FINGERS

Une aventure de Lucky Luke par
Lo Hartog Van Banda et Morris

Extrait : LUCKY LUKE FINGERS, scénario : Lo Hartog Van Banda, dessins : Morris. Lucky comics éditeur, 2001, bande dessinée, 47 pages. Numérique et papier.


Lucky Luke apprend que cinq (!) Dalton viennent de s’évader. En effet, un habile prestidigitateur du nom de Fingers a participé à l’évasion des Dalton mais c’est aussi lui qui va permettre de les renvoyer en prison. Se prétendant injustement condamné, ce « gentleman cambrioleur » a besoin de l’appui de Lucky Luke pour son recours en grâce. Il obtiendra gain de cause mais Lucky Luke gardera un œil sur lui car ses mains échappent à tout contrôle !

 

Le parfait héros

J’ai adulé Lucky Luke pendant de nombreuses années. Je l’aime toujours mais mon intérêt a baissé d’un cran. Comme tous les inconditionnels de l’homme qui tire plus vite que son ombre, j’ai dû subir deux sevrages avec cette série de BD qui réussit à garder la tête hors de l’eau. D’abord, Morris a troqué la cigarette pur une brindille de paille. Je peux comprendre Morris, il ne faisait que devancer les exigences de la loi Elvin, adoptée au début des années 1980 en France et encadrant sévèrement la publicité sur le tabac. C’est un détail, loin d’être malsain mais je ne m’y suis jamais fait.

Autre sevrage important, le décès de Goscinny en 1977. Depuis ce jour, la série a perdu un peu de ses étincelles et a commencé à vieillir à mes yeux. La subtilité et la spontanéité de Goscinny manquent cruellement au scénario de FINGERS. Ça reste une bonne histoire, drôle par moment, pas désagréable à lire au contraire. Malheureusement, le personnage de Lucky Luke s’est affadit avec le temps. Il reste stoïque, sûr de lui mais il est devenu prévisible et sans éclat. Toujours vedette, mais d’une série essoufflée. Dans FINGERS, Luke est plus effacé, trop,  en fait, par rapport au prestidigitateur à qui le scénariste a donné des pouvoirs surdimensionnés

Morris, très différent aussi de son prédécesseur Uderzo a fait quand même de son mieux pour rehausser le scénario de Van Banda et a réussi à rendre l’ensemble plus rigolo. L’histoire de Lucky Luke est quand même extraordinaire.

Plus de 80 albums. Malgré une certaine baisse d’intérêt, j’ai apprécié la lecture de FINGERS. Je sens que je n’en ai pas terminé avec le <poor lonesome cowboy> car j’aime particulièrement l’environnement dans lequel il évolue, une espèce de carricature du far ouest qui m’a toujours fait rire.

À gauche, le scénariste Lo Hartog Van Banda, à droite, le dessinateur Morris, créateur de la série LUCKY LUKE

BONNE LECTURE
CLAUDE LAMBERT

Le vendredi 17 janvier 2025

 

LA SCRIBE, Antonio Garrido

Un poids lourd du Moyen-Âge :
Le christianisme

Franconie, an 799, à la veille du sacre de Charlemagne. Fille d’un célèbre scribe byzantin, Theresa est apprentie parcheminière. Contrairement aux jeunes femmes de son âge dont le rêve est de fonder une famille, elle n’aspire qu’à une chose : vivre parmi les livres. Mais un drame l’oblige à quitter sa ville et à se réfugier dans la cité abbatiale de Fulda. Là, elle devient la scribe du moine Alcuin d’York, véritable Sherlock Holmes en robe de bure. Alors que Theresa l’assiste dans ses enquêtes, elle découvre qu’à son insu elle a emporté dans sa fuite un précieux parchemin qui pourrait bien sceller l’avenir de la chrétienté…

*J’aime les romans historiques, d’autant qu’il y a un effort notable de documentation sur cette époque. On sent bien aussi la volonté d’apporter des rebondissements au lecteur et pourtant ça n’a malheureusement pas pris pour moi. Le ton didactique du moine-qui-sait-tout ? L’héroïne intelligente mais pas fut-fut ? Bref c’est dommage mais tant pis. *

(LA SCRIBE, Antonio Garrido, version audio, Audible studios, 2019, durée d’écoute : 16 heures 2 minutes. Édition de papier : Presses de la Cité 2010, 640 pages. Format numérique : Presses de la Cité, 2019, 587 pages 3435 KB)

Une page décisive du christianisme

L’histoire tourne autour de Thérèsa, fille du scribe Gorgia qui travaille sur un document de la plus haute importance et dont la vie est menacée. Thérèsa est apprentie parcheminière, mais elle deviendra, au fil des évènements, adjointe du frère diacre Alcuin d’York qui enquête sur des meurtres et divers évènements, tous liés au parchemin sur lequel travaille Gorgia : rien de moins que la donation de Constantin. Autant de mort et de souffrance pour la gloire des papes, représentant sur terre Jésus qui prêchait la pauvreté.

Sans trop le savoir, la jeune scribe tient entre ses mains le destin de l’occident et l’avenir de la chrétienté. Un rôle très lourd et très meurtrier. C’est une histoire lourde, complexe, au fil conducteur fragile parce que trop tentaculaire. Le regard sur l’histoire est intéressant mais manque de fini. Comme le dit l’auteur lui-même, un roman historique est avant tout un roman. Plusieurs passages sont exagérés et emphatiques. Les personnages ne sont pas d’une même profondeur, même Thérèsa, mais le frère Alcuin d’York est intéressant.

