LA ROUTE, le livre de Cormac McCarthy

*Il était couché et écoutait le bruit des gouttes dans les bois. De la roche nue par ici, le froid et le silence… Les cendres du monde défunt emportées çà et là dans le vide sur les vents froids et profanes…*
(Extrait : LA ROUTE, Cormac McCarthy, à l’origine, Point éditeur 2009, 251 pages. Version audio : Sixtrid éditeur, 2015. Durée d’écoute, 7 heures 2 minutes. Narrateur : Éric Herson-Macarel)

L’apocalypse a eu lieu. Le monde est dévasté, couvert de cendres et de cadavres. Parmi les survivants, un père et son fils errent sur une route, poussant un Caddie rempli d’objets hétéroclites. Dans la pluie, la neige et le froid, ils avancent vers les côtes du Sud, la peur au ventre : des hordes de sauvages cannibales terrorisent ce qui reste de l’humanité. Survivront-ils à leur voyage ?

 

Du matériel à peur
*Les cris qu’elle poussait ne signifiaient rien
pour lui. Derrière la fenêtre, rien que le froid
de plus en plus vif, des incendies à l’horizon.
Il tenait bien haut le petit corps rouge, décharné
tellement à vif et nu…et il coupa le cordon avec
un couteau de cuisine et enveloppa son fils
dans une serviette.
(Extrait)

C’est un roman étrange, noir, un drame post-apocalyptique très visuel et heureusement car les dialogues sont plutôt linéaires, coupés au couteau. C’est le caractère descriptif de la plume qui m’a gardé dans le coup. Notez que tout ce qui est décrit dans ce livre a été vu, revu et rerevu au cinéma. C’est du réchauffé et ce sentiment de déjà vu ne m’a pas quitté pendant toute la lecture.

L’histoire se déroule dans un monde dévasté, on ne sait pas par quoi ni dans quelles circonstances. Ce que je sais, c’est-à-dire peu de choses, c’est que dans un décor de fin du monde, deux êtres marchent vers leur destin sur une route qui leur est impartie. On sait qu’elle mène vers le sud mais ça ne nous avance pas tellement. L’histoire est donc celle de ces deux êtres dépersonnalisés : pas de nom, pas d’histoire, pas de passé, un présent infernal et un avenir incertain qui repose sur une route.

Lui, c’est le père, que le narrateur appelle l’homme et l’autre le fils, que le narrateur appelle le petit. Le tout est rendu sans émotions, sans chaleur et pourtant, tout le récit repose sur une relation père-fils. Je n’ai noté aucune profondeur dans les dialogues. J’ai entendu les mêmes termes peut-être une centaine de fois : *J’sais pas* *J’en sais rien* *d’accord…d’accord* *J’ai très froid* *J’ai très faim*, *J’te demande pardon* et j’en passe…

Je crois que toute la valeur du récit repose sur la psychologie des personnages et sur l’intuition des lecteurs/lectrices. Mais la relation entre le père qui cherche à protéger son fils et le fils qui ne veut pas décevoir son père a malheureusement été sous-développée. L’auteur a passé à côté d’une opportunité d’enrichir son récit en accentuant la relation Père-Fils avec plus d’émotion, plus de chaleur, de meilleures interactions et des dialogues mettant en perspective l’espoir nourri par ces personnages.

Voilà je crois qui aurait donné une force, du caractère et de l’originalité à une histoire dans laquelle il n’y a rien de positif, de prometteur et moins encore, de joyeux. Ça reste noir et dramatique jusqu’à la fin qui est d’une infinie tristesse. 

Donc c’est un livre à lire je pense avec *les yeux du cœur* pour saisir au mieux ce que le père et son fils vivent sur leur route.

Suggestion de lecture : WARDAY, de W. Strieber et J. Kunetka

Cormac McCarthy, Charles McCarthy de son vrai nom, est un écrivain et scénariste américain né le 20 juillet 1933 à Providence. Dans la jeune trentaine, il se fait connaître avec son premier roman (LE GARDIEN DU VERGER)1965. Puis, avec le temps et le talent, il consolide sa réputation avec, entre autres, avec LA TRILOGIE DES CONFINS et LA ROUTE.

