QUI DOIT MOURIR ?

Commentaire sur le livre de
DIANA URBAN

<La cloche me tomba presque des mains lorsque Sasha et Priya poussèrent un cri. Ma poitrine se comprima tandis que tout le monde regardait ce qui était posé sur le plateau, bouche bée… Une seringue… >

Extrait : QUI DOIT MOURIR, Diana Urban, Albin Michel Jeunesse, 2020, édition de papier, 480 pages. Version audio : Audible studios éditeur, 2020, durée d’écoute 9 heures 57 minutes. Narrateur : Hervé Carrasco.

On dirait le début d’une blague… La star du lycée, le super athlète, le meilleur élève, l’accro aux joints et le solitaire se retrouvent dans la même pièce. Ils ont été sélectionnés pour un dîner exclusif. Pour quoi ? Par qui ? La farce tourne au vinaigre. Au centre de la pièce se trouvent une bombe à retardement, une seringue de poison et le message suivant : vous avez une heure pour tuer l’un d’entre vous. Sans cela, vous périrez tous, dans cette pièce.

Pourquoi eux ? Qui les a piégés ? Alors que chacun cherche dans son passé ce qui le lie aux autres, l’évidence se dessine : ils cachent tous un secret… Un secret dangereux ? fatal ? Chacun tente de sauver
sa peau, mais la question reste. Qui doit-on sacrifier ?

MACABRE HUIS CLOS

QUI DOIT MOURIR est un huis clos noir, très addictif, bien construit et qui en dit long sur notre méconnaissance de la nature humaine. Mais voyons d’abord la trame. Sur convocation de la mairie, six personnes, des lycéens, se rendent à l’endroit indiqué en vue de l’attribution d’une bourse. Une fois dans la pièce prévue à cet effet, tout se referme derrière eux. Les voilà enfermés.

Au départ, cet emprisonnement a toutes les apparences d’une blague, mais les jeunes déchantent vite lorsqu’ils constatent la présence dans la pièce d’une bombe à retardement, 60 minutes pour être précis, d’une seringue contenant un poison mortel, la toxine botulique et d’un message court et glacial : <une personne parmi vous doit mourir>

Pour bien saisir l’ampleur du drame humain qui va se dévoiler jusqu’à un inimaginable gâchis à faire grincer des dents, il faut saisir la psychologie complexe des personnages qui est graduellement dévoilée grâce à des -chapitres flash-backs- qui alternent avec les chapitres se concentrant sur les évènements tragiques qui se déroulent dans la pièce close.

Voici un aperçu des personnages : Amber est la narratrice. C’est une musicienne à l’ambition modérée. Diego est l’intellectuel du groupe, dans le genre un peu effacé. Scott est le rebelle, dealer. Robbie est un sportif, garçon énergique. Priya est une fille plutôt solitaire et enfin il y a Sasha, égocentrique jusqu’au nombrilisme, narcissique et une habile manipulatrice. Pendant une heure, les secrets de chaque personnage vont s’imbriquer dans cette tragédie anxiogène et intrigante.

C’est un récit qui est venu me chercher rapidement à cause de la justesse de la description des évènements en vase clos car le caractère dramatique de leur situation poussera les jeunes à toutes sortes de bassesses à commencer par la nécessité ressentie de déterminer rapidement qui doit mourir, qui sera sacrifié. Dans un tel moment, on ne peut plus vraiment cacher sa vraie nature. Comprendre ce qui se passe est aussi un beau défi pour le lecteur : complot, canular, vengeance, blague, expérience ?

Dans son livre, Diana Urban redéfinit la méchanceté. Les personnages manquent de profondeur mais ce n’est pas un critère forcément recherché par les ados. Les sous-thèmes sont efficacement développés et suscitent une saine réflexion : harcèlement, manipulation et suicide des ados principalement. La finale est une longue justification, un peu ampoulée mais la tension dramatique et la surprenante découverte de la véritable nature d’un des personnages créent un filet qui saisit les lecteurs.

QUI DOIT MOURIR ?  Est un roman fort et dérangeant qui accroche et questionne.

En fait, si vous êtes comme moi, vous vous poserez sans doute la question qu’on aimerait mieux, au fond, éviter, à savoir : qu’est-ce que je ferais à leur place. Je crois que mes souliers seraient très, très petits. Je recommande donc ce roman. Il décoiffe…pas de doute.

Brièvement, un mot sur la version audio. Je ne l’ai pas aimée. Le narrateur n’a pas réussi à transmettre les émotions générées par l’histoire. Il narre presque comme si c’était un conte. Et puis dans l’histoire, c’est Amber qui fait la narration. C’est une fille. Pourquoi a-t-on choisi un homme pour la version audio. Mauvais choix à mon avis.


L’auteure DIANA URBAN


BONNE LECTURE
BONE ÉCOUTE
Le vendredi 29 novembre 2024

LE TEMPS DES SEIGNEURS

Commentaire sur le livre de
DAN BIGRAS

 * Mon père me bat, mais il m’aime. Il me montre souvent de l’affection pis de la tendresse. Il est une bombe à retardement. Il me fait peur…  Il m’enseigne la jungle. Fait que je suis en état de survie 24/7, mais j’ai de l’amour aussi… C’est pas mal mélangeant. *

Extrait : LE TEMPS DES SEIGNEURS, Dan Bigras. Édition de papier et format numérique: Québec Amérique éditeur, 2017, 336 pages, 3935 KB. Version audio : Audible studios éditeur, 2019, durée d’écoute : 10 heures 45 minutes, narrateur : Dan Bigras.

«Je cours, paniqué. J’ai encore été piégé par ma mère. À moins d’un miracle, mon père va me tuer à soir… J’ai beau courir, l’horizon s’éloigne et l’enfer approche à grandes claques, avec un verre de vin dans une main. Ma mère est en colère tout le temps. Contre le mauvais temps, contre les hommes en général, quoique « les hommes en général » ont l’air de ressembler beaucoup à son papa à elle et au mien… Elle est en colère contre beaucoup de choses, mais surtout contre moi. Je n’ai jamais vraiment su pourquoi.

C’est évidemment de ma faute, ça se peut pas autrement. Je suis très mauvais à l’école. Comme le trouble de déficit de l’attention (TDA) n’existe pas encore, ma mère croit que j’essaie de la rendre folle et honnêtement, quelquefois, c’est ce que je croirais à sa place.»

Avec LE TEMPS DES SEIGNEURS, Dan Bigras offre le récit cru, touchant et passionnant de ces vues sur le monde qui ont fait de lui le porte-parole des oubliés, des brisés. Dans la violence et la douleur, mais aussi dans l’amour, c’est avec tendresse qu’il retrace le fil de son long chemin vers la réconciliation.

La poésie de l’introspection
*Ça va être ma job de faire du sens de notre histoire,
de comprendre mes parents, mes Bigras, de ma
société pour trouver une paix…une vraie paix dans
le torrent de mes guerres…*
(Extrait)

J’avais l’impression d’être assis à une table avec Dan Bigras, devant une tasse de café fumant, sagesse oblige. J’écoutais le rocker québécois raconter son histoire sur un ton de connivence, chaleureux, intimiste. C’est ce que je retiens de cette écoute, que Dan Bigras se confiait à moi personnellement. LE TEMPS DES SEIGNEURS est l’autobiographie d’un homme au passé agité, malmené avec des hauts très élevés et des bas dramatiques.

