LES MORTS RENAÎTRONT UN JOUR, CHRISTOPH ERNST

*…une trentaine environ ont été pendus, les autres
jetés en prison. En plus de cela, Goebbels a encore
fait arrêter cinq cents juifs en représailles. La moitié
ont été exécutés sur-le-champ, les autres envoyés
en camp de concentration». Apparemment, je suis
devenue pâle.*
(Extrait : LES MORTS RENAÏTRONT UN JOUR, Christoph
Ernst, édition originale : Pendragon 2012, t.f. : Piraanha
2015, édition numérique, 300 pages)

Plus de cinquante ans après avoir fui l’Allemagne, Käthe, d’origine juive, est de retour à Berlin pour récupérer un immeuble ayant appartenu à sa famille avant d’être confisqué par les nazis. Peu après son arrivée, son corps sans vie est retrouvé au pied d’un mémorial de la déportation. Sa petite nièce, Maja, ne crois pas à la thèse du suicide. Elle va devoir plonger dans les méandres d’un passé douloureux. L’intrigue revisite le sort des juifs sous le nazisme allemand et les exactions de la RDA mais dresse surtout le portrait d’hommes et de femmes confrontés à un choix impossible.

SURVIVRE À LA FOLIE
*La porte d’entrée se referme derrière elle dans
un bruit mat. Je suis trop effrayée pour réagir
et crier qu’ils ne doivent en aucun cas me
laisser seule avec ce type. Il grimace un
sourire bouffi. «Ca va mieux ?»
(Extrait : LES MORTS RENAÎTRONT UN JOUR)

À la suite du décès de sa tante Käthe, Maja se rend à Berlin pour régler la succession Pendant les formalités, Maja découvre certains secrets qui attisent sa curiosité comme le fait que la maison de sa tante ait été confisquée par un SS au cours de la 2e guerre mondiale et d’autres secrets bien gardés qui rendent la mort de sa tante très suspecte.

La police retient la thèse du suicide mais Maja sent que tout ça n’est pas net et décide d’enquêter, mais elle n’a aucune idée des dangers qui la guettent au fur et à mesure qu’elle pousse son investigation.

Malgré l’originalité du sujet, j’ai trouvé l’ensemble un peu pénible. C’est un mélange plus ou moins habile de fiction et de réalité. Dans la première moitié du livre, ce qui est quand même assez long, je ne savais pas à quoi m’accrocher tellement le récit prenait toutes sortes de directions…beaucoup de longueurs, pas de fil conducteur, une grande quantité de personnages pour la plupart sans grande profondeur.

Ce qui m’a fait tenir le coup dans la première moitié, c’est l’opiniâtreté avec laquelle Maja conduit ses recherches. Dans la deuxième moitié, le sujet se précise et se resserre. Le fil conducteur devient plus solide et nous dirige vers une finale malheureusement sans saveur.

La présentation du livre parlait du rythme endiablé d’un thriller et d’une intrigue policière haletante…c’est très exagéré. Mais tout n’est pas noir, le livre a certains mérites car il revisite des pans méconnus de l’histoire.

En effet, le récit expose, sous un angle différent, des évènements et des agissements qui ont constitué une énorme tache sur le bulletin de conduite des hommes : le sort des juifs allemands sous le régime nazi et peut-on encore exagérer quand on parle des incroyables bassesses et des sauvageries exécutées par les SS.

À travers les investigations de Maja, l’auteur met en perspective le portrait d’hommes et de femmes confrontés à leur mort ou à quelque choix impossible. Il y a bien quelques passages un peu pénibles, mais dans l’ensemble, Ernst fait preuve d’une belle retenue.

Les faits historiques entourant la guerre en général, le caractère monstrueux du nazisme, le mur de Berlin avec les alliés d’un côté et la sorcière communiste de l’autre…tous ces faits sont rapportés avec le souci du détail et de la précision. Donc,  l’ouvrage est crédible, mettant  en lumière la situation des juifs allemands sur laquelle l’Histoire est plus discrète.

La plume est belle mais malheureusement, elle s’étend à n’en plus finir. De plus, le caractère historique du récit met dans l’ombre son caractère intriguant : la guerre, la situation des juifs, la création d’Israël, la situation des Palestiniens , les excès de la RDA, le mur de Berlin, entre autres. On ne peut donc pas parler de thriller même si le fond de l’histoire est dramatique et c’est le moins que je puisse dire.

Si l’auteur avait mis autant d’ardeur à développer l’intrigue qu’il l’a fait sur le plan historique, on aurait eu un livre un peu plus long mais passionnant à tous les points de vue et le livre aurait été inoubliable. Malheureusement, il accuse un important déséquilibre entre l’histoire et l’intrigue.

Le livre a quand-même un petit côté intéressant comme je l’ai expliqué plus haut mais sans qu’il soit nécessairement question de naïveté, disons que, comme beaucoup de lecteurs je suis comme qui dirait tombé dans le piège du quatrième de couverture.