LA ROUTE au cinéma


Le roman de McCarthy a été adapté au cinéma. Le film, réalisé par John Hillcoat et scénarisé par Joe Penhall sur la musique de Nick Cave est sorti en 2009 au Canada. Les acteurs principaux : photo ci-contre, à gauche Vigo Mortenson, à droite, Kodi Smit-McPhee.

 

BONNE LECTURE
BONNE ÉCOUTE
Claude Lambert
le samedi 29 juillet 2023

 

MÉTRO 2033, livre de DMITRY GLUKHOVSKY

*Et quand ils sont arrivés à Polejaïevskaya, il n’y avait plus âme qui vive. Et de corps, il n’y en avait aucun…juste du sang, partout. Voilà. Que je sois damné si je sais qui a pu faire ça. Mais, pour moi, aucun humain n’est capable de telles atrocités.
(Extrait : MÉTRO 2033, Dmitry Glukhovsky, 2016 Librairie l’Atalante pour la version française. Le livre de poche, édition de papier, 860 pages)

En 2014, une guerre nucléaire a ravagé la Terre. En 2033, quelques dizaines de Moscovites survivent dans le métro, se dotant de diverses formes de gouvernements et croyances. Mais une menace plane à présent de l’extérieur. L’un des survivants, Artème, est alors chargé d’en avertir Polis, une communauté de stations qui préservent les derniers vestiges de la civilisation humaine.

 

HORS DU MÉTRO POINT DE SALUT
*Sa phrase fut coupée par un cri perçant. On entendait des
hurlements, des pas de course, des pleurs d’enfants et
des sifflements menaçants…il y avait du grabuge dans
la station. L’hiérophante, inquiet, se concentra sur le
bruit et se figea dans l’obscurité. *
(Extrait)

*Oppressant* : C’est le premier mot qui me vient à l’esprit pour commenter ce livre. Paradoxalement, c’est une oppression savourée. Quand je manquais d’air, je refermais le livre et j’y revenais peu après avec un plaisir renouvelé.

Pourquoi ce sentiment d’oppression ? L’explication est dans le contenu : Nous sommes en 2033, vingt années se sont écoulées depuis la catastrophe nucléaire qui a ravagé la planète, la rendant inhabitable en surface. En Russie, les rescapés se sont abrités sous terre dans le Métro de Moscou et ses différentes stations sous-terraines, socialement organisées et indépendantes.

Nous suivons Artyom, jeune homme dans la vingtaine, citoyen de la station VDNKh dont les habitants doivent faire face à une menace de créatures mystérieuses venant des profondeurs des tunnels. Des créatures appelées *LES NOIRES* à qui on prête entre autres le pouvoir de s’emparer des esprits humains et d’y semer la confusion.

*C’est la psyché qu’ils sapent, les salauds !… Le pire, c’est que t’as l’impression qu’ils s’ajustent à ta longueur d’onde. Et la fois suivante, tu les perçois encore mieux, et tu ressens une terreur décuplée. Ce n’est pas seulement de la terreur…* (Extrait)

Artyom se voit confier une mission capitale: aller chercher l’aide du dernier bastion de la civilisation, dans le réseau des stations POLIS à l’extrémité du Métropolitain. Un voyage qui entraînera Artyom d’une station à l’autre, dans les profondeurs lugubres des tunnels.

C’est le fil conducteur du roman : suivre Artyom dans son périple en se demandant s’il en sortira vivant. Le passage sur la mission d’Artyom dans la grande bibliothèque de Moscou est particulièrement brillant. Artyoum possède certains dons de perception extra-sensorielle.

Malgré la récurrence du thème, le récit m’a impressionné par son réalisme. L’histoire se déroule sous terre et si j’en suis venu à manquer d’air en cours de lecture, c’est que l’auteur a trouvé le ton juste. C’est un récit musclé dans lequel se chevauchent l’anticipation, la science-fiction, la psychologie et l’horreur, certains passages sont pour le moins saisissants.

De l’action en crescendo et des personnages fort bien travaillés et approfondis. Le bestiaire est aussi superbement imaginé et ne laisse pas indifférent. Je me suis attaché très tôt à Artyom, ce qui a grandement contribué à l’intérêt que j’ai manifesté pour l’histoire dans ses débuts. L’ensemble est original et intriguant avec entre autres l’influence du néonazisme et d’un mystérieux 4e reich.

