LE MONARQUE, le livre de Jack Soren

*-Non, pas un voleur, mais LE voleur. Le seul qui avait
assez de culot pour truander les truands…il a commencé
à sévir il y a environ seize ans et les collectionneurs l’ont
surnommé LE MONARQUE. *
(Extrait : LE MONARQUE, Jack Soren, Mosaïc éditeur, 2016,
format numérique, 1 151 pages.

Quand Jonathan Hall abandonne sa carrière internationale de voleur d’art pour se consacrer à sa fille, il croit se ranger définitivement et se mettre à l’abri, de sa fausse identité de Monarque, de  l’illégalité et d’une mort prématurée. Une série de meurtres l’oblige à reconsidérer ses perspectives. Car quelqu’un s’est mis à utiliser la signature du Monarque, un papillon, pour mutiler ses victimes et orchestrer des mises en scènes morbides.

Pour Jonathan, il ne s’agit pas d’une simple imitation, mais d’un message : on cherche à le faire sortir du bois. Lui, mais aussi son ancien partenaire, Lew. Piégés dans un jeu mortel par un adversaire psychopathe et infiniment puissant, Jonathan et Lew n’ont pas d’autre choix que de disputer la partie. Et d’accepter une ultime mission signée Le Monarque.

Détournement d’art

Autrement dit, depuis des années, il y a un musée qui expose un faux sans le savoir! Des milliers de gens rognent sur le peu de vacances qu’ils ont pour aller voir ce chef d’oeuvre, cet hymne à la beauté, et tout ce qu’on leur donne à voir, c’est un faux. Ça me rend dingue. (Extrait)

J’ai d’abord été attiré par la couverture qui montre un des plus beaux chefs d’œuvres de la nature : Un papillon Monarque. Et puis le synopsis m’avait semblé promettre une histoire originale ce qui est le cas. Pourquoi un tel titre ? Je n’ai pas tardé à comprendre. L’histoire est celle de Jonathan Hall et son partenaire Lew, deux spécialistes de vols d’œuvres d’art sauf qu’ici Jonathan et Lew jouent les *Robin des bois* en volant les voleurs afin de restituer les œuvres d’art à leurs légitimes propriétaires.

Eh oui, le Monarque est un binôme. Un gentil papillon, deux ailes majestueuses : *Le seul qui avait assez de culot pour truander les truands. * (Extrait) Au moment de commencer l’histoire, notre duo décide de prendre sa retraite mais pas pour longtemps malheureusement car un mystérieux personnage décide de prendre la relève du duo, se faisant appeler le Monarque mais utilisant un modus operandi infiniment plus violent et mortel.

Jonathan et Lew n’ont pas le choix : reprendre du service afin d’affronter un psychopathe sans âme extrêmement puissant qui multiplie les cadavres. Je vous laisse découvrir ses motivations mais toute l’histoire est centrée sur la traque de ce tordu.

Cette histoire est beaucoup plus que la simple traque d’un tueur en série. C’est plein de trouvailles qui tiennent le lecteur et la lectrice en haleine. En fait, Jonathan et Lew ne garderont la vie que sur un fil et ne seront jamais au bout de leurs surprises : *-Qu’est-ce que c’est ? Interrogea Jonathan tandis que Lew prenait la boîte et la glissait sous son bras. -Le cortex préfrontal du plus grand génie de tous les temps. * (Extrait)

Je ne me suis pas ennuyé une seconde même si, habituellement j’éprouve un peu de difficulté avec le principe des flash-backs en littérature…ces retours en arrière ou ces bonds dans le temps qui sont autant d’outils nécessaires à la compréhension de l’histoire. Pour ce que j’en observe, une mauvaise exploitation de ce principe a gâché beaucoup d’histoires mais dans le cas du Monarque, ils m’ont permis de saisir la psychologie des héros du récits : deux gentils filous : Jonathan et Lew.

C’est une histoire cohérente mais qui présente deux défis en particulier : les flash-back dont j’ai parlé plus haut et la quantité de personnages moins bien définis dans laquelle j’avais tendance à me perdre. Ça demande un peu de concentration. Il y a aussi deux personnages que tout oppose qui portent un prénom ressemblant : Jonathan le héros et Nathan, l’anti-héros.

Il aurait été intéressant que l’éditeur publie, au début de ce récit, qui fait quand même 1 100 pages numériques, une liste des principaux personnages. J’ai tout de même réussi à faire les liens sans trop de difficultés. Nonobstant ces petits détails, j’ai trouvé le roman très agréable à lire. L’intrigue est prenante et le complot est extrêmement bien imaginé. En plus d’avoir créé deux personnages attachants et sympathiques, Jack Soren a déployé une extraordinaire imagination qui consacre merveilleusement ses talents d’écrivain.

Suggestion de lecture : HISTOIRES EFFRAYANTES À RACONTER DANS LE NOIR, recueil d’Alvin Schwartz



Jack Soren est le nom de plume de l’écrivain canadien Martin Richard Soderstrom, écrivain de romans d’action-aventure / thriller. Il est né en 1962 et a grandi à Toronto, au Canada. Sous le nom de Martin R. Soderstrom, il a publié des nouvelles d’horreur et de science-fiction, LE MYSTÈRE ASHITA entre autres.

Bonne lecture
Claude Lambert
Le dimanche 3 mars 2024

TORNADE SUR LA VILLE, de Steve Thayer

<On aurait pu entendre craquer les petits os de son cou. Son visage devint rouge violacé. La vie s’écoula par sa bouche. Mais son parfum émettait toujours de chaudes senteurs de chèvrefeuille. Un crime ne devrait pas sentir aussi bon. La créature qui ahanait sous son masque ressentit alors l’irrépressible envie de murmurer quelque chose, d’expliquer son geste. Trop tard. Elle était morte. Qui qu’elle fût.> Extrait : TORNADE SUR LA VILLE, Steve Thayer, Libre Expression éditeur, 1. Édition de papier, 445 pages.

Une femme est assassinée au cœur de la ville, en plein jour, sur la terrasse d’un parking. Les indices ? Des plus minces.  Quelques heures après le meurtre, une tornade d’une violence inouïe dévaste la ville, un cataclysme que l’Office national de la météorologie n’avait pas prévu mais que Dixon Bell, le Monsieur Météo de Canal 7, la chaîne de TV locale, avait annoncé parce qu’il l’avait vu dans sa tête.

Quelques jours après le premier crime, une jeune fille est étranglée, elle aussi sur un parking. Puis une troisième. La liste s’allonge, la police demeure impuissante même si elle a constaté un phénomène étrange : le tueur agit à chaque changement de saison, et à chaque événement climatique majeur…

La colère populaire gronde, le gouverneur de l’État est contraint de rétablir la peine de mort, et la police trouve enfin un suspect : Dixon Bell, le Monsieur Météo de Canal 7 !

Météo assassine

Je ne m’attarderai pas beaucoup sur ce livre, non parce qu’il a fait l’objet d’une certaine indifférence dans les milieux littéraires mais plutôt parce que le sujet est gonflé et que l’ensemble ne m’a pas apporté grand-chose.

L’aspect catastrophiste du livre est élimé et largement surexploité surtout au cinéma. Son originalité tient surtout dans le fait qu’un tueur opère au gré des évènements climatiques extrêmes. Ça suppose toutefois un côté prévisible.

