ALIEN III, scénario de William Gibson

Multicast audio

*…mes efforts ont été entravés par la perte d’une grande partie de ma masse corporelle, déchiquetée par une créature d’une force et d’une férocité extraordinaires. Je vais assembler ces souvenirs au mieux en attendant une opportunité de les télécharger…voici donc ce qui reste de mes données sensorielles en tant que commandant en second à bord de l’USS Solako… *  
(Extrait du scénario d’ALIEN III repris et complété par
William Gibson, édité par Audible studio en 2020. Multicast)

Audible donne vie au script d’Alien III, écrit par William Gibson. Ce projet de film avait été abandonné, puis (re)découvert, à l’occasion du 40e anniversaire de la naissance de la franchise Alien. A découvrir désormais en audio !

En 1987, William Gibson, père du cyberpunk, termine l’écriture d’un scénario original pour Alien III. Conçu comme la suite d’Aliens, Le retour, il n’est jamais arrivé sur nos écrans mais le scénario a fuité, les fans se le sont approprié et en ont fait un épisode culte.

Cette adaptation multicast terrifiante créée par Dirk Maggs, réalisateur acclamé, plonge les auditeurs au cœur d’une histoire inédite. Ils se retrouvent dans un huis-clos étouffant, côtoyant aliens et humains grâce à une nouvelle expérience audio immersive époustouflante.

Sur fond de conflit spatio-économique entre deux superpuissances, l’équipage du vaisseau militaire est habité par les squelettes des survivants du film, conservés cryogéniquement : Ripley, Hicks, Newt et Bishop. Ceux-ci se retrouvent au centre d’une course aux armements biotechnologiques entre l’union des peuples progressistes et la weyland yutani lorsque leur navette est secourue.

ACTEURS : Charlyne Pestel, Philippe Catoire, Daniel Lafourcade, Jade Phan-Gia, Fily Keita, Max Joseph, Slimane Yefsah, François Raison, Jean-François Vlerick, Maud Vincent, Denise Metmer, Pascal Germain, Benjamin Egner, Juliette Degenne, Frédéric Souterelle, Hubert Drac, Sylvie Genty, Patrice Baudrier, Martial Le Minoux, Audrey Sourdive, Jochen Hägele, Stéphane Roux et Jean-François Aupied.

Toujours aussi terrifiant
*-Qu’est-ce qui lui arrive ? Je ne sais pas. Tout à l’heure
elle était ici…ils ont été exposés à un embryon. -Je dirais
plutôt tendon bio-mécanique. -Est-ce qu’elle se transforme
en une de ces saloperies ? Une métamorphose il semblerait. *
(Extrait)

Pour être honnête, je m’attendais un peu à autre chose, un peu de neuf, d’originalité. Pour commenter ce livre audio, je ne peux que me rapporter au commentaire que je publiais en 2019 : Encore une fois, j’ai eu droit à une excellente présentation omnisonore. Technique au point, effets sonores efficaces, musique de circonstance, rythme élevé sans longueur ni temps morts. L’histoire est facile à suivre en fait parce que beaucoup d’éléments nous ramènent au film qui a lancé la créature xénomorphe sur le sentier de la gloire : ALIEN LE HUITIÈME PASSAGER.

L’ensemble est immersif mais l’histoire comme telle sent le réchauffé, le déjà vu et donne la forte impression d’un essoufflement. Le fil conducteur de toute la saga n’a pas changé: *Ma mission, conformément à l’ordre spécial 9 3 7 de la compagnie Weyland-Utany consiste à ramener un spécimen vivant de la créature qui a attaqué et tué la totalité de l’équipage du NOSTROMO. * Ripley est la seule survivante. J’ai quand même passé un bon moment à l’écoute de cet audio-spectacle mais un peu frustré de suivre une série qui fait du <sur place>…en perte de vitesse, d’originalité, de nouveautés.

Cette répétition de genres et de style confine au cliché : les pauvres petits humains contre une créature foncièrement mauvaise, cruelle, invincible et en prime, dégueulasse avec une bave qu’on dirait sortir d’un robinet.