Aussi impressionnante que puisse être cette histoire, elle comporte certaines faiblesses. D’abord c’est un pavé très long qui prend parfois l’allure d’une chronique du quotidien dans le métro. Il y a des longueurs, parfois indigestes et un peu de redondance. Le récit de 850 pages aurait pu en sacrifier 150 sans nuire à son objectif.

Deuxième point, l’histoire est dépourvue de présence féminine. Je ne comprends. pas ce choix de l’auteur. En ce qui me concerne, j’ai réalisé très vite que ça manquait. Troisièmement, un des éléments redondants de l’histoire tient au fait qu’Artyom est toujours sauvé à la dernière minute.

Ça donne à l’histoire un caractère probable et prévisible. Enfin, il aurait été intéressant de développer un peu plus sur l’organisation des stations et d’expliquer ce que le néonazisme vient faire là-dedans.

Malgré tout, l’histoire m’a emporté et c’est ce que je voulais. Je n’irais pas jusqu’à dire que c’est un chef d’œuvre mais l’ouvrage a quelque chose de sidérant. Je vous le recommande, mais prévoyez du temps…

Suggestion de lecture : LIVRE DE SANG, de Clive Barker

Né en 1979 à Moscou, Dmitry Glukhovsky, après des études en relations internationales à Jérusalem, a travaillé pour les chaînes Russia Today, EuroNews et Deutsche Welle. Métro 2033 a d’abord paru sur Internet avant de devenir un best-seller. Dmitru Glukhovssky est également l’auteur de Métro 2034, Sumerki (Prix Utopiales 2014, futu.re (Prix Libr’ànous 2016 et métro 2035.

La série

Bonne  lecture
Claude Lambert
le dimanche 12 juin 2022

 

LA 5e VAGUE, le livre de RICK YANCEY

*Oubliez les batailles héroïques avec des tanks et des
avions de chasse, et notre victoire finale d’humains
intrépides…sur cette nuée de créatures aux yeux
exorbités. C’est aussi éloigné de la vérité que leur
planète mourante n’était éloignée de la nôtre, bien
vivante. La vérité c’est qu’une fois qu’ils nous eurent
trouvés, nous étions foutus. *
(Extrait : LA 5e VAGUE, Rock Yancey, éditeurs : Robert Laffont
2013 et Pocket jeunesse 2018, édition de papier, 640 pages)

À l’aube de la 5e Vague, sur une autoroute désertée, Cassie tente de Leur échapper… Eux, ces êtres qui ressemblent trait pour trait aux humains et qui écument la campagne, exécutant quiconque a le malheur de croiser Leur chemin. Eux, qui ont dispersé les quelques rescapés. Pour Cassie, rester en vie signifie rester seule. Elle se raccroche à cette règle jusqu’à ce qu’elle rencontre Evan Walker. Mystérieux et envoûtant et qui pourrait bien être son ultime espoir de sauver son petit frère. Ils savent comment nous exterminer. Ils nous ont enlevé toute raison de vivre. Ils viennent maintenant nous arracher ce pour quoi nous sommes prêts à mourir…

Une promesse en pleine invasion
*…Il existe toutes sortes de conneries…les conneries que tu
connais…les conneries que tu ne connais pas…Et les
conneries que tu penses connaître, mais que tu ne connais
pas vraiment. Faire une promesse au beau milieu d’une
invasion extra-terrestre tombe dans cette dernière
catégorie.
(Extrait)

1ère vague : Extinction des feux, 2e vague : Déferlante, 3e vague : Pandémie, 4e vague : Silence

Dans ce drame post-apocalyptique, nous suivons une jeune fille : Cassiopée Marie Sullivan qui sera appelée Cassie tout au long du récit. La terre a été envahie par des extra-terrestres qui, en quatre vagues successives, ont éliminé plus de 80% de l’humanité…des milliards de morts. À la lisière de la cinquième vague, nombre d’humains restants sont victimes d’abduction par les envahisseurs,

nous retrouvons Cassie, témoin d’un massacre dont celui de son père, obligée de laisser aller son petit frère Sammy embarqué par des humains *envahis* avec les autres enfants vers un mystérieux camp où ils seront pris en charge. Dans sa lutte incessante pour survivre, Cassie sera sauvée par un adolescent pour le moins mystérieux et énigmatique : Evan Walker.

