OMS EN SÉRIE, le livre conquête de Stefan Wul

*Quand une civilisation atteint son point de perfection,
elle devient une gigantesque machine, incapable de
progrès, et dont tous les membres ne sont plus que des
des rouages sans pensée*
(Extrait : Oms EN SÉRIE, Stefan Wul,  publié à l’origine en
1957 chez Fleuve Noir, rééd. Gallimard, 2000. Version
audio : Audible studio éditeur, 2018, durée d’écoute : 4
heures 16. Narrateur : Laurent Jacquet)

Les survivants du grand cataclysme ont été recueillis par les Draags, géants bleus aux yeux rouges, qui les ont emmenés sur leur planète. Asservis, domestiqués ils sont devenus des Oms, véritables animaux de compagnie au service de leurs nouveaux maîtres. Mais peu à peu, menés par le jeune Terr, petit Om d’une intelligence supérieure, ils retrouveront le goût de la liberté et affirmeront leur humanité face aux Draags.

UNE CONQUÊTE HÉROÏQUE

*Dans la ville des Hauts-Plateaux, loin de chanter
victoire, on attendait anxieusement la réponse
des Draags. Les Oms étaient épuisés par une
longue nuit de combats où cependant, la plupart
n’avait rien fait d’autre que de rester couché avec
des aiguilles dans les membres pour donner du
courant à l’émetteur.
(Extrait)

Ce roman de Stefan Wul repose sur une idée originale. De pauvres humains en perdition sauvés in-extremis par des extra-terrestres. Les Draags emmènent les humains sur leur planète. Dès lors, les humains appelés OMS sont considérés par les Draggs comme des animaux de compagnie, peu intelligents, dégénérés et asservis.

L’histoire débute sur un évènement : la naissance d’un bébé Om qui sera appelé Terr, en référence aux qualificatifs *terrible*. Terr grandit en développant une intelligence hors du commun, prend conscience de l’état de son peuple en faisant germer des idées de liberté et pourquoi pas d’exode. Terr transmet à ses pairs le goût de se battre mais en privilégiant le pacifisme. Il donne à son peuple une personnalité et le goût d’affirmer son humanité.

Les Draags vont s’apercevoir rapidement d’un changement majeur dans le comportement de leur *cheptel* Om : *-Je vois où vous voulez en venir…vous craignez que les Oms errants ne reconstituent leur ancienne civilisation avec tous les dangers que cette éventualité créerait pour la nôtre. Cela me parait excessif… -Écoutez bien mon cher Premier. Chacun sait que l’homme est un animal intelligent. Ce qui est grave, c’est qu’il le devient de plus en plus…* (Extrait)

Comme on l’a vu dans LA PLANÈTE DES SINGES, former des phrases équivaut à exprimer sa pensée. Wul décrit avec une remarquable adresse la montée graduelle du danger que représente une race inférieure qui ose s’exprimer et s’opposer à une société menacée par l’inertie.

C’est un roman bien imaginé, plein d’idées originales et de trouvailles et qui n’est pas sans rappeler, à des degrés divers, l’exode des juifs, sous la houlette de Moïse, Spartacus, chef charismatique qui utilisa le nombre grandissant d’esclaves de Romme comme une force militaire et politique. J’ai même reconnu sensiblement Rendell Patrick McMurphy, Héros de *VOL AU-DESSUS D’UN NID DE COUCOU.

J’ai trouvé plus qu’intéressante l’idée de Wul selon laquelle l’homme a besoin de concurrence, de compétition avec une autre civilisation pour éviter la stagnation et se stimuler sur le plan intellectuel et technologique.

Cette idée appelle à la reconnaissance mutuelle entre les Oms et les Draags et évoque une certaine symbiose sociale. Pour certains, ça peut sembler naïf. Pour moi, c’est le triomphe d’une plume débordant d’imagination. Un récit haut de gamme qui a gardé toute son actualité.

Les personnages sont attachants et ça inclut les Draags qui sont aussi pacifiques. Je me suis attaché Terr dès sa naissance. La narration est un peu lente et manque sensiblement de conviction. Mais j’ai plongé tout de même dans l’écoute. L’ensemble est original. L’idée que la différence entre vivre et exister repose sur l’émulation garde ce roman résolument actuel.

C’est un roman bref, mais d’une forte densité et qui pourrait toucher différemment plusieurs générations de lecteur y compris le jeune lectorat, 9-13 ans. Le livre a été mis un peu dans l’ombre à cause du chef d’œuvre d’animation dont il est issu, PLANÈTE SAUVAGE, mais j’en recommande vivement la lecture. Il n’y a pas de temps mort dans ce roman mais la faiblesse narrative me pousse à vous recommander le bon vieux livre de papier…

Suggestion de lecture : LA DERNIÈRE DES STANFIELD, de Marc Levy

Parallèlement à son métier de chirurgien-dentiste, Pierre Pairault écrit sous le pseudonyme de Stefan Wul à partir de 1956. Il publiera onze romans entre 1956 et 1959, tous parus dans la célèbre collection « Anticipation » des éditions Fleuve noir. Stefan Wul participa également à la création des dessins de couverture de ses romans. Stefan Wul a toujours déclaré travailler sans plan ni ligne directrice, partant d’une simple idée de départ développée peu à peu au fil de l’écriture. 

Adaptation

OMS EN SÉRIE a été adapté dans un film considéré par plusieurs critiques comme un chef d’œuvre historique de l’animation. LA PLANÈTE SAUVAGE est réalisé par René Laloux, également co-scénariste et sorti en 1973. Laloux et Rolland Topor se sont inspirés librement du roman de Stefan Wul. Dans la distribution vocale, on retrouve entre autres Jennifer Drake, Éric Baugin, Jean Topart. La voix du commentateur est celle de Jean Valmont. Le film a été restauré en 2016. La Planète sauvage obtient le prix spécial du jury au festival de Cannes 1973 .