Comment ne pas être attentif et concentré devant un tel dénuement. L’auteur se confie mais aussi se défoule dans un exercice qui a un petit caractère thérapeutique. Pour moi c’est important car cela donne le récit d’un homme authentique qui a un parcours de vie parfois tordu mais tellement riche d’enseignement.

Dan m’a fait oublier le temps qui passe avec, entre autres, beaucoup de passages porteurs d’émotions….des émotions qui m’ont brassé pas mal, en particulier la mort de son frère, ses relations familiales, sa rencontre avec Gerry Boulet qui fut d’abord une collaboration et par la suite une amitié cimentée, sa passion pour les arts martiaux, son déficit d’attention, ses nombreuses petites allusions aux seigneurs, c’est-à-dire les manipulateurs, exploiteurs, profiteurs, ambitieux et grands patrons cupides.

J’ai beaucoup aimé les passages où Dan Bigras évoque les moments de sa vie, nombreux, où il se sentait en étau entre le *gros Dan* et le *Petit Daniel* et les moments qui ont suivi la décision définitive de son abstinence, sans oublier son dévouement pour LE REFUGE.

Je n’ai que deux petits reproches et encore là, je ne peux pas vraiment reprocher à Dan d’avoir été lui-même mais j’aurais quand-même souhaité un petit peu moins de crudité dans son langage et un peu moins de sacres. Je ne suis pas puritain mais un peu moins de rudesse dans le langage n’aurait nui ni à l’oeuvre ni à l’identité de l’auteur. Je regrette aussi de ne pas en avoir su davantage dans la relation entre Dan Bigras et son fils. Il en parle peu et ne fait qu’effleurer la question.

Je n’ai lu aucun commentaire là-dessus mais ça m’a manqué. Donc j’ai beaucoup aimé ce récit, sa spontanéité, son authenticité, son ton de confidence et son humour aussi. En effet, Dan Bigras ne manque pas d’humour, un peu pince sans rire avec le genre qui, souvent, pointe du doigt. À l’écoute de ce récit, j’ai ressenti un mélange de joie et de tristesse et aussi de l’admiration et je me suis laissé enveloppé par les nombreux poèmes *semés à tout vent* dans le récit. Un très beau moment d’écoute, attractif et chaleureux.

Suggestion de lecture : LE MONDE DE BARNEY, de Mordecai Richler

Né le 23 décembre 1957 à Montréal, Dans Bigras est chanteur, auteur-compositeur, acteur, musicien et réalisateur. Son livre LE TEMPS DES SEIGNEURS est une nouvelle corde à son arc.

Quelques faits marquants : Il est fondateur de la maison de production Disques de l’Ange Animal, crée en 1994.  En 2008, l’année du 400e anniversaire de Québec, il est l’auteur et le lecteur de la dictée des Amériques. En 2017, il publie une autobiographie qui retrace sa vie. En 2018, lors de son spectacle Le show du refuge, il interprète avec succès la chanson Bring Me to Life du groupe américain Evanescence avec Étienne Cousineau.

 

Bonne écoute
Bonne écoute
Claude Lambert
le vendredi 21 juin 2024

LES RAISINS DE LA COLÈRE

COMMENTAIRE SUR LE LIVRE DE
JONH STEINBECK

*Un homme peut garder sa terre tant qu’il a de quoi manger et payer ses impôts ; c’est une chose qui peut se faire. Oui, il peut le faire jusqu’au jour où sa récolte lui fait défaut, alors il lui faut emprunter de l’argent à la banque. Bien sûr… seulement, vous comprenez, une banque ou une compagnie ne peut pas faire ça, parce que ce ne sont pas des créatures qui respirent de l’air, qui mangent de la viande. Elles respirent des bénéfices ; elles mangent l’intérêt de l’argent. Si elles n’en ont pas, elles meurent, tout comme vous mourriez sans air, sans viande. C’est très triste, mais c’est comme ça. On n’y peut rien. *

Extrait : LES RAISINS DE LA COLÈRE, John Steinbeck, version numérique, Gallimard éditeur 2012. Publié pour la première fois en 1939, 64 pages -poche-

Oklahoma dans les années 1930 : tout juste sorti de prison, Tom Joad rejoint sa famille. Surprise, la famille se prépare à partir. En effet, suite à une série de tempêtes de sable qui ont détruit toutes les cultures, la famille est contrainte d’abandonner la ferme. Attirés par des prospectus qui promettent travail et prospérité en Californie, ils investissent toutes leurs économies dans ce long voyage, empruntant la légendaire route 66 vers l’ouest. Bien qu’enfreignant les conditions de sa mise en liberté, Tom décide de partir avec eux.

Une œuvre Pulitzer

Une de mes meilleures lectures à vie

Nous sommes dans les années 1930, dans la grande dépression économique provoquée par le krach boursier de 1929 qui a semé misère, désolation, faillites et chaos. Nous suivons la famille Joad : Tom, le personnage central du roman, libéré sur parole, Pa le patriarche, Ma la matriarche, Al, le cadet de la famille et John, frère de Pa donc oncle de Tom et Al. Puis Noah, les enfants Rudy et Winfield, enfin Grandpa et Grandma, les aînés Joad qui meurent sur la route d’une espérance illusoire… Ajoutons à cela quelques personnages qui gravitent autour de la famille.

Les banques ayant repris toutes les terres déficitaires de l’Oklahoma, les Joad empruntent la légendaire route 66 pour gagner la Californie où, parait-il, il y a de l’embauche. Cruelle déception à leur arrivée : une énorme quantité de travailleurs pousse les salaires déjà scandaleux à la baisse, favorisant ainsi l’enrichissement éhonté des grands propriétaires terriens. Les grands rêves des Joad sont cruellement brisés et remplacés par une unique nécessité : survivre. La famille, en marge de l’éclatement sera rudement mise à l’épreuve.

LES RAISINS DE LA COLÈRE est un drame social d’une grande intensité, enveloppant et profondément humain. J’ai été ébranlé, touché, ému par la profondeur des personnages, comme je le fus pour la lecture d’un autre chef d’œuvre de Steinbeck : LES SOURIS ET LES HOMMES. Les Joad auraient pu être mes frères, sœurs, amis, collègues. J’ai souffert pour eux, tantôt triste, tantôt volontaire et insufflé de l’incroyable courage de Ma Joad.

Tels sont les effets qu’ont sur moi des personnages aussi attachants et authentiques. Pour utiliser un cliché aussi clair qu’explicite, j’ai été pris aux tripes par la sensibilité de la plume, la conscience sociale de l’auteur et le regard critique qu’il pose sur la société. Tout en douceur, Steinbeck insère dans son récit une philosophie qui colle à une réalité triste et encore très actuelle en commençant par sa définition de l’homme :

<…la faim dans une seule âme, faim de joie et d’une certaine sécurité, multipliée par un million ; muscles et cerveau souffrant du désir de grandir, de travailler, de créer, multipliés par un million. La dernière fonction de l’homme, claire et bien définie… muscles souffrant du désir de travailler, cerveau souffrant du désir de créer au-delà des nécessités individuelles… voilà ce qu’est l’homme. > Extrait

Le récit est porteur d’une profonde réflexion sur la faim qui fait encore souffrir de nos jours : <… et la colère commence à luire dans les yeux de ceux qui ont faim. Dans l’âme des gens, les raisins de la colère se gonflent et mûrissent annonçant les vendanges prochaines. > Extrait. Les raisins symbolisent la dignité par le travail, un cri du corps et du cœur. Ce livre de Steinbeck est un chef d’œuvre immense qui n’a jamais vieilli.

