PROJET ANASTASIS, le livre de Jacques Vandroux

*Alpha tira trois objets métalliques de son sac. Sans hésiter,
il les lança dans la foule compacte. Il se mit rapidement à
l’abri derrière la colonne. Quand la première grenade explosa,
la stupéfaction gagna la foule. Les deux explosions suivantes
espacées de quelques secondes, transformèrent l’église en un
temple de souffrance.
(Extrait : PROJET ANASTASIS, Jacques
Vandroux, Robert Laffont éditeur, 2017, format numérique, 530
pages en version brochée)

Jean Legarec, responsable d’une agence privée de renseignements, est un expert en affaires sensibles. Mais il est loin d’imaginer ce qui l’attend lorsqu’il accepte d’enquêter sur la disparition d’un enfant, enlevé lors du chaos qui a suivi un attentat perpétré à Notre-Dame de Paris. Très vite, Legarec découvre qu’il ne s’agit pas d’un « simple » kidnapping, mais d’un large complot dont les racines remontent au Troisième Reich. Aidé de Béatrice, la tante du garçon, il va devoir plonger au cœur des heures les plus sombres de l’histoire européenne. Et ce, alors même que son attirance grandissante pour Béatrice menace d’obscurcir son jugement… Parviendra-t-il à  sauver un enfant innocent de cette toile infernale ?

Une brique de chaos
*…Pourtant qui sait ce que ces médecins ont découvert ?
Qui sait à quelles atrocités ils se sont livrés pour
satisfaire leurs fantasmes de toute-puissance ?
Comment pouvons-nous enquêter dans cette
direction?
(Extrait)

Peu de choses à dire sur cette histoire un peu réchauffée et sans grande originalité. Le roman est classé thriller historique parce que l’auteur le fait évoluer dans les heures sombres de l’humanité. Jusque là ça va mais le développement est plutôt abracadabrant et n’offre pas grand-chose de neuf : d’un côté, un ennemi sans états d’âme, le nazisme ressuscité grâce à la génétique et de l’autre, un héros sans peur et sans reproche style James Bond.

Là où ça devient un peu plus intéressant, c’est que, à enquêter sur la disparition d’un enfant, l’auteur va nous faire plonger dans une des périodes les plus dramatiques de l’histoire européenne donnant au récit une dimension historique captivante.

Les personnages sont aussi intéressants car l’enquêteur Jean Legarec va s’entourer d’une équipe de collaborateurs qui donneront de la couleur au récit : un survivant des camps de la mort, encore vigoureux (comme trop beau pour être vrai), un militaire, quelques diplomates, une historienne allemande…disons très ouverte, et une énigmatique alsacienne.

Donc, dans ce thriller, il y a des valeurs sûres malgré une forte impression de déjà vu qui ne ma jamais vraiment laissé en cours de lecture. Le thème central de l’œuvre garde toutefois toute son actualité : Le terrorisme et une batterie de sous-thèmes dont la domination, le pouvoir, l’argent…

Le style de l’auteur favorise une lecture rapide et agréable. Le rythme est rapide et même haletant par moment. On est cependant très loin du chef d’œuvre littéraire. C’est bourré de clichés, naïf et de nombreux passages sont tirés par les cheveux.

Je dois dire cependant que la plume de l’auteur favorise une bonne mise en image dans l’esprit du lecteur. L’écriture me rappelle un peu un scénario de film. Ce roman a donc des forces intéressantes mais il ne bousculera pas la littérature. C’est pour moi le genre de livre qu’on oublie plutôt facilement en attendant un livre qui renouvellera vraiment le genre.

Suggestion de lecture : L’ÉTRANGE DISPARITION D’AMY GREEN, de S.E. Harmon

Ingénieur de formation, Jacques Vandroux a commencé à écrire dans le train et dans l’avion, au cours de ses nombreux déplacements professionnels. Il y a vite pris goût et a décidé de s’autopublier afin de partager ses histoires au grand public. Et le succès a été au rendez-vous puisqu’il est devenu, en moins de cinq ans, un véritable phénomène de l’autoédition, avec plus de 370 000 exemplaires vendus dans le monde.

Bonne lecture
Claude Lambert
Le dimanche 28 mai 2023

LE DIEU DU DELTA 1, NOUVEAU MONDE

Commentaire sur le livre de
Bertrand Passegué

*De la petite éminence sur laquelle il se tenait, le vaisseau ressemblait
à une carapace de crustacé monstrueux échoué sur une grève d’algues
sombres. Tout autour, la végétation était verte, comme sur la terre mais
d’un vert plus intense, plus sombre, presque froid. L’herbe épaisse,
humide, craquait sous les pieds. Une bonne herbe. *
(Extrait : LE DIEU DU DELTA, livre 1, NOUVEAU MONDE, Bertrand Passegué,
Édition Critic, 2016, format numérique, 432 pages. disp. format broché)

Trente-cinq années dans l’espace, c’est un bien long voyage pour un vaisseau terrien. Pourtant, c’est à l’arrivée sur la planète Bêta IV Hydri que les véritables ennuis commencent pour l’astrogateur Nathan Stone et ses compagnons. Dans la petite colonie, plusieurs sections – militaires, politiciens, citoyens ambitieux – s’affrontent.
Qui parviendra à imposer son pouvoir ? Et quelle est donc cette étonnante entité qui vit au cœur du delta auprès duquel s’est posé leur vaisseau ? Ils pensaient fuir une terre devenue inhospitalière et dénicher un havre de paix mais finalement, ils vont trouver la guerre.

Là où il y a de l’humain…
(Variation sur un thème connu)
*Avec les réserves de nourriture, les vêtements, les médicaments,
enfin, tout ce que Wowocka voudra bien nous laisser…Nous
réussirons à survivre ! Et nous recommencerons à cultiver le
sol avec nos mains, à élever notre bétail, comme nos lointains
ancêtres de la terre… Peut-être même que nous serons heureux ! *
(extrait)

Variation sur un thème archi-connu, toutefois, Nouveau Monde, le premier tome de LE DELTA DU FLEUVE pose beaucoup de questions et tend à démontrer que la principale nuisance de l’homme est l’homme lui-même. Nous sommes au XXXIe siècle. La terre se meurt. On décide d’envoyer une expédition afin de coloniser une planète déclarée depuis longtemps habitable : BÉTA IV.

Un immense vaisseau y emmène plus de 3000 colons et plusieurs centaines de membres d’équipage. Après trente années de voyage, une fois à destination, la suite s’annonce difficile, voire périlleuse. En fait, le vaisseau est à peine posé que la discorde s’installe entre le maître à bord, le capitaine Kodkine et les colons et même entre les colons, ça déraille. Il se forme des clans. Bientôt la première défection, Wowoka, un indien. D’autres le suivront.

Puis, poussés par la tyrannie de Kodkine, les colons quitteront le vaisseau pour créer un village dans la forêt et feront bientôt connaissance avec une mystérieuse entité entourée d’une nuée d’insectes, une entité qui aura bientôt son premier prêtre : Wowoka. Entre temps, la guerre éclate entre l’équipage et les colons. Assoiffé de pouvoir, Kodkine demeure inflexible. L’opération Béta IV se dirige vers un échec lamentable et sanglant. Qui aura le dernier mot : Kodkine, les colons ou le mystérieux dieu du Delta ?

