UN(e)SECTE, le livre de Maxime Chattam

*Jenny était plongée dans son récit et ne prêta aucune attention au long mille-pattes s’enroulant à la rambarde qui ceignait la terrasse. Il était impressionnant. Comme sorti des pages qu’elle tournait. Un demi-bras de longueur. Ses anneaux ondulant à chaque mouvement de ses nombreux membres, agrippant le bois sans jamais glisser, ses antennes palpitant devant lui, sondant le terrain…*

(Extrait : UN (e) SECTE, Maxime Chattam. Or. Albin Michel éditeur, 2019, papier, 464 pages. Version audio : Audiolib éditeur, durée d’écoute : 13 heures 4 minutes. Narrateur : Emmanuel Dekonninck)



Et si tous les insectes du monde se mettaient soudainement à communiquer entre eux ? À s’organiser ? Nous ne survivrions pas plus de quelques jours. Entre un crime spectaculaire et la disparition inexpliquée d’une jeune femme, les chemins du détective Atticus Gore et de la privée Kat Kordell vont s’entremêler et ils seront confrontés à une vérité effrayante. Des enquêteurs investissent des lieux où personne n’oserait s’aventurer.

 

Un défi de lecture pour entomophobes
*Atticus repensa à l’état du corps sur les marches. Impossible que
des insectes l’aient nettoyé en quelques heures, il avait fallu plusieurs
semaines au moins, sinon des mois, ne cessait-il de se répéter. *
(Extrait)

D’entrée de jeu, je vous préviens que si vous n’aimez pas les insectes ou s’ils vous font peur, comme les araignées ou vous dégoutent, évitez ce livre car sa véritable force tient à la gamme d’émotions dans laquelle il vous pousse : dégoût, horreur, angoisse, terreur. Ce livre est loin d’être un bijou d’exercice de style, ce n’est pas non plus le meilleur de Chattam mais il opère chez l’auditeur et le lecteur une espèce de magie noire : il entretient le frisson d’un bout à l’autre du récit et met parfois mal à l’aise.

C’est d’autant glauque que le sujet est développé aux limites de la réalité. Imaginez un instant que vous avez le contrôle total des insectes de toute la planète, insectes qui sont des milliards de fois plus nombreux que les humains. Vous leur commandez, ils vous obéissent. Que feriez-vous avec un tel pouvoir ? Le grand ménage de l’humanité ? Une fin du monde programmée ou peut-être utiliseriez-vous ce pouvoir à des fins humanitaires, alimentaires ou peut-être mercantiles ?

Maintenant, imaginez un multimilliardaire assoiffé de contrôle et de pouvoir et qui y met les moyens, comme on en voit dans certaines histoires de James Bond : des richissimes misanthropes, caractériels, fêlés… ce mélange est une bombe.

Vous lisez ou écoutez ce livre comme si vous manipuliez une poudrière. J’ai eu le cœur en suspens par moment. Vous n’avez qu’à imaginer une veuve noire bien grasse qui cherche à se glisser sous votre pantalon… ce livre est porteur de frissons mais aussi de réflexion sur l’argent et le pouvoir, le caractère blasé de notre société et son indifférence et aussi sur les sectes et le danger qu’elles représentent, assises sur la mégalomanie avec de redoutables techniques de recrutement. Pour le reste, c’est du Chattam : impression de déjà vu, style un peu figé, personnages peu travaillés et pas très attachant.

Je ne suis pas amateur d’insectes et j’ai horreur des araignées. Mais j’aime éprouver des sensations en lecture. Ce livre est loin d’être un chef d’oeuvre mais il m’a fait vivre des émotions fortes. Je n’attendais rien d’autre de Maxime Chattam.

Suggestion de lecture, du même auteur : LA TRILOGIE DU MAL

Maxime Guy Sylvain Drouot est un romancier français né en février 1976. Il a écrit sous les pseudonymes Maxime Williams puis Maxime Chattam.  Après avoir joué dans plusieurs téléfilms, il écrit son premier thriller en 1999 : le 5e règne.

Pour donner un maximum de crédibilité à ses romans, Maxime Chattam, suit une formation de criminologie dans laquelle il s’initie à la psychiatrie criminelle, les techniques et sciences policières et même la médecine légale allant jusqu’à assister à des autopsies et consulter des spécialistes afin de documenter ses romans et leur donner un maximum de réalisme. Il a écrit entre autres LA TRILOGIE DU MAL et LA 5e CLÉ.

du même auteur

Bonne lecture
Bonne écoute
le dimanche 25 février 2024

ALIEN III, scénario de William Gibson

Multicast audio

*…mes efforts ont été entravés par la perte d’une grande partie de ma masse corporelle, déchiquetée par une créature d’une force et d’une férocité extraordinaires. Je vais assembler ces souvenirs au mieux en attendant une opportunité de les télécharger…voici donc ce qui reste de mes données sensorielles en tant que commandant en second à bord de l’USS Solako… *  
(Extrait du scénario d’ALIEN III repris et complété par
William Gibson, édité par Audible studio en 2020. Multicast)

Audible donne vie au script d’Alien III, écrit par William Gibson. Ce projet de film avait été abandonné, puis (re)découvert, à l’occasion du 40e anniversaire de la naissance de la franchise Alien. A découvrir désormais en audio !

En 1987, William Gibson, père du cyberpunk, termine l’écriture d’un scénario original pour Alien III. Conçu comme la suite d’Aliens, Le retour, il n’est jamais arrivé sur nos écrans mais le scénario a fuité, les fans se le sont approprié et en ont fait un épisode culte.

Cette adaptation multicast terrifiante créée par Dirk Maggs, réalisateur acclamé, plonge les auditeurs au cœur d’une histoire inédite. Ils se retrouvent dans un huis-clos étouffant, côtoyant aliens et humains grâce à une nouvelle expérience audio immersive époustouflante.

Sur fond de conflit spatio-économique entre deux superpuissances, l’équipage du vaisseau militaire est habité par les squelettes des survivants du film, conservés cryogéniquement : Ripley, Hicks, Newt et Bishop. Ceux-ci se retrouvent au centre d’une course aux armements biotechnologiques entre l’union des peuples progressistes et la weyland yutani lorsque leur navette est secourue.

ACTEURS : Charlyne Pestel, Philippe Catoire, Daniel Lafourcade, Jade Phan-Gia, Fily Keita, Max Joseph, Slimane Yefsah, François Raison, Jean-François Vlerick, Maud Vincent, Denise Metmer, Pascal Germain, Benjamin Egner, Juliette Degenne, Frédéric Souterelle, Hubert Drac, Sylvie Genty, Patrice Baudrier, Martial Le Minoux, Audrey Sourdive, Jochen Hägele, Stéphane Roux et Jean-François Aupied.

Toujours aussi terrifiant
*-Qu’est-ce qui lui arrive ? Je ne sais pas. Tout à l’heure
elle était ici…ils ont été exposés à un embryon. -Je dirais
plutôt tendon bio-mécanique. -Est-ce qu’elle se transforme
en une de ces saloperies ? Une métamorphose il semblerait. *
(Extrait)

Pour être honnête, je m’attendais un peu à autre chose, un peu de neuf, d’originalité. Pour commenter ce livre audio, je ne peux que me rapporter au commentaire que je publiais en 2019 : Encore une fois, j’ai eu droit à une excellente présentation omnisonore. Technique au point, effets sonores efficaces, musique de circonstance, rythme élevé sans longueur ni temps morts. L’histoire est facile à suivre en fait parce que beaucoup d’éléments nous ramènent au film qui a lancé la créature xénomorphe sur le sentier de la gloire : ALIEN LE HUITIÈME PASSAGER.