D’abord, Alcuin d’York (732-804) est un personnage historique authentique. Célèbre théologien, conseiller de Charlemagne sous l’empire, sa tutelle intellectuelle aura largement influencé une Europe en devenir. Mais dans le roman de Garrido, sa nature est un peu différente, plus obscure, pas très nette et très ampoulée.

Son raisonnement me rappelle un peu Sherlock Holmes et dans une moindre mesure, Guillaume de Baskerville, personnage central du livre de Umberto Eco LE NOM DE LA ROSE mais là s’arrête la comparaison, D’York étant loin d’avoir la pureté du célèbre franciscain enquêteur créé par le grand Eco. Le langage que Garrido prête dans son livre à Alcuin D’York est déclamé, long, prétentieux et très technique.

Trop pour un roman dont le centre est un parchemin capital pour la chrétienté. Il est vrai que même si ses déductions ne finissent pas de finir, elles entraînent les auditeurs/auditrices, lecteurs-lectrices dans une intéressante suite de rebondissements. C’est la principale force de l’œuvre à laquelle j’ajoute une excellente prestation de la narratrice Ana Piévic pour la version audio, qui a mis dans sa prestation force, cœur et talent…largement suffisant pour écouter ou lire le livre.

Suggestion de lecture : LA RELIGION, de Tim Willocks

Pour en savoir plus sur l’auteur, Antonio Garrido, cliquez ici.

Pour amorcer une recherche sur le christianisme, je vous invite à consulter le dossier wikipédia à ce sujet et à visiter le site de *ladissertation*.

Du même auteur

Bonne lecture
Bonne écoute
Claude Lambert
le samedi 23 novembre 2024

La rébellion des cornichons

Commentaire sur le livre de
MIKA

*Julie avait quinze ans. Elle était géniale ma sœur. Tout le monde l’aimait ! C’était une ado brillante et toujours souriante. Elle était mon soleil. Julia était une vraie combattante, une Viking ! Après plusieurs batailles, elle a perdu sa guerre. Il y a cinq mois, une saleté de maladie nous l’a prise. Un monstre appelé fibrose kystique. *

Extrait : LA RÉBELLION DES CORNICHONS, Mika, Bayard éditeur, collection Œil de lynx. Format numérique, 100 pages.

De la magie pour alléger un cœur

C’est un petit livre léger, rafraîchissant et franchement drôle. Les enfants de huit ans et plus auront, je crois, un plaisir fou à lire ce petit opus, surtout s’ils connaissent bien certains produits de consommation liés à l’alimentation. Vous allez comprendre. C’est l’histoire d’un garçon de 12 ans, Louis. Louis a perdu sa grande sœur, décédée à 15 ans des suites de la Fibrose Kystique. Depuis, il vit entre deux parents dysfonctionnels.

Pour s’éloigner de cette atmosphère malsaine, il passe des week-ends chez sa mamie qu’il adore. Un jour, Mamie demande à Louis d’aller à l’épicerie du vieux monsieur Casavant afin de lui rapporter des biscuits délectables à l’érable. Une fois sur place, le vieux commerçant l’entraîne dans l’entrepôt au sous-sol et Ho! Surprise, Louis y est enfermé. Ce faisant, Louis basculera dans un monde onirique où il connaîtra peur et émerveillement.

J’ai eu un plaisir fou à voir évoluer Louis entre Quaker <Monsieur Grau> et Ant Jemima, la spécialiste des crêpes, de le voir au milieu d’une chicane entre les biscuits durs et les biscuits mous, de se frotter à un géant vert et de tenter de suivre un caractériel du nettoyage, amateur de citrons, monsieur Net en personne. -Aaarrr ! non mais quel cornichon a osé salir mes planchers ? Il n’en fallait pas plus pour qu’une centaine de cornichons encerclent Monsieur Ménage. Les petits bouts vers et pustuleux semblent aussi très en colère. – Extrait.

Ça sent la revendication, car de toute évidence, les cornichons souffrent d’un manque de reconnaissance… <Nous ne sommes pas que des concombres ! Nous avons une valeur ajoutée ! Nous sommes marinés…> Extrait. Et dire qu’après cette extraordinaire aventure, mamie a demandé à Louis de faire une course à la pharmacie : <…je n’ai pas envie d’assister à un match de lutte entre un colosse rouleau de papier de toilette et un suppositoire géant. > Extrait.

Je ne suis pas sûr de pouvoir mettre un nom sur ce que Mika a voulu faire vivre à son personnage : illusion, rêve, rêve éveillé hallucination, magie ?

Ce que je sais, c’est que Louis a tiré une leçon de son aventure. Il a développé le courage du dragon. Bref : histoire courte au rythme assez trépidant. Louis est attachant et est inspiré par sa sœur qui le regarde du ciel. C’est plein de trouvailles, de bonnes idées. Reste à savoir si mamie aura ses biscuits délectables à l’érable. J’ai eu du plaisir dans la mesure où j’ai pu lire avec mes yeux d’enfants mais qu’à cela ne tienne, le sourire est garanti dans ce bref petit roman bien écrit et encore, avec beaucoup de sensibilité. J’ai même appris que le sirop d’érable peut faire des miracles. C’est court mais ça touche…osez !

