À TRAIN PERDU

Commentaire sur le livre de
JOCELYNE SAUCIER

Le 24 septembre 2012, Gladys Comeau est montée à bord du Northlander et on ne l’a plus revue à Swastika, qui n’est pas une ville, même pas un village, tout juste une bourgade le long du chemin de fer.

Commence alors l’errance, celle de Gladys et la mienne, car ceci est le récit du voyage de Gladys Comeau sur les rails du nord de l’Ontario et du Québec qui l’amèneront au sud, puis à l’ouest, ensuite à l’est, puis de nouveau vers le nord. Voyage erratique auquel personne n’a rien compris et qui a été suivi par nombre de personnes à partir du moment où la disparition de la vieille dame a été signalée.

Les témoignages sont nombreux, les opinions également, plusieurs l’ont blâmée, condamnée, certains l’ont qualifiée de monstrueuse. Il ne s’agit pas ici de faire son procès mais de suivre la fuite éperdue de Gladys sur les trains du Nord pour en cueillir les morceaux épars et y trouver ce qui peut en être la motivation. Car l’errance de celle qu’on a appelée « la femme de Swastika », si on en connaît maintenant les détours et revirements, a fait l’objet de maintes interprétations.

Extrait : À TRAIN PERDU, XYZ éditeur, 2020, édition de papier, 198 pages. Version audio : XYZ éditeur, 2020, durée d’écoute : 5 heures 50 minutes. Narrateur : Patrick Labbé

C’est sur un train qui sillonnait les régions reculées du nord de l’Ontario qu’est née Gladys. Avec sa fratrie et les enfants de la forêt côtoyés au fil des haltes, elle a vécu sur les rails des années de pur ravissement. A rencontré l’amour. Qu’est-ce qui a poussé cette optimiste forcenée, devenue une femme âgée, à se jeter sur un train puis un autre, échappant à toutes les tentatives pour la ramener à la maison ? La question obsédera ses amis proches et lointains, de même qu’un certain activiste des chemins de fer qui n’en démordra pas : quelqu’un, quelque part, doit savoir ce qui a conduit Gladys si loin de Swastika.

Le monde sur rails de Gladys

C’est un roman touchant, profond. À la fois chronique et drame psychologique. Il n’y a ni action, ni suspense, ni rebondissements. Un environnement enveloppant d’introspection que j’ai bien connu dans le livre précédent de Jocelyne Saucier : IL PLEUVAIT DES OISEAUX : un rythme très lent maintenu par le constant questionnement du narrateur sur le personnage principal que nous suivons. 

Gladys est née sur un train, mais officiellement elle vient de Swastika, même pas un village, un simple hameau des terres lointaines du nord-est québécois, reliées entre elles par la voie ferrée. Galdys est la mère de Lisanna. Une fille suicidaire qui est restée pour moi une énigme. Gladys a passé sa vie sur les rails, d’un train à l’autre. Elle y a fait beaucoup d’expériences, elle y a connu l’amour.

Je vous laisse découvrir le pourquoi de ce choix étrange et d’où vient cette appellation dérangeante de <Swastika>. Vous découvrirez également les <school trains>, des wagons aménagés en salle de classe qui amenaient l’instruction aux enfants de toutes races venus des forêts et des terres lointaines. Je sais qu’ils ont déjà existé, mais leurs présences viennent enrichir le récit de magnifique façon.

C’est un roman qui m’a ému et réchauffé. Il s’en dégage de l’amour et de la résilience. Pour entrer rapidement dans la trame du roman, il faut faire la différence entre la vie qui coule et la vie qui s’écoule. Gladys est rongée de l’intérieur par le cancer. Voilà…c’est une femme dont la vie s’écoule et voit venir rapidement sa fin, qu’elle anticipe d’ailleurs et prépare mentalement…sur les rails au rythme du <touk-e-touk> mentionné souvent par le narrateur.

C’est un roman d’une infinie tristesse. L’histoire d’une errance dont il m’a été difficile de saisir le sens profond. D’ailleurs, tous les personnages du roman sont confondus sur les motivations de Gladys. C’est un roman à lire ou à ou à écouter sans attente. C’est un livre qui porte à réfléchir sur la fragilité de la vie et sur les choix souvent complexes que nous sommes appelés à faire.

J’ai aimé ce roman. Je l’ai trouvé bouleversant dans son originalité et émouvant dans la finesse de la plume. J’ai profondément ressenti l’errance de Gladys au point de m’imaginer moi-même dans une urgence de vivre au rythme du <touk-e-touk> et de partager son destin dramatique

Je précise enfin que j’ai écouté la version audio et je me suis laissé aller hors du temps sur la signature vocale excellente de Patrick Labbé dont la voix chaude et vibrante force l’attention.