L’ensemble est immersif mais l’histoire comme telle sent le réchauffé, le déjà vu et donne la forte impression d’un essoufflement. Le fil conducteur de toute la saga n’a pas changé: *Ma mission, conformément à l’ordre spécial 9 3 7 de la compagnie Weyland-Utany consiste à ramener un spécimen vivant de la créature qui a attaqué et tué la totalité de l’équipage du NOSTROMO. * Ripley est la seule survivante. J’ai quand même passé un bon moment à l’écoute de cet audio-spectacle mais un peu frustré de suivre une série qui fait du <sur place>…en perte de vitesse, d’originalité, de nouveautés.

Cette répétition de genres et de style confine au cliché : les pauvres petits humains contre une créature foncièrement mauvaise, cruelle, invincible et en prime, dégueulasse avec une bave qu’on dirait sortir d’un robinet.

Si encore on lui avait trouvé une faiblesse, un petit quelque chose qui tend à égaliser les chances. Ça donne encore une fois un épisode peu abouti, prévisible et qui traîne en longueur. Sur le plan technique toutefois, c’est une réussite. La trame est immersive et nous donne l’impression d’être proche des acteurs. Ça fait quand même de l’oeuvre un bon divertissement.

Pour conclure sur cette série, je dirais que, même si on limitait le premier film de la série LE HUITIÈME PASSAGER au seul plan audio, ce premier opus n’a jamais été égalé car au-delà de l’horreur et de ses saisissants effets spéciaux, le caractère oppressif de son atmosphère dépassait sensiblement l’action et l’horreur. De plus, on savait où on s’en allait: n’importe où sauf sur la terre. Malgré tout, cette présentation multicast est de nature à stimuler l’imagination et c’est ce que recherchent beaucoup d’auditeurs et d’auditrices.

Suggestion de lecture : LE RESSAC DE L’ESPACE, de Philippe Curval

William Gibson est un auteur américain de science-fiction et l’un des leaders du mouvement cyberpunk né avec le premier roman de Gibson en 1984 : «Neuromancien»  (Prix Nébula, Prix Hugo et Prix Philip K. Dick). Les deux romans suivants complétèrent ce qui sera sa première trilogie communément appelée «Trilogie de la Conurb» : «Comte Zéro» (1986) et «Mona Lisa s’éclate» (1988).  

Deux de ses nouvelles ont été portées à l’écran : «Johnny Mnemonic» avec Keanu Reeves et «Hotel New Rose» avec Christopher Walken.  William Gibson, inventeur du terme cyberespace, a reçu à ce titre un doctorat honorifique de sciences humaines, décerné par l’université de Coastal Carolina, à Conway.

Dirk Maggs, est un écrivain et réalisateur indépendant travaillant sur tous les médias. Il est connu pour son travail à la radio, où il a transformé le drame radiophonique en «Audio Movies», une approche quasi visuelle combinant des scripts, des effets sonores superposés, musique et des technologies de pointe.

Bonne écoute
Claude Lambert
le dimanche 30 juillet 2023

LA ROUTE, le livre de Cormac McCarthy

*Il était couché et écoutait le bruit des gouttes dans les bois. De la roche nue par ici, le froid et le silence… Les cendres du monde défunt emportées çà et là dans le vide sur les vents froids et profanes…*
(Extrait : LA ROUTE, Cormac McCarthy, à l’origine, Point éditeur 2009, 251 pages. Version audio : Sixtrid éditeur, 2015. Durée d’écoute, 7 heures 2 minutes. Narrateur : Éric Herson-Macarel)

L’apocalypse a eu lieu. Le monde est dévasté, couvert de cendres et de cadavres. Parmi les survivants, un père et son fils errent sur une route, poussant un Caddie rempli d’objets hétéroclites. Dans la pluie, la neige et le froid, ils avancent vers les côtes du Sud, la peur au ventre : des hordes de sauvages cannibales terrorisent ce qui reste de l’humanité. Survivront-ils à leur voyage ?

 

Du matériel à peur
*Les cris qu’elle poussait ne signifiaient rien
pour lui. Derrière la fenêtre, rien que le froid
de plus en plus vif, des incendies à l’horizon.
Il tenait bien haut le petit corps rouge, décharné
tellement à vif et nu…et il coupa le cordon avec
un couteau de cuisine et enveloppa son fils
dans une serviette.
(Extrait)

C’est un roman étrange, noir, un drame post-apocalyptique très visuel et heureusement car les dialogues sont plutôt linéaires, coupés au couteau. C’est le caractère descriptif de la plume qui m’a gardé dans le coup. Notez que tout ce qui est décrit dans ce livre a été vu, revu et rerevu au cinéma. C’est du réchauffé et ce sentiment de déjà vu ne m’a pas quitté pendant toute la lecture.

L’histoire se déroule dans un monde dévasté, on ne sait pas par quoi ni dans quelles circonstances. Ce que je sais, c’est-à-dire peu de choses, c’est que dans un décor de fin du monde, deux êtres marchent vers leur destin sur une route qui leur est impartie. On sait qu’elle mène vers le sud mais ça ne nous avance pas tellement. L’histoire est donc celle de ces deux êtres dépersonnalisés : pas de nom, pas d’histoire, pas de passé, un présent infernal et un avenir incertain qui repose sur une route.

Lui, c’est le père, que le narrateur appelle l’homme et l’autre le fils, que le narrateur appelle le petit. Le tout est rendu sans émotions, sans chaleur et pourtant, tout le récit repose sur une relation père-fils. Je n’ai noté aucune profondeur dans les dialogues. J’ai entendu les mêmes termes peut-être une centaine de fois : *J’sais pas* *J’en sais rien* *d’accord…d’accord* *J’ai très froid* *J’ai très faim*, *J’te demande pardon* et j’en passe…

Je crois que toute la valeur du récit repose sur la psychologie des personnages et sur l’intuition des lecteurs/lectrices. Mais la relation entre le père qui cherche à protéger son fils et le fils qui ne veut pas décevoir son père a malheureusement été sous-développée. L’auteur a passé à côté d’une opportunité d’enrichir son récit en accentuant la relation Père-Fils avec plus d’émotion, plus de chaleur, de meilleures interactions et des dialogues mettant en perspective l’espoir nourri par ces personnages.

Voilà je crois qui aurait donné une force, du caractère et de l’originalité à une histoire dans laquelle il n’y a rien de positif, de prometteur et moins encore, de joyeux. Ça reste noir et dramatique jusqu’à la fin qui est d’une infinie tristesse. 

Donc c’est un livre à lire je pense avec *les yeux du cœur* pour saisir au mieux ce que le père et son fils vivent sur leur route.

Suggestion de lecture : WARDAY, de W. Strieber et J. Kunetka

Cormac McCarthy, Charles McCarthy de son vrai nom, est un écrivain et scénariste américain né le 20 juillet 1933 à Providence. Dans la jeune trentaine, il se fait connaître avec son premier roman (LE GARDIEN DU VERGER)1965. Puis, avec le temps et le talent, il consolide sa réputation avec, entre autres, avec LA TRILOGIE DES CONFINS et LA ROUTE.