DU MÊME AUTEUR

Bonne écoute
Bonne lecture

Claude Lambert

A COMME APOCALYPSE de PRESTON et CHILD

VERSION AUDIO

*L’explosion qui avait suivi avait coupé le tanker
en deux et provoqué son naufrage. Les raisons
même de l’explosion n’avaient jamais pu être
établies clairement. Les ingénieurs d’EES
pensaient toutefois que la déflagration était le
résultat d’une réaction entre la météorite et l’eau
de mer.*

(Extrait : A COMME APOCALYPSE, Preston & Child,
version audio : Audible studio éditeur, 2018, durée
d’écoute : 10 heures 37 minutes. Narrateur : Alexandre
Donders.)

Il y a cinq ans, Eli Glinn avait participé à une expédition pour convoyer une météorite géante tombée sur un îlot du Cap Horn. Mais le navire qui la transportait avait sombré en mer, et la météorite avec. Seulement, Glinn avait eu le temps de découvrir que la météorite d’origine extraterrestre était en fait une sorte de graine, qui depuis a germé pour donner naissance à un arbre gigantesque. Et sa croissance est loin d’être terminée : elle constitue une vraie menace pour la planète. Aussi Glinn confie à Gideon Crew la mission de détruire coute que coute ce baobab géant. 

Une mission de Gideon Crew
*Vous avez raison de parler de mutinerie. Nous n’avons
pas le choix. Il ne s’agit pas de nous mutiner pour sauver
nos peaux mais de sauver la peau de tous ceux qui
n’ont pas encore été infectés. *
(Extrait)

Cinq ans avant les évènements décrits dans A COMME APOCALYPSE, une expédition tente de convoyer une météorite géante de 25 000 tonnes, tombée dans la périphérie du Cap Horn. L’entreprise colossale est vouée à l’échec. Le navire sombre et la météorite avec. On devait en rester là mais Preston et Child ont reçu un fort volumineux courrier pour leur demander de conclure cette histoire qui manquait effectivement d’aboutissement.

C’est ainsi qu’est né A COMME APOCALYPSE et dans ce volet final, la tension sera forte par moment car on a découvert que la météorite couvait une graine qui a fini par produire dans les profondeurs de la mer un arbre qui rappelle le baobab à cause de l’épaisseur de son tronc et l’aspect tentaculaire de ses branches.

Les politiques et les scientifiques décident que cette créature qui est intelligente et vorace est un danger pour l’humanité et qu’il faut la détruire. Pour se faire, on fait appel à Gideon Crew, personnage récurrent dans l’œuvre de Preston et Child, toujours aussi attachant et brillant d’autant qu’on ne lui demandera rien de moins qu’un miracle.

C’est bien écrit et c’est plein de bonnes idées qui nous font un peu oublier que le sujet en général est réchauffé : des extraterrestres qui s’emparent de l’esprit des humains dans un but de domination ou d’anéantissement c’est monnaie courante en littérature, amplifié au cinéma par des films comme INDEPENDANCE DAY. La procédure est toutefois différente dans A COMME APOCALYPSE. Il y a des trouvailles intéressantes.

La pression fait plonger l’auditeur et l’auditrice avec les sauveteurs de l’humanit. Les auteurs frappent fort dès le départ et le suspense monte rapidement jusqu’à une descente aux enfers alors qu’on s’aperçoit qu’aucun contrôle n’est possible sur cette créature.

Des vers se sont échappés de quelques branches du baobab et ont été ramenés à bord pour analyse. Je ne parlerai pas des ravages engendrés par ces créatures diaboliques. Toutefois, on sent ici le *déjà vu*. Ceux qui ont vu le film PROJET CLOVERFIELD savent ce que je veux dire.

En résumé, le sujet est élimé mais bien travaillé. La trempe des personnages fait la différence. Le livre n’échappe pas à une tendance agaçante : des longueurs générées par de nombreuses explications scientifiques, heureusement pas trop longues dans ce cas-ci mais qui nuisent parfois à l’intrigue.

À partir de l’épisode de la mutinerie, le récit accuse de l’errance et quelques incohérences. Tout est expliqué dans l’épilogue mais c’est rapide et pas très fouillé. J’ai été un peu déçu par la finale. Mais en général, le suspense est bien entretenu, les personnages sont bien travaillés et remplissent bien leur espace. Les habitués de Preston et Child ne seront pas déçus de la performance de Gideon Crew.

L’écriture est habile quoiqu’elle rappelle davantage un scénario de film. Enfin, hommage au narrateur de la version audio qui, malgré les petites faiblesses de l’histoire m’a fait sentir acteur du drame. A COMME APOCALYPSE est finalement un très bon divertissement.

Comme vous l’avez vu, cette œuvre peut s’écouter indépendamment, mais pour le plaisir de participer à l’œuvre entière et de cheminer avec Gideon Crew et d’autres personnages comme Eli Glinn, toujours aussi suffisant, je vous recommande d’écouter ou de lire d’abord ICE LIMITE de Preston et Child <voir critique> et de voir comment tout a commencé.

Suggestion de lecture : L’APOCALYPSE N’EST PAS POUR DEMAIN, de Bruno Tertrais

Douglas Preston (À gauche) est né en 1957, Il est l’auteur de plusieurs romans dans les genres de l’horreur et du techno-thriller. Il a travaillé plusieurs années au « Museum d’Histoire Naturelle » américain avant de se consacrer à l’écriture en équipe avec son meilleur ami, Lincoln Child, déjà auteur de plusieurs anthologies d’horreur.

