LES AVENTURES OCCULTES DE LADY BRADSLEY

Commentaire sur le livre de
OLIVIER SARAJA

*…Lady Bradsley soupira de soulagement. Le bandage autour de sa main témoignait du sang qu’elle avait scarifié pour sceller l’âme errante dans un bijou, désormais sous la protection des eaux calmes de la mer de chine. *
(Extrait : LES AVENTURES OCCULTES DE LADY BRADSLEY, 1904-1916, Olivier Saraja, Les Éditions du 38, 2019. 343 pages. Format numérique pour la présente.)

Lady Bradsley est une jeune veuve douée de talents particuliers : elle parle aux morts et décrypte les souvenirs qui imprègnent les lieux qu’elle visite. Elle sillonne le monde du début du XXe siècle, en proie aux rivalités coloniales pour résoudre les mystères occultes qui s’offrent à elle. Mais tandis que le spectre de la première guerre mondiale se profile, comment gèrera-t-elle sa malédiction personnelle ? En effet, Lady Bradsley est elle-même hantée par Henry, le fantôme de son mari, dont l’amour est si fort qu’il transcende les frontières entre les mondes. cette intégrale rassemble cinq aventures. Le monde et ses mystères occultes ne sont pas assez grands pour les talents médiumniques de Lady Bradsley !

Le paranormal de par le monde
*L’activité surnaturelle se montrait telle
que lady Bradsley ne pouvait plus ignorer
cette autre réalité qui se superposait à son
regard. *
(Extrait)

Ce livre est un recueil d’aventures occultes. C’est la première fois que je lis ce genre de livre et j’y ai pris goût dès la première nouvelle. J’ai trouvé le tout intéressant voire original. L’héroïne de ces aventures est Lady Bradsley, une jeune aristocrate, veuve. Lady Bradsley est une spirite, une occultiste. On peut dire aussi voyante même si ça va un peu plus loin.

Elle a un don particulier : elle voit les âmes, ce qui est courant chez une voyante mais surtout, elle perçoit leur détresse, alors que, n’ayant pas repérer ou suivi la lumière, ces âmes errent entre ciel et terre. Parmi ces âmes, il y a celles de son mari, Lord Henry Bradley qui intervient dans chaque aventure, la plupart du temps pour protéger sa femme. Autre élément intéressant qui revient au fil des nouvelles, Lady Bradsley est enceinte d’Henry…une grossesse qui ne finit pas de finir et qui connaîtra un terme spécial…à découvrir.

Enfin, ce qui amène Lady Bradsley à se frotter au monde ectoplasmique à chaque nouvelle, tient au fait qu’elle dirige une petite entreprise d’investigation en occultisme qui lui fait faire presque le tour du monde pour résoudre des mystères occultes, envoyée par les grands de ce côté-ci de l’univers, dont la Couronne Britannique.

Passionnant à suivre d’une nouvelle à l’autre, ce livre n’est pas sans créer dans l’esprit du lecteur des images classiques mais toujours impressionnantes auxquelles nous ont habitué des séries comme POLTERGEIST ou SOS FANTÔMES : apparition d’ectoplasmes, baisses spectaculaires de température, télékinésie, lévitation, apparition d’horribles créatures visqueuses et dégoûtantes, satanisme et j’en passe. Tout ça c’est du déjà vu évidemment mais l’originalité de ces aventures tient dans les interactions entre Lady Bradsley, le monde des esprits et les interventions de l’esprit de son mari, l’infatigable Henry.

J’ai trouvé aussi très intéressant de passer d’un pays à l’autre et à cet égard, le livre est très bien documenté, en particulier sur les traditions, le folklore et les différentes approches du domaine paranormal, superstitions, cultes obscurs et j’en passe. J’ai particulièrement apprécié ce moment passé dans la capitale des Mille et une nuits.

C’est en effet à Bagdad que j’ai vraiment appris à connaître Lady Bradsley qui a elle aussi ses petits secrets et mystères mais qui demeure toujours attachante. Tout comme Henry d’ailleurs, une espèce de grand garçon hyper-protecteur qui continue d’être amoureux fou, même dans son univers occulte.

C’est un bon petit bouquin. L’écriture est fluide mais efficace. C’est-à-dire qu’elle fournit les émotions auxquelles on s’attend lorsqu’il est question de paranormal et de surnaturel, la peur en particulier et ce, que vous croyiez aux fantômes ou pas.