L’auteur met en perspective la volonté des hommes de bâtir un monde nouveau en évitant les erreurs du passé sur terre. Mauvais calcul des hommes car ils ont amené l’hommerie avec eux. La nature humaine n’échappe pas à l’atavisme de sa nature. Autre mauvais calcul, on a laissé tout reposé sur un seul homme à qui on a donné le pouvoir absolu : Kodkine. On a joué avec le feu, on s’est brûlé. Ce qui devait être un nouveau départ avec une vie meilleure n’est devenu rien d’autre qu’un effroyable gâchis.

Et c’est là que l’auteur m’a surpris… en créant une entité omnisciente qui a tout prévu. Mais prévu quoi : Si vous êtes comme moi, vous risquez d’être pris dans une toile addictive jusqu’à la finale qui est de toute beauté même si elle est très abrupte. En tout cas, elle donne un signal clair pour le deuxième tome de la trilogie : LE SEPTIÈME CYCLE

C’est bien écrit, bien imaginé, exprimé clairement avec un fond de philosophie car on sent que la pensée de l’auteur est tournée vers la nature humaine qui est mal connue même des hommes on dirait car sinon pourquoi les autorités auraient-elles mis tous les pouvoirs entre les mains d’un seul homme, Kodkine, sans tenir compte du fait que les aspirations allaient forcément diverger. Le livre pose une question simple : L’homme peut-il changer.

Le fait d’avoir créé un régime totalitaire avant même que le vaisseau se pose sur Béta IV semble répondre à la question. J’ai aimé cet ouvrage, l’étude sociale qu’elle comporte et son petit côté ésotérique et même surnaturel. L’intrigue est bonne, les personnages très bien travaillés. Une seule petite incohérence. Un pouvoir extraordinaire sauve des femmes en faisant disparaître le vaisseau. Pourquoi un tel pouvoir n’aurait-il pu empêcher une guerre meurtrière. J’ai l’impression que la réponse se trouve dans le tome suivant. À lire donc, une œuvre intéressante, cohérente, crédible et introspective : LE DIEU DU DELTA, premier tome : NOUVEAU MONDE

Suggestion de lecture : EXOMONDE, d’Emma Cornellis

Le Dieu du delta…la suite

NOTE : Né le 17 janvier 1946 à Neuilly-sur-Seine, Bertrand Passegué est depuis toujours un lecteur boulimique. Ancien professeur, maintenant à la retraite, au moment d’écrire ces lignes, il vit avec sa femme artiste dans une vieille ferme restaurée par leurs soins. (photo non-disponible)

Bonne lecture
Claude Lambert
Le dimanche 30 avril 2023

DUNE, livre premier et second, de Frank Herbert

*Dans les ténèbres, Paul gardait les yeux mi-clos… Il
voyait les yeux de la vieille femme, larges et brillants
comme ceux d’un oiseau de nuit. De plus en plus larges…
de plus en plus brillants, semblait-il…-Dors bien rusé
petit démon ! Demain, tu auras besoin de tous tes moyens
pour affronter mon ghôm jabba ! *

Extrait : DUNE, livre 1,
Pocket éditeur, 1998, à l’origine, v.f. : Robert Lafont 1970. Version
audio : Lizzie éditeur, duré d’écoute : 18  heures. Narrateur :
Benjamin Jungers

Il n’y a pas, dans tout l’Empire, de planètes plus inhospitalières que Dune. Partout des sables à perte de vue. Une seule richesse : l’épice de longue vie, née du désert, et que tout l’univers convoite. Quand Leto Atréides reçoit Dune en fief, il flaire le piège. Il aura besoin des guerriers Fremen qui se sont adaptés à une vie très dure en préservant leur liberté, leurs coutumes et leur foi. Ils rêvent du prophète qui proclamera la guerre sainte et changera le cours de l’Histoire.

Cependant les Révérendes Mères du Bene Gesserit poursuivent leur programme millénaire de sélection génétique : elles veulent créer un homme qui réunira tous les dons latents de l’espèce. Le Messie  Fremen est-il déjà né dans l’Empire ?

L’émergence de Paul Atréïde
*Je ne connais pas la peur, car la peur tue l’esprit. La peur est la petite mort
qui conduit à l’oblitération totale. J’affronterai ma peur. Je lui permettrai
de passer sur moi, au travers de moi. Et lorsqu’elle sera passée, je tournerai
mon œil intérieur sur son chemin. Et là où elle sera passée, il n’y aura plus
rien. Rien que moi. * 
(Extrait DUNE, livre 1 litanie contre la peur du rituel Benegesserit)

C’est un chef d’œuvre mais il est amputé. C’est peut-être un peu gros comme entrée en matière, mais ça évoque ma seule déception relativement à cette œuvre. Elle est incomplète. Il manque le livre troisième qui fait l’objet d’une narration à part chez Audible. Je n’ai pas compris ce choix de l’éditeur et je ne vous le cache pas, ça m’a irrité.

Sinon, nous avons affaire ici à une œuvre culte de la science-fiction, un des romans les plus vendus dans le monde. Voyons d’abord les principaux éléments que les premiers livres mettent en place en vue de la longue saga DUNE .

L’empereur Padisha Shadam IV confie au duc Leto la gestion de la planète Dune, une planète de sable occupée par les framens et qui produit l’épice, un mélange addictif convoité dans tout l’univers et pour lequel on tue, on guerroie, on complote sans compter l’obligation d’affronter des vers énormes qui peuvent atteindre 400 à 600 mètres de longueur et qui dévastent tout sur leur passage y compris les usines d’extraction d’épice.

Pour la protection du système, Leto a besoin des Framens qui ne rêvent que de l’arrivée du prophète…l’élu qui changera le cours de l’histoire. Or, les Révérendes Mères du Bene Gesserit poursuivent un programme millénaire de sélection génétique qui concrétisera tous les dons latents de l’espèce. Toutefois, les risques de dérapages sont sérieux.

C’est ici qu’entre en scène Paul Atréïde, le fils de Leto, qui, par des dons très spéciaux qui commencent à se manifester, donne à penser qu’il pourrait être l’élu. Suite à une trahison, Leto meurt. Paul Atrïde, baptisé Muad’Dib par les Framens, hérite d’un univers dont il prendra le contrôle avec un redoutable savoir-faire ouvrant ainsi la voie au trône impérial.

Évidemment, c’est résumé succinctement, mais au final, DUNE raconte un colossal Jihad qui bouleversera une galaxie entière. En écoutant l’excellente narration de Benjamin Jungers, je n’ai pu faire autrement que de revivre presque scène par scène la surprenante adaptation cinématographique signée David Lynch en 1984. Le travail du narrateur a mis en valeur le caractère immersif du roman.

Ce livre est un chef d’œuvre, un immortel. Son pouvoir descriptif atteint par moment la poésie. Il a aussi un petit côté environnemental qui n’est pas sans rejoindre les préoccupations humaines actuelles. L’oeuvre nous amène aussi à découvrir le mysticisme qui confirme la nature initiatique du récit.

*Je ne connais pas la peur, car la peur tue l’esprit. La peur est la petite mort qui conduit à l’oblitération totale. J’affronterai ma peur. Je lui permettrai de passer sur moi, au travers de moi. Et lorsqu’elle sera passée, je tournerai mon oeil intérieur sur son chemin. Et là où elle sera passée, il n’y aura plus rien. Rien que moi* (Extrait : DUNE,  Litanie contre la Peur du rituel Bene Gesserit)

L’écoute de ce classique m’a fait vibrer car non seulement le livre comporte-t-il une vision du futur où il faudra forcément croire à l’immatériel mais il comporte une vision de la vie. Dune pourrait être une quête du sens de la vie.

