L’ANCIEN TESTAMENT POUR LES NULS, Éric Denimal

*…Il est grand temps de démythifier
la bible, de dépoussiérer l’Ancien
Testament et cela pour le rendre plus
mystérieux, de ces mystères qui
donnent ressort à la vie et sens aux
absences de réponse…*
(Extrait de L’ANCIEN TESTAMENT POUR
LES NULS d’Éric Denimal, First Editions,
2011)

Dans L’ANCIEN TESTAMENT POUR LES NULS, le théologien Éric Denimal aborde de façon systématique et chronologique la première partie de la bible Chrétienne, soit l’Ancien Testament avec ses 39 livres canoniques. Il explique comment a débuté le récit biblique et comment il a été élaboré au cours des siècles. Ce livre tente de répondre de façon simplifiée aux  questions que pourraient se poser les non-initiés sur Dieu lui-même et sur les principaux personnages dont l’Esprit imprègne non seulement l’Histoire d’un peuple mais aussi l’œuvre littéraire la plus considérable et la plus importante de l’histoire de l’humanité.

LES PREMIERS ÉCRITS POUR NON-INITIÉS

Donner vie aux Textes anciens, les décrypter et les expliquer de façon simple et intelligible est certes un énorme défi. Je le sais car je m’intéresse à la question depuis de nombreuses années. Or, il se trouve que la plus grande fresque littéraire de l’histoire de l’humanité est aussi la plus complexe et la plus rigoureuse. Je parle de la bible dans sa première partie, c’est-à-dire l’Ancien Testament, composé dans la version chrétienne de 39 livres écrits par des auteurs disparates et couvrant plusieurs siècles de l’Histoire d’un Peuple choisi par Dieu.

Ce n’est pas simple, car l’œuvre dans son ensemble est chargée de symbolique, d’énigmes à résoudre, de paraboles, de secrets à décrypter. Les plans de Dieu sont loin d’y être saisissables et, pour moi en tout cas, ses voies demeurent désespérément impénétrables. L’œuvre dans l’ensemble repose donc sur la Foi et ramène aux Messages des Prophètes : Croyez et agissez.

Pour comprendre l’Ancien Testament, qui est une collection de livres, pour ne pas dire une bibliothèque, il faut donc le regarder d’un œil neuf, avec l’esprit ouvert de l’enquêteur, du journaliste, du chercheur à l’insatiable curiosité. C’est ce qu’a fait Éric Denimal avec beaucoup d’intelligence, un souci constant de clarté et de concision et même une pointe d’humour.

La première évidence qui ressort du livre d’Éric Denimal est que la Bible demeure *d’une brûlante actualité*. Il le précise d’ailleurs plusieurs fois et les liens de l’œuvre avec la *modernité* rend la lecture extrêmement intéressante. Donc aucun doute, même en ce 21e siècle, la bible demeure pertinente.

Autre fait intéressant : l’auteur a su mettre en perspective la beauté des textes en dévoilant les aspects littéraires de l’œuvre. En effet, dans l’Ancien Testament on trouve une grande quantité de genres : complaintes, débats, poésie, proverbes, prédications, pensées philosophiques… et une approche pédagogique à saveur scientifique, mais sans aucune lourdeur : histoire, géographie, archéologie, théologie, médecine, astronomie, culture, sciences naturelles, etc.

Dans L’ANCIEN TESTAMENT POUR LES NULS, Éric Denimal ne verse pas dans l’exégèse. Il nous invite à réapprendre à lire la bible avec un œil neuf en utilisant son don exceptionnel de vulgarisateur et une saine liberté d’expression. Une lecture divertissante et captivante qui ne devrait pas vous laisser indifférent.

Suggestion de lecture : L’OEUVRE DE DIEU, LA PART DU DIABLE, de John Irving

Écrivain et théologien, Éric Denimal est  né en France en 1953. Il a été aussi chroniqueur, conférencier, journaliste et éditeur. Il est l’auteur d’une vingtaine d’ouvrage dont le plus célèbre est sans doute LA BIBLE POUR LES NULS, livre publié chez First. L’ensemble de son œuvre fait de lui un spécialiste de la vulgarisation biblique. Il pourrait aussi faire époque avec LA BIBLE POUR LES NULS JUNIORS publiée récemment ainsi qu’avec une biographie du réformateur Jean Calvin. Il vit toujours dans le Drôme, marié, père de trois enfants.

