LONGWOR, L’ARCHIPEL-MONDE, de Denis Duclos

*«Tlacacalilizli ! Les flèches, les flèches vivantes
qui tuent !… Ah, malheur, il est mort ! » hurlait
maintenant la sorcière, des sanglots dans la
gorge. Elle secouait en tous sens sa chevelure
épineuse.*

(Extrait : LONGWOR, L’ARCHIPEL-MONDE,
Le Cycle de l’Ancien Futur, livre 1, Denis Duclos, édition
de papier, J’ai lu éditeur, édition numérique mai 2001,
Rivages/Fantasy éditeur 1999, 345 pages)

Longwor : un minuscule archipel au nord-est de la Guyane, que les courants marins et les anomalies magnétiques ont caché aux yeux du monde. Augustin Coriac, disparu dans ces parages voici un siècle, y aurait-il surpris des secrets encore plus étranges que ceux qui l’ont guidé jusque-là ? Sur la Majeure, la plus grande île de l’archipel, Augustin découvre chemins forestiers, passages souterrains et marais pestilentiels. Mais il est vite confronté à la violence des jeux de pouvoir qui agitent ce micro monde. Il échappera à mille dangers tout en découvrant le pouvoir secret du «Grand Dragon» qui régit la destinée de l’archipel.

Un surprenant microcosme
*« Buvons, mes amis, au Grand Équilibre, qui, comme par miracle,
interdit aux puissances de ce monde de nous faire sombrer dans
l’apocalypse ! Buvons à la vie qui permet à ce pauvre être de
résister à tous les traitements inhumains qu’on lui a fait subir !»
On trinqua à l’adresse du thrombe endormi. *
(Extrait)

LONGWOR, L’ARCHIPEL-MONDE est le premier opus d’une série appelée LE CYCLE DE L’ANCIEN FUTUR. C’est un grand récit aventurier qui a attiré mon attention pour plusieurs raisons. Il s’agit de la démarche d’un aventurier. Ça n’a rien d’extraordinaire comme récit, cependant, l’histoire a certains attributs très intéressants. Voyons d’abord le synopsis.

À la fin du XIXe siècle, un aventurier appelé Augustin Coriac trouve le moyen d’atteindre et d’explorer un endroit légendaire quelque part au nord-est de la Guyane, mais pourtant caché aux yeux du monde par des courants marins capricieux et des anomalies magnétiques.

Dès son arrivée, il rencontre Phial d’Atoy de Parinofle qui deviendra guide officiel de cette odyssée extraordinaire dans cet archipel à la beauté aussi luxuriante qu’hostile. L’objectif de Coriac est d’atteindre Clotone, la capitale de l’Archipel mais il devra affronter de nombreux dangers, les subtils jeux de pouvoirs des principaux acteurs étant les moindres.

Le premier élément qui m’a sauté aux yeux est le soin particulier que Denis Duclos a mis dans la création de Longwor. Il a donné à l’archipel une histoire, des légendes, des mœurs, une géographie, un système politique, une mythologie, toutes sortes de créatures, espèces et sous-espèces et j’en passe mais non sans mentionner le plus important : LE GRAND ÉQUILIBRE, une expression rituelle qui se réfère à des croyances partagées dans tout Longwor.

C’est la caractéristique majeure de l’Archipel qui rend capital le souhait des insulaires de ne jamais entrer en contact avec le Nouveau-Monde. *On m’a parlé d’un jeu entre les îles, d’un lien compliqué entre la politique et les courants marin…* (Extrait)

toutes ces caractéristiques attribuées à Longwor sont tellement vastes et, je dois le dire, inutilement compliquées, que l’auteur a consacré 20% de son livre (un cinquième…je trouve ça énorme) à une petite encyclopédie des Îles de Longwor, c’est-à-dire un dictionnaire d’êtres de toutes sortes peuplant l’imaginaire de l’archipel : hommes, dieux, fées, chevaux, navires, thrombes et même des morts vivants. Ajoutons à cela trois dictionnaires thématiques spécifiques à Longwor.

Autre élément qui m’a frappé dans ce livre est la beauté de l’écriture. L’auteur y décrit un microcosme qui n’est pas sans rappeler les envolées descriptives de Jules Verne : *Vous ne le connaissez pas dit fièrement Propio. « Elle court comme une brenèle, grimpe comme une chevirelle et nage comme un phomar. Éventuellement, elle mord comme un petit traquart… » (Extrait)

Beaucoup de mots sont des déformations ou des extensions de mots courants comme *gouvernoral* au lieu de gouvernemental ou *BLIN* au lieu de lin. Évidemment, donner autant d’attributs à un peuple caché comme l’histoire et la mythologie nécessitait qu’on lui attribue également un langage.