Très léger bémol : j’ai trouvé la finale un peu étrange. Comme si l’auteur mettait son récit en suspension, laissant à penser que l’histoire des Joad est une réalité qui perdure partout dans le monde. J’aurais aussi aimé être fixé sur le destin de Tom, personnage central de l’histoire qui disparait presque discrètement vers la fin.

C’est un livre magnifique, une véritable prose qui m’a fait ressentir de la tristesse, de la colère, bref toute une gamme d’émotions sans compter la nécessité d’une introspection et le goût d’un retour à la terre. C’est aussi un roman porteur de réflexion entre autres sur la famille. Le livre illustre dramatiquement sa fragilité.

Mon avis est qu’il faut lire absolument LES RAISINS DE LA COLÈRE, une œuvre qui ne laisse pas indifférente et qui analyse froidement une situation sociale préoccupante. Même si le livre a été publié pour la première fois en 1939, vous pouvez me croire quand je vous dis qu’il a conservé toute son actualité. J’ai adoré cette lecture. Elle m’a beaucoup touché.

 

En haut à gauche, l’auteur John Steinbeck. En haut à droite, une scène du film adapté du livre LES RAISINS DE LA COLÈRE sorti en 1940 et réalisé par John Ford avec Henry Fonda, Jane Darwell, Doris Bowdon et Charley Grapewin. Ci-contre, l’affiche du film.
En bas, couverture du livre qui a précédé de deux ans LES RAISINS DE LA COLÈRE et qui fut aussi un best-seller : DES SOURIS ET DES HOMMES. Ce livre a fait l’objet d’un commentaire sur ce site. Pour le lire,
cliquez ici.

Bonne lecture
Claude Lambert
le dimanche 16 juin 2016

 

MAUDIT KARMA, de David Safier

*Le jour où je suis morte n’a pas vraiment été
une partie de plaisir. Pas seulement à cause
de ma mort. En réalité, celle-ci est péniblement
arrivée bonne sixième dans la série des pires
instants de cette journée.*
(Extrait : MAUDIT
KARMA, Davied Safier, Presses de la cité/Pocket
2008. Édition de papier, 345 pages.)

Animatrice de talk-show, Kim Lange est au sommet de sa gloire quand elle est écrasée par une météorite. Dans l’au-delà, elle apprend qu’elle a accumulé beaucoup trop de mauvais karma au cours de son existence. Non seulement elle a négligé sa fille et trompé son mari, mais elle a rendu la vie impossible à son entourage. Pour sa punition, Kim se réincarne en fourmi. Et le pire reste à venir: de ses minuscules yeux d’insecte, elle voit une autre femme la remplacer auprès de sa famille. Elle doit au plus vite remonter l’échelle des réincarnations. Mais, elle devra revoir au passage la plupart de ses conceptions sur l’existence !

Le karma post-météorite
*La lumière m’enveloppa.
Douce.
Chaude.
Pleine d’amour.
Je la pris dans mes bras et entrai en elle.
Je me sentais si bien.
Tellement en sécurité.
Tellement heureuse.
Mon être commença à se dissoudre.
Tous mes souvenirs s’estompaient… *
(Extrait)

Le ton est donné dès le début du récit alors que le morceau de météorite que Kim Lange reçoit sur la tête et qui la tue sur le champ n’est rien d’autre qu’un lavabo, détaché d’une station spatiale entraînée accidentellement dans l’atmosphère terrestre. Au lieu de se désintégrer, le lavabo est tombé sur la tête de notre héroïne.

L’auteur laisse à penser au départ que le lecteur a en main un livre qu’il ne faut pas trop prendre au sérieux même s’il véhicule des réflexions et des questionnements très intéressants. J’y reviendrai. Voici donc l’histoire de Kim Lange, une présentatrice de télévision au sommet de sa gloire, égocentrique et très centrée sur sa carrière au détriment de sa fille Lilly et de son mari, Alex, qu’elle trompe soit dit en passant avec un beau tombeur appelé Daniel Kohn.

Affaiblie par un mauvais karma, Kim renaît dans le corps d’une fourmi et comparait devant Bouddha…et oui, LE Bouddha qui a atteint le Nirvana. Dans cette histoire, le bienheureux philosophe servira de répartiteur pour envoyer Kim Lange d’une vie à l’autre.

Pour atteindre son objectif : regagner l’estime de Lilly et Daniel, Kim devra accumuler du bon karma en logeant dans le corps de différents animaux et ça pourrait aller plus loin. Elle sera aidée dans sa quête par Bouddha, un peu timidement. Toutefois, un célèbre aventurier aidera Kim beaucoup plus activement. Il s’agit de Casanova…LE Casanova…Giacomo Girolamo Casanova, célèbre écrivain vénitien surtout réputé pour son côté séducteur qui, par le plus pur hasard est aussi à la recherche de bon karma.

Pour nos amis, le chemin sera long, même dans la complicité et sera pavé d’aventures rocambolesques, de moments tendres, d’action, de tension, le tout teinté d’humour et de fraîcheur.

J’ai passé un beau moment de lecture. L’histoire est simple, un tantinet prévisible. Il y a beaucoup d’anecdotes, des trouvailles originales. C’est déjanté. J’ai trouvé la finale un peu simpliste. L’ensemble est un peu moralisant mais drôle. Comme je le dis plus haut, l’histoire pousse à la réflexion entre autres sur le pouvoir de l’amour et propose une petite carricature de la réincarnation.

La plume est un peu superficielle. L’ensemble est léger mais divertissant. Je me suis amusé même si l’humour est passablement revisité. On est loin de la trouvaille littéraire mais il faut prendre ce petit livre pour ce qu’il est : un objet de divertissement.

Je dirai en terminant que j’ai trouvé les citations de Casanova, en bas de page dans tous les cas, particulièrement drôles et stimulantes en lecture : -Qu’est-ce qui se passe ? -C’est cet idiot de Nils qui fait bruler les fourmis avec une loupe. Citation, MÉMOIRES DE CASANOVA : <…si je dois un jour avoir amassé suffisamment de bon karma pour revenir sur cette terre dans une forme humaine, je mettrai un soin tout particulier à botter l’arrière-train de tout garnement pourvu d’une loupe> Extrait.  Ça se laisse bien lire et ça arrache des sourires.

Suggestion de lecture : LE SECRET INTERDIT, de Bernard Simonay

Scénariste renommé, David Safier s’est imposé sur la scène littéraire allemande et internationale avec son premier roman, Maudit Karma, puis avec ses quatre autres romans : Jésus m’aime, Sors de ce corps, William !, Sacrée Famille, et Le Fabuleux Destin d’une vache qui ne voulait pas finir en steak haché. Tous ses ouvrages sont publiés aux Presses de la Cité et repris chez Pocket.

