PROJET ANASTASIS, le livre de Jacques Vandroux

*Alpha tira trois objets métalliques de son sac. Sans hésiter,
il les lança dans la foule compacte. Il se mit rapidement à
l’abri derrière la colonne. Quand la première grenade explosa,
la stupéfaction gagna la foule. Les deux explosions suivantes
espacées de quelques secondes, transformèrent l’église en un
temple de souffrance.
(Extrait : PROJET ANASTASIS, Jacques
Vandroux, Robert Laffont éditeur, 2017, format numérique, 530
pages en version brochée)

Jean Legarec, responsable d’une agence privée de renseignements, est un expert en affaires sensibles. Mais il est loin d’imaginer ce qui l’attend lorsqu’il accepte d’enquêter sur la disparition d’un enfant, enlevé lors du chaos qui a suivi un attentat perpétré à Notre-Dame de Paris. Très vite, Legarec découvre qu’il ne s’agit pas d’un « simple » kidnapping, mais d’un large complot dont les racines remontent au Troisième Reich. Aidé de Béatrice, la tante du garçon, il va devoir plonger au cœur des heures les plus sombres de l’histoire européenne. Et ce, alors même que son attirance grandissante pour Béatrice menace d’obscurcir son jugement… Parviendra-t-il à  sauver un enfant innocent de cette toile infernale ?

Une brique de chaos
*…Pourtant qui sait ce que ces médecins ont découvert ?
Qui sait à quelles atrocités ils se sont livrés pour
satisfaire leurs fantasmes de toute-puissance ?
Comment pouvons-nous enquêter dans cette
direction?
(Extrait)

Peu de choses à dire sur cette histoire un peu réchauffée et sans grande originalité. Le roman est classé thriller historique parce que l’auteur le fait évoluer dans les heures sombres de l’humanité. Jusque là ça va mais le développement est plutôt abracadabrant et n’offre pas grand-chose de neuf : d’un côté, un ennemi sans états d’âme, le nazisme ressuscité grâce à la génétique et de l’autre, un héros sans peur et sans reproche style James Bond.

Là où ça devient un peu plus intéressant, c’est que, à enquêter sur la disparition d’un enfant, l’auteur va nous faire plonger dans une des périodes les plus dramatiques de l’histoire européenne donnant au récit une dimension historique captivante.

Les personnages sont aussi intéressants car l’enquêteur Jean Legarec va s’entourer d’une équipe de collaborateurs qui donneront de la couleur au récit : un survivant des camps de la mort, encore vigoureux (comme trop beau pour être vrai), un militaire, quelques diplomates, une historienne allemande…disons très ouverte, et une énigmatique alsacienne.

Donc, dans ce thriller, il y a des valeurs sûres malgré une forte impression de déjà vu qui ne ma jamais vraiment laissé en cours de lecture. Le thème central de l’œuvre garde toutefois toute son actualité : Le terrorisme et une batterie de sous-thèmes dont la domination, le pouvoir, l’argent…

Le style de l’auteur favorise une lecture rapide et agréable. Le rythme est rapide et même haletant par moment. On est cependant très loin du chef d’œuvre littéraire. C’est bourré de clichés, naïf et de nombreux passages sont tirés par les cheveux.

Je dois dire cependant que la plume de l’auteur favorise une bonne mise en image dans l’esprit du lecteur. L’écriture me rappelle un peu un scénario de film. Ce roman a donc des forces intéressantes mais il ne bousculera pas la littérature. C’est pour moi le genre de livre qu’on oublie plutôt facilement en attendant un livre qui renouvellera vraiment le genre.

Suggestion de lecture : L’ÉTRANGE DISPARITION D’AMY GREEN, de S.E. Harmon

Ingénieur de formation, Jacques Vandroux a commencé à écrire dans le train et dans l’avion, au cours de ses nombreux déplacements professionnels. Il y a vite pris goût et a décidé de s’autopublier afin de partager ses histoires au grand public. Et le succès a été au rendez-vous puisqu’il est devenu, en moins de cinq ans, un véritable phénomène de l’autoédition, avec plus de 370 000 exemplaires vendus dans le monde.

Bonne lecture
Claude Lambert
Le dimanche 28 mai 2023

HEYDRICH, LE GRAAL ET LA MARMOTTE, de Peter Berling

Il est entré dans la SS sans s’interroger sur
les valeurs qui y sont considérées comme
une loi d’airain. Au sein de l’ordre,
l’homosexualité est un crime capital passible
de la peine de mort ! La moindre des
sanctions, c’est le camp de concentration,
et cet idiot de Rahn a pu découvrir
personnellement ce que cela signifiait.
(Extrait : HEYDRICH, LE GRAAL ET LA MARMOTTE,
Peter Berling, éditions Piranha 2016 pour la
traduction française. Édition num. 350 pages)

Max Wittacher est un jeune Suisse. Son don pour les massages lui vaut dès le début des années 1930 les faveurs de l’inquiétant Reinhard Heydrich, qui fait de lui son physiothérapeute personnel. En côtoyant les dirigeants de la SS, Max découvre l’engouement de Himmler pour l’ésotérisme et pour le Graal et est le témoin des rivalités entre cadres du parti. Impliqué malgré lui dans la lutte que se livrent services de sécurité nazis et espions anglais, il observe les mesures de plus en plus radicales prises à l’encontre des Juifs. Avec les aventures de ce héros naïf, Peter Berling revisite les heures les plus sombres de l’Allemagne.

