Extrait : ATTAQUE EXTRATERRESTRE La chronique des invasions livre 1, de Morgan Rice. Morgan Rice éditrice, 2019. Pour la présente, j’ai utilisé le format numérique.

Un garçon de 13 ans, qui est en train de mourir d’une maladie rare du cerveau, est le seul humain capable d’entendre et de décoder les signaux qui viennent de l’espace. SETI confirme qu’il s’agit d’un signal authentique.

Quel est ce message ? Comment le monde va-t-il réagir ?

Et surtout : est-ce que les extra-terrestres arrivent ?

Une vision de l’heroic fantasy

Le personnage principal de cette histoire est un sympathique adolescent de 13 ans, Kevin McKenzie. Il y a aussi son amie Luna, attachante elle aussi, authentique, qui jouera un rôle un peu plus tardif mais très important. Kevin souffre d’une maladie rare, la leucodystrophie, une maladie dégénérative du cerveau qui le condamne à court terme et qui a entre autres pour effet de provoquer des visions.

Paradoxalement, sa maladie permet à Kevin de capter et décoder de véritables signaux venus de l’espace. Le SETI est consulté, puis la NASA entre en jeu. Avant d’éclater, la vérité fera un détour par ce qui a toutes les apparences d’un canular. Cette incompréhension de la nature des évènements pourrait coûter très cher à l’humanité.

Très bon livre, intrigue solide allant crescendo jusqu’à en être haletante dans le dernier quart du tome. ATTAQUE EXTRATERRESTRE est le premier tome d’une tétralogie dramatique, LES CHRONIQUES DE L’INVASION écrite par une écrivaine réputée pour ses séries littéraires.

Il faut toutefois faire attention et interpréter correctement le quatrième de couverture et l’image de la page de couverture qui laisse à penser qu’un ou des vaisseaux extraterrestres viennent menacer la terre. Ça viendra sans aucun doute. Disons que pour ce premier tome, le titre a été mal choisi. Mais dans ce premier opus, l’auteure met les éléments en place pour amener les lecteurs/lectrices vers une invasion de type <abduction>, ou enlèvement par possession.

Dans ce fantasy addictif, rapide et facile à lire, l’action se resserre graduellement et prend subitement un envol foudroyant. Dans ce livre, beaucoup d’éléments relèvent du déjà-vu. La série n’invente rien et ne brille pas par son originalité. Aussi, malheureusement, l’édition que j’ai lue était farcie de fautes de traductions, mots escamotés et groupes de mots inadéquats. Je trouve dommage qu’un éditeur laisse passer autant d’erreurs.

La force du livre réside dans la qualité de ses personnages et la montée scrupuleusement calculée de l’intrigue. J’ai aussi beaucoup apprécié les informations livrées par l’auteure sur le programme SETI concernant la recherche d’intelligence extraterrestre et sur le rôle de la NASA à ce niveau. L’ouvrage est bien documenté.

Donc très bon livre qui annonce une série prometteuse. Le tome suivant, ARRIVÉE dit tout je crois, sauf quel sera le sort de Kevin et Luna. À lire sans hésitation.

Suggestion de lecture : LA FANTASTIQUE ODYSSÉE, de Chérif Arbouz

La suite

De gauche à droite, les tomes 1, 2 et 3



L’auteure Morgan Rice

Intéressé par une possible vie extraterrestre ? Je vous invite à consulter ce petit dossier fort intéressant de Futura science sur nos connaissances actuelles à ce sujet.

Bonne lecture
Claude Lambert
le dimanche 2 juin 2024

NE LA QUITTE PAS DES YEUX

Commentaire sur le livre de
LINWOOD BARCLAY

en version audio

*Il n’avait pas du tout l’air d’un monstre. Mais le problème des monstres, justement, c’est qu’ils n’ont pas la tête de l’emploi. * (NE LA QUITTE PAS DES YEUX, Linwood Barclay, version audio, Audible studios éditeur, 2016, durée d’écoute : 11 heures 52, narrateur : François Hatt.)

Multi pistes

Vous êtes marié, père d’un petit garçon. Un boulot intéressant. Un couple plutôt heureux. Et si le pire était à venir? Une belle journée, une sortie en famille, votre épouse qui s’éloigne quelques instants. Et qui ne revient pas. Fugue? Enlèvement? Suicide?

Voici l’histoire de David Harwood, un journaliste qui emmène sa femme, Jane et son fils de quatre ans, Étha au Parc d’Attractions. Premier apéritif : Éthan disparait. D’interminables minutes plus tard, David retrouve Éthan. Soulagement très provisoire… David et le petit se mettent en route pour retrouver Jane…plus de Jane. Où est-elle passée exactement et est-ce qu’on la retrouvera ? C’est un roman très sombre qui m’a procuré anxiété et frissons, spécialement dans le dernier quart du récit alors que les nombreux éléments du puzzle se mettent en place et nous mènent à la conclusion d’une incroyable série de machinations.