LA ROUTE au cinéma


Le roman de McCarthy a été adapté au cinéma. Le film, réalisé par John Hillcoat et scénarisé par Joe Penhall sur la musique de Nick Cave est sorti en 2009 au Canada. Les acteurs principaux : photo ci-contre, à gauche Vigo Mortenson, à droite, Kodi Smit-McPhee.

 

BONNE LECTURE
BONNE ÉCOUTE
Claude Lambert
le samedi 29 juillet 2023

 

PÉRIL EN MER, le livre d’Olivier Descamps

*Est-ce que je suis le seul à me sentir mal ?… Tania sourit
encore  puis elle s’apprête à partir. À ce moment-là, elle
voit quelque chose derrière moi, et ses yeux s’agrandissent.
Elle pousse un cri et s’accroche à mon bras.* 
(Extrait : PÉRIL
EN MER, Olivier Descamps, Héritage jeunesse éditeur, 2019,
édition de papier, 320 pages, Collection Frissons sang pour sang
québécois)

Lorsque Pierre accepte de passer une fin de semaine sur un catamaran avec des amis de son école, il est heureux de fuir l’inquiétant personnage qui le pourchasse depuis l’invitation. Pierre pense être la nouvelle victime des Croquemitaines, un groupe anonyme qui effraie des élèves pour poster sur internet les vidéos de leurs proies. Ce voyage en bateau est pour lui une façon d’échapper aux mauvais plaisantins. Mais quand les apparitions continuent au milieu de la mer, il n’est plus certain qu’il s’agisse d’une blague.

FRISSONS sang pour sang québécois
*J’hésite. Je sais que c’est presqu’impossible.
Jérôme s’avance. Je me mets devant lui
instinctivement. Il fait un geste et la peur me
retourne l’estomac*
(Extrait)

C’est un livre intéressant pour les 8 à 12 ans. Il l’est aussi  pour les adultes, dans la mesure où ils peuvent comprendre les codes et les procédures qui régissent les relations entre les ados et apprécier la psychologie de ce groupe d’âge particulièrement friand de frissons et d’émotions fortes.

Revoyons un peu le synopsis : Dans un lycée, un groupe de jeune se fait appeler LES CROQUEMITAINES. Leur raison d’être est de capturer en vidéo des scénarios de terreur d’adolescents persuadés de se faire tuer. Dans le plus récent scénario, Charles, dont la vie a été gâchée par les moqueries de ses pairs, perd connaissance suite à une panique incontrôlable. Le tout est filmé et diffusé bien sûr. Vivement une autre victime qui pourrait bien être la dernière.

Pierre, le personnage principal de cette histoire accepte une excursion en haute mer à bord d’un catamaran, prochaine victime toute indiquée des Croquemitaines. Mais rien ne se passe comme prévu et une série d’épreuves amènera Pierre à découvrir la véritable nature des Croquemitaines.

Ce récit met en perspective l’existence, dans beaucoup de collèges et dans la Société en général de petites confréries, bien inoffensives, mais dont quelques-unes développent un esprit sectaire et sont dirigées par une personne psychologiquement instable. L’histoire rapporte de nombreux exemples à ce rayon…un des plus célèbres étant la secte de Jim Jones.

Notre histoire ne va pas aussi loin bien sûr mais les fondements et les motivations sont similaires et reposent sur la manipulation, la naïveté et la pusillanimité. Le développement de ce récit m’a semblé ordinaire ou disons conventionnel. Mais j’ai été moi-même surpris par certains rebondissements imprévus et for bien calculés.

Le rythme très modéré de la plume entretient le mystère et la finale est très bien travaillée quoiqu’elle pourrait forcer les jeunes lecteurs à revenir en arrière pour comprendre l’ultime conclusion. O surprise c’est la grande Agatha Christie qui va amener Pierre à compléter le puzzle. Je ne peux évidemment pas en dire plus, mais j’ai apprécié le petit clin d’œil d’Olivier Descamps sur le pouvoir des livres.

C’est un livre bien écrit qui pousse à la réflexion sur nos anxiétés, peurs, angoisses souvent exacerbées dans l’enfance et dans l’adolescence par des relations familiales complexes et insécurisantes et le livre vient nous rappeler aussi que dans l’entourage des jeunes, ils se trouvent toujours des pairs dont la popularité s’est construite sur la manipulation et l’intimidation. Ces jeunes font souvent des adultes peu convenables…

la principale faiblesse du récit repose sur ce qu’on sait des Croquemitaines : peu de choses. Par opposition à la structure psychologique de Pierre, le point fort du roman, on ne sait presque rien sur la psychologie des autres personnages, Jérôme en particulier. Comment tout a commencé. Il aurait été intéressant d’ajouter quelques scénarios de vidéos pour mieux comprendre les motivations du groupe.

Mais en général, ça se laisse lire assez vite. La deuxième moitié en particulier pousse les jeunes lecteurs à se mettre en mode *tourne-page*. Je signalerai ici un dernier élément de réflexion évoqué très brièvement dans le récit et qui m’évoque la fondation d’un édifice : on n’en fait jamais assez pour protéger ses données personnelles.

Suggestion de lecture : LA MÉMOIRE DU LAC, de Joël Champetier

Enfin, beaucoup de jeunes lecteurs apprécieront je crois que l’auteur ait choisi de mettre isolément et en caractère gras les émotions de Pierre :
*Isolé depuis plusieurs jours, je me suis imaginé le pire.*
*Quelque chose attrape mon pantalon.*
*Je ne respire plus, tétanisé*.
*L’image du monstre sortant de l’eau me revient*
*Un sanglot étouffe son dernier mot.*
(Extrait)
Les jeunes vont passer, je crois, un bon moment de lecture.


Après des études à l’université de la Sorbonne, Olivier Descamps part s’installer au Québec pour écrire. Scénariste depuis plusieurs années, il n’a jamais cessé de raconter des histoires, teintant ses fictions des grandes questions de ses recherches philosophiques.

Découvrez son site web :
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d’autres titres de la collection FRISSONS

Bonne lecture
Claude Lambert

le dimanche 29 mai 2022

ÇA, le livre de STEPHEN KING, trilogie

*C’était là qu’Adrian Mellon avait gagné le chapeau qui allait signer son arrêt de mort.
Un haut-de-forme avec une fleur et un bandeau sur lequel on lisait :
J’❤️ Derry.>(Extrait : ÇA, Stephen King 1986, t.f. : 188 Éditions Albin Michel, édition de papier, deux livres de poche, 1 500 pages.)

Ben, Eddie, Richie et la petite bande du <club des ratés>, comme ils se désignaient, ont été confrontés à l’horreur Absolue : ÇA, cette chose épouvantable, tapie dans les égouts et capable de déchiqueter vif un garçonnet de six ans… Vingt-sept ans plus tard, l’appel de l’un d’entre eux les réunit sur les lieux de leur enfance. Car l’horreur, de nouveau, se déchaîne, comme si elle devait de façon cyclique frapper la petite cité. Entre l’oubli des terreurs et leur insoutenable retour, nos amis entreprennent un fascinant voyage vers le mal. L’histoire de sept enfants devenus adultes et toujours terrorisés de retour sur le territoire du mal absolu.

La peur pure
*< Ça a recommencé >
< Viendras-tu ? > *
(Extrait)

C’est ma deuxième lecture de l’œuvre probablement la plus vaste et la plus aboutie de Stephen King, exception faite de la Tour Sombre, ÇA. En fait, j’ai profité d’une réédition en deux tomes de Ça, coïncidant avec la sortie d’une nouvelle version au cinéma. J’ai lu le tome 1 sur papier et écouter la version audio du tome 2, lue par Arnaud Romain. Je ne me suis pas ennuyé bien au contraire.