Ce n’est pas toujours simple car le fil conducteur de l’histoire est parfois instable et prend plusieurs directions. Mais quand on y regarde de près, l’histoire évolue dans un monde grisant, fascinant avec quelque chose qui nous ressemble…parfois un peu…parfois beaucoup. Cette version audio de DUNE fut pour moi un enchantement.

Suggestion de lecture : STAR WARS, LES DERNIERS JEDI, de Brian Johnson

Frank Patrick Herbert (1920-1986) est un écrivain de science-fiction américain. Ses œuvres connurent un succès commercial et furent acclamées par la critique. Il doit principalement sa célébrité à sa série de romans Dune qui aborde des thèmes tels que la survie de la race humaine et son évolution, l’écologie, ou encore les interactions entre la religion, la politique et le pouvoir. (Wikiquote)

DUNE AU CINÉMA

Il y a plusieurs adaptations de Dune à la télévision et au cinéma. Le meilleur film qu’il m’a été donné de voir est celui qui introduit la série, le premier film sorti en 1984 et réalisé par David Lynch : DUNE

À gauche sur l’affiche, on reconnait (personnage du bas) le célèbre auteur-compositeur-interprète Britannique STING de son vrai nom Gordon Mathew Thomas Somner. À droite, Kyle Mclachlan incarne Paul Atréïde et Siân Phillips incarne la révérende mère Gaius Helen Mohiam.

À propos de la série audio

La série audio DUNE de Frank Herbert comprend sept opus, tous édités par Lizzie et narrés par Benjamin Jungers : DUNE 1.1 livre premier et livre second, DUNE 1.2 livre troisième, DUNE 2 LE MESSIE DE DUNE, DUNE 3  LES ENFANTS DE DUNE, DUNE 4 L’EMPEREUR-DIEU DE DUNE, DUNE 5 LES HÉRÉTIQUES DE DUNE et DUNE 6 LA MAISON DES MÈRES.

Je ne reproduis pas ici les premières de couverture car elles sont passablement identiques. Pour plus de détails, rendez-vous sur le site d’audiolib.


BONNE ÉCOUTE
CLAUDE LAMBERT
Le samedi 29 octobre 2022

 

LA NOBLE MAISON, le livre de JAMES CLAVEL

*C’était nos bureaux de Taipei. LASTIN CLOUD
a coulé corps et bien au large de Formose…*
(Extrait : LA NOBLE MAISON, James Clavel, 1982,
Presses de la Cité, réédition : France Loisirs,
Édition de papier, 815 pages. Tome un de la série.)

À Hong Kong, dans les années 1960, surgissent deux américains avides de se tailler une part de ce marché fantastique que représente l’Asie, mais parfaitement ignorants des règles non écrites qui régissent la colonie Britannique. Leur ambition va provoquer une lutte sans merci entre deux grands Taï pan (les grand patrons) : Ian Dunross de la maison Struan-La noble maison- et Quillan Gornt de la maison Rothwell-Gornt. Un véritable combat au couteau dont l’enjeu est plus que la richesse : Le pouvoir. Au programme : Enlèvements, assassinats, escroqueries de tous ordres et double jeu permanent.

La furie de l’ambition
*Il repensa à ses ancêtres et une bouffée de haine le submergea :
Sir Morgan Brock, brisé par les Struan; Gronth Brock, assassiné par
Dirk Struan; Tyler Brock, trahi par sa fille, Hag Struan. Il renouvela
le serment qu’il avait fait à son père et que son père avait fait au
sien : Venger les Brock, détruire la Noble Maison.* 
(extrait)

Je me doutais bien que le créateur de SHOGUN allait m’offrir beaucoup plus qu’une guerre de pouvoir, d’argent et de concurrence, loyale ou pas. Les affaires ne sont qu’un prétexte. Alors voyons d’abord le prétexte : Deux américains désireux de s’implanter en Asie débarquent à Hong Kong à une époque où l’île est encore une colonie britannique.

À l’idée de toucher une part d’un marché fantastique, Linc Bartlett et Casey Tcholok, en prenant le pouls de Hong Kong provoqueront une guerre sans merci entre deux grands TAÏ PAN : Quillan Gornt, de la maison Rothwell-Gornt et Ian Dunross de la maison Struan, appelée LA NOBLE MAISON.

Le TAÏ PAN est le grand patron d’une maison. Il a tous les pouvoirs selon la tradition asiatique, une tradition mal comprise par les américains. L’enjeu de cette guerre entre Gornt et Struan va bien au-delà de la richesse. On parle ici d’encore plus de pouvoir.

LA NOBLE MAISON est un long pavé de 820 pages dont l’action se déroule sur 8 jours. On a vu le prétexte voyons maintenant l’histoire qui a comme principale essence, le cadre principal, c’est-à-dire Hong Kong, une île de 80 kilomètres carrés situé dans le sud-est de la Chine.

À travers ses personnages et les activités frénétiques de la haute société, Clavel raconte l’histoire de Hong Kong sous la tutelle britannique, les rapports complexes entre les administrateurs britanniques et les Chinois qui tournent à leur avantage la méconnaissance que manifestent les anglais à l’égard des asiatiques. C’est cette méconnaissance qui créera l’intrigue avec l’arrivée des américains dans ce milieu haut en couleur.

Le rythme du livre est élevé mais ça ne m’a pas empêché de découvrir toute la singularité de chaque classe de hongkongais en plus évidemment des coups bas que se font les TAÏ PAN : enlèvements, assassinats, escroqueries sans compter une impitoyable manipulation des marchés financiers qui peuvent provoquer jusqu’à la faillite.

C’est du grand Clavell. Il a encore une fois réussi à me faire oublier rapidement l’épaisseur du livre. J’ai appris beaucoup de choses sur Hong Kong et la mentalité chinoise, les traditions, le fonctionnement politique, social, policier et judiciaire de l’île alors que les hongkongais attendent patiemment 1999, année où l’île reviendra dans le giron chinois.

Clavel a vraiment une plume extraordinaire qui amalgame l’exotique avec une petite aura de mystère en plus d’être expressive et efficacement descriptive. Une telle intensité oblige l’auteur à s’étendre. À travers les intrigues et les coups bas s’immiscent l’amour, le sexe bien sûr et une concurrence souvent douteuse.

Les TAÏ PAN sont tout-puissants et impitoyables mais le dernier quart du livre met en scène des évènements qui ramènent un peu à l’humilité. La finale en particulier brasse les émotions. Il y a plus fort qu’un TAÏ PAN. Il y a la nature et elle n’a pas dit son dernier mot.

LA NOBLE MAISON est une belle histoire et l’auteur prend son temps et manipule avec art la magie des mots. C’est un roman fort. Une histoire aboutie. LA NOBLE MAISON constitue un univers à elle seule.

Je me suis intéressé à James Clavel au début des années 70 après avoir visionné un film extraordinaire : LA GRANDE ÉVASION avec Steeve McQueen et dont Clavel était coscénariste. Depuis, j’ai lu LE CAÏD, SHOGUN et bien sûr LA NOBLE MAISON que je vous recommande chaleureusement.