Voilà. Je vous ai donné les principales raisons qui me poussent à vous recommander ce livre…des raisons qui constituent un côté dépaysant avec beaucoup de trouvailles. Sur le plan de l’histoire, c’est plus ordinaire…un aventurier qui découvre et explore un monde nouveau, étrange et pouvant être dangereux. Ordinaire, et courant en littérature. Mais il y a beaucoup d’autres choses que l’histoire dans Longwor et ça fait de cette lecture une belle diversion.

Suggestion de lecture : SAUVAGE, de Jamey Bradbury

Denis Duclos est sociologue, docteur d’État, directeur de recherche au CNRS à Paris, écrivain et chercheur associé à un groupe de recherche de l’Institut Télécom. Denis Duclos est intervenu régulièrement dans le Monde diplomatique depuis 1993. Il a écrit des récits mythiques et d’Heroic fantasy inspirés par sa réflexion sur le concept de pluralité. Le «cycle de Longwor» est inspiré du cycle homérique. Il décrit des aventures épiques dans un archipel imaginaire, où la liberté des personnages se confronte à la «machine» des fonctions identitaires de chaque île.

LA SUITE

Bonne lecture
Claude Lambert

le samedi 25 novembre 2023

LE TOUR DU MONDE EN QUATRE-VINGTS JOURS

Commentaire sur le livre de
JULES VERNE

*Un bon anglais ne plaisante jamais, quand il s’agit d’une
chose aussi sérieuse qu’un pari, répondit Phileas Fogg.
Je parie vingt mille livres contre qui voudra que je ferai le
tour de la terre en quatre-vingts jours ou moins, soit dix-
neuf cent vingt heures ou cent quinze mille deux cents
minutes. Acceptez-vous ? *
(Extrait : LE TOUR DU MONDE EN QUATRE VINGTS JOURS,
Jules Verne, édition de 1997 chez Gallimard jeunesse, collection
Folio junior. Édition de papier, 332 pages. Littérature jeunesse)


« Je parie vingt mille livres que je ferai le tour de la terre en quatre-vingts jours au moins. » Ainsi s’adressait Phileas Fogg, en cette soirée du 2 octobre 1872, à ses compagnons du Reform-Club de Londres. Et le voilà parti avec son domestique Passepartout. Le gentleman anglais, avare de paroles, précis comme une mécanique, et le Français, vif, malin et bavard, s’accordent à merveille ! Mais nombreux sont les périls qui les attendent sur la route des Indes, de la Chine et des Amériques…

Un pari sur le monde
* Dans ce singulier pays ou les hommes ne sont
certainement pas à la hauteur des institutions,
tout se fait «carrément», les villes, les maisons
et les sottises. *
(Extrait)

J’ai reconnu très vite et avec plaisir la plume visionnaire et onirique de Jules Verne, qui a embelli mon adolescence et jusqu’à aujourd’hui encore en me faisant voyager dans des univers extraordinaires : DE LA TERRE À LA LUNE, CINQ SEMAINES EN BALLONS, VING-MILLE LIEUES SOUS LES MERS, MICHEL STROGOFF, VOYAGE AU CENTRE DE LA TERRE…*Avec Jules Verne, vous pouvez aller partout et de toutes les façons possibles…par tous les temps : il vous suffit de puiser dans le trésor des voyages extraordinaires.* (Extrait du supplément)

Dans LE TOUR DU MONDE EN QUATRE-VINGT JOURS, nous suivons quatre personnages : le principal, PHILEAS FOGG, un richissime gentleman, son valet, Passepartout, l’officier de police FIX et MISS AOUDA, une jeune femme sauvée d’un cruel rituel indou par Passepartout et ramenée en Angleterre par Fogg et qui donnera un sens à toute cette aventure.

FOGG est plutôt égocentrique, peu intéressé à ce qui l’entoure, ne montre jamais ses émotions et sa maîtrise de soi pousse un peu à la caricature. C’est un personnage plus grand que nature un peu comme les personnages de L’ÎLE MYSTÉRIEUSE ou comme Dick Sand, le jeune marin du roman UN CAPITAINE À 15 ANS.

