SEAWOLF, Michael Dimercurio

<Ahmed sentit un soupir de soulagement monter en lui, jusqu’à
ce que les écrans des ordinateurs s’arrêtent, que les lumières
s’éteignent et que les derniers ventilateurs cessent de fonctionner.
À 5 mètres sous la surface de la mer, le bâtiment avait perdu toute
source d’énergie. >
Extrait : SEAWOLF de Michael Dimercurio, L’Archipel éditeur pour la
traduction française, 1997. Édition de papier, 460 pages.

 

2002 : Mohammed al-Sihoud, maître absolu des pays musulmans coalisés, déclare la guerre sainte à l’Occident. Son principal atout : l’Hégire, un sous-marin équipé d’un missile au plutonium. Son plan : rayer Washington de la carte. A bord du Seawolf, le commandant Michael Pacino sait qu’il doit tout faire pour intercepter l’Hégire. Et que le compte à rebours qui déclenchera le feu nucléaire est déjà commencé…

 

Dernière chance
Aucune mission ne se déroule jamais parfaitement.
La seule différence entre une opération réussie et
un raid raté réside dans l’ampleur des imprévus.

<extrait>

C’est un techno-thriller assez efficace si je tiens compte du fait que j’avais l’impression de manquer d’air en lisant le récit de cette poursuite ultime de sous-marins qui se lancent des missiles meurtriers et destructeurs. Donc, en ce qui me concerne, l’auteur a trouvé le ton juste même si le roman est ultra-technologique…trop pour moi en fait même s’il a eu la bonne idée d’annexer un glossaire à la fin du volume. Toutefois, l’histoire comme telle est simple.

Le FIU, front Islamique uni, déclare la guerre aux pays occidentaux et son chef suprême, le général Al-Sihoudf souhaite lâcher sur les États-Unis un missile d’un nouveau genre qui tuerait tous les américains par l’effet de radiations rapidement envahissantes. Ce missile unique serait lancé à partir d’un super sous-marin de classe Destiny appelé Hégire. Au-Moins deux sous-marins américains vont se casser les dents sur l’Hégire. Finalement, le Seawolf se lance dans une mission de la dernière chance mais son destin n’a rien de réjouissant.

Au-delà des irritants qui parsèment cet ouvrage, j’ai été impressionné par les stratégies et contre-stratégies des capitaines qui connaissent à fond les incroyables possibilités de leur bateau. Malgré un langage technique complexe, l’auteur a entretenu chez moi une certaine anxiété. C’était haletant. Et bien sûr une chasse aveugle a toujours un caractère angoissant.

Il y a quelques points qui m’on agacé. L’introduction est très longue. Il est difficile d’entrer dans l’histoire et de comprendre sa structure car le Seawolf embarque dans la course tardivement. De plus, l’état du sous-marin est précaire, ayant été retiré prématurément d’un chantier de réparation. J’ai remis continuellement en question son efficacité. Tout ça nous amène vers une finale étrange qui m’a rappelé des scènes au ralenti. J’ai été un peu déçu par la conclusion qui m’a semblé un peu bâclée.

Enfin, ça parait que l’auteur DiMercurio a servi à bord d’un sous-marin à titre d’officier. D’une part, il traîne dans ce livre la trame de ses deux livres précédents : OPÉRATION SEAWOLF et LE SOUS-MARIN DE L’APOCALYPSE. J’ai trouvé les liens timides, ténus. Il eut été peut-être préférable de les lire avant LA MISSION DE LA DERNIÈRE CHANCE. Peut-être mais je suis sceptique.

Le problème n’est pas de saisir l’histoire et de savoir où l’auteur s’en va. Le problème c’est de passer à travers tout le jargon technologique qui dilue l’intrigue et l’action. L’auteur a fait certains efforts pour vulgariser mais j’avais quand même l’impression d’avoir en main le canevas d’un cours de sous-marin 303. Je maintiens toutefois que ce thriller a été suffisamment efficace pour maintenir chez moi cette espèce de stress grisant qui me rive aux pages. Le livre a la note de passage. À vous de voir.

Suggestion de lecture : PANIQUE À LA MAISON BLANCHE, de Clive Cussler

Formé à l’Académie navale d’Annapolis dans le Maryland, et diplômé du MIT en ingénierie mécanique, plongeur et ancien officier à bord du sous-marin USS Hammerhead, Michael DiMercurio est un spécialiste des technologies de pointe en matière d’armement.

Huit romans ont paru aux éditions de l’Archipel, parmi lesquels Opération Seawolf (1994, rééd. 2003), Coulez le Barracuda ! (1998) Menace en haute mer (2001), La Dernière Torpille (2003), Alerte plongée immédiate (2005). Il vit à Princeton, dans le New Jersey. <L’Archipel>

Du même auteur

Bonne lecture
Claude Lambert
le vendredi 13 décembre 2024

LÉO MAJOR, un héros résilient

Biographie écrite par LUC LÉPINE

*L’ouvrage que vous tenez entre les mains saura vous donner le goût d’en savoir davantage sur l’héroïsme guerrier et sa perception sociale. Cela dit, si la résilience pouvait avoir un visage, Luc Lépine… a certainement su en peindre les traits sous ceux du sergent Léo Major. * (propos de Richard V. Blanchette, major général retraité, extrait de la deuxième préface, LÉO MAJOR, UN HÉROS RÉSILIENT, Luc Lépine, audio, Audible éditeur, durée d’écoute : 3 heures 14 minutes, narrateur : Alexis Martin)

La réalité de la guerre

C’est un récit biographique qui raconte l’histoire d’un homme qui était pour moi, jusqu’à aujourd’hui, une parcelle du soldat inconnu. Je ne connaissais pas les faits d’arme de Léo Major, et pourtant, il a participé à faire pencher la guerre du côté des alliés. Il est évident pour moi que Léo Major a été boudé et oublié par la toponymie et l’histoire malgré son incroyable bravoure et ses actions d’éclat comme le fait d’avoir libéré à lui seul la ville de ZWOLLE en Hollande, 50,000 habitants, fortement occupée par les allemands.

Il a sauvé la ville en appliquant une ruse géniale que je vous laisse découvrir. Léo Major a servi dans le régiment de la CHAUDIÈRE et le Royal 22e régiment des Forces Canadiennes. C’était un téméraire et son surnom de *rambo québécois* laisse à penser que c’était aussi une machine de guerre.