Cassie peut-elle faire confiance à Evan qui pourrait bien être un *autre*, une coquille occupée par un esprit extra-terrestre. Dans un cas comme dans l’autre, Evan, qui devient graduellement amoureux, pourrait être la seule chance pour Cassie de retrouver son petit frère.

Ce livre est d’une grande actualité car il évoque un débarquement extra-terrestre tant évoqué par les romanciers, scénaristes du 7e art et les ufologues. Ici, l’idée des extra-terrestres est sensiblement la même que celle développée dans le film INDEPENDANCE DAY : éliminer complètement la race humaine et prendre possession de la terre pour la vider de ses ressources.

Mais dans le livre qui nous intéresse aujourd’hui, l’élimination est plus méthodique et complexe. Car même s’il en est question, on ne voit pas de vaisseaux ni d’extra-terrestres, ils sont là avec un plan précis d’annihilation : première vague : destruction de toutes les sources mondiales d’électricité, deuxième vague : un monstrueux raz-de-marée tue des millions de personnes, troisième vague : la peste se répand et emporte la presque-totalité de la population mondiale.

L’abduction intervient en quatrième vague alors que plus personne ne sait à qui faire confiance. La cinquième vague a un impact plus puissant encore sur le plan psychologique : *Le camp, les infestés ; ils prétendent que nous n’avons pas été entraînés pour tuer les extraterrestres, mais que les extraterrestres nous entraînent à nous entre-tuer. * (Extrait)

J’ai accroché très vite à ce roman malgré quelques irritants comme cette histoire d’amour entre Evan et Cassie, prévisible au possible, un peu naïve et inutilement compliquée. Je note aussi de l’errance textuelle, des longueurs qui sont susceptibles de diluer l’intérêt.

Le contexte est parfois tiré par les cheveux, l’auteur s’intéressant davantage à la mort qui se répand qu’aux conditions de vie des survivants. La galerie de personnages est très vaste. Aussi, il faut faire attention, car les enfants, une fois enlevés, changent de nom. Alors qu’on approche de la conclusion, il devient difficile de départager les personnages.

Les forces du roman sont évidentes et son originalité réside dans le fait qu’on ne voit ni extra-terrestres, ni soucoupes volantes, ni rayons mortels. Pas de créatures étranges sauf des hommes menacés par une éradication déjà bien avancée. Des hommes restants qui deviennent possédés puis manipulés.

L’impact psychologique de ce roman est plus puissant que l’action qui en découle. C’est un roman très fort mais il est noir et laisse peu de place à l’espoir. Peut-être celui-ci fera-t-il son apparition dans les prochains tomes. Dans la 5e VAGUE, les émotions sont déferlantes. Je ne me suis pas spécialement attaché aux personnages, mais Cassie est une battante et c’est un plaisir de la suivre…un beau stress.

Les dialogues sont parfois savoureux mais leur réalisme est de nature à clouer le lecteur sur place. C’est un roman profond, complexe, sombre qui en dit long sur la fragilité de la nature humaine. On peut être mitigé sur une œuvre d’une telle stature mais on s’accorde pour dire qu’elle ne laisse pas indifférent.

Suggestion de lecture : NOIRE PROVIDENCE, de James Rollins

Originaire de la Floride, Rick Yancey est titulaire d’un master de littérature anglaise. Il travaillera quelques années comme inspecteur des impôts avant de décider que son diplôme lui serait plus utile s’il se consacrait à l’écriture à plein temps- ce qui lui réussit depuis 2004. Auteur de romans pour adultes et jeunes adultes, Rick Yancey a été récompensé par de nombreux prix prestigieux, dont le Michael L. Prinz Honor et le Carnegie Medal. Lorsqu’il n’écrit pas, Rick Yancey consacre son temps à sa famille. Pour les blogueurs,  la Trilogie LA 5E VAGUE succède à Hunger games, la fameuse trilogie de science-fiction dystopique

La 5e vague est une trilogie

La 5e vague au cinéma

L’adaptation de la 5e vague au grand écran a été réalisée par J. Blakeson et est sortie en janvier 2016.
Dans la distribution, on retrouve entre autres Chloë Grace Moretz, Nick Robinson et Alex Roe. Trois scénaristes, Suzannah Grant, Akiva Goldsman et Jeff Pinker ont écrit le texte d’après l’œuvre de Rick Yancey. La critique a été plutôt mitigée sur ce film. D’après les annotations d’
ALLO CINÉ, 7% seulement des spectateurs qui ont critiqué le film lui ont accordé cinq étoiles. La Presse n’a pas été beaucoup plus emballée.