Lincoln Child est né le13 octobre 1957 à Westport, dans le Connecticut. En 1987, il devient analyste chez MetLife. C’est là qu’il fera une rencontre décisive avec Douglas Preston, commence peu après une fructueuse collaboration dans l’écriture de techno-thrillers. Ensemble, ils créeront les séries Pendergast et Gideon Crew.

À lire ou écouter aussi

BONNE LECTURE
BONNE ÉCOUTE
Claude Lambert
Le samedi 16 octobre 2021

HISTOIRES À LIRE AVANT LA FIN DU MONDE

Commentaire sur le recueil de
PAUSE-NOUVELLE

*Et puis, nous allons certainement assister à des scènes horribles…les gens vont céder à la panique, et qui sait de quoi ils seront capables alors. De brèves images de déchaînements de brutalité et de décors chaotiques me traversent l’esprit et un frisson me parcourt l’échine. (Extrait : HISTOIRES À LIRE AVANT LA FIN DU MONDE, collectif, L’Anthologiste éditeur, 2012, numérique, 80p)

Cette anthologie est exclusivement consacrée à la fin du monde, histoire de coller un peu à l’actualité. En effet, d’après plusieurs exégètes, notre destruction est imminente. 10 auteurs vous présentent leur vision de l’Apocalypse. Interventions divines, guerres nucléaires et autres cataclysmes sont au rendez-vous.

Et la plupart ne laissent pas beaucoup de place à l’espoir. Alors que faire lorsque l’on est condamné ? Certains en profitent pour renouer des liens, d’autres pour régler leurs comptes. Entre destructions massives et dénouements cocasses, découvrez ces histoires à lire avant la fin du monde.

LES NOUVELLES

  • NÉMÉSIS ET TARTE AU RIZ de Frédéric Muller. 15 minutes
  • AU TABLEAU d’Alain Kotsov. 5 minutes
  • MÊME PAS REPU de Raphaël Deux-Ailes. 10 minutes
  • OZOPOLY de Daniel Bruet. 15 minutes
  • BYE BYE BABY de Josepha Alberti. 10 minutes
  • DISPARITIONS de Stéphane Chamak. 10 minutes
  • UNE MAUVAISE MIGRAINE d’Aurélien Poilleaux. 15 minutes
  • ERREURS DE GENÈSE d’Emmanuelle Cart-Tanner. 10 minutes
  • PUNURRUNHA de Michael Chosson, 20 minutes
  • VU DE LÀ de Stéphane Schler. 10 minutes

100% catastrophe
*La bande grandit à vue d’œil au cours des minutes
qui suivent, une barrière poussiéreuse, un rouleau
charriant cendres et fragments de vie réduits en
poudre. Un rouleau poussé en avant, inépuisable.
Sans échappatoire.
(Extrait)

La fin du monde est sans doute le sujet véhiculant le plus d’émotions, de prédictions et d’exégèses à travers le monde. Tout le monde y pense tôt ou tard. Il ne faut pas se surprendre que le sujet soit extrêmement répandu en littérature même si la prédiction la plus étoffée du XXIe siècle, celle de décembre 2012 a été balayée, comme toutes les autres.

Pourtant, tout le monde semble unanime, il y aura une fin. Nombre d’auteurs continuent d’exploiter ce que j’appelle un filon en littérature sauf qu’ici, les auteurs réunis dans ce cinquième tome de PAUSE-NOUVELLES couchent surtout leurs émotions sur le papier. La catastrophe vient après. Si je savais la fin du monde imminente, je ne suis pas sûr que je choisirais ce livre pour me remonter le moral. Voici un bref survol des sous-thèmes traités.

Némésis et tarte au riz de Frédéric Muller : Une météorite va pulvériser la Terre. Privée d’espoir et au bord de la destruction, l’espèce humaine se révèle dans ses aspects les plus misérables.
Au tableau ! d’Alain Kotsov : Julius est interrogé par la maîtresse. Il doit citer le nom des villes détruites au cours de l’histoire …la liste est interminable.
Même pas repu ! de Raphaël Deux-Ailes : Tous les mots qui ne sont pas autorisés par le Syndicat du langage sont interdits. Un auteur attend impatiemment une livraison de nouveaux mots

Ozopoly de Daniel Bruet : Pendant une partie d’Ozopoly, le pollumètre se met en alerte 4.
Bye bye, baby de Josepha Alberti : Quelques jours avant la fin, un étudiant traverse New-York pour empêcher sa sœur de commettre l’irréparable.
Disparitions de Stéphane Chamak : Des êtres humains se mettent à disparaître, Des centaines d’abord puis des milliers et des millions…
Une mauvaise migraine d’Aurélien Poilleaux : des policiers tentent de faire craquer un jeune homme porteur d’un lourd secret.

Erreurs de Genèse d’Emmanuelle Cart-Tanneur : Dieu aurait fait des erreurs dans sa conception du monde. Il a été long avant de créer les océans. Un ingrédient manquait.
Punurrunha de Michael Chosson : Les hauteurs ne te mettront pas à l’abri. Le monde s’embrase.
Vu de là de Stéphane Schler : La fin vue de l’espace.

Comme c’est le cas pour la plupart des recueils, j’ai composé dans celui-ci avec des hauts et des bas, des sujets qui défilent en dents-de-scies. L’ensemble est très varié quant à la longueur des textes, leur sujet et aussi leur sens. Car je dois bien le dire, j’ai eu un peu de difficulté à saisir le sens de certaines nouvelles.

