NATIVE, livre 1

Commentaire sur
LE BERCEAU DES ÉLUS
de LAURENCE CHEVALIER

*ISABELLE CASTELLANE !
cria l’inquisiteur dont la voix forte fit taire l’assemblée.
-Reconnais-tu devant le peuple les accusations de sorcellerie dont tu fais l’objet ? La femme fixa son bourreau franciscain d’un regard acéré puis toisa la foule massée autour d’elle. Ces gens qui souhaitaient sa mort et dont les yeux fiévreux révélaient le désir impatient d’assister à une exécution…* (prologue)

Extrait : NATIVE, tome 1 : LE BERCEAU DES ÉLUS, de Laurence Chevallier. Format relié : Independantly published éditeur, 2021, 430 pages. Format numérique : Black Queen édition, 2013, 432 pages. Support audio : Audible studio éditeur, 2021, durée d’écoute 9 heures 18 minutes. Narratrice : Ana Piévic.

Gabrielle est une lycéenne de 18 ans, dont une sale rumeur, lancée par son ex, a détruit toute vie sociale. Seule son amie, Olivia, reste fidèle à ses côtés, lorsque deux frères, aussi mystérieux qu’ensorcelants, débarquent au lycée. Gaby découvre alors l’existence des natifs, une élite d’êtres doués d’étonnants pouvoirs dont elle semble faire partie. Destructrice et tentatrice, Gabrielle n’est pas qu’une élue, c’est la seule en son genre…

La maîtrise du pouvoir

Ce livre est le premier opus d’une saga de sept tomes. Je n’ai lu que le livre 1. L’histoire ne m’a pas emballé. Elle est superficielle, manque de profondeur et est beaucoup trop axée sur le sexe à un point que l’histoire est diluée et le fil conducteur est tordu.

Toutefois, si vous passez à travers le premier quart du live, vous pourriez trouvez des éléments intéressants qui pourraient être prometteurs pour les autres tomes. Disons qu’une bonne partie du livre est constituée d’un vigoureux brassage d’hormones qui pourrait plaire au lectorat adolescent quoique j’hésite un peu à classer ce livre *littérature jeunesse* .

Ceci dit, l’autrice tente tant bien que mal, de mettre en place les éléments de la série. Avec l’arrivée des mystérieux frères Valériens dans son lycée, beaux, ombrageux et sexuellement attirants, Gabrielle découvre l’existence des natifs. Ce sont des êtres humains dotés de pouvoirs extraordinaires : télépathie, télékinésie, lévitation et j’en passe.

Gabrielle découvre qu’elle est elle-même une native et apprendra très vite que les natifs se reconnaissent et s’attirent sexuellement entre eux seulement. Prétexte évident de descriptions de nombreuses scènes torrides.

À travers les tribulations des lapins en chaleur, j’ai fini par mieux comprendre la légende des natifs, guerres de clans, lutte de pouvoirs, combats de coqs et au milieu de tout ça, une jeune fille qui se découvre native et dont les pouvoirs pourraient dépasser tout ce qui existe dans l’élite des natifs dont je vous laisse découvrir le but ultime.

Rien de neuf. Variation sur un thème connu. Je n’ai pas trop compris le choix du titre de la série : NATIF, quelle réalité ça représente exactement ?

En ce qui concerne les points positifs, avec les éléments mis en place dans LE BERCEAU DE L’ÉLUE, les prochains tomes s’annoncent meilleurs. Dans le premier quart, l’héroïne est d’une insignifiance navrante mais elle prend par la suite une place beaucoup plus marquante selon une intrigue à évolution en dents de scie. L’écriture est fluide, le style est intéressant.

Le mystère va s’épaississant. Quant à la finale…décevante sur le plan contextuel mais intrigante sur le plan de la continuité. Le fil conducteur est très instable du fait de l’omniprésence de scènes et d’allusions sexuelles.

Enfin, l’idée de base est bonne, il y a quelques trouvailles intéressantes. Je ne regrette pas ma lecture mais je n’irai pas plus loin dans la série.

Suggestion de lecture : LES AILES D’ALEXANNE d’Anne Robillard


L’autrice Laurence Chevallier


La série

Pour parcourir la série NATIVE, cliquez ici

 

Bonne lecture
Bonne écoute
Claude Lambert

le vendredi 31 janvier 2025

ÉTERNELLE ODYSSÉE

Commentaire sur le livre de
A.F. LUNE

*Les souvenirs prennent possession de moi et oblitèrent la réalité. Les cristaux mémoriels greffés dans mon cerveau libèrent images, sons, odeurs et sensations, et me les imposent en m’incarnant dans un autre présent. Le temps subjectif. La seule vraie mesure temporelle. Le problème quand cela survenait, c’est que tout me revenait avec clarté, mais en bloc. En quelques minutes, je revivais une compression de plus de trois mille ans de vie sur mes cinq millénaires d’existence. *

(ÉTERNELLE ODYSSÉE, A.F. Lune, format numérique, Noir d’Absynthe éditeur, 2019, 666 kb, 446 pages)

Harms Moyser est un soldat Lycaon engagé sur le Prétorien, vaisseau spatial amiral de la flotte humaine. Au cours d’une bataille contre les Enkidous, l’ennemi héréditaire de l’humanité, le vaisseau est happé par une tempête stellaire et doit se poser en catastrophe sur une planète inconnue.

L’équipage y découvre des hommes, au stade de civilisation antique, qui les prennent pour des dieux. Et si ces derniers n’avaient pas tort ? Un texte unique, au carrefour entre Planet Opera et Tragédie grecque, véritable relecture des mythes antiques où dieux et hommes sont les jouets d’un Destin implacable.