Suggestion de lecture : JEU DE MORTS, de Jean-Sébastien Pouchard

Il y a très peu d’informations disponibles sur le parcours littéraire de Christophe Ernst. LES MORTS RENAÎTRONT UN JOUR est son seul livre traduit en français pour l’instant. On sait qu’il est né en 1958. Il a étudié l’histoire à New-York puis est devenu gestionnaire culturel dans son pays d’origine, l’Allemagne plus précisément à Berlin. Il a été aussi journaliste et conférencier. Après quelques années à ce rythme, il est retourné vivre dans sa ville natale : Hambourg.

BONNE  LECTURE
Claude Lambert
Le samedi 2 mai 2020

 

 

Les enfants de minuit, de SALMAN RUSHDIE

*Comprenez ce que je dis : pendant la première heure du 15 août 1947-entre minuit et une heure du matin- pas moins de mille et un enfants sont nés à l’intérieur des frontières de l’État souverain et nouveau-né de l’Inde. En soi, ce n’est pas un phénomène extraordinaire…

Ce qui rendait l’évènement remarquable, c’était la nature de ces enfants, chacun d’eux étant, à cause de quelque caprice de la biologie, de quelque pouvoir surnaturel du moment…dotés de traits, de talents ou de facultés qui ne peuvent être qualifiés que miraculeux…* (Extrait : LES ENFANTS DE MINUIT, Salman Rushdie, 1983, réed. 1987, Éditions Stock pour la traduction française, édition de papier, format poche, 675 pages)

Le roman débute avec la naissance simultanée, le 15 août 1947, de l’Inde indépendante et de Saleem Sinai, avec 999 autres de ses semblables, les « Enfants de minuit » nés la nuit de l’indépendance, dotés de propriétés magiques, notamment le don de télépathie. Mais son appendice nasal, qui n’est pas sans rappeler la trompe du dieu Ganesh, lui vaut railleries et persécutions. Ses parents, en l’opérant des amygdales, lui ôtent une partie de ses pouvoirs occultes. Enchaîné au destin national pour le meilleur et surtout pour le pire, Saleem fait l’expérience des divisions indiennes, entamées dès la partition du Pakistan en 1971.

MILLE ET UN PHÉNOMÈNES
*Indira c’est l’Inde et l’Inde c’est Indira… mais
n’avait-elle pas pu lire une lettre de son père
à un enfant de minuit, dans laquelle sa
Personnalité transformée en slogan était niée;
(Extrait : LES ENFANTS DE MINUIT)

Il est difficile de résumer et de commenter un tel livre. C’est une histoire originale, étrange. Bien sûr, les enfants nés à proximité de minuit le 15 aout 1947 sont dotés de pouvoirs extraordinaires. Mais ces pouvoirs sont secondaires dans l’histoire, je ne vais donc pas m’étendre là-dessus.

Toutefois, pour vous donner un exemple, un de ces enfants peut changer de sexe à sa convenance, et notre héros narrateur lui, Saleem Sinai a le pouvoir de pénétrer, sonder et influencer les esprits. Plus l’enfant est né près de minuit, plus le pouvoir est fort. Minuit sonnante dans le cas de Saleem.

Même si ce n’est pas l’objet du livre, ces pouvoirs font peur et ébranlent l’Inde. Ce qu’il faut surtout savoir, c’est que Saleem Sinai, doté d’un nez surdimensionné, appelé successivement dans l’histoire Morve-au-nez, Bouille-sale, Renifleux, Bouddha et Quartier-de-lune sera intimement lié au destin de l’Inde. La naissance vient avec l’indépendance de l’Inde, la mort viendra avec l’État d’urgence dans une Inde qui se cherche, l’Inde de Gandhi.

Le livre raconte donc l’histoire de Saleem Sinai dont le destin bascule dès la naissance, la nourrice Mary Pereira ayant eu la bizarre idée de changer les étiquettes de bébés…donc je disais l’histoire de Morve-au-nez…la vie ayant un certain sens de l’humour, beaucoup plus tard, le fils de Saleem aura des oreilles d’éléphant.

C’est une histoire très longue, très dense. Le récit est lourd, parfois indigeste à cause de la plume de Rushdie, riche d’abondance et multidirectionnelle. On y trouve une grande quantité de personnages, assez pour s’y perdre. Les phrases sont extrêmement longues. Il faut s’accrocher, parfois désespérément au personnage principal et encore là, il faut se rappeler que celui-ci ne porte pas toujours le même nom à cause de son nez *concombresque* (extrait). C’est mêlant.