C’est le genre d’observation qui laisse à penser qu’il pourrait y avoir autant de perceptions que de lecteurs. Je note dans l’ensemble qu’il y a de l’originalité dans les récits, que je n’ai pas trop eu l’impression de déjà lu ou de déjà-vu. Je me suis attardé à certains textes comme DISPARITION question de donner à l’humour noir une petite place.

Et puis j’ai déjà imaginé en rêve ce genre de disparition mais pour moi ça concernait l’évaporation de tout ce que la planète comptait de tueurs, de violeurs et autres…mais l’auteur, Stéphane Chamak a eu une autre idée…pas mauvaise je dirais.

Ma nouvelle préférée est ERREURS DE GÉNÈSE qui présente un Dieu plutôt étourdi qui cherche l’ingrédient final à ajouter pour compléter la création des océans. Drôle et bien imaginée.

Il y a plus de pour que de contre. J’ai apprécié ce livre. Certains textes viendront vous chercher, comme moi. Ils offrent tous matière à réflexion. Autre point en commun, aucun ne dédramatise la Fin du Monde, aucun ne fait de prédictions, plusieurs évoquent la folie des hommes, d’autres l’acte de Dieu. 

C’est un peu noir mais la Fin du Monde prête rarement à la fête. Je vous invite à lire ce recueil, ne serait-ce que pour apprécier de très bonnes idées mises de l’avant par des auteurs prometteurs.

Suggestion de lecture : LE DERNIER RESTAURANT AVANT LA FIN DU MONDE de Douglas Adams

***************

Avec PAUSE-NOUVELLE, vous sautez d’un univers à un autre, plongez dans d’improbables situations, rencontrez des personnages hilarants, touchants, machiavéliques ou simplement malchanceux. Vous pouvez les suivre dans leurs aventures les plus rocambolesques, les plus romantiques ou les plus sombres. Les volumes sont publiés par thème, toutefois, l’intégrale des 80 nouvelles est maintenant disponible au rayon numérique. Si vous préférez par thèmes, voici quelques suggestions :

Bonne lecture
Claude Lambert
le samedi 19 juin 2021

NOIRE PROVIDENCE, le livre de JAMES ROLLINS

*La jeune femme leva le bras vers lui, comme pour lui faire signe d’approcher. L’américain vit alors qu’elle brandissait un pistolet. Elle braqua l’arme sur le torse de Pierce et fit feu.*
(Extrait : NOIRE PROVIDENCE, James Rollins, Fleuve Editions, Univers Poche pour la traduction française, Fleuve Noir 2017, édition numérique, 470 pages.)

Alors qu’une étrange comète s’approche de la terre, au Vatican, un mystérieux colis est livré au préfet des Archives secrètes. À l’intérieur se trouvent un crâne humain gravé de phrases en araméen ancien et un livre relié en peau humaine. Un test ADN révèle qu’il s’agit de la peau de Gengis Khan, le grand conquérant mongol dont la tombe disparue contiendrait une croix au pouvoir surnaturel. Au même moment, un satellite d’observation américain s’écrase en Mongolie après avoir envoyé une ultime photo montrant la Côte est des États-Unis détruite.

La Sigma Force se mobilise dans une course contre la montre pour retrouver le satellite et la croix sacrée afin d’empêcher le déclenchement de l’apocalypse annoncée. Alors que la comète se fait de plus en plus menaçante, un ennemi aussi invisible qu’implacable semble bien décidé à ce que le pire se déchaîne.

Le passé participe au présent
*En tournant la page, vous découvrirez que nous
avons frôlé notre propre destruction et verrez
ressurgir un moment oublié où la civilisation
occidentale a failli se briser sur la pointe d’une
épée, une lame appelé L’Épée de Dieu*
(Extrait : NOIRE PROVIDENCE)

NOIRE PROVIDENCE est un récit complexe dans lequel le suspense d’espionnage chevauche le drame scientifique. En effet, une comète menaçante s’approche de la terre et il semble que sa trajectoire de géocroiseurs défient la logique. Entre temps, un géologue met la main sur une mystérieuse relique : un crâne humain et un livre relié avec de la peau humaine qui serait celle, d’après des tests ADN, de Gengis Khan.

Une analyse de l’interprétation révèle que la fin du monde est imminente mais la relique dévoile la façon de l’éviter. Au même moment, le satellite qui observe la comète est détruit et sa dernière observation dévoile les images horrible d’une destruction totale de la Côte est américaine. Ce n’est qu’une image qui devance de quelques jours ce qui va arriver mais qui laisse supposer une déformation spatio-temporelle autour de la terre. 

Une chasse à l’homme s’annonce pour retrouver les débris du satellite nécessaire pour activer la relique et sauver le monde. Tout le monde cherche le satellite pour assoir un certain pouvoir : la pègre, les militaires, les scientifiques, les politiques. Le récit met surtout l’accent sur la recherche du satellite et les morts qui s’accumulent autour de l’enjeu.

C’est dommage parce que l’aspect scientifique de l’histoire est extrêmement intéressant. Beaucoup de faits et de théories scientifiques sont avérés d’ailleurs dans le récit. J’ai trouvé un peu difficile de faire la part des choses mais l’auteur fait une mise au point à la fin du livre. 

Le rythme du récit est haletant car le lecteur cherche à savoir qui finalement mettra la main sur le satellite. Il y a des passages qui sont complètement tirés par les cheveux : *La croix antique que nous recherchons aurait pu être sculptée dans un morceau de comète tombé lors de son dernier passage…* (extrait) autrement dit, l’énergie contenue dans la petite croix attirerait la comète vers la terre. C’est un peu gros.

Quant à l’énergie sombre, elle existe en théorie et fait l’objet de beaucoup de recherches. Le phénomène de l’intrication est aussi intéressant mais son rôle dans le récit est plutôt sous-développé. NOIRE PROVIDENCE est une fiction mais repose sur des théories dont certaines m’ont semblé fantaisistes, enlevant un peu de crédibilité à l’ensemble. 