De Homère à Lune

ÉTERNELLE ODYSSÉE est une œuvre qui verse dans le plus pur style de la littérature de l’imaginaire. Ce n’est d’ailleurs pas l’imagination qui manque dans cette histoire qui est un mélange de science-fiction et de croyances, de fantastique et de décors futuristes sur lesquels plane l’apocalypse. Et il y a plus, dans ÉTERNELLE ODYSSÉE, la technologie et la mythologie s’imbriquent. Notez, ce n’est pas une première, Rick Riordan a fait la même chose avec son célèbre personnage Percy Jackson. Mais ici A.F. Lune va un peu plus loin.

J’’étais curieux de voir, tout au long de l’histoire, si TYPHON, le dieu titanesque, cruel et destructeur de la mythologie grecque, supposé fils de Héra, n’avait qu’à appuyer sur la touche <enter> pour déclencher la fin du monde. J’exagère à peine.

Nous sommes donc dans le futur et suivons Harms Moyser, appelé le NAIN par ses supérieurs. Mais ne vous y fiez pas. Le personnage est plus grand que nature, ombrageux, courageux, dont la force et le pouvoir iront crescendo dans le récit. Harms sert à bord du Prétorien, un vaisseau gigantesque qui, frappé par une tempête stellaire, assortie d’une faille temporelle doit se poser d’urgence sur une planète inconnue.

Harms et tout l’équipage seront perçus par les habitants comme des dieux. En sont-ils? Le récit vous réserve de belles surprises je crois car il est une montée graduelle vers une guerre des dieux dont Typhon fait partie d’ailleurs.

C’est un récit complexe. On y trouve les lycaons, Harms en est un, les <hommes vrais> les Enkidous, ennemis des lycaons et une brochette de dieux qui sont ou qui rappellent les divinités grecques. Il y a beaucoup de personnages. On s’y perd un peu car le fil conducteur est en dents de scie. Autre élément qui m’a déstabilisé dans la compréhension de l’histoire est que le passé, le présent et le futur s’entremêlent.

Il faut être attentif et ne pas craindre la relecture car le récit est riche et l’auteur nous entraine dans un très beau déploiement d’imagination. De plus, l’épilogue dévoile tous les mystères dans lesquels les lecteurs risquent de patauger. L’intrigue est bien développée, captivante. Certains passages sont merveilleux, d’autres plus erratiques.

Pour mon goût personnel, j’ai trouvé le personnage de Harms Oyster trop surréaliste, comme l’ensemble du récit d’ailleurs. Au fur et à mesure que Harms renforçait son pouvoir, il m’a semblé que l’histoire devenait un peu fantaisiste, manquait de crédibilité mais ce n’est qu’une question de perception. J’ai aimé cette histoire dans son ensemble et je la recommande. Je vous recommande toutefois de lire attentivement le prologue car sa compréhension sera essentielle pour vous permettre d’apprécier l’histoire.

Suggestion de lecture : PERCY JACKSON LE VOLEUR DE FOUDRE, de Rick Riordan

Rêveur éveillé, si Lune a une passion pour tous les genres de l’imaginaire, il nourrit un amour particulier pour la SF. Sa carrière militaire, faite de rencontres et de voyages entre Europe et Afrique, a constitué un vivier dans lequel il puise son inspiration. —- Les éditions Noir d’Absinthe publient dans les littératures de l’imaginaire : Fantasy, Fantastique, Science-Fiction et Horreur.

Nous brouillons cependant les genres avec délectation et, avec nous, les frontières deviennent muables et poreuses. Nous sommes des enfants de la nuit et préférons les livres en nuances, affichant avec orgueil leurs doutes et leurs ambiguïtés.

Bonne lecture
Claude Lambert
le samedi 25 janvier 2025

 

 

LES OISEAUX

Commentaire sur le recueil de
DAPHNÉ Du MAURIER

<Il cria en agitant les bras et les dispersa; comme le premier oiseau, ils s’envolèrent et disparurent par-dessus le toit. Il laissa vivement retomber la vitre de la fenêtre à guillotine et la ferma. -Tu as entendu ça ? dit-il. Ils m’ont attaqué, ils voulaient me crever les yeux. > Extrait : LES OISEAUX ET AUTRES NOUVELLES, Daphné Du Maurier, Albin Michel éditeur, 1953 et 1988. Édition de papier, 327 pages.

LES NOUVELLES :

Les Oiseaux : Sans raisons apparentes, des nuées d’oiseaux attaquent des maisons, puis un village. Les agressions s’étendent. La guerre aux humains semble déclarée.

Le pommier : Un veuf associe mentalement un vieux pommier de son jardin à son épouse récemment décédée. À côté du vieil arbre se trouve un jeune pommier qui rappelle à l’homme une fille qu’il a aimée. Le vieux pommier en voudrait-il à l’homme ?

Encore un baiser : Des aviateurs sont tués, supposément par une femme activement recherchée. Malheureusement, le héros de l’histoire s’est trouvé sur son chemin.

Le vieux : Près d’un lac, un homme observe à distance un vieux couple dont il est impossible de percer l’intimité jusqu’à ce qu’un évènement tout à fait inattendu renverse complètement l’observateur.

Mobile inconnu : Un détective privé enquête sur le suicide d’une jeune femme. Ce qu’il apprend est désarmant. Ce qu’il dira au père de la jeune suicidée est tout à fait inattendu.

Le petit photographe : une femme de la haute société mais tout à fait insignifiante, s’ennuie dans son couple. Pour mettre du piquant dans sa vie, elle prend un amant qu’elle va manipuler cruellement, pour s’amuser et passer le temps. Mais ça ne se terminera pas du tout comme elle l’espérait.

Une seconde d’éternité : Au retour d’une promenade, une femme ne reconnait plus sa maison et observe à sa grande surprise que la maison est occupée. La police l’emmène au poste. Personne ne semble reconnaître cette femme. Quelque chose a dû se passer pendant la promenade…

Au cœur de la nuit, le vent d’est cingle la falaise. Entre deux rafales, des nuées d’oiseaux cognent aux vitres. Mais ce n’est pas la peur qui les précipite avec une telle force vers le monde des hommes…

On retrouvera ici – et pas moins terrifiant – le récit qui inspira son chef-d’œuvre au maître de l’angoisse, Alfred Hitchcock.