Suggestion de lecture : L’EMPIRE DU SCORPION, de Sylvain Meunier

James Clavell (1924-1994)  était écrivain et producteur de cinéma et de télévision. Pendant la Seconde Guerre mondiale, il était un soldat britannique et un prisonnier japonais à Java et à Singapour, ce qui lui a valu un grand intérêt pour les choses est-asiatiques et japonaises, ainsi que pour l’expérience des prisonniers de guerre. Clavell est très connu en particulier pour « The Great Escape » (1963), « To Sir, with Love » (1967), « Tai-Pan » (1986), « Nobel House » (1988) et surtout « Shogun » (1980) Golden Globe Award de la meilleure série télévisée et Emmy Award .

LA SÉRIE

Affiche de la série télé réalisée par Gary Nelson en 1988.  Avec Pierce Brosnan, Debohra Raffin,  et Ben Masters.
Production américaine.

Bonne lecture
Claude Lambert
le samedi 12 février 2022

SA MAJESTÉ DES MOUCHES, de WILLIAM GOLDING

*Des signes de vie se manifestaient sur la plage. Le
sable moiré par l’air chaud dissimulait de
nombreuses silhouettes éparpillées sur des
kilomètres de plage. De partout, des garçons
convergeaient vers le plateau à travers le sable
lourd et brûlant. * 

(Extrait : SA MAJESTÉ DES MOUCHES, William Golding,
édition originale, 1954 par Faber and Faber. Réédition :
Gallimard 2002, édition numérique, Folio, 216 pages)

Un avion transportant exclusivement des garçons anglais issus de la haute société s’écrase durant le vol sur une île déserte. Le pilote et les adultes accompagnateurs périssent. Livrés à eux-mêmes dans une nature sauvage et paradisiaque, les nombreux enfants survivants tentent de s’organiser en reproduisant les schémas sociaux qui leur ont été inculqués.

Mais bien vite le vernis craque, la fragile société vole en éclats et laisse peu à peu la place à une organisation tribale, sauvage et violente bâtie autour d’un chef charismatique. Offrandes sacrificielles, chasse à l’homme, guerres sanglantes : la civilisation disparaît au profit d’un retour à un état proche de l’animal que les enfants les plus fragiles ou les plus raisonnables paient de leur existence.

Méchanceté atavique
*-J’ai peur. Peur de nous. Je voudrais être à
la maison. Oh ! mon Dieu, comme je
voudrais être chez nous ! *
(Extrait)

D’abord un mot sur la notoriété de ce livre publié en 1956 et classé roman psychologique pour les jeunes. Cette notoriété est impressionnante car SA MAJESTÉ DES MOUCHES a inspiré le cinéma avec deux adaptations, le théâtre, la musique, la bande dessinée, les séries télé, la télé-réalité, même les jeux vidéo et l’influence que cette œuvre de William Golding a eu sur la littérature est particulièrement forte et intéressante.

Il serait trop long d’en faire le tour mais je signalerai que SA MAJESTÉ DES MOUCHES a inspiré Kinji Fukasaku pour son livre BATAILLE ROYALE, adapté au cinéma. Je n’ai pas lu le livre, mais j’ai été ébranlé par le film. Stephen King fait référence à l’œuvre de Golding dans certains passages de son recueil CŒURS PERDUS EN ATLANTIDE et dans le cycle LA TOUR SOMBRE. Et bien sûr, SA MAJESTÉ DES CLONES qui est la version science-fiction de SA MAJESTÉ DES MOUCHES. Comme je le disais, la liste n’est pas exhaustive.

Sa majesté des mouches, adaptation cinématographique de 1990

Un avion transportant des jeunes garçons âgés entre 6 et 13 ans, s’écrase sur une île perdue dans le Pacifique. L’équipage meurt mais les enfants sont indemnes. Une fois remis de leurs Émotions, les enfants tentent de s’organiser. Deux esprits forts se démarquent du groupe : Jack, un garçon charismatique mais violent et caractériel. Et il y a Ralph, le personnage principal du roman, un adolescent intelligent, organisateur et visionnaire.

Le petit gros du groupe, un intellectuel à lunettes fait la découverte sur la plage d’une conque, une grosse coquille en spirale longtemps utilisée comme trompe au cours de l’histoire dans plusieurs pays du monde. Ralph décide de faire de cet instrument le symbole rassembleur du groupe.

Tout le monde reconnait Ralph comme chef. Le groupe tente de s’organiser mais Ralph met au grand jour sa nature pusillanime. C’est un chef mou et sans colonne. Pendant ce temps, Jack dévoile sa nature agressive, tranchante : *Il y a quelque chose qui ne va plus. Je ne comprends pas quoi. Nous avions bien commencé ; nous étions heureux. Et puis…-…et puis on a commencé à avoir peur*  (Extrait)

Ralph est un partisan du feu pour avertir les bateaux passants, Jack est partisan de la chasse…pour manger…et pour tuer. La dystopie s’installe, la peur se densifie. Puis, Jack est devenu intouchable pour la raison bien simple que tout le monde en avait peur.

C’est un livre extrêmement poignant qui abandonne le lecteur dans un puissant brassage d’émotions contradictoires. Dans une certaine mesure, c’est un livre qui met mal à l’aise car il met en perspective une tache indélébile de la nature humaine : la violence, la soif de pouvoir. Sont-elles ataviques ? Que, dans une situation semblable, les enfants perdent le sens de la civilité, je peux comprendre.

Mais peut-on perdre à ce point le sens de l’humanité ? Parce que c’est ce qui se produit ici. Alors que tout devient incontrôlable, la sauvagerie et la barbarie prennent le pas. La jeunesse qu’on dit innocente fait passer sa survie par la violence. Voilà pourquoi le récit met mal à l’aise parce qu’il dessine l’incontournable déshumanisation mue par la vanité, l’orgueil mais surtout par la peur et le désespoir.

Cette descente va jusqu’à la pire des bassesses : le meurtre. Par quel mécanisme un enfant peut descendre aussi bas. William Golding ne l’explique pas vraiment mais il le montre. Et le crescendo imprégné dans le texte est tellement graduel que le lecteur n’y voit que du feu jusqu’à ce qu’il réalise qu’il est maintenant prêt à boire à la bêtise humaine.

Beaucoup de choses peuvent expliquer cette dégradation : L’empreinte génétique, la fragilité mentale et émotive, l’éducation, les influences sociales, l’atavisme.  Peu importe. Ce qui est important ici c’est que Golding n’explique pas. Il crée l’image dans l’esprit du lecteur et il ne baigne pas dans l’eau de rose.

C’est un livre violent. Qu’il soit classé littérature jeunesse peut être discutable. Le réalisme qui ressort de cette œuvre la confine plus à l’horreur. C’est bien écrit. C’est très direct d’autant qu’ici l’humain descend vers l’état d’animal et que les enfants les plus fragiles en meurent. Une corde sensible est étirée jusqu’à la rupture.

Bien que SA MAJESTÉ LES MOUCHES soit considéré comme un classique, une référence pédagogique, que sa profondeur psychologique et son pouvoir descriptifs soient indéniables, l’œuvre comporte des faiblesses et des irritants. Étant donnés les évènements qui se déroulent sur l’île, j’aurais aimé avoir une idée de sa taille et de sa forme. Une carte n’aurait pas été un luxe ainsi qu’un bref profil des personnages.