Bonne lecture
Claude Lambert
le samedi 6 avril 2024

ENFANCES DE POUSSIÈRE, de Karim Berrouka

<Elle hurle, appelant Siegmund à l’aide et ceignant son ventre
rond de ses deux bras. Dehors, le visage de la fillette s’est
métamorphosé en une gueule effroyable, bavant une mousse
carminée qui gicle et dégouline en longs filets pâteux sur ses
longs crocs gâtés.>
Extrait de la nouvelle COMME UN ANGE
GARDIEN, du recueil ENFANCES DE POUSSIÈRE de Karim
Berrouka, ActuSF éditeur, 2013, pages en imprimé. Format
numérique pour la présente. 1279 kb, Contient six nouvelles…

LES TITRES

-L’enfant rouge

-…comme un ange gardien

-Le piano

-Conjonction

-Clothilde court dans la forêt

-Ils sont cinq

Lorsque Marine met au monde son petit garçon, celui-ci est rouge. Mais vraiment rouge ! Et cette particularité va faire son cauchemar. Nombreux sont ceux qui voudront le disséquer, en faire un messie, un produit marketing ou un antéchrist à détruire… « L’Enfant rouge » est la première nouvelle d’un recueil qui déborde d’idées toutes plus farfelues les unes que les autres. Karim Berrouka convoque des cauchemars, des fantômes, des monstres et pire que tout, des hommes, pour nous faire rire, parfois jaune.

 

Un recueil d’idées folles
<Vénus se lève aussi et, d’un ton sec, pointe un doigt
péremptoire dans sa direction…Père Soleil intervient
une nouvelle fois. -Asseyez-vous tous les deux. Ça
suffit. Pluton, écoute un peu ta sœur ! -J’en ai marre
d’écouter cette vieille peau. C’est toujours moi qui
prends. Je sais bien que c’est la préférée.>
Extrait

Il suffit parfois d’une idée folle ou excentrique pour provoquer un sérieux questionnement. C’est comme ça que j’interprète ce recueil de nouvelles, sachant que je suis un peu à contre-courant. Ces nouvelles évoquent en surface des cauchemars, des fantômes, des êtres difformes mais l’ensemble fait très philo. Le schéma de pensée de l’auteur est complexe et ça transpire dans l’écriture qui porte, par conséquent, à de multiples interprétations.

Ces nouvelles sont porteuses de messages, de réflexion. Par exemple, la première nouvelle donne le ton : L’ENFANT ROUGE. L’histoire touchante de Marine qui met au monde un enfant ayant un signe distinctif très singulier. Il vient au monde…rouge…complètement rouge. C’est un cauchemar pour Marine qui voit toutes sortes de profiteurs se pointer pour des raisons mercantiles ou religieuses, ou pire encore, prophètes et gourous convaincus du caractère satanique de l’enfant qu’il faut donc tuer pour conjurer la malédiction.

Bien que dramatique avec une finale penchant légèrement vers le surnaturel, cette nouvelle porte à réfléchir sur le respect des différences et une vertu dont la Société a toujours été en carence : la tolérance.

Ma nouvelle préférée, celle qui m’a gratifié d’un frisson bienveillant s’intitule CONJONCTION. C’est une conférence entre les planètes. Je parle des astres et non d’ambassadeurs. Cette conférence se tient un peu à la manière d’une réunion de famille présidée par Père Soleil et réunissant des frères et des sœurs qui palabrent, se chicanent, mais s’aiment bien.

*-Problèmes, répond sèchement Vénus. On sait. Tu as toujours des problèmes. -Et qu’est-ce que tu faisais ? L’interroge Mercure, d’un ton glacial. Ton excuse cette fois-ci ? -Je… Je… – Tu quoi ? Lance Vénus avec mépris. Laisse-moi deviner… Je… Je… -Vas-y, dis-lui, ça lui fera plaisir, l’interrompt Neptune. T’as pas de honte à avoir. * (Extrait)

Mais quelle est donc cette planète si hésitante et en apparence timorée ? C’est la Terre, le seul membre de la famille à porter le poids de la vie sur ses épaules. J’ai trouvé remarquable cette espèce de débat imaginé par l’auteur sur le destin de la terre…la Terre qui pleure. Est-ce vrai que, quand on perd un frère ou une sœur, c’est comme si on perdait une partie de nous-mêmes.

Les récits, dans l’ensemble, me portent à croire que le pire ennemi de l’homme est encore l’homme. C’est bien écrit mais comment décrire un univers délirant. Certains textes sont un peu difficiles à suivre tant leur structure est complexe. C’est le cas par exemple d’ILS SONT CINQ : Cinq prisonniers enfermés dans le néant…c’est le nom qu’on donne au pénitencier… la planète néant perdue au milieu de nulle part…ça vous dit quelque chose ?

Les textes de Berrouka parlent fort, ne craignent pas les idées tordues ou l’absurde. Mais ils exigent des lecteurs et lectrices de la concentration et une certaine ouverture d’esprit. La première nouvelle est d’un intérêt tel qu’il porte à continuer. Mais je dois le dire, j’ai eu par moment, du mal à m’accrocher. Il m’a fallu du temps pour me faire aux tournures de phrases. J’ai finalement convenu que l’ensemble était un assemblage d’éléments de réflexion. Ça m’a permis de passer à travers l’ouvrage, de l’apprécier et même de l’aimer.

Suggestion de lecture : NOUVELLES NOIRES, recueil de Renaud Benoit

Karim Berrouka, né le 26 mai 1964, a été chanteur et parolier du groupe punk Ludwig von 88 avant de se lancer dans l’aventure de l’écriture de science-fiction et de fantasy. Il a publié deux romans chez Organic et Griffes d’Encre, respectivement Cyclones et La Porte, avant de se résoudre à publier aux éditions ActuSF un recueil de nouvelles dont le titre fait un clin d’œil à Philip K. Dick : Les Ballons dirigeables rêvent-ils de poupées gonflables ? Avec son style délirant, Berrouka entraine son lecteur dans des atmosphères folles aussi bien que sombres, empruntant au passage à la fois à l’Oulipo et au surréalisme.

Bonne lecture

Claude Lambert

le dimanche 4 février 2024

ANNA ET L’ENFANT-VIEILLARD, de Francine Ruel

<C’est la deuxième fois que je vais à l’hôpital depuis
que je t’ai parlé. L’autre fois c’était… Un long silence
entre eux, un gouffre. -J’ai fait une tentative de suicide.>
Extrait : ANNA ET L’ENFANT-VIEILLARD, Francine Ruel,
Les Éditions Libre Expression, 2019, format numérique pour
la présente, 2 271kb, à l’origine : 140 pages.

« Plus que tout au monde, ce soir, elle aimerait se redresser pour atteindre l’amour de son fils, rejoindre son épaule, y déposer sa tête une seconde. Se hisser vers lui pour avoir quelques miettes d’amour. De l’amour sur la pointe des pieds. » Anna cherche à faire le deuil d’un enfant vivant. Elle ne sait plus quoi inventer pour sortir son fils de ce brouillard dans lequel il plane en permanence. Elle a l’impression d’errer dans un cimetière, sans corps à déposer en terre. Pourtant, tout était possible jusqu’à l’Accident. Un roman coup-de-poing, l’histoire d’une mère et de son enfant-vieillard.


Coup de poing, coup de cœur
<Lui qui doit combattre toutes ses peurs, lui qui lutte en permanence
contre un ennemi terrible logé en lui, celui qui l’a fait basculer du
côté obscur, alors qu’il n’a même pas d’amis ni d’épée pour se
défendre…Tout comme Mowgli, il cohabite maintenant dans la
jungle avec les loups, mais contrairement à E.T., il n’appelle pas
souvent à la maison.>
Extrait

Basé sur un fait vécu, ANNA ET L’ENFANT-VIEILLARD est un roman court mais très intense dans lequel, une mère, Anna, s’exprime sur le deuil qu’elle porte de son enfant, Arnaud, pourtant encore vivant. En fait, Francine Ruel exprime, à travers Anna, sa détresse face au choix de son fils de devenir itinérant, puis drogué et dépressif et tout cela malgré une enfance normale, et un père austère. Les raisons de ce choix d’Arnaud, le fils, se perdent dans une sorte de brouillard.