Nous sommes à Derry en 1957, George Denbrough, un gamin de 6 ans est tué, mort au bout de son sang, un bras arraché par un clown maléfique caché dans les égouts. George s’amusait à faire flotter un petit bateau de papier dans le caniveau. Sept enfants terrorisés se faisant appelés le club des ratés, Stan, Mike, Bill, Ben, Ritchie, Eddie et Beverly comprennent très vite qu’une créature polymorphe très ancienne hante les sous-sols de Derry et tue des enfants selon un cycle de 27 ans.

Le livre raconte la confrontation des enfants avec ÇA une première fois en 1958 et en 1985 et alterne par la suite en deux temps…tout le récit est fait de bonds en arrière et de sauts en avant…27 ans.

On reconnait la façon de faire de Stephen King entre toutes : les personnages d’abord, tricotés serrés, travaillés. Il prend son temps pour raconter leur vie passée et présente, évoluant très lentement à travers les évènements surnaturels qui viennent mystifier la ville de Derry. La psychologie des personnages est très importante pour King. C’est une valeur intrinsèque du roman.

C’est de cette façon qu’il réussit à maîtriser les rouages de la peur : *Ce qu’il découvrit était si épouvantable qu’à côté, ses pires fantasmes sur la chose dans la cave, n’étaient que des fééries. D’un seul coup de pattes griffues, sa raison avait été détruite. (Extrait) Cette angoisse, cette peur omniprésente dans le récit est d’autant plus intense qu’elle implique des enfants. L’adulte a peur…les enfants ressentent de la terreur…la peur pure.

La recherche de King sur la peur ressentie par les enfants atteint son paroxysme. Même les héros de l’histoire ressentent la peur quoiqu’ils ne manquent pas de courage. Je ne me suis jamais autant attaché à des personnages de romans. Ils sont souvent gagnés par l’épouvante et ça se transmet au lecteur par l’esprit de King interposé. C’est un récit qui ébranle jusqu’à sa finale, dramatique et bouleversante.

Les habitués de King ne seront pas surpris d’observer des acrobaties temporelles dans le récit car dans un premier temps en 1957, les ratés combattent ÇA jusqu’à ce qu’il s’endorme pour un autre cycle, avec promesse de revenir à Derry quand il se réveillera…en 1985. King passe d’un à l’autre avec aisance.

Il faut juste porter un peu attention. Ce qui compte, c’est l’émotion que j’ai ressentie en lisant ÇA, un amalgame de peur, de terreur, de dégoût et aussi d’admiration pour des personnages magnifiquement campés. Ce livre m’a ébranlé, je ne vous le cache pas. King, comme toujours a trouvé le ton juste. 

Enfin un détail qui a son importance : dans ÇA, la peur est engendrée par la violence et King exploite toutes les formes de violences : conjugale, familiale, délinquante, suicide… :*Stanley gisait, adossé à la partie en plan incliné de la baignoire. Il avait la tête tellement rejetée en arrière que des mèches de cheveux noirs, pourtant courts, lui touchaient le dos entre les omoplates. Sa bouche était ouverte comme un ressort et son expression traduisait une horreur pétrifiée, abyssale…* (Extrait)

Je ne le dirai jamais assez, ce livre est un chef-d’œuvre, sans doute le plus angoissant de la bibliographie de King, enrichi de l’extraordinaire manifestation d’une amitié indéfectible qui lie sept enfants décidés à combattre une créature infernale mue par le mal intégral. Je sors de cette relecture aussi emballée que la première fois. En terminant, faut-il lire le livre avant d’aller voir le film? Moi je vous dis OUI ABSOLUMENT. D’ailleurs en ce qui me concerne, le livre est probablement suffisant, comblé que je suis en émotion.

Suggestion de lecture : UN VISAGE DANS LA FOULE, de Stephen King et Stewart O’Nan

Comme je l’ai expliqué dans l’article que j’ai publié en 2013 sur 22/11/63, il serait trop long de produire ici le bilan biographique de Stephen King. Comme vous vous en doutez, il est assez impressionnant. Je vous invite plutôt à visiter le site
www.stephenking999.com .
Ainsi vous saurez tout sur le grand maître de l’étrange. Je vous invite aussi à lire mon article intitulé LE MONDE À PART de Stephen King concernant la septologie LA TOUR SOMBRE, disponible ICI.

ÇA AU CINÉMA

Voici les gamins qui forment le club des losers. Ils ont fait la promesse de revenir à Derry si jamais Ça se manifestait, ce qui se produit après 25 ans. Les gamins devenus adultes ne l’auront pas facile pour ne pas dire qu’ils vont en baver.
(téléfilm, première sortie, novembre 1990, réalisateur : Tommy Lee Wallace)

Ça. Symbolisé ici par un clown sinistre appelé Gripsou. À gauche ÇA version 2017. À droite, ÇA version 1990.

Bonne lecture
Claude Lambert
le samedi 7 août 2021

GHOST STORY, best-seller de Peter Straub

*J’étais atterré et je regardai soudain son beau visage avec un effroi incrédule. L’XXX n’était pas seulement un groupe de dingues californiens se déguisant avec des robes de mage, ils étaient à proprement parler effrayants. On les savait d’une cruauté confinant à la sauvagerie.*

(Extrait: GHOST STORY, Peter Straub, 1979, présente version: Bragelonne 2013, édition numérique, 640 pages)

Dans une sinistre petite ville appelée Milburn, dans l’état de New-York, quatre vieux amis passent leurs soirées à se raconter de terrifiantes histoires de fantômes. Avant, ils étaient cinq, mais le cinquième est mort dans des circonstances très étranges et il avait toutes les apparences de quelqu’un mort de peur. Depuis, aucun des trois autre n’échappe aux terribles visions qui hantent leurs nuits. Entre créatures mythiques et esprits vengeurs tout droit sortis de leurs récits d’horreur, ils découvrent bientôt que la pire des monstruosités est en réalité issue de leur propre passé…un secret…un terrible secret…

Celui qui manque
*Lorsqu’il finit par trouver le courage
d’aborder Sears James (qui l’avait
toujours terrifié), il se mit à parler
d’assurances, comme s’il était sous
le coup d’une malédiction. Après la
découverte du corps d’Edward
Wanderley, il rentra piteusement chez
lui, comme les autres incités.*
(Extrait: GHOST STORY)

J’avais déjà lu LE TALISMAN DES TERRITOIRES que Peter Straub a coécrit avec Stephen King. Mais là, j’étais curieux de savoir comment Straub se débrouillait en solo. J’ai choisi de lire un de ses premiers grands romans, le premier vrai je crois : GHOST STORY, initialement traduit sous le titre LE FANTÖME DE MILBURNE.

On ne peut pas nier l’influence de King mais je trouve que Straub a une façon bien à lui d’entretenir une atmosphère glaciale et inconfortable qui fige l’attention du lecteur. Je n’ai pas été déçu. Même si le rythme du récit est désespérément lent, GHOST STORY demeure un roman d’horreur qui fait ressentir au lecteur une ambiance surnaturelle constante et qui explose à la fin. 

