LÉO MAJOR, un héros résilient

Biographie écrite par LUC LÉPINE

*L’ouvrage que vous tenez entre les mains saura vous donner le goût d’en savoir davantage sur l’héroïsme guerrier et sa perception sociale. Cela dit, si la résilience pouvait avoir un visage, Luc Lépine… a certainement su en peindre les traits sous ceux du sergent Léo Major. * (propos de Richard V. Blanchette, major général retraité, extrait de la deuxième préface, LÉO MAJOR, UN HÉROS RÉSILIENT, Luc Lépine, audio, Audible éditeur, durée d’écoute : 3 heures 14 minutes, narrateur : Alexis Martin)

La réalité de la guerre

C’est un récit biographique qui raconte l’histoire d’un homme qui était pour moi, jusqu’à aujourd’hui, une parcelle du soldat inconnu. Je ne connaissais pas les faits d’arme de Léo Major, et pourtant, il a participé à faire pencher la guerre du côté des alliés. Il est évident pour moi que Léo Major a été boudé et oublié par la toponymie et l’histoire malgré son incroyable bravoure et ses actions d’éclat comme le fait d’avoir libéré à lui seul la ville de ZWOLLE en Hollande, 50,000 habitants, fortement occupée par les allemands.

Il a sauvé la ville en appliquant une ruse géniale que je vous laisse découvrir. Léo Major a servi dans le régiment de la CHAUDIÈRE et le Royal 22e régiment des Forces Canadiennes. C’était un téméraire et son surnom de *rambo québécois* laisse à penser que c’était aussi une machine de guerre.

J’ai appris des choses étonnantes dans ce récit. Surprenant par exemple qu’un corps aussi brisé par la guerre ait pu survivre. Étonnant de constater qu’un homme qui possède une telle étoffe du héros ait eu si peu de reconnaissance. Mais en fait de démobilisation, je dirais qu’on lui a plutôt montré la porte. Il y a toutefois des raisons à cela.

Léo Major était un caractériel, peu respectueux des règles et parfois des ordres. Il critiquait aussi allègrement les officiers, ce qui parait très mal dans un dossier militaire. Impulsif, ombrageux, brouillon sur le plan personnel, Major a bâti sa valeur sur le front et il est pourtant resté incroyablement discret sur ses prouesses guerrières.

Le livre audio LÉO MAJOR UN HÉROS RÉSILIENT est une œuvre en parfait équilibre développée et présentée simplement, l’auteur, Luc Lépine a évité le piège du sensationnalisme, ce qui n’empêche pas le narrateur, Alexis Martin, de se sentir au cœur des évènements et d’utiliser parfois un ton d’urgence. Il m’a entraîné doucement mais fermement.

Il a capté mon attention, et il l’a gardée jusqu’à la fin. Avec sa plume captivante, Lépine a tout prévu : il a passé en revue le contexte social, le contexte familial, le contexte militaire, les exploit et l’après-guerre qui ne fut pas sans épreuve. C’est un travail bien documenté.

Luc Lépine m’a fait connaître un homme épique et j’espère sincèrement qu’avec la diffusion de son œuvre, Léo Major deviendra une véritable inspiration pour les générations futures et que le héros sera célébré chez nous comme les hollandais de ZWOLLE le célèbrent ponctuellement depuis que Léo est entré dans leurs vies en les libérant du joug allemand. Cet œuvre m’a surpris. Je suis heureux de la classer parmi mes meilleures auditions jusqu’à maintenant.

Suggestion de lecture : DEREK AUCOIN LA TÊTE HAUTE, de Benoît Rioux. Résit biographique.

Luc Lépine est un historien militaire québécois. Il a étudié au Royal Military College à Kingston. En 2005, il a obtenu un doctorat de l’Université du Québec à Montréal (UQAM) portant sur l’histoire du district de milice de Montréal de 1787 à 1829. Il a travaillé au ministère de l’Éducation. Comme chargé de cours, il enseigne pour les Forces armées canadiennes. En plus de sa biographie de Léo Major, Luc Lépine a écrit LE QUÉBEC ET LA GUERRE DE 1812.

BONNE ÉCOUTE
Claude Lambert
le samedi 14 septembre 2024

CHRONIQUES POST-APOCALYPTIQUES D’UNE ENFANT SAGE

Commentaire sur le livre de
ANNIE BACON

*Une école secondaire est une très bonne
place pour soutenir un siège. C’est
également un endroit surprenant pour
échapper à la mort.*
(Extrait : CHRONIQUES POST-APOCALYPTIQUES
D’UNE ENFANT SAGE, Annie, Bacon, Éditions
Bayard Canada, 2016, édition de papier, 120 p.)