* Surpris par le contact spirituel, l’animal spectral interrompit son geste, mimé par son simulacre sur le plan matériel, leurs deux formes désormais superposées à la vision mystique de la Britannique. La jeune femme supposait que le revenant auquel elle faisait face était le responsable de la triste réputation de la région. * (Extrait) Suivre Lady Bradsley est je crois, s’offrir un agréable voyage.

Suggestion de lecture : NOUVELLES FANTASTIQUES DU XIXe SIÈCLE, collectif

Passionné de science-fiction, de fantastique et de fantaisie, Olivier Sajara a toujours été attiré par les univers imaginaires. Après avoir contribué à l’âge d’or du jeu de rôle en France, il s’est consacré à la découverte de logiciels libres au travers du système d’exploitation GNU/Linux.

Son enthousiasme pour les images numériques (Point à point, vectoriel, synthèse) l’a conduit à écrire de nombreux articles de presse sur ces sujets ainsi qu’un ouvrage de référence sur le principal logiciel libre d’animation et de création d’images de synthèse. Aujourd’hui, à travers ses écrits plus fictionnels, il essaie d’explorer la face sombre de l’humanité pour susciter réflexion, espoir, mais surtout divertissement.

Contenu dans l’intégral

Bonne lecture
Claude Lambert
le samedi 17 juin 2023

DEPUIS L’AU-DELÀ, le livre de Bernard Werber

*…l’âme errante du baron remarque l’âme errante de l’écrivain. < Touriste ? Demande-t-il ? -Heu…oui en quelque sorte. Je suis décédé ce matin. -Vraiment ? Alors préparez-vous à beaucoup de surprises. *
(Extrait : DEPUIS L’AU-DELÀ, Bernard Werber, éditeur original : Albin Michel, 2017, papier, 448 p. Version audio : Audible, décembre 2017, narratrice : Carine Obin, durée d’écoute : 13 heures 16 minutes)

Je me nomme Gabriel Wells.
Je suis écrivain de romans à suspense. Ma nouvelle enquête est un peu particulière car elle concerne le meurtre de quelqu’un que je connais personnellement : Moi-même.
J’ai été tué dans la nuit et je me demande bien par qui. Pour résoudre cette énigme j’ai eu la chance de rencontrer Lucy Filipini. En tant que médium professionnelle, elle parle tous les jours aux âmes des défunts. Et c’est ensemble, elle dans le monde matériel, moi dans le monde invisible, que nous allons tenter de percer le mystère de ma mort.

Un esprit à la rescousse
*…<j’ai une bonne et une mauvaise nouvelle. Vous
préférez que je commence par laquelle ? – La bonne.
répond Gabriel, passablement irrité. – Je vous ai
menti. Vous n’êtes pas malade. -C’est déjà ça. Et la
mauvaise alors ? -La mauvaise, c’est queeee…vous
êtes mort. *

Voici l’histoire de Gabriel Wells, écrivain, petit neveu d’Edmond Wells qui signe l’Encyclopédie du savoir relatif et absolu imaginé par Werber et qui est récurrente dans son œuvre, des extraits de l’encyclopédie faisant office d’introduction de plusieurs chapitres.

Une nuit, Gabriel se couche, s’endort et ne se réveillera jamais, ou plutôt si, mais dans l’autre monde, devenu âme errante. De chez les vivants, une médium qui vient à sa rencontre, Lucie Filippini, apprend à Wells qu’il est mort. Ce dernier finit par comprendre qu’il a été assassiné, empoisonné. C’est dit. Wells n’aura de paix que lorsqu’il découvrira qui l’a tué.

Débute alors une enquête complexe menée par le plus improbable des duos d’enquêteurs : une vivante qui communique avec les morts aussi aisément qu’avec des amis qui boivent un verre dans un bar, et un mort, fantôme, âme errante qui ira de surprise en surprise jusqu’à ce qu’il découvre que son assassin est le personnage le plus improbable qui soit.

Vous reconnaîtrez aisément la signature de Werber. Si vous avez lu LA TRILOGIE DES FOURMIS, vous vous demanderez peut-être dans quel monde vous avez atterri. L’après-vie imaginé par Werber rappelle une énorme machine administrée par des fonctionnaires. Je souhaitais au moins un brin d’originalité comme dans les THANATONAUTES ou une certaine essence dramatique comme dans le PAPILLON DES ÉTOILES mais j’ai été déçu.

Werber a misé sur la spontanéité allant jusqu’à exploiter l’écriture automatique, ce qui a donné un récit sans style, une histoire abracadabrante, tirée par les cheveux, sans direction, sans matière à réflexion avec peu ou pas d’essence philosophique et une finale fabulée et sans saveur. À la rigueur, c’est délirant, au pire, ennuyant.