Il y a aussi dans l’histoire beaucoup de bonnes idées ayant une saveur scientifique mais surtout ésotérique : *…notre conscience est intriquée avec tous les multivers. Ce qui veut dire que lorsqu’on meurt, notre conscience achève son parcours dans cette vie pour en entamer une autre dans un univers parallèle* (Extrait)

L’idée est très intéressante et ouvre la porte à beaucoup de débats et de recherches. En tout cas, c’est une possibilité qui a un petit quelque chose de rassurant. 

Pour résumer, l’histoire est très documentée mais l’auteur a mis l’accent sur une chasse à l’homme…poursuites, disparitions, meurtres. l’aspect scientifique est sous-développé et l’intrigue est développée à la façon d’un film. C’est un livre intéressant mais qui ne fait que s’ajouter sans trop d’éclat à une surchauffe dans le domaine des thrillers apocalyptiques.

Ici, l’auteur avait une chance d’innover mais il est passé à côté à mon avis. Donc pour moi, c’est mi-figue mi-raisin. Je m’accrochais aux passages scientifiques quand ils se présentaient. L’auteur émet ses propres hypothèses, qui font que finalement, NOIRE PROVIDENCE est un livre qui constitue un bon divertissement. 

Le rythme essoufflant qui caractérise le récit pourrait plaire à beaucoup de lecteurs. En ce qui me concerne, je n’ai pas vraiment trouvé ce que je cherchais

Suggestion de lecture : LA 5e VAGUE, de Rock Yancey

James Rollins, de son vrai nom Jim Czajkowski, est né en 1961 à Chicago. Il est considéré comme l’un des auteurs majeurs de thrillers aux États-Unis. Il a notamment écrit Amazonia (2010), et La Civilisation des abysses (2012). L’Ordre du Dragon (2007) met en scène les aventures de l’équipe Sigma Force, 

En 2015 paraît Le Sang de l’Alliance, premier tome de la trilogie L’Ordre des Sanguinistes. Il est suivi du deuxième tome La Dernière Tentation (2015) et du troisième tome Le Faux Prophète (2016). Tous ses romans sont publiés chez Fleuve Éditions et repris chez Pocket. James Rollins vit à Sacramento en Californie.

BONNE LECTURE
Claude Lambert

le dimanche 30 mai 2021




 

TROIS, le livre thriller de Sarah Lotz

*Nous savons par Mathieu, chapitre 24, que «Une nation
s’élèvera contre une nation, et un royaume contre un
royaume, et il y aura, en divers lieux, des famines et des
tremblements de terre. Tout cela ne sera que le
commencement des douleurs.»…Et nous savons que ces
douleurs signifient l’ouverture des quatre premiers sceaux.*
(Extrait : TROIS, Sarah Lotz, Fleuve éditions, Pocket, 2014,
édition de papier, 570 pages.)

La terre vit la plus troublante coïncidence de son histoire alors que quatre avions de ligne s’écrasent presqu’au même moment sur quatre continents différents. Sur trois des sites de crash, les secouristes découvrent un rescapé : un enfant, chaque fois. Des fanatiques religieux voient en eux l’incarnation des Cavaliers de l’Apocalypse. Sauf que…les Cavaliers de l’Apocalypse étaient…quatre. Des familles recueillent les petits rescapés mais deviennent vite confrontées à des évènements étranges. Elspeth martins enquête et tente de répondre à deux questions : Qui sont ces enfants et qu’est-ce qu’ils veulent?

CHOCS POUR LIVRE-CHOC
*La suite s’est déroulée très vite mais aussi
comme au ralenti…Le mec bizarre a sorti
un flingue…Et il s’est mis à traverser la rue
sans s’occuper de la circulation. Je n’ai pas
réfléchi. J’ai couru droit vers lui, j’ai fait
sauter le couvercle de mon gobelet de café
et j’en ai balancé le contenu sur cet enculé.
En pleine face. Il a quand même eu le temps
de tirer une fois…*
(Extrait : TROIS)

C’est le quatrième de couverture qui m’a convaincu de lire ce livre mais je n’ai pas tardé à réaliser que le quatrième de couverture est complètement dans le champ et ne remplit pas ses promesses. En fait, c’est l’originalité du sujet qui sauve les meubles. Nous avons ici quatre accidents d’avion qui se produisent à peu près au même moment, sur quatre continents différents.

Pour trois des crashs, il y a un rescapé : en tout trois rescapés, et ce sont trois enfants. Pour les habitants de la planète, il est très difficile de croire au hasard. Alors des églises et sectes religieuses décrètent que ces enfants sont les Cavaliers de l’Apocalypse. Dans l’Apocalypse de Jean comme on le sait, il y a quatre cavaliers. Alors qu’à cela ne tienne, les fanatiques religieux inventent un quatrième rescapé pour faire le compte.

Avec un tel sujet, l’auteure avait tout ce qu’il faut pour bâtir un thriller de premier ordre, haletant, intense, palpitant, bref, bâtir quelque chose que le lecteur aurait gardé en mémoire longtemps.

J’ai même imaginé à un moment donné que Sarah Lotz travaillait pour faire le contraire de ce que propose un bon thriller en choisissant un support littéraire douteux dans les circonstances. En effet, le récit est présenté sous forme de compte-rendu journalistique de témoignages et d’interviews. Avec un style pareil, rien ne m’a permis de m’accrocher à l’histoire.

