LA FIN DU MONDE, de CAMILLE FLAMMARION

*Presque aussitôt tous les cadavres seraient
carbonisés, incinérés et, dans l’immense
incendie céleste, seul l’ange incombustible
de l’apocalypse pourrait faire entendre, dans
le son déchirant de la trompette l’antique
chant mortuaire tombant lentement du ciel
comme un glas funèbre…*
(extrait : LA FIN DU MONDE, Camille Flammarion,
édition originale : 1894 chez Flammarion, réédité
numériquement en 2011 chez FVE. 458 pages.)

Au XXVe siècle, l’humanité est confrontée au pire danger de son histoire. Les savants ont annoncé qu’une comète neuf fois plus grande que la terre doit entrer en collision avec celle-ci. La fin de l’humanité semble inévitable. Cette nouvelle dramatique entraîne un long débat sur une des craintes fondamentales de l’être humain à l’origine de tant de prophéties et prédictions : LA FIN DU MONDE. Panique et maladies nerveuses sont au nombre des réactions humaines jusqu’au choc final où l’humanité sera tourmentée par la chaleur incendiaire, et l’empoisonnement de l’atmosphère. L’humanité survivra-t-elle. 

UNE IDÉE DE LA FIN
*Quel supplice attendait les hommes?…
La peur qui fige le sang dans les artères
et qui anéantit les âmes, la peur, spectre
invisible, hantait toutes les pensées,
frissonnante et chancelante…*
(Extrait : LA FIN DU MONDE de
Camille Flammarion.)

L’édition originale de LA FIN DU MONDE remonte à 1894 et a été rééditée plusieurs fois par la suite. L’ouvrage fait partie d’une collection de livres réimprimés à la demande par l’éditeur Hachette. La dernière édition, toute récente est de 2012. Je signale aussi que l’éditeur FVE a publié une version numérisée en 2011. Ce livre, considéré comme un classique est donc toujours accessible.

LA FIN DU MONDE est issu d’une littérature d’un autre âge. Avec un recul de 120 ans, Flammarion expose sa vision du futur. On aurait pu croire au départ qu’il exposait son œuvre à la désuétude au fil des ans, mais je dirais que, même en 2016, ce livre contient quantité d’éléments extrêmement actuels.

C’est un livre en deux parties : dans la première moitié, l’auteur donne la parole à toutes sortes de spécialistes qui viennent exposer leurs visions de la fin du monde. Cette partie est hautement scientifique, bourrée de calculs complexes.

C’est long, c’est compliqué, mais les scénarios exposés sont scientifiquement plausibles et restent même de nos jours sujets à débat. Ça demande une attention soutenue mais j’ai trouvé ça très intéressant.

La deuxième partie est beaucoup plus passionnante car elle développe ce qui attend la planète après le choc cométaire. Cette partie verse donc dans la philosophie, la psychologie, les prédictions déductives et dresse un portrait plutôt idéaliste de l’avenir de l’humanité.

L’ouvrage ne peut être totalement actuel car l’auteur n’a pas tenu compte de deux éléments importants qui caractérisent l’homme d’aujourd’hui : son caractère autodestructeur et la pollution. Ici, je peux comprendre Flammarion.

Le livre a été écrit à une époque où la destruction de masse était peu envisageable, l’arme nucléaire n’étant inventé que beaucoup plus tard. Quant à la pollution, aucune société n’avait vraiment développé de conscience environnementale au 19e siècle..

Tous les autres éléments du volume demeurent actuels. Je suis demeuré sceptique quant au portrait du futur que propose l’auteur…trop beau pour être vrai allant même jusqu’à prédire le désarmement total, une parfaite égalité entre l’homme et la femme et l’atteinte d’une inimaginable sagesse pour l’humanité.

En fin de compte, c’est un livre intéressant mais atypique…peu romancé, pas beaucoup de dialogues, pas de héros, beaucoup de théories scientifiques plausibles mais complexes, quelques-unes sont devenues caduques avec le temps, mais l’ensemble est bien documenté et dépeint surtout avec une remarquable précision la nature humaine.

C’est ce qui rend ce classique passionnant à lire encore de nos jours car il propose une  sérieuse réflexion sur la vie qui est un éternel recommencement. Surprenant, visionnaire, intéressant…

Suggestion de lecture : LES COUREURS DE LA FIN DU MONDE, d’Adrien J. Walker

Camille Flammarion (1842-1925) était un écrivain et scientifique français, passionné d’astronomie. Il a beaucoup contribué à vulgariser cette science en fondant la Société Astronomique de France et en écrivant de nombreux ouvrages. Il a publié plus d’une cinquantaine de livres dont ASTRONOMIE POPULAIRE qui l’a rendu célèbre (1880) et LA PLURALITÉ DES MONDES HABITÉS (1862).

Flammarion est particulièrement passionné par la planète Mars qu’il observe avec obstination. Il est aussi versé dans le spiritisme qu’il considère comme une science. Il a même rédigé des ouvrages sur la communication avec les morts et sur les maisons hantées. ASTRONOMIE POPULAIRE reste son œuvre majeure.

BONNE LECTURE
JAILU/Claude Lambert
AVRIL 2016

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