L’ouvrage a quand même des points forts. Je pense à son humour…parfois lourd, parfois noir… : *Le monde est ironique. Je suis mort au moment même où j’avais décidé de rester en vie le plus longtemps possible…* (Extrait) parfois de nature à alléger un peu le texte… : *Cela fait partie des petits inconvénients d’être mort, on ne peut pas demander d’autographes aux célébrités qu’on rencontre dans l’au-delà. (Extrait)

Autre élément encore plus intéressant, l’histoire est développée dans l’univers des écrivains et de la littérature. Werber ne se gêne pas pour faire la promotion du livre en disant, par la bouche d’un de ses personnages que TOUTES les littératures sont dignes d’être défendues en partant du principe qu’aucun livre n’est foncièrement mauvais surtout si on applique un juste rapport de forces et de faiblesses. Ce n’est pas pour me déplaire.

Pour terminer, j’ai beaucoup aimé le clin d’œil fait par l’auteur à ces critiques littéraires tout droit sortis de la cuisse de Jupiter, pontifiants et imbus et qui oublient que le public a le dernier mot. Par exemple, les critiques en général ont plutôt levé le nez sur l’œuvre de Werber. Pourtant, Werber est un des auteurs français les plus lus dans le monde.

Il y a une petite odeur de règlement de compte mais quand-même, Bernard Werber continue de s’interroger sur les mystères de la mort et le don de médiumnité mais il le fait dans DEPUIS-L’AU-DELÀ avec une telle légèreté que ça frôle la dérision. Il y a quelques trouvailles, une suite dans les idées mais peu de profondeur et des personnages pas très fouillés. Le livre n’est pas sans qualité mais Werber a montré qu’il pouvait faire beaucoup mieux. Quant à la version audio, j’ai trouvé la narration de Karine Obin,  ennuyante et soporifique. Rien pour mettre le récit en valeur.

Suggestion de lecture : L’ÉTRANGE DISPARITION D’AMY GREEN, de S.E. Harmon

Bernard Werber fait ses premières armes dans un journal de Cambrai aux rubriques en tout genre, avant de gagner le prix de la fondation News du meilleur jeune reporter qui lui permet de financer son premier vrai grand reportage. A son retour, il devient journaliste scientifique au Nouvel Observateur où il reste 7 ans. Son enquête sur les magnans va lui inspirer son premier roman, Les Fourmis, qui connaît dès sa sortie en 1991, un succès immédiat. Succès qui ira croissant au fur et à mesure de la parution de ses livres (près d’une vingtaine : romans, nouvelles, pièce de théâtre…). Les livres de Bernard Werber sont traduits dans une trentaine de langues.

Bonne lecture
Bonne écoute
Claude Lambert

JÉRÔME ET SON FANTÔME, de Sylvie Brien

Version audio

*Oui ! Des fous, mon petit Arnaud. Des fous drôles,
mais aussi des fous méchants, des fous tristes, des
fous malheureux. Je les vois. Là ! comme piégés
dans le temps…attends que je te raconte encore…)
(Extrait : JÉRÔME ET SON FANTÔME, de Sylvie Brien,
Dominique et compagnie Éditeur, 2016, papier, 200
pages. Version audio : Dominique. Audible 2018, durée
d’écoute :2 heures 58 minutes. Narrateur : Pierre Corriveau)

À la mort de son père, au début des années 60, Jérôme, 12 ans, est hébergé avec sa famille chez ses grands-parents. Il découvre avec surprise que le village qu’ils habitent est peuplé de personnages tous plus étranges les uns que les autres. Cela n’empêchera toutefois pas le jeune garçon de se faire de nouveaux amis, dont un « jeune » fantôme qui lui fera vivre d’incroyables aventures… soit dit en passant, le tome 2 est prometteur…

Les idées folles de Jules
*Moi qui croyait qu’un fantôme, c’était transparent,
vaporeux et effrayant. J’avais eu toute une surprise.
À vrai dire, à le voir, j’aurais jamais pensé que
Jules puisse être un revenant en chair et en os.
<Pourquoi es-tu venu ici> demandais-je au
spectre…*
(Extrait)

Le vieux Jérôme raconte un épisode très important de sa vie à son petit fils Arnaud. Jérôme remonte le temps de plus de cinquante ans, jusqu’en 1962 alors qu’il a 12 ans. Après la mort de son père, Jérôme s’installe chez ses grands-parents et c’est alors qu’il est témoin d’évènements bizarres, disons plus intrigants que méchants : une bicyclette qui prend sa place toute seule par exemple ou des poubelles qui lévitent jusque dans la rue.