Il n’y a pas vraiment d’action dans ce roman à part ce qui est rapporté dans les articles de journaux qui forment le roman. Donc le lecteur est témoin de l’action par un tiers. Donc, il n’est témoin de rien du tout. Puisque le récit est bâti dans un style journalistique, télégraphique et froid, il n’y a pas de fil conducteur dans l’histoire.

Le récit souffre de longueurs et d’incohérences et c’est très long avant de pouvoir s’accrocher à quelque chose, comme si l’histoire ne démarrait pas vraiment.

Mais tout n’est pas noir. Malgré son aspect documentaire, le récit comporte quelques forces dont celle de mettre en perspective l’incroyable appétit de la Presse, de certaines églises, sectes et des télévangélistes dont l’auteure ne donne pas une très bonne image, sentiment que je partage.

Ce sont ces hommes soi-disant de foi qui ont vu dans les enfants rescapés un signe évident en lien avec les Cavaliers de l’Apocalypse qui n’ont de Cavaliers que le nom finalement. Le récit évoque également le besoin très humain de croire à quelque chose. Les messages livrés par les prédicateurs de malheur sont souvent agressifs et persuasifs. C’est n’importe quoi comme le démontre le récit.

L’écriture est quand même fluide et les chapitres, qui sont des articles ou des interviews, sont brefs et se lisent assez bien. Si L’auteure a pu se concentrer davantage sur le sort des enfants au milieu du récit, elle nous laisse malheureusement sur une finale peu vraisemblable, sans conclusion vraiment satisfaisante, allant jusqu’à étriller le personnage principal, la journaliste Elspeth Martins :

*Vous avez publié tous ces récits incendiaires sur les changements de personnalité des enfants, vous avez lâché la bombe et vous êtes partie. Vous n’avez pas cherché plus loin : vous étiez persuadé que tout avait une explication rationnelle et vous pensiez naïvement que vos lecteurs seraient aussi de cet avis. (Extrait)

Ma déception m’appartient évidemment. Les différentes critiques que j’ai lues sur TROIS sont passablement disparates. Il est très possibles que vous aimiez ce livre, à cause par exemple, de son sujet qui est quand même original. Mais il y a une chose sur laquelle je ne crois pas me tromper : ne vous fiez pas au quatrième de couverture. Il en promet beaucoup trop pour ce que le livre donne en réalité.

Suggestion de lecture : LE SANCTUAIRE DU MAL, de Terry Goodkind

Sarah Lotz est une auteure et scénariste originaire du Royaume-Uni. Elle a écrit sous plusieurs pseudonymes bizarres dont des romans d’horreur urbaine sous le pseudonyme SL GRIS et des romans érotiques avec Helene Moffet et Paige Nick sous le pseudo Helena S Paige. Après une série à l’écriture étrange et peu engageante, Lotz sort son premier thriller en 2014 : TROIS, suivi de JOUR QUATRE en 2016, des ouvrages nettement supérieurs qui consacrent leur auteur sur la scène littéraire internationale.

BONNE LECTURE
JAILU/Claude Lambert
LE 17 SEPTEMBRE 2016

A.N.G.E 1, ANTICHRISTUS d’ANNE ROBILLARD

*Le jeune agent se mit à saigner du nez,
car les ondes générées par les couleurs
attaquaient maintenant son cerveau…
-En fait, je suis le seul à présent qui
puisse te sauver. Si tu ne viens pas vers
moi, tu mourras au bout de ton sang.*
(extrait de ANTICHRISTUS, a.n.g.e no 1,
Anne Robillard, Michel Lafont, 2007, é. Num.
285 pages)

Pendant une enquête de routine sur les enseignements d’un prétendu gourou, les agents de l’A.N.G.E découvrent que de graves évènements de nature apocalyptique pourraient se produire à court terme. Mais l’enquête est complexe car l’A.N.G.E se heurte à la mystérieuse puissance du faux prophète et d’autre part, l’Alliance, mystérieuse et redoutable organisation maléfique prépare la venue de l’antéchrist.  L’implication d’un mystérieux envoyé du Vatican rend la situation encore plus énigmatique. L’A.N.G.E aura fort à faire pour préserver l’humanité d’une fin qui semble très proche.

L’AGENCE NATIONALE DE GESTION DE L’ÉTRANGE

L’A.N.G.E. est une agence fictive créée par l’auteure québécoise Anne Robillard : une société secrète basée à Montréal et formée par des personnages choisis pour leurs qualités spéciales dans le but de protéger l’humanité contre les forces du mal.

Les principaux personnages sont  Cédric Orléans, directeur de la base de Montréal, Yannick Jeffrey, un des meilleurs agent de l’A.N.G.E, spécialiste de la mythologie, Océane Chevalier, agente, Vincent McCleod, agent et Cindy Bloom, spécialiste des faux prophètes. De nombreux autres personnages viennent soutenir l’Agence qui opère dans le monde entier. A.N.G.E. est une grande saga ésotérique en 10 tomes.

La mystérieuse puissance du faux prophète
*Hadès arriva de nulle part au milieu du salon,
un poignard à la main. Vincent recula vers la
fenêtre avec l’intention de s’y élancer. Le
démon l’agrippa par derrière et le plaqua
contre sa poitrine puante, ramenant la lame
de sa dague sur sa gorge.*
(extrait de A.N.G.E tome 1, ANTICHRISTUS)

C’est avec LES CHEVALIERS D’ÉMERAUDE que j’ai découvert la plume d’Anne Robillard. J’y reviendrai sur ce site. Par la suite, j’ai été attiré par la série A.N.G.E. Il s’agissait pour moi de lire le premier tome pour évaluer si ça valait la peine de continuer et effectivement, j’ai mis toute la saga dans mes projets de lecture.