Toutefois, malgré ses allures de fleuve littéraire interminable et qui s’écoule lentement j’ai senti dans cette lecture un certain humour. Vous ne serez pas surpris de trouver dans ce livre-chronique de nombreuses métaphores, allusions, ellipses…des petits *soit-dit-en-passant* aux remarques acerbes…tout tend à démontrer le caractère allégorique du récit…

L’environnement étant parfois plus important que le personnage principal, le récit s’attache quand même à Saleem depuis son enfance dans une famille qui n’était pas la sienne, en passant par la chaleur de l’adolescence et jusqu’à l’âge adulte :

*Tous les saleem sortent de moi depuis le bébé grand format première page instantanée jusqu’au garçon de dix-huit ans avec son amour dégoûtant et cochon, sortent honte de moi et culpabilité, volonté-de-plaire et besoin-d’être-aimé et désir-de-trouver-un-rôle-dans-l’histoire et croissance-trop-rapide, je suis libéré de morve-au-nez…* (extrait)

En ce qui me concerne, le principal intérêt du livre, et il est loin d’être négligeable, c’est que Saleem Sinai est contemporain d’une Inde dont il présente une image peu flatteuse… contemporain de la création du Pakistan (1947), de la guerre de libération du Bangladesh (1971) la partition de l’Inde et du Cachemire, la partition du Bengale, contemporain de nombreuses guerres et chicanes de territoires…

C’est sans compter l’entrée de l’Inde dans l’ère nucléaire, œuvre d’un premier ministre qui a changé la face de l’Inde et pas nécessairement pour le mieux, Indira Gandhi et le caractère fictif de l’histoire veut que ce soit elle qui ait anéanti le congrès des enfants de minuit. : Saleem est aussi contemporain du Mahatma, pour un temps (Ghandi 1860-1948, année de la création de l’État d’Israël).

À travers ses enfants de minuit, Salman Rushdie touche et traverse des périodes sensibles de l’histoire. J’ai appris beaucoup de choses. J’ai développé des connaissances et par la bande, de l’empathie pour Saleem et pour l’Inde et aussi, ce petit quelque chose, ce non-dit qui pourrait être comme une empreinte autobiographique.

LES ENFANTS DE MINUIT est un livre complexe, très intense. Son rythme est modéré et un peu épars mais l’histoire et la philosophie qu’elles véhiculent m’ont accroché. Rushdie y a mis beaucoup de choses, sans oublier des touches particulières d’humour, de fantastique, de surnaturel et de raillerie. J’ai finalement une bonne opinion de ce livre.

Suggestion de lecture : MOMO DEUS, de Yuval Noah Arari

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C’est le 19 juin 1947, à Bombay (Inde) que Salman Rush­die voit le jour. A tout juste 14 ans, le jeune Salman quitte son pays natal pour aller s’instal­ler avec sa famille en Angle­terre. Très tôt, il se passionne pour la litté­ra­ture. C’est donc sans grande surprise que Salman Rush­die embrasse une carrière d’écri­vain.

Son premier roman (un conte de science-fiction) Grimus, en 1975, est méprisé par les critiques litté­raires de l’époque. Qu’à cela ne tienne, Salman Rush­die ne se décou­rage pas pour autant et continu dans sa lancée : De La Honte (1983), à L’Enchan­te­resse De Florence (2008) en passant par Les Versets Sata­niques (1989) (Voir plus bas), avec ses ouvrages, le gamin de Bombay est devenu un symbole de la lutte pour la liberté d‘expres­sion dans le monde entier (Source : Gala.fr)

LES VERSETS SATANIQUES est le quatrième roman de Salman Rushdie. Il a été publié en 1988 et la même année, il reçoit le prix littéraire Whitbread. L’œuvre est encensée les premiers mois, mais rapidement, des campagnes visant à interdire l’ouvrage se développent, d’abord en Inde puis en Afrique du sud, et l’effet d’entraînement aidant, le Pakistan, l’Arabie Saoudite et plusieurs autres pays.

Enfin, le 14 février 1989, l’ayatollah Khomeini publie une Fatwa, c’est-à-dire une condamnation à mort contre Rushdie qui devra vivre dans la clandestinité pratiquement pour le reste de sa vie. En effet, le livre est jugé injurieux, la description de l’Islam et de Mahomet étant jugée irrévérencieuse.

Le 14 février 1989, l’ayatollah Khomeini publie une fatwa de mort contre lui en mettant en cause son œuvre et force l’auteur à entrer dans la clandestinité. Je veux rappeler ici que les versets sataniques existent vraiment dans le Coran, versets 19 à 23 de la Sourate 53. Pour en savoir plus là-dessus, cliquez sur ce lien. Pour une lecture du quatrième de couverture, cliquez ici.

BONNE LECTURE
Claude Lambert

Le dimanche 17 novembre 2019

Le Seigneur des Anneaux de JOHN R.R. TOLKIEN

*Boromir se tut, et ses yeux se fermèrent avec lassitude. Au bout d’un moment, il parla de nouveau : -Adien Aragorn ! Va à Minas Tirith et sauve mon peuple ! J’ai échoué. -Non ! dit Aragorn, lui prenant la main et lui baisant le front. Tu as vaincu. Peu d’hommes ont remporté une pareille victoire. Sois en paix ! Minas Tirith ne tombera pas.*

(Extrait : LE SEIGNEUR DES ANNEAUX, J.R.R. Tolkien, publication originale, 1954, éditions Allen & Unwin, pour en savoir plus sur les différentes éditions et traductions. Cliquez ici ).