Suggestion de lecture : BELLE SAUVAGE, de Philipp Pullman, de la trilogie de la poussière (littérature jeunesse)


Graphiste de formation, Mika a illustré une centaine de livres pour enfants et est aussi autrice à ses heures. En 2017, elle remporte un prix d’illustration pour le roman Chacun sa fenêtre pour rêver, décerné par le Salon du livre de Trois-Rivières. Toute petite, Mika était déjà fascinée par la littérature jeunesse. En plus de son amour pour les livres, elle ne peut vivre sans soleil et sans chocolat, mais elle ne doit cependant pas mélanger les deux, car c’est très salissant. (Québec Amérique)

POUR LES PETITS, DE LA MÊME AUTRICE

Comme lecture connexe, je vous invite à lire le dossier de MAD CANADA sur les enfants en deuil.

Bonne lecture
Claude Lambert
janvier 2022

Un voisin étrange

Commentaire sur le livre de
FLORIAN DENNISSON

*j’AI ZOOMÉ SUR LES PETITES CAISSES. Sur chacune d’elles, il y avait une sorte d’autocollant carré, jaune et noir, sur lequel était imprimé un logo. Un logo que j’avais déjà vu auparavant. Un logo qui m’a toujours fait peur.

(Extrait : UN VOISIN ÉTRANGE, Florian Dennisson, livre 1 de la série HISTOIRES ÉTRANGES, Florian Dennisson et Chambre noire Éditeurs, 2019, version numérique, équivalence : 130 pages brochées, littérature jeunesse.)

  

Pendant les vacances de la Toussaint, Olivier Leroy pénètre sans en avoir le droit sur le terrain d’une des maisons de son village et fait une découverte étrange ayant peut-être un rapport avec l’une des énigmes les plus célèbres de l’Histoire. Le lendemain, un voisin bizarre vient s’installer en face de chez lui, dans une maison délabrée dont personne n’a jamais voulu depuis des décennies. Puni et ayant interdiction de sortir de chez lui, Olivier va avoir beaucoup de mal à mener son enquête et résoudre les mystères qui s’accumulent autour de lui.

 Olivier et les templiers

UN VOISIN ÉTRANGE est un roman court, léger, agréable à lire, un récit parfait pour introduire les jeunes au polar et pour les encourager à aller plus loin dans leurs lectures. Voici l’histoire d’olivier Leroy, un ado de 13 ans. Un jour, Olivier observe une pelleteuse tomber dans un énorme trou sur le terrain des Imbert, les voisins qui voulaient se faire construire une piscine. Une fois le terrain déserté, c’était plus fort que lui, Olivier s’y est aventuré et a découvert une grande quantité de caisses portant un drôle de dessin sur leurs côtés. C’était un sigle.

Pour sa curiosité, Olivier a été puni par son père qui lui interdit de sortir pendant plusieurs jours, mais décide tout de même de faire enquête avec l’aide de sa nouvelle amie Amanda. Le duo observe également un drôle de voisin dans de mystérieuses activités nocturnes dans sa grange.

Entre temps, la mère d’Olivier, qui est prof d’histoire, apprend à son fils que le sigle qu’il a observé sur les caisses est celui des templiers, un ordre religieux et militaire issu de la chevalerie du Moyen-âge, chargés de protéger les pèlerins sur la route de Jérusalem et ayant accumulé au fil du temps de fabuleuses richesses, jamais retrouvées à ce jour. Amanda et Olivier mettront ainsi à jour un inimaginable complot.

Brillante, l’idée de Florian Dennisson d’introduire dans son récit une notion d’histoire avérée, intrigante et de nature à stimuler l’imagination du jeune lectorat d’autant que l’Ordre des Templiers est encore de nos jours, entouré de mystère, de secrets et d’énigmes.

Les pré-ados et jeunes ados vont se reconnaître dans cette belle aventure et s’identifieront facilement à Olivier et Amanda. Ils découvriront dans ce petit livre ce qu’ils aiment en général : de l’intrigue, du mystère, du danger et surtout, la douceur et l’efficacité d’un bel esprit d’équipe et de l’amitié. Dans cet opus, tous les éléments sont réunis pour donner aux jeunes le goût de la lecture.

C’est un bon roman pour les jeunes qui pourrait être aussi un baume pour le cœur des adultes…à une condition toutefois, il ne faut pas le lire avec des yeux et un esprit d’adulte car vous y découvririez un sérieux manque de profondeur, qualité qui ne figure pas dans les priorités des jeunes lecteurs de 8 à 13 ans et c’est normal. Il faut bien commencer par le commencement. L’important est de lire.

Enfin, dans son livre, l’auteur a bien résumé l’histoire et l’objectif des templiers, mais j’invite les jeunes qui veulent pousser leurs recherches à ce sujet à consulter le dossier publié par Vikidia.

