HANDMAN, livre 1, DESTIN INDÉSIRÉ

Commentaire sur la BD de
QUENTIN LEFEBVRE

(Extrait : HANDMAN, par Quentin Lefèbvre, tome 1
DESTIN INDÉSIRÉ, édition originale, 2014, édition
numérique, 2018, 55 pages. Éditeur : Quentin
Lefebvre)

Mickael est un lycéen qui mène une vie tranquille. Un jour, par accident, il tombe et plonge ses mains dans un cours d’eau pollué, ce qui lui brûle les empreintes digitales. Il découvre alors, stupéfait, la force contenue dans ses mains a été radicalement modifiée : il peut les passer dans le feu sans se brûler, s’accrocher et même briser les murs sans peine ! Au lycée, le lendemain, il grave la trace de ses mains au sol en tombant dans des escaliers. Des élèves l’ont vu tomber, mais il s’enfuit sans qu’on voit son visage. Le journal du lycée parle de cet événement et surnomme le garçon qui a gravé ses traces de main au sol « Handman ». Personne ne sait que Mickael est Handman.

Dérangé par ses pouvoirs, peu courageux, voulant surtout garder une vie tranquille, le rôle de super-héros ne lui va pas. Il ne veut pas sauver le monde, combattre des méchants ou porter un costume moulant… Mais comment rester soi-même lorsque l’on a une force unique au monde ?

Un super héros réinventé

Il est plutôt rare que je fasse irruption dans l’univers de la bande dessinée. Mais, tout récemment, en bouquinant sur Youboox, j’ai découvert une chouette petite série signée Quentin Lefèbvre, un jeune auteur bédéiste français. Tout m’a attiré dans Handman, le dessin, le texte, la qualité des personnages et les petites leçons de vie semées un peu partout dans la série.

Mais ce que j’ai trouvé surtout original c’est que Mickael est un superhéros pas du tout intéressé à combattre les méchants et sauver le monde.  Si le superhéros du genre Marvel a toujours été populaire, rarement aura-t-il été crédible. Or, toute l’histoire de Handman repose sur un paradoxe : Mickael le superhéros est un garçon plutôt pusillanime qui tient à sa petite vie privée, tranquille, peinarde. Mais a-t-il le choix ?

C’est ainsi que Quentin Lefèbvre a imaginé toute une chaîne d’évènements pour faire évoluer son personnage…est-ce pour tendre vers une acceptation de sa condition ? Je vous laisse le découvrir.

J’ai trouvé cette série sympathique et chaleureuse malgré un certain dépouillement graphique qui semble d’ailleurs être voulu. Axé sur la simplicité et certaines valeurs comme l’amitié, le récit suit le quotidien d’un lycéen doté d’un pouvoir extraordinaire suite à un contact de ses mains avec des substances nocives.

Le tome 1 montre un superhéros pour le moment inconnu, réfractaire à sa condition. Le tome 2 est un peu plus conventionnel. Les lecteurs plongeront rapidement dans ce récit qui se rapproche d’un fantasme classique qui caractérise les jeunes qui se font une définition très personnelle de la justice.

Qu’est-ce que je ferais si j’étais l’Araignée, Batman ou Handman? Beau travail de Quentin Lefèbvre qui signe ici un projet d’adolescence, la création d’un nouveau genre de héros. À lire absolument même si vous n’êtes pas amateur de BD.

Suggestion de lecture : LE PETIT MOZART, BD de William Augel

À lire aussi

Je m’appelle Quentin Lefebvre, je suis né près de Paris en 1990. Je suis auteur de bande dessinée/illustrateur. Ma première saga BD a été lancé avec le tome 1 de «Handman» en octobre 2014. Le tome 2 est arrivé en avril 2016, le tome 3 en 2017. Et d’autres suivront…

Je suis amoureux de la bande dessinée depuis mes 13 ans…J’invente et dessine mes propres histoires, c’est ce que j’aime faire dans la vie ! Je suis passionné par la BD ; j’en fais, j’en lis, j’en parle, j’en collectionne… Et j’adore aussi le cinéma, le dessin de presse, les jeux vidéo, la musique… (bedetheque)