<Anna pense souvent que de grands pans dans le parcours de son fils s’écrivent entre parenthèses. Tout n’est pas dit, ni expliqué ni vraiment démontré. Les banalités du quotidien digressent dans les zones d’ombre.> Extrait   Le résultat est le même et il darde au cœur : <Le fils d’Anna n’est plus là. Elle le sait. Il est quelque part…engourdi, endormi, gelé… > Extrait    Tout le livre est centré sur les questionnements d’Anna et sa dure confrontation avec la réalité. Pourquoi ? Arnaud n’a-t-il pas été bien élevé, gâté, aimé ?

La résilience se prête peut-être à la reconstruction mais elle est loin d’être suffisante pour remettre le cœur à l’endroit. Ce récit met en perspective l’introspection d’une mère sur l’incompréhensible revirement de son fils et puis l’acceptation qui ne sera jamais totale finalement. Comme lecteur, j’ai voué une forte empathie pour Anna :

<À partir de quand baisse-t-on définitivement les bras ? Le combat est perdu d’avance ? Quand est-ce qu’on se résout à abdiquer irrémédiablement ? Anna, malgré la meilleure volonté du monde, est incapable de répondre à ces questions et de calmer son sentiment d’impuissance… Elle se sait responsable, du moins en partie et elle cherche encore et toujours le moyen de sauver son fils. > Extrait

Je me suis beaucoup attaché à Anna et aussi à Arnaud, ce fils que j’ai moi aussi essayé de comprendre en projetant, le temps d’une réflexion, le sort de ce garçon vulnérable sur moi qui est aussi père d’un fils. Comment aurais-je réagi au revirement aussi drastique d’une bonne nature ? La plume de Francine Ruel m’a happé et remué. Le roman n’est pas long mais il est en équilibre.

L’auteure a évité le misérabilisme en évitant d’en faire trop. Mais la dureté du questionnement est inévitable et ça met à l’épreuve la sensibilité du lecteur et de la lectrice. J’aurais souhaité en savoir plus sur les relations d’Arnaud avec son père et les sentiments de celui-ci vis-à-vis de son fils. Il m’a semblé que ce sujet a été passablement occulté mais aurais-je mieux compris le choix d’Arnaud ? Pas nécessairement.

J’ai aimé ce roman. Il est sensible, désarmant, écrit avec le cœur et chargé d’émotions transmissibles. Il pousse à une profonde réflexion sur les imprévisibles épreuves de la vie et le courage qu’il faut pour les affronter. Une lecture que je ne suis pas prêt d’oublier.

<Depuis qu’il vit dans la rue, Arnaud a demandé à plusieurs reprises à sa mère si elle avait honte de lui. Une fois, Anna a eu le courage de répondre:   Honte? Non. C’est la vie que tu as choisie. J’ai plutôt hâte d’être fière de toi.> Extrait

Suggestion de lecture : LA CHAMBRE DES MERVEILLES, de Julien Sandrel

 

Francine Ruel « promène » son talent et son imaginaire depuis quarante ans entre le jeu, l’animation et l’écriture. Figure connue du petit et du grand écran, elle a interprété divers rôles dans des films et des séries télévisées, dont Scoop, qui lui a valu en 1993 un prix Gémeaux pour la meilleure interprétation dans un rôle de soutien.

En plus de sa carrière de comédienne, Francine Ruel a touché à tous les types d’écriture : pour la télévision, dans des émissions pour les enfants comme POP CITROUILLE et dans des dramatiques comme De l’autre côté du miroir, pour le théâtre, y compris une participation à la pièce Broue, pour le cinéma (La dernière y restera), pour la chanson (textes pour Louise Forestier, Marie-Claire Séguin et Marie Carmen).

En littérature, Francine Ruel a d’abord signé deux romans. Elle a également publié deux recueils de chroniques parus dans le quotidien Le Soleil (Plaisirs partagés et D’autres plaisirs partagés) et plusieurs romans, dont sa fameuse saga du bonheur, qui s’est vendue à près de 150 000 exemplaires.

Bonne lecture
Claude Lambert
le samedi 19 août 2023

 

LE GRAND SECRET, le livre de René Barjavel

version audio

*Pour un indien, la mort n’est pas un évènement
important ni déplorable. Ni celle des autres, ni la
sienne. La mort est seulement la fin d’une des
étapes successives du long voyage des
réincarnations. * 
(Extrait : LE GRAND SECRET, René
Barjavel, Pocket éditeur, 1974, version audio : éditions
Thélème, 2017. Durée d’écoute : 9 heures 42 minutes,
narrateur : Sylvère Santin)

Un couple séparé par un extraordinaire événement, est réuni dans des circonstances extraordinaires. C’est aussi l’histoire d’un mystère qui, depuis 1955, a réuni, par-dessus les oppositions des idéologies et des impérialismes, les chefs des plus grandes nations. C’est ce « grand secret » qui a mis fin à la guerre froide, qui a causé l’assassinat de Kennedy, qui a rendu indispensables les voyages de Nixon à Moscou et à Pékin. C’est le secret de la plus grande peur et du plus grand espoir du monde.

Le virus de Pandore
*Bahamba avait tué et incinéré les souris immunisées et
détruit à l’acide toutes les souches du JL3. Il avait écrit
à ses correspondants leur demandant de détruire par le
feu ou par l’acide le contenu de l’ampoule qu’il leur avait
envoyée ainsi que les animaux sur lesquels son contenu
avait déjà été expérimenté, cette souche virale s’étant
révélée excessivement dangereuse.*
(Extrait)

LE GRAND SECRET est un petit chef d’œuvre d’anticipation, un roman uchronique issu de l’imaginaire de Barjavel. Je ne dévoilerai rien du GRAND SECRET évidemment, mais au risque de surmonter un ou deux irritants, je crois que vous ne serez pas déçu. Le récit commence très simplement.

Jeanne aime Roland d’un amour fou. Un jour Roland disparaît sans laisser de trace. Armée de son courage, Jeanne enquête…une longue investigation qui durera 17 ans et qui l’exposera à des risques énormes et des dangers de mort. Elle finira par apprendre que Roland fait partie d’un grand secret, isolé sur un îlot américain dont rien ne peut s’échapper, au risque d’étouffer la planète…

Ce grand secret pourrait expliquer le sort de John F Kennedy, l’urgence de la conquête spatiale, le rapprochement des États-Unis avec la Chine sous Nixon et j’en passe. Après avoir dépenser l’énergie du désespoir, Jeanne se voit accorder l’accès à l’île, un lieu paradisiaque dont elle ne pourra sortir.

Elle fera partie d’un petit peuple de près de 2000 personnes, victimes ou bénéficiaires du GRAND SECRET selon le point de vue de l’auditeur et de l’auditrice, car ce grand secret est à la fois l’expression du cauchemar et de l’une des plus grandes espérances de l’être humain. Intrigant n’est-ce pas? Moi je penche pour le cauchemar, heureux que le récit ne soit finalement qu’une fiction.