LE SEIGNEUR DES ANNEAUX est une gigantesque fresque littéraire dans laquelle on trouve tout un monde, entièrement conçu par Tolkien…un monde avec sa complexité, sa logique, aux fins de l’histoire c’est surtout une logique de guerre, et ses habitants : des hobbits, des nains, des elfes, des hommes. Au départ composé de six livres, l’œuvre a été rééditée en 1954 en trois volumes totalisant près de 1350 pages :

Tome 1 : LA COMMUNAUTÉ DE L’ANNEAU raconte les évènements qui conduiront à la formation de la communauté de l’Anneau. La compagnie tentera de vaincre Sauron, ultime force du mal.

Tome 2 : LES DEUX TOURS la quête pour la destruction de l’Anneau dont Sauron de Mordor cherche à s’emparer pour asservir les peuples de la terre habitée.

Tome 3 : LE RETOUR DU ROI Frodon tente de franchir la Porte Noire mais n’y arrive pas. Aura-t-il une alternative. Il doit détruire l’anneau à tout prix. Entre temps, la Terre se couvre de ténèbres alors qu’on se prépare pour le combat final.

UN POUR TOUS ET TOUS CONTRE L’ANNEAU
*…Un anneau pour les gouverner tous,
Un anneau pour les trouver,
Un anneau pour les amener tous
et dans les ténèbres les lier,
Au pays de Mordor où s’étendent les
ombres.
*
(Extrait)

Pour résumer brièvement la saga, je dirai que le lecteur suit les aventures de Frodon Sacquet, neveu de Bilbo. Ce sont les deux personnages piliers du récit. L’objectif de Frodon Sacquet qui est en fait le fil conducteur de l’histoire, est de détruire l’Anneau unique dont veulent s’emparer Sauron et Saruman pour réduire à l’esclavage les peuples de la Terre du milieu.

Il sera aidé par des amis, membres de chaque espèce : nains, elfes, hobbits et hommes. Ensemble ils forment la Communauté de l’anneau. Ils frôleront la mort plus d’une fois pour aider Frodon dans sa quête.

En 10 ans, j’ai lu le Seigneur des Anneaux trois fois et j’ai vu la trilogie cinématographique une dizaine de fois. Je vois du nouveau à chaque fois. J’ai été séduit par plusieurs choses dont la richesse du langage qui confine parfois à la poésie.

D’ailleurs, on trouve quantité de poèmes et de chants parsemés dans le long récit. Ils viennent préciser les sentiments de l’auteur, de ses personnages, d’un évènement, du destin. J’ai toujours été sensible à la qualité du langage dont l’expression doit m’atteindre non seulement au cerveau mais jusqu’au fond du cœur.

J’ai été aussi sensible à tout cet univers créé par Tolkien, son décor, ses habitants avec leur histoire, leur généalogie. Il n’y a pas de faille dans l’univers de Tolkien. Tout est cohérent.

La plume de Tolkien est d’une légèreté remarquable comme si le récit n’avait pas été prémédité…comme si le scénario se précisait au fur et à mesure que l’auteur le couchait sur papier et pourtant, j’ai trouvé l’ensemble majestueux avec des passages descriptifs de toute beauté lorsqu’il est question par exemple du village bucolique des hobbits ou encore le repère des Elfes du monde sylvestre.

Bien sûr, l’œuvre a quelques faiblesses. Par exemple, j’ai eu un peu de difficultés à m’attacher aux personnages. Sauf quelques exceptions J’ai trouvé qu’ils manquaient de chaleur, d’empathie, le genre marche ou meurs. Les exceptions comprennent Legolas et le peuple sylvestre.

Partout dans le récit qui souffre de longueurs, les Elfes viennent apporter beauté, douceur, légèreté et apaisement. Dernière exception : les Hobbits, avec leur joli village vert, leur culture, leur histoire, leur mentalité. Ils sont petits avec les pieds poilus, ils sont enjoués, aiment la vie, la famille, les amis et ils adorent leur terre.

Enfin, j’ai fait la connaissance d’un personnage très très spécial : TOM BOMBADIL à qui Tolkien consacre deux poèmes dans les aventures de Tom Bombadil. Je n’ai jamais compris pourquoi Peter Jackson n’en a pas tenu compte dans sa trilogie cinématographique.

En terminant, c’est vrai qu’il y a beaucoup de longueurs, le déploiement descriptif de Tolkien est impressionnant et parfois c’est trop et ça dilue l’implication émotionnelle du lecteur. Enfin je crois que la psychologie des personnages est réduite au minimum. Mais il ne faut pas oublier que LE SEIGNEUR DES ANNEAUX est né d’une passion de Tolkien pour la philologie et les contes de fée.

Pour moi peu importe, à cause de la richesse d’expression, le petit caractère chaleureux et folklorique des hobbits, le caractère enchanteur des décors, les critères environnementaux si disparates entre le mordor et les terres libres, la puissance de l’écriture, je reconnais LE SEIGNEUR DES ANNEAUX comme précurseur et catalyseur de la littérature dite de FANTASY, une œuvre marquante du XXe siècle considéré comme un classique.

Je n’hésite pas à vous recommander LE SEIGNEUR DES ANNEAUX mais avant d’entreprendre cette longue lecture, j’ai deux suggestions à vous faire : vous apprécierez beaucoup plus et beaucoup mieux votre lecture si vous connaissez Tolkien, ne serait-ce qu’un peu. Une petite recherche internet vous permettra d’en savoir un peu plus sur sa vie, son œuvre et sa mentalité.