Suggestion de lecture : LE LIVRE QU’IL NE FAUT SURTOUT,SURTOUT,SURTOUT PAS LIRE, de Sylvie Laroche

DU MÊME AUTEUR


L’auteur Florian Dennisson

Bonne lecture
Claude Lambert

LE RÊVE DE CHAMPLAIN 2

Deuxième partie de mon commentaire sur le livre de
DAVID HACKETT-FISCHER

Pour lire la première partie de mon commentaire, cliquez ici

Le 3 juillet, Champlain et ses hommes parcoururent un kilomètre et demi au-delà de l’île d’Orléans et parvinrent à un lieu que les indiens appelaient <Kebec>, c’est-à-dire <l’endroit où le fleuve se rétrécit>. Il y avait été cinq ans auparavant. Cette fois il jugea que le lieu est celui qui se prêtait le mieux à un établissement. La force de sa position capta l’œil du militaire en lui. Le promontoire élevé commandait toute la largeur du fleuve. Un fort bien armé pourrait de là contrôler toute la circulation sur le fleuve Saint-Laurent. Sur le promontoire se trouvait un secteur plat, parfait pour un poste de traite. C’est aujourd’hui la basse-ville du Vieux-Québec.

<Extrait :  LE RÊVE DE CHAMPLAIN, David Hackett Gisher, Boréal éditeur 2012, papier, 998 pages. >

Un ouvrage d’exception

La plume et Hackett-Fisher et son style littéraire m’ont amené à lire le livre comme un roman d’aventure avec très peu de temps morts et des illustrations qui parlent fort. Je connaissais déjà un peu Champlain l’explorateur, le cartographe, l’ethnographe, l’aventurier, le chef, le voyageur, le négociateur, l’ambassadeur. David Hacket Fisher m’a fait connaître et comprendre l’homme, l’humaniste : généreux, vertueux, Champlain adhérait à l’idée d’une Église Catholique universelle et avait les guerres et querelles religieuses en aversion.

J’ai trouvé ce livre fascinant car avec le Sieur de Champlain au cœur du récit, l’auteur passe en revue les grands moments de la conquête de l’Amérique par les français. Ce livre est le fruit d’une recherche colossale, fortement documenté. Non seulement une biographie fouillée, exhaustive, mais aussi accessible avec un petit côté initiatique.

Je n’ai décelé qu’un seul irritant dans ce monumental ouvrage. La question est de savoir comment donner à un personnage humble et pieux une image plus grande que nature. J’ai trouvé que l’auteur a magnifié un peu trop Champlain. À mon goût en tout cas…comme si tout était trop beau pour être vrai. Je vous rassure toutefois, la biographie est parfaitement en équilibre car dans les appendices, on apprend que Champlain ne manquant pas de détracteurs.

Mais force est de constater que plusieurs sources se contredisent, ce qui est sans doute normal pour parler d’évènements qui remontent à plus de 415 ans. L’ouvrage de Hacket-Fisher est extrêmement crédible mais laisse à penser que Samuel de Champlain demeure un personnage historique énigmatique.

Enfin, j’aurais souhaité que l’auteur ajoute à ses appendices une petite chronologie des évènements <post-Champlain> introduisant brièvement par exemple les rôles de Montcalm et Frontenac et parlant brièvement de l’engouement soudain des anglais pour la Nouvelle France. C’est très personnel remarquez bien. Le volume fait 900 pages et le quart de l’ouvrage est consacré aux appendices, notes et sources.

Bref, LE RÊVE DE CHAMPLAIN est un ouvrage remarquable qui a suscité en moi de belles émotions et un questionnement bien légitime : comment ma vie actuelle est-elle liée à l’œuvre de Champlain ? Fascinant. Rien de moins.


Samuel de Champlain <1567-1635>

Suggestion de lecture : L’HISTOIRE DU QUÉBEC EN 30 SECONDES, De Sabrina Moisan et Jean-Pierre Charland


L’auteur David Hackett Fischer

Le rêve de Champlain a été adapté en une série docu-fiction de six épisodes de trente minutes sur la vie de Samuel de Champlain. Elle est basée sur l’oeuvre épique de l’historien David Hackett-Fischer. <Idello>.  Télé-Québec et Canal Savoir ont figuré parmi les diffuseurs.

Bonne lecture
Claude Lambert
le samedi 26 octobre 2024

LE RÊVE DE CHAMPLAIN 1

Première partie de mon commentaire sur le livre de
DAVID HACKETT-FISCHER

Champlain a lutté pour la réalisation d’un rêve immense, un Grand Dessein pour la France en Amérique. Pendant trente ans, il a sillonné un territoire que se partagent aujourd’hui six provinces canadiennes et cinq États américains, tout en menant un combat non moins farouche contre les ennemis de la Nouvelle-France à la cour d’Henri IV.

Dans Le Rêve de Champlain, l’historien américain David Hackett Fischer brosse un portrait profondément renouvelé et fascinant de cette figure que l’on croyait familière et en fait ressortir les multiples facettes : le soldat, l’espion à la solde du roi, l’artiste doué, le cartographe de génie et le navigateur hors pair. <Boréal>

L’identité de l’homme lui-même étant si incertaine, c’est avec soulagement qu’on retourne au récit de ses actes.
Nous disposons ici d’une preuve abondante et il en ressort le personnage d’un découvreur unique dans les annales des grandes explorations. Tel un grand acteur bondissant d’un rôle de composition à l’autre, sa carrière foisonne d’énigmes.