Dans les autres nouvelles de ce recueil, l’horreur se fait plus insidieuse, le fantastique à peine étranger au réel. Il suffit d’un pommier à forme étrangement humaine, ou d’une ouvreuse de cinéma qu’un jeune mécanicien a envie de suivre après la séance…

La fiction que la réalité redoute

J’ai beaucoup aimé ce recueil. Les nouvelles ne m’ont pas toutes atteint de la même façon.

J’ai adoré ou simplement aimé mais aucun récit ne m’a laissé indifférent. Toutes les histoires sont imprégnées d’étrange, de mystère, de bizarre allant aux limites du surnaturel, du fantastique.

Dans chaque récit, j’ai particulièrement apprécié une petite touche d’inachevé, d’inabouti, parfaitement voulue par l’autrice. Mais elle nous laisse quantité d’indices, de clés…non pour nous permettre de résoudre le mystère mais plutôt de titiller notre libre arbitre, stimuler notre réflexion, bref nous équiper pour amener notre propre solution. Brillant.

Évidemment, la nouvelle la plus célèbre est la première : LES OISEAUX. Bien que cette nouvelle angoissante ait inspiré le célèbre film éponyme, je veux préciser ici que l’œuvre d’Alfred Hitchcok n’a pas grand-chose à voir avec la nouvelle de Daphné Du Maurier. Hitchcok s’est aussi basé sur autre chose, Un fait vécu mais explicable apparemment. Il faut lire la nouvelle car ce détail m’a sauté aux yeux.

Cela dit, LES OISEAUX occulte sensiblement les autres nouvelles et c’est un peu dommage car elles ont toutes sans exception un cachet particulier et attractif, en particulier UNE SECONDE D’ÉTERNITÉ qui m’a fait développer une forte empathie pour la pauvre madame Ellis et LE VIEUX qui m’a totalement pris par surprise.

J’admire la capacité de Daphné Du Maurier d’amalgamer aussi subtilement qu’habilement la psychologie et la conscience humaine en insérant à chacune de ses nouvelles ces éléments qui amènent le lecteur, la lectrice à plonger dans l’impossible, le hasard, la coïncidence…le surnaturel.

Brillamment écrit et fortement recommandé : LES OISEAUX et autres nouvelles de Daphné Du Maurier.

Suggestion de lecture : MALÉFIQUE LE POUVOIR DU MAL (roman du film) d’Elizabeth Rudnik


Extrait du film LES OISEAUX …voir les détails


L’auteure DAPHNÉ Du MAURIER

Bonne lecture
Claude Lambert
le samedi 18 janvier 2025

Un voisin étrange

Commentaire sur le livre de
FLORIAN DENNISSON

*j’AI ZOOMÉ SUR LES PETITES CAISSES. Sur chacune d’elles, il y avait une sorte d’autocollant carré, jaune et noir, sur lequel était imprimé un logo. Un logo que j’avais déjà vu auparavant. Un logo qui m’a toujours fait peur.

(Extrait : UN VOISIN ÉTRANGE, Florian Dennisson, livre 1 de la série HISTOIRES ÉTRANGES, Florian Dennisson et Chambre noire Éditeurs, 2019, version numérique, équivalence : 130 pages brochées, littérature jeunesse.)

  

Pendant les vacances de la Toussaint, Olivier Leroy pénètre sans en avoir le droit sur le terrain d’une des maisons de son village et fait une découverte étrange ayant peut-être un rapport avec l’une des énigmes les plus célèbres de l’Histoire. Le lendemain, un voisin bizarre vient s’installer en face de chez lui, dans une maison délabrée dont personne n’a jamais voulu depuis des décennies. Puni et ayant interdiction de sortir de chez lui, Olivier va avoir beaucoup de mal à mener son enquête et résoudre les mystères qui s’accumulent autour de lui.

 Olivier et les templiers

UN VOISIN ÉTRANGE est un roman court, léger, agréable à lire, un récit parfait pour introduire les jeunes au polar et pour les encourager à aller plus loin dans leurs lectures. Voici l’histoire d’olivier Leroy, un ado de 13 ans. Un jour, Olivier observe une pelleteuse tomber dans un énorme trou sur le terrain des Imbert, les voisins qui voulaient se faire construire une piscine. Une fois le terrain déserté, c’était plus fort que lui, Olivier s’y est aventuré et a découvert une grande quantité de caisses portant un drôle de dessin sur leurs côtés. C’était un sigle.

Pour sa curiosité, Olivier a été puni par son père qui lui interdit de sortir pendant plusieurs jours, mais décide tout de même de faire enquête avec l’aide de sa nouvelle amie Amanda. Le duo observe également un drôle de voisin dans de mystérieuses activités nocturnes dans sa grange.

Entre temps, la mère d’Olivier, qui est prof d’histoire, apprend à son fils que le sigle qu’il a observé sur les caisses est celui des templiers, un ordre religieux et militaire issu de la chevalerie du Moyen-âge, chargés de protéger les pèlerins sur la route de Jérusalem et ayant accumulé au fil du temps de fabuleuses richesses, jamais retrouvées à ce jour. Amanda et Olivier mettront ainsi à jour un inimaginable complot.

Brillante, l’idée de Florian Dennisson d’introduire dans son récit une notion d’histoire avérée, intrigante et de nature à stimuler l’imagination du jeune lectorat d’autant que l’Ordre des Templiers est encore de nos jours, entouré de mystère, de secrets et d’énigmes.

Les pré-ados et jeunes ados vont se reconnaître dans cette belle aventure et s’identifieront facilement à Olivier et Amanda. Ils découvriront dans ce petit livre ce qu’ils aiment en général : de l’intrigue, du mystère, du danger et surtout, la douceur et l’efficacité d’un bel esprit d’équipe et de l’amitié. Dans cet opus, tous les éléments sont réunis pour donner aux jeunes le goût de la lecture.