Jérôme est amené à comprendre qu’il s’agit là de l’œuvre d’un fantôme qui ne veut pas se montrer. Jérôme surmonte sa peur et finira par convaincre le spectre de se montrer et d’expliquer pourquoi il lui rend des services. Et finalement le fantôme finit par se montrer.

Surprise, il s’agit d’un jeune garçon de 12 ans, le même âge que Jérôme. Il s’appelle Jules. Il semble ne pas comprendre qu’il est mort. Jérôme lui explique la triste réalité et Jules demande à Jérôme de découvrir comment il est mort, pourquoi, et où est son corps.

C’est alors que Jérôme se lance dans une quête extraordinaire et certaines alliances l’aideront beaucoup dans sa démarche, Avec le curé par exemple, le ptit dur de l’école Gaston et même le fossoyeur qui en sait pas mal long et il y a bien sûr Jules dont l’aide sera précieuse. Jérôme mettra au jour une vérité aussi incroyable que l’aventure qu’il est en train de vivre.

La question est de savoir si Jules pourra enfin reposer en paix. Aux jeunes lecteurs d’en faire la découverte. J’ai beaucoup aimé cette petite histoire que Sylvie Brien a développé avec une belle retenue : pas d’artifice, pas de violence, un peu de frissons et de mystère. Elle laisse les jeunes lecteurs avec l’idée qu’il est possible que les fantômes existent, qu’on peut y croire ou non.

Il ne faut pas non plus avoir peur des fantômes. Un mystère n’est pas forcément aussi épais qu’il en a l’air. L’histoire réunit donc des éléments qui plaisent aux jeunes lecteurs de 10 à 14 ans : de l’intrigue, du mystère et de l’humour. L’histoire s’appuie aussi sur de belles valeurs : l’amitié, l’entraide, l’esprit d’équipe et la tolérance qui manque tant à la Société.

J’ai été captif de cette histoire pour deux raisons en particulier : d’abord la galerie de personnages. J’ai accueilli chaleureusement Jérôme dès le départ, un petit débrouillard astucieux et persévérant et puis Jules que j’ai accueilli presque comme un petit fils et pour lequel j’ai développé une empathie qui m’a gardé dans l’histoire jusqu’à la fin. Eh oui, je dirais que Jules m’a forcé à lire l’histoire d’une traite…Aucun regret.

Je ne ferai pas le tour de tous les personnages mais plusieurs m’ont fasciné, en particulier Gaston, le ptit dur que tout le monde craint. J’ai redécouvert que ce genre de personnage cache du bon qui finit par ressortir. La deuxième raison de mon engouement est ce retour aux années 60 dont l’atmosphère est magnifiquement recréée.

Mes petits bémols maintenant… les filles n’ont aucun rôle dans cette histoire à part peut-être celui de chipies, l’enseignante acariâtre et les cadorette par exemple. J’ai rapidement développé l’impression qu’il manquait quelque chose. Les parents aussi n’ont pratiquement aucun rôle.

Ça nous éloigne d’une réalité quand même importante si on tient compte du fait que l’histoire se déroule dans les années 60, une époque où les familles prévalent plus qu’aujourd’hui.

Enfin j’ai écouté la version audio et j’ai été un peu déçu par la narration de Pierre Corriveau qui a eu de la difficulté à trouver le ton juste. J’aurais préféré qu’il se laisse aller un peu plus en utilisant l’accent que laisse supposer l’écrit. Heureusement, Pierre a une voix magnifique et c’est pour moi une belle compensation.

C’est un récit idéal pour pousser les préados à la lecture à cause de l’émotion qui se dégage de l’histoire et d’un amalgame de fantastique et des réalités de l’adolescence. À la fin du récit, tout est en place pour une suite prometteuse. Moi j’ai aimé, ce qui laisse à penser qu’il n’y a pas d’âge pour lire un livre-jeunesse.

Suggestion de lecture : LE CHÂTEAU DES FANTÔMES de Sophie Marvaud

Juriste et notaire de formation, Sylvie Brien se consacre entièrement à l’écriture dans les années 2000. Publiée au Canada et en France par plusieurs éditeurs, elle est Membre de l’Union des Écrivaines et Écrivains du Québec et anime des rencontres littéraires pour le programme Culture à l’école. En 2005, son roman La Fenêtre maléfique est choisi pour l’événement Montréal capitale mondiale du livre (UNESCO). Elle remporte en 2018 le prix littéraire de l’AQPF avec son roman 16 ans et Patriote.