J’ai appris des choses étonnantes dans ce récit. Surprenant par exemple qu’un corps aussi brisé par la guerre ait pu survivre. Étonnant de constater qu’un homme qui possède une telle étoffe du héros ait eu si peu de reconnaissance. Mais en fait de démobilisation, je dirais qu’on lui a plutôt montré la porte. Il y a toutefois des raisons à cela.

Léo Major était un caractériel, peu respectueux des règles et parfois des ordres. Il critiquait aussi allègrement les officiers, ce qui parait très mal dans un dossier militaire. Impulsif, ombrageux, brouillon sur le plan personnel, Major a bâti sa valeur sur le front et il est pourtant resté incroyablement discret sur ses prouesses guerrières.

Le livre audio LÉO MAJOR UN HÉROS RÉSILIENT est une œuvre en parfait équilibre développée et présentée simplement, l’auteur, Luc Lépine a évité le piège du sensationnalisme, ce qui n’empêche pas le narrateur, Alexis Martin, de se sentir au cœur des évènements et d’utiliser parfois un ton d’urgence. Il m’a entraîné doucement mais fermement.

Il a capté mon attention, et il l’a gardée jusqu’à la fin. Avec sa plume captivante, Lépine a tout prévu : il a passé en revue le contexte social, le contexte familial, le contexte militaire, les exploit et l’après-guerre qui ne fut pas sans épreuve. C’est un travail bien documenté.

Luc Lépine m’a fait connaître un homme épique et j’espère sincèrement qu’avec la diffusion de son œuvre, Léo Major deviendra une véritable inspiration pour les générations futures et que le héros sera célébré chez nous comme les hollandais de ZWOLLE le célèbrent ponctuellement depuis que Léo est entré dans leurs vies en les libérant du joug allemand. Cet œuvre m’a surpris. Je suis heureux de la classer parmi mes meilleures auditions jusqu’à maintenant.

Suggestion de lecture : DEREK AUCOIN LA TÊTE HAUTE, de Benoît Rioux. Résit biographique.

Luc Lépine est un historien militaire québécois. Il a étudié au Royal Military College à Kingston. En 2005, il a obtenu un doctorat de l’Université du Québec à Montréal (UQAM) portant sur l’histoire du district de milice de Montréal de 1787 à 1829. Il a travaillé au ministère de l’Éducation. Comme chargé de cours, il enseigne pour les Forces armées canadiennes. En plus de sa biographie de Léo Major, Luc Lépine a écrit LE QUÉBEC ET LA GUERRE DE 1812.

BONNE ÉCOUTE
Claude Lambert
le samedi 14 septembre 2024

LA CITÉ DU FEU SACRÉ

6e tome de la série
THE MORTAL INSTRUMENTS

De CASSANDRA CLARE

*Les héros ne sont pas toujours ceux qui gagnent. Ils sont ceux qui perdent, parfois. Mais ils continuent de se battre, ils continuent de revenir. Ils n’abandonnent pas. C’est ce qui fait d’eux des héros.*

(Extrait : LA CITÉ DU FEU SACRÉ, 6e livre de la série THE MORTAL INSTRUMENTS de Cassandra Clare, PocketJE éditeur, 2015, papier, 800 pages. Version audio : Audible studio éditeur, 2018, durée d’écoute : 21 heures 19, narrateurs : Bénédicte Charton et Mélina Sia)

Les ténèbres s’abattent sur le Monde Obscur. Le chaos et la destruction se propagent à une vitesse terrifiante. Clary, Jace, Simon et leurs compagnons rassemblent leurs forces pour faire face au démon le plus puissant qu’ils aient jamais affronté : Sébastien, le frère de Clary. Rien ne semble pouvoir l’arrêter. L’unique espoir de l’anéantir se trouve au cœur du Royaume des Démons. Mais, pour les Chasseurs d’Ombres, ce voyage exige de lourds sacrifices. La quête s’annonce plus difficile que jamais…

Une finale à la hauteur

C’est un fantasy assez sombre dans lequel se retrouvent la plupart des personnages de la saga, des tomes précédents. Je dis sombre en fait parce que les Nephilims et le monde obscur courent un grand danger car un monstre de vanité assoiffé de pouvoir et domination, Sébastien Morgenstern le frère de Clary <pour ceux qui ont suivi la série> veut anéantir ce peuple.

Comme toujours, les figurants sont des jeunes et la quête devient le classique de lutte du bien contre le mal. Et ça ne concerne pas seulement les Nephilims mais aussi les Loups-garous et les vampires qui sont aussi au cœur d’une éternelle dualité. Il y a aussi les sorciers et les chasseurs d’ombre.

Voilà, le dernier volet de cette grande saga : THE MORTAL INSTRUMENTS, raconte l’évolution de la guerre et le destin des belligérants dans une finale que j’ai trouvée intelligente, bien pensée et déployant beaucoup d’imagination. Seul défaut, elle est très longue mais il faut dire qu’elle clôt une très longue saga. Alors on peut s’étendre un peu.

Ce livre ne m’apporte pas grand-chose de nouveau en matière de fantasy urbain mais j’y ai découvert une certaine originalité et des petites trouvailles intéressantes comme par exemple des vampires diurnes, ce qui rompt avec une longue tradition littéraire. Autre exemple, il y a dans le grand New-York, un café pour vampires. Un endroit charmant où on sert du café avec juste ce qu’il faut de sang.

Des petites surprises de ce genre, l’auteure en a plusieurs pour nous mais règle générale, l’histoire contient les ingrédients habituels de la recette. On y trouve aussi beaucoup d’éléments auxquels nous a habitué la série TWILIGHT, c’est-à-dire le vampirisme servi à la moderne avec bien sûr un peu de romance. Contrairement à TWILIGHT toutefois, les amourettes ne font que diversion dans ce type de récit.

Pour résumer, j’ai trouvé le récit engageant avec une belle touche d’humour et des personnages attachants, bien travaillés y compris le méchant Sébastien Morgenstern même si j’ai trouvé ce dernier un peu caricatural. Le mélange action-romance est bien dosé. Je note enfin que l’histoire est trop longue inutilement, accusant ainsi un peu de redondance, une impression de déjà vu et d’errance. Je sais que la série a connu des moments très forts mais c’est une bonne chose je crois qu’elle s’arrête là. Je pense toutefois que l’ajout de nouveaux personnages pourraient devenir  récurrents dans une série que je suppose en gestation.