C’est un thriller assez efficace quoiqu’un peu surfait ou grossi si vous voulez, certains passages me semblant plutôt invraisemblables. C’est un roman fort mais avec une crédibilité moyenne, des personnages un peu artificiels, pas très aboutis et dont, dans certains cas, j’ai plus ou moins compris les motivations. J’ai toutefois quelque peu réussi à m’attacher à David à cause de son entêtement, de son opiniâtreté, de son attachement pour Éthan et qui est soupçonné par un policier qui a justement le soupçon un peu trop facile.

Le roman manque de profondeur et son sujet n’est pas vraiment nouveau mais il est intrigant et comporte beaucoup de rebondissements, de revirements, de la tension occasionnelle et une finale efficace quoique sensiblement prévisible mais ça, ça dépend toujours du lecteur et de la lectrice.

Je dois vous dire que j’ai écouté la version audio de ce livre et que j’ai été carrément emporté par la performance du narrateur François Hatt qui a su exploiter au maximum de son talent, sa voix multipiste harmonieuse et énergique. Pas le choix. Monsieur le narrateur a forcé mon attention et m’a figé sur mon fauteuil. Ce détail surmonte beaucoup les faiblesses de ce roman qui reste malgré tout accrocheur et captivant. L’histoire est complexe, un peu tentaculaire.

Mais le fil conducteur est solide et rend l’histoire relativement agréable à suivre. Donc Pour résumer : principales faiblesses : à une ou deux exceptions près, des personnages mal aboutis, peu travaillés, scénario peu original et comportant beaucoup de clichés. Et j’ajoute à cela une traduction un peu douteuse. Principales forces : intrigant, belle intensité dans le suspense, enchaînements rapides, excellente finale. L’ensemble est bien imaginé et Le personnage principal est intéressant à voir évoluer.

Bref, ce roman ne réinvente rien mais il constitue un bon divertissement.

Suggestion de lecture : ENLÈVEMENT, de Tara Taylor-Quinn

À gauche, Linwood Barclay. Voir sa biographie. À droite, le narrateur François Hatt. Il a un parcours pour le moins impressionnant.

À écouter, du même auteur

Bonne lecture/écoute
Claude Lambert
Le dimanche 12 mai 2024

LES SEPT SOEURS, livre 1 MAIA

Commentaire sur le livre de
LUNCINDA RILEY

*Quand est apparue la haie d’épicéas qui protégeait notre maison des regards indiscrets et que j’ai vu Marina debout sur la jetée, la mort de Pa s’est imposée à moi avec son implacable réalité. L’homme qui avait fait de nous les princesses de son royaume, n’était plus là pour garder l’enchantement*

(Extrait, LES SEPT SŒURS, livre 1, MAIA, Lucinda
Riley, à l’origines : Points éditeur, Poche, 624 pages, 2016. Version audio :
Audible studios éditeur, 2016, durée d’écoute : 16 heures 51 minutes,
narratrice : Caroline Breton.)

Elles sont sept. Sept sœurs nommées après la constellation des Pléiades, adoptées par un milliardaire aux quatre coins du monde. À la mort de ce père énigmatique, chacune reçoit un indice pour percer le secret de ses origines. Maia, l’aînée, la beauté raisonnable, a peur de la vérité. Ses découvertes la conduisent par-delà les mers, sur les collines de Rio de Janeiro où se sont brisés bien des destins…

 

Les sept sœurs :        Maïa
                                       Alcyone
                                         Astérope
                                       Céléno
                                       Taygète
                                       Electre

                                                PATRONYME
                                       FAMILIAL :                 D’Aplièze

 

6 / 7
*Nous avions toutes été choisies par Pa Salt quand nous étions bébés
 et adoptées aux quatre coins du monde. Pa aimait dire que nous étions ses
filles » spéciales «. Il nous avait donné les noms des Pléiades,
les Sept Sœurs, sa constellation préférée. Maia était la première. *
(Extrait)

C’est un livre très intéressant et la suite est extrêmement prometteuse. L’histoire est intrigante. Lorsque j’ai compris où Lucinda Riley voulait m’amener exactement, la lecture est devenue simplement addictive. L’intrigue est originale, singulière. Un milliardaire dont on ne sait rien, du moins dans ce premier tome, adopte sept filles aux quatre coins du monde. Au décès du père adoptif, chaque fille reçoit en héritage un indice qui lui permettra de comprendre d’où elle vient de même que les circonstances de son adoption.