La suite 

Bonne écoute
Claude Lambert

LE CHÂTEAU DES FANTÔMES, tome 1

LA MOMIE DU PHARAON

Commentaire sur le livre et la série de
SOPHIE MARVAUD

*Au cours de leur vie, ils ont fait une très grosse bêtise.
Quand ils étaient vivants, cette bêtise les empêchait de
dormir. Maintenant qu’ils sont morts, son souvenir les
empêche de s’envoler vers le pays du repos souriant.
De toutes leurs forces, ils espèrent que quelqu’un
viendra les délivrer.
(Extrait : LE CHÂTEAU DES FANTÔMES, 1- LA MOMIE DU
PHARAON, Sophie Marvaud, Édition Adabam 2013, 2e édition,
édition numérique, 88 pages, litt. Jeunesse, 6-8 ans)

Il se passe des choses dans le mystérieux Château des Ombres, où vivent Cléo, Balthazar et Grodof, Chaque soir, à minuit, sept fantômes apparaissent dans le donjon de l’aile nord. Cette nuit, alors que les enfants et le chien espionnent les fantômes, l’un d’eux dépose un objet au bas de l’escalier. Une couronne de pharaon ! En une seconde, ils se retrouvent tous les trois en pleine Égypte ancienne, à l’époque des pyramides et des momies. Ils y retrouvent Le jeune prince Maïherpéra, désespérément à la recherche de ses vrais parents…

 

De l’or pour les premiers lecteurs
*-Voyons Cléo ! Les livres n’ont pas encore été
inventés ! Les Égyptiens utilisent du papier
épais fabriqué à partir d’une plante, le papyrus.
Ils les collent les unes à la suite des autres pour
en faire des rouleaux. *
(Extrait)

LE CHÂTEAU DES FANTÔMES est une série de petits livres publiés par Adabam éditeur e  dont la mission est de contribuer à l’éducation des premiers lecteurs et premières lectrices d’une façon ludique et divertissante en offrant des livres adaptés (déchiffrage, aide à la lecture et à l’orthographe) et des romans jeunesse qui initient les enfants à l’histoire et au fantastique…

La mise en scène de départ est la même partout. C’est le fil conducteur de la série : chaque nuit, dans le château des fantômes, Cléo, Balthazar et leur chien Grodof espionnent les fantômes. Un de ces fantômes dépose par terre un objet magique. Évidemment, nos amis ne peuvent s’empêcher d’y toucher et, ce faisant, sont propulsés dans le passé, à une époque ayant un lien direct avec l’objet abandonné par le fantôme.

Pour revenir chez eux, les jeunes n’ont qu’une condition à remplir : sauver un fantôme. Ainsi, les premiers lecteurs et premières lectrices vivront toutes sortes d’aventures à des époques variées.

Dans le premier tome de la série LE CHÂTEAU DES FANTÔMES, LA MOMIE DU PHARAON, l’objet que laisse tomber le dernier des fantômes tirant son boulet est une couronne de pharaon. En y touchant, nos amis sont immédiatement propulsés dans l’ancienne Égypte des pharaons et arrivent face à face avec une momie. Puis ils font la connaissance d’un adolescent tourmenté par le fait qu’il ne connait pas ses parents. Il a en effet été découvert, nouveau-né devant la porte du palais royal et a été adopté.

Cléo et Balthazar comprennent le sens de leur mission : identifier les parents de l’adolescent appelé Maïerpera et réunir la famille. Durant leur enquête, ils apprendront un tas de choses intéressantes :

J’ai trouvé la présentation tu tome 1 impeccable et même invitante pour les enfants. On y trouve une présentation des jeunes personnages, une présentation sommaire du Château des fantômes et quelques petites explications sur les mystères qui l’animent, une brève introduction, un développement clair, fluide et rythmé, et à la fin, un petit glossaire qui donne la définition des mots qui pourraient être compliqués pour les enfants.

Aussi, je suis sûr que les enfants apprécieront les superbes illustrations de Céline Papazian. La page couverture à elle seule est un petit chef d’œuvre.

