LES AVENTURES OCCULTES DE LADY BRADSLEY

Commentaire sur le livre de
OLIVIER SARAJA

*…Lady Bradsley soupira de soulagement. Le bandage autour de sa main témoignait du sang qu’elle avait scarifié pour sceller l’âme errante dans un bijou, désormais sous la protection des eaux calmes de la mer de chine. *
(Extrait : LES AVENTURES OCCULTES DE LADY BRADSLEY, 1904-1916, Olivier Saraja, Les Éditions du 38, 2019. 343 pages. Format numérique pour la présente.)

Lady Bradsley est une jeune veuve douée de talents particuliers : elle parle aux morts et décrypte les souvenirs qui imprègnent les lieux qu’elle visite. Elle sillonne le monde du début du XXe siècle, en proie aux rivalités coloniales pour résoudre les mystères occultes qui s’offrent à elle. Mais tandis que le spectre de la première guerre mondiale se profile, comment gèrera-t-elle sa malédiction personnelle ? En effet, Lady Bradsley est elle-même hantée par Henry, le fantôme de son mari, dont l’amour est si fort qu’il transcende les frontières entre les mondes. cette intégrale rassemble cinq aventures. Le monde et ses mystères occultes ne sont pas assez grands pour les talents médiumniques de Lady Bradsley !

Le paranormal de par le monde
*L’activité surnaturelle se montrait telle
que lady Bradsley ne pouvait plus ignorer
cette autre réalité qui se superposait à son
regard. *
(Extrait)

Ce livre est un recueil d’aventures occultes. C’est la première fois que je lis ce genre de livre et j’y ai pris goût dès la première nouvelle. J’ai trouvé le tout intéressant voire original. L’héroïne de ces aventures est Lady Bradsley, une jeune aristocrate, veuve. Lady Bradsley est une spirite, une occultiste. On peut dire aussi voyante même si ça va un peu plus loin.

Elle a un don particulier : elle voit les âmes, ce qui est courant chez une voyante mais surtout, elle perçoit leur détresse, alors que, n’ayant pas repérer ou suivi la lumière, ces âmes errent entre ciel et terre. Parmi ces âmes, il y a celles de son mari, Lord Henry Bradley qui intervient dans chaque aventure, la plupart du temps pour protéger sa femme. Autre élément intéressant qui revient au fil des nouvelles, Lady Bradsley est enceinte d’Henry…une grossesse qui ne finit pas de finir et qui connaîtra un terme spécial…à découvrir.

Enfin, ce qui amène Lady Bradsley à se frotter au monde ectoplasmique à chaque nouvelle, tient au fait qu’elle dirige une petite entreprise d’investigation en occultisme qui lui fait faire presque le tour du monde pour résoudre des mystères occultes, envoyée par les grands de ce côté-ci de l’univers, dont la Couronne Britannique.

Passionnant à suivre d’une nouvelle à l’autre, ce livre n’est pas sans créer dans l’esprit du lecteur des images classiques mais toujours impressionnantes auxquelles nous ont habitué des séries comme POLTERGEIST ou SOS FANTÔMES : apparition d’ectoplasmes, baisses spectaculaires de température, télékinésie, lévitation, apparition d’horribles créatures visqueuses et dégoûtantes, satanisme et j’en passe. Tout ça c’est du déjà vu évidemment mais l’originalité de ces aventures tient dans les interactions entre Lady Bradsley, le monde des esprits et les interventions de l’esprit de son mari, l’infatigable Henry.

J’ai trouvé aussi très intéressant de passer d’un pays à l’autre et à cet égard, le livre est très bien documenté, en particulier sur les traditions, le folklore et les différentes approches du domaine paranormal, superstitions, cultes obscurs et j’en passe. J’ai particulièrement apprécié ce moment passé dans la capitale des Mille et une nuits.

C’est en effet à Bagdad que j’ai vraiment appris à connaître Lady Bradsley qui a elle aussi ses petits secrets et mystères mais qui demeure toujours attachante. Tout comme Henry d’ailleurs, une espèce de grand garçon hyper-protecteur qui continue d’être amoureux fou, même dans son univers occulte.

C’est un bon petit bouquin. L’écriture est fluide mais efficace. C’est-à-dire qu’elle fournit les émotions auxquelles on s’attend lorsqu’il est question de paranormal et de surnaturel, la peur en particulier et ce, que vous croyiez aux fantômes ou pas.