Pour moi, ce n’est pas le meilleur de Verne à cause du personnage principal que l’auteur a imaginé trop mécanique, trop stoïque. Peu sympathique et à peu près pas attachant. Mais ma lecture a été sauvée par deux éléments en particulier. Premièrement, le deuxième personnage en importance : Jean Passepartout, valet de Fogg, un sympathique bavard rusé et surtout extrêmement intuitif. Il est sympathique, drôle, attachant et fera la différence dans cette extraordinaire aventure.

Deuxièmement, mon esprit a voyagé et je n’ai jamais vu le temps passer : Londres, Suez, Bombay, Calcutta, Hong Kong, Yokohama, San-Francisco, New-York avec, pour chaque coin du monde, une généreuse part de surprises, revirement, obstacles de toutes sortes. Et dire que cette merveilleuse odyssée repose sur un pari extrêmement risqué pour Fogg pour qui l’imprévu n’existe pas. Bien sûr, les évènements vont lui démontrer le contraire bien évidemment. Mais l’admettra-t-il ?

Malgré un personnage principal plutôt froid et très *british* j’ai beaucoup aimé ma lecture. Ce livre n’a pas vieilli et pourtant, il décrit la géographie physique et sociale du XIXe siècle. Comme tout ce qui est signé Jules Verne, il induit le rêve et incite aux voyages même les plus inusités. L’écriture n’est pas très actuelle dans le style mais j’ai trouvé la plume fluide et vivante, avec un soupçon d’humour. Toutes les péripéties de ces valeureux personnages ainsi que la finale à laquelle je n’aurais jamais pensé font de LE TOUR DU MONDE EN QUATRE-VINGT JOURS un incontournable roman d’aventure qui constitue une course effrénée contre la montre.

Jules Verne est né à Nantes en 1828.  Après son mariage en 1857, il devient agent de change à la Bourse pour vivre. Travaillant le jour, il étudie la nuit, les mathématiques, la physique, la géographie, la botanique pour construire son œuvre. En 1863, il apporte le manuscrit de « Cinq semaines en ballon » à l’éditeur Hetzel. Cette rencontre sera décisive : ce grand éditeur, enthousiasmé par les manuscrits de Jules Verne, lui propose un contrat propre à stimuler le génie de l’auteur de « Vingt Mille Lieues sous les mers », un contrat qui l’attache à sa maison.

Ainsi, Verne élabore une œuvre immense,  démontrant que la science est le mouvement incessant qui part de l’homme et y revient avec une provision de connaissances, d’images et de rêves. Jules Verne est mort le 24 mars 1905 à Amiens la ville natale de sa femme, où il s’était installé en 1871.

Suggestion de lecture, du même auteur : DE LA TERRE À LA LUNE

C’est la plus célèbre adaptation du classique de Verne : LE TOUR DU MONDE EN 80 JOURS, sorti en 2007. Une saga de 2 heures 50 minutes réalisée par Michael Anderson avec David Niven, Mario Moreno et Shirley MacLaine.

La version de 2004 réalisée par Frank Coraci a aussi atteint des sommets grâce, entre autres à la performance de Jackie Chan. Je n’ai pas tout à fait compris pourquoi, mais la notoriété de Jules Verne y était sûrement pour quelque chose.

Bonne lecture
Bonne écoute
Claude Lambert
le samedi 16 septembre 2023

 

3001 L’ODYSSÉE FINALE, d’Arthur C. Clarke

<Ici GOLIATH, dit Chandler à l’intention de la terre,
avec dans la voix un mélange de fierté et de solennité.
Nous ramenons à bord un astronaute vieux de mille
ans. Et je crois savoir qui c’est. >
Extrait : 3001 L’ODYSSÉE FINALE, Arthur C. Clarke, 1997,
Albin Michel éditeur. Édition de papier, 285 pages.

Après une longue hibernation, le corps de Frank Pool, l’un des deux pilotes de l’astronef Discovery, est restitué à la vie. Persuadé que Dave Bowman, son compagnon d’odyssée, se trouve sur la lune Europe, il brave l’interdiction qui est faite d’y atterrir. Cet héroïsme mettra en perspective le grave danger que les monolithes font peser sur Europe et sur la terre. Peut-on changer le cours du destin ?

Les deux soleils
<Soudain, il avait trouvé une raison de
vivre. Il était temps ! Il lui restait un
travail à accomplir dans ce monde
qu’on appelait autrefois Jupiter.>
Extrait

Gary Lockwood à gauche et Keir Dullea incarnent respectivement les docteurs Frank Pool et David Bowman, les deux personnages principaux du film culte 2001 L’ODYSSÉE DE L’ESPACE réalisé en 1968 par Stanley Kubrick. Ces deux héros se retrouvent au cœur de la grande finale de l’Odyssée : 3001.