À gauche, Reinhard Heydrich, SS-Obergruppenführer allemand, adjoint direct de Heinrich Himmler.  À droite, un des plus hauts dignitaires du troisième reich, Heinrich Himmler qui était obsédé par le GRAAL.

Le Saint GRAAL est le trésor le plus insaisissable de l’histoire. C’est la coupe que le Christ utilisa lors de son dernier repas, un objet auquel on prête des pouvoirs miraculeux. Le Saint Graal a ensorcelé des chasseurs de trésors depuis plus de 1000 ans et Heinrich Himmler est devenu obsédé par le calice et a tout fait pour le retrouver.

LA COUPE À TOUT PRIX
*« Désormais plus rien ne s’oppose à l’exterm… »
Schellenberg s’étrangla, et j’en eus moi aussi
le souffle coupé. « …au nettoyage en masse. »
Schellenberg s’efforçait de conserver une certaine
dignité teintée de colère. « Les portes sont ouvertes  !*
(Extrait : HYDRICH, LE GRAAL ET LA MARMOTTE)

Ce roman est en fait la chronique d’une relation particulière entre Max Wittacher, appelé la marmotte, physiothérapeute de son état mais qui devient beaucoup plus que ça au fil de l’histoire, et Reinard Heydrich, officier SS cruel et impitoyable, un monstre issu des basses fausse Nazies.

La première chose qui m’a frappée dans la lecture de ce roman est la façon dont l’auteur a travaillé ses personnages fictifs d’une part et les personnages qui ont vraiment existé d’autre part, réalistes eu égard à leur vraie personnalité et en accord avec l’histoire. C’est un travail minutieux, approfondi et recherché.

Max est la marmotte du titre, sûrement parce qu’il réunit un amalgame de qualités et de défauts attribués à la marmotte qui est ingénieuse et calculatrice mais aussi pusillanime jusqu’à la couardise. Max est un physiothérapeute de talent, remarqué pour son malheur par Heydrich qui exigeait de Max une présence entière et permanente.

La marmotte est donc devenue plus qu’un thérapeute. Il est devenu confesseur d’un esprit chaviré. Quant à Heydrich, le personnage est conforme à ce que l’histoire en rapporte : Heydrich s’efforçait d’inspirer la peur. Il voulait s’entourer de l’aura d’un monstre auquel rien, aucune émotion humaine, ne demeure dissimulé. Cela diffusait angoisse et terreur… (extrait)

Quant au Graal, c’est la principale faiblesse de l’histoire. À part peut-être une mise en scène grotesque dans la deuxième moitié du livre, l’auteur ne m’a pas fait sentir l’importance que le graal aurait dû avoir étant donné qu’il obsédait Himmler comme un instrument qui lui aurait permis de déployer encore plus de puissance.

La force du livre réside principalement dans la façon de faire de la marmotte un témoin des bassesses et des exactions du régime Nazi, le tout dans un crescendo très graduel parsemé de mondanités hypocrites et de plans machiavéliques partant de l’historique nuit de cristal jusqu’à l’holocauste.

La psychologie de Max est particulièrement intéressante. L’histoire se concentre surtout sur Max, Heydrich, Himmler st son aide de camp wolf. Il y a toutefois une grande quantité de personnages plus secondaires, suffisamment pour s’y perdre. Le fil conducteur de l’histoire est parfois fragile.

C’est un bon livre, une histoire qui nous fait voir les hautes sphères du troisième Reich sous un angle différent. Dommage que le Graal n’ait pas été mieux exploité. Car il est avéré que le graal a ensorcelé les chasseurs de trésor pendant plus de 1000 ans et qu’Henrich Himmler, le plus haut dirigeant nazi a tout fait pour le retrouver. (Voir documystère.com).

Le thème est malheureusement sous-exploité dans le livre. Autrement, c’est un livre qui m’a captivé, Max devenant les yeux et les oreilles du lecteur. Donc à lire…

Suggestion de lecture : LE MYSTÈRE MENGELE, de Jorge Camasara

Peter Berling est un acteur, producteur, scénariste et écrivain allemand né en 1934. Malgré une bibliographie respectable (il est l’auteur d’un cycle de livres consacrés à l’ésotérisme et à la quête du Graal traduits dans plus de vingt langues), c’est surtout le septième art qui a contribué à faire connaître Peter Berling. Il côtoie Jean-Jacques Anneau pour le film LE NOM DE LA ROSE et Martin Scorcese (LA DERNIÈRE TENTATION DU CHRIST.)

BONNE LECTURE
JAILU/Claude Lambert
le jeudi 20 février 2020