Tout est réuni pour rendre la lecture des enfants confortable : des lettres grosses, des chapitres courts et ventilé, de belles illustrations, un petit lexique, une belle présentation chaude et attirante. Le récit comprend une caractéristique généralement appréciée des premiers lecteurs : une touche de mystère, de fantastique…pourquoi pas des fantômes qui s’essoufflent à traîner un boulet : *En montant l’escalier en colimaçon, ils s’énervent contre le boulet qui les tire en arrière* (Extrait)

Dans LA MOMIE DU PHARAON les jeunes vont apprendre des choses très intéressantes sur l’Égypte antique, les traditions, la mode vestimentaire, la royauté et la mentalité aussi, celle par exemple qui veut que les Égyptiens fortunés passent une grande partie de leur vie à préparer leur mort. Ça explique entre autres la présence des pyramides. Instructif, intéressant, attrayant. Je pense que les premiers lecteurs et premières lectrices seront intéressés par la suite.

Suggestion de lecture : LES BRAVOURES DE THOMAS HARDY, de Philippe Alexandre

Sophie Marvaud  est l’auteure de nombreux romans historiques pour adolescents, dont les séries à succès : LE SECRET DES CARTOGRAPHES (Le livre de poche et Plon jeunesse) et SUZIE LA REBELLE (Nouveau Monde éditions). Chez Hachette éducation, elle collabore à la collection TOUS LECTEURS : ADIEU POIMPÉI. Sophie Marvaud a aussi adapté le fameux WINX CLUB pour la bibliothèque rose. LE CHÄTEAU DES FANTÔMES donne à Sophie Marvaud l’opportunité d’associer culture et divertissement, ce qu’elle fait avec beaucoup de talent.

À lire dans la même série

Bonne lecture
Claude Lambert
le samedi 21 mai 2022

GHOST STORY, best-seller de Peter Straub

*J’étais atterré et je regardai soudain son beau visage avec un effroi incrédule. L’XXX n’était pas seulement un groupe de dingues californiens se déguisant avec des robes de mage, ils étaient à proprement parler effrayants. On les savait d’une cruauté confinant à la sauvagerie.*

(Extrait: GHOST STORY, Peter Straub, 1979, présente version: Bragelonne 2013, édition numérique, 640 pages)

Dans une sinistre petite ville appelée Milburn, dans l’état de New-York, quatre vieux amis passent leurs soirées à se raconter de terrifiantes histoires de fantômes. Avant, ils étaient cinq, mais le cinquième est mort dans des circonstances très étranges et il avait toutes les apparences de quelqu’un mort de peur. Depuis, aucun des trois autre n’échappe aux terribles visions qui hantent leurs nuits. Entre créatures mythiques et esprits vengeurs tout droit sortis de leurs récits d’horreur, ils découvrent bientôt que la pire des monstruosités est en réalité issue de leur propre passé…un secret…un terrible secret…

Celui qui manque
*Lorsqu’il finit par trouver le courage
d’aborder Sears James (qui l’avait
toujours terrifié), il se mit à parler
d’assurances, comme s’il était sous
le coup d’une malédiction. Après la
découverte du corps d’Edward
Wanderley, il rentra piteusement chez
lui, comme les autres incités.*
(Extrait: GHOST STORY)

J’avais déjà lu LE TALISMAN DES TERRITOIRES que Peter Straub a coécrit avec Stephen King. Mais là, j’étais curieux de savoir comment Straub se débrouillait en solo. J’ai choisi de lire un de ses premiers grands romans, le premier vrai je crois : GHOST STORY, initialement traduit sous le titre LE FANTÖME DE MILBURNE.

On ne peut pas nier l’influence de King mais je trouve que Straub a une façon bien à lui d’entretenir une atmosphère glaciale et inconfortable qui fige l’attention du lecteur. Je n’ai pas été déçu. Même si le rythme du récit est désespérément lent, GHOST STORY demeure un roman d’horreur qui fait ressentir au lecteur une ambiance surnaturelle constante et qui explose à la fin. 

J’ai trouvé l’ensemble original : À Milburn, quatre hommes âgés se réunissent ponctuellement pour se raconter des histoires… à tour de rôle…*Leurs histoires avaient d’ailleurs tendance à devenir de plus en plus horribles. Chaque fois qu’ils se retrouvaient, ils se faisaient peur mais ils n’en continuaient pas moins à se voir parce que cesser de le faire eût été encore plus effrayant. * (Extrait)

John Jaffrey, médecin, Sears James et Ricky Hawthorne, avocats et Lewis Benedickt, promoteur à la retraite ont formé un petit groupe baptisé pompeusement la chowder Society.

Là où ça devient intriguant c’est qu’avant les quatre amis étaient…cinq. Il y a un an, lors d’une fête organisée par Jaffrey, Edward Wanderley est mort. La terreur la plus pure s’affichait sur son visage. Il était clair que Wanderley est mort de peur. Cette mort a ébranlé la Chowder Society jusqu’à leur en faire perdre le sommeil.