Le thème de l’apocalypse a été développé dans une multitude de livres et à peu près dans tous les styles littéraires. Mais l’originalité de A.N.G.E réside dans une organisation secrète, implantée dans le monde entier, qui utilise des moyens et des technologies ultrasophistiqués.

L’agence fait intervenir sur le terrain des agents surentraînés dont certains sont même dotés de pouvoir surnaturels (les fameux témoins annoncés par la bible, à découvrir dans le tome 1) et aidés par d’autres mystérieux personnages. L’objectif de l’A.N.G.E : lutter contre l’Alliance, une contre-organisation qui prépare la venue de l’Antéchrist.

Malgré les clichés devenus sans doutes inévitables car il n’y a pas plus classique que la lutte du bien contre le mal, j’ai trouvé l’ensemble assez imaginatif.

En effet, développer une histoire dans laquelle la haute technologie s’oppose au surnaturel, c’est inventif et très captivant.

Ne vous attendez pas à un suspense qui atteint des sommets insoutenables. En fait je devrais dire pour être plus exact que le suspense est allégé par le côté prévisible de l’histoire. C’est un phénomène inévitable quand on connait ne serait-ce qu’un petit peu, les prophéties de l’apocalypse.

Mais dans cette histoire, la lutte du bon contre le méchant est originale, bien bâtie, relativement bien documentée (le sujet aurait pu être fouillé un peu plus et traité avec un peu plus de profondeur). Les chapitres sont courts, l’ensemble est captivant et aisé à lire. Je pense qu’Anne Robillard a atteint son objectif : bâtir une bonne histoire, autant pour les jeunes que pour les adultes et donner le goût de lire la suite.

Suggestion de lecture, de la même autrice : LES CHEVALIERS D’ÉMERAUDE

Anne Robillard est une écrivaine québécoise née le 9 février 1955. Tôt dans son adolescence, elle découvre Tolkien et développe un goût prononcé pour le surnaturel dont elle imprégnera l’ensemble de son œuvre. Auteure prolifique adorant le *fantasy*, Anne Robillard a écrit une grande saga en 12 tomes qui se déroule dans un monde magique que des Chevaliers doivent protéger contre les forces du mal : LES CHEVALIERS D’ÉMERAUDE. On lui doit la série A.N.G.E. et de nombreux livres dont QUI EST TERRA WILDER (2006), CAPITAINE WILDER et la série LES HÉRITIERS D’ENKIDIEV.

Pour en savoir plus sur l’œuvre d’Anne Robillard, consultez son site officiel : www.annerobillard.fr .

BONNE LECTURE
JAILU
MARS 2015

ARCHE, suite de DÉLUGE, de STEPHEN BAXTER

*Le plus probable à mon avis, c’est que
les poches souterraines que nous avons
découvertes vont libérer toute l’eau
qu’elles contiennent et nous allons nous
retrouver avec des océans qui occuperont
cinq fois plus de volume qu’en 2010. Mais
toutes les surfaces émergées de la terre
auront disparu bien avant.*
(extrait de ARCHE de Stephen Baxter,  Presses
de la Cité, 2010, t.f. 595 pages, éd. Num.)

ARCHE est la suite de DÉLUGE où la terre est inondée par d’énormes nappes d’eau souterraine qui remontent. Dans cette suite apocalyptique, jugeant la fin du monde inévitable, le gouvernement américain construit une arche qui n’est rien d’autre qu’une gigantesque navette spatiale et sélectionne 80 personnes pour fonder une colonie sur une planète semblable à la terre à plusieurs années-lumière de la terre-mère. Cette entreprise colossale, justifiée par un impératif de survie de la race humaine connaîtra de nombreux épisodes d’anarchie et de chaos. Plusieurs problèmes se posent dont la viabilité scientifique du projet et le choix final un peu douteux des 80 candidats…

…SAUVÉS DES EAUX…

*Je vois trois possibilités…On peut vivre
au-dessus de l’eau. Ou en-dessous. Ou
encore, carrément ailleurs que sur la
terre.
(ex. ARCHE, Stephen Baxter)

Quoique captivant et agréable à lire, ARCHE est pour moi un amalgame de *déjà vu*. J’y ai reconnu en effet de nombreux éléments que j’ai déjà explorés dans d’innombrables scénarios et livres issus de la littérature apocalyptique et de science-fiction : 2012 de Roland Emmerich, LE PAPILLON DES ÉTOILES de Bernard Werber, 2010 basé sur l’œuvre d’Arthur C Clarke et sa suite de L’ODYSSÉE DE L’ESPACE 2001, LA THÉORIE GAÏA de Maxime Chattam,  STAR TREK de Gene Roddenberry, POUR UNE AUTRE TERRE de A.E. Van Vogt et j’en passe.

La liste est longue, et puis j’ai reconnu dans ARCHE un tout petit peu de la plume de H.G. Wells. La fin du monde et la survie de l’espèce humaine sont des thèmes très récurrents et qui sont plutôt *durs à cuire* dans la littérature et au 7e art.

Donc le thème développé n’a rien de neuf mais il y a des nuances intéressantes. La première chose intéressante que j’ai constatée est que l’auteur a très bien encadré la psychologie de ses personnages. C’était un gros défi et c’était nécessaire parce que dans cette histoire, près de 80 personnes doivent vivre en vase clos pendant des dizaines d’années.

Baxter a bien cerné la complexité de la nature humaine  et ça donne beaucoup de corollaires intéressants dont cette phrase que j’ai retenue en cours de lecture : *Leur avenir, et peut-être l’avenir de toute l’humanité, allait être déterminé par le fait qu’après une décennie à bord de l’arche, ils ne se supportaient plus.*

Autre élément intéressant : les faits scientifiques évoqués dans le livre de Baxter sont théoriquement avérés…comme la bulle de distorsion par exemple, qui permet la propulsion de l’arche à des vitesses supraluminiques ou la probable évolution d’une société humaine en milieu extra-terrestre. Le petit côté négatif est que l’ouvrage comporte des explications scientifiques qui, bien que crédibles, sont parfois complexes et indigestes.