C’est un bon roman pour les jeunes qui pourrait être aussi un baume pour le cœur des adultes…à une condition toutefois, il ne faut pas le lire avec des yeux et un esprit d’adulte car vous y découvririez un sérieux manque de profondeur, qualité qui ne figure pas dans les priorités des jeunes lecteurs de 8 à 13 ans et c’est normal. Il faut bien commencer par le commencement. L’important est de lire.

Enfin, dans son livre, l’auteur a bien résumé l’histoire et l’objectif des templiers, mais j’invite les jeunes qui veulent pousser leurs recherches à ce sujet à consulter le dossier publié par Vikidia.

Suggestion de lecture : LE LIVRE QU’IL NE FAUT SURTOUT,SURTOUT,SURTOUT PAS LIRE, de Sylvie Laroche

DU MÊME AUTEUR


L’auteur Florian Dennisson

Bonne lecture
Claude Lambert

Le fantôme de l’opéra

Commentaire sur le livre de
GASTON LEROUX

Version audio

Le fantôme leur était apparu sous les espèces d’un monsieur en habit noir qui s’était dressé tout à coup devant elles, dans le couloir, sans qu’on puisse savoir d’où il venait. Son apparition était si subite qu’om eut pu croire qu’il sortait de la muraille. Et c’est vrai que depuis quelques mois, il n’était question, à l’opéra, que de ce fantôme en habit noir qui se promenait comme une ombre du haut en bas du bâtiment, qui n’adressait la parole à personne, à qui personne n’osait parler et qui s’évanouissait, du teste, aussitôt qu’on l’avait vu…

Extrait : LE FANTÔME DE L’OPÉRA, version audio, Compagnie du savoir éditeur, 2015. Durée d’écoute : 10 heures 43. Narrateurs : William Cros, Frédéric Chevaux, Florence Dupuy-Aleyrac, Philippe Colin, Patrick Blandin et Patrick Martinez-Bournat. Publié à l’origine en 1910 par l’éditeur Pierre Lafitte.

Des événements étranges ont lieu à l’Opéra : le grand lustre s’effondre pendant une représentation, un machiniste est retrouvé pendu. La direction doit se rendre à l’évidence : un fantôme ou un homme machiavélique hante le théâtre.

Certains affirment avoir vu le visage déformé de cet être qui ne semblerait pas être humain. Puis une jeune chanteuse, Christine Daaé incarne une Marguerite éblouissante dans Faust de Gounod. Effrayée, elle confie au vicomte Raoul de Chagny, secrètement amoureux d’elle, une incroyable histoire. La nuit, l’ange de la musique l’inspire et visite fréquemment sa loge. Cette voix est-elle celle du fameux fantôme, Erik, un être au visage hideux, réfugié dans son royaume souterrain, sous l’Opéra ?

Passionnément épris de la jeune Christine, il l’enlève et l’emprisonne dans son repaire des sombres profondeurs. Raoul de Chagny, aidé d’un mystérieux Persan, se lance à la recherche de la jeune femme. Il doit alors affronter une série de pièges diaboliques conçus par le fantôme, grand maître des illusions.

 ERIK LE DIABOLIQUE

   Malgré son indéniable côté lugubre et sombre, LE FANTÔME DE L’OPÉRA est une histoire d’amour. Il m’a semblé aussi que l’histoire avait un certain caractère gothique, ce qui n’est pas surprenant vus les mystères qui entourent le grand opéra de Paris. Nous l’avons vu plus haut, des évènements étranges ont lieu à l’opéra.

Ces manifestations suscitent peurs, craintes et superstitions. En effet, on pointe du doigt une mystérieuse créature qui a installé ses quartiers dans un des cinq sous-sols de l’opéra, là où personne ne s’aventure. Cette créature squelettique et au visage scarifié dépourvu de nez aurait comme vrai nom Erik mais on l’appelle aussi l’ange de la musique, le monstre tant sa laideur porte au dégoût et plus souvent, le fantôme de l’opéra.

Erik tombe en amour avec une starlette nommée Christine qu’on dit sublime dans son interprétation de Marguerite dans Faust de Gounod. Or le vicomte Raoul de Chagny est déjà amoureux d’elle quoique secrètement. Dans sa folie, le fantôme va jusqu’à enlever Christine ce qui provoque une montée aux barricades dont les acteurs auront à résoudre énigmes, imbroglios et mystères qui placent le récit aux frontières du policier et du genre fantastique.

Ce récit repose sur cette capacité extraordinaire de Gaston Leroux d’entretenir l’intrigue, de la manipuler, de la tordre, de l’intensifier ou l’adoucir à volonté laissant le lecteur dans l’expectative avec un irrésistible besoin de comprendre et d’aller jusqu’au bout de l’aventure.

Telle est la force du récit : la profondeur de son intrigue. Ceux et celles qui ont lu LE MYSTÈRE DE LA CHAMBRE JAUNE vont me comprendre plus aisément. Ne comptez pas trop sur les personnages. Personnellement, j’ai trouvé Christine un peu insignifiante, le vicomte m’a semblé avoir plutôt les allures d’un ado et le policier était rien de moins qu’énervant. Bref des personnages peu travaillés et pas vraiment attachants. Il est possible ici que Gaston Leroux ait été sarcastique car il était passablement critique de ses contemporains.

Je ne peux pas dire que ce roman m’aura marqué. Son départ et son rythme sont lents. Il y a des longueurs, beaucoup de déclamation, un peu de redondance. Malgré tout, comme dans LE MYSTÈRE DE LA CHAMBRE JAUNE, Gaston Leroux m’a attrapé dans ses filets avec une intrigue solidement bâtie.