J’ai trouvé l’ensemble original : À Milburn, quatre hommes âgés se réunissent ponctuellement pour se raconter des histoires… à tour de rôle…*Leurs histoires avaient d’ailleurs tendance à devenir de plus en plus horribles. Chaque fois qu’ils se retrouvaient, ils se faisaient peur mais ils n’en continuaient pas moins à se voir parce que cesser de le faire eût été encore plus effrayant. * (Extrait)

John Jaffrey, médecin, Sears James et Ricky Hawthorne, avocats et Lewis Benedickt, promoteur à la retraite ont formé un petit groupe baptisé pompeusement la chowder Society.

Là où ça devient intriguant c’est qu’avant les quatre amis étaient…cinq. Il y a un an, lors d’une fête organisée par Jaffrey, Edward Wanderley est mort. La terreur la plus pure s’affichait sur son visage. Il était clair que Wanderley est mort de peur. Cette mort a ébranlé la Chowder Society jusqu’à leur en faire perdre le sommeil.

La Chowder Society détiendrait-elle la clé du mystère…*Ils ressentaient de la tristesse, de la colère, du désespoir, de la culpabilité*. (Extrait) Cette hantise allait bientôt propulser chaque membre du petit groupe dans une incroyable histoire de fantôme et de réincarnation. 

C’est un roman très long, plus de 625 pages. Il faut apprivoiser son contenu, car pour ce qui est de s’étendre sur la psychologie et la personnalité des personnages, Straub n’est pas vraiment différent de King.

Tout est dans l’atmosphère, le non exprimé, l’épouvante qui s’installe graduellement jusqu’à nouer les tripes et une capacité de l’auteur à lancer au lecteur un défi quant à séparer le réel de l’imaginaire :

*Je ne sais plus ce qui est réel de ce qui ne l’est pas, pensa-t-il avant de sortir. L’inconnu-le neveu de M. Wanderley- se tenait à l’entrée du living. –Pour vous dire la vérité, ce qui m’intéresse en ce moment, c’est ce qui distingue l’imaginaire de la réalité.* (Extrait)

Donc ce qui pourrait être un irritant non négligeable pour les amateurs de romans d’horreur, c’est la lenteur du rythme, de l’évolution du récit, par moment, l’action se dissout. Le fil conducteur du récit rappelle la pieuvre, c’est-à-dire qu’il prend des directions dont beaucoup de lecteurs se passeraient volontiers.

J’ajouterai un peu à l’intrigue en vous disant que tout change et s’accélère dans le récit à partir de l’apparition du lynx. Je vous laisse le plaisir de découvrir pourquoi. Je peux juste vous dire que dans mon entourage, on aurait pu me croire ligoté à mon siège. 

GHOST STORY est une brique qui se divise en trois parties : le premier quart du volume se concentre sur l’introduction à cette atmosphère malsaine qui s’installe graduellement sur Milburn et à la Chowder Society. Dans les deuxième et troisième quarts, l’écriture est très lente et farcie d’intrigues secondaires.

C’est tout de même dans cette partie centrale qu’est développée la psychologie des personnages qui amènera plus tard dans le récit des éclaircissements sur la peur qui les envahit. Dans le dernier quart, l’épouvante atteint son paroxysme. Le rythme s’accélère jusqu’à devenir haletant. La finale est fort bien travaillée. La lecture devient adidictive.

On ne peut pas critiquer un roman d’horreur car il n’y a pas deux perceptions semblables. Ce que je peux vous dire amis lecteurs, amies lectrices, c’est que, très souvent en littérature, la patience est récompensée. 

Je comprends maintenant pourquoi GHOST STORY a valu à son auteur l’envol d’une carrière riche et productive

Suggestion de lecture : FANTÔME EN HÉRITAGE, d’Annie Jay (littérature jeunesse)

Peter Straub est né en 1943 à Milwaukee dans le Wisconsin. Travaillant à Dublin sur sa thèse de doctorat, il écrit son premier roman, Marriages, avant de se tourner vers le fantastique. Julia et Ghost Story, best-sellers aussitôt adaptés au cinéma, vont faire de lui l’un des pères fondateurs de la terreur moderne.

Refusant de se laisser enfermer dans le genre qui a fait son succès, il explore de nouvelles directions avec Dragon flottant et Shadowlands, écrit Le talisman avec son complice Stephen King.

Aujourd’hui revendiqué à la fois par les amateurs de fantastique et les inconditionnels du polar qui saluent KokoMystery ou La gorge, de véritables chefs-d’œuvre, il est aussi un virtuose du texte court, ainsi qu’en témoignent les nouvelles réunies dans Sans portes, ni fenêtres ou Magie de la terreur. (lisez.com)

 Ghost story au cinéma


Ghost story a été adapté au cinéma en 1982 par le réalisateur américain John Irving. Le titre anglais demeure GHOST STORY et en français : LE FANTÔME DE MILBURN. Le film, inspiré de l’œuvre de Peter Straub a été scénarisé par Lawrence D Cohen. On retrouve dans la distribution John Houseman, Douglas Fairbanks Jr, Melvyn Douglas et l’excellent Fred Astaire dans le rôle de Ricky Hawthorne.

 

Bonne lecture
Claude Lambert
le dimanche 20 juin 2021

HIVER ROUGE, par l’auteur du VILLAGE : DAN SMITH

*Serrant les dents, je baissai la tête. J’avais besoin de ma famille. Elle seule pourrait dissiper les ténèbres qui, chaque jour un peu plus, engloutissaient mon âme. Elle était forcément là, quelque part. Il fallait que je la trouve.* (Extrait : HIVER ROUGE, Dan Smith, t.f. : Éditions du Cherche-Midi,  collection thrillers, 2015, édition numérique et de papier, 470 pages)

1920, Russie centrale. La terreur s’est abattue sur le pays. À la mort de son frère, Nikolaï Levitski a déserté l’Armée rouge pour aller l’enterrer dans son village. Mais lorsqu’il arrive dans la petite communauté, perdue en pleine nature, c’est la stupéfaction. Les rues sont vides et silencieuses. Les hommes ont été massacrés dans la forêt alentour, les femmes et les enfants ont disparu. Nikolaï se met alors sur la piste des siens. C’est le début d’une quête aussi désespérée que périlleuse dans une nature hostile, au cœur d’un pays ravagé par la guerre civile.

 

La sombre réalité du totalitarisme
*on les tuera tous. Je nous imaginai, nous barricadant
dans cette isba minuscule au toit crevé pour attendre
Larrivée de Kroukov et de son unité de soldats bien
entraînés, mais ce scénario ne pouvait sachever que dans
Un bain de sang. Le nôtre.*
(Extrait : HIVER ROUGE)


Nikolaï Levitsky, soldat déserteur, ancien membre de la Tcheka s’est réveillé à peu près à temps pour se rendre compte que la Tcheka n’était qu’un vaste crime contre l’humanité allant au-delà de toutes les horreurs imaginables. La Tchéka n’est qu’une des idées tordues et idiotes de Lenine pour mettre le peuple russe au pas en utilisant la terreur et la violence.

Donc nous sommes en 1920, à la mort de son frère Alek, Nilolaï déserte l’armée pour regagner son village afin d’enterrer son frère. À son retour au village, stupéfaction et consternation.

Nikolaï constate avec horreur que tout le monde a été massacré ou enlevé. La vision d’horreur qui s’offrait à lui prouvait la visite des exécuteurs les plus cruels de la doctrine bolchévique : les tchékistes. Alors, le déserteur entreprend une quête qui sera très dure : retrouver sa famille disparue, sa femme Marianna et ses fils Pavel et Micha. 