LE SEIGNEUR DES ANNEAUX deviendra beaucoup plus compréhensible. Enfin, avant la lecture du SEIGNEUR DES ANNEAUX, je vous recommande de lire BILBO LE HOBBIT que j’ai déjà commenté sur ce site (cliquez ici) l’ouvrage précurseur introduit Gandalf et Bilbo le Hobbit qui, avec d’autres personnages, tissent la toile de la plus extraordinaire fresque de la littérature moderne. L’ouvrage principal sera beaucoup plus facile à comprendre. Une dernière remarque : j’ai préféré lire le livre avant de regarder la trilogie réalisée au cinéma par Peter Jackson.

Tolkien nous raconte l’histoire du célèbre BILBO LE HOBITT, personnage de la Comté, paisible qui n’aime ni les aventures ni les imprévus et qui tisse pourtant, sans le savoir la toile de la plus extraordinaire fresque de l’histoire de la littérature: LE SEIGNEUR DES ANNEAUX. Commentaire de jailu/Claude Lambert.

John Ronald Reuel Tolkien est né en 1892 à Bloemfontein, en Afrique du Sud. Il partit pour la France en juin 1916 et combattit pendant la bataille de la Somme mais fut ensuite rapatrié pour avoir contracté la fièvre des tranchées. Il consacra les années suivantes à son travail d’enseignant et se révéla bientôt comme l’un des meilleurs spécialistes de philologie du monde.

En marge de sa carrière académique, il continuait d’écrire un grand cycle de mythes et légendes situées dans un monde imaginaire appelé Terres-du-Milieu, qu’il avait entâmé dès son adolescence. Il eut quatre enfants, pour qui il écrivit d’abord Bilbo le Hobbit en 1936. Le succès fut tel que son éditeur réclama une suite. Tolkien travailla 14 ans à l’élaboration de cette suite, Le Seigneur des Anneaux, dont le premier tome ne parut qu’en 1954, et qui remporta un succès phénoménal dans tous les pays.

Tolkien prit sa retraite à Bournemouth, où il mourut le 2 septembre 1973, laissant à son fils Christopher la tâche gigantesque mais passionnante de publier, notamment sous la forme d’un récit suivi et cohérent (Le Silmarillion), la masse énorme de manuscrits qu’il avait accumulé tout au long de sa vie. (source)

LE SEIGNEUR DES  ANNEAUX au cinéma
Les films de la trilogie sont sortis respectivement en 2001, 2002 et 2003, tous réalisés par Peter Jackson. Réalisé au coût de 285 millions de dollars, ce projet fut l’un des plus ambitieux de l’histoire du cinéma.
Principaux acteurs : Elijah Wood (Frodon), Ian McKellen (Gandalf), Sean Astin (Sam), Billy Boyd (Peregrin), Dominic Monaghan (Meriadoc), Vigo Mertensen (Aragorn), Sean Bean (Boromir), Orlando Blomm (Legolas), John Rhys-Davies (Gimli), Ian Holmes (Bilbon), Chistopher Lee (Saruman).

Bonne lecture
Claude Lambert
Le samedi 13 avril 2019

 

LE CHEMIN PARCOURU, le livre d’ISHMAEL BEAH

*Des enfants vagissaient, des hommes poussaient des cris qui perçaient la forêt et couvraient les hurlements aigus des femmes. Finalement, les coups de feu ont cessé et le monde s’est tu, comme s’il écoutait lui aussi.* (Extrait : LE CHEMIN PARCOURU, Ishmael Beah, t.f. Presses de la Cité, 2008, 320 pages.)

Dans ce récit, Ishmael Beah témoigne de sa vie en Sierra Leone. Un jour de 1993, Ishmael s’éloigne de son village avec des amis, il sera capturé par des rebelles et enrôlé de force pour combattre les forces gouvernementales. Drogué, influencé, manipulé, les rebelles vont transformer graduellement Ishmael en machine à tuer, froide et insensible, et ce,  alors qu’il n’avait que 12 ans. Cinq ans plus tard, son destin l’arrache à cet enfer de l’enfant-soldat. Il gagne miraculeusement les États-Unis en 1998  Par la suite, un autre défi très dur s’annonce pour Ishmael : se pardonner, se reconstruire… ce témoignage évoque une triste réalité qui entache l’histoire de l’humanité et qui sévit encore à ce jour : LES ENFANTS SOLDATS.

Le rude cheminement d’un enfant-soldat
*J’ai braqué mon arme sur un groupe de rebelles, mais
Alhaji m’a tapé sur l’épaule. Il m’a chuchoté qu’il voulait
pratiquer sa technique à la Rambo avant que nous nous
mettions à tirer…il a commencé à s’étaler de la boue sur
le visage…fixé son fusil sur le dos…il a rampé lentement
sous le soleil de midi baignant de  sa lumière ce village
que nous avions l’intention de plonger très bientôt dans
L’obscurité.*
(Extrait : LE CHEMIN PARCOURU)

LE CHEMIN PARCOURU est un récit autobiographique très intense dans lequel Ishmael Beah fait le bilan de son enfance et de sa préadolescence en Sierra Leone, un pays alors ravagé par la guerre civile et tout ce qui en découle de despotisme, de cruauté, de massacre et de sadisme.