* Surpris par le contact spirituel, l’animal spectral interrompit son geste, mimé par son simulacre sur le plan matériel, leurs deux formes désormais superposées à la vision mystique de la Britannique. La jeune femme supposait que le revenant auquel elle faisait face était le responsable de la triste réputation de la région. * (Extrait) Suivre Lady Bradsley est je crois, s’offrir un agréable voyage.

Suggestion de lecture : NOUVELLES FANTASTIQUES DU XIXe SIÈCLE, collectif

Passionné de science-fiction, de fantastique et de fantaisie, Olivier Sajara a toujours été attiré par les univers imaginaires. Après avoir contribué à l’âge d’or du jeu de rôle en France, il s’est consacré à la découverte de logiciels libres au travers du système d’exploitation GNU/Linux.

Son enthousiasme pour les images numériques (Point à point, vectoriel, synthèse) l’a conduit à écrire de nombreux articles de presse sur ces sujets ainsi qu’un ouvrage de référence sur le principal logiciel libre d’animation et de création d’images de synthèse. Aujourd’hui, à travers ses écrits plus fictionnels, il essaie d’explorer la face sombre de l’humanité pour susciter réflexion, espoir, mais surtout divertissement.

Contenu dans l’intégral

Bonne lecture
Claude Lambert
le samedi 17 juin 2023

FIN DE RONDE, le livre de STEPHEN KING

*…je vais vous dire un truc que je dirais jamais si j’étais sobre. J’aimerais que Babineau le tue. Qu’il lui injecte un truc vraiment toxique et qu’il le fasse dégager.
Parce qu’il me fait peur…il nous fait peur à tous.*
(Extrait : FIN DE RONDE, Stephen King, Albin Michel 2017 pour la traduction française, 460 pages, éd. Numérique)

Dans la chambre 217 de l’hôpital Kiner Memorial, Brady Hartsfield, AUTEUR DU MASSACRE À LA MERCÉDÈS QUI A FAIT HUIT MORT, git dans un état végétatif depuis sept ans, soumis aux expérimentations du docteur Babineau. Mais derrière son regard fixe, Brady est bien vivant et capable de commettre un nouveau carnage sans même quitter son lit. Comprenons-nous bien : QUELQUE CHOSE DANS LA CHAMBRE 217 DU SERVICE DES TRAUMATISMES CÉRÉBRAUX DE LA CLINIQUE RÉGIONALE VIENT DE SE RÉVEILLER…QUELQUE CHOSE DE MALÉFIQUE…

AVANT-PROPOS :

TÉLÉKINÉSIE : D’après le dictionnaire de l’internaute.com, la télékinésie est une faculté paranormale de déplacer un objet par la seule pensée. Wikipédia parle de psychokinèse ou psychokinésie présentée comme une hypothétique faculté métapsychique d’agir directement sur la matière, par l’esprit.

SUBLIMINAL : Une perception subliminale est une perception qui se situe en dessous du seuil de la conscience. Un message subliminal peut ainsi être transmis à une personne sans que celle-ci en ait conscience. Dans le sens strict du terme la perception subliminale est limitée au stimulus trop faible ou trop rapide pour être traité consciemment.

UN LÉGUME QUI TUE
*«Une voiture. Elle est passée sur la foule
comme une tondeuse à gazon. Le putain
de taré m’a manqué de peu. Je sais pas
combien il en a fauché…»*

En matière de lecture, j’ai plutôt tendance à élargir mes horizons avec de nouveaux auteurs, des styles différents. Il m’arrive toutefois régulièrement de revenir à mes auteurs fétiches et parmi ceux-ci : Stephen King. Mon choix s’est porté sur un titre récent : FIN DE RONDE qui vient compléter la trilogie après Mr MERCEDES et CARNETS NOIRS et qui vient fermer le cycle BILL HODGES, INSPECTEUR À LA RETRAITE.

Voyons voir d’abord le contenu. Ceux qui ont lu la trilogie se rappelleront que Brady Hartsfield, ce fou dégénéré a hérité d’une chaussette pleine de billes d’acier que Holly lui a porté en plein sur le crâne avec un maximum de force. Résultat, Brady se retrouve à l’hôpital à l’état de légume.

Tout le monde le croit fini, mais non, il se réveille le gentil monsieur avec la même idée encore plus folle qu’avant : pousser des jeunes au suicide. Il se découvre un don pour la télékinésie et un autre don, autrement plus dangereux, celui de faire migrer son esprit dans un autre corps afin d’en prendre le contrôle. Brady a beau jeu de provoquer de nombreux suicides en utilisant l’hypnose par le biais d’un jeu électronique appelé Fishin’Hole.