BONNE LECTURE
JAILU/Claude Lambert
JUIN 2014

VOIR LE COMPLÉMENT SUR LA COLLECTION

L’EXORCISTE, le livre-choc de WILLIAM PETER BLATTY

*N’approchez pas! La truie est à moi…*
(extrait de L’EXORCISTE de William Peter Blatty,
J’ai lu, 1971)
 

La vie d’une jeune adolescente, Reagan McNeil, bascule dans l’horreur le jour où des phénomènes étranges commencent à se manifester en elle et autour d’elle : le comportement et l’apparence de Reagan changent. Elle devient graduellement hideuse, agressive, violente, obscène, des objets disparaissent ou sont déplacés. Sa personnalité se dédouble pendant que des évènements terribles viennent s’ajouter à l’horreur de la situation : un meurtre, une église profanée…

Reagan est soumise à une batterie de tests et aux soins d’une armada de médecins, mais personne ne peut expliquer quoique ce soit. Confrontés à leur impuissance, les médecins proposent en dernier recours un traitement de choc que seul un homme d’église peut offrir….

extrait du film L’EXORCISTE de William Friedkin avec Linda Blair dans le rôle de Regan

Bien  que les thème du diable et de la possession soient récurrents depuis l’aube de la littérature, Blatty a probablement été le premier écrivain à traiter la question avec autant de…modernité…mettant en perspective et en opposition la médecine, la psychiatrie et la prêtrise qui connaît beaucoup de difficultés liées à la fois. Blatty a donné au diable un nouveau visage dans un récit terrifiant constituant une véritable descente aux enfers.

Ce livre montre l’évidente évolution de notre société. Quand il a été publié en 1971, notre société n’était pas tout à fait prête à recevoir ce genre de récit d’horreur glacial, d’autant terrifiant qu’il est basé sur un fait vécu.

Aujourd’hui, le récit paraît plus anodin parce que la société s’est endurcie à l’horreur crachée quotidiennement par la télévision, internet, le cinéma et la presse écrite. Sans trop le savoir, William Peter Blatty a ouvert un bal car le cinéma et la littérature n’ont  pas tardé à s’emparer de cette nouvelle tendance en multipliant les productions, surtout au cinéma.

L’EXORCISTE demeure un phénomène littéraire…comme une curiosité culturelle qu’on n’a pas encore fini d’explorer. Ce n’est toutefois pas un livre qui brille par la puissance de son écriture, sur ce plan, Blatty ne m’a jamais vraiment surpris. Ce qui accroche le lecteur c’est le contexte de l’histoire et l’incroyable densité de son atmosphère…LE NON-DIT qui donne à l’ensemble un réalisme oppressant…voir étouffant.

Même si le livre développe la question de l’éternelle dualité entre le bien et le mal, il fait encore vibrer et démontre encore que la psychiatrie moderne n’a pas réponse à tout. Il a encore cette capacité de glacer le sang et de forcer le lecteur à faire des pauses pour respirer un peu.

Je dirais que ce livre constitue une puissante mise à jour de tout ce qui a pu être imaginé sur la possession démoniaque. À mon avis, il n’y a pas eu d’autres mises à jour dignes du titre, donc le livre conserve toute son actualité.

C’est la deuxième lecture que je fais de ce livre, la première remontant à 1973. Quarante ans plus tard, l’effet est le même : La chair de poule. L’EXORCISTE est un livre à éviter si vous êtes une âme sensible et à lire à petite dose. Malgré des efforts considérables pour y parvenir, ce livre n’a jamais été égalé…

Suggestion d’écoute : LA MER DES DÉSOLATIONS de DIRK MAGGS et JAMES A. MOORE

l’auteur William P Blatty

William Peter Blatty est né à New-York en janvier 1928. Il s’est consacré à la littérature (L’EXORCISTE est son œuvre majeur) et au cinéma où il a œuvré comme scénariste et réalisateur. Il a réalisé en 1990 L’EXORCISTE, LA SUITE (3e épisode de la saga).

Aussi en 1980, il a signé le scénario et la réalisation du film LA NEUVIÈME CONFIGURATION pour lequel il a obtenu deux prix prestigieux. Il s’est bâti une solide réputation dans le cinéma fantastique et d’horreur. L’EXORCISTE est un livre basé sur un fait réel : un cas d’exorcisme sur un garçon de 14 ans en 1949 dans le Maryland.