Suggestion de lecture : L’ÉPÉE DE VÉRITÉ, de Terry Goodkind

L’auteure Cassandra Clare

 Les cinq premiers tomes



Bonne lecture
Bonne écoute
Claude Lambert
le samedi 10 août 2024

ALIEN III, scénario de William Gibson

Multicast audio

*…mes efforts ont été entravés par la perte d’une grande partie de ma masse corporelle, déchiquetée par une créature d’une force et d’une férocité extraordinaires. Je vais assembler ces souvenirs au mieux en attendant une opportunité de les télécharger…voici donc ce qui reste de mes données sensorielles en tant que commandant en second à bord de l’USS Solako… *  
(Extrait du scénario d’ALIEN III repris et complété par
William Gibson, édité par Audible studio en 2020. Multicast)

Audible donne vie au script d’Alien III, écrit par William Gibson. Ce projet de film avait été abandonné, puis (re)découvert, à l’occasion du 40e anniversaire de la naissance de la franchise Alien. A découvrir désormais en audio !

En 1987, William Gibson, père du cyberpunk, termine l’écriture d’un scénario original pour Alien III. Conçu comme la suite d’Aliens, Le retour, il n’est jamais arrivé sur nos écrans mais le scénario a fuité, les fans se le sont approprié et en ont fait un épisode culte.

Cette adaptation multicast terrifiante créée par Dirk Maggs, réalisateur acclamé, plonge les auditeurs au cœur d’une histoire inédite. Ils se retrouvent dans un huis-clos étouffant, côtoyant aliens et humains grâce à une nouvelle expérience audio immersive époustouflante.

Sur fond de conflit spatio-économique entre deux superpuissances, l’équipage du vaisseau militaire est habité par les squelettes des survivants du film, conservés cryogéniquement : Ripley, Hicks, Newt et Bishop. Ceux-ci se retrouvent au centre d’une course aux armements biotechnologiques entre l’union des peuples progressistes et la weyland yutani lorsque leur navette est secourue.

ACTEURS : Charlyne Pestel, Philippe Catoire, Daniel Lafourcade, Jade Phan-Gia, Fily Keita, Max Joseph, Slimane Yefsah, François Raison, Jean-François Vlerick, Maud Vincent, Denise Metmer, Pascal Germain, Benjamin Egner, Juliette Degenne, Frédéric Souterelle, Hubert Drac, Sylvie Genty, Patrice Baudrier, Martial Le Minoux, Audrey Sourdive, Jochen Hägele, Stéphane Roux et Jean-François Aupied.

Toujours aussi terrifiant
*-Qu’est-ce qui lui arrive ? Je ne sais pas. Tout à l’heure
elle était ici…ils ont été exposés à un embryon. -Je dirais
plutôt tendon bio-mécanique. -Est-ce qu’elle se transforme
en une de ces saloperies ? Une métamorphose il semblerait. *
(Extrait)

Pour être honnête, je m’attendais un peu à autre chose, un peu de neuf, d’originalité. Pour commenter ce livre audio, je ne peux que me rapporter au commentaire que je publiais en 2019 : Encore une fois, j’ai eu droit à une excellente présentation omnisonore. Technique au point, effets sonores efficaces, musique de circonstance, rythme élevé sans longueur ni temps morts. L’histoire est facile à suivre en fait parce que beaucoup d’éléments nous ramènent au film qui a lancé la créature xénomorphe sur le sentier de la gloire : ALIEN LE HUITIÈME PASSAGER.

L’ensemble est immersif mais l’histoire comme telle sent le réchauffé, le déjà vu et donne la forte impression d’un essoufflement. Le fil conducteur de toute la saga n’a pas changé: *Ma mission, conformément à l’ordre spécial 9 3 7 de la compagnie Weyland-Utany consiste à ramener un spécimen vivant de la créature qui a attaqué et tué la totalité de l’équipage du NOSTROMO. * Ripley est la seule survivante. J’ai quand même passé un bon moment à l’écoute de cet audio-spectacle mais un peu frustré de suivre une série qui fait du <sur place>…en perte de vitesse, d’originalité, de nouveautés.

Cette répétition de genres et de style confine au cliché : les pauvres petits humains contre une créature foncièrement mauvaise, cruelle, invincible et en prime, dégueulasse avec une bave qu’on dirait sortir d’un robinet.

Si encore on lui avait trouvé une faiblesse, un petit quelque chose qui tend à égaliser les chances. Ça donne encore une fois un épisode peu abouti, prévisible et qui traîne en longueur. Sur le plan technique toutefois, c’est une réussite. La trame est immersive et nous donne l’impression d’être proche des acteurs. Ça fait quand même de l’oeuvre un bon divertissement.

Pour conclure sur cette série, je dirais que, même si on limitait le premier film de la série LE HUITIÈME PASSAGER au seul plan audio, ce premier opus n’a jamais été égalé car au-delà de l’horreur et de ses saisissants effets spéciaux, le caractère oppressif de son atmosphère dépassait sensiblement l’action et l’horreur. De plus, on savait où on s’en allait: n’importe où sauf sur la terre. Malgré tout, cette présentation multicast est de nature à stimuler l’imagination et c’est ce que recherchent beaucoup d’auditeurs et d’auditrices.

Suggestion de lecture : LE RESSAC DE L’ESPACE, de Philippe Curval

William Gibson est un auteur américain de science-fiction et l’un des leaders du mouvement cyberpunk né avec le premier roman de Gibson en 1984 : « Neuromancien »  (Prix Nébula, Prix Hugo et Prix Philip K. Dick). Les deux romans suivants complétèrent ce qui sera sa première trilogie communément appelée « Trilogie de la Conurb » : « Comte Zéro » (1986) et « Mona Lisa s’éclate » (1988).  

Deux de ses nouvelles ont été portées à l’écran : « Johnny Mnemonic » avec Keanu Reeves et « Hotel New Rose » avec Christopher Walken.  William Gibson, inventeur du terme cyberespace, a reçu à ce titre un doctorat honorifique de sciences humaines, décerné par l’université de Coastal Carolina, à Conway.

Dirk Maggs, est un écrivain et réalisateur indépendant travaillant sur tous les médias. Il est connu pour son travail à la radio, où il a transformé le drame radiophonique en « Audio Movies », une approche quasi visuelle combinant des scripts, des effets sonores superposés, musique et des technologies de pointe.