<Extrait de l’introduction : LE RÊVE DE CHAMPLAIN, David Hackett Fischer, Boréal éditeur 2012, papier, 998 pages. >

De la Nouvelle-France à Québec

Samuel de Champlain étant mon personnage préféré dans l’histoire du Canada, lorsque mon frère m’a proposé de me prêter la biographie de Champlain écrite par David Hackett Fisher, j’ai sauté dessus comme on dit au Québec. C’est une brique savante de calibre encyclopédique, un magistral puits de savoir sur le plus illustre Père de la Nouvelle-France, Samuel de Champlain.

Le p’tit gars de la Saintonge a donné corps, âme, esprit, énergie et volonté à la réalisation de son rêve, faire du royaume du Saint-Laurent la Nouvelle-France pour la gloire de la France et du roi Henri IV. Il y a établi des colons, créé des alliances avec les indiens et exploré le vaste territoire du Saint Laurent, Tadoussac, Stadaconé, Trois-Rivières, Montréal, les Grands Lacs, et a pénétré dans l’actuel territoire des États-Unis.

En France, peu de gens croyaient au rêve de Champlain qui n’avait pas beaucoup d’alliés naturels, le principale étant le roi Henri IV. Mais lorsque ce dernier est mort, l’arrivée de Louis XIII, du Cardinal de Richelieu et la création de la Compagnie des cent associés ont changé la donne. Champlain a dû se battre, contourner les intrigues de cour, les trahisons. Il a connu des échecs mais jamais il n’a abandonné son rêve.

Dans son livre, David Hackett Fischer a mis en perspective un aspect de la personnalité de Champlain qui m’a fasciné. Champlain ne faisait rien pour sa gloire personnelle, ne cherchait pas l’avancement personnel ni les faveurs de la Cour. Il n’avait autre ambition que de faire fleurir la Nouvelle-France pour la gloire de son pays. Cet altruisme était en fait le défaut de sa qualité. Cette absence d’ambition personnelle amenuisait le respect de ses pairs allant même jusqu’à l’inimitié comme ce fût le cas avec le Cardinal de richelieu.

Ça ne l’a pas empêché de fonder Québec le 3 juillet 1608 et de se voir attribuer par l’histoire le titre de Père du Canada Français. Ce livre m’a captivé tellement j’ai appris des choses intéressantes, nonobstant le fait que les cours d’histoire de la petite école étaient erratiques et souvent fantaisistes, j’en ai appris plus sur Louis Hébert, le premier colon de la Nouvelle France, infatigable défricheur, le rôle précis de la Compagnie des Cent Associés, les motivations iroquoises, la vie sentimentale incohérente de Champlain et beaucoup d’autres choses, entre autres sur les mœurs indiennes. De page en page, j’apprenais, j’assimilais et j’ai dans l’ensemble, éprouvé beaucoup de plaisir et de satisfaction.

suggestion de lecture : UNE HISTOIRE DU QUÉBEC, de Jacques Lacoursière


Monument de Samuel de Champlain dans le vieux Québec

Dans la prochaine partie à venir, de mon article sur le RÊVE DE CHAMPLAIN, je parlerai davantage de mon ressenti suite à la lecture de ce long et passionnant pavé.

Bonne lecture
Claude Lambert
le dimanche 19 octobre 2024

 

Une histoire de tout ou presque

Commentaire sur le livre de Bill Bryson

Posez une question qui ait un rapport, même le plus simple, avec l’histoire. L’auteur Bill Bryson y répond dans ce livre, clair, synthétique, vivant, truffé d’anecdotes, qui conjugue avec bonheur science et humour. Vous y apprendrez sans efforts par quels hasards, traits de génie, intuitions, déductions, expérimentations, débats, les hommes en sont arrivés à connaître le monde tel qu’ils le connaissent aujourd’hui. Tout y est (ou presque) de l’histoire des sciences, de notre planète et de l’univers. Un merveilleux compagnon…un puits de savoir.

*Avant tout, il a fallu, pour que vous soyez là aujourd’hui, que des billions d’atomes errant au hasard, aient la curieuse obligeance de s’assembler de façon complexe, pour vous créer. Cet arrangement est si particulier qu’il n’a jamais été tenté auparavant et qu’il n’existera qu’une seule fois. *

(Extrait : UNE HISTOIRE DE TOUT OU PRESQUE, Bill Bryson, Version audio par Audible studio éditeur 2020. Durée d’écoute : 18 heures 57 minutes. Narrateur : Emmanuel Lemire.)

 

UN CONCENTRÉ DE SAVOIR

J’aime bien m’offrir un bon documentaire à l’occasion, Les sciences et l’histoire m’attirent plus particulièrement. Malheureusement, peu de ces ouvrages m’ont emballé. Si j’exclus les livres spécialement écrits pour la jeunesse, ces ouvrages avaient à mes yeux des points en commun peu attrayants, les principaux étant la lourdeur et l’absence de vulgarisation. Bill Bryson a compris le problème et m’a surpris avec un ouvrage généraliste sur les sciences et leur histoire. J’ai été émerveillé par l’esprit de synthèse de l’auteure et la clarté de son langage ainsi que sa façon d’imbriquer l’humour dans ses exemples et en particulier ses comparaisons.

