ROBINSON CRUSOÉ, livre de DANIEL DEFOE

*Enfin après un dernier effort, je parvins
à la terre ferme où à ma grande
satisfaction, je gravis les rochers
escarpés du rivage et m’assis sur l’herbe,
délivré de tout péril et à l’abri de toute
atteinte de l’océan…*
(Extrait : Robinson Crusoé, Daniel Defoe, ed.
originale : 1719, support audio, version abrégé,
juin 2013, Le livre qui parle éditeur., captation :
Audible. Narration : Yves Adler)

En 1651, Robinson Crusoé quitte York, en Angleterre pour naviguer, contre la volonté de ses parents. Le navire est arraisonné par des pirates de Salé et Crusoé devient l’esclave d’un Maure. Il parvient à s’échapper sur un bateau et ne doit son salut qu’à un navire portugais qui passe au large de la côte ouest de l’Afrique. En 1659, à vingt-huit ans, il se joint à une expédition partie à la recherche d’esclaves africains, mais suite à une tempête il est naufragé sur une île à l’embouchure de l’Orénoque en Amérique du Sud. Il y restera 28 ans avec le non moins célèbre vendredi, un indigène rescapé d’un massacre.

ROBINSON CRUSOÉ
version édulcorée
*Sitôt que j’eus posé le pied hors de ma
palissade, j’ai reconnu qu’il y avait un
épouvantable tremblement de terre. Le
sol sur lequel j’étais s’ébranla trois fois.
et ces trois secousses furent si violentes
qu’elles auraient pu renverser l’édifice le
plus solide qui ait jamais été.* Extrait

J’avais le goût de renouer avec ROBINSON CRUSOÉ mais le livre que j’ai lu dans mon adolescence était long et m’avait laissé ambivalent. Crusoé n’était pas un enfant de chœur. Il trempait dans le commerce des esclaves et aimait dominer. Defoe a consacré une large partie de son livre à ces caractéristiques de la personnalité de son héros.

Une série d’infortunes a amené Crusoé à s’échouer sur une île où il a dû attendre 28 ans avant d’avoir du secours. Or c’est sa vie d’insulaire forcé et la façon dont il a quitté l’île qui m’ont surtout intéressé et même fasciné. Finalement, j’ai découvert une version audio abrégée fort satisfaisante de la vie du célèbre personnage même si son non moins célèbre compagnon, vendredi n’apparaît que dans le dernier quart de la présente version.

Deux aspects de ce récit m’ont particulièrement intéressé : premièrement, l’aventure comme telle. Une fois sauvé des eaux, Robinson devra apprendre à survivre : s’abriter, se protéger des éléments, apprendre à chasser, à conserver les aliments, à composer avec la solitude, et surtout, se protéger des sauvages qui visitent ponctuellement l’île, ce qui l’amènera à sauver et adopter Vendredi tantôt considéré comme esclave, serviteur, ami, frère, fils.

C’est avec habileté et intelligence que l’auteur a fait évoluer Crusoé dans sa condition d’insulaire pendant 28 ans, un peu plus de trois avec Vendredi. Je me suis particulièrement attaché à Vendredi et je sais que je ne suis pas le seul. C’est un personnage bon enfant, un peu naïf, un tantinet paresseux mais fort et surtout reconnaissant.

L’autre aspect très intéressant de l’aventure de Crusoé est son caractère rédempteur. Bien sûr, on peut être irrité des tendances esclavagistes et colonialistes du personnage mais il faut quand même tenir compte du fait que le livre a été publié en 1729.

L’auteur, Daniel Defoe était lui-même un peu aventurier et ses écrits témoignent du développement culturel et social de son époque. Si je fais abstraction du manichéisme qui caractérise l’époque, Defoe a su mettre son personnage en mode introspectif, Crusoé considérant que son interminable solitude est en fait une bénédiction de Dieu, c’est ce mode de pensée qui lui fera tenir le coup et qui déterminera la suite des évènements.

C’est bien écrit et c’est toute la beauté de la langue française qui est bien exploitée mais la version originale comporte beaucoup de longueurs et de redondances. Le livre n’a pas vieilli. Il s’est même réactualisé si on tient compte du fait qu’il prône un retour vers la nature. Il propose aussi une certaine réflexion sur le droit des humains à dominer d’autres humains.

Je veux rappeler toutefois que j’ai écouté la version abrégée. Celle qui se concentre sur le *Robinson Crusoé insulaire*. C’est cette partie que je voulais surtout revivre. Vous ne serez pas plus instruit sur celle-ci si vous lisez la version originale car elle ne consacre qu’un peu plus d’une centaine de pages sur la solitude de Crusoé dans son île.

Enfin un petit mot sur la narration d’Ives Adler. Elle est bien mais le débit est trop élevé et l’intonation est monocorde. Par contre, l’harmonique vocale est un régal et la prononciation impeccable. J’ai passé dans l’ensemble un très bon moment d’écoute.

Suggestion de lecture : LE DERNIER DES MOHICANS, de Fenimore Cooper

Daniel Defoe (1660-1731) était un écrivain britannique Très tôt, il s’intéresse à l’écriture et à la politique. En intégrant le parti des Whigs, il combat le gouvernement de Jacques II d’Angleterre puis l’Église anglicane. Il sera condamné au pilori, avant de devenir agent secret en Écosse.

Après ses essais et pamphlets provocateurs, Daniel Defoe s’adonne à l’écriture de romans dès 1715 dont « Robinson Crusoé », inspiré de l’aventure d’Alexandre Selkirk, un marin naufragé pendant cinq ans, qui a dû se débrouiller seul pour survivre. Plusieurs des œuvres de Daniel Defoe s’inspirent de la vie politique et économique de l’Angleterre de son époque et ont connu le succès. 

ADAPTATIONS

Robinson Crusoé a été adapté plusieurs fois à la télévision et au cinéma. À gauche, l’affiche de la production de l’année 2003 avec Pierre Richard et à droite l’affiche d’une production des années 1960.

bonne écoute
Claude Lambert
le dimanche 8 mars 2020

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