Malgré tout, ça peut plaire à un certain lectorat. L’histoire a un rythme rapide, l’écriture est nerveuse malgré les longueurs et les répétitions. Tout n’est pas perdu car le modus operandi du tueur peut parfois surprendre.

Je ferai bref en disant que ce livre est une variation sur un thème connu et qui ne bousculera pas vraiment la littérature. À vous de voir. La publication du livre remonte à 1997 et il n’a pas été réédité. Il se pourrait donc qu’il soit difficile à trouver.

Je précise en terminant que ce livre, même si je l’ai trouvé plutôt ordinaire n’est pas nécessairement à l’image de la bibliographie de Steve Thayer car en général, ses livres ont été bien accueillis par la critique même s’ils sont loin des records de vente.

Suggestion de lecture : LIEUTENANT ÈVE DALLAS, de Nora Roberts

Steve Thayer est né à Saint Paul, Minnesota. Il a travaillé comme scénariste pendant plusieurs années. Il a déménagé à Edina, Minnesota dans les années 1980, où il a commencé à écrire des romans. Il a commencé à écrire des romans à suspense avec Saint Mudd en 1988, et a continué avec une série de six autres romans, pour la plupart bien accueillis par la critique. Les sujets de son travail comprennent les enquêtes criminelles, les complots, les meurtres et les enlèvements. L’écriture de Thayer a été décrite comme granuleuse et rapide.

 

Bonne lecture
Claude Lambert
le vendredi 1er mars 2024

L’ÉGARÉE, le livre de Donato Carrisi

*Au moment où son visage enfantin s’évanouissait devant elle,
Samantha ne décela aucune peur dans ses yeux. Juste un éclair
de surprise. Tandis que le lapin l’entraînait dans son terrier,
Sam n’imagina pas que ce serait la dernière fois qu’elle verrait
son image…avant très longtemps…*
(Extrait : L’ÉGARÉE, Donato
Carrisi, livre 3 de la série LE CHUCHOTEUR, version audio, Audiolib
éditeur, 2019.Durée d’écoute : 8 heures 49 minutes, narrateur :
Antoine Tomé. À l’origine, Calmann-Lévy éditeur, 2018, papier, 28 p.)


Un labyrinthe secret plongé dans l’obscurité. Un bourreau qui y enferme ses proies. Une victime qui parvient à s’en échapper, mais sans le moindre souvenir. Un effroyable combat pour retrouver la mémoire, et une enquête à hauts risques pour traquer celui qui continue à agir dans l’ombre… Le dernier  volet tant attendu du Chuchoteur.

 

Le tueur à tête de lapin
*De l’autre côté de la vitre, dans l’ombre, se tenait un
lapin géant. Qui l’observait, immobile. Samantha   
aurait pu prendre la fuite – une partie d’elle-même
le lui ordonnait, et au pas de course –, mais elle n’en
fit rien. Elle était fascinée, hypnotisée par ce regard qui
émergeait de l’abîme.*
(Extrait)

L’ÉGARÉE est un thriller psychologique de forte intensité, noir et complexe. Quoiqu’audible indépendamment, je considère préférable d’avoir lu ou écouté les deux premiers tomes pour saisir toute la portée de l’histoire et sa mécanique littéraire…une façon de dire que je me suis senti manipulé par l’auteur pour ne pas dire en bon québécois qu’il a joué sur mes nerfs. Dès le départ, il ne faudra pas mettre en doute l’habileté de l’auteur à nous faire frissonner et nous faire égarer dans nos sentiments. Il faut donc rester attentif.

Quinze ans après sa disparition alors qu’elle n’avait que treize ans, une jeune fille, Samantha Andretti est retrouvée sur le bord d’une route, une jambe brisée. Elle venait apparemment de s’échapper du labyrinthe, un endroit sinistre où elle était séquestrée par un psychopathe. La police enquête mais parallèlement, les parents de Samantha engagent un détective privé, Bruno Genko, chargé d’aller au bout de ses affaires, un homme opiniâtre que la médecine a déjà condamné à mort par arrêt spontané du cœur pouvant se produire à tout moment. Genko est un personnage fascinant qui marche vers la mort d’une façon ou d’une autre.

C’est un roman très fort qui garde sous tension pendant toute la durée de la narration. En fait, c’est une des intrigues les plus tordues qu’il m’a été donné de lire ou d’entendre. Suivez spécialement les dialogues entre Samantha et le psychiatre qui la suit, le docteur Green. Vous pourriez réaliser comme moi que tout peut n’être qu’apparence dans ce thriller dont le poids psychologique nous saisit comme un long choc électrique.

*Quand je parle de danger, je veux dire qu’il est capable d’une méchanceté que ni toi ni moi ne pouvons imaginer… Green l’a qualifié de « sadique virtuose ». * (extrait) Les personnages sont particulièrement bien travaillés et le profil psychologique du psychopathe secoue l’auditeur/lecteur tellement il est dérangeant. La corde est sensible en effet parce que les victimes visées sont des enfants et pour ce psychopathe sans âme il est moins important de tuer que de transformer.

Vous pouvez faire tous les pronostics que vous voulez pour trouver qui est le tueur, l’auteur les détournera un par un jusqu’à la grande finale qui m’a laissé pantois et qui démontre que l’auteur du chuchoteur, qui a créé Mila Vasquez est un maître, rien de moins.

C’est une audition ou une lecture qui ébranle à plusieurs égards. Les détournements de situation et les nombreux rebondissements obligent l’auditeur à rester alerte. Il y a aussi de nombreux passages rien de moins qu’hallucinants. Je veux aussi noter au passage, que dans la version audio, Antoine Tomé s’est laissé aller à un chef d’œuvre de narration. Il a fortement contribué à mon addiction avec une maîtrise vocale traductrice de sentiments et d’émotions.

Une performance impeccable. Je crois que ce livre vous fera passer un bon moment. Le fil conducteur est un peu instable. On a l’impression que parfois l’intrigue prend plusieurs directions. Cela se produit souvent dans les thrillers de ce calibre. Mais au risque de vous laisser mener par le bout du nez par un auteur doué, laissez-vous aller…vous aimerez je crois.

Suggestion de lecture : LES LUCIOLES, de David Menon

Né en 1973, Donato Carrisi est l’auteur d’une thèse sur Luigi Chiatti, le « Monstre de Foligno », un tueur en série italien. Juriste de formation, spécialisé en criminologie et sciences du comportement, il délaisse la pratique du droit pour se tourner vers l’écriture de scénarios. Le Chuchoteur, son premier roman, est un best-seller international et a remporté de nombreux prix littéraires, dont le Prix SNCF du polar européen et le Prix des lecteurs du Livre de Poche en 2011. La Fille dans le Brouillard a fait l’objet d’une adaptation cinématographique réalisée par l’auteur lui-même avec, entre autres, Jean Reno. Donato Carrisi est l’auteur de thrillers italiens le plus lu au monde. 

Les premiers livres

Bonne lecture
Bonne écoute
Claude Lambert
Le samedi 6 mai 2023

LA TRILOGIE DU MAL, de MAXIME CHATTAM

<Sans faire l’apologie de l’horreur, j’ai tenté d’écrire
ce roman en étant le plus près possible de la
réalité. C’est sans doute cela le plus effrayant. >
Extrait : LA TRILOGIE DU MAL, avant-propos de
Maxime Chattam, Michel Lafon éditeur, 2004. Édition
de papier par Pocket, 1 435 pages.