Bryson fait une tournée des grands thèmes scientifiques à travers l’histoire : les origines de la vie, l’ADN, l’espace : planètes, météores, soleil et les étoiles. Il fait aussi une tournée des moments forts de la physique, de la chimie, la paléontologie, de l’astronomie, de la géologie et même de la philosophie. Et là où il m’a le plus surpris, c’est dans le développement des thèmes de l’infiniment grand et de l’infiniment petit. Pour moi c’est un chef-d’œuvre de rédaction.

Voilà, en gros, ce que je demande aux auteurs, spécialement dans les documentaires. Surprenez-moi, mais parlez pour que je comprenne. Mission accomplie pour Bill Bryson. Son ouvrage détruit des mythes tenaces, apporte des éclairages nouveaux sur la participation au développement scientifiques de grands scientifiques comme Albert Einstein. C’est un très bon livre. L’ensemble est attractif, léger et hautement instructif. J’ai aussi beaucoup aimé la prestation du narrateur Emmanuel Lemire qui lit sur le ton d’une discussion amicale autour d’une table avec du café.

Ici le matériel vocal force l’attention, nul doute. Donc c’est un très bon livre, très accessible, peut-être sa plus belle qualité. C’est un ouvrage bien vulgarisé à la portée de tout le monde où le langage du quotidien de la vie et le langage de la science ont été savamment amalgamés.

On ne se surprendra donc pas que *UNE HISTOIRE DE TOUT OU PRESQUE* ait reçu, entre autres, le prix Aventis en 2004 du meilleur livre de vulgarisation scientifique aux États-Unis. En conclusion, je vous dis: Abordez ce livre sans crainte. Vous vous apprêtez à vous faire plaisir avec un bouquin *touche-à-tout* en matière de sciences.


L’auteur Bill Bryson

Pour connaître le parcours de l’auteur, Bill Bryson, cliquez ici. Il existe plein de lectures parallèles ou complémentaires, comme LA GRANDE HISTOIRE DU MONDE de François Reynaert, UNE BRÈVE HISTOIRE DU TEMPS de Stephen Hawking, LES ÉNIGMES DE L’HISTOIRE DU MONDE, un collectif dirigé par Jean-Christian Petitfils et beaucoup d’autres.

Du même auteur…des suggestions…

Bonne écoute
Claude Lambert
Le samedi 18 octobre 2024

La traversée des temps

Livre 1 : PARADIS PERDUS

d’ERIC-EMMANUEL SCHMIDT

*La nuit n’apporte à Noam qu’une succession de révélations funestes. Huit milliards de personnes habitent désormais la Terre ! Huit milliards de personnes pompent de l’essence, du gaz, conduisent des voitures, empruntent des trains, circulent en avion, consomment de l’électricité. Huit milliards de personnes jettent des sacs plastique qui crottent les paysages et souillent les océans. Huit milliards de personnes agrandissent l’espace urbain en réduisant l’espace végétal. Huit milliards de personnes demandent à se nourrir alors que la terre exsangue s’épuise. *

<Extrait : LA TRAVERSÉE DES TEMPS, livre 1, PARADIS PERDUS, Eric-Emmanuel Schmidt, Albin Michel éditeur, 2021, édition de papier, 563 pages.

Cette Traversée des temps veut relever un prodigieux défi : raconter l’histoire de l’humanité sous la forme d’un roman. Faire défiler les siècles, en embrasser les âges, en sentir les bouleversements, comme si Yuval Noah Harari avait croisé Alexandre Dumas.

Depuis plus de trente ans, ce projet titanesque occupe Eric-Emmanuel Schmitt. Accumulant connaissances scientifiques, médicales, religieuses, philosophiques, créant des personnages forts, touchants, vivants, il lui donne aujourd’hui naissance et nous propulse d’un monde à l’autre, de la préhistoire à nos jours, d’évolutions en révolutions, tandis que le passé éclaire le présent.

Paradis perdus lance cette aventure unique. Noam en est le héros. Né il y a 8000 ans dans un village lacustre, au cœur d’une nature paradisiaque, il a affronté les drames de son clan le jour où il a rencontré Noura, une femme imprévisible et fascinante, qui le révèle à lui-même. Il s’est mesuré à une calamité célèbre : le Déluge. Non seulement le Déluge fit entrer Noam-Noé dans l’Histoire mais il détermina son destin. Serait-il le seul à parcourir les époques ?

Et on dit que le temps est long…

L’ambition littéraire d’Éric-Emmanuel Schmidt me rappelle un peu celle de Ken Follett : une grande saga qui suit des personnages attachants à travers les âges, l’histoire. Le projet de cet auteur prolifique est pour le moins audacieux : rien de moins que, raconter dans une octalogie, l’histoire de l’humanité. C’est ainsi que, d’entrée de jeu, les lecteurs sont entraînés dans l’histoire d’un jeune homme qui a reçu le don de l’immortalité. Il s’agit de Noam, doux, sage, empathique.

Le récit débute il y a dix mille ans près de Beyrouth au Liban. La curiosité de Noam le pousse à essayer de comprendre la nature humaine, l’essence de la vie, la spiritualité, un peu comme l’a fait Santiago dans le livre extraordinaire de Paulo Coelho L’ALCHIMISTE. En plongeant dans cette œuvre magistrale, sur laquelle travaille Schmidt depuis plus de trente ans, j’ai oublié le temps pour traverser LES temps.