Beah développe trois parties distinctes de cette vie infernale : l’époque où il a été recruté comme enfant soldat puis manipulé, drogué et transformé en machine à tuer, l’époque où il a été retiré sans explication de l’armée pour être rééduqué sous le contrôle de l’Unicef et l’épisode où il doit fuir son pays sous peine de redevenir une machine à tuer ou de mourir.

C’est un récit à la fois dur et fascinant qui met en perspective la bêtise humaine découlant d’un goût démesuré pour le contrôle et le pouvoir. Ce livre nous éclaire sur l’une des pires taches dans l’histoire de l’humanité : *dresser* des enfants à tuer, à semer la terreur et à inspirer l’horreur, à vider ces enfants de toute pitié ou compassion.

J’ai bien senti que Beah n’a pas voulu trop en mettre, évitant le sensationnalisme gratuit. Mais il n’a pas eu peur des mots non plus. Bref la plume fait preuve d’un bel équilibre et Beah a fait preuve de beaucoup de courage en racontant son parcours dans une spirale aussi démesurée d’horreur et de destruction. Je craignais de m’enliser dans la lecture d’un récit misérabiliste. Ce ne fût pas le cas.

Toutefois le livre n’a pas répondu à toutes mes attentes. Par exemple, j’aurais aimé comprendre les raisons pour lesquelles Beah a été retiré de l’armée. Pourquoi a-t-il été choisi? Selon quels critères. C’est important parce que cet évènement a changé toute sa vie. J’aurais aussi aimé en savoir davantage sur le voyage introspectif d’Ishmael Beah.

Ce que je sais des mécanismes de sa rééducation se résume à peu de choses : une infinie patience de ses rééducateurs (son infirmière en particulier) et la répétition d’expressions du genre *C’EST PAS DE TA FAUTE*.

Mais comment a-t-il fait pour se pardonner lui-même?  Et puis le récit se termine un peu abruptement sur sa nuit dans une ambassade. J’aurais aimé connaître au moins ses premiers jours d’homme libre aux États-Unis et sa lente transformation en homme pacifiste.

Malgré tout, ce récit est un témoignage à vif, poignant, riche de symboles et magnifiquement porteur d’espoir. Je ne regrette pas la lecture de ce livre. Il m’a ému et fait réfléchir. Je le recommande à tous…les jeunes en particulier car il nous fait réfléchir sur la véritable valeur de la vie, l’incroyable force de l’âme et l’importance d’envelopper d’amour et de protéger tout ce qu’il y a de plus beau et de plus positif qui couve dans le cœur des enfants…

Suggestion de lecture : AU SUD DE NULLE PART, recueil de Charles Bukovsky

Ishmael Beah est un pacifiste né en 1980 en Sierra Leone. Après avoir été recruté pratiquement de force par l’armée gouvernementale, à 13 ans, il devient enfant-soldat et le restera dans une incessante chasse aux rebelles pendant 5 ans. En 1998, il rejoint les États-Unis grâce à une famille qui l’adopte. Il entreprend de hautes études, donne des conférences et s’exprime plus d’une fois aux Nations-Unis et devant de nombreuses ONG. Ses plaidoyers souvent vibrants visent à mobiliser l’opinion publique sur le sort des enfants victimes des conflits armés. Son livre, est largement publié et même étudié dans des écoles.

BONNE LECTURE
JAILU/Claude Lambert
AVRIL 2016

 

LA RELIGION, roman de TIM WILLOCKS

*…De la tête, Lazaro désigna l’escalier qui menait
au cloître des hospitaliers. –On voit des choses
là-dedans, qui retourneraient l’estomac le plus
solide et briseraient le cœur le plus vaillant…*
(extrait de LA RELIGION, Tim Willocks, 2006,
version française 2012, Sonatine Éditions)

Cette histoire nous fait remonter le temps jusqu’en 1565 alors que Soliman le magnifique, Sultan des Ottomans déclare la guerre Sainte aux Chevaliers de l’Ordre de Malte. C’est l’occupation de Malte, un des conflits les plus sanglants et cruels opposant l’Islam et la Chrétienté. Au cœur de cette toile spectaculaire et oppressante, on retrouve Matthias  Tanhauser,  un colosse héroïque, fidèle à la Religion mais déchiré entre deux désirs extrêmement puissants : la soif de combat et de gloire et l’amour d’une femme piégée à Malte : Carla qui garde  l’espoir de retrouver son fils qui lui a été arraché au début de sa vie par un homme d’église fourbe et cruel.

D’abord, quelques mots sur LA RELIGION :

La Religion dont il est question dans ce roman est essentiellement un ordre religieux dont le vrai nom est ORDRE DE SAINT-JEAN DE JÉRUSALEM aussi appelé LES HOSPITALIERS et plus couramment LA RELIGION. Cet ordre religieux a été créé à Jérusalem vers 1080 et est à l’origine de tous les autres ordres de Saint Jean. Au départ, l’ordre était exclusivement hospitalier, protégeant avant tout les pèlerins malades dans les hôpitaux de l’ordre.