Le mal est partout. De Portland, Oregon, aux rues enneigées de Manhattan… Le mal est immortel. Quand l’un de ses serviteurs s’éteint, un autre s’éveille déjà… Le mal est insatiable, aveugle et protéiforme. Voilà l’unique certitude de Joshua Brolin, profileur au FBI. Il en porte la marque, les blessures, les stigmates. Il en connaît l’odeur de soufre. Brolin enquête sur une série de meurtres causés par un criminel monstrueux ayant pris la relève du bourreau de Portland. De bibliothèque ésotérique en course-poursuite mortelle, il n’y a pas de répit.

L’Héritage du bourreau
<Par moi l’on va dans la cité dolente,
Par moi l’on va dans le deuil éternel,
Par moi l’on va parmi la gent perdue,
Il n’a été créé avant moi que les choses,
Éternelles, et moi, éternelle je dure.
Vous qui entrez, laissez toute espérance.>
Extrait livre 1

Dans cette œuvre incroyablement noire et violente, le mal est développé dans toutes ces facettes, même les plus effroyables, voire les plus inimaginables. 1 440 pages de mal. Ça fait cliché c’est vrai mais je crois que les lecteurs et lectrices doivent être avertis : l’omniprésence du mal pourrait pousser les âmes sensibles à l’indigestion.

Le mal est présenté comme étant partout, immortel, insatiable, cauchemardesque. Chattam est passé bien au-delà de l’audace des romanciers d’horreur…Pas de place pour les sentiments, la sensiblerie, la pitié, l’empathie. Les tueurs en série sont une des pires malédictions de l’humanité par suite de l’emprisonnement d’un esprit dans un cerveau tordu, pour plusieurs, lié au diable. Avant d’aller plus loin, il convient d’abord de décortiquer la trilogie.

Livre 1 : L’ÂME DU MAL/LE BOURREAU DE PORTLAND : Le bourreau de Portland, qui étouffait et vitriolait ses victimes avant de les découper, est mort. Et pourtant, le carnage continue selon le même modus operandi. L’inspecteur Joshua Brolin, qui avait mis ce monstre hors d’état de nuire, doit aujourd’hui poursuivre son double. Il n’y a pas d’espoir. Le Mal a une grande famille et ses frères sont légion…


Livre 2 : IN TENEBRIS : Près de 70 personnes ont disparu de façon étrange dans les rues de New York, et seule la moitié a été retrouvée, dont Julia qu’on a trouvé scalpée. Annabel O’Donnel, détective à Brooklyn, et Joshua Brolin, spécialiste des tueurs en série devenu détective privé, mènent l’enquête et trouvent un faisceau d’indices les conduisant à croire à une confrérie ou une association de tueurs en série…


Livre 3 : MALÉFICES : Un homme est retrouvé mort le visage horrifié. Des femmes disparaissent la nuit. Des foyers de Portland sont envahis par des araignées aux morsures mortelles. Et s’il y avait un seul être derrière tout ça ? Et pire : S’il n’était pas humain.  Joshua Brolin et Annabel mènent l’enquête et font face à l’impensable : une nouvelle génération de tueur.

ATTENTION ! Cet ouvrage est gore, attractif, immersif et addictif, même si vous avez la peur facile, Il est difficile d’en laisser la lecture. La trilogie ayant près de 1 500 pages, vous n’avez guère le choix. La plume de Chattam est directe et froide. Il n’envoie pas dire ce qu’il a à dire. C’est cru et ça met en scène des meurtres d’une inimaginable sauvagerie. Le mal et la morbidité suintent dans chaque page. C’est bien imaginé, bien écrit avec l’idée d’une épouvante pratiquement continue, maintenant une pression constante sur le lecteur et la lectrice.

 

Les trois histoires détaillent sans détour la psychologie des tueurs en série, la mécanique de leur cerveau, leur schéma de pensée, le tout par le biais d’un policier à l’imagination sans borne, Joshua Brolin, spécialiste du profilage, formé au FBI. Le mal, ça le connait et il amènera le lecteur et la lectrice à découvrir qu’il n’y a pas de limite dans l’exercice du mal par un esprit détraqué.

Prenons l’exemple du troisième livre. C’est lui qui m’a le plus ébranlé pour la simple raison que j’ai horreur des araignées et que c’est elles qui sont en grande partie exécutantes. Comme si j’étais hypnotisé, j’ai tout lu…il fallait que je sache le fin mot de l’histoire. Maintenant, supposons qu’après des meurtres d’une inimaginable sordidité, une personne que l’auteur appelle la chose et dont le plan est d’élever en quantité industrielle les araignées les plus mortelles avec comme objectif ultime de les lâcher dans Portland pour y semer le chaos et tuer le plus de monde possible.

Imaginez ces bêtes à huit pattes s’immiscer dans votre voiture, vos chaussures, votre sac d’épicerie, votre casquette, une fenêtre ouverte et j’en passe…Veuves noires, mygales, attrax australiennes et autres gentilles créatures…j’en ai eu froid dans le dos et j’en ai presqu’oublié un capharnaüm de fausses pistes qui a compliqué et affaibli quelque peu la finale de l’histoire. Le moins que l’on puisse dire, c’est que Chattam m’a forcé à affronter ma peur.

Pour résumer, ces trois histoires sont impressionnantes et l’auteur ne se gêne pas pour jouer avec vos nerfs. Le rythme est rapide. La plume est crue et descriptive avec des passages à soulever le cœur.

L’ensemble recèle un certain aspect scientifique à cause de l’étude des araignées par exemple, la pratique du profilage, la psychiatrie criminelle mais surtout, point commun aux trois livres, à cause des mystères et secrets entourant la médecine légale…là non plus pas très appétissant. C’est surtout le réalisme de ces histoires qui étreint le lecteur. D’une façon ou d’une autre, personne ne sort indemne d’une telle lecture. C’est sadique et cruel, mais c’est efficace.

Suggestion de lecture : ÇA, de Stephen King

Né en 1976 en région parisienne, Maxime Chattam s’est très jeune passionné pour les histoires fantastiques, les mystères policiers et l’écriture. En 2001, son premier roman L’Âme du mal est publié. Après s’être imposé comme l’un des maîtres du thriller français, Maxime Chattam s’illustre dans la fantasy avec le même succès. Vendue à près de 600 000 exemplaires, la série Autre-Monde (déjà traduite dans une dizaine de langues) a conquis le public des jeunes adultes.

Deux autres livres de Maxime Chattam ont fait l’objet de commentaires sur ce site. Pour lire mon commentaire sur LE 5e RÈGNE, cliquez ici.
Pour lire mon commentaire sur LA THÉORIE GAÏA, cliquez ici.

Bonne lecture
Claude Lambert
Le dimanche 16 avril 2023

JEU DE MORTS, Jean-Sébastien Pouchard

*Lorsque Caroline Rioux reprit ses esprits, deux
heures venaient de s’écouler. Elle était assise
sur une chaise, les pieds et les mains entravés
par des colliers de serrage en plastique au mi-
lieu de sa salle de Bain.*
(Extrait : JEU DE MORTS, Jean-Sébastien Pouchard,
l’auteur et Livresque édition pour la présente. 2019.
Numérique. Aussi en version papier, 202 pages.