D’autant intrigant, que le récit évoque, de façon voilée un mystère provenant des dédales sous-terrain de l’opéra Garnier à Paris. C’est un fait avéré qu’à l’époque, les moins nantis qui n’avaient pas accès au prestigieux opéra associaient les évènements suspects qui semblaient hanter l’opéra aux légendes. Habilement, Leroux nous laisse croire au fantastique et semble aussi habilement défaire ses arguments. C’est plutôt le lecteur qui est mystifié.

Je le répète, LE FANTÔME DE L’OPÉRA n’est pas pour moi une lecture marquante mais ça reste un grand classique de la littérature. Pour moi, il y a plus de pour que de contre et je suis heureux de connaître enfin l’histoire du FANTÔME DE L’OPÉRA.

Suggestion de lecture : LE MYSTÈRE DES JONQUILLES d’Edgar Wallace

À gauche, l’auteur Gaston Leroux. À droite un autre de ses livres LE MYSTÈRE DE LA CHAMBRE JAUNE que j’ai commenté sur ce site.  Cliquez ici

Bonne lecture
Bonne écoute
Claude Lambert

DANS LE LABYRINTHE

Commentaire sur le livre de
SIGGE EKLUND

Un soir de mai, dans une banlieue cossue de Stockholm, une petite fille disparaît mystérieusement de sa chambre. Après plusieurs jours d’investigations, la police en vient à soupçonner le père, Martin. L’intrigue de ce drame psychologique, tout entière tournée vers la reconstitution de l’instant précis de cette disparition, s’appuie sur une habile succession de flashbacks mettant en quatre personnages : Martin, l’éditeur talentueux accusé d’avoir violenté sa fille ; Tom, son mystérieux collaborateur à la personnalité inquiétante ; Asa, la mère, psychologue autrefois brillante qui s’enfonce dans une profonde dépression ; et Katja, l’infirmière étudiante qui semble cacher un sombre secret. 

*Katja sent son cœur battre encore plus vite. Elle se penche vers lui, aux aguets. En même temps, elle redoute déjà les prochains mots prononcés. Elle ne sait plus si elle veut vraiment entendre un aveu. Dans le lointain retentit la sirène d’une voiture de police. Martin est allongé, immobile sur le lit et fixe l’air vide. Après un long silence il dit : -J’ai fait quelque chose de mal. *
(Extrait : DANS LE LABYRINTHE, Sigge Eklund, Piranha éditeur, 2017, 517 pages en format numérique)

Quatre fois perdu dans une vie

C’est un huis-clos psychologique très dense, un peu glauque. Il n’y a pas beaucoup de personnages mais l’auteur exploite à fond le profil psychologique de chacun ce qui donne l’impression au lecteur de s’enfoncer dans un labyrinthe et rien n’est simple car si le labyrinthe a ici une valeur de symbole, il y en a aussi un vrai dans l’histoire.

Voyons les faits : Une petite fille de onze ans, Magda, disparaît mystérieusement de sa chambre. En plus de la police, quatre proches de la fillette participent aux recherches : Asa, sa mère, une psychologue dépressive, Martin son père, éditeur talentueux, très souvent absent, tom, son ambitieux collaborateur et Katja, l’infirmière scolaire qui a découvert ce que la petite fille cachait farouchement.

Tout au cours du récit, l’auteur pénètre profondément l’esprit de chaque acteur du drame au point que tout laisse à penser que Martin est coupable mais c’est mal connaître les effets d’un labyrinthe. L’auteur imbrique la psychologie de ses personnages dans un dédale d’introspection, d’analyse et de déductions qui permettent très peu au lecteur d’avancer.

Je crois avoir bien saisi l’idée de l’auteur mais j’ai été déçu par son développement. Quand il est question d’enfants dans un récit, ma sensibilité augmente de plusieurs crans or, dans cette histoire d’Eklund, je n’ai pratiquement pas senti, de la part de l’auteur, d’empathie pour Magda, peu ou pas d’émotion chez ses parents et à peu près rien sur la nature de sa disparition…a-t-elle simplement fugué? été Enlevée ? Blessée quelque part ou morte ? 

L’auteur se consacre sur la petite histoire secrète de chaque personnage. Je finirai par connaître le coupable bien sûr…et comme ça arrive souvent, c’est le coupable le plus improbable. Mais au fait, coupable de quoi. Allais-je le savoir dans la finale…? La vérité est que je n’ai jamais vraiment compris le véritable sort de la petite fille. La finale est opaque et ne m’a pas appris grand-chose. Il me manque des réponses. Je suis resté sur mon appétit.

Le livre comporte certaines forces comme l’alternance dans l’étude des personnages. Les sauts temporels que l’auteur n’a pas inutilement compliqués. Il faut quand même être concentré. Le lien avec le labyrinthe est bien exploité et je dois dire que l’écriture est très belle. Ça s’arrête là malheureusement. Je n’ai pu m’attacher à aucun personnage. Je les ai trouvés froids, tourmentés et centrés sur eux-mêmes laissant le lecteur à lui-même pour comprendre ce qui est arrivé à Magda.

J’ai trouvé ce roman noir, opaque, accusant des longueurs et manquant de rythme. L’ensemble est lourd et pas vraiment abouti. C’est la première fois que je suis déçu d’une lecture suédoise mais je m’y replongerai c’est certain.

Suggestion de lecture : L’EAU NOIRE, de Chloé Bourdon

On sait peu de choses sur Sigge Eklund. C’est un auteur suédois né en 1974. Il est scénariste (à ce titre, il a évolué à Los Angeles) producteur, télé, journaliste web et il est aussi un blogueur très suivi. DANS LE LABYRINTHE est son cinquième roman, traduit dans quatorze pays. Au moment d’écrire ces lignes, les autres romans n’étaient pas traduits en français.