Aussi, à deux reprises dans le récit, un incendie de forêt met la vie des enfants en danger. Cet aspect du récit est sous-développé et la vitesse de propagation du feu m’a laissé supposer un bâclage de cet aspect de l’histoire. Ce sont quand même deux épisodes importants. À la fin que je ne veux quand même pas dévoiler, je n’ai aucune nouvelle de Jack et Roger.

Ce sont pourtant les deux principaux personnages qui ont poussé les évènements à dégénérer. J’ai trouvé la finale expédiée et sans saveur. En générale, c’est toute la deuxième partie du récit qui est sous-développée.

Quoiqu’il en soit, cette histoire ne laisse pas indifférent et pousse à la réflexion sur la précarité de la nature humaine.

Suggestion de lecture : PÉRIL EN MER, d’Olivier Descamps

William Golding était un écrivain britannique appartenant au courant postmoderniste. Il est né le 19 septembre 1911 en Cornouailles et mort le 19 juin 1993. Il a obtenu le Prix Nobel de littérature en 1983. Après avoir exercé de nombreux métiers, il se retire en 1962 dans les environs de Salisbury pour se consacrer à ses travaux littéraires. Il également connu pour avoir proposé au scientifique et ami James Lovelock la terminologie de Gaia « Gaia: a new outlock at Life on earth » (première édition 1979).

Cette appellation vient du nom de la déesse grecque de la Terre, synonyme de biosphère et géomorphologie dans les sciences naturelles et de Mère Nature dans les mouvements ésotériques. Ses romans ont souvent traité du mal, de l’opposition entre la barbarie instinctive de l’homme et l’influence civilisatrice de la raison. C’est en particulier marquant dans Sa Majesté des mouches, son premier roman (1954) et son livre le plus connu. (Wikipédia)

AU CINÉMA

Trois affiches du film original de 1963 réalisé par Peter Brook avec, dans la distribution, James Aubrey, Tom Chapin, Hugh Edwards, Roger Elwin, Tom Gaman et Roger Allan.

Bonne lecture
Claude Lambert
le vendredi 14 janvier 2022

 

 

 

LES FIANCÉS DE L’HIVER, Christelle Dabos

*Ses deux cicatricesjuraient presque sur la
nouvelle symétrie de son visage, bien rasé,
bien peigné. Lentement, il se tourna vers
Berenilde.
Jai tué un homme. Il avait jeté
cela d
un ton nonchalant, comme une
banalité, entre deux lampées de soupe.*
(Extrait : LES FIANCÉS DE L’HIVER, Christelle
Dabos, premier tome de la saga LE PASSE-MIROIR,
Éditions Gallimard jeunesse 2013, papier, 600 pages)

« Écoute-moi bien, fille…tu es la personnalité la plus forte de la famille. Je te prédis que la volonté de ton mari se brisera sur la tienne.» Ophélie cache des dons singuliers : elle peut lire le passé des objets et traverser les miroirs. Fiancée de force à l’un des héritiers d’un clan du pôle, elle quitte à regret le confort de sa famille. La jeune femme découvre ainsi la cour du seigneur Farouk avec ses intrigues politiques et familiales. Loin de susciter l’unanimité, son entrée dans le monde devient alors l’enjeu d’un complot mortel. LES FIANCÉS DE L’HIVER est le premier tome de la saga LA PASSE-MIROIR.

L’INNOCENCE D’UNE HÉROÏNE
*Je pensais que ses petites manies meurtrières
lui étaient passées avec l’âge, enchaîna
Thorn en appuyant sur chaque consonne. Le
tour qu
elle vient de vous jouer prouve  le
contraire.>
(Extrait : LES FIANCÉS DE L’HIVER, PASSE-MIROIR #1)

Voici une histoire extraordinaire et originale. On y raconte le destin d’Ophélie, une jeune animiste vivant dans une des arches d’un monde futur fantastique et que, pour des raisons de mariage arrangé avec un mufle, on la catapulte dans l’arche du Pôle : *Le pôle est celle qui traîne la plus mauvaise réputation. Ils ont des pouvoirs qui vous détraquent la tête ! … ce sont des meutes qui se déchirent entre elles*. (Extrait)

Voici donc notre pauvre Ophélie qui atterrit dans un monde cruel et étrange pour un mariage dont elle ne veut pas, son fiancé non plus d’ailleurs, Thorn aussi sentimental qu’une veuve noire. Ce mariage a simplement été voulu par un club de vieilles filles qui a décidé que cette union rapprocherait les deux familles pour leurs bénéfices mutuels.

Ophélie va donc évoluer dans un monde où la citadelle flotte dans les airs et devient une *citacielle*, un monde où on peut donner une gifle sans lever la main, un monde où on peut manipuler l’esprit par simple malfaisance, où des objets affichent un certain caractère comme le fameux foulard d’Ophélie et où de rares personnes, comme notre héroïne peuvent voyager en passant à l’intérieur d’un miroir. Eh oui ! Ophélie est une passe-miroir.

Pour parler d’Ophélie elle-même, disons que c’est une fille sans attrait, pas particulièrement jolie, elle… *n’était bonne qu’à lire. Si on lui retirait ça, il ne restait d’elle qu’une empotée. Elle ne savait ni tenir une maison, ni accomplir une tâche ménagère sans se blesser.* (Extrait)

Elle était gauche et maladroite. Au Québec, on dirait d’Ophélie que c’est une niaiseuse de première classe, mais ce n’est pas si simple. À vous de découvrir pourquoi : voici un indice : *Écoute-moi bien ma fille…tu es la personnalité la plus forte de la famille. Je te prédis que la volonté de ton mari se brisera sur la tienne.* (Extrait) 

J’ai beaucoup aimé ce livre. J’ai trouvé son charme enveloppant, sûrement à cause de la beauté de l’écriture, à la fois simple et directe…une écriture chaude qui raconte un monde froid.  j’ai été ébranlé par une variété d’émotions concernant le personnage principal .De toutes les faiblesses de son Ophélie, l’auteure dégage une force extraordinaire.

Donc Ophélie est pour moi une petite sœur, ma grande amie, mon élève, ma pupille, ma fille… je l’aime et je deviens lecteur vorace tellement j’ai hâte de voir comment elle va se sortir de ce milieu particulièrement pourri. Tel est le pouvoir de la plume de Christelle Dabos.

Dabos fait évoluer son héroïne dans un monde baroque, ambitieux, malsain où tout est truqué, joué d’avance. Sa principale force est d’entraîner le lecteur sur ses pas et de développer le goût de mettre beaucoup de personnages poudrés et artificiels à leur place. Elle a rendu la marchandise quoi. Ici l’auteure donne à un genre littéraire qui semble parfois épuisé, de la légèreté, de la subtilité, comme une nouvelle jeunesse.

Ici, pas de dragon, d’épées qui cherchent le point faible d’encombrantes armures. Sans redéfinir le genre, Christelle Dabos propose un style différent, plus léger. C’est du fantastique sans être trop spectaculaire. L’auteure développe les dons de ses personnages avec parcimonie et modération et j’aime ça. Pas d’exagération, pas de longueurs.

Je vous recommande donc LES FIANCÉS DE L’HIVER, premier tome de la série LA PASSE-MIROIR et je vous invite à faire comme moi éventuellement, vous lancer dans la suite : LES DISPARUS DU CLAIRDELUNE (tome 2) et LA MÉMOIRE DE BABEL (tome 3). Il sera très intéressant de voir comment évolue Ophélie dans ce milieu de loups et surtout de voir si le fameux Thorn est domptable.