Lorsqu’un jogger découvre deux yeux dans un bocal sur un banc au lac Kir, avec une énigme à l’intérieur, Arthur Vaillant, commandant de police à Dijon, sent pertinemment au fond de ses tripes que cette découverte n’est pas un canular. Y aurait-il un tueur en série prêt à terroriser la ville et à jouer avec la police? Arthur et ses collègues vont être une nouvelle fois sur les dents, avec une deuxième découverte énigmatique. Pour les aider à résoudre cette enquête au plus vite, le procureur de la République demande de l’aide. Ainsi, Mathilde DANJOU, une ravissante psychologue comportementaliste franco-américaine, va se joindre à Arthur et son équipe. L’enquête s’annonce éprouvante.

Un don pour chaque organe
*L’horreur atteignit son paroxysme lorsque deux
enfants… tomèrent sur un récipient identique à
celui de la veille contenant une langue humaine à
Talant, dans le parc de la Fontaine aux Fées.
(extrait)

JEU DE MORT est un thriller captivant bien développé avec de bonnes idées et des trouvailles issues d’une imagination fébrile. Plusieurs personnages sont attachants dont le commandant Arthur Vaillant de la direction interrégionale de la police judiciaire.

Le théâtre des évènements est Dijon et ses environs, au cœur de la Bourgogne-Franche-Comté. Un jour, près de la plage du lac Kir, un jogger découvre par hasard un bocal contenant deux yeux humains. L’enquête conclut que les yeux appartenaient à une jeune fille de 22 ans, Amélie Brillant, hôtesse dans un club. Son corps sera finalement découvert à son domicile le lendemain.

Suivra une montée vertigineuse de l’horreur alors que deux enfants de 13 et 10 ans découvrent un bocal identique à celui de la veille. Il contient une langue humaine. Pour chaque bocal, une énigme. Avant d’être qualifié de tueur en série, l’assassin sera surnommé par la presse, entre autres : LE CHIRURGIEN.

Le tueur ne s’arrête pas là, mais moi oui…je vous laisse absorber son modus operandi…aussi original qu’horrible. Mais ne comptez pas trop avoir de détails sur ses motivations. J’y reviens plus loin. L’assassin est un tordu…vous en conviendrez très vite.

Il y a beaucoup de points positifs pour ce livre. Bien que son rythme soit très élevé, l’histoire est facile à suivre. La plume est limpide. Il n’y a pas de longueurs. L’auteur développe ici un impressionnant jeu du chat et de la souris. Car il est évident que le tueur se moque des policiers et se joue d’eux.

Une psychologue comportementaliste se joint à l’équipe du commandant Vaillant. C’est une bonne idée qui va alimenter l’enquête et mystifier un peu plus le lecteur. Le tout sera allégé par une petite amourette prévisible entre la psy, Mathilde et le commandant Vaillant…une amourette péniblement installée dans l’histoire et qui prend difficilement sa place.

J’ai beaucoup apprécié la participation très brève mais capitale du fils d’Arthur Vaillant, Ludovic, 14 ans. Il fera une observation qui pourrait changer beaucoup de chose. Je ne peux en révéler davantage, mais j’ai trouvé l’idée géniale. Dans l’ensemble, l’intrigue est bien menée et garde le lecteur captif.

Je parlais plus haut des motivations du tueur. Elles sont livrées mais à la fin seulement. L’auteur ne laisse rien filtrer. Donc les lecteurs et les lectrices peuvent difficilement s’adonner au jeu des déductions. C’est un peu frustrant. Je comprends que l’auteur n’ait pas voulu s’encombrer de détails inutiles mais peut-être en a-t-il fait une obsession. J’ai trouvé la description des scènes de crime et de certains personnages trop sommaires.

Le tueur tue mais on ne saura pourquoi qu’à la fin seulement, sans indices préalables. Ça fait une finale un peu surprenante car il n’y a absolument rien qui en annonce le contenu. Comme si l’auteur lui-même n’en aurait décidé la trame qu’en cours d’écriture. J’ai été un peu frustré, étant dans une totale impossibilité de deviner de qui il s’agit.

Un mot sur cette finale avant de terminer. Elle dévoile tout, tout d’un coup dans une abondance de détails qui occulte le travail des policiers et donne l’impression d’un travail bâclé. Je le précise encore ici, c’est un très bon thriller mais il manque un peu d’équilibre. La suite et la fin des évènements concernent surtout les sentiments entre Arthur et Mathilde.

Ça fait l’objet d’un épilogue que j’ai trouvé plutôt insipide. Pour beaucoup de lecteurs et lectrices. Ce sont détails plus ou moins significatifs. Au final JEU DE MORT est un très bon roman à l’intrigue prenante avec des personnages pour lesquels on est porté à s’inquiéter. Je pense que l’auteur Jean-Sébastien Pouchart, que je ne connaissais pas, est à surveiller.

Suggestion de lecture : MEURTRES EN SOUTANE, de Phyllis Dorothy James

Jean-Sébastien POUCHARD, marié et père de deux enfants, est devenu auteur en écrivant des poèmes sur son environnement et sur ce qu’il ressent face à l’actualité.

Après son recueil de poésie intitulé « Musique de l’âme » aux éditions du net, dont trois poésies ont été récompensées au concours littéraire des clubs de la Défense millésime 2015 et 2016, il publie son premier roman policier : JEU DE MORTS dont l’action se déroule à Dijon en Bourgogne. 

Bonne lecture
Claude Lambert
Le dimanche 18 septembre 2022

LE CHUCHOTEUR, Donato Carrisi

*Ce qui le suivait n’était pas là sur cette route.
C’était bien plus proche. C’était la source de
ce bruit. C’était quelque chose auquel il ne
pouvait pas échapper. Cette chose était dans
son coffre. *
(Extrait : LE CHUCHOTEUR, Donato Carrisi,
éditeur Calmann-Lévy, 2010 pour la traduction
française. Édition de papier, 574 pages…Le livre
de poche.)

Depuis qu’ils enquêtent sur les rapts des fillettes, le criminologue Goran Gavila et son équipe d’agents spéciaux ont l’impression d’être manipulés. Chaque découverte macabre, chaque indice les mènent à des assassins différents. La découverte d’un sixième bras, dans la clairière, appartenant à une victime inconnue, les convainc d’appeler en renfort Mila Vasquez, experte dans les affaires d’enlèvement. Gavila et ses agents vont échafauder une théorie à laquelle nul ne veut croire : tous les meurtres sont liés, le vrai coupable est ailleurs. 
Quand on tue des enfants, Dieu se tait, et le diable murmure… un thriller littéraire inspiré de faits réels

Sombre peut être l’humain
*<Billy était un bâtard un BÂTARD ! et j’ai bien fait de le
tuer je le détestais il nous aurait fait du mal parce qu’il
aurait eu une famille et pas nous…personne n’est venu
me sauver PERSONNE.> *
(Extrait)

Tout est noir dans ce livre. L’histoire, l’atmosphère, l’enquête, les personnages, y compris ceux qui portent en eux un secret terrible comme c’est le cas pour Goran Gavila, le criminologue qui traîne en lui le boulet d’un secret soupçonné par un lecteur désarçonné qui assistera, figé, à son dévoilement dans une finale ficelée serrée.