Maïa est l’héroïne de ce premier tome. Comme ses sœurs, elle portera un nom de famille hautement symbolique : D’APLIÈSE, une anagramme de PLÉIADE et c’est là que réside la grande originalité de l’ouvrage global : LES SEPT SOEURS s’inspirent de la mythologie grecque des Pléiades, la légendaire constellation d’étoiles située à proximité de la ceinture d’Orion.

On peut deviner un intérêt de l’auteure pour l’astronomie, mais j’observe surtout qu’elle était attirée par le caractère robuste et trempé de chaque sœur mythologique. Je reviens à Maïa car elle a le fameux indice qui lui permettra de remonter ses origines ce qui va l’amener dans un pays merveilleusement décrit dans le récit, Rio de Janeiro et le Brésil. J’y ai appris entre autres comment est né l’énorme monument du Christ Rédempteur qui domine Rio et qui est devenu une merveille du monde.

C’est une histoire touchante si on se concentre sur Maïa mais certains éléments nuisent à l’équilibre du récit ou brillent par leur absence :

Rien sur les motivations du Père adoptif. Je ne m’attendais pas à ce que tout soit dévoilé dès le premier tome, mais un ou deux indices auraient été bienvenus. Il n’y a non plus aucun indice sur la septième sœur. Elle n’apparait pas non plus dans les cinq synopsis suivants. C’est un mystère. Là aussi, j’aurais apprécié une petite échappée de l’auteure. J’ai trouvé enfin que l’origine de Maïa a été quelque peu sous-développée, survolée vers la fin et surtout concentrée sur le récit de l’arrière-grand-mère mourante.

Toutefois, malgré quelques longueurs, j’ai trouvé le récit intrigant, riche sur le plan historique, captivant sur le plan dramatique et j’ai été touché par le caractère romantique de l’histoire, ce qui est assez rare dans mon cas. J’espère que les tomes suivants seront à la hauteur mais avec MAÏA, je pense que ça promet.

Suggestion de lecture : LA MYTHOLOGIE, ses dieux, ses héros, ses légendes d»Edith Hamilton. 

Lucinda Edmonds, connue sous le pseudonyme de Lucinda Riley, née le 16 février 1968 à Lisburn, Irlande du Nord est une auteure irlandaise populaire de fiction historique et une ancienne actrice. En 2016, la productrice de film italienne Raffaella De Laurentiis a acheté les droits de télévision pour ses sept romans de la série des Sept Sœurs

La suite, aussi disponible en version audio

BONNE LECTURE
BONNE ÉCOUTE
CLAUDE LAMBERT

le dimanche 20 avril 2024

LE SQUELETTE DE RIMBAUD, de Jean-Michel Lecocq

*-Mon souci concerne l’illustration du roman de Franz Bartelt
que vous connaissez tous, je veux parler du fémur de Rimbaud.
Un exemplaire de ce roman doit être exposé dans une vitrine.
J’aimerais qu’à coté soit présenté le fémur de Rimbaud. *
(Extrait : LE SQUELETTE DE RIMBAUD, Jean-Michel Lecocq,
Lajouanie éditeur, 2019, format numérique, 232 pages)

Plus d’un siècle après sa mort, Arthur Rimbaud sème le chaos dans le département qui l’a vu naître, les Ardennes. Le maire de Charleville-Mézières, voulant fêter dignement le poète, décide de redonner un peu d’éclat au musée qui lui est consacré. En préparant la nouvelle exposition, l’édile et son conseil provoquent une découverte inouïe qui va révolutionner la galaxie rimbaldienne, mais pas seulement… Une cellule de crise est mise sur pied. On va y croiser, un officier de police peu porté sur la poésie et un juge d’instruction qui préfère Baudelaire à Rimbaud. Ce duo va croiser des personnages étranges, prêts à tout pour éviter que le terrible secret entourant la mort de Rimbaud soit éventé.

Les os d’Arthur
Les caricaturistes n’étaient pas en reste et l’un d’eux était allé
jusqu’à représenter une ronde avec les autorités en train de
danser et, au milieu, la tête de Rimbaud montée sur un squelette
 unijambiste en train de se déhancher, avec cette légende :
 la danse macabre.
(Extrait)

C’est un ouvrage original que j’ai trouvé bien écrit et qui m’a fait sourire car malgré son cadre sérieux, j’ai trouvé qu’il ne manque pas d’humour. Voyons le tableau. Le maire d’un département des Ardennes, pays natal du célèbre poète Arthur Rimbaud, décide de souligner dignement le centenaire de la mort du prestigieux poète en exposant dans son musée un fémur de Rimbaud. L’annonce fut suivie d’abord de la surprise générale, d’un éclat de rire, puis de la consternation et jusqu’à la levée de bouclier.

L’exhumation fut décidée…les Ardennes allaient perdre pour un temps leur belle tranquillité. *Ce fut donc au terme d’une démarche biaisée, inique, impopulaire et juridiquement bancale que, par une belle journée d’été, il fut procédé à l’ouverture de la tombe d’Arthur Rimbaud* (Extrait) Ho surprise générale, la tombe du génie renfermait un corps ayant ses deux jambes. Impossible. Rimbaud a été amputé vers la fin de sa vie.