Très vite, après la disparition des Templiers, l’ordre de Saint-Jean, tout en gardant un pied dans sa vocation d’hospitalier est devenu guerrier avec une féroce volonté de combattre les Sarrazins et de parer à la menace musulmane. Avec le temps, l’Ordre, farouchement indépendant, échappera à tout contrôle jusqu’à son éclatement au début du 19e siècle.

UN ROMAN *CHOC* :

C’est un roman très long (plus de 800 pages) qui évoque le grand siège de Malte, un des conflits les plus sanglants de l’histoire des guerres de religion et un des plus cruels de l’histoire militaire. En effet, en mai 1565 Soliman, sultan des Ottomans (des Turcs) à la tête de 38,000 hommes, est décidé à prendre l’île de Malte qui ne dispose que de 9 000 chevaliers hospitaliers et soldats Maltais.

Soliman voit dans cette guerre une étape pour réduire la chrétienté à néant, mais le courage et l’astuce de son opposant, la Valette, grand maître de la Religion, conduiront les Turcs à la déroute. Tim Willocks décrit avec un luxe de détails l’incroyable boucherie qui résultera de cette guerre.

Ce qui m’a frappé dans ce roman, c’est la puissance descriptive que l’auteur a déployée…description détaillée de tueries, d’exécutions, de mutilations, de corps démembrés, de têtes tranchées, de puanteur, description détaillée de cette capacité très *humaine* de tuer et de faire souffrir avec des raffinements de cruauté, sans oublier une description très explicite de plusieurs épisodes à caractère sexuel dont quelques-uns sont loin de verser dans l’eau de rose.

J’ai trouvé l’écriture magnifique, puissante mais parfois éprouvante, la violence étant détaillée avec une telle ferveur qu’elle m’a laissé cette impression agaçante que l’auteur a voulu trop en mettre. Toutefois l’esprit chevaleresque de l’époque est bien mis en perspective. Les amours du Héros Tanhauser viennent un peu alléger l’ensemble même s’il s’agit d’un impossible et complexe triangle amoureux.

Ce livre ne m’a pas fait ami-ami avec la Religion car ce n’est qu’un des très nombreux ouvrages (romanesques ou documentaires) qui évoquent une époque où l’inquisition voyait l’hérésie partout et où il suffisait de dire *C’est la volonté de Dieu* pour justifier la folie des hommes. Willocks ne se gêne pas pour souligner le travers des Cultes et les qualifier de fosses à serpents.

Il m’a semblé évident que l’auteur a pris son temps…le roman accusant des longueurs mais sa principale force est d’arracher le lecteur de son confort et de le placer dans le décor d’un environnement ravagé par la violence et la haine.

Grande Crois de l’Ordre de Saint-Jean-De-Jérusalem

C’est un roman puissant. La plume est audacieuse et est de nature à submerger le lecteur, surtout celui qui ne craint pas les longueurs et la crudité d’une grande quantité de passages. Le livre a peut-être une ou deux centaines de pages de trop mais il tient quand même captif et sa finale est magnifique.

Suggestion de lecture : TERRES DE SANG ET DE LUMIÈRE de Jocelyne Godard

BONNE LECTURE
JAILU
OCTOBRE  2013

(En Complément…)

LE DERNIER DES MOHICANS, FENIMORE COOPER

En fait, il ne nous a jamais vraiment quitté, le grand JAMES FENIMORE COOPER qui vécut de 1789 à 1851 et qui nous a laissé entre autres un des plus beaux fleurons de la littérature américaine dont je veux vous parler aujourd’hui :

L E   D E R N I E R   D E S   M O H I C A N S

«Ce que c’est, ce que ce n’est pas, nul ici ne saurait le dire. Pourtant, Chingachgook et moi, depuis trente ans que nous parcourons la forêt, avons entendu toutes les sortes de cris de bêtes sauvages ou d’indiens. Mais là, je suis pris de court…» 

Œil de Faucon Longue Carabine
Extrait de *LE DERNIER DES MOHICANS
Par Fenimore Cooper (1826)
(Gallimard)

LE DERNIER DES MOHICANS est le tome 2 du cycle des histoires de BAS-DE-CUIR de Fenimore Cooper. Le cycle comprend 5 romans historiques parus entre 1823 et 1840 : Le tueur de daim, Le dernier des Mohicans, Le lac Ontario, Les Pionniers et La Prairie

L’œuvre raconte l’histoire du chasseur blanc Natthaniel Bumppo, surnommé Natty, dit Bas-de-cuir, dit Longue Carabine dit Œil-de-Faucon.

LE DERNIER DES MOHICANS met en scène, outre Œil-de-Faucon, deux personnages forts attachants : Chingachgook, le chef Sagamore, dernier des Mohicans et son fils Uncas.