J’ai été un peu déçu du fait que King a versé plus dans l’intrigue policière avec une trame très complexe, pénible par moment. L’ensemble est plutôt lourd et manque de fluidité. Il y a une grande quantité de personnages et le fil conducteur souffre de précarité. Le lien entre Brady, le jeu vidéo et le joueur potentiellement suicidaire n’est pas établi clairement. Il y a des longueurs et il est facile de se perdre dans ce pavé de 500 pages.

Le livre comporte toutefois beaucoup de forces dont une des principales caractéristiques de Stephen King, celle de travailler ses personnages, de les approfondir, de leur attribuer des défauts, des qualités, un passé, une mentalité. King tend à rendre ses personnages réels avec un maximum de sincérité en particulier pour Bill Hodges dont l’état de santé a le don d’inquiéter le lecteur.

Autre force importante liée au talent de Stephen King, c’est le brassage d’émotions qui caractérise ses ouvrages. FIN DE RONDE n’échappe pas à la règle : il y a Brady dont on voudrait tordre le cou et qui échappe continuellement aux limiers, Hodges dont la santé est plus que précaire. Je n’ai pas ressenti la peur comme je la ressens habituellement dans la bibliographie de King mais il a réussi à me faire passer par une gamme d’émotions.

Je dois ajouter à tout ça, que, outre une finale digne d’un des esprits les plus imaginatifs de la littérature, FIN DE RONDE n’est pas sans nous faire réfléchir sur le caractère addictif des jeux vidéo et sur les réseaux sociaux qui à mon avis échappent à tout contrôle comme internet d’une certaine façon. Il y a aussi matière à réflexion sur le suicide : 800 000 personnes meurent chaque année par suicide dans le monde.

Une statistique frappante dit que trois québécois s’enlèvent la vie chaque jour. C’est énorme. Le suicide n’est pas inné. Comme dans FIN DE RONDE, il est provoqué. Enfin, je veux préciser que les messages subliminaux existent. L’utilisation de cette technique a été criminalisée dans plusieurs pays.

Il est vrai que cette fois, King a versé davantage dans l’intrigue policière mais il l’a fait avec finesse et intelligence même s’il est parfois un peu difficile à suivre et bien sûr il a ajouté les ingrédients qui font que King demeure King : le mystère, le pouvoir psychique et le caractère authentique de ses personnages.

Pour toutes ces raisons, et je ne tiens pas compte du destin réservé à Bill Hodges et Brady Hartsfield, je recommande sans hésiter FIN DE RONDE…on ne pouvait trouver meilleur titre.

Suggestion de lecture : QUE S’EST-IL VRAIMENT PASSÉ, collectif

Pour tout savoir sur Stephen King, biographie, bibliographie, filmographie et les actualités entourant l’auteur, je vous invite à visiter le CLUB STEPHEN KING.

Je vous invite à lire les commentaires que j’ai écrit sur LA TOUR SOMBRE et 22/11/63, deux œuvres majeures de Stephen King.


BONNE LECTURE
Claude Lambert
Le samedi 30 novembre 2019

Faire des sciences avec Star Wars, ROLAND LEHOUCQ

*…Aussi nous sommes-nous posé la question
suivante : dans Star Wars, est-il possible de
faire la part de la science et de la fiction,
celle du rêve et de la réalité?*
(Extrait : FAIRE DES SCIENCES AVEC STAR WARS,
Roland Lehouck, ouvrage publié en 2005, remanié
et complété en 2015, Éditions LE BÉLIAL pour
l’édition numérique.)

Roland Lehoucq, astrophysicien et président des Utopiales, le festival international de science-fiction de Nantes décortique les dernières productions d’Hollywood pour démêler le vrai du faux, le crédible de l’incongru, la science de la pseudo-science. Et lorsqu’il a fallu s’attaquer à Star Wars, il y avait de quoi faire un livre entier.  FAIRE DES SCIENCES AVEC STAR WARS a été réédité 10 ans après. On pourra enfin savoir si la Force existe vraiment, comment est fait le sabre laser, peut-on détruire une planète entière en pesant sur des boutons comme ça s’est fait avec l’étoile noire. Beaucoup d’autres questions sont passées en revue…

LA TECHNOLOGIE DE LA FORCE
*Pour le plus grand bien de nos neurones,
nous allons donc nous livrer à une petite
analyse scientifique de Star Wars… «Que
la force soit avec vous!» vous risquez d’en
avoir besoin…*
(Extrait : FAIRE DES SCIENCES AVEC STAR WARS)