Bonne lecture
Claude Lambert
le dimanche 8 mai 2022

LES NETTOYEURS, le livre de JULIEN CENTAURE

*Il se demanda même si leur sort était plus enviable
que celui des humains domestiqués. Ces derniers
vivaient à la surface et même si à soixante ans, ils
étaient immanquablement décérébrés, il s’agissait
d’une mort sans souffrances. *
(Extrait : LES NETTOYEURS, Julien Centaure C.I.P.P.
éditeur, 2015, 408 pages, papier. Version audio : Audible
studios éditeur, 2018, durée d’écoute, 14 heures 40
minutes. Narrateur : Renaud Dehesdin.)

La civilisation humaine ne subsiste plus que dans quelques cités souterraines. Les gens vivent et meurent dans leur cité sans jamais voir la lumière du jour. Seuls les nettoyeurs montent encore à la surface pour entretenir les installations. Ils doivent y affronter une nature particulièrement hostile où la moindre erreur est fatale. Lum détient le record absolu du nombre de sorties à la surface. Mais cette 489ème sortie ne va pas du tout se dérouler comme d’habitude

La touche de Centaure
*Lisa se demanda ce qu’elle serait devenue sans ce
jardin. Peut-être aurait-elle craqué. Se forçant un
passage jusqu’à une des cheminées de sortie des
nettoyeurs pour gagner la surface et aller mourir
dans les bras d’un plouton…une mort sans douleur,
on perdait conscience pour toujours…*
(Extrait)

C’est une histoire intéressante et bien imaginée. Elle a beaucoup d’affinité avec le volume précédant de Centaure : Esperanza 64. Voyons d’abord le synopsis. Il y a des centaines d’années, des créatures appelées PLOUTONS sont venues sur terre pour tuer, décimer l’humanité.

Ces créatures étaient dirigées mentalement par des Nymphes, des créatures translucides qui rappellent les méduses, mais elles se déplacent dans l’air plutôt que dans l’eau. Leurs motivations sont plutôt obscures. Des milliards d’humains sont morts décérébrés par les ploutons. Les survivants se sont rapidement organisés et ont créé des cités sous-terraines à l’épreuve des ploutons.

Devant cette résistance, les ploutons ont permis à des humains *domestiqués* de vivre en surface à la condition d’être décérébrés à l’âge de soixante ans. Le but de ce sursis est de combattre et nettoyer les cités sous-terraines. Ces humains domestiqués sont les Amiens. Une de ces cités est particulièrement coriace à combattre : Antéa.

Les seuls citoyens habilités à monter à la surface sont les Nettoyeurs qui voient à la maintenance des équipements. Les nettoyeurs dont LUM, le plus anciens et le meilleur ont développé un procédé mental qui leur permet de tenir tête aux Ploutons.

Antéa multipliait les stratégies pour combattre les Amiens. Une stratégie ultime consistait à envoyer un groupe d’espion avec Lum en tête dans le lointain continent Amien afin de comprendre leur mode de vie et leurs motivations.

Le dévoilement de leur identité les amènera à fuir et finalement s’engager dans l’armée Centaurienne et combattre dans la guerre qui oppose les centauriens aux furies et aux fantômex de la Planète Porte. Lume en reviendra complètement transformé, tout comme le destin de l’humanité.

J’ai été davantage surpris que déçu par l’écoute de ce livre, à cause de la tournure des évènements. La première partie du livre développe la rébellion des antéens qui est devenue une guerre ouverte avec les amiens. Beaucoup de morts, beaucoup de blessés et surtout des stratégies développées par Anthéa pour survivre…des stratégies, des techniques, des idées toutes plus brillantes les unes que les autres.