Bonne lecture
Claude Lambert

le dimanche 27 octobre 2024

Cartes sur table

Commentaire sur le livre d’
AGATHA CHRISTIE

*-Si je voulais commettre un crime…> dit M. Shaitana…
-Je m’y prendrais de façon très simple. Des accidents se
produisent tous les jours…il haussa les épaules et prit
son verre de vin… il y eut un moment de silence… *
(Extrait : CARTES SUR TABLE, Agatha Christie, Librairie des
Champs-Élysées éditeur, 1939, papier, poche, 320 pages)

M. Shaitana est un excentrique collectionneur à l’air méphistophélique, il met toujours un point d’honneur à chercher l’excellence, que ce soit pour acheter une tabatière ou pour débusquer le parfait assassin. Et pour le prouver au célèbre détective belge, Hercule Poirot, il convie lors d’une soirée huit hôtes triés sur le volet :  u. Mais quand on entre dans la cage du tigre, celui-ci peut bondir et, au cours de la soirée, le rictus démoniaque de M. Shaitana s’effacera définitivement. C’est une erreur de laisser traîner des armes potentielles en présence d’aussi éminents spécialistes

 

Une nouvelle pause AGATHA
*-Voyons, laissez-moi l’examiner ! s’écria le médecin avec
impatience. Il ne s’agit peut-être que d’une syncope.
-Excusez-moi mais personne ne touchera le cadavre avant
l’arrivée du médecin légiste. Mesdames et messieurs,
M, Shaitana a été assassiné. *
(Extrait)

Je reste émerveillé par cette capacité d’Agatha Christie d’apporter à chacune de ses histoires une touche différente et de l’originalité. Je constate aussi avec bonheur qu’Agatha Christie n’a jamais fait de concession sur la place de la psychologie dans la résolution des énigmes. Voyons ce que nous avons ici. Un monsieur *je sais tout* excentrique, énigmatique et surtout diabolique, invite à un dîner suivi d’un bridge, huit personnes : quatre spécialistes du crime, et quatre criminels qui ont échappé à la justice.

Après le repas, les invités se lancent dans un bridge mais Shaitana reste dans le salon et semble assoupi jusqu’à ce qu’on se rende compte qu’il est mort, poignardé au cœur. Comme de juste, parmi les criminalistes se trouve Hercule Poirot, Comment Shaitana a pu être assassiné au nez et à la barbe de tout le monde. Pas d’indice, pas de preuve, pas d’idée. Même Poirot est déstabilisé…phénomène assez rare.

Pour faire avancer l’investigation, il y a deux possibilités : fouiller le passé de chaque suspect et faire preuve de psychologie. Comme le dit Poirot, *je mets cartes sur tables* , son idée étant d’analyser et de fouiller les attitudes, les comportements et la mémoire de chaque joueur pendant la partie de bridge. S’ensuivra, une extraordinaire chaîne de déductions qui déterminera le coupable le plus improbable.

Évidemment, je suivais un peu en arrière car je n’ai aucune notion de bridge mais, de la démarche du limier, j’ai pu saisir toute la force de la logique…logique qui va permettre à Poirot de résoudre beaucoup plus qu’un meurtre. L’intrigue est un peu complexe et oppose les méthodes de Poirot à celles de la police. C’est souvent comme ça. Certains dialogues sont trop longs, et l’enquête est compliquée. Mais j’ai trouvé l’ensemble bien ficelé et le dernier quart du récit fait place à de nombreux revirements.

Quant aux méthodes de Poirot et je pense aussi à un autre limier célèbre créé par Agatha Christie, Miss Marple, je reproduis ici un extrait de l’article que j’ai publié en septembre 2014 sur ce site :

 <Les deux célèbres détectives appliquent les grands principes du roman policier qu’Agatha Christie a collés à la réalité de l’ensemble de son œuvre, à savoir :
-Le crime peut-être expliqué par la personnalité de la victime comme celle de l’assassin.
-La recherche de mobiles est plus importante que celle d’indices dans la recherche de solution d’un crime.
– le coupable ne peut être démasqué qu’au terme d’une investigation, souvent psychologique, des antécédents de la victime.
-Très souvent la solution de l’énigme ne se trouve qu’après une recherche purement intellectuelle.
Donc Poirot et Marple sont le reflet fidèle de la mentalité littéraire de leur créatrice qui fait passer la solution des énigmes par une profonde compréhension de la psychologie des personnages.>

À lire donc : CARTES SUR TABLE, une autre très bonne idée d’Agatha Christie.

Suggestion de lecture : 17 NOUVELLES ENQUÊTES DE SHERLOCK HOLMES et du docteur Watson, d’Arthur Conan Doyle

Agatha Mary Clarissa Miller devenue Agatha Christie est une des romancières les plus appréciées de l’histoire de la littérature. Elle a vécu de 1891 à 1976. Auteure de 84 romans, une vingtaine de pièces de théâtre et de plusieurs recueils de nouvelles, elle a présidé à l’élaboration de règles de base pour un bon roman policier avec ses fameux détectives Hercule Poirot et Jane Marple qui ont une approche originale et hautement intuitive de la résolution d’énigmes. Évidemment, il y aurait beaucoup à dire sur la grande dame. La place et le temps me manquent mais pour en savoir plus sur la célèbre romancière, je vous invite à consulter le site internet  http//agatha.christie.free.fr/.

DU MÊME AUTEUR :
Pour prendre connaissance du livre audio DIX PETITS NÈGRES,
cliquez ici.
Pour lire mon commentaire sur À L’HÔTEL BERTRAM,
cliquez ici.

Bonne lecture 
Claude Lambert
le dimanche 12 octobre 2024

LES AVIDES

LES DOSSIERS BLACKWOOD, livre 1 de
GUILLERMO DEL TORO et CHUCK HOGAN

Alors qu’il appréhende un meurtrier déchaîné, l’agent Walt Leppo devient inexplicablement violent. Odessa Hardwicke, sa partenaire, n’a alors d’autre choix que de retourner son arme contre lui. La fusillade secoue profondément la jeune femme, mais la présence ténébreuse qu’elle pense avoir vue fuir le corps de son collègue décédé la trouble encore plus. Doutant de sa santé mentale et de son avenir au sein du FBI, Hardwicke accepte une mission apparemment sans envergure : trier les affaires d’Earl Solomon, un retraité du bureau de New York.