Bonne lecture
Claude Lambert
janvier 2020

OMS EN SÉRIE, le livre conquête de Stefan Wul

*Quand une civilisation atteint son point de perfection,
elle devient une gigantesque machine, incapable de
progrès, et dont tous les membres ne sont plus que des
des rouages sans pensée*
(Extrait : Oms EN SÉRIE, Stefan Wul,  publié à l’origine en
1957 chez Fleuve Noir, rééd. Gallimard, 2000. Version
audio : Audible studio éditeur, 2018, durée d’écoute : 4
heures 16. Narrateur : Laurent Jacquet)

Les survivants du grand cataclysme ont été recueillis par les Draags, géants bleus aux yeux rouges, qui les ont emmenés sur leur planète. Asservis, domestiqués ils sont devenus des Oms, véritables animaux de compagnie au service de leurs nouveaux maîtres. Mais peu à peu, menés par le jeune Terr, petit Om d’une intelligence supérieure, ils retrouveront le goût de la liberté et affirmeront leur humanité face aux Draags.

UNE CONQUÊTE HÉROÏQUE

*Dans la ville des Hauts-Plateaux, loin de chanter
victoire, on attendait anxieusement la réponse
des Draags. Les Oms étaient épuisés par une
longue nuit de combats où cependant, la plupart
n’avait rien fait d’autre que de rester couché avec
des aiguilles dans les membres pour donner du
courant à l’émetteur.
(Extrait)

Ce roman de Stefan Wul repose sur une idée originale. De pauvres humains en perdition sauvés in-extremis par des extra-terrestres. Les Draags emmènent les humains sur leur planète. Dès lors, les humains appelés OMS sont considérés par les Draggs comme des animaux de compagnie, peu intelligents, dégénérés et asservis.

L’histoire débute sur un évènement : la naissance d’un bébé Om qui sera appelé Terr, en référence aux qualificatifs *terrible*. Terr grandit en développant une intelligence hors du commun, prend conscience de l’état de son peuple en faisant germer des idées de liberté et pourquoi pas d’exode. Terr transmet à ses pairs le goût de se battre mais en privilégiant le pacifisme. Il donne à son peuple une personnalité et le goût d’affirmer son humanité.

Les Draags vont s’apercevoir rapidement d’un changement majeur dans le comportement de leur *cheptel* Om : *-Je vois où vous voulez en venir…vous craignez que les Oms errants ne reconstituent leur ancienne civilisation avec tous les dangers que cette éventualité créerait pour la nôtre. Cela me parait excessif… -Écoutez bien mon cher Premier. Chacun sait que l’homme est un animal intelligent. Ce qui est grave, c’est qu’il le devient de plus en plus…* (Extrait)

Comme on l’a vu dans LA PLANÈTE DES SINGES, former des phrases équivaut à exprimer sa pensée. Wul décrit avec une remarquable adresse la montée graduelle du danger que représente une race inférieure qui ose s’exprimer et s’opposer à une société menacée par l’inertie.

C’est un roman bien imaginé, plein d’idées originales et de trouvailles et qui n’est pas sans rappeler, à des degrés divers, l’exode des juifs, sous la houlette de Moïse, Spartacus, chef charismatique qui utilisa le nombre grandissant d’esclaves de Romme comme une force militaire et politique. J’ai même reconnu sensiblement Rendell Patrick McMurphy, Héros de *VOL AU-DESSUS D’UN NID DE COUCOU.

J’ai trouvé plus qu’intéressante l’idée de Wul selon laquelle l’homme a besoin de concurrence, de compétition avec une autre civilisation pour éviter la stagnation et se stimuler sur le plan intellectuel et technologique.

Cette idée appelle à la reconnaissance mutuelle entre les Oms et les Draags et évoque une certaine symbiose sociale. Pour certains, ça peut sembler naïf. Pour moi, c’est le triomphe d’une plume débordant d’imagination. Un récit haut de gamme qui a gardé toute son actualité.