Tout en avançant et en se faisant quelques rares alliés, Nikolaï développe la certitude que le redoutable Kochtchei, personnage horrible et cruel des contes russes se serait incarné pour faire souffrir davantage le peuple russe.

Cette histoire, très bien ficelée développe donc une quête très rude au cœur de l’immensité glaciale de la Russie et qui met en perspective les abus du totalitarisme qui n’a jamais eu de respect pour la vie humaine :

*Rien de ce que j’avais pu voir au cours de la guerre n’était plus perturbant que le tableau macabre qui s’offrait à mon regard. Après toutes ces années, je ne savais que trop bien de quelles horreurs les hommes étaient capables les uns envers les autres, mais je n’avais jamais vu une telle variété d’atrocités… * (Extrait) 

La plume est très directe, très dure. Je n’ai pas eu l’impression de *poudre aux yeux*. Une petite recherche rapide confirme les bassesses sans noms imposées par des dégénérés comme Lenine au nom de la révolution.

L’ouvrage est donc crédible et son caractère réaliste est de nature à secouer le lecteur : *Et merci à vous. –Pourquoi ? –Pour ne pas m’avoir tué. » Et ces mots confirmèrent pour moi quel terrible pays notre patrie était devenue, pour qu’un homme arrive à en remercier un autre de l’avoir laissé vivre. * (Extrait) 

Le livre aurait pu s’intituler HIVER ROUGE dans un enfer blanc, tellement l’auteur met en évidence la rudesse du climat de l’hiver russe : froid mordant, neige, glace, vents, bourrasques. Survivre dans ces conditions est un pari.

La justesse du ton et la sensibilité de la plume m’ont atteint. On y trouve des éléments de réflexion sur la valeur de la vie et les difficultés pour des sociétés de s’organiser dans le respect des droits et libertés face à la soif de pouvoir et d’ambition de bouchers despotes comme Lénine et Hitler qui ont répandu leur crasse sur l’histoire. 

Je n’ai pas réussi à m’attacher totalement au personnage principal entre autre à cause de son stoïcisme et parce qu’il avait beaucoup de choses à cacher jusqu’à la fin. Mais son enquête est très intrigante. Et cette intrigue, elle est bien bâtie. Elle mystifie le lecteur autant que le caractère enveloppant de la forêt russe.

C’est un roman de tension et de violence qui donne une place, petite mais douce, à l’amour et à l’amitié. C’est une lecture qui secoue et qui ne laisse pas indifférent…un coup de cœur.

Suggestion de lecture : GRAVÉ SUR CHROME, de William Gibson

Dan Smith a grandi en suivant ses parents de par le monde. Il a vécu en de nombreux endroits, notamment en Sierra Leone, à Sumatra, dans le nord et le centre du Brésil, en Espagne et en Union Soviétique.

Son premier roman, DRY SEASON, a fait partie des œuvres sélectionnées pour le BEST FIRST NOVEL AWARD de l’Authors’club et a été nominé pour le prix littéraire international IMPAC d Dublin. Juste avant la publication de HIVER ROUGE, son livre LE VILLAGE a connu un grand succès.

BONNE LECTURE
Claude Lambert
le vendredi 18 juin 2021

LE RITUEL, le livre de ADAM NEVILL

*…dans ce spectacle rouge et jaune d’une brutalité inattendue, tous distinguèrent le sourire osseux d’un maxillaire. Juste au-dessus de l’os se trouvait un œil, aussi gros qu’une boule de billard, vitreux et terne. (Extrait : LE RITUEL, Adam Nevill, édition originale : 2011, Éditions Bragelonne 2013 pour la présente traduction, numérique, 400 p.)

Quatre copains décident de s’aventurer dans la nature sauvage scandinave simplement pour marcher, camper quelques jours et pour le plaisir de se retrouver ensemble tous les quatre. Toutefois, l’enthousiasme des amis est miné par la pluie incessante, l’inexpérience et le surplus de poids de Phil et Dom entre autres et en l’espace de quelques heures, leur randonnée tournera au cauchemar. Perdus et affamés dans des bois inexplorés, la situation leur échappe: mises en scène macabres et sacrifices païens en l’honneur d’une créature millénaire. Face à l’innommable, la folie guette ceux qui font désormais partie du RITUEL. 

IMMERSION  EN ÉPOUVANTE
*Ils méritaient de mourir. Il voulait qu’ils
meurent. Il voulait verser leur sang jeune
et toxique, effacer cette misérable partie
du monde de la surface de la terre. Oui, ils
avaient raison…*
(Extrait: LE RITUEL)

LE RITUEL, c’est 400 pages de cauchemar et d’horreur pour lecteurs avisés. Le sujet est pourtant courant, quatre copains : Hutch, Phil, Dom et Luke décident de partir à l’aventure dans la forêt scandinave. Dès qu’ils pénètrent dans la forêt, rien ne va plus, ils tournent en rond. La situation se complique du fait que Phil et Dom accusent une importante surcharge pondérale et finissent par se blesser, retardant dangereusement le groupe.

Puis, lors d’une tentative de sortir de cette inquiétante forêt, les copains découvrent un cadavre d’animal éviscéré suspendu à un arbre. La suite est une série d’épisodes cauchemardesques et de noirceur :

*Une terreur devant laquelle l’esprit ne peut qu’admettre sa défaite, se réfugiant dans des rêvasseries imbéciles. Puis, ils l’entendirent de nouveau, sur leur gauche. Tellement proche : le même mugissement…* (extrait) Angoisse et horreur sont omniprésentes avec une toile de fond à caractère surnaturelle.

Le scénario m’a rappelé à plusieurs égards le deuxième volet de la série  PROJET BLAIR : LE LIVRE DES OMBRES. Ceux et celles qui l’ont vu se rappelleront qu’il a été tourné sur les lieux même du tournage de Projet Blair. On sait que l’histoire repose sur l’hystérie collective inconsciente des jeunes qui ont été poussés à faire un carnage indescriptible.

Maintenant, rappelez-vous l’ambiance du film, l’atmosphère pesante, les lourds silences alternant avec des bruits mystérieux amplifiés en plus des bruits de la forêt que la noirceur rend inquiétants. Dans LE RITUEL, vous avez la même atmosphère. Dans l’ensemble, c’est quand même ce que j’appellerais du réchauffé.

Le succès de ce livre repose en grande partie sur le non-dit…la plume s’en remet à l’esprit du lecteur. Malheureusement mon enthousiasme s’arrête là. J’ai bien peur de vous décevoir car ce livre comporte une grande faiblesse.

Un irritant m’a fait tomber de haut. Au milieu du récit, il y a un changement brusque dans le rythme, le décor…un virage qui amène le lecteur dans la partie disons surnaturelle du récit. On passe de l’angoisse et la peur de la première partie à la folie pure dans le second volet.

Changement drastique dérangeant pour le lecteur d’autant que la crédibilité n’y est plus. C’est n’importe quoi. Le livre passe ainsi dans la série B. On dirait que cette partie a été écrite par un autre auteur plus versé dans les scénarios pour jeunes ados.

C’est dommage. J’ai été quand même ébranlé par la première moitié à cause de l’atmosphère qui s’en dégage, une espèce d’éther malsain, le tout rendu par une plume habile qui provoque l’addiction…j’ai malheureusement déchanté au beau milieu du récit. La magie s’est perdue et j’ai commencé à trouver le temps long à cause du caractère abusif des descriptions, des redondances et d’une finale décevante.