Parmi les premiers Noirs engagés par l’organisation dans les années 1960, ce dernier a dû intervenir au Mississippi lors de crimes raciaux dont le caractère maléfique résonne étrangement avec ce qu’Hardwicke vient de vivre. Il la met sur la piste d’un mystérieux personnage nommé Hugo Blackwood, un homme aux moyens énormes qui prétend être en vie depuis des siècles et qui est soit un fou furieux, soit le dernier rempart de l’humanité contre un mal indicible.

*Solomon enfouit son nez et sa bouche dans son coude. Blackwood, lui, n’avait pas l’air incommodé. La chair de l’homme, au niveau du cou, était presque noire de décomposition. Ses yeux étaient fermés, son visage allongé par l’agonie de ses derniers instants. La peau, sur ses poignets et sur sa gorge, avait été abîmée par le frottement des cordes. Mais Blackwood n’avait pas l’air intéressé par ses blessures. -Voudriez-vous m’aider à le retourner s’il-vous-plaît ? *

(Extrait : LES DOSSIERS BLACKWOOD, livre 1 : AVIDES, de Guillermo Del Toro et Chuck Hogan. Flammarion Québec éditeur, 2021, ISBN 978-2-89077-967-9, édition de papier, 385 pages, photo : Flammarion Québec, quatrième de couverture)

Du policier glauque au fantastique

Comme vu plus haut dans le quatrième de couverture, l’histoire suit Odessa Hardwick, une jeune agente du FBI mise à pied après une enquête ayant mal tourné et qui se retrouve confrontée à des phénomènes paranormaux. Les romans policiers qui font intervenir le paranormal ou la possibilité de paranormal sont courants en littérature et la roue n’a pas vraiment été réinventée ici.

Mais comme Del Toro et Hogan forment un duo d’auteurs que j’aime beaucoup, j’étais vraiment curieux de voir comment les deux plumes allaient se débrouiller avec le mélange de deux genres différents mais qui ont le mystère comme prise commune. Au début, j’étais vraiment plongé dans un thriller puis ça devenait de plus en plus étrange avec le développement de plusieurs temporalités. Donc, on est en présence de plusieurs trames narratives. Ça peut paraître mêlant et ça l’est pour certains passages. Mais c’est tellement agréable à lire.

Del Toro et Hogan sont vraiment deux auteurs talentueux et la conjugaison de leurs talents nous propulsent comme lecteurs dans une dynamique extraordinaire, spécialement quand on connait les goûts occultes de Guillermo Del Toro qui nous a offert entre autres chefs d’oeuvre, à titre de réalisateur LE LABYRINTHE DE PAN et HELLBOY.

LES AVIDES nous font donc plonger dans un univers glauque, sombre, angoissant. L’enquête est tissée serrée. J’ai développé beaucoup d’empathie pour l’agente Hardwick qui doit composer avec des phénomènes qui vont bien au-delà de sa compréhension : une entité qui trimballe sa malignité d’un corps à l’autre, mystères en série, avec une apparence de malédiction anxiogène qui positionne le lecteur aux frontières du paranormal. Mon attention ne s’est à peu près jamais relâchée.

C’est un livre prenant qui va au-delà du thriller, son atmosphère oppressante est une de ses grandes forces et témoignent de cette chimie particulière qui lie les auteurs et les lecteurs. La plume est fortement descriptive je crois bien que Del Toro, homme de cinéma y a mis tout son influence. Mais ici, la force a sa faiblesse, Tout ce qui touche au fantastique est parfois difficile à suivre dans cette histoire.

Autre petit reproche, l’histoire met un temps fou à démarrer. C’est irritant mais soyez patients. Persévérez même si la plume peut paraître parfois lourde. Le meilleur est à venir, Les personnages principaux sont bien approfondis mais les personnages secondaires ont été un peu négligés.

Qu’à cela ne tienne. Avec les Avides, j’ai affronté l’impossible…le genre de lecture qu’on n’oublie pas.

Suggestion  de lecture : LA MÉMOIRE DU LAC, de Joël Champetier


Les auteurs : Guillermo Del Toro (à gauche et Chuck Hogan)

À lire :

La biographie de Guillermo Del Toro
La biographie de Chuck Hogan 
article de presse

Du même tandem

Pour lire mon commentaire sur LA LIGNÉE, cliquez ici

Bonne lecture
Claude Lambert
le samedi 21 septembre 2024

 

GARE AUX FANTÔMES

AGATHA RAISIN
Enquête 14

Commentaire sur le livre de
M.C.BEATON

*– Aggie, il y a un mort là-dessous. Nous ne pouvons pas nous en aller comme ça.
– Comment sais-tu qu’il est mort ?
– Quand un homme gît sur le dos, le cou tordu, le regard fixe et vitreux, il y a dix chances contre une pour que ce soit le cas. *
Extrait, AGATHA RAISIN, enquête 14, GARE AUX FANTÔMES QUI VIVRA VERRA ! M.C Beaton, Albin Michel éditeur 2018, 326 pages. Version audio : Audible studio éditeur, 2018, durée d’écoute : 6 heures 25. Narratrice : Françoise Carrière.

Le nouveau voisin d’Agatha Raisin, Paul Chatterton, propose à Agatha Raisin d’enquêter sur la maison dite hantée de Madame Witherspoon, une vieille dame détestée de tous. Il se passe des choses inquiétantes dans cette maison et quand la vieille femme meurt dans d’étranges circonstances, Agatha met un point d’honneur à trouver le meurtrier.