Bonne écoute
Claude Lambert
le dimanche 30 juillet 2023

LE DIEU DU DELTA 1, NOUVEAU MONDE

Commentaire sur le livre de
Bertrand Passegué

*De la petite éminence sur laquelle il se tenait, le vaisseau ressemblait
à une carapace de crustacé monstrueux échoué sur une grève d’algues
sombres. Tout autour, la végétation était verte, comme sur la terre mais
d’un vert plus intense, plus sombre, presque froid. L’herbe épaisse,
humide, craquait sous les pieds. Une bonne herbe. *
(Extrait : LE DIEU DU DELTA, livre 1, NOUVEAU MONDE, Bertrand Passegué,
Édition Critic, 2016, format numérique, 432 pages. disp. format broché)

Trente-cinq années dans l’espace, c’est un bien long voyage pour un vaisseau terrien. Pourtant, c’est à l’arrivée sur la planète Bêta IV Hydri que les véritables ennuis commencent pour l’astrogateur Nathan Stone et ses compagnons. Dans la petite colonie, plusieurs sections – militaires, politiciens, citoyens ambitieux – s’affrontent.
Qui parviendra à imposer son pouvoir ? Et quelle est donc cette étonnante entité qui vit au cœur du delta auprès duquel s’est posé leur vaisseau ? Ils pensaient fuir une terre devenue inhospitalière et dénicher un havre de paix mais finalement, ils vont trouver la guerre.

Là où il y a de l’humain…
(Variation sur un thème connu)
*Avec les réserves de nourriture, les vêtements, les médicaments,
enfin, tout ce que Wowocka voudra bien nous laisser…Nous
réussirons à survivre ! Et nous recommencerons à cultiver le
sol avec nos mains, à élever notre bétail, comme nos lointains
ancêtres de la terre… Peut-être même que nous serons heureux ! *
(extrait)

Variation sur un thème archi-connu, toutefois, Nouveau Monde, le premier tome de LE DELTA DU FLEUVE pose beaucoup de questions et tend à démontrer que la principale nuisance de l’homme est l’homme lui-même. Nous sommes au XXXIe siècle. La terre se meurt. On décide d’envoyer une expédition afin de coloniser une planète déclarée depuis longtemps habitable : BÉTA IV.

Un immense vaisseau y emmène plus de 3000 colons et plusieurs centaines de membres d’équipage. Après trente années de voyage, une fois à destination, la suite s’annonce difficile, voire périlleuse. En fait, le vaisseau est à peine posé que la discorde s’installe entre le maître à bord, le capitaine Kodkine et les colons et même entre les colons, ça déraille. Il se forme des clans. Bientôt la première défection, Wowoka, un indien. D’autres le suivront.

Puis, poussés par la tyrannie de Kodkine, les colons quitteront le vaisseau pour créer un village dans la forêt et feront bientôt connaissance avec une mystérieuse entité entourée d’une nuée d’insectes, une entité qui aura bientôt son premier prêtre : Wowoka. Entre temps, la guerre éclate entre l’équipage et les colons. Assoiffé de pouvoir, Kodkine demeure inflexible. L’opération Béta IV se dirige vers un échec lamentable et sanglant. Qui aura le dernier mot : Kodkine, les colons ou le mystérieux dieu du Delta ?

L’auteur met en perspective la volonté des hommes de bâtir un monde nouveau en évitant les erreurs du passé sur terre. Mauvais calcul des hommes car ils ont amené l’hommerie avec eux. La nature humaine n’échappe pas à l’atavisme de sa nature. Autre mauvais calcul, on a laissé tout reposé sur un seul homme à qui on a donné le pouvoir absolu : Kodkine. On a joué avec le feu, on s’est brûlé. Ce qui devait être un nouveau départ avec une vie meilleure n’est devenu rien d’autre qu’un effroyable gâchis.

Et c’est là que l’auteur m’a surpris… en créant une entité omnisciente qui a tout prévu. Mais prévu quoi : Si vous êtes comme moi, vous risquez d’être pris dans une toile addictive jusqu’à la finale qui est de toute beauté même si elle est très abrupte. En tout cas, elle donne un signal clair pour le deuxième tome de la trilogie : LE SEPTIÈME CYCLE

C’est bien écrit, bien imaginé, exprimé clairement avec un fond de philosophie car on sent que la pensée de l’auteur est tournée vers la nature humaine qui est mal connue même des hommes on dirait car sinon pourquoi les autorités auraient-elles mis tous les pouvoirs entre les mains d’un seul homme, Kodkine, sans tenir compte du fait que les aspirations allaient forcément diverger. Le livre pose une question simple : L’homme peut-il changer.

Le fait d’avoir créé un régime totalitaire avant même que le vaisseau se pose sur Béta IV semble répondre à la question. J’ai aimé cet ouvrage, l’étude sociale qu’elle comporte et son petit côté ésotérique et même surnaturel. L’intrigue est bonne, les personnages très bien travaillés. Une seule petite incohérence. Un pouvoir extraordinaire sauve des femmes en faisant disparaître le vaisseau. Pourquoi un tel pouvoir n’aurait-il pu empêcher une guerre meurtrière. J’ai l’impression que la réponse se trouve dans le tome suivant. À lire donc, une œuvre intéressante, cohérente, crédible et introspective : LE DIEU DU DELTA, premier tome : NOUVEAU MONDE

Suggestion de lecture : EXOMONDE, d’Emma Cornellis

Le Dieu du delta…la suite

NOTE : Né le 17 janvier 1946 à Neuilly-sur-Seine, Bertrand Passegué est depuis toujours un lecteur boulimique. Ancien professeur, maintenant à la retraite, au moment d’écrire ces lignes, il vit avec sa femme artiste dans une vieille ferme restaurée par leurs soins. (photo non-disponible)

Bonne lecture
Claude Lambert
Le dimanche 30 avril 2023

IL N’EST SI LONGUE NUIT, de Béatrice Nicodème

*Au fond, Sophie et Ingrid ne s’intéressent pas vraiment à ce qui se passe à l’étranger. Elles pensent juste qu’il est plus agréable d’être du côté des vainqueurs, que c’est une preuve indubitable de supériorité. <Le succès est le seul juge ici-bas de ce qui est bon et mauvais>, a écrit le Füreur dans MEIN KAMPF. * (Extrait : IL N’EST SI LONGUE NUIT, Béatrice Nicodème, éditeur à l’origine : Gulf Stream, 2018, 392 pages. Numérique et papier)

Sophie, Hugo, Magda, Jonas, Otto, Franz… Ils sont jeunes, ils aiment la vie, ils ont le cœur plein de rêves. Le rêve d’Adolf Hitler est de créer un empire qui dominera le monde pendant mille ans et dans lequel les hommes seront forts et inflexibles, les femmes soumises et fertiles. Un monde dans lequel il n’y aura ni Juifs, ni communistes, ni homosexuels, ni malades. Ceux qui n’ont pas leur place dans ce Reich millénaire seront éliminés un par un jusqu’au dernier. Dans le Berlin de 1940 ces jeunes doivent eux aussi choisir leur camp, hantés par ces questions que tous se posent :  » Ai-je raison d’agir ainsi ? « ,  » La lumière reviendra-t-elle un jour ? « 