Il fallait Barjavel pour imaginer que les chefs d’état mettent de côté leur idéologie politique afin de s’entendre sur la protection obsessionnelle du grand secret. Donc nous avons ici une histoire en trois volets : premièrement, l’introduction de Jeanne et Roland unis par une passion amoureuse. Deuxièmement, la disparition de Roland et l’enquête de Jeanne, le dévoilement graduel du contenu du grand secret.

Troisièmement, la vie sur la fameuse île et l’incroyable technologie mise au point pour empêcher toutes fuites, humaine, animale ou végétale. Dans cet endroit isolé, il n’y avait pas de règles, pas de lois. On faisait ce qu’on voulait quand on le voulait. La vie coulait…longue…très longue :

Dans la lumière bleue de la nuit, Annoa couchée pieds nus sur l’herbe, gémissait et criait. Et Han, debout près d’elle, appelait au secours, appelait tout le monde. De tous les points de l’ile, les garçons et les filles, nus, accouraient vers le cri. Il s’agenouilla au côté d’Annoa, et lui prit son pied..-C’est notre enfant qui vient ! dit Han. Elle, maintenant, elle savait et elle était prête.  (Extrait)  

L’île deviendra l’objet d’une très forte inquiétude mondiale et d’une réflexion sur la possibilité d’une annihilation totale du grand secret. J’ai trouvé cette histoire brillante, bien imaginée et bien développée. J’ai toutefois été gêné par certains irritants. Par exemple, les personnages ne sont pas vraiment bien travaillés.

La principale héroïne, Jeanne est certes courageuse, mais je n’ai jamais vraiment réussi à m’y attacher. En général, les personnages sont fades. J’ai été déçu aussi par la finale. Sans dire qu’elle est bâclée, disons qu’elle m’a laissé sur mon appétit.

Enfin, il y a la narration de cette histoire que j’ai trouvé un peu froide et dépourvue d’émotion. Mais qu’à cela ne tienne, je terminerai avec ce qui m’a semblé la plus grande réussite de l’auteur, celle d’avoir remanié des faits historiques avérés pour les lier au GRAND SECRET, faisant du roman une uchronie géniale. Malgré la faiblesse narrative, j’ai passé un beau moment d’écoute. Alors faites comme moi…osez..

Suggestion de lecture : LA CHANCE DU DIABLE, d’Ian Kershaw

René Barjavel (1911-1985) était  un écrivain et journaliste français principalement connu pour ses romans d’anticipation où science-fiction et fantastique expriment l’angoisse ressentie devant une technologie que l’homme ne maîtrise plus. Il sait aussi bien raconter les histoires d’amour que la fin du monde, et fait prendre conscience au lecteur de l’univers qui l’entoure au travers d’histoires passionnantes. (Source : Evene) Barjavel a publié plus de soixante livres.


Le narrateur Sylvère Santin

 

Le Grand Secret a été adapté en une mini-série, coproduction française-allemande-espagnole-canadienne réalisée par Jacques Trébouta sur un scénario d’André Cayatte, d’après le roman éponyme de René Barjavel, et diffusée en 1989 sur Antenne 2. Reproduit par la suite en cassette VHS.

Bonne écoute
Claude Lambert
le dimanche 11 décembre 2022

HOMO DEUS, livre de YUVAL NOAH HARARI

VERSION AUDIO

*Dans la salle de bain, l’humanité se débarbouille, examine
ses rides dans la glace puis, elle se prépare une tasse de
café et ouvre son agenda…voyons l’ordre du jour : le
programme a été le même pendant des milliers d’années :
La famine, les épidémies et la guerre ont toujours été en tête
de liste…*

(Extrait : HOMO DEUS, Yuval Noah Harari, édition originale, Harvill
Secker éditeur, 2015, 448 pages. Version audio : Audiolib éditeur,
2018. Narrateur : Philippe Sollier, durée d’écoute : 14 heures 48)

Que deviendront nos démocraties quand Google et Facebook connaîtront nos goûts et nos préférences politiques mieux que nous-mêmes ? Qu’adviendra-t-il de l’État providence lorsque nous serons évincés du marché de l’emploi par des ordinateurs plus performants ? Quelle utilisation ferons-nous de la manipulation génétique ? Homo deus nous dévoile ce que sera le monde d’aujourd’hui, selon les mythes qui le hantent.

À ces légendes concernant  les dieux, l’argent, l’égalité et la liberté, s’allieront de nouvelles technologies démiurgiques. Et que les algorithmes pourront se passer de notre pouvoir de décision. Car, tandis que l’Homo sapiens devient un Homo deus, nous nous forgeons un nouveau destin. Le nouveau livre audio de Yuval Noah Harari offre un aperçu vertigineux des rêves et des cauchemars qui façonneront le XXIe siècle.

Une brève histoire du futur
*Hisser les humains au rang des Dieux peut se
faire selon trois directions : le génie biologique,
le génie cyborg et le génie des êtres non-
organiques. *
(Extrait)

Ce livre est en principe une suite logique de SAPIENS de Harari. Harari y livre sa version de l’histoire globale de l’humanité et développe une philosophie qui place l’homme et les valeurs humaines au-dessus de toutes les valeurs. Cette philosophie qui a valeur de religion s’appelle l’humanisme, un principe global de la vie humaine qui se précarise dans HOMO DEUS au profit des nouvelles technologies.

L’humanisme pourrait bien être parqué dans une voie de garage par un autre phénomène qui prendra valeur de religion dans HOMO DEUS, c’est-à-dire le traitement des données et  l’omniprésence des algorithmes qui caractérisent le troisième millénaire. Ces protocoles technos vont jusqu’à penser à notre place. Ainsi, des méga-MACHINES comme Google ou Facebook nous connaîtrons mieux qu’on ne se connaît nous-même.

Je dois noter ici une faiblesse et un irritant. Il y a beaucoup de redondance dans HOMO DEUS par rapport à SAPIENS. De la redite. Mais comme le propos est extrêmement intéressant et dans ce cas-ci, une narration dynamique et persuasive, il faut considérer HOMO DEUS comme un complément d’information, une mise à jour pour utiliser un langage techno, des précisions sur la pensée de l’auteur.

Sapiens s’en tient à l’histoire et aux dérives de la Société. Dans HOMO DEUS, il faut faire très attention au sous-titre UNE BRÈVE HISTOIRE DU FUTUR. Ça fait vendeur mais il n’est pas tout à fait approprié. L’auteur ne fait aucune prédiction sur le futur de l’humanité, pas d’énigme à la Nostradamus ni pronostic.

Harari développe outille le lecteur pour lui permettre de développer sa propre interprétation de l’avenir en s’appuyant sur la force d’attraction et de pénétration des nouvelles technologies…la fameuse techno-dépendance qu’Harari appelle le *dataïsme*. Le terme *histoire du futur* m’apparait donc un peu fort.

J’ai été séduit par la pensée de Yuval Noah Harari, basée sur l’histoire et la science, un soupçon d’empirisme et une analyse de l’esprit humain. Moins spontané que SAPIENS, HOMO DEUS m’a néanmoins gardé continuellement en alerte par la richesse du propos, la déconstruction de vieux concepts humains et la quantité d’informations livrées, parfois surprenantes.