BONNE LECTURE
JAILU/Claude Lambert
JUIN 2014

VOIR LE COMPLÉMENT CINÉMA

GIGASTORE, le livre de JAMES LOVEGROVE

 *…la devise des Fantômes :
-Soyez silencieux, vigilants,
obstinés, intransigeants. Et
surtout, n’oubliez jamais que
le client n’a pas toujours raison
*********
La plupart des  gens considèrent que la somme
dont ils disposent est un but à atteindre
plutôt qu’une barrière à ne pas franchir…
(extrait de DAYS, James Lovegrove, J’ai lu,
Bragelonne, 2005)

Commentaire sur DAYS
de James Lovegrove

DAYS est un roman d’anticipation dont l’action se déroule dans un giga-complexe commercial. L’histoire raconte la journée-type des employés qui travaillent dans ce magasin aux dimensions titanesques, les consommateurs qui le fréquentent et même les voleurs qui y opèrent. DAYS est le plus grand magasin du monde, aux dimensions d’une ville. Sept frères y règnent en rois  selon les traditions établies par le fondateur Septimus Day. L’histoire commence alors que Frank Hubble de la brigade de la sécurité stratégique de DAYS (qui a le droit de tuer au besoin) s’apprête à donner sa démission. Une journée folle commence dans le plus grand *gigastore* du monde…

C’est un livre très intéressant et son sujet est original.  L’histoire se déroule dans un gigantesque magasin aux dimensions effrayantes : sept étages hauts de 14 mètres chacun, ses cotés font 2 kilomètres et demi de longueur, le tout couvrant sept millions de mètres carrés. On y trouve 666 rayons de vente dans lesquels on peut acheter n’importe quoi, à peu près tout ce qui existe et c’est peu dire. Je m’en remets ici à la devise de DAYS : *Tout ce qui est mis en rayon sera vendu et tout ce qui est vendable sera mis en rayon*.

Pour avoir un compte chez DAYS, il faut être quelqu’un, appartenir à une certaine classe, voire à une élite. Et même dans l’élite, il y a des niveaux. La carte aluminium par exemple est dans le bas de gamme, la carte Silver monte d’un cran et ainsi de suite. Avec une carte rhodium, vous êtes presque Maître du monde. Ce n’est pas facile d’avoir une carte. Il faut économiser pendant des années comme deux des héros de l’histoire, Linda et Gordon qui se sont privés pendant des années pour vivre finalement une seule journée de cauchemar.

DAYS est une anticipation sociale et une satire sur nos travers de consommateurs et nos habitudes en société. Je ne veux pas tout dévoiler mais je ne m’attendais pas du tout à une forte intensité dramatique, spécialement dans la 2e moitié. En effet, au cœur de l’histoire, il y a un conflit entre deux rayons adjacents : l’informatique et le rayon livre se livrent une guerre à mort : insultes, harcèlement, menaces, agressions, coups bas et même une alerte à la bombe…(imaginez ça chez Wall Mart entre deux rayons dits associés…)

Il y a d’autres trouvailles…par exemple les ventes *flashs* qui ne durent que 5 minutes, transformant la foule en troupeau et où on aboutit à des chaos indescriptibles…plus de blessés que de bonnes affaires finalement.

Avec beaucoup d’habileté, l’auteur raille nos comportements souvent grotesques en société et met en perspective les vices et les travers non seulement des consommateurs mais aussi du *Dieux Commerce*  qui ne craint pas le ridicule on dirait bien. Lovegrove dépeint plus qu’il ne critique. Il a soigneusement évité la diatribe même s’il y est allé fort avec la guerre des rayons. Je crois qu’il a voulu mettre en perspective la psychologie des foules et les excès d’un monde froid et capable d’être cruel et violent.

De par l’intelligence de l’écriture, le réalisme du propos et les ressemblances frappantes avec notre société actuelle, par exemple, la description de comportements excessifs de clients et de commerçants, je dirais que ce livre m’a autant effrayé qu’il m’a amusé.

Je crois que la lecture de ce livre vous fera passer un moment agréable…avant d’aller magasiner…

James Lovegrove est un romancier de science-fiction spéculative fantasy et horreur. Il est né au Royaume-Uni en décembre 1965. Il est aussi spécialiste en littérature anglaise et chroniqueur littéraire pour le Financial Time. Son premier roman THE HOPE a été publié en 1990. DAYS est le premier roman de Lovegrove traduit en français. Son grand succès lui a valu une réédition chez J’AI LU et une mise en nomination pour le prix ARTHUR C CLARKE en 1988.