Pour l’instant, il y a quelque chose qui fait que Thorn est dur à définir mais sous sa carapace froide de frustré antisocial, il y a des tendances qui pourraient bien s’inverser. Disons que l’auteure a préparé un festin à plusieurs services.

La suite est prometteuse…très prometteuse. Je ne vais pas vendre la mèche mais je dirai simplement que les relations entre Ophélie et Thorn vont se préciser quelques peu pendant que de mystérieuses disparitions sont signalées à CLAIRDELUNE.

Une lecture qui évolue lentement, sûrement, agréablement.

Suggestion de lecture : LES SENTIERS DES ASTRES 1, de Stefan Platteau

À lire aussi :

       

Originaire de la Côte d’Azur, Christelle Dabos passe son enfance à Cannes. Elle ne tarde pas à rejoindre LA PLUME D’ARGENT, une cybercommunauté d’auteurs. Après avoir suivi une formation de bibliothécaire, elle s’installe en Belgique où elle se consacre à l’écriture.

Le premier tome de LA PASSE-MIROIR lui vaut en 2013 le prix du premier roman jeunesse Gallimard. Un autre tome a suivi en 2015, le troisième en 2017. Les deux premiers ouvrages ont été récompensés du GRAND PRIX DE L’IMAGINAIRE dans la catégorie roman jeunesse francophone en 2016.

Bonne lecture
Claude Lambert
Samedi 28 novembre 2020

UNE COLONNE DE FEU, KEN FOLLET partie 2

LES RAVAGES DU FANATISME
*Paré disait que si l’écharde n’avait pénétré que dans l’œil
du roi, il aurait pu survivre…Malheureusement, la pointe
s’était enfoncée jusqu’au cerveau. Paré mena des
expériences sur quatre criminels condamnés à mort,
leur plantant des éclats de bois dans les yeux pour
reproduire la blessure. Les quatre moururent. Il n’y
avait aucun espoir de sauver le roi.*
(extrait)

Pour compléter mon commentaire sur UNE COLONNE DE FEU, je dirai qu’il est difficile pour moi de dissocier la perception que j’ai du récit de mes convictions. L’auteur précise que le protestantisme était aussi loin d’être vertueux. Raison pour laquelle je pense que la neutralité de l’auteur est raisonnable.

Pour le reste c’est du grand Follet : insertion efficace de personnages fictifs dans des réalités historiques de premier plan, beaucoup de rebondissements, de l’émotion, et l’histoire est toujours d’actualité sauf qu’aujourd’hui, c’est l’Islam qui est pointé du doigt. Donc, quant à la tolérance, on ne peut pas dire que c’est une vertu dans notre société actuelle.

Dans les petits moins, attention, il y a beaucoup de personnages. Ça devient mêlant. Mais les principaux acteurs étant bien mis en évidence, c’est tolérable. Quant au titre, je n’ai pas vraiment compris ce choix.

Dans COLONE DE FEU, vous suivrez, tout au long du récit, l’évolution de Ned Willard qui est devenu espion au service de la reine Élizabeth 1ère, puis du roi Jacques. C’est un aspect extrêmement original que Follet a développé dans son récit : la nécessité et la création d’un cercle d’espions qui a été dans l’histoire, d’une redoutable efficacité. Naissance des services secrets…

Je sais que j’ai été long mais j’aimerais terminer en vous disant que si j’ai trouvé ce livre passionnant, il m’a ébranlé, à cause du caractère parfois brusque de la plume, mais surtout à cause des réalités historiques développées par Follet et dominées par la méchanceté, la cruauté et évidemment l’intolérance qui a tant fragilisé l’Europe au cours de l’histoire. Je vous recommande donc UNE COLONE DE FEU… du grand Follet.

Pour en savoir plus sur le protestantisme, cliquez ici.
Pour en savoir plus sur le massacre de la Saint-Barthélemy, cliquez ici.
Pour lire mon commentaire sur CODE ZÉRO de Ken Follet, cliquez ici.
La première partie de mon article est ici.

Un élément de la conclusion du livre de Ken Follet m’a amené à faire une recherche sur le MAYFLOWER, un navire marchand qui deviendra célèbre après avoir transporté dans le nouveau monde, en 1620, des passagers dissidents religieux. Plusieurs de ces passagers, pèlerins et autres sont considérés par beaucoup d’historiens comme faisant partie des premiers colons de ce qui deviendra les futurs États-Unis. Pour en savoir plus, cliquez ici.

Suggestion de lecture : L’INQUISITEUR, d’Henri Gougaud

Bonne lecture
Claude Lambert
le vendredi 20 novembre 2020

UNE COLONE DE FEU, KEN FOLLET, partie 1

*Certains étaient suffisamment exaspérés par la
corruption de l’Église pour prendre le risque
d’assister à des cultes protestants clandestins,
même si c’était un crime. Pierre fit mine d’être
scandalisé. «Ces gens devraient être mis à mort.»*
(Extrait : UNE COLONNE DE FEU, Ken Follet, Éditions
Robert Laffont, 2017, édition de papier, 925 pages)

Noël 1558, le jeune Ned Willard rentre à Kingsbridge : le monde qu’il connaissait va changer à tout jamais… La ville est déchirée par la haine religieuse et Ned se retrouve dans le camp adverse de celle qu’il voulait épouser. L’accession d’Élisabeth Ire au trône met le feu à toute l’Europe. Les complots pour destituer la jeune souveraine se multiplient. Pour déjouer ces machinations, Élisabeth constitue les premiers services secrets du pays et Ned devient l’un des espions de la reine. Dans ce demi-siècle agité par le fanatisme, la véritable bataille oppose les adeptes de la tolérance aux tyrans décidés à imposer leurs idées à tous les autres – à n’importe quel prix.

Deux siècles après
UN MONDE SANS FIN

*Ils se rendront de nuit au château de ma sœur,
l’actuelle comtesse de Shiring. Elle organise des
offices religieux catholiques en secret depuis des
années et dispose déjà de tout un réseau de
prêtres clandestins. De là, ils se disperseront
dans toute l’Angleterre*
(Extrait : UNE COLONNE DE FEU)

L’histoire d’une Europe instable et agitée. Elle est agitée et meurtrie par une guerre sans merci que se livrent les ultra-catholiques et les protestants qui, sous l’impulsion de Jean Calvin ont décidé de faire sécession d’une église contrôlante, austère, orthodoxe dirigée par des papes incompétents assis sur l’argent, le pouvoir et l’ambition.

Pour comprendre l’histoire, il faut saisir toute l’ampleur de l’intolérance catholique, le contexte politique, spécialement en Angleterre, le durcissement du protestantisme qui deviendra aussi intolérant. Le résultat est une bombe meurtrière au nom d’une étiquette empoisonnée : la religion de l’église.

Ken Follet livre un récit historique avéré dans lequel il a inséré des personnages fictifs avec des intrigues. C’est sa grande force. Il passe en revue les grands moments de la crise de religion à partir de 1558 où Élizabeth 1ère accède au trône d’Angleterre et établit l’autorité de l’Église protestante.

Elle créera les tout premiers services secrets anglais. Par la suite, le pape aura l’idée brillante d’excommunier Élizabeth, répudier sa religion et inciter les anglais à la désobéissance. Dans un crescendo dramatique, Follet passe en revue l’exécution de Marie Stuart, la tentative de l’Espagne d’envahir l’Angleterre et d’y faire agir l’inquisition.