Timbres évoquant les 5 romans de la pentalogie BAS DE CUIR : Le tueur de daim, Le Dernier des Mohicans, Le Lac Ontario, Les Pionniers et La Prairie. (Wikipédia.org)

Au XVIIIème siècle, la guerre fait rage pour la conquête du Nouveau Monde entre les anglais commandés par le Général Monro et les Français commandés par le Marquis de Montcalm. Dans cette guerre sans merci, les Français ont conclu une alliance avec les Hurons, des guerriers féroces inspirés par un chef cruel et cupide.

Cette alliance donne un avantage indéniable aux Français. C’est dans ce contexte qu’un jeune officier anglais, Duncan Heyward est chargé de conduire deux jeunes filles : Alice et Cora, chez leur père, le général Monro dans son fort assiégé.

Trahi par leur guide, un indien Huron nommé Magua, dit Renard Subtil, laissés à eux-mêmes en pleine forêt, ils ne doivent leur vie qu’à un chasseur nommé Longue-Carabine par ses ennemis et Œil-De-Faucon par ses alliés, un vieux chef indien Sagamore, Chigachgook, et son fils, Uncas, le dernier des Mohicans.

Comment peuvent-ils échapper à la lutte sans merci que se livrent les Européens dans la conquête de la jeune Amérique ainsi qu’au rôle cruel que jouent les Hurons dans ce drame.

La prise de Québec, huile sur toile par Hervey Smyth, 1797

Dans LE DERNIER DES MOHICANS, Fenimore Cooper a placé ses héros dans un contexte de vécu. En effet la prise de Fort William-Henry (bastion britannique dirigé par le général Munro) en 1757 par les Français du Marquis de Montcalm est une réalité historique.

Le fait qu’un grand nombre d’anglais furent massacrés après leur  capitulation par des indiens alliés des français (Montcalm aurait fermé les yeux là-dessus ce qui a gâché un peu sa victoire et entaché son honneur de soldat) est aussi une réalité historique.

Et, faut-il le rappeler, deux ans après ces évènements dramatiques, Louis de Saint-Véran, dit Marquis de Montcalm trouvera une mort héroïque lors de la bataille des Plaines d’Abraham qui marquera le début de la conquête britannique et la fin du régime Français en Nouvelle France.

J’ai lu l’ensemble de la quintalogie BAS-DE-CUIR mais j’ai été subjugué par le tome 2 : LE DERNIER DES MOHICANS. 

Plusieurs éléments m’ont fasciné dans ce roman. Outre le fait que Cooper décrit un évènement qui participe activement au tissage d’une toile qui deviendra énorme (la naissance des États-Unis d’Amérique en 1783), l’écrivain donne à ses personnages une force de caractère remarquable.

Bien sûr, je ne peux pas vous le cacher, Œil-De-Faucon est énervant par moment. Il est vantard, il est bavard mais il est d’une loyauté indéfectible, doté d’un sens de l’amitié poussé, voire altruiste. Il peut être mufle, mais il est d’une bravoure sans faille. Il sait même se montrer sensible. La façon dont il décrit son pays de lacs, de rivières de forêts riches en gibiers et en essences pousse parfois à la poésie.

Chingachgook, le grand Sagamore et son fils Uncas, le personnage le plus attachant du roman de Cooper sont les derniers Mohicans, amis d’œil de Faucon, vénérant tous les fruits du créateur sauf les Hurons et les Français. Ce sont des êtres intérieurs d’une très grande sagesse, forts, habiles et  fidèles en amitié. Ils parlent peu mais leurs actes témoignent de l’amour de leur terre et de leur peuple et d’un sens développé de la justice et de la loyauté.

Comment ne pas être subjugué par la qualité de ces personnages. Bien qu’elle frôle parfois l’invraisemblance et la naïveté, l’écriture est simple mais détaillée et elle a surtout le don extraordinaire de plonger le lecteur au cœur du décor, et de lui faire adopter une contrée merveilleuse que les belligérants anglais et français s’arrachent avec peine et qui est appelé à devenir le pays le plus puissant du monde. L’auteur nous amène aussi à mieux saisir la mentalité et l’état d’Esprit des grands perdants de cette histoire : les Amérindiens.

Je vous recommande avec chaleur la lecture de LE DERNIER DES MOHICANS, une histoire aux nombreux rebondissements mais gardant fidèlement du début à la fin un caractère romanesque.

Dépaysement garanti.

Suggestion de lecture : TERRES DE SANG ET DE LUMIÈRE de Jocelyne Godard

JAILU
Janvier 2013
(En Complément…)

LE RETOUR DE FENIMORE

Bonjour à tous et à toutes,

Aujourd’hui, j’aimerais partager avec vous, mon engouement pour un des
écrivains les plus cotés du XIXe siècle : Fenimore Cooper.

Admiré de ses pairs dont Balzac et Victor Hugo, Cooper a créé un des
personnages les plus populaires de la littérature américaine : Bas-de-cuir.

Je vous invite à lire mon article et plonger avec moi dans un cadre aussi dur
qu’enchanteur : le monde d’œil-de-Faucon et du Dernier des Mohicans…

Aller lire LE RETOUR DE FENIMORE

JAILU
JANVIER 2013