UN OPPRESSANT CROISEMENT DE DESTIN
*Inutile de préciser que je me refuse à rencontrer ce
tordu. Rien que l’idée qu’il va harceler les juifs alors
qu’il y en a parmi ses ancêtres…-Ile le fera même s’il
n’entre pas dans la SS. -Peu importe. Son hypocrisie
me répugne. Je ne sais pas de quoi je serais capable
si je me trouvais en face de lui
(extrait)

IL N’EST SI LONGUE NUIT est une fiction mais on sait très bien qu’elle représente la sombre réalité d’une grande quantité de jeunes allemands qui furent témoins dans les années 30, de la montée d’Adolph Hitler, de sa prise du pouvoir et de la deuxième guerre mondiale avec son train d’horreurs comprenant le harcèlement, la torture et le génocide des juifs.

Béatrice Nicodène fait témoigner six jeunes allemands et débute leur histoire en 1940 : Magda, Jonas, Sophie, Hugo, Franz et Otto. Certains résisteront à la folie d’Hitler comme Jonas et Hugo, Otto lui affiche une totale loyauté. Prise au piège par la Gestapo, Magda commettra l’irréparable. Et Franz lui, a les idées ailleurs, emporté par sa passion pour la musique et son piano.

Donc chaque adolescent doit se positionner face à la situation explosive qui secoue l’Allemagne et finira par faire trembler le monde et chaque option est exprimée en alternance et en crescendo dans des chapitres très courts. C’est ce qu’on appelle un roman-chorale. Les effets diviseurs et dévastateurs du régime Nazi sur la jeunesse allemande ont été peu développés en littérature.

Ainsi le réalisme et la crédibilité consacrent l’originalité de l’œuvre. J’ai compris que l’influence nazie sur la jeunesse allemande fut un véritable gâchis surtout à cause de l’effet diviseur du régime. Comment exiger des jeunes un tel positionnement alors que la vie ne fait que commencer pour eux ?

J’ai été très touché par ce livre. L’ensemble des personnages, attachants et profondément humains fait toute la richesse de la jeunesse et je ne parle même pas de frontières. Bien sûr, certains ont fait le mauvais choix, l’influence sur eux étant peut-être trop forte. Il y en a même un qui ne fera pas de choix du tout. Mais au-delà des motivations, tous ces personnages sont attachants, humains autant que victimes et pantins involontaires.

Cela fait toute la richesse du livre. Mon personnage préféré a été Franz. D’une nature sensible et généreuse, le musicien a pris position pour la musique mais son idée sur Hitler était bien arrêtée : *Pour lui, Hitler n’est qu’un pantin qui vocifère en faisant des gestes d’épileptique. La Hitlerjugen* et la BDM* l’horripilent. Comment peut-on être jeune et marcher au pas en uniforme. Le salut nazi le révulse. En 1936, à l’inauguration des jeux olympiques, il a probablement été le seul de la foule à ne pas lever le bras en hurlant* (Extrait. HITLERJUGEN : les jeunes hitlériennes, BDM : ligue pour les jeunes filles allemandes.)

Tout dans ce livre a capté mon attention, outre la qualité et la psychologie des personnages et poussé en avant par la fluidité et la clarté de la plume, j’ai été happé par les interactions entre les témoins et c’est là que réside le crescendo dont je parlais plus haut, le suspense, l’atmosphère sociale de Berlin en effervescence et tout ce qui peut se dégager du texte et du non-dit. Béatrice Nicodème s’est véritablement appuyée sur le vécu de jeunes. 

Ça donne à l’œuvre un réalisme bouleversant qui illustre toute la tragédie du nazisme. Ce livre m’a ébranlé et m’a fait comprendre les motivations profondes d’une jeunesse déchirée.

J’ai passé par toute une gamme d’émotions. J’ai éprouvé de la peur, de la colère, de l’empathie, de la compassion. Ce livre a conservé son actualité car même en dehors des cadres de la guerre, il est une parfaite illustration des motivations profondes de la jeunesse. C’est une performance d’écriture que je ne suis pas près d’oublier.

Suggestion de lecture : LA CHANCE DU DIABLE, d’Ian Kershaw


Béatrice NICODÈME a décidé il y a vingt ans de consacrer tout son temps à l’écriture. Elle a une prédilection pour les intrigues sombres, pleines de secrets à découvrir. Passionnée par la psychologie, elle tente de saisir la diversité et la complexité de l’être humain à travers ses personnages.

Ses romans laissent aussi une grande place à l’Histoire avec un grand H. Chez Gulf stream éditeur elle a publié la série Futékati, L’Anneau de Claddagh et plusieurs titres de la collection  » Courants noirs « . Elle tourne aujourd’hui son regard vers l’Allemagne, au cœur de la longue nuit nazie.

Bonne lecture
Claude Lambert
Le samedi 17 décembre 2022

 

LA FANTASTIQUE ODYSSÉE, Chérif Arbouz

Tome 1 : L’ÉPOPÉE COSMIQUE

*Si cet ouvrage a été conçu comme un roman d’anticipation
et de science-fiction à la fois, il n’est pas que cela. Ce qui
relève du passé de la terre et de ses habitants sous des
rapports divers, y compris ceux d’ordre scientifique, y est
également concerné, car constituant une base de réalités
à partir de laquelle s’est construite la fiction. *

(Extrait : LA FANTASTIQUE ODYSSÉE, tome 1
Chérif Arbouz, PUblisher éditeur, 2016, papier et
numérique, 156 pages, 692 kb)

Entre 2037 et 2056, la Terre connaît la plus grande crise de son histoire. La surpopulation démentielle et le réchauffement climatique désastreux constituent la pire menace pesant sur l’humanité. Dans ce contexte, les USA et la Confédération Russe fusionnent en 2056 pour devenir les USNAR (United States of North America and Russia). Ce méga état déclenche une guerre éclair massive et destructrice qui lui permet d´imposer un nouvel ordre mondial. Des extraterrestres sont les témoins directs de ce qui s’y passe et décident d’aider les Terriens à s’engager dans une voie salvatrice. Ils ont aussi une autre bonne raison d´intervenir…

Une aide inattendue pour
affronter l’apocalypse
*En un temps record, près de trente mille bombes à neutrons
véhiculées par des nuées de missiles intercontinentaux
s’abattirent simultanément sur leurs objectifs dans les
pays jugés susceptibles d’utiliser les armes de destruction
massive qu’ils possédaient. *
(Extrait)

Ce premier volume de la saga ÉPOPÉES COSMIQUES, LA FANTASTIQUE ODYSSÉE, se divise en trois parties. D’abord, la situation de la terre en 2056. Elle se meurt et le redressement de sa situation est devenue une priorité. Aussi, les USNAR sont créés.  Un nouvel ordre mondial est né. Des extra-terrestres qui visitent les humains depuis des siècles à leur insu, décident d’intervenir.