L’écriture du roman est forte, son fil conducteur est solide, le lecteur sait où il s’en va. L’originalité de l’histoire réside selon moi dans l’organisation sociale, humaine et politique de l’arche,  développée avec beaucoup de réalisme, à mon avis plus vraisemblable et moins spectaculaire que dans PAPILLON DES ÉTOILES de Werber par exemple.

ARCHE est la suite de DÉLUGE mais peut se lire indépendamment. C’est un récit qui plaira sûrement aux amateurs d’histoires post-apocalyptiques bien sûr, mais aussi à ceux et celles qui s’intéressent à la nature de l’homme et à sa psychologie car le livre pose des questions intéressantes qui sont matières à débat : le jour où la terre ne sera plus habitable, comment se manifestera la nécessité de sauvegarder l’espèce humaine? Où irons-nous? Qui seront les élus et comment seront-ils choisis? Quel est le destin de la Terre?

En terminant, je précise que j’ai été déçu par la finale. Le récit rapporte que le groupe original et ses descendants se sont morcelés en plusieurs petits groupes ayant chacune une destination différente. L’auteur apporte peu de précisions sur le destin de chacun de ses groupes. Une petite postface exploratoire aurait été appréciée. Mais l’histoire est captivante et je recommande ce livre.

Suggestion de lecture : LE PAPILLON DES ÉTOILES de Bernard Werber

Stephen Baxter, né au Royaume-Uni en 1957 a une carrière scientifique impressionnante : ingénieur mathématicien, docteur en aéronautique et professeur, il a même été candidat astronaute pour la station MIR en 1991 mais il n’a pas été retenu. Il commence à écrire à temps plein en 1995. Sa production est aussi impressionnante que sa carrière, plus de 30 romans et plus de 150 nouvelles (au moment d’écrire ces lignes). La conquête spatiale et les défis technologiques qui en découlent sont ses thèmes préférés.

BONNE LECTURE
JAILU
NOVEMBRE 2014

L’APOCALYPSE N’EST PAS POUR DEMAIN, Bruno Tertrais

*…Qu’il s’agisse du développement, de la santé
De l’environnement ou des relations internationales,
Le monde va mieux qu’on le pense, et le futur n’est
Pas aussi sombre qu’on le dit*
(extrait de L’APOCALYPSE N’EST PAS POUR DEMAIN, de
Bruno Tertrais, Éditions Denoel, 2011) 

L’APOCALYPSE N’EST PAS POUR DEMAIN est un livre-documentaire qui s’appuie sur l’analyse rigoureuse d’études scientifiques et des statistiques pour dédramatiser la menace nucléaire et mettre en veilleuse les multiples scénarios d’autodestruction du monde qui circulent à l’échelle de la planète sous forme de rumeurs ou de prophéties. L’auteur adopte une vision beaucoup plus sereine du monde et explique l’importance de bannir le catastrophisme.

Les prophéties d’autodestruction humaine, d’apocalypse, bref de fin du monde ne sont pas un phénomène nouveau. Elles fleurissent depuis le milieu du XIXe siècle et malheureusement les humains leur ont accordé une crédibilité qu’elles n’ont jamais eue dans les faits. Après tout, n’ont-elles pas toujours été fausses?

Mais les prophéties continuent de pleuvoir et elles reçoivent toujours autant d’attention. L’auteur veut démontrer dans son livre que le catastrophisme est contre-productif.

J’ai choisi et lu ce livre parce qu’au départ son titre et sa présentation vont complètement à contre-courant des idées reçues. Et je n’ai pas été déçu car j’ai pu constater rapidement la crédibilité de l’ensemble.

En effet, en s’appuyant sur les dernières statistiques, une analyse rigoureuse des études scientifiques les plus pointues et sur la logique des faits, Bruno Tertrais dévoile sa compréhension des grands problèmes contemporains et de l’avenir qui nous attend.

L’auteur passe en revue tout ce qui a pu inspirer les prophètes de malheur : terrorisme et menace nucléaire, la menace djihadiste, l’effondrement du capitalisme, la prolifération des armes de destruction massive, l’épuisement des ressources naturelles, les pandémies, une démographie hors de contrôle, la dégradation du climat, la surutilisation des produits chimiques, la pollution, les guerres et j’en passe.

L’auteur ne prétend pas que tout va bien. Au contraire il pointe du doigt des défis extrêmement sérieux mais il veut expliquer de façon très rigoureuse pourquoi les prophètes de malheur ont toujours eu tort et démystifier le catastrophisme.

Tertrais propose une vision plus sereine de notre avenir et ce qui m’a séduit dans son livre, c’est qu’il le fait avec un optimisme raisonné en s’appuyant sur des recherches rigoureuses comme en témoigne une très imposante bibliographie proposée à la fin du livre et le tout, sans faire aucune prédiction.

La meilleure façon de conclure ici est de mentionner l’avertissement du grand philosophe Karl Popper publié en 1957 et cité dans le livre de Bruno Tertrais :

 *…IL NE PEUT Y AVOIR DE PRÉDICTION DU COURS DE L’HISTOIRE HUMAINE À L’AIDE DE MÉTHODES RATIONNELLES DE TYPE SCIENTIFIQUE*.

Suggestion de lecture : A COMME APOCALYPSE de Preston & Child

BONNE LECTURE
JAILU
JANVIER 2014

(En complément…)