J’ai l’impression d’avoir lu deux livres. Un bon et un beaucoup moins bon. Pas de cohérence. Est-ce que j’irais jusqu’à vous recommander un livre à cause de sa première partie. Moi je trouve ça tentant. Vous pourriez peut-être trouver quelque chose qui m’échappe. Personnellement je ne déteste pas ce genre de challenge. Une chose est sûre, c’est glauque d’un bout à l’autre…

Suggestion de lecture : H+ 1, TRANSMUTATION, de Célia Ibanez

Adam Nevill est né en 1969 à Birmingham en Angleterre. Il s’est spécialisé dans la littérature d’horreur. Son livre APPARTEMENT 16 a connu un succès fulgurant dès sa publication en 2011. DERNIERS JOURS publié en 2014 a décroché le prix BRITHISH FANTASY du meilleur roman d’horreur en 2013 (Pour l’édition anglaise publiée en 2012). LE RITUEL a gagné le même prix en 2012. Pour en savoir plus, visitez www.adamlgnevill.com

BONNE LECTURE
JAILU/Claude Lambert
Le samedi 6 juin 2020

HEYDRICH, LE GRAAL ET LA MARMOTTE, de Peter Berling

Il est entré dans la SS sans s’interroger sur
les valeurs qui y sont considérées comme
une loi d’airain. Au sein de l’ordre,
l’homosexualité est un crime capital passible
de la peine de mort ! La moindre des
sanctions, c’est le camp de concentration,
et cet idiot de Rahn a pu découvrir
personnellement ce que cela signifiait.
(Extrait : HEYDRICH, LE GRAAL ET LA MARMOTTE,
Peter Berling, éditions Piranha 2016 pour la
traduction française. Édition num. 350 pages)

Max Wittacher est un jeune Suisse. Son don pour les massages lui vaut dès le début des années 1930 les faveurs de l’inquiétant Reinhard Heydrich, qui fait de lui son physiothérapeute personnel. En côtoyant les dirigeants de la SS, Max découvre l’engouement de Himmler pour l’ésotérisme et pour le Graal et est le témoin des rivalités entre cadres du parti. Impliqué malgré lui dans la lutte que se livrent services de sécurité nazis et espions anglais, il observe les mesures de plus en plus radicales prises à l’encontre des Juifs. Avec les aventures de ce héros naïf, Peter Berling revisite les heures les plus sombres de l’Allemagne.

À gauche, Reinhard Heydrich, SS-Obergruppenführer allemand, adjoint direct de Heinrich Himmler.  À droite, un des plus hauts dignitaires du troisième reich, Heinrich Himmler qui était obsédé par le GRAAL.

Le Saint GRAAL est le trésor le plus insaisissable de l’histoire. C’est la coupe que le Christ utilisa lors de son dernier repas, un objet auquel on prête des pouvoirs miraculeux. Le Saint Graal a ensorcelé des chasseurs de trésors depuis plus de 1000 ans et Heinrich Himmler est devenu obsédé par le calice et a tout fait pour le retrouver.

LA COUPE À TOUT PRIX
*« Désormais plus rien ne s’oppose à l’exterm… »
Schellenberg s’étrangla, et j’en eus moi aussi
le souffle coupé. « …au nettoyage en masse. »
Schellenberg s’efforçait de conserver une certaine
dignité teintée de colère. « Les portes sont ouvertes  !*
(Extrait : HYDRICH, LE GRAAL ET LA MARMOTTE)

Ce roman est en fait la chronique d’une relation particulière entre Max Wittacher, appelé la marmotte, physiothérapeute de son état mais qui devient beaucoup plus que ça au fil de l’histoire, et Reinard Heydrich, officier SS cruel et impitoyable, un monstre issu des basses fausse Nazies.

La première chose qui m’a frappée dans la lecture de ce roman est la façon dont l’auteur a travaillé ses personnages fictifs d’une part et les personnages qui ont vraiment existé d’autre part, réalistes eu égard à leur vraie personnalité et en accord avec l’histoire. C’est un travail minutieux, approfondi et recherché.

Max est la marmotte du titre, sûrement parce qu’il réunit un amalgame de qualités et de défauts attribués à la marmotte qui est ingénieuse et calculatrice mais aussi pusillanime jusqu’à la couardise. Max est un physiothérapeute de talent, remarqué pour son malheur par Heydrich qui exigeait de Max une présence entière et permanente.

La marmotte est donc devenue plus qu’un thérapeute. Il est devenu confesseur d’un esprit chaviré. Quant à Heydrich, le personnage est conforme à ce que l’histoire en rapporte : Heydrich s’efforçait d’inspirer la peur. Il voulait s’entourer de l’aura d’un monstre auquel rien, aucune émotion humaine, ne demeure dissimulé. Cela diffusait angoisse et terreur… (extrait)

Quant au Graal, c’est la principale faiblesse de l’histoire. À part peut-être une mise en scène grotesque dans la deuxième moitié du livre, l’auteur ne m’a pas fait sentir l’importance que le graal aurait dû avoir étant donné qu’il obsédait Himmler comme un instrument qui lui aurait permis de déployer encore plus de puissance.

La force du livre réside principalement dans la façon de faire de la marmotte un témoin des bassesses et des exactions du régime Nazi, le tout dans un crescendo très graduel parsemé de mondanités hypocrites et de plans machiavéliques partant de l’historique nuit de cristal jusqu’à l’holocauste.

La psychologie de Max est particulièrement intéressante. L’histoire se concentre surtout sur Max, Heydrich, Himmler st son aide de camp wolf. Il y a toutefois une grande quantité de personnages plus secondaires, suffisamment pour s’y perdre. Le fil conducteur de l’histoire est parfois fragile.

C’est un bon livre, une histoire qui nous fait voir les hautes sphères du troisième Reich sous un angle différent. Dommage que le Graal n’ait pas été mieux exploité. Car il est avéré que le graal a ensorcelé les chasseurs de trésor pendant plus de 1000 ans et qu’Henrich Himmler, le plus haut dirigeant nazi a tout fait pour le retrouver. (Voir documystère.com).

Le thème est malheureusement sous-exploité dans le livre. Autrement, c’est un livre qui m’a captivé, Max devenant les yeux et les oreilles du lecteur. Donc à lire…

Suggestion de lecture : LE MYSTÈRE MENGELE, de Jorge Camasara

Peter Berling est un acteur, producteur, scénariste et écrivain allemand né en 1934. Malgré une bibliographie respectable (il est l’auteur d’un cycle de livres consacrés à l’ésotérisme et à la quête du Graal traduits dans plus de vingt langues), c’est surtout le septième art qui a contribué à faire connaître Peter Berling. Il côtoie Jean-Jacques Anneau pour le film LE NOM DE LA ROSE et Martin Scorcese (LA DERNIÈRE TENTATION DU CHRIST.)

BONNE LECTURE
JAILU/Claude Lambert
le jeudi 20 février 2020

HANTISE : LA MAISON HANTÉE, Shirley Jackson

<Voyons se dit-elle, voyons. Ce n’est qu’un bruit, et
un froid terrible, terriblement, affreusement froid.
C’est un bruit au fond du couloir, à l’autre
extrémité. Près de la porte de la nursery, et un
froid terrible. Ce n’est pas ma mère qui frappe le mur.>
(Extrait : HANTISE : LA MAISON HANTÉE, Shirley
Jackson, Éditions Presses Pocket, collection Terreur,
1999, édition numérique, 180 pages.)