Dans la deuxième partie, l’auteur développe l’histoire de ces extra-terrestres, les stargils et les Iskogéens, issus des humains de la terre. Dans la troisième partie, Arbouz raconte comment les stargils sont intervenus en amenant les humains à sauver la terre, présidant à la création d’un gouvernement mondial.

Les nouveaux législateurs entre autres une dépopulation mondiale qui s’étendra sur 400 ans, le peuplement de la planète passant de 9 milliards d’individus à 600 millions. L’auteur explique comment les humains et les stargils sont devenus intimement liés.

Ici, deux mondes s’attirent : Les Stargils, supérieurs aux humains à tous points de vue et les humains qui se retrouvent devant un choix difficile : mourir ou désapprendre. Ça signifie que les humains devaient définitivement mettre dans l’ombre et vaincre toutes ses tares ataviques qui en faisaient des créatures poussées à l’autodestruction.

L’auteur met en perspective les difficultés énormes que ça implique : *La Société des humains vivant sur terre est profondément marquée dans sa nature même par ce qui l’avait prédisposé à tourner le dos à tout ce qui aurait pu lui être bénéfique. * (Extrait)

Ce livre n’est pas sans rappeler le grand classique de la littérature de science-fiction LE MEILLEUR DES MONDES, un roman d’anticipation dystopique écrit par Aldous Huxley (1894-1963). Dans cette société décrite par Huxley, les êtres humains sont tous créés en laboratoire. Les enfants y sont conditionnés, créant une morale commune.

Il y a des similitudes avec LA FANTASTIQUE ODYSSÉE et qui plus est, l’auteur Chérif Arbouz ne se gêne pas pour faire des rapprochements dans son récit. La Société décrite par Huxley est aussi un état mondial.

Huxley percevait notre monde comme allant dangereusement vers le monde décrit dans son livre. La démarche des Stargils visent à éviter aux humains la catastrophe…sans rien en retour.

Dans LA FANTASTIQUE ODYSSÉE, l’auteur vulgarise la notion de gouvernement mondial. Il en décrit les étapes, le mode de fonctionnement et les avantages. Le côté *B* de cette médaille est qu’il ne fait aucune mention des désavantages.

À peine est-il question de quelques dommages collatéraux. J’ai eu l’impression qu’Arbouz faisait la promotion d’un gouvernement mondial, limitant son raisonnement à ses avantages.

Mais c’est  le premier livre qui me parle explicitement de la notion de gouvernement mondial et il est de nature à me demander si un jour, l’humanité n’aura plus le choix. Autre petite faiblesse : les raisons pour lesquelles les Stargils interviennent ne sont pas claires.

J’ai de la difficulté à comprendre et à croire que les extra-terrestres ne demandaient rien en retour de leur intervention salvatrice et de l’extraordinaire transfert de connaissance qui en découla. Que les stargils aient sauvé les humains de l’éradication par simple altruisme me semble surréaliste. Le roman prend parfois l’allure d’un documentaire.

Malgré des longueurs, spécialement dans la partie qui développe l’histoire des Stargils, LA FANTASTIQUE ODYSSÉE comporte de très bonnes idées et constitue un bon départ pour la saga ÉPOPÉES COSMIQUES. L’ouvrage porte aussi à réfléchir sur le surpeuplement mondial et à la capacité limitée de la terre à nourrir ses enfants et à supporter le gaspillage.

Ici, le livre d’Arbouz crie une certaine urgence. On sent que l’auteur s’est documenté et sait où il va. Un meilleur équilibre aurait été souhaitable tout simplement.

Suggestion de lecture : LES CHRONOLITHES de Robert-Charles Wilson

Chérif Arbouz, né le 8 février 1930, est un écrivain algérien. Esprit curieux, il partage dans ses écrits ses passions, qui vont des légendes ancestrales de son pays aux recherches les plus avancées sur la cybernétique et le cerveau. Épopées médiévales, voyages cosmiques, aliens et robots sont autant de prétextes pour réfléchir à la nature de notre humanité, l’évolution des sciences. Avec LA FANTASTIQUE ODYSSÉE, Chérif Arbouz dresse le portrait d’une civilisation humaine à bout de souffle, incapable de trouver la voie d’une coopération mondiale, seule capable d’assurer sa survie à long terme.

LA SÉRIE

Bonne lecture
Claude Lambert

LES NETTOYEURS, le livre de JULIEN CENTAURE

*Il se demanda même si leur sort était plus enviable
que celui des humains domestiqués. Ces derniers
vivaient à la surface et même si à soixante ans, ils
étaient immanquablement décérébrés, il s’agissait
d’une mort sans souffrances. *
(Extrait : LES NETTOYEURS, Julien Centaure C.I.P.P.
éditeur, 2015, 408 pages, papier. Version audio : Audible
studios éditeur, 2018, durée d’écoute, 14 heures 40
minutes. Narrateur : Renaud Dehesdin.)

La civilisation humaine ne subsiste plus que dans quelques cités souterraines. Les gens vivent et meurent dans leur cité sans jamais voir la lumière du jour. Seuls les nettoyeurs montent encore à la surface pour entretenir les installations. Ils doivent y affronter une nature particulièrement hostile où la moindre erreur est fatale. Lum détient le record absolu du nombre de sorties à la surface. Mais cette 489ème sortie ne va pas du tout se dérouler comme d’habitude

La touche de Centaure
*Lisa se demanda ce qu’elle serait devenue sans ce
jardin. Peut-être aurait-elle craqué. Se forçant un
passage jusqu’à une des cheminées de sortie des
nettoyeurs pour gagner la surface et aller mourir
dans les bras d’un plouton…une mort sans douleur,
on perdait conscience pour toujours…*
(Extrait)

C’est une histoire intéressante et bien imaginée. Elle a beaucoup d’affinité avec le volume précédant de Centaure : Esperanza 64. Voyons d’abord le synopsis. Il y a des centaines d’années, des créatures appelées PLOUTONS sont venues sur terre pour tuer, décimer l’humanité.