3001: L’ODYSSÉE FINALE est le dernier opus de la célèbre tétralogie d’Arthur C. Clarke qui a commencé par 2001 : L’ODYSSÉE DE L’ESPACE immortalisé par le septième art,

Dans ce chapitre final, Après 1000 années de dérive dans l’espace, le corps de Frank Poole est récupéré puis ramené à la vie. Ce dernier peut désormais contempler la planète Terre du haut de la tour Afrique, une des quatre tours construites par les humains. Poole, persuadé que David Bowman se trouve sur la mystérieuse Europe, le satellite interdit, va transgresser l’interdiction et s’y poser.

C’est une bonne histoire malgré mon ressenti d’un certain essoufflement et d’une surexploitation du thème. En fait, j’ai ressenti sensiblement la même chose qu’après la lecture de 2010 qui a été aussi adapté au cinéma. Dans ce deuxième volet,  le Dr Heywood Floyd accompagne un équipage russo-américain vers Jupiter à bord du Leonov dans le but d’étudier l’étrange objet satellisé, le fameux monolithe *stationné* entre Io et Jupiter.

Je sais. Mon commentaire peux ressembler étrangement à ce que j’ai écrit en mars 2023 sur ce site à propos du livre 2010 : ODYSSÉE 2 à savoir Une grande crédibilité sur les plans littéraire et scientifique même si ce dernier aspect m’a paru parfois très lourd, une représentation chaude et bucolique de l’environnement de la majestueuse Jupiter, mystère tenace et intrigue maintenus sur le monolithe, une plume riche malgré une certaine redondance par rapport aux tomes précédents et le fait, un peu navrant, que le film a laissé dans mon esprit une impression plus forte que le livre.

Quant aux personnages, j’ai eu de la difficulté à m’y attacher. Bowman en particulier. La série se tient et son caractère environnemental est criant : nous sommes les locataires de la terre. Quand le bail sera échu, on aura des comptes à rendre.

J’ai aimé ce livre mais je crois qu’il était temps que la série se termine. J’ai l’impression que, comme dans beaucoup de séries et de collections, le premier opus n’a jamais été battu.

Suggestion de lecture : HISTOIRE DE LA SCIENCE FICTION, de James Cameron

Arthur C. Clarke (de son nom complet Arthur Charles Clarke) est un auteur et un inventeur britannique. Il se consacre pleinement à l’écriture’à partir de 1951.C’est avec <2001, l’odyssée de l’espace> que vient la célébrité pour Sir Arthur C. Clarke. Son oeuvre comporte de nombreux autres titres, notamment des suites à 2001 et des essais.

L’écrivain vivait sur un fauteuil roulant depuis 30 ans, suite à une poliomyélite contractée pendant son enfance. Il s’était retiré au Sri Lanka, où il est mort le 19 mars 2008. Une académie y porte son nom. La plupart de ses essais (entre 1934 à 1998) sont rassemblés dans le livre Greetings, Carbon-Based Bipeds! (2000). La plupart de ses nouvelles sont réunies dans le livre The Collected Stories of Arthur C. Clarke (2001). Ces deux ouvrages forment une bonne sélection du travail de l’écrivain.

Bonne lecture
Claude Lambert
Le samedi 20 mai 2023

2010 : L’ODYSSÉE 2, d’Arthur C, Clarke

*Quatre hommes étaient morts et un cinquième
avait disparu…là-bas…parmi les lunes de Jupiter. *
(Extrait : 2010. L’ODYSSÉE DEUX, Arthur C. Clarke.
Albin Michel éditeur 1983. Version audio : Audible studios
2019. Durée d’écoute : 8 heures 55 minutes. Narrateur :
Mathieu Dahan.)

Rappelez-vous 2001 : l’odyssée de l’espace. Pourquoi Hal, l’ordinateur plein de science et de sagesse, a-t-il assassiné l’équipage du Discovery 2010 . Dans L’ODYSSÉE DEUX, nous suivons des hommes qui vont se lancer dans l’espace, bien décidés à rapporter à la Terre les réponses attendues. L’équipage composé de Russes et d’Américains s’embarquera à bord du vaisseau Alexeï Leonov. Quand la navette s’arrache du terrain de Cap Canaveral, commence une mission qui peut décider du sort de l’humanité…

*Mon Dieu ! C’est plein d’étoiles*
(Extrait légendaire de ODYSSÉE DE L’ESPACE 2001 et 2010)

J’ai trouvé ce deuxième opus de L’ODYSSÉE DE L’ESPACE très intéressant. Malheureusement, je n’arrivais pas à m’enlever le film de la tête. Aussi je vous dirai dès le départ que les scénaristes ont pondu une adaptation très libre du livre en film. Les deux sont excellents, mais je crois que le livre est supérieur.