Je me demandais si les amiens comprenaient ce qui leur arrivait. J’étais figé par la narration de Dehesdin jusqu’à ce qu’une délégation d’espions dirigés par Lume soit déportée sur le continent amien. Là, changement de rythme, de style, la plume s’alourdit et, avec la participation des espions à la guerre centaurienne, l’histoire fait un virage inattendu et prend une saveur philosophique alors qu’un fantôme s’adresse mentalement à Lum.

Ici, je me suis demandé si l’auteur n’avait pas manqué d’inspiration, mettant de côté un long moment les événements qui secouent Antéa au profit d’un long palabre qui transforme Lum complètement et par la bande toute la chaîne d’évènements. J’ai trouvé ça un peu facile…à la limite de l’ennuyance.

Cette mission d’espionnage dont je n’ai pas vraiment saisi la nécessité a peut-être été vue par beaucoup de lecteur/lectrices comme un coup de génie par l’auteur, mais malheureusement, elle aboutit sur une finale bâclée, expédiée et peu crédible. C’était trop facile à mon avis parce que le thème est sous-développé.

Ce virage est surprenant je le rappelle, mais pas forcément décevant même si je ne suis pas sorti de cette écoute vraiment emballé. Il y a quand même des forces dignes de mentions : la notion même de nettoyeur est une trouvaille. Elle a été travaillée, structurée, approfondie et en ajoutant des qualités intrinsèques cela m’a permis de m’attacher au principal personnage du roman.

Il y a de l’émotion dans cette histoire et même de l’amour et il a sa place, aucun doute, même si aimer un nettoyeur n’est pas simple. Le récit prend l’allure d’un space opera, une aventure dramatique évoluant dans un environnement géo-politique complexe le tout avec un certain réalisme scientifique.

Si j’avais à noter, je donnerais un bon 70%. Largement suffisant pour recommander l’écoute du livre très bien narré par Renaud Dehesdin.

Suggestion de lecture, du même auteur : ESPERANZA 64

DES LIVRES DE JULIEN CENTAURE

L’auteur raconte

En ce qui me concerne, il n’y a pas grand-chose à dire, mais il faut savoir que lorsque j’écris, je suis presque tout le temps dans l’histoire. Le soir, dans mon lit, est un moment particulier, riche en idées, en rebondissements, mais je suis aussi dans l’histoire quand je fais mon jogging, quand je suis dans une salle d’attente, quand je conduis…

Écrire une histoire c’est la vivre à la puissance 10, c’est oublier presque totalement le monde réel. On est dans une petite pièce de 8 m² et on tient l’univers dans sa main.

Par contre, lorsque je n’écris pas, je fais vraiment n’importe quoi. Je ne me contrôle plus. Je suis une âme damnée. L’écriture est donc une thérapie pour moi. C’est par elle que je trouve un équilibre et que je deviens un humain normal.  J’ai écrit de nombreux ouvrages dont beaucoup ne seront jamais publiés, mais c’est toujours le dernier, celui que je vis, qui me semble le plus passionnant.
(Julien Centaure via Amazon.fr)

Bonne écoute
Claude Lambert
Le dimanche 13 mars 2022

L’ÉPREUVE, tome 1, LE LABYRINTHE, de James Dashner

*Les griffeurs ont un sale effet sur leurs victimes, un truc très douloureux qui les secouent de la tête aux pieds. Ceux qui sont passés par là ne sont plus jamais les mêmes.* (Extrait : L’ÉPREUVE tome 1, éditions Pocket jeunesse Univers poche, 2013, numérique, 680 pages)

Thomas, un ado de 16 ans reprend graduellement conscience. Il ne se rappelle de rien sauf de son nom. Il est dans un ascenseur qui le conduit dans un labyrinthe aux murs infranchissables où vivent déjà une quarantaine d’ados. La vie y semble bien organisée. Des vivres apparaissent chaque jour.  Des monstres d’acier longent le labyrinthe chaque nuit et empêchent toute activité. Un jour, une jeune fille fait son entrée dans le labyrinthe par l’ascenseur. Elle a un message : *C’EST LA DERNIÈRE*. L’approvisionnement cesse. Une épreuve impitoyable commence. 