Après enquête, on identifie une autre tombe où se trouvait sûrement le poète. Double surprise générale, pas de corps dans la tombe. C’est l’émoi. La population est au bord de la désobéissance civile. Pire…le coupable commet des meurtres pour protéger son identité. Un policier rémois, Vidal mènera une enquête qui va le pousser très loin. Fait à noter : il n’aime pas Rimbaud. On n’est pas sorti de l’auberge.

Et dire que cette aventure un peu burlesque part du caprice d’un politique municipal. J’ai aimé ce petit livre pour plusieurs raisons. Oui, c’est teinté d’humour mais le récit n’a jamais atteint l’absurde.

J’ai apprécié la retenue de l’auteur même si je l’ai senti hardi pour se moquer gentiment des rimbaldiens haut-perchés car faut-il le rappeler, Rimbaud, dont l’auteur jalonne un peu la vie dans son récit, n’a pas toujours été un enfant de chœur, et c’est sans parler de l’homosexualité supposée du poète et de ses aventures avec un autre célèbre poète : Paul Verlaine.

Je suis heureux aussi que l’auteur n’ait pas spécialisé son récit dans la poésie. C’est une tendance qui ne m’attire pas beaucoup. Mais le récit est intrigant. Ça reste un roman policier parcouru de pans de vie de Rimbaud ainsi que des extraits de ses poèmes insérés seulement au début de chaque chapitre. C’est de bon goût et j’ai lu les vers, extraits de poèmes célèbres avec beaucoup de plaisir.

C’est un suspense bien pensé qui m’a éclairé sur la vie d’Arthur Rimbaud sans jamais nuire à l’intrigue. Je n’ai ressenti aucune irritation, bien au contraire. Les personnages sont pétillants. Je confirme ce que je croyais avant d’entamer la lecture : un polar ayant comme toile de fond LE SQUELETTE DE RIMBAUD, ne doit sûrement pas manquer d’originalité.

Suggestion de lecture : LA VENGEANCE DE BAUDELAIRE, de Bob Van Laherhoven

Jean-Michel LECOCQ est un auteur français né à BOGNY-SUR-MEUSE, dans les Ardennes, le 19 avril 1950. Sa première apparition dans le monde de l’édition remonte à 1972, avec la publication, chez Millas-Martin, d’un recueil de poèmes. Il publie, en 2009, son premier roman, «Le secret des Toscans», un polar historique dans lequel il dévoile sa passion pour l’Histoire. Plusieurs livres suivront. En octobre 2016, il publie «Les bavardes», une enquête au cœur de la petite station balnéaire de Sainte-Maxime. Deux ans plus tard, Lecoq nous surprend avec LE SQUELETTE DE RIMBAUD.

Rimbaud est un poète incontournable, auteur de nombreux poèmes comme Sensation, Ma bohème, Le bateau ivre. Lorsque son chemin croise celui de Verlaine, la passion les emporte jusqu’au drame. Arthur Rimbaud est LE poète par excellence. Jean Nicolas Arthur Rimbaud est né le 20 octobre 1854 à Charleville-Mézières dans les Ardennes. Sa mère l’ élève seule, suivant des principes stricts.

Le jeune Arthur est un élève brillant, il remporte des prix de littérature dès son adolescence. Il saute la classe de cinquième. Grâce à sa plume talentueuse, il remporte divers prix dont le premier prix du Concours académique en 1869. Jeune homme révolté contre l’ordre des choses, il voit la poésie comme un moyen de les faire évoluer. 

Bonne lecture
Claude Lambert
le dimanche 24 mars 2024

LE SECRET DE DIEU, d’Yves La liberté

Commentaire sur les

Tome 1 : Le message des templiers
Tome 2 : Le trésor enfoui

*Les caïnites prétendaient que la perfection consistait
à commettre le plus d’infamies possibles. *
(Extrait : LE MESSAGE DES TEMPLIERS, Yves Laliberté,
Les éditions Coup d’œil, 2014, LE SECRET DE DIEU,
LIVRE 1 format numérique, 718 pages)

Après avoir déjoué de justesse un attentat à l’anthrax à Ottawa, l’agente fédérale Kristen Vale est chargée de l’enquête sur la mort d’élèves atteints d’une nouvelle forme de peste pulmonaire. De son côté, le jeune historien de la Chambre des communes, Quentin DeFoix, reçoit un courriel obscur qui le mènera sur les traces d’un signe mystérieux et du cadavre d’un sénateur au parlement canadien. Ensemble, Kristen et Quentin feront tout pour gagner une incroyable course contre la montre qui les entraînera d’Ottawa à Niagara Falls et les mettra sur le chemin des Templiers. La sécurité de la population en dépend.

