LIVRE DE SANG, l’oeuvre de CLIVE BARKER

*Pour quelle raison les puissances des ténèbres (qu’elles tiennent une cour éternelle! Qu’elles chient éternellement leur lumière sur la tête des damnés!) L’avaient dépêché de l’enfer pour tourmenter Jack Polo, voilà ce que le cacophone ne parvenait pas à découvrir.* (Extrait : LIVRE DE SANG, titre original : BOOK OF BLOOD volume 1, Clive Barker, t.f. Alabin Michel, 1987. Édition numérique 185 pages)

LIVRE DE SANG est le premier d’une série de 6 recueils de nouvelles et portant le titre de la série. Les récits plongent le lecteur dans un univers gore où se côtoient le normal et le paranormal. Dans la première, on suit l’expérience de Simon McNeal, un escroc de petite envergure qui se fait passer pour un médium. Mais son escroquerie se retourne contre lui et McNeal devient victime de toute cette horde de morts qu’il a invoqués. C’est ainsi que des livres de sang vont s’imprimer sur sa chair. Les nouvelles sont sans liens entre elles mais elles ont toutes un point en commun : des scènes et des situations d’une horreur sans nom…

Gore…riens de moins
*Il connaissait les victimes et il connaissait
les garçons. Il ne s’agissait pas de débiles
incompris mais de créatures aussi vives,
féroces et amorales que les lames de
rasoir dissimulées sous leurs langues. Ils
n’en avaient rien à faire des sentiments,
ils voulaient juste sortir…
(Extrait : LIVRE DE SANG)

LIVRE DE SANG est une trouvaille au sujet original. Pour bien saisir l’originalité de l’ensemble, il faut d’abord se concentrer sur la première nouvelle qui porte le titre de la série.

C’est l’entrée en matière qui m’a plongé dans des mondes glauques et gores. Cette première nouvelle suit l’expérience de Simon McNeal qui se dit médium mais qui n’est rien d’autre qu’un petit escroc. Les fantômes invoqués jugent que l’escroquerie de McNeal est punissable et décide d’imprimer leur histoire dans sa chair. C’est ainsi que McNeal devient LIVRE DE SANG.

Je ne peux pas détailler vraiment les nouvelles sans nuire à l’effet de surprise. Je peux dire toutefois que j’ai été happé par chaque nouvelle, heureuse victime d’une écriture puissante, bénéficiant en plus d’une excellente traduction.

J’avais entendu parler de Clive Barker. Pour ce que j’en savais, je le comparais un peu à Stephen King, Edgar Allan Poe ou Doug Bradley. Pendant la lecture, c’est avec bonheur que j’ai constaté que le style se rapprochait plus d’un géant que j’adore : H.P. LOVECRAFT (1890-1937) dont le livre LES MONTAGNES HALLUCINÉES m’avait fortement impressionné.

Chaque nouvelle est empreinte d’opacité et d’horreur, mais une horreur dosée et manipulée de façon à garder le lecteur dans le coup, lui retirant l’envie de fermer le livre. Il y a même une place pour l’humour. Il y a aussi des passages où le lecteur pourrait ressentir du dégoût. L’épouvante est présente partout, mais c’est bien écrit et surtout très bien dosé. Comme vous voyez, il y en a un peu pour tous les goûts.

Il y a pour chaque nouvelle un fil conducteur qui est aussi le reflet de l’ensemble de la saga et ce fil n’est pas sans ébranler ou tout au moins porter à la réflexion ceux et celles qui croient aux sciences paranormales, à savoir que les morts regrettent d’être morts et reviendraient volontiers dans une enveloppe de chair, pour repartir à zéro peut-être, éviter les erreurs déjà commises ou finir une mission…allez savoir.

Je recommande ce livre, spécialement aux consommateurs de littérature de l’imaginaire. La plume de Barker est superbe. Ça ne vous laissera pas indifférent. La série porte extrêmement bien son titre. Vous verrez très vite pourquoi…

Suggestion de lecture : MÉTRO 2033, livre de DMITRY GLUKHOVSKY

 LA SÉRIE *LIVRE DE SANG*

C L I V E   B A R K E R

Clive Barker est un romancier anglais né à Liverpool en 1952. Il est aussi dramaturge, scénariste de bandes dessinées, peintre et cinéaste. À ce dernier titre, il a réalisé et scénarisé en 1988, le film HELLRAISER LE PACTE, un film d’épouvante inspiré d’une de ses nouvelles. Suite à ses études en littérature anglaise et en philosophie, Barker écrit d’abord des pièces de théâtre, puis sort son premier roman LE JEU DE LA DAMNATION en 1985.

Plus de 25 livres suivront, sans compter les films réalisés ou scénarisés. Son parcours comprend quelques chefs-d’œuvre dont IMAJICA publié en 1991. Au moment d’écrire ces lignes, Clive Barker, qui ne cache pas son homosexualité, vit à Los-Angeles avec David E. Armstrong.

BONNE LECTURE
JAILU/Claude Lambert
le dimanche 4 juin 2017

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