L’auteur va au-delà du thriller psychologique qui fouille à l’infinitésimale les synapses d’un tueur en série hors-série qui n’a rien contre ses victimes…visant autre chose… : * Des parents, qui pour des raisons différentes, n’avaient eu qu’un enfant, une mère qui avait passé largement la quarantaine, et qui n’étaient donc plus en mesure, biologiquement, d’espérer une autre grossesse…<Ce sont EUX ses vraies victimes. Il les a étudiés, il les a choisis. > (Extrait)

Les victimes ne sont pas les fillettes, ce sont leur famille. Comprendre la psychologie de ce tueur en série incorrectement appelé Albert sera le plus grand défi du lecteur qui aura peut-être même à relire cette sordide histoire en partie et même en tout pour en comprendre toutes les facettes.

Dès le départ, l’auteur frappe fort afin d’emprisonner le lecteur dans son intrigue : cinq petites filles disparues, cinq fosses creusées dans une clairière. Dans chaque fosse, un petit bras…puis par la suite, découverte d’un sixième bras appartenant à on ne sait qui.

Avec une intrigue pareille et les maux de tête qui s’annoncent pour les policiers, Mila Vasquez en particulier, le lecteur pourra bien découvrir que l’auteur les mène en bateau avec des longueurs et même un peu d’errance dans le texte, ce qui est singulièrement agaçant…peu importe. Donato Carrisi nous amène exactement là où il veut qu’on aille.

Comme lecteur, attendez-vous à des allers-retours car il semble que chaque découverte suppose un assassin différent. *Au centre de tout ceci, il n’y avait pas une simple chasse à l’homme, mais l’effort pour comprendre le dessein qui se cachait derrière une séquence apparemment incompréhensible de crimes atroces. La vision difforme d’un esprit malade. * (Extrait) Mais de quel esprit s’agit-il exactement? Là, une surprise attend le lecteur.

Toute l’originalité du récit repose sur le chuchoteur, un tueur en série d’une espèce rare peu ou pas développée en littérature policière : *<Mais vous n’êtes pas le seul à pouvoir entrer dans la tête des gens…Dernièrement, j’ai beaucoup appris sur les tueurs en série. J’ai appris qu’ils se divisent en quatre catégories : visionnaires, missionnaires, hédonistes et assoiffés de pouvoir…mais il y a une cinquième sorte. On les appelle tueurs en série subliminaux.>* (Extrait)

d’une main de maître et avec une plume parfaitement maîtrisée, Carrisi amène ses limiers à adopter une théorie d’apparence tirée par les cheveux mais qui finit par s’imposer inexorablement donnant au livre un caractère absolument diabolique et m’ayant donné, comme lecteur, la bizarre impression d’être manipulé. J’ai dit que l’écriture est maîtrisée, c’est vrai mais elle est aussi d’une grande complexité. Ça demande de la relecture et beaucoup de concentration.

Que penser de ce tueur qui a toujours un pas d’avance sur ses poursuivants? C’est une histoire très complexe. Trop à mon avis. L’auteur aurait pu simplifier un peu. Je suis d’accord pour qu’une lecture lance des défis et même exige une certaine recherche. Je le fais souvent. Quand ça devient un fardeau, c’est différent. Malgré tout, le caractère intriguant de l’ouvrage lui sauve la mise.

Donc Pour faire court : polar complexe mais efficace, personnages très aboutis et froids. Se lit avec un minimum de concentration. Ensemble macabre et noir. Certains passages sont répugnants. Langage cru et direct. Atmosphère oppressante, finale éclairante et bien imaginée. Étude très intéressante d’un fond humain tordu au possible évoquant au passage les travers de la société.

J’ai eu l’impression de lire quelque chose de différent. Ça m’a plu.

Suggestion de lecture : BILLY-ZE-KICK, de Jean Vautrin

Né en 1973, Donato Carrisi est l’auteur d’une thèse sur Luigi Chiatti, le  » monstre de Foligno « , un tueur en série italien. Juriste de formation, spécialisé en criminologie et sciences du comportement, il délaisse la pratique du droit en 1999 pour se tourner vers l’écriture de scénarios. Au moment d’écrire ces lignes, LE CHUCHOTEUR son premier roman, vendu à plus de 200 000 exemplaires en Italie, est en cours de traduction dans douze pays et a déjà remporté quatre prix littéraires.

BONNE LECTURE
Claude Lambert
Le dimanche 22 mai 2022

UNE FORÊT OBSCURE, le livre de FABIO M. MITCHELLI

<Louise Beaulieu, tome 1>

*…le poids qui s’écrase sur le métal souple de la carrosserie… un froissement de tôle Emma fut projetée à quelques dizaines de mètres…son corps s’immobilisa…stoppée par le tronc d’un cèdre… La forêt de Tongas, immuable, venait une fois encore d’engloutir la vie d’un enfant de Juneau. * (Extrait : UNE FORËT OBSCURE, Fabio M. Mitchelli, à l’origine : Pocket éditeur 2017, 408 pages, version audio : Audible studios éditeur, 2017, durée d’écoute : 10 heures 34 minutes. Narratrice : Christine Bellier)

À Montréal, Luka diffuse sur le Web les images des animaux qu’il torture, puis celles de son amant qu’il assassine à coups de pic à glace. Pour enquêter sur une telle affaire, il faut un flic borderline comme Louise Beaulieu.

En Alaska, dans la petite ville de Juneau, deux jeunes filles sont découvertes en état de choc. Pour comprendre, il faut un flic comme Carrie Callan, qui va exhumer les vieux secrets et regarder le passé en face.

Le point commun à ces deux affaires : Daniel Singleton, un tueur en série. Du fond de sa cellule, il élabore le piège qui va pousser Louise à aller plus loin, toujours plus loin… Jusqu’à la forêt de Tongass, là où le mensonge corrode tout, là où les pistes que suivent les deux enquêtrices vont se rejoindre.

LA NOIRCEUR QUI TIENT EN HALEINE
*A présent il ne pouvait plus contenir le poison qui lui infectait le sang,
 ce venin qui incendiait et ravageait ses chairs, ses entrailles. Il lui fallait
s’ouvrir en deux et se dégorger de ce pus immonde qui coulait en lui,
vomir de trop-plein de rage et de honte qu’il aurait tant aimé cracher à la
gueule du monde avant de sombrer. *
 
  (Extrait)

Bien que cette histoire soit une fiction, elle est amplement et librement inspirée par l’actualité judiciaire. Ici, un petit rappel des faits s’impose. L’auteur débute d’ailleurs son livre par une petite synthèse des évènements.

Le roman s’appuie sur des faits divers qui se sont réellement déroulés à Montréal et à Anchorage en Alaska. Certaines scènes évoquent aussi des évènements liés à la catastrophe écologique causée par l’Exon Valdez en 1989.

L’ouvrage s’inspire également de l’escalade criminelle de Luka Rocco Magnotta et du meurtre prémédité qu’il a commis en 2012 sur la personne de Lin Jun, un jeune étudiant chinois installé au Canada ainsi que des crimes de Robert Christian Hansen qui a violé et assassiné entre 17 et 21 femmes dans les environs d’Anchorage entre 1971 et 1983.

Donc les auditeurs et auditrices devront jongler entre la réalité et la fiction. Peut-être même cette histoire leur imposera une certaine recherche pour faire la différence. Personnellement, j’ai trouvé le défi plutôt emballant.

C’est un roman très noir et très librement inspiré de l’œuvre de deux grands criminels. Tous les acteurs du récit un subi un ou plusieurs traumatismes dont quelques-uns liés au naufrage de l’EXXON VALDEZ, le célèbre pétrolier américain qui s’est échoué en 1989 sur la Côte de l’Alaska, provoquant une colossale marée noire.