Les personnages sont attachants et ça inclut les Draags qui sont aussi pacifiques. Je me suis attaché Terr dès sa naissance. La narration est un peu lente et manque sensiblement de conviction. Mais j’ai plongé tout de même dans l’écoute. L’ensemble est original. L’idée que la différence entre vivre et exister repose sur l’émulation garde ce roman résolument actuel.

C’est un roman bref, mais d’une forte densité et qui pourrait toucher différemment plusieurs générations de lecteur y compris le jeune lectorat, 9-13 ans. Le livre a été mis un peu dans l’ombre à cause du chef d’œuvre d’animation dont il est issu, PLANÈTE SAUVAGE, mais j’en recommande vivement la lecture. Il n’y a pas de temps mort dans ce roman mais la faiblesse narrative me pousse à vous recommander le bon vieux livre de papier…

Suggestion de lecture : LA DERNIÈRE DES STANFIELD, de Marc Levy

Parallèlement à son métier de chirurgien-dentiste, Pierre Pairault écrit sous le pseudonyme de Stefan Wul à partir de 1956. Il publiera onze romans entre 1956 et 1959, tous parus dans la célèbre collection « Anticipation » des éditions Fleuve noir. Stefan Wul participa également à la création des dessins de couverture de ses romans. Stefan Wul a toujours déclaré travailler sans plan ni ligne directrice, partant d’une simple idée de départ développée peu à peu au fil de l’écriture. 

Adaptation

OMS EN SÉRIE a été adapté dans un film considéré par plusieurs critiques comme un chef d’œuvre historique de l’animation. LA PLANÈTE SAUVAGE est réalisé par René Laloux, également co-scénariste et sorti en 1973. Laloux et Rolland Topor se sont inspirés librement du roman de Stefan Wul. Dans la distribution vocale, on retrouve entre autres Jennifer Drake, Éric Baugin, Jean Topart. La voix du commentateur est celle de Jean Valmont. Le film a été restauré en 2016. La Planète sauvage obtient le prix spécial du jury au festival de Cannes 1973 .

DU MÊME AUTEUR

Bonne écoute
Bonne lecture

Claude Lambert

Faire des sciences avec Star Wars, ROLAND LEHOUCQ

*…Aussi nous sommes-nous posé la question
suivante : dans Star Wars, est-il possible de
faire la part de la science et de la fiction,
celle du rêve et de la réalité?*
(Extrait : FAIRE DES SCIENCES AVEC STAR WARS,
Roland Lehouck, ouvrage publié en 2005, remanié
et complété en 2015, Éditions LE BÉLIAL pour
l’édition numérique.)

Roland Lehoucq, astrophysicien et président des Utopiales, le festival international de science-fiction de Nantes décortique les dernières productions d’Hollywood pour démêler le vrai du faux, le crédible de l’incongru, la science de la pseudo-science. Et lorsqu’il a fallu s’attaquer à Star Wars, il y avait de quoi faire un livre entier.  FAIRE DES SCIENCES AVEC STAR WARS a été réédité 10 ans après. On pourra enfin savoir si la Force existe vraiment, comment est fait le sabre laser, peut-on détruire une planète entière en pesant sur des boutons comme ça s’est fait avec l’étoile noire. Beaucoup d’autres questions sont passées en revue…

LA TECHNOLOGIE DE LA FORCE
*Pour le plus grand bien de nos neurones,
nous allons donc nous livrer à une petite
analyse scientifique de Star Wars… «Que
la force soit avec vous!» vous risquez d’en
avoir besoin…*
(Extrait : FAIRE DES SCIENCES AVEC STAR WARS)

Nombreux sont les cinéphiles qui ont envahi les salles *obscures* pour venir chercher du rêve, de l’impossible, du spectaculaire et du grand déploiement dans une galaxie très très lointaine. C’est en tout cas le sentiment que j’ai personnellement quand je vais voir un film de science-fiction ayant le panache de Star Wars. Je viens dire à monsieur Lucas : «Surprenez-moi…montrez-moi de l’énorme…du gigantesque…de l’impossible…»

Impossible ? Vraiment ? Le professeur Roland Lehoucq a profité de cette réactualisation de la saga Star Wars pour publier une édition revampée et enrichie du livre qu’il a publié en 2005 : FAIRE DES SCIENCES AVEC STAR WARS. Dans ce livre, Lehoucq décortique la science déployée dans les deux trilogies de STAR WARS et la compare avec ce que la science actuelle peut faire.