Dès le départ, l’auditeur/auditrice est embarquée dans une énigme : l’orbite de Discovery se modifie…dix ans après… Conscients que des évènements extraordinaires se déroulent à proximité de Jupiter et ne comprenant toujours pas pourquoi le superordinateur HALL9000 s’est dérèglé, les russes et les américains conviennent de s’unir pour aller voir et ils ne seront pas au bout de leurs surprises et  Arthur C Clarke sait ménager les surprises avec un extraordinaire savoir-faire.

Le texte est moins tendu que dans le livre premier et sensiblement plus descriptif. Il frôle même la lourdeur mais sans jamais l’atteindre. Je pense en particulier au contenu scientifique qui a été particulièrement bien vulgarisé. Pour moi en tout cas, c’était limpide. Même la description physique de la géante Jupiter avait pour moi quelque chose de bucolique, apaisant. La plume est détaillée mais pas jusqu’à l’ennui à quelques exceptions près.

La principale faiblesse du récit repose sur HALL9000 et David Bowman car l’auteur ne leur a attribué rien de neuf comme rôle et leur discours est non seulement remâché mais il est aussi surexploité. Mis à part le froid Shandra, papa de Hall, j’ai été enveloppé par des personnages chaleureux et attachant, le docteur Floyd en particulier et le russe Max, amical, rassurant, sans peur et sans reproche et sur lequel tout coule ce qui n’est pas sans faire sourire.

Et c’est Max justement qui m’amène à vous parler du narrateur. Mathieu Dahan n’a pas lu…il a raconté l’histoire avec un talent qui force l’admiration et une exceptionnelle capacité de rendre l’accent russe crédible, mélodique mais sans excès et c’est un beau défit car il est en général très facile de caricaturer l’accent russe. Donc, excellent travail de narration par un professionnel qui a su filtrer suffisamment d’émotion pour faire oublier le film.

Tout le livre est crédible autant sur le plan littéraire que sur le plan scientifique. En bref : la lecture est captivante. La plume est fluide, la voix du narrateur est très agréable. Il y a un petit peu de redondance par rapport au livre premier. J’ai été déçu par HALL9000 mais séduit par l’imagination débordante de l’auteur et son aspect visionnaire. C’était pour moi un très bon moment d’écoute.

Suggestion de lecture : LE DÉCHRONOLOGUE, de Stéphane Beauverger

Arthur Charles Clarke est un auteur et un inventeur britannique. Il a commencé assez tôt à vendre des histoires de science-fiction. Il ne se consacre pleinement à l’écriture qu’à partir de 1951. C’est avec 2001, l’odyssée de l’espace que vient la célébrité pour Sir Arthur C. Clarke. Ce roman est basé sur la nouvelle La Sentinelle, qu’il a réécrit à l’époque où Stanley Kubrick en tirait une adaptation cinématographique. Son oeuvre comporte de nombreux autres titres, notamment des suites à 2001 et des essais. L’écrivain s’est retiré au Sri Lanka, où il est mort le 19 mars 2008. Une académie y porte son nom.

2010 :L’ODYSSÉE DEUX

Au cinéma

Le film a été réalisé en 1981 par Peter Hyams. Une production américaine qui réunit à l’écran entre autres Roy Scheider, John Lightgow et Helen Mirren. Neuf ans se sont écoulés depuis l’incident du vaisseau Discovery, toujours en orbite autour de Jupiter. Pour le professeur Floyd, créateur du super robot HAL 9000, il est temps d’éclaircir ce mystère et ramener Discovery sur Terre. A bord du vaisseau Leonov, américains et soviétiques vont devoir s’unir pour lutter contre la folie de HAL… (Allo Ciné)

Bonne écoute

Claude Lambert

IMMORTELLE RANDONNÉE (2) Compostelle malgré moi

Commentaire (partie 2) sur le livre de
JEAN-CHRISTOPHE RUFIN

*On aperçoit déjà ce qui fait la nature profonde du chemin.
Il n’est pas débonnaire comme le croient ceux qui ne se sont
pas livrés à lui. Il est une force. Il s’impose, vous saisit, vous
violente et vous façonne. Il ne vous donne pas la parole mais
vous fait taire. *
(Extrait : IMMORTELLE RANDONNÉE, Jean-Christophe Rufin)

Pour faire suite aux propos de l’article précédent, Le seul petit reproche que je peux faire à ce livre est le choix des photographies. Elles sont superbes je le précise mais la thématique développée est surtout architecturale, religieuse, iconologique ou paysagère. La thématique humaine est malheureusement sous-développée, du moins à mon goût. Il y a bien quelques marcheurs de dos.