Ces créatures étaient dirigées mentalement par des Nymphes, des créatures translucides qui rappellent les méduses, mais elles se déplacent dans l’air plutôt que dans l’eau. Leurs motivations sont plutôt obscures. Des milliards d’humains sont morts décérébrés par les ploutons. Les survivants se sont rapidement organisés et ont créé des cités sous-terraines à l’épreuve des ploutons.

Devant cette résistance, les ploutons ont permis à des humains *domestiqués* de vivre en surface à la condition d’être décérébrés à l’âge de soixante ans. Le but de ce sursis est de combattre et nettoyer les cités sous-terraines. Ces humains domestiqués sont les Amiens. Une de ces cités est particulièrement coriace à combattre : Antéa.

Les seuls citoyens habilités à monter à la surface sont les Nettoyeurs qui voient à la maintenance des équipements. Les nettoyeurs dont LUM, le plus anciens et le meilleur ont développé un procédé mental qui leur permet de tenir tête aux Ploutons.

Antéa multipliait les stratégies pour combattre les Amiens. Une stratégie ultime consistait à envoyer un groupe d’espion avec Lum en tête dans le lointain continent Amien afin de comprendre leur mode de vie et leurs motivations.

Le dévoilement de leur identité les amènera à fuir et finalement s’engager dans l’armée Centaurienne et combattre dans la guerre qui oppose les centauriens aux furies et aux fantômex de la Planète Porte. Lume en reviendra complètement transformé, tout comme le destin de l’humanité.

J’ai été davantage surpris que déçu par l’écoute de ce livre, à cause de la tournure des évènements. La première partie du livre développe la rébellion des antéens qui est devenue une guerre ouverte avec les amiens. Beaucoup de morts, beaucoup de blessés et surtout des stratégies développées par Anthéa pour survivre…des stratégies, des techniques, des idées toutes plus brillantes les unes que les autres.

Je me demandais si les amiens comprenaient ce qui leur arrivait. J’étais figé par la narration de Dehesdin jusqu’à ce qu’une délégation d’espions dirigés par Lume soit déportée sur le continent amien. Là, changement de rythme, de style, la plume s’alourdit et, avec la participation des espions à la guerre centaurienne, l’histoire fait un virage inattendu et prend une saveur philosophique alors qu’un fantôme s’adresse mentalement à Lum.

Ici, je me suis demandé si l’auteur n’avait pas manqué d’inspiration, mettant de côté un long moment les événements qui secouent Antéa au profit d’un long palabre qui transforme Lum complètement et par la bande toute la chaîne d’évènements. J’ai trouvé ça un peu facile…à la limite de l’ennuyance.

Cette mission d’espionnage dont je n’ai pas vraiment saisi la nécessité a peut-être été vue par beaucoup de lecteur/lectrices comme un coup de génie par l’auteur, mais malheureusement, elle aboutit sur une finale bâclée, expédiée et peu crédible. C’était trop facile à mon avis parce que le thème est sous-développé.

Ce virage est surprenant je le rappelle, mais pas forcément décevant même si je ne suis pas sorti de cette écoute vraiment emballé. Il y a quand même des forces dignes de mentions : la notion même de nettoyeur est une trouvaille. Elle a été travaillée, structurée, approfondie et en ajoutant des qualités intrinsèques cela m’a permis de m’attacher au principal personnage du roman.

Il y a de l’émotion dans cette histoire et même de l’amour et il a sa place, aucun doute, même si aimer un nettoyeur n’est pas simple. Le récit prend l’allure d’un space opera, une aventure dramatique évoluant dans un environnement géo-politique complexe le tout avec un certain réalisme scientifique.

Si j’avais à noter, je donnerais un bon 70%. Largement suffisant pour recommander l’écoute du livre très bien narré par Renaud Dehesdin.

Suggestion de lecture, du même auteur : ESPERANZA 64

DES LIVRES DE JULIEN CENTAURE

L’auteur raconte

En ce qui me concerne, il n’y a pas grand-chose à dire, mais il faut savoir que lorsque j’écris, je suis presque tout le temps dans l’histoire. Le soir, dans mon lit, est un moment particulier, riche en idées, en rebondissements, mais je suis aussi dans l’histoire quand je fais mon jogging, quand je suis dans une salle d’attente, quand je conduis…

Écrire une histoire c’est la vivre à la puissance 10, c’est oublier presque totalement le monde réel. On est dans une petite pièce de 8 m² et on tient l’univers dans sa main.

Par contre, lorsque je n’écris pas, je fais vraiment n’importe quoi. Je ne me contrôle plus. Je suis une âme damnée. L’écriture est donc une thérapie pour moi. C’est par elle que je trouve un équilibre et que je deviens un humain normal.  J’ai écrit de nombreux ouvrages dont beaucoup ne seront jamais publiés, mais c’est toujours le dernier, celui que je vis, qui me semble le plus passionnant.
(Julien Centaure via Amazon.fr)

Bonne écoute
Claude Lambert
Le dimanche 13 mars 2022

La guerre des mondes, de HERBERT G. WELLS

Commentaire sur le livre audio lu par
BERNARD PETIT

*La façon dont les martiens peuvent si rapidement et silencieusement donner la mort est encore un sujet d’étonnement…cette nuit-là sous les étoiles, près de quarante personnes gisaient autour du trou, carbonisées, défigurées, méconnaissables…*

(Extrait, LA GUERRE DES MONDES, Herbert G. Wells, version audio, narration : Bernard Petit, éditions Le Livre qui parle, 2017,  durée d’écoute : 6 heures 36 minutes)

Londres, les Martiens débarquent. Afin de préserver leur espèce, ils envahissent la Terre et sèment terreur et désolation. Le roman décrit l’aventure du point de vue d’un seul personnage qui seul (ou presque) tente de rejoindre sa femme.

Entre temps, partout sur la terre c’est la panique et la désorganisation totale. Tous les efforts des armées et des scientifiques pour contrer l’envahisseur sont vains jusqu’à ce qu’un allié imprévu donne un vibrant espoir à l’humanité.