Le premier grand évènement développé dans ce long pavé est le déluge. Faut-il se surprendre que le nom NOAM soit dérivé de l’anglo-saxon NOÉ, de l’hébreu NÛAH qui signifie reposer, consoler…tout à fait à l’image de notre héros immortel. L’auteur met donc tout en place pour amener très graduellement Noam vers les temps modernes.

Par sa chaleur, sa poésie, son réalisme, ce livre m’a littéralement enveloppé. J’avais l’impression par moment qu’il était développé à la façon d’un conte, immersif et vivant sans compter un sens du détail qui donne une remarquable intensité à la plume. Il y en a pour tous les goûts dans ce récit : de l’émotion, de l’aventure, de la matière à réflexion et j’en passe, sans compter le caractère attachant de Noam qui est devenu pour moi plus un ami qu’un ancêtre.

La seule faiblesse de l’ouvrage est un petit côté moralisateur perçu dans plusieurs passages, un petit caractère patriarcal qui ouvre la voie aux clichés. Mais en général, j’ai passé un superbe moment de lecture avec une merveilleuse narration de l’histoire humaine. Elle n’évite pas les indices de décadence mais cette dernière ne fait-elle pas partie de l’histoire. Je recommande chaleureusement LES PARADIS PERDUS, le livre premier de LA TRAVERSÉE des temps. Vivement la suite…

Suggestion de lecture : IMMORTELLE RANDONNÉE Compostelle malgré moi, de Jean-Christophe Ruffin


L’auteur Eric-Emmanuel Schmidt

Intéressé par l’auteur, consultez sa biographie ici.
Vous pouvez aussi visiter son site officiel.
Je vous invite aussi à consultez une petite liste préparée par Babelio, de livres ayant le temps comme sujet.

Bonne lecture
Claude Lambert
le dimanche 6 octobre 2024

Petites histoires de l’histoire

Commentaire sur le livre de
DANIEL APPRIOU

*Alexandre le Grand s’attela à la tâche, mais, ne voulant accepter son échec, saisit son épée et, d’un coup violent, trancha le nœud de Gordias. * (Origine de l’expression <nœud gordien >

Extrait : PETITES HISTOIRES DE L’HISTOIRE, Daniel Appriou, Éditions
Acropole, 2008, édition de papier, 290 pages, ref. : France Loisirs)

De l’antiquité à nos jours, découvrez toutes les petites histoires qui ont fait l’histoire. L’histoire de France est parsemée d’anecdotes, de bons mots et de faits divers qui, bien souvent, sont occultés dans les manuels.

 

Les instantanés de l’histoire
*Le 16 février 1855, Napoléon III ordonna la création
d’un réseau de renseignements afin d’étudier et de
tenter d’anticiper les phénomènes dus au temps. La
météorologie venait de naître. *
(Extrait)

C’est un petit livre plein de découvertes qui propose près de 300 capsules sur les petits à côté de l’histoire : faits divers, anecdotes, citations…des petits textes éclairs, flash, instantanés sur le passé de nos ancêtres mis dans l’ombre par la grande histoire.

Ce petit volume, non seulement m’a fait sourire, mais il m’a appris beaucoup de choses comme par exemple, les origines de la météorologie, l’origine de l’expression *honni soit qui mal y pense*, pourquoi les anglais roulent à gauche, ce qui a amené la création de la guillotine, L’origine du sandwich, l’hygiène des français à la fin du XIX siècle, comment est né le premier porte-avion, la chute du mur de Berlin, l’adoption de la Jeep par l’armée américaine et j’en passe.

Comme on le voit, l’histoire explique beaucoup de choses : la mode et diverses tendances, les inventions, les balbutiements de la science jusqu’aux bonds de géants qui caractérisent notre époque actuelle, les manies, les coutumes. Sans en avoir la prétention, le livre explique entre autres pourquoi les nord-américains conservent le vieil atavisme du vieux continent.

Dans ce livre, les textes sont donc très courts. Aucun enrobage, pas de longueur. C’est le vif du sujet en quelques lignes, des quoi alimenter tout un programme de recherches pour les lecteurs et lectrices. Malheureusement, le livre ne propose pas de bibliographies c’est sa première faiblesse, l’autre étant qu’il n’y a presque pas d’allusions à l’Amérique du nord et aucune au Canada et au Québec.

Il aurait pourtant été très intéressant de connaître les sentiments des monarchies françaises et britanniques sur la fondation de Québec, de Montréal, bref sur la naissance de la Nouvelle-France. Mais il n’y a rien malheureusement et pourtant, je suis sûr qu’il y aurait eu matière à anecdotes, de petits récits, de faits curieux. Le livre explore différents coins de l’espace-temps et commence même par une petite incursion biblique avec le combat entre David et Goliath et le jugement de Salomon.

Non seulement le livre m’a éclairé sur les petits soubresauts de l’histoire, mais il m’a fait sourire car beaucoup de nos ancêtres, même ceux qui n’étaient pas connus, ne manquaient pas d’humour : * Quelqu’un dont l’histoire n’a pas conservé le nom, osa louer la célèbre arme blanche en ces termes : <On peut tout faire avec une baïonnette, sauf s’assoir dessus.>* (extrait)

C’est donc un petit volume sans prétention que je vous propose, une vision télégraphique de l’histoire en ce sens qu’elle n’entre pas dans les détails. Les lecteurs et lectrices doivent en être avertis dès le départ. J’ai trouvé le tout de même instructif et divertissant.