Je n’ai jamais eu le temps de m’ennuyer : *Au début du XXIe siècle, l’être humain moyen risque davantage de mourir d’un excès de McDo que de la sécheresse, du virus Ébola ou d’un attentat d’Al quaida * (Extrait) Plusieurs passages ont de quoi surprendre et poussent à la réflexion.

Le livre nous laisse sur un tas d’interrogation. C’est souvent le cas dans les essais. Mais HOMO DEUS contient suffisamment de *données* pour brasser les consciences :

*Pour l’américain ou l’européen moyen, Coca Cola représente une menace plus mortelle qu’AL quaida. (Extrait) … *Plutôt que de craindre les astéroïdes, c’est de nous que nous devrions avoir peur. * (Extrait) … HOMO DEUS est une prise de conscience de l’histoire en devenir.

HOMO DEUS est un essai qui nourrit la réflexion par son propos ajusté aux réalités historiques de l’homme. À ce titre, c’est un ouvrage précieux que je n’hésite pas à recommander, en particulier la version audio avec l’exceptionnelle performance narrative de Philippe Sollier qui me donnait l’impression de s’adresser à moi.

Suggestion de lecture : 8 HISTOIRES DU FUTUR, collectif de nouvelles

Yuval Noah Harari est docteur en Histoire, diplômé de l’Université d’Oxford. Aujourd’hui, il a remporté le  » prix Polonsky pour la Créativité et l’Originalité  » en 2009 et en 2012. Acclamé par Barack Obama et Mark Zuckerberg, son ouvrage Sapiens est devenu un phénomène international : traduit dans près de 40 langues et présent dans toutes les listes de bestsellers à travers le monde.

 

Sur les scènes de théâtre Philippe Sollier a joué Goldoni, Marivaux, Labiche, Tchekhov, Strindberg, Wesker… des spectacles pour enfants et des spectacles de clown. À la télévision, il a participé à de nombreuses séries, notamment policières, des téléfilms et un documentaire-fiction Otages à Bagdad. Il prête sa voix à grand nombre de documentaires, téléfilms étrangers ou dessins animés.

Homo Deus est la suite logique de SAPIENS



Sapiens retraçait l’histoire de l’humanité. Homo deus interroge son avenir.

Bonne écoute
Claude Lambert
le dimanche 9 octobre 2022

 

LES CHRONIQUES DE LA FAUCHEUSE, Mickaël Druart

*…vous avez compris que chaque vie est un musée
qui dort en nous et réunit des pierres précieuses.
Chaque évènement, aussi insignifiant puisse-t-il être
constitue notre vie et en fait une grande œuvre.*
(Extrait : LES CHRONIQUES DE LA FAUCHEUSE,
Mickaël Druart, litl’book éditeur, 2018, format numérique,
et papier, 222 pages)

« Mortelles, Mortels, Peu avenante, la Grande Faucheuse jouit, depuis la nuit des temps, d’une réputation qui ternit, bien injustement, l’énergie d’hommes et de femmes qui s’évertuent, sans relâche, à prodiguer fauchages et agonies de qualité. Aussi, je vous prie de bien vouloir prendre connaissance, au travers du recueil qui suit, de leur quotidien, et des rencontres et péripéties qui le parsèment. Bien à vous, Josiane Smith, Secrétariat de la Grande faucheuse. P.S. : Pardonnez le sentimentalisme de ma secrétaire. Ce livre c’est mon best of, point barre. Vénérez-moi. Sa macabre majesté, La Grande Faucheuse. »

La mort qui narre
*Vous, mortels, qui aurez ce livre entre les amis :
il ne sera à vos yeux que l’invention d’un auteur
dont le nom n’aura été créé que pour couvrir mes
arrières. Peut-être, néanmoins, quelques puissent
être vos croyances, vous reconnaîtrez-vous dans
les pages noircies que je vous offre. *
(Extrait)

LES CHRONIQUES DE LA FAUCHEUSE est un enchaînement de 20 nouvelles pouvant se lire indépendamment mais l’ensemble est présenté sous forme de journal, avec comme thème central la mort, représentée dans l’imaginaire nord-américain par la faucheuse.

Selon wikipédia, Dans le folklore occidental moderne, la Mort est généralement représentée comme un squelette portant une robe, une toge noire avec capuche, et éventuellement avec une grande faux. La Mort est alors connue sous le nom de « la Grande Faucheuse » ou tout simplement « la Faucheuse ». Au thème de la mort s’ajoute un sous-thème non-négligeable : la transition vers l’après-vie qui suit la rencontre avec la faucheuse.

Ici, la mort est présentée comme une nécessité de la vie, un passage et surtout une institution avec son Président-directeur général : La grande Faucheuse, ses employés : les Faucheurs et Faucheuses, son bras droit Josianne, le classique des secrétaires indispensables et femme de l’ombre, un personnage récurrent dans tous les textes du livre.

Ce livre a été pour moi un véritable coup de cœur car il est porteur d’émotion, de tendresse et de délicatesse. Aucune violence ni approche négative. La mort n’y est pas présentée comme une finalité mais un passage qui donne tout son sens à la vie.

Il y a aussi une petite touche d’humour. Elle concerne dans la plus part des cas une dualité cocasse entre la Grande Faucheuse qui connait tout et Josianne qui ne connait rien et que le patron considère un peu comme une fainéante…elle qui est partout. Ce n’est pas méchant. En fait, il n’y a rien de méchant ou de négatif dans ce recueil. J’ai été touché et subjugué par la profondeur des textes. Chaque récit est une découverte.

Le thème est développé de façon décontractée, avec philosophie. Si la mort est démystifiée, la vie elle, est mise en valeur avec finesse subtilité et beaucoup d’imagination.

Une de mes nouvelles préférées raconte l’histoire de Clara White, capitaine d’un navire en perdition qui prend sous son aile un jeune garçon qu’elle appellera Elliot.

Pris dans une terrible tempête et sur le point de sombrer, le navire se met en marge du temps qui semble vouloir se figer pour permettre un dialogue. *-Je sais que notre mort prochaine et le miracle qui nous fait face doivent être mis de côté pour quelque chose de plus important. Alors, au travers du vent, je m’adresse dans un hurlement à la Capitaine médusée par la vague immobile. –Racontez-moi votre histoire ! * (Extrait)

J’ai compris alors que le jeune garçon n’était pas Elliot. Que pour mettre en perspective le meilleur d’une vie, la mort a besoin d’être touchée par elle. Au cours des récits, la mort prend différents aspects. J’ai trouvé intéressante la nouvelle sur le Tribunal des Morts. Chaque texte a un caractère particulier et dans tous les cas, l’auteur m’a accroché. Le livre n’est pas moralisateur mais il pousse doucement à réfléchir sur sa propre vie.

Chaque texte dégage comme une aura. J’ai trouvé tous les personnages attachants. Même la Faucheuse m’a semblé sympathique malgré ses airs de *je sais tout* prétentieux. Avec Josianne, la Faucheuse a donné à l’ensemble du recueil une agréable légèreté. Bien sûr, la mort reste un sujet grave mais la plume de Druart est tellement addictive qu’elle nous pousse à prendre cette nécessité avec philosophie.

Je trouverais même séduisante l’idée de rencontrer la Faucheuse à mon dernier moment pour jaser un peu et philosopher avec elle comme l’ont fait Clara White et Elliot dans la nouvelle intitulée LA FABULEUSE HISTOIRE DU PHÉNIX.

Il est rare que de dis ça d’un livre qui traitre de la mort, mais LES CHRONIQUES DE LA FAUCHEUSE m’ont fait du bien.

