La nuit des enfants rois

Commentaire sur le livre de
BERNARD LANTERIC

*Le garçon que j’ai découvert, avant que je n’épouse sa mère, n’avait pas encore réussi à maîtriser- ou à effacer, j’ignore quelle explication est la bonne- l’invraisemblable violence qu’il porte en lui. *
(Extrait : LA NUIT DES ENFANTS ROIS, Bernard Lenteric, Olivier Orban éditeur, 1992,
Format numérique pour la présente, 294 pages.)

Une nuit, dans Central Park, à New York : sept adolescents sont sauvagement agressés, battus, certains violés. Mais ces sept-là ne sont pas comme les autres : ce sont des enfants-génies. De l’horreur, ils vont tirer contre le monde une haine froide, mathématique, éternelle. Avec leur intelligence, ils volent, ils accumulent les crimes parfaits. Car ces sept-là ne sont pas sept : ils sont un. Ils sont un seul esprit, une seule volonté. Celui qui l’a compris, Jimbo Farrar, lutte contre eux de toutes ses forces. A moins qu’il ne soit de leur côté… Alors, s’ils étaient huit, le monde serait à eux et ce serait la nuit, la longue nuit, La Nuit des enfants rois.

Quelque chose a dérapé
*-Ils veulent nous tuer tous les deux Ann. Toi et moi…
-Ils allaient te tirer dessus. Ils l’auraient fait si je ne
t’avais pas appelée…-Ils arrivent, dit Jimbo, chucho-
tant à son oreille. Elle se retourna et vit les sept qui
sortaient de l’ombre. *
(Extrait)

Dès le début de ma lecture, un petit frisson d’angoisse s’est installé dans ma colonne vertébrale et y est resté jusqu’à la fin. Malgré sa structure bizarre et son développement quelque peu déficient, ce roman a de quoi faire frémir.

L’ordinateur le plus puissant du monde appelé Fozzy et créé par un informaticien de génie, Jimbo Fararr, repère dans le monde sept enfants dont l’intelligence est quasi surnaturelle. Ce repérage a été fait dans le cadre du programme CHASSEUR DE GÉNIE développé par la fondation Killian. Chaque année, Jimbo prend contact avec chaque enfant, chaque année jusqu’à leur adolescence.

Chaque enfant ne connait aucun des six autres…jusqu’à leur adolescence où la Fondation les réunit à New-York. Un soir, alors que les sept se trouvaient à Central Park pour apprendre à se connaître, ils sont brutalement agressés et violés pour certains. C’est alors que tout bascule. À la fin de ce drame, *Les sept n’échangèrent pas un mot. Ils n’auraient désormais plus besoin de se parler pour se comprendre. * (Extrait) Car les sept étaient mus par un seul et même esprit.

*Ce qui est arrivé à Central Park a scellé l’union des sept. La fraternité dans la haine. *  (Extrait) À l’arrière-plan de cette sinistre toile…des idées d’apocalypse. Une abomination était née. Avec leur intelligence hors-norme, ils arnaquent et tuent. Et les cadavres s’accumulent.

Fararr connaissait l’énorme pouvoir des sept car il est clair qu’il faut les mettre hors d’état de nuire. L’intrigue ici est de savoir dans quel camp se trouve Fararr. Si c’est dans celui des sept, ils seraient maintenant 8 et ce serait un inimaginable désastre.

Ce livre a été réédité de nombreuses fois depuis sa publication initiale en 1981. Avec le temps, j’ai l’impression que le contenu a été modifié voir tassé. L’édition que j’ai lue comporte des longueurs pénibles portant entre autres sur les arnaques bancaires. Il y a aussi des imprécisions et des éléments manquants. Rien sur la psychologie des jeunes génies, leur passé, leur histoire. Aussi, le rôle de Fararr n’est pas toujours clair. Enfin, j’ai trouvé la finale étrange, dégageant un parfum d’inabouti.

J’ai remarqué que la masse critique est divisée sur l’archaïsme de l’informatique dont il est question dans le récit. Moi je crois que les dangers de la surexploitation technologique et informatique n’ont pas d’âge. Le principe a toujours été le même et dans le récit de Lanteric, ça ne change rien. Sept petits génies ont un pouvoir conjugué tel que le monde entier est en danger.

Le génie de Lanteric a été d’installer dès le départ une atmosphère anxiogène et de la conserver tout au long du récit mettant en relief le pouvoir diabolique des sept éclos après l’évènement de Central Park qui est le point de bascule de l’histoire. La précision des meurtres et la cruauté froide et indifférente qui suivront sont à faire blanchir les lecteurs/lectrices.

Malheureusement, l’aspect dramatique de l’histoire est quelque peu noyé dans les interminables palabres sur les arnaques financières, les itinéraires compliqués des voyages de Fararr et la complexité des relations entre Jimbo et deux femmes.

Malgré tout, j’ai aimé. Ce livre m’a fait un effet…disons plutôt décoiffant…

Suggestion de lecture : LES ENFANTS DE MINUIT, de Salman Rushdie

Bernard Lenteric, nom de plume de Bernard Bester, né à Paris le 19 janvier 1934 et mort dans la même ville le 24 mars 2009, de la maladie de Charcot, est un écrivain et un producteur de cinéma français, auteur de nombreux best-sellers. Par exemple, Bernard Lenteric publie en 1993 Les Maîtres du pain, une saga familiale adaptée la même année à la télévision en deux parties. Il a également publié L’Empereur des rats, un roman fantastique qui met en scène des rats transgéniques. Pour ce roman, il s’est inspiré des Fourmis de Bernard Werber, après lui en avoir demandé l’autorisation.

DU MÊME AUTEUR

Bonne lecture
Claude Lambert
le samedi 1er novembre 2025

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