Une chaîne d’évènements amènera deux enquêtrices : Carrie Callan, une américaine en poste à Juneau, Alaska et Louise Beaulieu du Service de Police de la Ville de Montréal (SPVM) à collaborer sur deux affaires qui n’ont rien d’évident en commun au début en tout cas : la découverte de deux jeunes filles en état de panique à Juneau et un homme assassiné à coup de pic à glace par son amant à Montréal.

Le reste est une affaire de police qui va de découverte en découverte à un rythme très élevé et qui paralyse en quelque sorte les auditeurs/auditrices : torture, meurtres, pédophilie, séquestration, prostitution. Il n’y a pas de limites pour les esprits tordus et comme l’auteur a puisé sans retenue dans les faits divers, il n’a pu éviter une certaine crudité dans le langage.

Les auditeurs/auditrices vont peut-être s’attacher, comme moi aux enquêtrices, en particulier Louise Beaulieu du SPVM, une caractérielle accro au poker et qui jure comme une charretière mais qui est dotée d’un remarquable instinct et qui traîne elle aussi de dures épreuves de la vie. Ici, j’en profite pour dire que j’ai beaucoup apprécié la narration de Christine Bellier.

J’ai trouvé remarquable sa façon de passer au français dit standard à l’accent québécois pure laine incluant une façon très crue de descendre les saints du ciel. Pour ce qui est de raconter, madame Bellier a un registre vocal qui force l’attention. Elle m’a donné l’impression de s’adresser à moi.

Pour écouter ou lire cette histoire, il faut être ajusté à l’actualité jusqu’à un certain point parce qu’on sait ce qui va arriver. Ce qui est beaucoup moins évident, ce sont les motivations des tueurs.

Le récit est empreint d’une analyse des mobiles qui nous tient prisonnier de la trame et ça pousse au questionnement : est-ce suffisant d’évoquer la maladie mentale ou les traumatismes subis dans l’enfance. Y a-t-il autre chose? Personne ne peut rester indifférent à un tel récit d’autant qu’il a été plus vécu que fantasmé.

Donc pour résumer, c’est un roman fort, très noir, très violent, certains passages sont difficiles. La finale est un peu obscure. Excellente narration. Beaucoup de québécois trouveront la couleur locale divertissante dans un contexte aussi sombre. Ensemble détaillé, rythme élevé…pas de temps morts et pas tellement conçu pour les âmes sensibles. Seule petite faiblesse, le lien de l’histoire avec l’Exon Valdez est un peu mince, sous-développé. Sinon, c’est un ouvrage fascinant.

Suggestion de lecture : INTIMIDATION, de Harlan Coben

Fabio M.Mitchelli, est un musicien et écrivain né à Vienne (Isère) en 1973, auteur de thrillers psychologiques inspirés de faits réels. Il a signé « La trilogie des verticales » parue aux éditions Ex-aequo entre 2010 et 2012, dont La verticale du fou, le premier opus de ce singulier triptyque, a été classé dans le top 3 des romans les plus téléchargés sur le territoire français en 2011 aux côtés de David Foenkinos. Mitchelli se consacre désormais à l’écriture de true crime et thrillers psychologiques. « La compassion du diable », paru aux éditions Fleur Sauvage en octobre 2014 a reçu le Prix du polar Dora-Suarez 2015.

Christine Bellier est une actrice canadienne. Notamment active dans le doublage, elle a été entre autres la voix québécoise de Drew Barrymore, Tara Reid, Reese Witherspoon, Charlize Theron, Piper Perabo, Shannon Elizabeth et Kate Winslet lors de son activité au Québec. Elle aime aussi à l’occasion, jouer le rôle de narratrice.

Aussi à écouter :
le 2e tome de la série Louise Beaulieu

Bonne lecture
Bonne écoute
Claude Lambert
Le samedi 23 octobre 2021

ALLIANCE OBSCURE, Jean-François Thiery

<C’est son fils, si tu allais chercher dans les mains courantes
des services sociaux, tu y trouverais son dossier. Il est à vomir.
Elle lui fait vivre un enfer à ce gamin, depuis toujours. Elle lui
fait payer sa propre déchéance et elle en use et en abuse à
tous les degrés. C’est un bon gosse. Il ne dit rien, il ne fait rien.
D’ailleurs que peut-il faire ?>
(Extrait : ALLIANCE OBSCURE, Jean-François Thiery, éditions
Ex Aequo, collection Rouge, 2015, édition numérique. 50p.)

Qui tue ces femmes d’un unique coup de poignard en plein cœur ? Bratislava a peur. Un tueur en série sévit près de la tour UFO, le célèbre bâtiment de la capitale slovaque. Les victimes sont des femmes délinquantes. Elles sont tuées d’un coup de poignard dans le cœur, un seul, sans autre forme de violence.
L’inspecteur Théo Fusko est sur la brèche. Malgré l’aide de son énigmatique collègue, Néo, l’enquête piétine. La méthode du binôme ne figure nulle part dans les manuels de Police ; elle intrigue une jeune profileuse, Lydia Kacinova. La jeune femme s’inquiète ; elle y reconnaît les symptômes de pathologie psychiatrique, mais une vérité beaucoup plus dérangeante la guette, une vérité au-delà de l’explicable…

UNE VÉRITÉ AU-DELÀ DU RÉEL
*Théo Fusko est couché sur le dos. Il tremble…
Les spasmes s’accompagnent de gémissements…
Un couteau ensanglanté est à ses côtés, à portée
de main. Il se cabre encore et pousse un cri
effrayant, bascule sur un côté avant de s’effondrer.*
(Extrait)

C’est un roman aussi bref qu’étrange. Pour résumer, un tueur en série poignarde des femmes dans la ville de Bratislava, capitale de la Slovaquie. Le tueur, rusé et habile est difficile à traquer. L’enquête est confiée à l’inspecteur Théo Fusko, un policier étrange qui ne sera pas toujours au bon endroit au bon moment. Dans sa tâche, Théo est aidé par un énigmatique et insaisissable personnage qui vit dans l’ombre et qui donne de précieuses indications à son allié.

Cette alliance intrigue au plus haut point Lydia Kacinova, une profileuse judiciaire venue de Prague pour tenter d’établir le profil psychologique du tueur. Elle croit reconnaître dans le comportement de théo des signes de pathologie psychiatrique. Trouble dissociatif, syndrome de la personnalité multiple? En fouillant, Lydia va s’apercevoir qu’il y a encore pire…encore plus étrange.

Tout au cours de ce récit, j’ai cru verser dans la littérature fantastique alors que la finale en est une de science-fiction qui est plus proche de la réalité qu’on pense. Le récit n’est pas sans me rappeler le film de Jack Gold LA GRANDE MENACE avec Richard Burton, une excellente production qui évoque l’incroyable pouvoir du cerveau humain, et par la bande, la réalité des pouvoirs paranormaux.

Ceux-ci sont poussés à l’extrême dans le film tandis que Thierry, dans son livre, fait preuve d’une certaine retenue, ce qui n’a pas nui du tout au récit. Je ne peux pas en dévoiler plus car cela reviendrait à dévoiler le secret de l’histoire et ici, je crois qu’il vaut la peine d’être préservé même si le thème s’apparente quelque peu à bon nombre d’histoires développées dans la littérature fantastique et qui évoquent en surface les pouvoirs paranormaux. Malgré tout, le récit a une certaine originalité.