Suggestion de lecture : L’ÉTRANGER, d’Albert Camus


L’auteure Jocelyne Saucier

DE LA MÊME AUTEURE

Pour lire mon commentaire sur IL PLEUVAIT DES OISEAUX, cliquez ici

Bonne lecture
Bonne écoute
Claude Lambert

le dimanche 2 février 2025

LE PETIT PRINCE

Commentaire sur la version audio du livre
D’ANTOINE DE SAINT-EXUPÉRY

*-Aaahh…Petit Prince, j’ai compris peu à peu ainsi, ta petite vie mélancolique. Tu n’avais eu longtemps pour distraction que la douceur des couchers de soleil. J’ai appris ce détail nouveau le quatrième jour au matin quand tu m’as dit : -J’aime bien les couchers de soleil ! Allons voir un coucher de soleil ! *

Extrait : LE PETIT PRINCE, édition anniversaire, livre audio par ADA, Vues et Voix éditeur, 2019. Durée d’écoute : 1 heure 58 minutes, narrateur principal : René Gagnon. Comédiens : Élizabeth Gautier-Pelletier, Catherine Renaud et Tristan Harey.

Suite à une panne de moteur, un aviateur doit poser son appareil en catastrophe dans le désert du Sahara. Cet aviateur, qui tente de réparer son avion est nul autre que Antoine de Saint-Exupéry qui se met lui-même en scène dans cette histoire. Tôt le matin, il est réveillé par une petite voix qui lui demande : « S’il vous plaît… dessine-moi un mouton ! »

 Indémodable

Magnifique adaptation sonore du conte universellement connu : LE PETIT PRINCE. Il a été publié en plus de 500 langues et dialectes à travers le monde. Je ne connais pas d’ouvrages autant traduits à part peut-être la bible. Il y a de bonnes raisons à cela. C’est un conte d’une douceur et d’une fraîcheur infinies.

L’histoire est très simple. Celui qui se raconte est nul autre que l’auteur lui-même, Antoine de Saint-Exupéry, un aviateur qui a dû poser son appareil en catastrophe dans le désert du Sahara.

Le lendemain de ce drame, Antoine est réveillé par une petite voix qui lui demande candidement *S’il-vous-plait…Dessine-moi un mouton*  (Extrait) Jour après jour, alors que l’aviateur tente de réparer son appareil, le Petit Prince lui raconte son histoire à partir du moment où il a décidé de quitter sa minuscule planète mère, l’astéroïde B612 pour explorer les étoiles et se faire des amis.

Je ne peux pas critiquer un chef d’œuvre pareil. On ne peut que se laisser pénétrer par sa chaleur et sa force d’attraction. Le petit Prince nous pousse en effet à retrouver l’enfant en nous, dont la pureté et l’innocence sont demeurés intactes.

Avec une simplicité et une tendresse désarmantes, LE PETIT PRINCE nous amène à redécouvrir le bambin toujours en couvaison dans notre cœur et qui détient une vérité à redécouvrir car elle est le sens de la vie.

Mon passage préféré est le dialogue avec le renard qui tient tant à être apprivoisé. Il met en lumière l’amitié, l’attachement, l’amour, la valeur de la vie.

LE PETIT PRINCE est avant tout une œuvre poétique et philosophique. Très accessible à tous, elle m’a atteint quand j’étais petit, elle m’atteint encore en tant qu’adulte.

Ce n’est pas une œuvre moralisatrice. Elle rassemble, avec l’extraordinaire sincérité du Petit Prince, tout un lot de valeur positives comme l’amitié, l’empathie et particulièrement l’ouverture d’esprit sans oublier le sens de l’émerveillement. LE PETIT PRINCE est aussi porteur d’une réflexion sur la solitude.

La version audio de cette œuvre est un véritable enchantement. La narration est superbe, les comédiens merveilleux. C’est une autre belle occasion d’introduire les enfants à la littérature, tout en douceur. Les parents passeront aussi un bon moment à faire la lecture du conte aux enfants, redécouvrant ainsi une des œuvres les plus marquantes de l’histoire littéraire.

Suggestion de lecture : LE PETIT PRINCE, LE ROMAN DU  FILM, novellisation, adaptation de Vanessa Rubbio-Barreau

Suggestion de lecture : LES CONTES DE NOËL, de Charles Dickens


L’auteur Antoine de Saint-Exupéry

Bonne écoute
Claude Lambert

Le samedi 1er février 2025