« Montréal n’est plus que ruines. Au centre-ville, les hautes tours gisent en piles informes, réduites à leurs plus petites composantes, telles des constructions en légo retournées dans leurs bacs d’origine. Pas un bruit si ce n’est quelques hurlements de systèmes d’alarme qui ne sonnent pour personne. La poussière est à peine retombée : les rats se terrent encore. Dans une rue du Plateau- Mont-Royal, une fille de treize ans marche, tirant derrière elle une valise bleue. » Astride est une jeune fille d’un naturel réservé. Au lendemain d’un cataclysme, elle sait qu’elle n’est pas seule à vouloir survivre…une survie fragile…

LES AFFRES DE LA SOLITUDE
*Il y a bien le dimanche où elle s’octroie un
peu de temps de lecture. Elle s’évade alors
dans quelques romans jeunesse ou bandes
dessinées et, l’espace d’une heure ou deux,
s’enveloppe dans la vie d’un autre.*
(Extrait : CHRONIQUES POST-APOCALYPTIQUES
D’UNE ENFANT SAGE)

Annie Bacon nous offre ici un roman très court. Elle nous entraîne dans un monde ravagé par un choc neurotronique. Ce qui devait arriver par la folie des hommes s’est finalement produit : l’apocalypse. Seuls ceux et celles qui avaient la tête dans l’eau au moment du choc ont été épargnés. Il n’y en a pas beaucoup.

Parmi eux, il y a Astride, une jeune adolescente dont les défis se précisent dès le début de l’opuscule : survivre bien sûr, mais en évitant toutes rencontres car son petit monde est devenu dystopique et barbare. Montréal n’est plus que ruines. Astride n’a pour elle que sa petite valise bleue et son toit est celui de la bibliothèque municipale. Qui penserait en effet à se réfugier dans une bibliothèque.

Astride aura un temps pour pleurer sur la folie du monde avant de se relever les manches : *Ce soir-là dans la bibliothèque, en guettant sa valise, Astride pleure, elle ne pleure pas son passé perdu. Elle ne pleure pas son présent désespéré de jeune fille ayant échappé de justesse à une meute de chiens affamés. Elle pleure le futur rêvé qu’elle n’aura jamais plus.* (Extrait)

Puis notre jeune héroïne déploie toute sa sagesse pour se prendre en main et rester fidèle à ses valeurs : *Lorsque ni le futur ni le passé n’offrent d’asile, aussi bien se garder occupé au présent*. (Extrait) Alors, Astride apprend à se débrouiller et évolue, entourée de ses amis, les livres.

Le récit comprend une petite mise en abyme. On y suit bien sûr Astride, et Armand Beauséjour, un homme aussi victime de sa solitude. Deux récits deviennent en alternance et l’auteure a enchâssé dans l’histoire des extraits de TOUTE L’HUMANITÉ EXPLIQUÉE, ouvrage fictif qui explique l’histoire humaine sur les plans sociaux et culturels entre autres.

Bien que le fond de l’histoire soit dramatique, je l’ai perçue comme un vent léger et tempéré. Il n’y a pas vraiment d’intrigue ni de rebondissements. Il y a la description d’un monde détruit par la folie autodestructrice des hommes, une fresque post-apocalyptique dans laquelle Astride insère résilience et espoir. C’est un livre qui m’a touché. La plume d’Annie Bacon est toute en douceur avec des passages qui deviennent de la poésie.

Et comment ne pas s’attacher à Astride, une jeune fille dont les larmes sont devenues une force, et la sagesse une garantie de survie. Comment ne pas aussi s’attacher à Armand Beauséjour. Il est extrêmement intéressant de voir les deux solitudes évoluer en convergence, ce qui laisse place à une finale magnifique qui n’est pas nécessairement celle à laquelle vous pensez.

C’est un livre tout en douceur qui sacrifie l’action au profit de la psychologie et de l’introspection. La présentation est superbe et prend même des formes audacieuses avec des extraits d’un livre qui développe des thèmes en parfaite compatibilité avec l’esprit du texte, des retours en arrière et des regards sur les autres survivants, le tout, calligraphié. Comme beaucoup de lecteurs, j’aurais préféré plus d’action.

Ce manque serait pour moi sans doute la seule faiblesse de cet opuscule. Mais étrangement, je n’en ai pas souffert. Je me suis plutôt attardé sur les thèmes qui m’auraient sans doute été chers si j’avais été rescapé d’un conflit : le combat contre la solitude, la transmission des valeurs, la gentillesse, la générosité, la protection de l’environnement et l’amitié aussi qui pourrait bien être un des aboutissements de la quête d’Astride.

CHRONIQUES POST-APOCALYPTIQUES D’UNE ENFANT SAGE est un petit livre touchant, rafraîchissant, porteur d’amour et d’espoir et qui se lit vite. Je le recommande avec plaisir.

Suggestion de lecture : LES CHRONIQUES DE HALLOW, tome 1, LE BALLET DES OMBRES, de Marika Gallman

Née à Montréal en 1974, Annie Bacon détient un baccalauréat en communication et travaille principalement comme scénariste dans les milieux interactifs. Si elle a fait ses premières armes dans le domaine des jeux vidéos, ce n’est que pour mieux plonger ses lecteurs en plein cœur de l’action et de l’aventure.

Elle est l’auteure des populaires séries Victor Cordi et LE GARDIEN DES SOIRS DE BRIDGE, très bel ouvrage paru en 2015 et qui plonge le jeune lectorat dans un univers rempli de personnages farfelus et de créatures surprenantes. Je cite aussi la série TERRA INCOGNITA inspirée des grands récits fantastiques d’exploration.

Bonne lecture
Claude Lambert
le jeudi 17 septembre 2020