La Chowder Society détiendrait-elle la clé du mystère…*Ils ressentaient de la tristesse, de la colère, du désespoir, de la culpabilité*. (Extrait) Cette hantise allait bientôt propulser chaque membre du petit groupe dans une incroyable histoire de fantôme et de réincarnation. 

C’est un roman très long, plus de 625 pages. Il faut apprivoiser son contenu, car pour ce qui est de s’étendre sur la psychologie et la personnalité des personnages, Straub n’est pas vraiment différent de King.

Tout est dans l’atmosphère, le non exprimé, l’épouvante qui s’installe graduellement jusqu’à nouer les tripes et une capacité de l’auteur à lancer au lecteur un défi quant à séparer le réel de l’imaginaire :

*Je ne sais plus ce qui est réel de ce qui ne l’est pas, pensa-t-il avant de sortir. L’inconnu-le neveu de M. Wanderley- se tenait à l’entrée du living. –Pour vous dire la vérité, ce qui m’intéresse en ce moment, c’est ce qui distingue l’imaginaire de la réalité.* (Extrait)

Donc ce qui pourrait être un irritant non négligeable pour les amateurs de romans d’horreur, c’est la lenteur du rythme, de l’évolution du récit, par moment, l’action se dissout. Le fil conducteur du récit rappelle la pieuvre, c’est-à-dire qu’il prend des directions dont beaucoup de lecteurs se passeraient volontiers.

J’ajouterai un peu à l’intrigue en vous disant que tout change et s’accélère dans le récit à partir de l’apparition du lynx. Je vous laisse le plaisir de découvrir pourquoi. Je peux juste vous dire que dans mon entourage, on aurait pu me croire ligoté à mon siège. 

GHOST STORY est une brique qui se divise en trois parties : le premier quart du volume se concentre sur l’introduction à cette atmosphère malsaine qui s’installe graduellement sur Milburn et à la Chowder Society. Dans les deuxième et troisième quarts, l’écriture est très lente et farcie d’intrigues secondaires.

C’est tout de même dans cette partie centrale qu’est développée la psychologie des personnages qui amènera plus tard dans le récit des éclaircissements sur la peur qui les envahit. Dans le dernier quart, l’épouvante atteint son paroxysme. Le rythme s’accélère jusqu’à devenir haletant. La finale est fort bien travaillée. La lecture devient adidictive.

On ne peut pas critiquer un roman d’horreur car il n’y a pas deux perceptions semblables. Ce que je peux vous dire amis lecteurs, amies lectrices, c’est que, très souvent en littérature, la patience est récompensée. 

Je comprends maintenant pourquoi GHOST STORY a valu à son auteur l’envol d’une carrière riche et productive

Suggestion de lecture : FANTÔME EN HÉRITAGE, d’Annie Jay (littérature jeunesse)

Peter Straub est né en 1943 à Milwaukee dans le Wisconsin. Travaillant à Dublin sur sa thèse de doctorat, il écrit son premier roman, Marriages, avant de se tourner vers le fantastique. Julia et Ghost Story, best-sellers aussitôt adaptés au cinéma, vont faire de lui l’un des pères fondateurs de la terreur moderne.

Refusant de se laisser enfermer dans le genre qui a fait son succès, il explore de nouvelles directions avec Dragon flottant et Shadowlands, écrit Le talisman avec son complice Stephen King.

Aujourd’hui revendiqué à la fois par les amateurs de fantastique et les inconditionnels du polar qui saluent KokoMystery ou La gorge, de véritables chefs-d’œuvre, il est aussi un virtuose du texte court, ainsi qu’en témoignent les nouvelles réunies dans Sans portes, ni fenêtres ou Magie de la terreur. (lisez.com)

 Ghost story au cinéma


Ghost story a été adapté au cinéma en 1982 par le réalisateur américain John Irving. Le titre anglais demeure GHOST STORY et en français : LE FANTÔME DE MILBURN. Le film, inspiré de l’œuvre de Peter Straub a été scénarisé par Lawrence D Cohen. On retrouve dans la distribution John Houseman, Douglas Fairbanks Jr, Melvyn Douglas et l’excellent Fred Astaire dans le rôle de Ricky Hawthorne.