Bien qu’ils aient échappé à des pièges infernaux, l’agente Kristen Vale et l’historien Quentin DeFoix sont loin d’avoir terminé leur mission : découvrir le secret de Dieu. Le temps est compté. Attentat, tentatives de meurtre et prise d’otages, les événements s’enchaînent, et dans cette atmosphère de panique, on ne sait plus qui dit vrai. Pendant que l’équipe continue son enquête qui l’entraîne toujours plus loin dans le passé et dans les souterrains cachés d’Ottawa et de Montréal, le neveu de l’agente Vale, Grady, dont l’état de santé est fort inquiétant, perçoit d’étranges phénomènes que personne d’autre ne semble comprendre.

Les aventuriers de l’histoire
*Vous m’impressionnez vivement, d’abord pour avoir
décodé le texte gravé sur la tour de la paix. Il fallait un
historien de votre trempe pour retourner un siècle en
arrière *
(Extrait livre 2, LE TRÉSOR ENFOUI)

J’ai toujours été intrigué par les templiers, qui étaient, au départ, un petit groupe de chevaliers pauvres du Christ, vivant spirituellement, dans le dénuement. Leur premier but était d’escorter les pèlerins sur la route de Jérusalem vers les lieux emblématiques de la vie de Jésus.

On sait que par la suite, les Templiers sont devenus un ordre, qui a grandi et s’est enrichi mais toujours en gardant l’objectif premier. Comme on le sait, les choses ont beaucoup évolué jusqu’au reniement par le pape et l’exécution des templiers par le roi de France Philippe IV Lebel qui, ce faisant, a pu regarnir un peu les coffres de l’état. C’est vite dit, mais dans les faits, c’est un peu plus compliqué.

L’auteur Yves Laliberté nous en apprend beaucoup plus dans son roman LE SECRET DE DIEU, une fiction mais évoquant des hypothèses intéressantes. Tout débute de nos jours avec un courriel mystérieux reçu par un jeune historien, Quentin Defoix qui formera un binôme avec l’agente fédérale Kristen Vale qui enquête sur la mort d’enfants atteints d’une nouvelle forme de peste pulmonaire. Sans le savoir, les deux enquêteurs prendront la route du SECRET DE DIEU.

Ce sont les mystères entourant les templiers qui m’ont attiré vers ces livres. Ils sont très riches en explications, en idées, en hypothèses et assez bien en accord avec le contexte historique. L’intrigue de base est intéressante et même captivante. Malheureusement, elle est noyée dans des explications qui ne finissent pas de finir.

Bien qu’intéressants, les exposés historiques sont beaucoup trop longs. Quentin et Kristen m’on plusieurs fois donné l’impression qu’ils s’écoutaient parler. Heureusement, les chapitres sont courts et assez bien ventilés.

J’aurais préféré que l’auteur vulgarise davantage, simplifie les exposés, fasse un peu plus court et donne davantage de place à l’intrigue au centre de laquelle se trouve LE SECRET DE DIEU. Pour ceux qui aiment les longues descriptions parfois stylisées, ce sera parfait.

Malheureusement, l’auteur m’a perdu. En simplifiant un peu la science qui garnit son œuvre, il aurait pu me surprendre, ce qu’il a tout de même réussi à faire un peu dans le second volume dans lequel il y a plus d’action. Je crois que l’œuvre aurait pu être réduite à un volume.

Bref, intéressant mais trop long, répétitif avec beaucoup de dialogues statiques. Le sujet reste toutefois digne d’intérêt.

Suggestion de lecture : LES ROIS MAUDITS, de Maurice Druon

Détenteur d’un doctorat en lettres françaises et sémiotique, enseignant de littérature québécoise à l’Université, Yves Laliberté est l’auteur de deux essais et quatre thrillers. Il a œuvré toute sa vie dans le domaine de l’information. Il a été plongé dans le roman d’aventure dès son jeune âge. À onze ans, il aimait déjà écrire des romans et des histoires pour bandes dessinées. Aujourd’hui, il se sent animé par la passion du détective dans les recherches qu’il mène en criminologie, en médecine légale et en histoire québécoise.

Bonne lecture
Claude Lambert
le dimanche 17 mars 2024

EN PLEIN COEUR, de Louise Penny

*S’il avait laissé l’image telle quelle, il ne se serait jamais
fait prendre. Il a été passif pendant toute sa vie. La seule
 fois qu’il a vraiment agi, il s’est condamné. *
(Extrait : EN PLEIN CŒUR, Louise Penny, Flammarion
éditeur, 2013, 416 pages pour le format de poche. Version
audio : Audible studio éditeur, 2020, durée d’écoute : onze
heures. Narrateur : Raymond Cloutier.)