Si encore on lui avait trouvé une faiblesse, un petit quelque chose qui tend à égaliser les chances. Ça donne encore une fois un épisode peu abouti, prévisible et qui traîne en longueur. Sur le plan technique toutefois, c’est une réussite. La trame est immersive et nous donne l’impression d’être proche des acteurs. Ça fait quand même de l’oeuvre un bon divertissement.

Pour conclure sur cette série, je dirais que, même si on limitait le premier film de la série LE HUITIÈME PASSAGER au seul plan audio, ce premier opus n’a jamais été égalé car au-delà de l’horreur et de ses saisissants effets spéciaux, le caractère oppressif de son atmosphère dépassait sensiblement l’action et l’horreur. De plus, on savait où on s’en allait: n’importe où sauf sur la terre. Malgré tout, cette présentation multicast est de nature à stimuler l’imagination et c’est ce que recherchent beaucoup d’auditeurs et d’auditrices.

Suggestion de lecture : LE RESSAC DE L’ESPACE, de Philippe Curval

William Gibson est un auteur américain de science-fiction et l’un des leaders du mouvement cyberpunk né avec le premier roman de Gibson en 1984 : «Neuromancien»  (Prix Nébula, Prix Hugo et Prix Philip K. Dick). Les deux romans suivants complétèrent ce qui sera sa première trilogie communément appelée «Trilogie de la Conurb» : «Comte Zéro» (1986) et «Mona Lisa s’éclate» (1988).  

Deux de ses nouvelles ont été portées à l’écran : «Johnny Mnemonic» avec Keanu Reeves et «Hotel New Rose» avec Christopher Walken.  William Gibson, inventeur du terme cyberespace, a reçu à ce titre un doctorat honorifique de sciences humaines, décerné par l’université de Coastal Carolina, à Conway.

Dirk Maggs, est un écrivain et réalisateur indépendant travaillant sur tous les médias. Il est connu pour son travail à la radio, où il a transformé le drame radiophonique en «Audio Movies», une approche quasi visuelle combinant des scripts, des effets sonores superposés, musique et des technologies de pointe.

Bonne écoute
Claude Lambert
le dimanche 30 juillet 2023

PROJET ELEONOR 1, CONTACT, Yohan Maltais

*Le visage de la terre était en train de changer et
ce n’était qu’une question de temps avant que ce
château de cartes social ne s’écroule.*
(Extrait : PROJET ÉLÉONOR CONTACT, Yohan
Maltais, AdA éditions 2018, édition de papier, 500 p.)

2125. L’OMS annonça la venue d’une nouvelle pandémie qui allait s’étendre à la planète entière. À ce rythme, vingt années auraient suffi à mener la race humaine à une extinction totale. West corporation arriva tel un sauveur en annonçant la création d’un vaccin qu’ils nommèrent HOPE. La pandémie frappa durement.

Une migration naturelle vers les grandes villes s’amorça, rayant de la carte des milliers de petites bourgades ce qui redessina les frontières de monde. Londres 2149. Dylan Thomas, est assailli par de violentes migraines qui déclenchent des visions de son futur. Il devra braver le froid, la peur et la mort pour connaître la vérité.

DES BRIDES DU FUTUR
*Étranglé par une douleur profonde, aucun
son ne sortit de sa gorge serrée.  Elle ne
savait plus si elle voulait en connaître
davantage. Et ce qu’elle avait vu n’était
que la pointe de l’iceberg ?*
(Extrait)

PROJET ÉLÉONOR nous plonge dans un monde futuriste où les nouvelles technologies biogénétiques et cybernétiques sont poussées au-delà de l’entendement au profit d’un scientifique psychopathe tordu et givré. Un monstre sans conscience appelé George Weller.

Ce cinglé dirige dans l’ombre un projet ultra secret protégé par une façade, une puissante compagnie dirigée par Allan West qui a créé le vaccin HOPE. Le projet ultra secret appelé Éléonor travaille à régénérer les tissus humains et à augmenter leurs capacités.