Suggestion de lecture : UNE HISTOIRE DU QUÉBEC, de Jacques Lacoursière

Daniel Appriou a publié plus de vingt ouvrages. il est l’auteur de Rendons à César… au Pré aux Clercs, de Ces jours qui ont fait l’histoire, des Symboles de l’histoire et des Petites Histoires de l’histoire aux éditions Acropole.

Bonne lecture
Claude Lambert
le dimanche 29 septembre 2024

PAYSAGE SONORE DE LA NATURE CANADIENNE

Oeuvre collective Écrite à l’origine par Sarika Cullis-Suzuki,
la fille du célèbre environnementaliste David Suzuki

Voyage sonore à travers la nature canadienne en 8 épisodes :

-Territoires du Yukon
-Colombie Britannique
-Parc national de Jasper
-Saskatchewan
-Manitoba
-Ontario
-Québec
-Terre-Neuve

*Le soleil se lève sur la vaste étendue du fleuve Saint-Laurent…
Deux baleines à bosses nagent côte à côte…
Une baleine adulte et son petit…
Le souffle de la baleine est puissant. Celui de son bébé, en écho, est plus faible…
Après plusieurs inspirations, les baleines expirent une dernière fois, puis inspirent profondément avant de plonger dans les eaux froides du fleuve. *

(Extrait : PAYSAGE SONORE DE LA NATURE CANADIENNE, épisode 7 : QUÉBEC,
collectif, Audible éditeur, 8 épisodes d’une durée variant de 27 à 35 minutes, narratrice : Laurence Lafond-Beaune.

Des merveilles à écouter

Incursions intimes dans le cœur sauvage du pays. Détendez-vous sous le ciel nocturne de Terre-Neuve au son d’une conversation entre de petites chauves-souris brunes qui quittent leur perchoir. Plongez vos orteils dans l’océan Pacifique tout en écoutant le grognement impressionnant du poisson-crapaud. Et découvrez l’unique cliquetis des ailes de la libellule en vous reposant au clair de lune du Manitoba. C’est la nature, comme vous ne l’avez jamais entendue auparavant! Vous suivrez un groupe d’orques, entendrez le fracas des glaciers et vous délecterez d’un chœur d’oiseaux chanteurs à l’aube.

C’est une production sonore qui nous fait visiter un écosystème unique au monde : la forêt boréale canadienne. Un enchantement. C’est le premier mot qui m’est venu à l’esprit pour qualifier cette série qui, par la captation des bruits de la vie sauvage canadienne, pousse à la méditation, l’introspection et aussi à une réflexion sur la fragilité de l’environnement. Le tout est bien documenté.

J’ai beaucoup apprécié les longues pauses dans la narration qui permet à l’auditeur et auditrice de se concentrer sur les richesses sonores de notre magnifique forêt boréale et de nos majestueux cours d’eau.

C’est ainsi que j’ai pu entendre les sons puissants et mélodieux d’oiseaux rares et des troupeaux de caribous de la forêt subarctique du Yukon…Orques, ours et poissons-crapauds de la Côte ouest du Canada…les nombreux oiseaux et le clapotis du Lac des Émeraudes dans le parc national de Jasper…les notes harmoniques des Alouettes et le hurlement des coyotes  de la Saskatchewan…l’appel énergique d’un huard sur les eaux noires d’un lac du Manitoba…la magie sonore qui émerge du parc Algonquin en Ontario…

Petites chauve-souris brunes, sternes et fous de bassan de Terre-Neuve. Mon épisode préféré est celui du Québec avec le bavardage joyeux des bélugas et le chant mélodieux des baleines à la jonction du Saguenay avec le fleuve Saint-Laurent. J’ai écouté cet épisode deux fois.

Le seul petit défaut que je me permets de signaler dans cette production est une légère surmodulation des effets sonores par rapport à la voix de la narratrice qui manque de puissance ou si vous préférez, qui ne projette pas beaucoup. Malgré tout Laurence Lafond-Beaune a fait un excellent travail avec sa voix un peu juvénile et tout à fait rafraîchissante. Le contenu documentaire est riche, touchant la géographie canadienne, l’histoire, les secrets de la nature et dans une certaine mesure, les effets de l’activité humaine sur l’environnement. L’ensemble est sublime. C’est une petite collection remarquable qui va rester à jamais dans ma bibliothèque.

Suggestion de lecture : IMMORTELLE RANDONNÉE, COMPOSTELLE MALGRÉ MOI, de Jean-Christophe Rufin

Formée depuis son tout jeune âge en musique classique et en jazz, Laurence Lafond-Beaulne est une multi-instrumentiste, auteure, compositrice, interprète et réalisatrice canadienne. Elle signe la musique de plusieurs films et documentaires, et même de deux spectacles du Cirque du Soleil. On peut entendre sa voix sur de nombreux albums, et elle coécrit pour plusieurs artistes. Militante pour l’environnement, Laurence a cofondé ACT (Artistes Citoyens en Tournée), un mouvement qui fait la promotion de pratiques écoresponsables dans l’industrie du spectacle.

Bonne écoute
Claude Lambert
le dimanche 15 septembre 2024