Il aurait été intéressant de voir l’expression des visages burinés et en sueur, les regards pris sur le vif des pèlerins spécialement à leur arrivée à Compostelle, des photos illustrant le quotidien des pèlerins.

Bref, des photos évoquant le caractère humain du pèlerinage. Heureusement, les photos de Marc Vachon sont magnifiques et ajoutent à l’œuvre une qualité exceptionnelle. IMMORTELLE randonnée n’est pas seulement un bon livre, c’est un beau livre qui atteint le cœur et l’esprit.

Enfin, je pense que l’auteur a jeté sur son *odyssée*, et avec le recul du temps, un regard le plus réaliste possible…un regard sur le chemin de Compostelle tel qu’il est, à l’image de la vie : des fois beau, souvent décevant…

*Réservant de permanentes surprises et des Émotions  à contre-courant, il n’a rien d’un parcours semé de rose.* (Extrait) Je crois que les lecteurs et lectrices prendront plaisir à partager le quotidien de Jean-Christophe et de Marc se sentant proche du pèlerin et prêts à démystifier le chemin de la plus profonde spiritualité.

Je vous invite sans hésiter à lire, à voir et à vivre IMMORTELLE RANDONNÉE, Compostelle et moi. Un très bon livre qui vous amène à la croisée des chemins et lance le cri du cœur…*rendez-vous à Saint-Jacques*…

Suggestion de lecture : L’ALCHIMISTE, de Paulo Coelho

Acteur engagé de la vie internationale, Jean-Christophe Rufïn a dirigé plusieurs grandes organisations humanitaires.
Il est aujourd’hui ambassadeur de France au Sénégal. Ses expériences ont inspiré une œuvre riche, essais (Le Piège humanitaire, Un léopard sur le garrot) et romans (l’Abyssin, Rouge Brésil, Concourt 2001, Le parfum d’Adam). Il a été élu à l’Académie française au fauteuil d’Henri Troyat en 2008
.

Marc Vachon est né à Montréal, en 1963. Abandonné à la naissance, il connaît tout ce que la vie dans nos pays » développés » offre de plus noir : violence, abus… Un jour, il découvre Médecins sans frontières. On l’engage et dès lors, une autre vie commence : il met au service de cette cause l’instinct de survie qu’il a acquis dans la rue. Il devient le logisticien de choc de MSF. Les missions se succèdent l’Irak, le Mozambique, le Soudan, Sarajevo, le Rwanda, où Il découvre que l’humanitaire est aussi un lieu où s’exerce le pouvoir. Ce qui l’amène à écrire, à photographier, à être témoin… des dérives de l’humanité.

LECTURES COMPLÉMENTAIRES

SUGGESTION DE FILM DOCUMENTAIRE

UN FILM QUI PORTE UN REGARD DE TOLÉRANCE ET D’OUVERTURE SUR LE MONDE. Le pèlerinage de Compostelle est une expérience qui attire de plus en plus de personnes. 

Le pèlerin est amené à dépasser ses limites, à se confronter à lui-même et à son environnement. Les épreuves sont physiques, mais surtout psychologiques.  Le réalisateur, Freddy Mouchard a suivi pendant 3 ans le parcours de plusieurs pèlerins. Étape après étape un nouveau rythme de vie s’installe offrant de nouvelles perceptions.

L’alchimie du chemin opère peu à peu. Quand le pèlerin arrive enfin au terme de son périple, au cap Finistère, il brûle ses anciens vêtements face au soleil couchant. Le vieil homme disparaît pour faire naître l’homme nouveau.

 

Bonne lecture
Claude Lambert
janvier 2020

VOYAGE AU CENTRE DE LA TERRE de JULES VERNE

*Le véritable voyage commençait. Jusqu’alors, les fatigues l’avaient emporté sur les difficultés. Maintenant, celles-ci allaient véritablement naître sous nos pas. Je n’avais point encore plongé mon regard dans ce puits insondable où j’allais m’engouffrer. Le moment état venu…* (Extrait, VOYAGE AU CENTRE DE LA TERRE, Jules Verne, livre audio édité en 2013 par LE LIVRE QUI PARLE et lu en version intégrale par Bernard Petit. J’ai aussi écouté une version audio courte publiée en 2005 par les éditions Naïve et lue par Jean-Claude Dreyfus et Michel Aumont.)