UN BARYTON
POUR LE GRAND CLASSIQUE DE LA SF
*«…car je me rendais clairement compte que
les environs de Londres allaient être
inévitablement le théâtre d’une lutte
désastreuse avant que de pareilles
créatures puissent être détruites…*

Après avoir lu le livre, regarder les films et maintenant après avoir écouté LA GUERRE DES MONDES grâce à Bernard Petit, je demeure convaincu que ce classique de H.G. WELLS demeure un des plus grands chefs-d’œuvre de la littérature de science-fiction et principal précurseur de la science-fiction moderne sous le thème extra-terrestres et ovnis.

Pour parler de l’histoire, je vous invite à lire le commentaire que j’ai publié sur ce site en avril 2016. Allez-y sans crainte, l’œuvre de H.G. Wells n’a pas vieilli d’une ride. Vous y trouverez mon commentaire, quelques photos des films, LA GUERRE DES MONDES AU CINÉMA et pour terminer, une belle frousse provoquée par Orson Wells sur le thème de la guerre des mondes. Intéressé? Cliquez ici.

En ce qui concerne la présentation, j’ai eu plaisir à renouer avec la voix de Bernard Petit que j’ai déjà entendue dans nombre de films institutionnels et documentaires dont LES DERNIERS JOURS DE L’URSS. Sa voix de baryton force l’attention de l’auditeur spécialement parce qu’elle est riche d’intonations parfaitement liées au contexte.

Comme j’ai déjà vu les versions cinématographiques, j’ai laissé, avec un indescriptible plaisir, Bernard Petit, créer dans mon esprit, des images liées en particulier au film LA GUERRE DES MONDES réalisé en 2005 par Steven Spielberg avec Tom Cruise. Ici, Bernard Petit décrit les tripodes géants avec une conviction qui force l’admiration.

J’aime à croire que j’aurais eu le même plaisir si un film n’était pas lié au livre. Je n’ai pas eu encore le plaisir d’écouter un livre complètement indépendant du 7e art. Je ne manquerai pas d’en faire l’expérience. Film ou pas, un bon narrateur est capable de créer l’image suggérée par le texte dans l’esprit de l’auditeur.

La qualité première de Bernard Petit est d’exploiter la totalité de sa voix passant du chuchotement de l’intimité au cri rauque et glacial de la peur et de l’horreur. Cette voix est en mesure de faire passer l’auditeur par toute une gamme d’émotions. Je me demandais si j’allais pouvoir vivre le petit frisson que j’ai parfois dans le dos en lisant. Mission accomplie…ça ne pouvait faire autrement.

Excellente présentation générale bien soignée par *le livre qui parle*. On ne pouvait trouver mieux comme nom d’édition d’un livre audio.

Suggestion de lecture : GENÈSE AUTRE MONDE, de Maxime Chattam

Narrateur professionnel, Bernard Petit séduit par son timbre de voix chaud et profond qu’il a la capacité de nuancer par rapport aux textes qui lui sont soumis. C’est un comédien reconverti dans la voix off. Il a prêté sa voix à de nombreuses réalisations audio-visuelles, livres audio et contes, documentaires sur chaînes généralistes et thématiques, films institutionnels, multimédias, jeux vidéo, audio-guides, bornes de musées, lectures publiques. Bernard Petit est aussi siffleur un talent qu’il utilise surtout en publicité.

Herbert George Wells (1866-1946)

Pour en savoir plus sur LA GUERRE DES MONDES et H.G. Wells, le livre et les adaptations, lisez mon commentaire sur jailu… Cliquez ici.

BONNE ÉCOUTE
Claude Lambert
le samedi 13 février 2021

UNE COLONNE DE FEU, KEN FOLLET partie 2

LES RAVAGES DU FANATISME
*Paré disait que si l’écharde n’avait pénétré que dans l’œil
du roi, il aurait pu survivre…Malheureusement, la pointe
s’était enfoncée jusqu’au cerveau. Paré mena des
expériences sur quatre criminels condamnés à mort,
leur plantant des éclats de bois dans les yeux pour
reproduire la blessure. Les quatre moururent. Il n’y
avait aucun espoir de sauver le roi.*
(extrait)

Pour compléter mon commentaire sur UNE COLONNE DE FEU, je dirai qu’il est difficile pour moi de dissocier la perception que j’ai du récit de mes convictions. L’auteur précise que le protestantisme était aussi loin d’être vertueux. Raison pour laquelle je pense que la neutralité de l’auteur est raisonnable.

Pour le reste c’est du grand Follet : insertion efficace de personnages fictifs dans des réalités historiques de premier plan, beaucoup de rebondissements, de l’émotion, et l’histoire est toujours d’actualité sauf qu’aujourd’hui, c’est l’Islam qui est pointé du doigt. Donc, quant à la tolérance, on ne peut pas dire que c’est une vertu dans notre société actuelle.

Dans les petits moins, attention, il y a beaucoup de personnages. Ça devient mêlant. Mais les principaux acteurs étant bien mis en évidence, c’est tolérable. Quant au titre, je n’ai pas vraiment compris ce choix.

Dans COLONE DE FEU, vous suivrez, tout au long du récit, l’évolution de Ned Willard qui est devenu espion au service de la reine Élizabeth 1ère, puis du roi Jacques. C’est un aspect extrêmement original que Follet a développé dans son récit : la nécessité et la création d’un cercle d’espions qui a été dans l’histoire, d’une redoutable efficacité. Naissance des services secrets…

Je sais que j’ai été long mais j’aimerais terminer en vous disant que si j’ai trouvé ce livre passionnant, il m’a ébranlé, à cause du caractère parfois brusque de la plume, mais surtout à cause des réalités historiques développées par Follet et dominées par la méchanceté, la cruauté et évidemment l’intolérance qui a tant fragilisé l’Europe au cours de l’histoire. Je vous recommande donc UNE COLONE DE FEU… du grand Follet.

Pour en savoir plus sur le protestantisme, cliquez ici.
Pour en savoir plus sur le massacre de la Saint-Barthélemy, cliquez ici.
Pour lire mon commentaire sur CODE ZÉRO de Ken Follet, cliquez ici.
La première partie de mon article est ici.

Un élément de la conclusion du livre de Ken Follet m’a amené à faire une recherche sur le MAYFLOWER, un navire marchand qui deviendra célèbre après avoir transporté dans le nouveau monde, en 1620, des passagers dissidents religieux. Plusieurs de ces passagers, pèlerins et autres sont considérés par beaucoup d’historiens comme faisant partie des premiers colons de ce qui deviendra les futurs États-Unis. Pour en savoir plus, cliquez ici.

Suggestion de lecture : L’INQUISITEUR, d’Henri Gougaud

Bonne lecture
Claude Lambert
le vendredi 20 novembre 2020