 Très à l’anglaise

Voyons d’abord le contenu : Une vieille femme rêche et acariâtre se plaint que sa maison est hantée. Agatha Raisin saute sur l’occasion de pratiquer son activité préférée : l’investigation. En compagnie de son voisin, Paul Chatterton, elle offre à madame Witherspoon de capturer le fantôme. Hallucination ? Supercherie. Un jour, la vieille dame meurt dans des circonstances nébuleuses et madame Raisin décide de pousser son enquête beaucoup plus loin, au risque de piler au passage sur les pieds des policiers.

Peu de choses à dire sur ce quatorzième opus de la série AGATHA RAISIN. C’est rafraîchissant, léger agréable à lire, la version sonore est un peu déclamée et rappelle parfois la lecture d’un conte. Irritant par moment. L’idée de base est intéressante, le développement est passable. En fait, il n’y a rien de vraiment neuf dans ce livre. La série s’essouffle.

GARE AU FANTÔMES, comme les autres livres est très centré sur l’héroïnes, ses amourettes ambiguës, ses manières anglaises et elle a comme toujours, des problèmes avec les mauvaises langues. Chatterton, son copain pas sûr, type vieux garçon amène un petit quelque chose d’original à l’ensemble.

L’intrigue est faible, l’enquête policière n’a rien d’enlevant mais Agatha Raisin est parfois drôle à suivre. Ç’est un roman très léger. Ça se laisse lire mais par rapport à la série, c’est redondant, répétitif et prévisible. Il serait peut-être temps que l’auteure passe à autre chose.

Suggestion de lecture, de la même autrice : LA QUICHE FATALE


 L’auteure M.C. Beaton


UNE PETITE PARTIE DE LA COLLECTION

Bonne lecture
Bonne écoute
Claude Lambert
le samedi 3 août 2024

LES SEPT MORTS D’EVELYN HARDCASTLE

Le tout premier roman de Stuart Turton

PROMETTEUR…

*Rien de tel qu’un masque pour révéler la vraie nature d’une personne. * (Version audio par Lizzie éditeur, 2019. Durée d’écoute : 17 heures 15 minutes. Narrateur : Laurent Natrella. Édition de papier : Sonatine éditeur, 2017, 539 pages, format numérique : Sonatine éditeur, 2019, 467 pages 2383 KB)

Ce soir à 11 heures, Evelyn Hardcastle va être assassinée. Qui, dans cette luxueuse demeure anglaise, a intérêt à la tuer ? Aiden Bishop a quelques heures pour trouver l’identité de l’assassin et empêcher le meurtre. Tant qu’il n’est pas parvenu à ses fins, il est condamné à revivre sans cesse la même journée. Celle de la mort d’Evelyn Hardcastle.

*À quel point faut-il être perdu pour
laisser le diable vous indiquer votre chemin ? *
(Extrait)

C’est un roman complexe qui dénature l’espace-temps au profit d’un système qui ne sera dévoilé qu’à la fin, rien de moins qu’imprévisible, une finale fort intéressante mais qui manque un peu de saveur, ce qui n’est pas le cas du récit dans son ensemble alors que dès que vous croyez mettre la main sur un meurtrier potentiel, une chaîne d’évènements vous ramène à vos devoirs pour la simple raison que tout n’est qu’apparence comme dans SHUTTER ISLAND le livre célèbre de Dennis Lehane qui a entretenu dans son oeuvre une confusion savamment étudiée.

LES SEPT MORTS D’EVELYN HARDCASTLE n’est qu’une longue mystification. Reste pour vous à découvrir sur quoi elle repose. Drogue ? Surnaturel ? Machiavélisme ? Un amalgame peut-être. L’intrigue est profonde et complexe. L’histoire débute d’ailleurs presque sur des chapeaux de roues.

Un soir, à 11 heures très précises, Evelyn Hardcastle sera tuée. C’est Aiden Bishop qui est désignée pour découvrir le meurtrier et il n’a que quelques heures pour le faire. S’il ne réussit pas, il devra revivre la mort d’Evelyn chaque jour, sans arrêt, vivre chaque journée, qui sera toujours la même. Il n’y a qu’une solution pour sortir de ce cauchemar : fournir un nom à celui qu’on pourrait appeler le maître du jeu. Quand ce fut fait, je compris alors les motivations des mystificateurs et c’est là que j’ai consacré finalement l’originalité du roman : plus qu’un jeu, un défi pour l’esprit.

Turton entretient savamment le mystère et l’intrigue grâce à ses personnages bien modelés, travaillés en profondeur. Que ce soit le mystérieux docteur de Peste qui semble un intermédiaire dans cette histoire, ou l’énigmatique Hélene Hardcastle qui fût ma première suspecte officielle mais qui fut supplantée par la suite, ou le docteur Diggy qui semble en savoir très long ou monsieur Bell qui confirme un lien de la drogue avec cette histoire.

Dites-vous bien que, vous explorez un pavé bourré de phrases masquées, de non-dits, de liens obscurs et d’énigmes qui gagnent en épaisseur au fil du récit. Je me demande comment ce serait débrouillé Hercule Poirot, le célèbre détective créé par Agatha Christie dans un casse-tête *mille pièces* comme celui-ci. J’ai beaucoup aimé relever ce défi. Ça m’a bousculé, brassé même. Mais j’y ai pris goût.

Malgré tout, je déplore des longueurs, une grande quantité de personnages qu’il faut se remettre à l’esprit rapidement et une finale un peu molle mais le développement est impeccable. Pour son premier roman, je crois que Stuart Turnton s’est investi à fond. C’est prometteur.  Quant à la version audio, Beau travail du narrateur Laurent Natrella.



Pour en savoir plus sur Stuart Turton (ci-haut), cliquez ici.
Du même genre, commentaire sur BIBLIOCLO : le livre d’Agatha Christie À l’hôtel Bertram

Bonne lecture
Bonne écoute
Claude Lambert
le dimanche 28 juillet 2024