Le mystérieux partenaire de Théo s’appelle Néo. Ce dernier s’applique à guider Théo pour l’aider à préciser sa pensée sur le tueur tant recherché : *Il est en colère. Il nous connaît bien : il a découvert la relation très spéciale qui nous unit. Ce lien le met en danger. Il veut le briser. Je ressens beaucoup de haine à ton égard. Il t’en veut mon ami. Bien plus qu’à moi. Mais je ne permettrai pas qu’il te tue.* (Extrait) Ajoutons à ce mystère une atmosphère épaisse, une énigme savamment entretenue et développée, un non-dit bien dosé…c’est efficace.

L’histoire est très intéressante, intrigante, mais l’auteur a développé son idée de façon à créer un roman de la taille d’une nouvelle. Il ne fait qu’une quarantaine de pages. Je l’ai évidemment dévoré en moins d’une heure. J’ai été saisi par une finale surprenante et pourtant, je suis resté sur ma faim. Le thème est sous-développé. J’aurais souhaité que Thiéry développe davantage la psychologie de ses personnages et en dévoile plus sur les motivations du tueur.

J’ai eu l’impression que le récit est issu d’une idée géniale que l’auteur n’avait pas vraiment envie de développer. C’est un peu dommage. Malgré tout, j’ai aimé. C’est une bonne histoire qui mise en fait sur la nature de la connexion entre Néo et Théo. C’est le principal élément qui entretient l’intrigue…maladie mentale ou pouvoir surnaturel? l’œuvre du tueur en série devient plus accessoire on dirait.

Donc en résumé, trop court avec le résultat que le potentiel de l’histoire est sous-développé. Si on prend l’histoire sous l’angle de la nouvelle. C’est efficace et le lecteur y plonge rapidement.

Suggestion de lecture : CUL-DE-SAC, d’Agnès Boucher

L’auteur : Jean-François Thiery est cadre informaticien dans l’industrie automobile. Il réside en France, dans le pays de Montbéliard. Il commence à écrire en 2009, et publie des nouvelles et des romans. Dans son écriture, l’écrivain aime associer l’humour à la gravité, créer des intrigues solides avec des dénouements étonnants, planter des scènes avec un regard cinématographique.

La psychologie des personnages est la chair de ses pages. Il s’agit de caractères épais, souvent minés par des démons intérieurs. Ils ne sont ni complètement bons ni complètement mauvais. Ils évoluent dans un entre-deux qui nous est proche, une zone trouble que l’auteur considère comme une mine littéraire inépuisable.

Bonne lecture
Claude Lambert
dimanche 7 février 2021

FAUX-SEMBLANTS, le livre de JEFF ABBOTT

*« Je regrette mais je dois le faire. J’ai besoin de
le faire» répondit le «Saigneur». Il sortit le poignard
de son fourreau et le glissa sous son siège. Il avait
pris soin de le nettoyer et de l’affûter, après sa
dernière utilisation. *
(Extrait : FAUX-SEMBLANTS, Jeff Abott, édition Le Cherche
Midi, éd. Or. 2004, édition numérique, 370 pages)

Lorsque le fils d’un sénateur, Peter James, devenu star du porno, revient dans sa ville natale du Texas, rien de bon n’est à prévoir. Il est d’ailleurs retrouvé mort dans un yacht du Port Leo. Tout porte à croire que c’est un suicide par balle dans la bouche.  Tout porte à croire ?? En fait, c’est pas aussi simple. Whit Mosley et Claudia Salazar chargés de l’enquête ne sont pas au bout de leur peine et vont dangereusement affronter un tueur pervers et manipulateur. Avec FAUX-SEMBLANTS, l’auteur Jef Abbott nous garantit le retour récurrent de Mosley et Salazar.

LES VISAGES DE L’AMÉRIQUE
*Whit pensait qu’elle s’avilissait en travaillant
dans le porno, que dirait-il s’il voyait ce qui
lui arrive maintenant? Il comprendrait alors
ce qu’est vraiment l’abjection. >
Extrait

Au départ, je croyais avoir affaire à la petite lecture légère d’un format de poche, genre salle d’attente. C’est plus que cela. En fait, j’ai creusé ma tête de lecteur pour comprendre la démarche du juge Whit Mosley et tenter de me mettre à sa place pour décider entre autres de la nature du décès de Pete Hubble. Il a toutes les apparences d’un suicide.

Mais un doute persiste et devient même pernicieux à un moment où l’enquête du juge prend un tournant comportant danger de mort. Pour développer son enquête Abbott a créé des personnages un peu particuliers : Whit Mosley : devenu juge par accident, vieux garçon un peu aventurier, au look tape-à-l’œil, ne se prend pas au sérieux mais il reste consciencieux et se débat avec courage dans l’enquête la plus complexe de son mandat.

Autre personnage intéressant : la victime, Pete Hubble, une star de la porno, tourmenté par la mort de son frère Corey Hubble sur lequel il décide de tourner un film…sérieux. Pour ce film, Pete décroche un financement douteux avant de mourir d’une balle dans la bouche. Il est retrouvé, pistolet en main. Il y a aussi Lucinda, une sénatrice qui travaille à sa réélection et qui a tellement de choses à cacher. Toute la famille est  bizarre, un peu tordue.

Enfin, il y a Claudia Salazar, policière nouvellement divorcée, à cheval sur son indépendance et qui cherche du gallon… Parallèlement à ces évènements, un tueur cruel et machiavélique torture et tue dans un environnement très proche de nos personnages

Comment est mort Pete Hubble ? C’est le fil conducteur de cette histoire complexe. L’auteur nous réserve bien des surprises en plus d’une finale tout à fait improbable. Par la puissance de son écriture et son sens pointu de l’intrigue, Abbott fait plus que développer une enquête, il entraîne carrément le lecteur en plein sur le terrain de Mosley et Salazar. À travers revers et rebondissements, je me suis posé la question : Pete s’est-il suicidé ou pas.

Aurait-il été victime du tueur en série ou peut-être de sa propre famille et si c’était le cas, quel est l’intérêt. C’est une histoire bien montée, ficelée au point de mystifier le lecteur. Un seul point faible : l’histoire comporte peu d’éléments qui permettent de comprendre de façon satisfaisante les motivations du meurtrier en série. Toutefois, à la fin, son identité aura de quoi surprendre, le lecteur bien sûr mais en particulier notre ami le juge de paix.

FAUX-SEMBLANTS est un thriller dont l’intrigue est en équilibre avec le rythme qui est élevé et soutenu, parfois même essoufflant. Les personnages sont intéressants et bien travaillés, en particulier les limiers.

Et puis, comment ne pas apprécier à Whitt Mosley, cette tête de mule attachante au look de vacancier qui doit rendre un jugement dont sa vie pourrait dépendre…Les enchaînements et les rebondissements sont de nature à garder le lecteur dans le coup jusqu’à la fin…la fin qui m’a laissé un peu pantois.