Image: publication 2013
Axel Lidenbrock est le neveu d’un éminent géologue et naturaliste allemand, le professeur Otto Lidenbrock. L’histoire commence à Hambourg, dans la maison du Pr. Lidenbrock. Le professeur, amateur de vieux livres, a acheté le manuscrit original d’une saga islandaise, Heimskringla, écrite au XIIe siècle, et dans lequel il découvre un parchemin rédigé en caractères runiques. Axel et son oncle parviennent à déchiffrer ce cryptogramme.

Il s’agit du message d’un certain Arne Saknussemm, un alchimiste du XVIe siècle. Celui-ci affirme avoir découvert un passage vers le centre de la Terre, en passant par le Sneffels, volcan inactif situé en Islande. Le professeur Lidenbrock décide de partir dès le lendemain pour l’Islande, emmenant avec lui son neveu Axel. A Reykjavík, ils engagent un chasseur d’eider nommé Hans, qui sera leur guide.

Les trois hommes voyagent jusqu’au pied du volcan Sneffels, et en font l’ascension. Le cratère éteint renferme trois cheminées. L’une d’elles doit être effleurée par l’ombre d’un haut pic, le Scartaris, à midi, «avant les calendes de juillet», c’est-à-dire dans les derniers jours de juin. D’après la note de Saknussemm, là se trouve le passage vers le centre de la Terre…

LE CLASSIQUE DES CLASSIQUES
*Enchanté mon garçon, je suis enchanté.
Nous sommes arrivés. <au…au terme de
notre expédition?> ? Mais non…au bout
de cette mer qui n’en finissait plus…nous
allons maintenant reprendre la voie de terre
et nous enfoncer enfin dans les entrailles du
globe !
>(Extrait : édition année 2005)

Image : publication 2005

Ça faisait longtemps que VOYAGE AU CENTRE DE LA TERRE de Jules Verne était dans mes projets de lecture. Plusieurs années même. Difficile de dire pourquoi je repoussais tout le temps. On ne peut pas repousser Jules Verne indéfiniment. Puis j’ai eu la chance de mettre la main sur deux versions audios de ce grand classique. La version narrée par Bernard Petit est plus complète.

Première observation et ça m’a sauté aux yeux…plutôt aux oreilles… j’ai compris à quel point les scénaristes et réalisateurs avaient pris des libertés dans l’adaptation du livre. Le livre est définitivement plus sobre et plus intéressant même s’il est sensiblement moins spectaculaire.

L’histoire est simple. C’est celle d’un scientifique : Otto Lindenbrock, un géologue, brillant mais têtu et légèrement caractériel et Axell, son neveu, un orphelin que le professeur a pris sous son aile. Un jour, Axell découvre un mystérieux parchemin. Le manuscrit, signé Arne Saknusemme, contient des indications précises pour atteindre le centre de la terre en passant par le cratère du Sneffel, un volcan islandais éteint et en utilisant une des cavités éclairées par le soleil un jour précis de juin.

Lindenbrock décide de tenter l’aventure avec Axell et s’adjoindre un guide islandais appelé Hans et voici nos amis partis dans une aventure qui va les marquer pour la vie, frôlant la mort plusieurs fois et composant avec les caprices de la planète qui est fort vivante.

Le livre et la première version audio que j’ai écoutée raconte donc l’odyssée de l’expédition Linderbrock. On s’aperçoit très vite que la science est un objet de littérature pour Verne et c’est la source d’une de mes principales difficultés quand je lis Verne : l’étalement de connaissances et d’explications scientifiques, certaines n’étant pas nécessaires au contenu, d’autres compliquées parce qu’insuffisamment vulgarisées. C’est un élément qui complique la lecture ou l’écoute.

Évidemment quand je lis un livre de science-fiction, je m’attends à un livre d’aventure et non à un cours de science. Verne n’est pas le seul à s’étendre, ce fut le cas de beaucoup d’auteurs. Au moment d’écrire ces lignes je pense surtout à Edgar Allan Poe. Mais il y a quand même un élément très important qui vient contrebalancer la parade scientifique : c’est la beauté de l’écriture qui pousse à l’émerveillement de par ses qualités descriptives.