Three Pines dans les Cantons de l’est. Pendant la fin de semaine de l’Action de Grâce, Jane Neal est trouvée morte dans la forêt, le cœur transpercé. Le réveil est plutôt brutal pour cette tranquille communauté, d’autant que l’inspecteur-chef de la Sûreté du Québec, est perplexe. Est-ce que ça pourrait être autre chose qu’un bête accident de chasse. Mais qui pourrait souhaiter la mort de Jane Neal, une enseignante à la retraite qui a vu grandir tous les enfants du village. Le détective Armand Gamache se doute qu’un serpent se cache au cœur de l’Éden, un être dont les zones d’ombre sont si troubles qu’il doit se résoudre au meurtre. Mais qui ?

La grande première d’Armand
*Son petit secret c’était que…à la mi-cinquantaine, passé le
sommet d’une longue carrière qui paraissait en perte de
vitesse, il s’étonnait toujours devant la mort violente, C’était
une étrange réaction de la part du chef de l’escouade des
homicides… *
(Extrait)

C’est un livre intéressant mais qui ne fut malheureusement pas à la hauteur de mes attentes. Voyons voir le résumé : une vieille dame, enseignante à la retraite, Jane Neil est assassinée dans la forêt près du petit village de Three Pines, le cœur traversé par une flèche de chasse. Pourquoi une vieille dame aussi gentille? À qui le crime profite ? Ce sera un véritable casse-tête pour le plus singulier des policiers, l’inspecteur-chef Armand Gamache, qui ne se doute pas encore que d’autres cadavres vont se rajouter.

Ce qui m’a plu dans ce livre est le développement de plusieurs volets qui s’imbriquent parfaitement les uns dans les autres. Par exemple, Jane Neil ayant été tuée par une flèche, Gamache va commencer son enquête chez les tireurs à l’arc. Il y a justement un club de tir à l’arc à Three Pines et là vous devez vous attendre à un cours d’archer 101 que j’ai trouvé un peu long et redondant.

Il y a de bonnes idées dans ce récit. Des trouvailles. Je ne peux pas trop en dire évidemment, mais il faut voir ce que Jane Neil a fait des murs de sa maison et là encore, il faut s’attendre à un long palabre sur l’art et les couleurs. Je pense que l’intrigue est assez bien réussie mais elle est un peu diluée dans un étalage de détails et de connaissances. Mais je l’admets, c’est intriguant. 

J’ai été déçu par les personnages car il n’y a pas vraiment de distanciation entre eux. On dirait des clones. Pas de personnalité, aucun élément qui les rattache au lecteur. Ils sont plutôt froids, peu attachants. Les personnages plus intéressants sont ceux qui sont morts. J’ai trouvé très fort par exemple le profil de Jane Neil et effectivement, les auditeurs se poseront forcément la question : À qui le crime profite ? Et ce n’est pas simple.

Quant au héros de l’histoire, Armand Gamache, Je m’y suis très peu fait : plus grand que nature, surfait, surévalué, très cultivé, habillé bizarrement, un peu déjanté, excentrique mais politiquement correct. Il régule à lui seul le rythme de l’histoire, souvent lent, parfois accélérant. J’ai de la difficulté avec ce genre de personnage plastique. Je recommande tout de même ce livre parce qu’il développe avec finesse les cachotteries typiques de petits villages ou de petites communautés. Des petits bourgs où tout le monde connait tout le monde et où, automatiquement, tout le monde en sait trop…

Suggestion de lecture : LES PENDULES, d’Agatha Christie

Louise Penny, née le 1er juillet 1958 à Toronto, est une
femme de lettres canadienne surtout connue pour ses
romans policiers. En 2011, elle demeure à Sutton au
Québec où se situe le décor des enquêtes de l’inspecteur
 québécois Armand Gamache de la Sûreté du Québec.
Les livres de cette série lui ont valu quatre fois de suite
(2007–2010) le prix Agatha pour le roman policier de
l’année qui se conforme au genre du whodunit dans le
style d’Agatha Christie. (Wikipédia)

Bonne lecture
Claude Lambert

le vendredi 15 décembre 2023

SIGNE DE VIE, de J.R. Dos Santos

*- Un signal ? Le numéro deux du Vatican afficha un sourire nerveux, comme si lui avait du mal à croire ce qu’il était sur le point d’annoncer. *
(Extrait : SIGNE DE VIE, J.R. Dos Santos, HC éditeur, 2018, 700
pages, papier. Version audio : Lizzie éditeur, 2019. Durée
d’écoute : 20 heures 8 minutes. Narrateur : Philippe Allard)

Les immenses radiotélescopes de l’institut SETI en Californie viennent de capter un signal inhabituel venu de l’espace sur la fréquence 1,42 GHz. Un signe de vie. La Nasa, l’Agence spatiale européenne et la CNSA en Chine préparent une mission internationale pour découvrir qui émet ce signal. En tant que cryptanalyste reconnu dans le monde entier, Tomás Noronha est recruté pour faire partie de l’équipe des astronautes qui seront à bord de la navette Atlantis. Loin de s’imaginer ce qu’ont déjà découvert les scientifiques sur la vie extra-terrestre, il plonge alors au cœur du plus grand mystère de l’univers. Le mystère de la vie.