 

Bonne lecture
Claude Lambert
le dimanche 20 juin 2021

FANTÔME EN HÉRITAGE, livre d’ANNIE JAY

*J’étais si terrifié que j’ai essayé en vain de crier,
j’étais comme paralysé. Et elle, elle me regardait
d’un air calme. Moi aussi je la regardais, et même
que je voyais au travers de son corps.*
(extrait de FANTÔME EN HÉRITAGE, Annie Jay,
Hachette Livre, 1997, 2003 et 2006, éd. Num.
70 pages, Hachette jeunesse)

Ce récit est l’histoire de Brice, un jeune garçon de 12 ans qui s’installe avec sa mère dans une très ancienne maison, héritage de l’arrière- grand –oncle Joseph. En héritant de la maison, Brice se rend compte très vite qu’il a aussi hérité d’un fantôme qui l’habite : elle s’appelle Constance, tuée par Joseph pour son héritage et enterrée en secret. Ce fantôme frustré, capricieux, malin et têtu est bien décidé à mener la vie dure à Brice jusqu’à ce qu’elle obtienne justice ainsi qu’un enterrement digne du titre.

Brice accepte (a-t-il le choix?) d’aller au fond de cette affaire ne serait-ce que pour se débarrasser de cette peste. Il sera aidée par sa grand-mère, Blanche, appelée à juste titre Mamie Bazooka, une drôle de femme, farfelue et extravagante. Premier objectif pour Brice : surmonter sa peur. Ensuite, trouver le corps de Constance…rien de facile…

LA PESTE TRANSPARENTE
*-Je les ai hantés du soir au matin et
du matin au soir, fit en riant
l’intéressée. L’avantage pour les
fantômes, c’est qu’il n’existe ni
jour, ni nuit!
(extrait de FANTÔME EN HÉRITAGE)

Comme tous les humains sont confrontés tôt ou tard à des histoires de fantômes, dans les livres, à la télé, au cinéma ou dans la tradition orale, et même paraît-il dans la vraie vie, autant commencer de bonne heure avec délicatesse, sensibilité et même, pourquoi pas, de l’humour. C’est ce que propose Annie Jay aux jeunes à partir de 8 ans.

Les parents peuvent se rassurer, c’est tout à fait sans danger. Le seul risque est celui de vous faire poser beaucoup de questions. À vous de satisfaire l’insatiable curiosité des jeunes avec discernement et faites comme madame Jay…ajoutez-y de l’humour.

Dans ce petit livre de moins de 75 pages, aisé à lire, tous les ingrédients sont réunis pour faire passer de bons moments aux enfants : des jeunes personnages attachants, une mamie extravertie et extravagante avec des cheveux rouges et des vêtements aux agencements de couleurs plutôt loufoques (et c’est pas pour rien qu’elle se fait appeler MAMIE BAZOOKA…imaginez…une grand-mère d’âge très respectable…en mini-jupe) et surtout, le fantôme d’une jeune fille d’une quinzaine d’années…

Le fantôme dont il est question dans cette petite histoire n’est pas vraiment méchant, mais c’est une peste, capricieuse, entêtée et collante. Il faudra un bel esprit d’équipe de Brice, le jeune personnage principal de l’histoire, et de ses amis, y compris l’excentrique Mamie Bazooka pour se débarrasser de cette peste.

Annie Jay est surtout spécialisée dans les romans historiques pour la jeunesse. FANTÔME EN HÉRITAGE est un essai dans le vaste domaine littéraire du fantastique pour les jeunes lecteurs et lectrices. Mon avis est que c’est bien essayé. Elle a bien saisi tout l’état d’esprit d’un enfant, son goût en éveil pour le mystérieux, les petites intrigues, l’aventure.

FANTÔME en héritage est une belle petite histoire écrite avec sensibilité,  pleine de rebondissements et de rythme et développant des thèmes précieux pour les jeunes : l’esprit d’équipe, l’amitié et le courage qui consiste d’abord à surmonter sa peur.

Un bon ptit livre.

Suggestion de lecture : GHOST STORY, de Peter Straub

Annie Jay (1957-) est une auteure française spécialisée dans les romans historiques destinés à la jeunesse. FANTÔME EN HÉRITAGE est une petite déviation dans la carrière de l’auteure qui tente un essai dans le mystère et le fantastique. Annie Jay est le passionnée d’histoire et motivée par l’objectif de transmettre aux jeunes le goût de la lecture. À ce jour, elle a publié 14 romans LA FIANCÉE DE POMPÉI, publié en 2013. Pour en savoir plus sur Annie Jay, consultez son site officiel : http://anniejay.com

BONNE LECTURE
JAILU/Claude Lambert
MAI 2015