BONNE LECTURE
JAILU/Claude Lambert
juin 2014

1 COBRA, 2 SOULIERS ET BEAUCOUP D’ENNUIS

Commentaire sur le livre d’
Alexander McCall Smith

*…Elle continue à feuilleter le magazine, il y avait
une photo du pape qui descendait d’hélicoptère…
Deux cardinaux vêtus de rouge le suivaient et elle
remarqua qu’ils étaient l’un comme l’autre de
constitution très traditionnelle, ce qu’elle trouva
rassurant. Si je vois Dieu un jour se dit-elle, je suis
certaine qu’il ne sera pas maigre…*
(extrait de 1 COBRA, DEUX SOULIERS ET BEAUCOUP
D’ENNUIS, Alexander McCall Smith, éditions 10/18,
Collection Grands Détectives, 2007)

Ce livre raconte le quotidien de l’Agence numéro 1 des Dames Détectives du Botswana dirigée par Mma Precious Ramotswe et sa fidèle assistante Mma Makutsi. Grâce à leur extraordinaire capacité de déduction et à leur formidable intuition, elles réussissent à résoudre toutes les énigmes…histoires familiales, chantage, adultère, falsification, etc. la vie professionnelle des Dames Détectives s’imbrique dans leur vie amoureuse et sociale. 1 COBRA, DEUX SOULIERS ET BEAUCOUP D’ENNUIS est le 7e tome des aventures de ces dames sympathiques et énergiques.

BOTSWANA :

La république du Botswana est un petit pays d’Afrique australe sans accès à la mer, entouré par l’Afrique du sud, la Namibie, la Zambie et le Zimbabwe. On appelle les habitants les Botswanais. La population est d’un peu plus de 2 millions d’habitants. Les langues officielles sont l’anglais et le tswana. La capitale est Gaborone.

Entre un terrible cobra
et un maître chanteur…

Tout au cours de ma lecture, je me suis posé la question : s’il y a une intrigue digne du titre dans ce livre, où est-elle? Eh bien voilà, il n’y en a pas. Dans cette histoire, il n’y a pas de crimes violents ou de situations morbides. Il n’y a à peu près pas d’action, pas de suspense. Pourtant j’ai pris plaisir à lire ce livre et je crois comprendre pourquoi Alexander McCall Smith s’est rendu au septième tome.

D’abord, l’histoire comprend quelques énigmes qui, malgré leur légèreté, pousse le lecteur à émettre quelques hypothèses et même à tirer des conclusions. Toutefois la vraie force du livre réside dans le caractère des personnages principaux : les dames détectives…premières femmes détectives du Botswana (ce n’est pas rien), des femmes sympathiques et empathiques. On s’y attache dès le début de l’histoire.

Il y a aussi l’omniprésence de certains thèmes qui sont comme une pointe d’humour et jouent un peu le rôle de fils conducteurs pas déplaisants du tout. Par exemple, il est beaucoup  question dans ce livre de la constitution traditionnelle de Mma Ramotswe, un gentil euphémisme pour dire qu’elle est grosse.

Il est aussi beaucoup question de chaussures et même de féminisme. Il est difficile de ne pas tomber sous le charme de ces femmes sages et profondément humaines.

J’en ai aussi beaucoup appris sur le Botswana, un *gros village* africain pris en sandwich entre des pays plus important comme l’Afrique du sud et le Zimbabwe. Le Botswana est un petit pays de 2 millions d’habitants.

Les traditions y ont la vie dure et il est présenté comme un beau pays, progressiste et accueillant dans lequel il fait bon vivre paisiblement. La notion d’entraide y est particulièrement forte. Le livre m’a quasiment donné le goût d’aller y faire un tour.

Si vous entreprenez la lecture de ce livre, faites-le sans attente. Moi j’ai pris ce livre pour ce qu’il est… un anti-stress…une petite douceur…

Suggestion de lecture : FIFI RINDACIER d’Astrid Lindgren

Alexander McCall Smith est né en 1948 au Zimbabwe. Il s’est fait connaître à l’échelle internationale après avoir créé le personnage de la première femme détective du Botswana : Mma Precious Ramotswe, héroïne d’une série qui compte huit volumes à ce jour. Il est également l’auteur des AVENTURES D’ISABEL DALHOUSIE et de 44 Scotland Street, premier tome des CHRONIQUES D’EDIMBOURG.

BONNE LECTURE
JAILU/Claude Lambert
JUIN 2014