L’auteur met tous les éléments en place menant inexorablement au massacre de la Saint-Barthélemy : chaque protestant de la noblesse était désigné pour être assassiné par un ultra-catholique …des milliers de morts ont jonché les rues de Paris et d’autre villes pendant des semaines. Suite à cet indescriptible carnage, le Pape aurait envoyé une lettre de félicitations au roi de France. N’est-ce pas édifiant ? Pour un saint homme ?

C’est une parenthèse très personnelle, mais on dirait qu’il y a beaucoup de gens, dont des rois et des saints pères qui ont oublié le message pourtant très simple qu’un jeune homme adulé a livré un jour sur une montagne : AIMEZ-VOUS LES UNS LES AUTRES et non *tuez-vous les uns les autres* et pour des chicanes de doctrines encore. J’ai trouvé le livre dur, très direct. Il y a quelque chose de dérangeant dans la justesse du propos.

Au moins, à plusieurs reprises dans le récit, j’ai senti l’appel à la tolérance, c’est-à-dire cette capacité d’admettre que mon voisin, ami ou cousin peu importe ait une manière différente de la mienne de vivre et de penser. Il ressort de l’ensemble de l’œuvre une mise en valeur, sinon une glorification de la tolérance. Et les exemples sont nombreux…

*Margery était consternée. Les catholiques allaient massacrer les protestants, et inversement. Mais un disciple du Christ n’était pas censé manier l’épée ni tirer le canon, pas plus que tuer ou estropier. (Extrait) 

*Nous ne voulions qu’une chose, un pays où chacun pourrait faire la paix avec Dieu comme il l’entend* (Extrait) 

*La simple idée que des êtres humains puissent être autorisés à pratiquer la religion de leur choix provoqua plus de souffrances que les dix plaies d’Égypte*. (Extrait)

Le prochain article sera consacré à la suite et la fin de mon commentaire sur UNE COLONNE DE FEU

Suggestion de lecture : BORGIA, de Michel Zévaco

Bonne lecture
Claude Lambert
le dimanche 15 novembre 2020

DARK WEB, un roman signé DEAN KOONTZ

*En temps ordinaire, on dénombre 38 000 cas de suicide annuellement. Pour l’an dernier, cela représente 4 500 décès supplémentaires. En projection annuelle, on comptera 8 400 suicides de plus au 31 décembre prochain. Tout en citant ces chiffres, elle avait bien conscience de ne pas pouvoir les interpréter. *

(Extrait : DARK WEB audio, Dean Koontz, édition originale : Archipel éditeur,
2018, papier, 418 pages. Édition audio : Audible éditeur, 2018, narration :
Pascale Chemin, durée d’écoute : 12 heures 12 minutes)

Un homme met fin à ses jours. Son épouse, Jane Hawk, du FBI, ne croit pas à la thèse du suicide. D’autant qu’ils sont de plus en plus nombreux à connaître le même sort sur le territoire américain…En cherchant, Jane met au jour – avec l’aide d’un hacker spécialiste du dark web – un complot visant à manipuler mentalement les êtres humains. Très vite, elle devient la fugitive la plus recherchée des États-Unis.

Ses ennemis semblent posséder un secret si terrifiant qu’ils semblent prêts à tout pour l’éliminer. Mais leur influence et leur perversité suffiront-elles pour arrêter cette femme aussi intelligente que déterminée ?

UN KOONTZ DIFFÉRENT
*En parlant de tuer, j’ai découvert le corps d’une morte à
Aspasie. (il fut parcouru d’un frisson) Une ravissante
blonde nue sur une table en innox. Elle a été étranglée,
sans doute au moment où un de vos amis membres
atteignait la jouissance…Ils s’apprêtaient à brûler son
corps dans un four crématoire…
(Extrait)

Tout au cours de l’écoute de ce livre audio, j’ai essayé de reconnaître l’esprit, le caractère habituellement angoissant de Koontz. Il ne faut donc pas chercher le surnaturel auquel Koontz fait habituellement appel. Il faut plutôt prendre le livre pour ce qu’il est : un thriller. Voyons un peu le contenu. Une vague de suicides sans précédant frappe les États-Unis.

Une agente du FBI récemment mise en congé sans solde décide de faire une enquête à titre personnel et elle y mettra un redoutable acharnement pour la bonne raison que son mari s’est suicidé, lui aussi, sans raison apparente, comme des centaines d’autres. Jane Hawk se lance à la découverte d’un complot qui semble toucher l’ensemble du pays.

Ce qui m’a poussé à m’accrocher dès le départ est la nature même des suicides : des gens sans problème en bonne santé mentale et physique et aussi au caractère mystérieux des messages laissés par les auto-sacrifiés : *Quelque chose ne tourne pas rond chez moi, j’ai besoin, un besoin terrible, j’ai terriblement besoin de mourir. *

Il devient facile pour le lecteur de deviner qu’il y a une intervention humaine…un dispositif quelconque qui modifie quelque chose dans le cerveau : *J’ai une araignée dans la tête, qui me parle. * (Extrait) Ça donne au récit un caractère très intrigant.

Bien sûr, c’est un thriller efficace mais sans grande originalité. En fait c’est une variation sur un thème fortement récurrent en littérature : ambition, pouvoir, domination et même, par extrapolation, l’eugénisme, le tout ficelé avec de la science-fiction. Ne vous fiez pas au titre. Le dark Webb a peu à voir avec l’intrigue. Il n’est qu’un prétexte pour Jane Hawk pour se lancer sur une piste précise.

Pour mettre le lecteur, la lectrice sur un début de piste, je miserais plutôt sur la définition que fait l’auteur dans son récit de la singularité : *…du stade où les progrès de l’intelligence artificielle et des nanotechnologies induiront des changements au niveau de l’évolution humaine. * (Extrait)

Il manque quelque chose à ce récit, comme si l’auteur, en s’écartant de son thème de prédilection, le surnaturel, avait péché par la sous-exploitation de son thème principal c’est-à-dire la recherche de scientifiques tordus assoiffés de pouvoir. Le genre *erreur de la nature* qui se distingue par une absence totale d’empathie et une incroyable cruauté.

Pour les forces : le récit est intrigant avec des passages qui font froid dans le dos. Le rythme est élevé. Le fil conducteur est fragile mais le tout se lit assez bien. Le sujet est bien traité, il y a quelques trouvailles intéressantes. L’écriture est efficace, de nature à donner au livre un petit côté tourne-page, l’intrigue un peu paranoïaque poussant le lecteur à la curiosité.

Du côté des faiblesses : sous-exploitation du thème, récit linéaire, pas beaucoup de rebondissements, personnage principal (Jane) plutôt froid et caricatural. C’est long avant de comprendre où l’auteur veut en venir. La finale est peu éclairante. Je n’ai pas été emballée par la narration de Pascale Chemin qui manque d’émotion.

Bref, je préfère le Koontz *d’avant*.

Suggestion de lecture : DISTORSION, d’Émile Gauthier et Sébastien Levesque

Auteur de best-sellers souvent classés nº1 sur la liste des meilleures ventes du New York Times, Dean Koontz réside en Californie. Traduit dans près de quarante pays, l’auteur de Les Yeux foudroyés et Les Étrangers a écoulé plus de 450 millions d’exemplaires dans le monde. Les éditions de l’Archipel ont publié Dark Web (2018), premier volet de cette nouvelle saga d’action et en cours d’adaptation par la Paramount.