 

À la recherche du premier contact
*Il m’arrive d’avoir envie de tout larguer et de ficher le camp.
-Et pourquoi vous ne le faites pas ?
C’est un jeu de
Patience Tommy ! Nous devons être conscients que des
décennies et des décennies peuvent s’écouler sans qu’on
ne trouve rien d’intéressant. Mais quand on captera
quelque chose, ce sera extraordinaire. Je veux participer
à cette découverte…*
(Extrait)

E.T. a téléphoné… <extrait>

Comme beaucoup de livres de J.R. Dos Santos, SIGNE DE VIE est un mélange de science-fiction, thriller et science vulgarisée expliquée dans de longs dialogues qui constituent autant d’intermèdes dans le roman. J’avais l’impression par moments d’être au banc de l’école et de suivre un cours de science. Quand on lit ou on écoute J.R. Dos Santos, il faut accepter cette réalité qui introduit, de façon fluide, la science, la philosophie, la théologie, le darwinisme et l’évolution, l’ufologie et j’en passe.

J’ai trouvé que l’effort de vulgarisation est magistral. J’ai appris ou compris beaucoup de chose, sur les mathématiques par exemple, le nombre pi 3.1415 suivi d’un tas de décimal, nombre sur lequel repose pratiquement la vie, l’évolution, la physique et évidemment, ce besoin très humain de scruter le ciel. Mais attention, si SIGNE DE VIE a une tendance manifestement documentaire, c’est aussi un roman à haute tension qui m’a accroché dès le départ alors que les immenses radiotélescopes de Seti captaient un signal inhabituel venu de l’espace.

Dès la conclusion à l’effet que le signal est intentionnel et donc qu’il y a signe de vie, les choses se précipitent, le rythme augmente, l’intrigue s’intensifie, les lecteurs-auditeurs deviennent captifs, mus par une brochette d’émotions rendues encore plus intenses par la performance extraordinaire du narrateur Philippe Allard pour la version audio.

Il y a donc signe de vie. Son interprétation est à l’effet qu’un vaisseau approche de la terre. Houston envoie une expédition pour le rencontrer. Les russes s’en mêlent. L’intensité dramatique est en crescendo et atteint son paroxysme au quatrième quart de l’ouvrage avec une surprise inattendue. Toute la finale est inattendue.

Ne vous attendez pas à un vaisseau spatial du genre Enterprise ou Independance day ou Rencontre du troisième type. En fait, ne vous attendez à rien. Laissez-vous aller car ce qui approche de la terre dans SIGNE DE VIE est simplement inimaginable. Donc en bref : livre très bien écrit et fort bien imaginé. Les personnages ne sont pas tous travaillés en profondeur, mais le personnage principal, Thomash Nohrona est très attachant et profondément humain.

Le rythme monte en flèche. L’ouvrage est fortement documenté et bien entendu, l’histoire est ventilée par des palabres scientifiques. Certains sont trop longs mais tous sont en accord avec l’esprit du texte et je les ai trouvés clairs et accessibles. Je vous suggère, même si vous n’aimez pas les sciences, de prendre le temps de bien écouter les dialogues. Personnellement je les ai trouvés passionnants.

Intégrer un documentaire dans un roman est un défi, mais le risque était calculé avec comme facteur-clé l’intensité de l’intrigue et surtout, une façon enrichie de définir et de comprendre la vie. Ce fut un précieux moment d’écoute pour moi.

Suggestion de lecture :  À L’INTÉRIEUR DES VAISSEAUX DE L’ESPACE, de Georges Adamski

Journaliste, reporter de guerre, présentateur vedette du 20H au Portugal depuis plus de vingt-cinq ans, Joseph Rodriguez dos Santos est l’un des plus grands auteurs européens de thrillers. La saga Tomás Noronha, traduite en 18 langues, s’est fait connaître en France avec La Formule de Dieu, vendue à près de 500.000 exemplaires (2 millions dans le monde) et dont les droits d’adaptation au cinéma ont été acquis par Belga Films.
Avec Signe de vie, il signe le 7e roman de la saga.