Le docteur Montague, intéressé par les phénomènes parapsychologiques, décide de passer un été dans une maison réputée hantée appelée HILL HOUSE. Il est accompagné de l’héritier de la maison, et deux femmes qu’il a choisies pour leurs dons paranormaux : Ils se rendent compte que les rumeurs sont justes : la maison abrite quelque chose ou quelqu’un…quelqu’un qui ne veut pas se taire. HILL HOUSE est une maison de 80 ans construite par Hugh Crain qui avait des goûts architecturaux très particuliers. La plupart des maisons ont une bonne nature. Certaines sont mauvaises…

UNE BICOQUE BELLIQUEUSE
Un tout petit rire ténu leur parvint, apporté
dans la chambre comme par un courant d’air
un minuscule ricanement teinté de folie, le
plus faible des chuchotements de rire.
(Extrait : HANTISE : LA MAISON HANTÉE)

Encore une maison hantée me direz-vous ? Vous avez raison, le sujet est très réchauffé mais on en a peut-être pas exploité toutes les facettes. Le livre qui nous intéresse aujourd’hui est un classique. Il a corrigé le tir dans certains cas et ouvert la voie dans d’autres cas. Donc comme dans tout classique, il y a des choses qui ne changent pas.

Par exemple, le gentil professeur qui réunit des sujets, autant que possible avec des talents médiumniques afin de vérifier et prouver ses théories : *Mais il comptait bien être récompensé de toutes ses peines par la sensation qui ne manquerait pas de saluer la publication de son ouvrage sur les causes et les effets des perturbations parapsychologiques dans une maison communément dite ‘hantée’.* (Extrait)

C’est l’adaptation du livre à l’écran qui m’a donné l’idée d’entreprendre la lecture du livre. Les deux versions m’ont fait réaliser qu’en général, les auteurs, et surtout les réalisateurs se dépêchent de passer à la violence, l’agressivité, les effets visuels spectaculaires. Dans notre livre du jour, Shirley Jackson installe l’horreur tout doucement, graduellement, donnant une place à l’expression corporelle, au non-dit.

Elle explore avec une lenteur étudiée non seulement la psychologie des personnages, Nellie en particulier, mais aussi à la psychologie de la maison : HILL HOUSE qui…*C’était une maison sans gentillesse, qui n’était pas destinée à être habitée. Il n’y avait pas en elle la moindre place pour l’homme, ni pour l’amour, ni pour l’espoir* (Extrait)

Le but de l’auteur n’était pas de faire éclater des têtes ou de faire pourrir la chair mais d’installer graduellement une peur qui devient une terreur qui va crescendo. C’est ainsi que le ton s’intensifie et la maison devient alors pire que ce que l’on croyait : *Un réservoir de méchanceté contenue* (Extrait) Il y a une espèce de jeu dans lequel l’auteur tente d’entraîner le lecteur.

Si le livre a pu me donner l’impression que j’étais un cobaye dans cette étude, c’est je crois parce qu’il a trouvé le ton juste. Ce livre a quelque chose d’hypnotisant. Ses personnages ont été bien développés. En particulier celui de Léonore (NELLIE) dont l’exaltation est un facteur de stress non négligeable. Et encore plus fort : l’énigmatique madame Dudley qui semble la seule à savoir ce qui se passe.

J’ai toutefois trouvé plutôt ordinaire de voir se pointer dans le cours de l’histoire un personnage qui s’insère mal : madame Montague en personne. Une sorte de miss-je-sais-tout qui porte sur les nerfs et accompagné de son sous-fifre : Quant à l’inclusion de ce  personnage dans l’histoire, je ne suis pas sûr d’avoir bien compris le choix de l’auteur.

Pour toutes les raisons expliquées plus haut, je considère ce livre de Shirley Jackson comme un chef d’œuvre. Ce livre a été plus qu’une addiction pour moi, je suis carrément devenu acteur du drame qui se joue entre les murs de HILL HOUSE. C’est un livre d’horreur écrit avec une grande intelligence et beaucoup d’imagination afin de garder le lecteur alerte.

Le talent de Jackson force l’admiration car même lorsque la maison est calme et ses occupants en repos, la grande HILL HOUSE demeure inquiétante. Il y a très peu de coups de théâtre. La force du livre est sa capacité de jouer sur le ressenti et l’atmosphère avec une lenteur calculée et voulue.

Quant à savoir si on doit lire le livre avant de voir le film. Moi, c’est ce que je recommande. Le livre est plus prenant, assorti d’un rythme efficace. J’ajoute que le livre exploite vraiment bien le personnage de madame Dudley, personnage beaucoup plus discret dans le film. C’est donc un bon livre à lire à la lueur d’une chandelle, juste pour le plaisir et vous laissez la porte de votre penderie ouverte. Qui sait si elle ne va pas se fermer toute seule…

Suggestion de lecture : CRÉATURE, de John Saul

Shirley Jackson est une romancière américaine née à North Bennington, Vermont. C’est une spécialiste du récit fantastique et dhorreur. Elle a écrit entre autres NOUS AVONS TOUJOURS VÉCU AU CHÂTEAU, considéré comme un chef d’œuvre. Son livre LA MAISON HANTÉE est tenu par Stephen King pour lun des meilleurs romans fantastiques du XXe siècle. En 1948 paraît THE ROAD THROUGHT THE WALL, un premier roman dhorreur, suivi dune série de nouvelles réunies plus tard dans le recueil LA LOTERIE ET AUTRES HISTOIRES. Sy déploient les qualités qui ont fait la notoriété de lauteur : une mise en situation ancrée dans un quotidien banal, le passé trouble des personnages, lentretien diabolique du doute sur les évènements surnaturels qui simposent peu à peu. (voir Polars pourpres)

LA MAISON HANTÉE AU CINÉMA

Je suis peut-être à contre-courant de plusieurs critiques mais je trouve l’adaptation du livre de Shirley Jackson au grand écran en 1999, très intéressante. Il s’agit donc du film réalisé par Jan De Bont.

Il est possible toutefois que j’ai un parti pris car la distribution de LA MAISON HANTÉE comprend deux de mes acteurs préférés : Liam Neeson dans le rôle du docteur David Marrow (Montague) et la magnifique Marian Seldes qui incarne l’énigmatique madame Dudley, un personnage tout à fait fascinant de la distribution du film et omniprésent dans le livre.


À gauche l’affiche du film, à droite, Liam Neeson incarne le docteur Marrow qui est en fait le docteur Montague dans le livre. Les deux ont les mêmes motivations.

Marian Seldes incarne madame Dudley qui tient dans une stressante routine verbale qui va au-delà du domaine domestique :

*Je ne reste pas, une fois que jai préparé le dînerje ne reste pas ici après la tombée de la nuit. Je men vais avant quil ne commence à faire noirce qui veut dire quil ny aura personne dans les environs si vous avez besoin daidenous ne pourrions pas vous entendre, pendant la nuitpersonne ne pourrait vous entendrependant la nuitdit madame Dudley avec un large sourire.*

Cette dame a quelque chose de glaçant, terrifiant. Je suis peut-être naïf mais selon moi, elle est le personnage le plus énigmatique du moins si je me limite à l’aspect littéraire.

BONNE LECTURE
Claude Lambert
le jeudi 6 février 2020