Commentaire sur le livre de
EVA ORBELUNE
Un râle de douleur et d’incompréhension fit écho à son geste tandis que les yeux clairs du vieillard s’obscurcissaient. Un centyre s’écoula. Puis, sur la peau presque translucide des poignets du défunt, s’effacèrent les marques qui le désignaient jusqu’alors comme le meneur des Sept Provinces. Désormais, il n’était plus le Magister.
Les Dieux nommeraient un nouveau porteur, un Aspirant. La création de la Marque du Magister générait une énergie particulière que la meurtrière devait localiser avant de partir à sa rencontre.
Extrait : LE DESTIN DU MAGISTER, tome 1 : LA MARQUE, Eva Orbelune, Beta publisher éditeur, 2022, format numérique, 408 pages
Les Sept Provinces sont ébranlées par l’assassinat de leur meneur spirituel, le Magister. Malgré l’instabilité du territoire, les Dieux doivent désigner un remplaçant, tandis que les habitants traquent le meurtrier qui a disparu sans laisser de traces.
Contre toute attente, le choix des Dieux se porte sur des jumeaux qui, pour la première fois de l’histoire, sont contraints de devenir les deux faces d’une même pièce. Malgré leur jeune âge, Yaellin et Wyll devront faire face ensemble à un sombre complot. Seront-ils à la hauteur de leur destin ?
SOLIDARITÉ GÉMELLAIRE
C’est une histoire originale qui se déroule dans un univers composé de sept provinces réunies en un genre de fédération dirigée par ce que l’on appelle un magister qui est nommé par les dieux, parmi les élus. Celui qui est visé reçoit une marque des dieux sur un bras.
Or, au début de l’histoire, le magister en titre est assassiné. Pour le remplacer, les dieux choisissent des jumeaux : Wyll et Yaellin, deux adolescents de 14 ans. Pourquoi un tel choix ? Deux jumeaux pour une seule marque, et pourquoi aussi jeunes ? Et pourquoi ici, deux personnes ne peuvent être qu’une ? Les dieux ont leurs raisons que la raison ne connait pas…
Eva Orbelune nous plonge dans un univers de fantasy riche de trouvailles et d’imagination dans lequel on trouve des magiciens, deux jumeaux télépathes, des sorciers et des dieux dont il est difficile de comprendre les motivations.
La première partie est particulièrement immersive. On se familiarise avec la culture des sept provinces, son gouvernement, son fonctionnement et on fait la connaissance de deux jumeaux ados, attachants, humains et *appelés à n’être qu’un* pour gouverner les sept provinces sous la tutelle de dieux capricieux.
Le mandat du nouveau magister commence d’ailleurs sur des chapeaux de roues, car il doit éclaircir un mystère, un complot ourdi par une redoutable sorcière et qui menace la vie des habitants.
L’autrice a bien travaillé je crois pour rendre attrayant un sujet assez usé en exploitant de nouvelles idées comme par exemple l’exploitation des courants énergétiques pour expliquer la magie et son fonctionnement. Elle a eu aussi l’idée d’utiliser la signature énergétique d’un magicien, l’équivalent des empreintes digitales pour déterminer qui menace le royaume. Ce sont des idées qui rendent l’ensemble crédible et stimulent l’intrigue. Les runes sont aussi omniprésentes.
Elle a aussi beaucoup travaillé sur les personnages en général et sur la personnalité des jumeaux en particulier. Leur interdépendance est par moment inutilement compliquée mais leur bonne nature et leur complicité pousse le lecteur à l’empathie.
J’ai trouvé la plume empreinte d’émotion, une qualité rare dans la littérature de fantasy. Il faut dire qu’à ce chapitre, je suis assez difficile. Un autre bon point pour Eva Oberlune.
Je signale enfin deux petites faiblesses. L’action est très souvent en baisse au profit de l’intrigue. Ça compromet l’équilibre du récit. Dans cette histoire, les sorcières apparaissent comme le diable d’une boîte. Leur origine et leur rôle ne sont pas bien définis tout comme d’ailleurs la différence entre un magicien et une sorcière. À ce titre, Hélisa est sans doute le personnage le moins abouti de l’histoire.
Je n’ai pas tout à fait compris non plus les motivations des dieux et leur choix porté sur des jumeaux et leur participation apporte peu d’éclairage. Mais en général, j’ai beaucoup aimé ce livre qui a été pour moi une belle découverte.
Suggestion de lecture : L’OEIL DU MONDE, de Robert Jordan
L’AUTRICE EVA ORBELUNE
Bonne lecture
Claude Lambert
le samedi 1er mars 2025