JE SUIS PILGRIM, de Terry Hayes

<Une chose m’apparaît clairement tout-à-coup,
c’est tout, sauf un banal homicide pour de l’argent,
de la drogue ou une quelconque pulsion sexuelle.
Avec ce meurtre, on est dans le registre de
l’extraordinaire.>
Extrait : JE SUIS PILGRIM, Terry
Hayes, or. JC Lattès éditeur, 2014, version audio : Audiolib
éditeur, 2019, durée d’écoute : 27 heures 53 minutes,
narrateur : Sylvain Hagaësse

Une jeune femme assassinée dans un hôtel sinistre de Manhattan. Un père décapité en public sous le soleil cuisant d’Arabie Saoudite. Un chercheur torturé devant un laboratoire syrien ultrasecret. Un complot visant à commettre un effroyable crime contre l’humanité. Et en fil rouge, reliant ces événements, un homme répondant au nom de Pilgrim, nom de code d’un individu qui n’existe pas officiellement. Il a autrefois dirigé une unité d’élite des services secrets américains. Il s’est retiré mais son passé d’agent secret va bientôt le rattraper…

Haute tension
<Outre que c’est à désespérer du genre humain,
 je dois dire que je suis encore plus impressionné
 par l’assassin. Il n’a pas dû être facile d’arracher
 trente-deux dents une par une sur un cadavre.>
Extrait

C’est le meilleur thriller que j’ai lu. L’idée du complot contre l’humanité n’est pas nouvelle en soi. Le sujet est même réchauffé en littérature et au cinéma. Toutefois, le développement du récit réserve à l’auditeur et l’auditrice des surprises, des frissons, des revirements, de nombreux rebondissements et possiblement quelques haut-le-cœur.

Le sujet est donc simple : une chaîne d’évènements meurtriers amène les services secrets américains à mettre au jour un complot contre l’humanité susceptible d’éradiquer les États-Unis et par la bande, plus de la moitié de l’humanité. L’affaire est extrêmement sérieuse, le temps restant très minime. Pour sauver la planète, on fait appel à un élite des services secrets. Nom de code : PILGRIM.

Le récit repose sur la recherche et l’enquête de Pilgrim qui est extrêmement pointue, complexe et potentiellement mortelle. Si le développement est simple, le déploiement de l’enquête qui va crescendo, associé au pouvoir descriptif de la plume donne un tout absolument génial. Ajoutons à cela l’intensité du personnage principal, PILGRIM, très bien travaillé avec un équilibre parfait de forces et de faiblesses et une psychologie parfaitement mise au point.

C’est un récit très violent qui a la faiblesse de faire passer les américains pour les gentils bougres sauveurs de la planète et détenteurs de la vérité. Pas étonnant que l’histoire ait, comme toile de fond, la destruction du World trade center et présente une image très sombre de l’Islam. Toutefois, le récit a la force de mettre en perspective des aspects méconnus du terrorisme et présente une image peu flatteuse des services secrets :

*Les évènements de ces douze dernières heures étaient, pour les services de renseignements, une faillite qu’on pouvait qualifier d’historique. La mission première du Renseignement américain dans son ensemble, dont le budget était faramineux, était de protéger la Mère Patrie, et jamais, depuis Pearl Harbor ces organisations toutes puissantes n’avaient foiré à ce point, au vu et au su de tous. * (Extrait)

Je veux signaler enfin que le début de l’histoire est lent. Il a été difficile de s’y accrocher. Mais soyez patient. Ça change vite. Stress garanti, voire addiction. Il y a aussi, après la finale, une forme d’épilogue inutilement longue à mon avis. Donc, JE SUIS PILGRIM est un roman très fort. L’auteur nous amène à nous inquiéter pour l’agent PILGRIM, à penser pour lui, à ressentir toutes ses émotions. L’histoire est bien développée, la finale est surprenante. Le récit bénéficie aussi d’un bel équilibre.

Si la distinction est évidente entre les bons et les méchants, l’auteur détaille autant la démarche de PILGRIM que celle du terroriste Islamiste, appelé le Sarrazin qui a, pour un temps, le pouvoir de mort sur l’humanité. Et puis c’est la première fois que je lis un roman d’espionnage qui me permet de comprendre un peu ce qui se passe dans la tête d’un terroriste et d’observer qu’un terroriste peut-être lui-aussi terrorisé. Très bonne lecture.

Suggestion de lecture : PROJET ANASTASIS, de Jacques Vandroux

Après plusieurs années en journalisme, Terry Hayes rencontre le réalisateur de cinéma australien George Miller avec qui il collabore à la novélisation du scénario de Mad Max. Miller embauche ensuite Hayes pour écrire avec lui le scénario de Mad Max 2 (1981). Hayes, qui devient ensuite scénariste et producteur pour le cinéma et la télévision, s’installe à Hollywood. Il signe, en 1989, les scénarios de Calme blanc (Dead Calm), adapté d’un roman éponyme de Charles Williams, et de From Hell , 2001. Hayes, qui remporte plus de vingt récompenses en carrière, publie en 2013 son premier roman, le thriller Je suis Pilgrim (I am Pilgrim), rapidement devenu un best-seller international. Source : Wikipédia

BONNE LECTURE
BONNE ÉCOUTE
Claude Lambert
le dimanche 10 mars 2024