Nombreux sont les cinéphiles qui ont envahi les salles *obscures* pour venir chercher du rêve, de l’impossible, du spectaculaire et du grand déploiement dans une galaxie très très lointaine. C’est en tout cas le sentiment que j’ai personnellement quand je vais voir un film de science-fiction ayant le panache de Star Wars. Je viens dire à monsieur Lucas : «Surprenez-moi…montrez-moi de l’énorme…du gigantesque…de l’impossible…»

Impossible ? Vraiment ? Le professeur Roland Lehoucq a profité de cette réactualisation de la saga Star Wars pour publier une édition revampée et enrichie du livre qu’il a publié en 2005 : FAIRE DES SCIENCES AVEC STAR WARS. Dans ce livre, Lehoucq décortique la science déployée dans les deux trilogies de STAR WARS et la compare avec ce que la science actuelle peut faire.

Il sépare le possible de l’impossible, le rêve de la réalité…il sépare la science de la fiction et c’est surprenant ce qu’on peut arriver à faire sous certaines conditions. Toutefois, à ce stade de nos connaissances, le jeu n’en vaut peut-être pas la chandelle.

Quoiqu’il en soit, l’auteur isole les principaux grands thèmes, les explique scientifiquement, voit s’ils sont applicables maintenant ou explique ce qu’il manque pour qu’ils soient applicables. Ces thèmes sont La Force, le sabre laser, l’étoile de la mort, les vaisseaux et leur mode de déplacement et enfin, les planètes.


Pour ce que j’ai compris de la démarche de l’auteur, c’est qu’il utilise son expérience d’astrophysicien et sa science de la physique pour enquêter et tenter de répondre à des questions qu’on pourrait se poser comme par exemple : est-ce possible de fabriquer un sabre-laser? Et c’est quoi la Force? Est-ce que les Jedis commandent aux forces de l’univers au point de sortir un vaisseau spatial embourbé dans un lac et d’aller le stationner tranquillement bien au sec juste par la force de sa pensée?

Les thèmes développés et leurs liens avec l’une des séries les plus rentables de l’industrie cinématographique font de FAIRE DES SCIENCES AVEC STAR WARS un petit livre original. Il n’a qu’une centaine de pages ou presque, mais c’est un concentré de science relativement accessible.

Je dois dire que Roland Lehoucq a vraiment fait un très bel effort pour vulgariser ses propos scientifiques. Malgré cet effort, j’admets ne pas avoir tout compris. Je survolais et je plongeais quand un thème en particulier m’intriguait.

En général, les lecteurs et lectrices ne doivent pas s’attendre à tout saisir spécialement quand l’auteur verse dans des sujets scientifiques plutôt pointus comme la physique quantique, l’énergie ou les trous noirs, la théorie de Newton. Lehoucq savait tout cela et il a écrit son ouvrage en conséquence en y ajoutant de l’humour, ce que j’ai beaucoup apprécié et des exemples sélectionnés avec soin.

J’ai bien aimé ce livre en particulier parce que l’auteur sait que les cinéphiles voient en Star Wars un spectacle cinématographique avec les surprenantes prouesses du *gars des vues*. Jamais l’auteur n’a tenté de discréditer la magie de la pellicule. Il a simplement voulu démystifier les grands déploiements technologiques de la saga. Il ne m’a pas déçu.

Je n’hésite donc pas à recommander FAIRE DES SCIENCES AVEC STAR WARS, un titre qui va comme un gant à ce petit volume et qui pourrait bien vous donner le goût de revoir la saga avec un œil différent. Je rappelle que cette édition a été revue, augmentée, et le plus beau de l’affaire, elle est gratuite en format numérique.

Suggestion  de lecture : CERVEAU CORPS HUMAIN, questions réponses, par Science et vie

Roland Lehoucq est un écrivain et astrophysicien français né en 1965. Au moment d’écrire ces lignes, Roland Lehoucq publie essentiellement des livres de vulgarisation scientifique.

Il est surtout connu pour son livre FAIRE DES SCIENCES AVEC STAR WARS mais Il a aussi développé d’autres grands thèmes dans ses livres de vulgarisation comme D’OÙ VIENNENT LES POUVOIRS DE SUPERMAN et LES EXTRATERRESTRES EXPLIQUÉS À MES ENFANTS. À chacune de ses démarches d’écriture, Roland Lehoucq se pose d’abord toujours la même question : EST-CE POSSIBLE ?

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Bonne lecture
Claude Lambert
le dimanche 24 novembre 2019