Je ne peux pas en dévoiler plus sans spolier mais rappelons-nous que la nanorobotique peut altérer un être humain au point d’en faire une machine biologique meurtrière qui obéit aux ordres programmés. Le lecteur pourrait être surpris d’apprendre la véritable nature du vaccin HOPE.

L’histoire est celle de trois personnes intimement liées : Peter, un agent des forces spéciales, Sophie, une scientifique en recherche pour la Société West et Dylan, un oncologue qui joue un rôle-clé dans le récit.

Les trois personnages subissent l’attraction d’un système pourri et inhumain à la tête duquel, agissant dans l’ombre se trouve George Weller, un être immoral aussi puissant que monstrueux. La deuxième moitié du livre se concentre sur Dylan Thomas, activement recherché par Weller. Dylan cherche à connaître la vérité et surtout à la comprendre.

La technique d’écriture de ce livre rappelle les scénarios de film d’action, forte et très visuelle. J’ai dû persévérer pour lire le livre au complet. Je ne l’ai pas regretté mais j’ai trouvé ça un peu ardu. Le fil conducteur est fragile. Il y a beaucoup de personnages, de forces mystérieuses et d’éléments qui s’entrecoupent.

Il faut vraiment se concentrer sinon, on perd le fil rapidement. En contrepartie, le récit décrit avec habileté une ambition démesurée dans une société dépassée par sa technologie :

*Chacun essayait de trouver sa place dans cette orgie technologique et en apparence, ils y arrivaient, mais en réalité, cette société façonnée, mécaniquement viable selon les modèles simulés, agonisait. * (Extrait)

Certains passages risquent d’ébranler le lecteur car Yohan Maltais a une écriture aussi directe que descriptive et ne fait pas dans la dentelle. Faites vos propres découvertes mais notez bien cet extrait : C’est de la putain de science-fiction ! pesta Sandy en attrapant le verre sèchement. Votre compagnie est le diable incarné.* (Extrait) Science-fiction ? oui.

Mais j’ai trouvé ce récit réaliste à bien des égards. Il fait peur. Détail intéressant. J’ai trouvé une petite coquille que seuls les amateurs d’Harry Potter pourront comprendre :

*Ces sphères détenaient tous les secrets du monde et par leur allure rappelaient vaguement les «vifs d’or» d’une ancienne histoire de magicien, sans les ailes évidemment.*

Donc pour résumer, j’ai eu de la difficulté à entrer dans l’histoire, mais une fois qu’on a saisi la motivation des principaux personnages, on se laisse emporter par un récit au rythme élevé devenant effréné dans le dernier quart. C’est bourré de trouvailles technologiques. Beaucoup d’action, de rebondissements mais on peut perdre le fil facilement.

Au début de cet article, j’ai dit que PROJET ÉLÉONOR nous plonge dans un monde futuriste. Ça va plus loin que ça en fait, c’est une chute dans la démesure. Je crois que j’attaquerai avec plaisir le tome 2.

Suggestion de lecture : LE CYCLE DE FONDATION, d’Isaac Asimov

NOTE SUR L’AUTEUR

Je n’ai malheureusement trouvé aucune information utile sur l’auteur Yohan Maltais à ce jour. En fait,  en matière d’édition, je n’ai jamais trouvé une mise en marché aussi peu intéressée, aussi peu soignée.

J’ai quand même lu ce livre et j’ai décidé de le commenter pour la simple raison qu’au moment de publier cet article, notre planète est aux prises avec la pandémie du COVID 19 et que la distribution d’un vaccin à l’échelle du monde est plus que douteuse.

L’auteur n’a probablement pas prévu cette pandémie mais l’a imaginée en y ajoutant un projet diabolique à glacer le sang. J’ai donc choisi d’en parler à cause d’un évident lien entre cette histoire et l’actualité.

Bonne lecture
Claude Lambert
le samedi 20 février 2021