 

Du même auteur

Bonne lecture
Bonne écoute

Claude Lambert
le dimanche 3 décembre 2023

LES MONSTRES, le livre de Lauren Beukes

*Dans sa tête, tout était confus. Les souvenirs s’enfuyaient
 dans des recoins sombres tels des poissons d’argent. Mieux
valait les ignorer que de chercher à les attraper. *
(Extrait : LES MONSTRES, Lauren Beukes, à l’origine, papier,
Pocket éditeur, 1975, 609 pages. Version audio : Audible Studios
éditeur, 2015, durée d’écoute : 14 heures 10 minutes, narratrice :
Gaëlle Savary.)

Depuis qu’elle travaille à Detroit, département des Homicides, l’inspectrice Gabriella Versado ne s’était jamais trouvée face à une telle monstruosité : un jeune garçon mutilé, le haut de son corps mêlé aux membres inférieurs d’un cerf. Profondément remuée, Gabi se lance à la recherche du macabre sculpteur.
Pendant ce temps, sa fille, Layla, qu’elle délaisse trop souvent, se met en tête de débusquer des pervers sur Internet avec sa meilleure amie. Sa mère ne se doute pas un instant que l’adolescente est à deux doigts de tomber entre les mains du psychopathe, un fou qui se rêve artiste…

 

Un art glauque
*Gabriella s’accroupit à côté du banc. -Bob ! À son ton
urgent, il fait volte-face. Là ! elle désigne une fine éclaboussure
brune sur le plexi. -Il l’a tuée ici…en pleine rue…*
(Extrait)

La version audio de ce récit m’a particulièrement impressionné. C’est un chef d’oeuvre de performance vocale de la narratrice Gaëlle Savary. Elle a su actualiser et envelopper une histoire qui en avait grandement besoin, créant un registre vocal précis pour chacun des principaux personnages. La prestation est excellente en particulier pour le principal monstre de l’histoire, Clayton, un tueur psychopathe sans conscience.

Le récit a quelques forces. L’auteur frappe fort dès le départ avec le meurtre d’un enfant que le tueur a coupé en deux pour le fusionner avec un cerf. En général, les personnages ont peu de profondeur sauf peut-être celui de l’inspectrice principale, Gabriella Versado qui doit composer avec ce que je pourrais appeler la folie intelligente d’un tueur insaisissable.

Si je déleste le récit de son enquête des nombreux et ennuyants passages inutiles qui diluent l’intrigue, j’ai trouvé l’enquête intéressante, dirigée par un personnage créé pour faire preuve de courage et se débattre avec l’énergie du désespoir. Puisque je suis dans les forces, je signale enfin que la présentation générale est bonne : des chapitres courts, un ensemble bien ventilé avec un bon sens de l’intrigue.

Malheureusement, l’intrigue est affaiblie par une grande quantité de palabres inutiles, de dialogues vides. L’histoire est longue. L’intrigue est assez bien construite mais l’action est lente. Le fil conducteur est fragile. Le modus operandi du tueur force l’attention et laisse libre cours à l’expression de l’auteure, à savoir que plusieurs passages sont à soulever le cœur et la corde est sensible car parmi les victimes, il y a des enfants.

Ma plus grande déception est la finale qui m’a donné l’impression d’un parfait remplissage laissant supposer que le mal à l’état pur a besoin d’une enveloppe pour se répandre. C’est ainsi que l’auteure a introduit le paranormal ou le fantastique si vous préférez. J’ai l’impression que l’auteure n’avait pas prévu sa finale et qu’elle a improvisé. Autre questionnement : après la conclusion, c’est-à-dire la lecture du rapport de police, l’auteure annexe des extraits d’un forum fictif lié à l’histoire, extraits précédés et suivis de chiffres et du nombre de commentaires.

Je n’ai pas compris l’utilité de cette annexe. Encore du remplissage. Donc en résumé, l’histoire connait un bon départ mais ça se dégrade jusqu’à la conclusion qui est elle-même tirée par les cheveux. Pardonnez-moi ce cliché, mais les meubles ont été sauvés par la narratrice qui a fait un excellent boulot. Ça donne un tout probablement très supérieur à la version papier.

Suggestion de lecture : NÉBULOSITÉ CROISSANTE EN FIN DE JOURNÉE, de Jacques Côté

Lauren Beukes est née en 1976 à Johannesburg, en Afrique du Sud. Journaliste, scénariste, auteur de documentaires et de bandes dessinées, elle s’est fait connaître grâce à ses romans : Zoo City, qui lui a valu le prix Arthur C. Clarke en 2011, et Les Lumineuses, qui a reçu le prix British Fantasy en 2014. Depuis, elle a écrit Moxyland (2014) et Les Monstres (2015). Tous les ouvrages de Lauren Beukes sont publiés aux Presses de la Cité.
Pour tout savoir sur Lauren Beukes, visitez son site. Cliquez ici.

Notez toutefois que le site en en anglais.

Bonne lecture
Bonne écoute

Claude Lambert
le dimanche 12 novembre 2023