L’intrigue n’est pas de nature à nous mettre copain-copain avec la politique. Il est rare dans la littérature policière, que ce milieu soit présenté à son avantage. Même chose pour le monde du porno, présenté comme étant sordide et glauque, sans compter de possibles ramifications avec la Mafia et le monde de la drogue…

Il ne faudra pas s’étonner si le premier tiers de l’histoire semble plus lent et terne. Ne vous y fiez pas. Tout se met en place et après, il faudra bien s’accrocher au fil conducteur de l’histoire car la complexité de l’enquête pourrait vous faire perdre le fil de l’histoire. En gros, je qualifierais FAUX-SEMBLANTS d’*excellent condensé de divertissement*

Suggestion de lecture : HANNIBAL, de Thomas Harris

Jeff Abbott est né en 1963 à Dallas, au Texas. Diplômé de l’Université de Rice, à Houston, en Histoire et Lettres, il se tourne vers l’écriture de romans en créant un personnage récurrent, « Jordan Poteet », bibliothécaire au Texas, et sa famille quelque peu excentrique. Il obtient « The Agatha Award » et « The Macavity Award » pour son premier titre « Do unto others » publié en 1994.

Avec le suivant, il évolue vers le roman un peu plus sombre, et un nouveau personnage : le Juge Coroner Whit Mosley et son investigatrice Claudia Salazar, avec lesquels il écrit trois titres.  En 2005, il passe enfin au thriller avec « Panic », qui va recevoir le « Thriller Award ». C’est avec Panique que les francophones le découvrent en 2006. Depuis « Panic » et quelques 5 autres thrillers, un autre personnage a vu le jour, Sam Capra, jeune agent de la CIA, dans trois romans publiés en 2015.

BONNE LECTURE
Claude Lambert
Le vendredi 28 août 2020

LE CERCLE DE DANTE, de MATTHEW PEARL

*Il remarqua des traces de sang sur le plancher
et autre chose aussi…d’étranges fragments
d’insectes qu’il ne reconnut pas- les ailes et les
troncs de ces mouches aux yeux de feu que
Nell Ranney avaient découpés en morceaux
au-dessus du corps du juge Healey*
(Extrait : LE CERCLE DE DANTE, Matthew Pearl,
t. f. Éditions Robert Laffont, 2004, édition papier)

Boston, 1865. Un tueur en série inflige à ses victimes des supplices inspirés par L’ENFER DE DANTE. Dès lors, quatre hommes comprennent qu’ils deviennent les premiers suspects…en effet, ils sont tous réunis dans LE CERCLE DE DANTE dont le but est de faire connaître LA DIVINE COMÉDIE, du même poète florentin. Les membres du CERCLE DE DANTE savent qu’ils seront suspectés si quelqu’un fait le rapprochement entre les meurtres et les supplices racontés dans L’ENFER. Pour se disculper et pour sauver leur ville, les érudits s’improvisent détectives et une étrange chasse à l’homme commence. 

Dans LE CERCLE DE DANTE, Matthew Pearl s’est largement inspiré de LA DIVINE COMÉDIE tout comme l’a fait Dan Brown pour son livre INFERNO . LA DIVINE COMÉDIE est ce célèbre poème, le plus célèbre de Dante, composé quelque part au XIVe siècle. Chef d’œuvre de la littérature, il est considéré comme le plus important témoignage de la civilisation médiévale. D’ailleurs, Dante Alighieri est un poète majeur du Moyen-âge. Il a joué aussi un rôle très actif dans la vie politique de sa ville natale : Florence.

LA MENACE DE LA DIVINE COMÉDIE
*Expulsé du royaume d’en haut, il tombe sur la
terre, au sens physique du terme, et, sous son
poids, un abîme se creuse : L’Enfer. C’est cet
abîme souterrain que Dante explorera. Donc,
la guerre a créé Satan, la guerre a créé L’Enfer*
(Extrait : LE CERCLE DE DANTE)

D’entrée de jeu, je vous dirai d’abord que le CERCLE DE DANTE (Dante club) est une réalité historique. En 1865, Henry Wadsworth Longfellow, premier poète américain de calibre international, fonda un cercle restreint consacré à la traduction intégrale de LA DIVINE COMÉDIE, poème célèbre et complexe de Dante Alighieri qui se voit admis à observer le supplice des damnés dans différents niveaux de l’enfer.

Outre Longfellow, le *club* réunit des personnages tout aussi authentiques : le poète James Russel Lowell, le docteur Oliver Wendell Holmes, l’éditeur James T. Fields et l’historien George Washington Greene. Il s’est aussi avéré que le Cercle a connu beaucoup d’opposition.

Dans son livre, Matthew Pearl met en scène les personnages historiques du Cercle et imagine une chaîne d’évènements se déroulant en 1865 autour de la célèbre université de Harvard.

Au lendemain de la guerre de Sécession, alors que les soldats connaissent de graves difficultés de réinsertion, un tueur en série exécute une série de meurtres particulièrement sordides en s’inspirant des supplices décris dans LA DIVINE COMÉDIE de Dante. Évidemment, ces meurtres n’ont aucune authenticité historique même si la recrudescence de la criminalité au lendemain de la guerre a été historiquement démontrée.

Donc dans ce livre, l’histoire côtoie la fiction. C’est un livre intéressant mais lourd et complexe à plusieurs égards : d’abord, il y a beaucoup de palabres sur Dante et la Divine Comédie qui est une œuvre difficile à aborder. Il y a des passages intéressants mais aussi beaucoup de longueurs et ces longueurs diluent l’intrigue.

Ensuite, comme les meurtres sont inspirés de Dante, les membres du Cercle décident de faire l’enquête eux-mêmes pour éviter les soupçons. Malheureusement le brouillard s’épaissit pour le lecteur. L’enquête est tentaculaire. Le lecteur est balloté de fausse piste en fausse piste…compliqué, d’autant que le rôle de la police est mal défini.

L’écriture est puissante mais elle ne contribue en fait qu’à préserver l’esprit de Dante. À mon avis, il y a trop de répétitions, de digressions, de longueurs et de passages superflus pour garder le lecteur dans le coup à l’exception peut-être d’un questionnement qui a entretenu ma curiosité et m’a permis *d’accompagner le Cercle* jusqu’au bout : Quel être à l’esprit aussi tordu a pu se servir de Dante pour supplicier de façon aussi horrible des êtres humains?

C’est un livre très dense qui pêche par une absence de fluidité. Les chapitres sont longs et l’ensemble est peu ventilé. Sa lecture nécessitera donc beaucoup de patience et d’attention. Je mentionne toutefois qu’il est richement documenté d’imposants travaux de recherches réalisés par Pearl sur le fameux poète florentin. Le livre a figuré quelques temps sur la liste des best-sellers, surtout en Italie, pays d’origine de Dante Alighieri.

La lecture a été ardue mais Pearl m’a donné le goût d’en savoir plus sur la Divine Comédie….peut-être un jour en entreprendrais-je la lecture.

Matthew Pearl est un écrivain américain né en Floride. Diplômé de Harvard en littérature anglaise et américaine et de Yale en droit, Pearl est reconnu comme un spécialiste de Dante. Ses travaux sur le célèbre poète florentin lui ont valu en 1998 le prix Dante décerné par la DANTE SOCIETY OF AMERICA.  Son second roman, L’OMBRE D’EDGAR POE a figuré sur la liste des best-sellers dès sa parution. Dans ce livre consacré aux derniers jours d’Edgar Allan Poe, Pearl développe une des plus grandes énigmes de l’histoire littéraire.

BONNE LECTURE
Claude Lambert
Le dimanche 16 septembre 2018