Suggestion de lecture : CHRONIQUES POST-APOCALYPTIQUES D’UNE ENFANT SAGE d’Annie Bacon

PROPOS AUTOBIOGRAPHIQUES DE L’AUTEUR
Professionnel de la petite histoire sur le coin d’une feuille, de la bonne idée nocturne oubliée au réveil, et des punchlines qui ne font rire que moi, je publie (malgré tout) mon premier livre aux Editions Boz’dodor en 2017. Aidé d’influences littéraires, cinématographiques et musicales, je crée depuis l’âge de sept ans des petites histoires qui ont conduit, à partir de seize ans, à la création de mes premiers romans.

Adepte des forums d’écriture, je finis néanmoins par m’essayer au format, plus adapté, de la nouvelle. Ainsi naissent les histoires d’une Grande Faucheuse cynique, de sa secrétaire, et du monde où se côtoient les âmes de défunts hauts en couleurs. Bref, les autobiographies, c’est pas mon truc.
Pardon pour tout. (Amazon)

Suggestion de lecture : LA MORT HEUREUSE de Hans Küng

Bonne lecture
Claude Lambert
Le dimanche 24 juillet 2022

Les chroniques d’une mère indigne, Caroline Allard

Livres 1 et 2

*Les chroniques rassemblées dans ce livre se divisent en deux catégories. Premièrement, il y a les situations dans lesquelles nous pouvons rire de nos enfants en général. Et, deuxièmement, il y a les situations lors desquelles j’ai moi-même ri de mes enfants en particulier.

Oui, du vécu ! Des trippes ! De la réalité authentique ! Que voulez-vous, ça vend de la copie et l’éditeur m’y a forcée. Ah, j’allais oublier : je ris aussi beaucoup des papas dans ce livre, mais chut ! ne leur en parlez pas. *

(Extrait, LES CHRONIQUES D’UNE MÈRE INDIGNE, tome 1, Caroline Allard, Les Éditions du Septentrion, 2012, total des deux tomes en édition numérique : 280 pages)

***

Changer des couches quinze fois par jour encouragerait les pensées impures? On pourrait le croire en lisant les aventures et les réflexions d’une mère de famille qui, après sept mois de congé de maternité, s’est soudainement révélée à elle-même et à la communauté virtuelle comme étant irréversiblement une mère indigne.

Depuis mars 2006, elle développe tous les aspects cachés, et parfois tabous, de la maternité: des pièges que recèle la préparation des fêtes d’anniversaire pour enfants au cauchemar d’endormir un bébé qui a la volonté plus arrêtée qu’un dictateur, en passant par les dessous nauséabonds de l’accouchement, rien ne leur est épargné.

Les Chroniques d’une mère indigne souhaitent démontrer aux parents qu’il est parfois bon de rire de la vie familiale et même de leurs enfants.

Un vent d’irrévérence
*Puis prendre un enfant par la main, comme disait
Yves Duteil, c’est tellement émouvant… Remarquez,
on pourrait aussi changer les paroles pour :
Prendre un enfant par le bras pour le sortir du IGA
s’il pète une crise devant le rack à bonbons
et qu’il prend ses parents pour des cons
…mais bon, on y reviendra sûrement… *
(Extrait LES CHRONIQUES D’UNE MÈRE INDIGNE 2)

Voici un livre assez divertissant dont l’auteure est une maman qui, au sixième mois de son congé de maternité se déclare Mère indigne, titre qui s’étend au papa et à la fille aînée dont les hormones semblent vouloir se réveiller assez tôt. Mère indigne utilise donc un blog afin d’étendre ses observations, expériences, remarques, exemples, annotations et réflexions à connotation souvent sexuelles et exprimées dans un langage à peine ganté :

*Écoute mon petit poussin. Moi j’ai des bébés qui sont passés par là. Deux. La madame, elle sait ce que c’est, avoir du gros trafic sur l’autoroute. C’est pas deux baguettes, aussi magiques soient-elles, qui vont épater une parturiente expérimentée. * (Extrait)

Langage direct mais relativement élégant. Ça donne une suite de deux petits volumes qui jettent un regard fou mais sans méchanceté sur le quotidien d’une maman. Ça n’a rien d’un récit à haute teneur sociologique mais ça pourrait vous faire sourire grâce à une plume légère et fluide empreinte d’une petite philosophie bon marché et beaucoup d’humour :

*Parce que Bébé, quand nous sommes à vélo se fait un malin plaisir de tirer sur l’élastique de mon short ET de ma culotte, de se pencher sur le résultat et de s’écrier : Ooooh, gô caca maman ! * (Extrait)

*Bébé lui, porte en permanence un filet de morve au nez, d’un vert qui n’a jamais été tendance. Il rechigne et produit encore plus de morve. * (Extrait)

Bien sûr le quotidien d’une maman ne se limite pas à la morve, au caca et à la bave. L’expérience s’étend bien au-delà de ces gluantes considérations. Il y a par exemple, les moments où maman a chaud : *Je suis tellement hot aujourd’hui que, si je mange de la soupe, c’est elle qui va se brûler. * (Extrait)

Autre exemple, peut être encore plus significatif…ces petits épisodes du quotidien où le silence parle vraiment très fort :
*Chéri, est-ce que tu fais une bêtise ?
<Oui. >
<Qu’est-ce que tu fais exactement ? >
 <Je ne veux pas te le dire. >

Pour faire court, je dirai que Caroline Allard fait une tournée assez exhaustive des émotions maternelles sous le couvert de l’humour…humour qui confine parfois au burlesque. J’ai trouvé que ça fait réaliste et authentique.

Nous avons donc une petite suite bourrée de moments cocasses et dans laquelle la maternité, loin d’être idéalisée comme on le constate souvent, est présentée comme une expérience de vie qui a ses hauts et ses bas. La marque indélébile le l’auteur : humour, irrévérence, auto-dérision, insolence. Tout le monde s’y retrouve, même le papa que je suis. Ça se lit vite et bien mais ça finit par s’oublier.

Les deux volumes, qui n’auraient plus faire qu’un, souffrent d’un peu de redondance et d’un soupçon de nombrilisme. L’humour y est calculé. Moi je préfère la spontanéité. Même raisonnement pour l’écriture. La plume met l’accent sur la dérision mise en perspective par un langage un peu précieux dans les circonstances. C’est un peu difficile d’y adhérer.

Mais allez savoir pourquoi, les chroniques ont un petit côté attachant et m’on fait l’effet d’un bon divertissement…avec un peu de mordant…

Suggestion de lecture : LES CHRONIQUES DE HALLOW, de Marika Gallman

Caroline Allard est une écrivaine et scénariste québécoise née en 1971 à Saint-Roch-de-l’Achigan dans la région de Lanaudière. Elle est l’auteure de LES CHRONIQUES D’UNE MÈRE INDIGNE. Ces chroniques ont commencé par un blog puis sont devenues un roman, publié en deux tomes et enfin une série Web sur la maternité et la vie de famille.

Carole Allard a aussi publié UNIVERSEL COIFFURE en 2012, un roman humoristique et LA REINE ET-QUE-ÇA-SAUTE, un roman jeunesse. En 2013, elle signe le scénario de l’album de bande dessinée LES CHRONIQUES D’UNE FILLE INDIGNE.

Bonne lecture
Claude Lambert
Le samedi 25 juin 2022