DU MÊME AUTEUR SUR CE SITE : LE TEMPS PARALYSÉ. Pour lire mon commentaire, cliquez ici.

BONNE ÉCOUTE
Claude Lambert
Le vendredi 2 octobre 2020

À LA CROISÉE DES MONDES, de PHILIPP PULLMAN

LES ROYAUMES DU NORD

*Après avoir ôté le bouchon d’une carafe contenant un vin à la riche robe dorée, Il
déplia le papier et versa dans la carafe un filet de poudre blanche avant de chiffonner
la feuille et de la jeter dans le feu. Il prit ensuite, dans sa poche, un crayon avec lequel il remua le vin jusqu’à ce que la poudre soit totalement dissoute.>

(Extrait : À LA CROISÉE DES MONDES, tome 1 LES ROYAUMES DU NORD, Philip Pullman, édition originale : Gallimard, 2007, papier, 1032 p. présente édition : livre audio, éditeur : Gallimard jeunesse, année de publication : 2015, durée d’écoute : 14 heures 55) Narrateur : Jean-Claude Drouot

Pourquoi la jeune Lyra, élevée dans l’atmosphère confinée du prestigieux Jordan College, est-elle l’objet de tant d’attentions ? De quelle mystérieuse mission est-elle investie ? Lorsque son meilleur ami disparaît, victime des ravisseurs d’enfants qui opèrent dans le pays, elle se lance sur ses traces. Un périlleux voyage vers le Grand Nord, qui lui révélera ses extraordinaires pouvoirs et la conduira à la frontière d’un autre monde.

UN NOUVEAU FLEURON DE LA FANTASY
N’existait-il qu’un seul monde finalement,
qui passait son temps à rêver à d’autres
mondes ?
(Extrait)
L’histoire se déroule dans une société parfaitement humaine à une exception près : Chaque humain possède un prolongement de lui-même sous forme animale appelé DAEMON. Le deamon est intimement lié à son humain et vit en symbiose avec lui. Ici, nous suivons une petite fille de onze ans, Lyra Bellacqua, adoptée par les érudits du Collège Jordan.

Dans une conversation qu’elle n’était pas sensée entendre, Lyra apprend l’existence de la POUSSIÈRE : des particules visibles seulement dans les Royaumes du Nord et qui auraient le pouvoir d’ouvrir une voie de communication avec des mondes parallèles. Les autorités œuvrent pour empêcher Lord Asriel, le père de Lyra d’ouvrir cette mystérieuse voie.

Parallèlement à ces évènements, une femme aussi énigmatique que froide, Marysa Coulter dirige un projet secret via le conseil général d’oblation qui met les daemons en danger. Jetée au cœur du conflit, Lyra part à la recherche de la poussière et se fera de nombreux alliés pour sauver ses amis et empêcher madame Coulter de mener à bien son projet.

J’ai eu plaisir à retrouver les personnages de ce roman qui chevauche le fantastique, le fantasy et la science-fiction : Lyra Bellacqua et son ami Roger, Lord Asriel, Yorek Bernison, l’ours en armure, Farder Coram et les gitans, Seraphina Peckala la sorcière…

J’ai lu ce livre il y a plusieurs années et cette fois, j’ai entrepris la trilogie complète en utilisant la version audio qui est à elle seule un spectacle sonore exceptionnel présenté par Jean-Claude Drouot. J’ai beaucoup apprécié sa prestation même si, à mon avis, elle est un peu trop déclamée.

PASSER PAR LA POUSSIÈRE

Le but de la trilogie est de raconter le rite de passage de Lyra et de son daemon, Pantalémon dans les univers parallèles ouverts par la poussière. À un certain degré, la série présente le caractère de romans philosophiques dans lesquels il y a de la matière à questionnement.

Mais si j’en reste au but premier de la trilogie, on y trouve tout ce que les ados et les jeunes adultes apprécient dans ce type de roman : Action, revirements, rebondissements, énigmes, mystère, fantasy, de la science-fiction, liés à des thèmes contemporains, comme l’Église, encore empêtrée dans un jeu de pouvoir et d’ambition, présentée d’une façon peu flatteuse.

Ce n’est qu’un exemple. Pullman s’est bien gardé d’alourdir les thèmes exploités dans le récit, gardant une plume forte mais fluide et claire dans ses explications et ses descriptions. Il y a beaucoup d’idées originales dans l’œuvre et même géniales à certains égards. Les daemons par exemple, celui de Lyra étant particulièrement attachant.

Autre exemple, l’aléthiomètre, chargé de symboles…et de vérités, intimement lié à la Poussière qui est aussi une trouvaille. Beaucoup de ces idées sont liées de près ou de loin aux Nouvelles technologies. Ce lien devrait plaire aux jeunes lecteurs.

Un dernier détail, moins positif celui-là : j’ai eu beaucoup de difficultés à m’attacher au personnage principal : la jeune Lyra Bellacqua. Elle n’a que onze ans et elle en met beaucoup trop pour son âge. J’en ai déjà parlé sur ce site.

C’est le problème et la faiblesse de beaucoup de romans qui mettent en scène des jeunes héros : surdoués, intelligence supérieure, des raisonnements qui leur donne raison sur tout. Trop forts et trop indépendants pour leur âge. Dans le cas de Lyra s’ajoute des tendances qui s’approchent de la suffisance, l’arrogance et un peu aussi l’insolence.

J’ai beaucoup de difficulté à admettre une telle supériorité. Pour savoir si j’exagère, comparez simplement Lyra à son copain Roger qui a à peu près le même âge et qui est VRAIMENT de son âge.

Heureusement, l’histoire est divertissante et enlevante. On ne s’ennuie pas en lisant ce livre qui nous enlace d’une part de voyage, de rêve et d’émotions. Je reparlerai sûrement bientôt des deux autres tomes.

Suggestion de lecture : LE SECRET INTERDIT, de Bernard Simonay

 Philip Pullman est né en 1946, à Norwich, en Angleterre.  À partir de l’âge de dix ans, Philip passe son temps à lire, à écrire des poèmes, à peindre. À travers la lecture du roman de Mikhaïl Boulgakov, «Le Maître et Marguerite», Philip Pullman découvre le genre du réalisme fantastique. Il commence à écrire un premier roman puis il publie un thriller métaphysique pour lequel il obtient un prix.

C’est en préparant des représentations théâtrales pour ses élèves qu’il se met à écrire lui-même la première ébauche de ses romans pour enfants. À partir de 1985, les romans s’enchaînent. C’est avec la trilogie «A la croisée des mondes», qu’il a mis sept ans à écrire, que Philip Pullman connaît ses heures de gloire.

LA TRILOGIE DE LA CROISÉE DES MONDES

Dans le tome 2, Will est en fuite et pénètre dans un monde parallèle où il rencontrera Lyra. Ils auront à lutter contre des forces obscures afin de pénétrer dans la mystérieuse tour des anges.

Dans le tome 3, avec l’aide des anges, Will parviendra à libérer Lyra des griffes de sa mère, la cruelle madame Coulter. La quête de nos amis est plus désespérée que jamais car il leur faudra affronter maintenant le monde des morts.

Bonne lecture et bonne écoute
Claude Lambert
Le dimanche 20 septembre  2020