VASE CLOS
*Comment peut-on bouger une masse pareille? Ces
murailles sont gigantesques, on dirait qu’elles sont
là depuis mille ans. L’idée de voir ces murs se
refermer et le piéger dans cet endroit qu’on appelait
le BLOC lui glaçait le sang.
(Extrait : L’ÉPREUVE, livre 1, LE LABYRINTHE)

Voici un excellent livre qui vous assurera un extraordinaire moment de lecture. Je viens d’ailleurs de le placer dans le TOP 50 de mes meilleures lectures à vie. LE LABYRINTHE est une dystopie, premier tome d’une trilogie intitulée L’ÉPREUVE, adaptée au cinéma. Idéalement, pour lire ce livre, il faut du temps parce qu’il est frustrant d’en interrompre la lecture.

Mon attention a été retenue dès le départ, saisi et intrigué que j’étais par l’étrange environnement dans lequel le personnage principal, Thomas a été catapulté, ne se rappelant que de son prénom, amené par une **boîte-ascenseur** venant d’on ne sait où.

Thomas venait ainsi rejoindre une communauté de jeunes garçons ados vivant depuis plus de deux ans, approvisionnés à chaque semaine, dans un vase clos comprenant ce que l’auteur appelle un bloc et tout autour, un immense labyrinthe dont les murs se déplacent et se ferment chaque soir. Après deux ans, aucun coureur n’a jamais trouvé de sortie et plusieurs ont subi la transformation suite aux piqures de cruelles bestioles qui rôdent dans le labyrinthe.

Quand j’ai plus de cinq questionnements sérieux dès les premières pages d’un livre, j’en deviens prisonnier, c’est inévitable. C’’est quoi cette «boîte ascenseur» et d’où elle vient? Qui sont ces jeunes et pourquoi ont-ils perdu la mémoire? Pourquoi sont-ils enclavés devant le labyrinthe?

Pourquoi la dernière personne arrivée au bloc est une fille et que veut dire le message qu’elle tient à la main : «c’est la dernière, il n’y en aura pas d’autres». C’est quoi ce labyrinthe et ces créatures meurtrières… j’arrête ici…disons que la liste est très longue.

Bref, ma curiosité a été constamment stimulée. J’ai eu les réponses à mes questions, mais à la petite cuillère seulement. Comment lever le nez d’un livre quand on va de surprise en surprise et de rebondissement en rebondissement.

Je ne peux pas tout dévoiler, mais imaginez un monde désespéré, en perdition, atteint par une maladie provoquant des souffrances qui mènent à la folie, ajoutez-y des scientifiques tarés, des jeunes qui ont un point en commun : une intelligence supérieure et un endroit étrange pour les parquer, vous obtenez LE LABYRINTHE, premier volet d’une expérience tordue qui fera mal…très mal. Vous trouvez que j’en ai beaucoup dévoilé? Vous n’avez rien vu.

En plus d’une intrigue solide qui s’intensifie au fil des pages, le livre a tout pour plaire aux jeunes comme aux moins jeunes : des chapitres courts, des phrases courtes, une plume habile d’une remarquable fluidité, une trame captivante qui enveloppe le lecteur, intensité dramatique en crescendo. Le sujet est original et la finale donne l’EAU À LA BOUCHE.

Vous pouvez lire mon commentaire sur les tomes 2 et 3 ici  et sur le livre de Dashner qui raconte l’histoire qui précède LE LABYRINTHE ici.

Suggestion de lecture  : LE SICARIER, de Danny-Philippe Desgagné

James Dashner est un auteur américain né en 1972. Après avoir écrit des histoires inspirées du SEIGNEUR DES ANNEAUX, il a suivi des études de finances, mais très vite, il est revenu à sa passion de l’écriture. Aujourd’hui, il continue d’inventer des histoires inspirées de ses livres et films préférés. Sa dernière trilogie L’ÉPREUVE connait un immense succès aux États-Unis …tellement qu’après la trilogie, Dashner a écrit un nouveau tome pour éclaircir les derniers mystères du labyrinthe.

LA TRILOGIE ET LE PRÉQUEL

 LE LABYRINTHE AU CINÉMA

                 

BONNE LECTURE
JAILU/Claude Lambert
le dimanche 4 mars 2017