Il est difficile de ne pas aimer Jules Verne, d’autant que la première version audio que j’ai écoutée était narrée par Bernard Petit avec ses remarquables capacités vocales de passer d’un registre à l’autre et de matérialiser par son harmonique vocale une extraordinaire gamme d’émotions.

Il lui arrive parfois d’en faire trop, de verser sensiblement dans la déclamation mais pas suffisamment pour irriter les oreilles si je me réfère à l’ensemble de la narration. Donc en général, l’écoute fut pour moi très agréable.

Si je reviens à l’histoire, j’ai été un peu surpris du peu de consistance attribuée au guide HANS, à qui Verne semble avoir attribué le rôle d’ange gardien. Ne réfléchis pas, parle très peu mais jamais loin pour sauver tout le monde.

J’aurais souhaité qu’il ait un rôle plus actif. Autre faiblesse à mon avis, mais elle pourrait être discutable, j’ai trouvé la finale expédiée et un peu facile. Au moins, j’ai pu savourer une description extraordinaire des paysages, et ce à tous les niveaux de la descente. C’est un récit très actif et généreux dans ses descriptions

Quant à la deuxième version que j’ai écoutée, je serai bref. Elle est plus courte, plus concentrée, elle est présentée par deux narrateurs avec figurants et musique. C’est une version plus ancienne, pas techniquement au point. Toutefois, j’ai trouvé sa présentation sympathique et très agréable.

Lire Verne, c’est un dépaysement garanti. Bien sûr il y a des invraisemblances, mais l’auteur fut un des plus grands visionnaires de la littérature. N’a-t-il pas anticipé l’idée du sous-marin avec 20 000 lieues sous les mers, et le voyage dans l’espace avec DE LA TERRE À LA LUNE et la théorie de la terre creuse de Pauwells avec VOYAGE AU CENTRE DE LA TERRE.

Il faut lire Verne au moins une fois…dépaysant bien sûr, mais aussi rafraîchissant, relaxant…bon pour le moral. La qualité de l’écriture m’a entraîné au centre de la terre…un moment intense et extraordinaire.

Suggestion de lecture, du même auteur : VINGT MILLE LIEUES SOUS LES MERS

Affiche du boitier contenant le DVD du film VOYAGE AU CENTRE DE LA TERRE sorti en juillet 2008 et réalisé par Eric Brevig avec, au cœur de la distribution, Brendan Fraser et Josh Hutcherson. D’après l’œuvre de Jules Verne, scénarisé par Jennifer Flackett, Mark Levin et Michael D. Weiss.

Jules-Gabriel Verne (1828-1905) est un écrivain français dont l’œuvre est surtout constitué de romans d’aventures basés sur les progrès scientifiques de son temps. Rompu d’abord au théâtre, sa rencontre avec Alexandre Dumas va sérieusement influencer la suite.

La rencontre avec l’éditeur Pierre Jules Hetzel, en 1862, et la publication par ce dernier de Cinq semaines en ballon, change le cours de sa vie. Le succès est immédiat et international, si bien que Verne signe un contrat de vingt ans pour produire ses Voyages Extraordinaires, nom attribué à sa série de plus de 70 romans.

 Les plus célèbres (Le tour du monde en quatre-vingts jours, Vingt mille lieues sous les mers, l’Île mystérieuse, Michel Strogoff, Les enfants du Capitaine Grant, Voyage au centre de la Terre, De la Terre à la Lune) sont gravés dans les mémoires et font partie du patrimoine culturel mondial.

L’intérêt particulier de son œuvre, c’est d’y retrouver un amour profond de la science, mêlé avec autant d’art que de sérieux à des idées novatrices et proches de la science-fiction. Beaucoup de ses livres ont été adaptés au cinéma, 20000 lieues sous les mers, produit par Disney, réalisé par Richard Fleischer, et bien sûr, VOYAGE AU CENTRE DE LA TERRE. (À consulter)

Pour terminer, AUDIBLE.CA offre deux suggestions supplémentaires des versions audios du célèbre classique de Verne :

      

Le cinéma et la littérature nous propose une quantité impressionnante de versions du grand classique de Verne. Les livres audio n’échappent pas à cette tendance. Audible en propose deux autres ci-haut. À gauche, la première version sonore réalisée en 1955 et publiée en 2015, narrée par Jean Desailly. À droite, une version abrégée publiée en 2010 avec le narrateur Éric Legrand.

BONNE ÉCOUTE
Claude Lambert
le dimanche 15 septembre 2019