Il sépare le possible de l’impossible, le rêve de la réalité…il sépare la science de la fiction et c’est surprenant ce qu’on peut arriver à faire sous certaines conditions. Toutefois, à ce stade de nos connaissances, le jeu n’en vaut peut-être pas la chandelle.

Quoiqu’il en soit, l’auteur isole les principaux grands thèmes, les explique scientifiquement, voit s’ils sont applicables maintenant ou explique ce qu’il manque pour qu’ils soient applicables. Ces thèmes sont La Force, le sabre laser, l’étoile de la mort, les vaisseaux et leur mode de déplacement et enfin, les planètes.


Pour ce que j’ai compris de la démarche de l’auteur, c’est qu’il utilise son expérience d’astrophysicien et sa science de la physique pour enquêter et tenter de répondre à des questions qu’on pourrait se poser comme par exemple : est-ce possible de fabriquer un sabre-laser? Et c’est quoi la Force? Est-ce que les Jedis commandent aux forces de l’univers au point de sortir un vaisseau spatial embourbé dans un lac et d’aller le stationner tranquillement bien au sec juste par la force de sa pensée?

Les thèmes développés et leurs liens avec l’une des séries les plus rentables de l’industrie cinématographique font de FAIRE DES SCIENCES AVEC STAR WARS un petit livre original. Il n’a qu’une centaine de pages ou presque, mais c’est un concentré de science relativement accessible.

Je dois dire que Roland Lehoucq a vraiment fait un très bel effort pour vulgariser ses propos scientifiques. Malgré cet effort, j’admets ne pas avoir tout compris. Je survolais et je plongeais quand un thème en particulier m’intriguait.

En général, les lecteurs et lectrices ne doivent pas s’attendre à tout saisir spécialement quand l’auteur verse dans des sujets scientifiques plutôt pointus comme la physique quantique, l’énergie ou les trous noirs, la théorie de Newton. Lehoucq savait tout cela et il a écrit son ouvrage en conséquence en y ajoutant de l’humour, ce que j’ai beaucoup apprécié et des exemples sélectionnés avec soin.

J’ai bien aimé ce livre en particulier parce que l’auteur sait que les cinéphiles voient en Star Wars un spectacle cinématographique avec les surprenantes prouesses du *gars des vues*. Jamais l’auteur n’a tenté de discréditer la magie de la pellicule. Il a simplement voulu démystifier les grands déploiements technologiques de la saga. Il ne m’a pas déçu.

Je n’hésite donc pas à recommander FAIRE DES SCIENCES AVEC STAR WARS, un titre qui va comme un gant à ce petit volume et qui pourrait bien vous donner le goût de revoir la saga avec un œil différent. Je rappelle que cette édition a été revue, augmentée, et le plus beau de l’affaire, elle est gratuite en format numérique.

Suggestion  de lecture : CERVEAU CORPS HUMAIN, questions réponses, par Science et vie

Roland Lehoucq est un écrivain et astrophysicien français né en 1965. Au moment d’écrire ces lignes, Roland Lehoucq publie essentiellement des livres de vulgarisation scientifique.

Il est surtout connu pour son livre FAIRE DES SCIENCES AVEC STAR WARS mais Il a aussi développé d’autres grands thèmes dans ses livres de vulgarisation comme D’OÙ VIENNENT LES POUVOIRS DE SUPERMAN et LES EXTRATERRESTRES EXPLIQUÉS À MES ENFANTS. À chacune de ses démarches d’écriture, Roland Lehoucq se pose d’abord toujours la même question : EST-CE POSSIBLE ?

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Bonne lecture
Claude Lambert
le dimanche 24 novembre 2019