FAHRENHEIT 451, le livre de RAY BRADBURY

*…Chaque homme doit être l’image de l’autre, comme ça tout le monde est content :
plus de montagnes pour les intimider, leur donner un point de comparaison. Conclusion! un livre est un fusil chargé dans la maison d’à côté. Brûlons-le, déchargeons l’arme. Battons en brèche l’esprit humain…
(extrait de FAHRENHEIT 451, Ray Bradbury, 1953, réédité en 1981, Éditions Denoël) 

Fahrenheit 451 est une dystopie qui évoque un état totalitaire dans lequel l’unique rôle des pompiers consiste à…brûler les livres parce que ceux-ci sont considérés comme dangereux pour le régime politique et pour l’humanité. Considéré comme le meilleur pompier de son unité, Guy Montag fait la rencontre de Clarisse, une jolie jeune femme, intelligente et curieuse.

Ces rencontres vont se multiplier. Étonné par l’intelligence de Clarisse et sa soif de connaissance, Montag développera dans son esprit des *idées sacrilèges*  genre **…mais au fond quel mal y a-t-il à lire**.

 

Un jour, avec son unité, Montag est appelé sur les lieux de la découverte d’une bibliothèque appartenant à une vieille dame. Les ordres sont clairs : BRÛLEZ TOUT. La vieille dame, refusant de quitter son trésor, est brûlée avec les livres. Écœuré, Montag devient rebelle et commence à lire en cachette.

Sa femme Mildred le découvre et le dénonce. Il est condamné à brûler sa propre maison. Il fuit et se cache. Devenu traître à l’état et transfuge, Montag se joint à un groupe rebelle caché dans les bois et dont chaque membre s’est mis en devoir d’apprendre un livre par cœur avant de le détruire, et ce dans le but de le transmettre oralement.

Extrait du film Fahrenheit 451 adapté par François Truffaut

C’est un livre en trois parties, un peu difficile à suivre par moment, mais la richesse descriptive de l’ensemble est telle qu’elle fait oublier ce détail au lecteur même s’il lui faut beaucoup de concentration pour bien suivre l’évolution de l’histoire.

Ce qu’il faut retenir surtout, c’est que ce livre mythique a conservé toute son actualité. Si sa trame évoque quelque peu *1984* de George Orwell, autre dystopie incontournable, l’extraordinaire sens de l’anticipation de l’auteur n’est pas sans me rappeler l’essence visionnaire de Jules Verne.

Ray Bradbury décrit le drame d’une société sans âme privée du droit de lire pour des raisons de sécurité nationale (typique d’un régime totalitaire). En contrepartie, la société adule l’image, à tel point que même les murs des maisons sont devenus des écrans.

En privilégiant la consommation de l’image en particulier et de masse en général, le régime engourdit les esprits et embellit ce qui n’est en réalité qu’un cauchemar : une société menottée en perpétuel lavage de cerveau, continuellement au bord de la guerre et dont l’ignorance est entretenue avec des raffinements de savoir-faire.

FARENHEIT 451 propose une profonde réflexion sur le pouvoir des livres, dans ce qu’ils ont de positif, bénéfique et stimulant pour l’ensemble de la société qui a le droit sacré à la liberté d’expression. Voilà pourquoi ce livre publié il y a 60 ans garde toute son actualité. 

Dans une société où la télé exerce une force presque irrésistible sur les esprits et où internet semble vouloir prendre le contrôle de *L’ÉCRIT*, Bradbury avertit qu’en négligeant le livre, la société se punit en se privant d’un énorme potentiel de découverte, endort ses talents, brime sa liberté d’expression, bref elle frôle la décadence.

FARENHEIT 451 est un livre sans âge d’une beauté extraordinaire et d’une prodigieuse clairvoyance qui force l’admiration. Son auteur n’a négligé aucun détail. Il ne faut donc pas se surprendre que la température de combustion d’un livre soit de…451 degrés Farenheit…

Suggestion de lecture : LEGEND de Marie Lu

BONNE LECTURE
JAILU
AVRIL 2014

(À lire en complément…)

150 PETITES EXPÉRIENCES DE PSYCHOLOGIE DES MÉDIAS

150 petites expériences de psychologie des médias

Il s’agit d’un ouvrage vraiment intéressant et très bien présenté.

D’abord une question est posée, associée à un phénomène psychologique. Par exemple:

Pourquoi ne supportez-vous pas le discours de certains candidats politiques ?
Discours et biais d’endogroupe 

Après une mise en contexte suivent quelques extraits d’études faites par des psychologues, médecins, neuro-scientifiques, anthropologues, etc. Ces extraits font toutes la différence car nous sommes ainsi en mesure de juger nous-mêmes de la crédibilité des faits rapportés, ce qui n’est vraiment pas le cas de tous les ouvrages du même genre. Une conclusion résume l’article et l’auteur laisse des liens menant aux études complètes.

Quand on parle de psychologie des médias ici, il ne s’agit pas seulement de publicité. Il est aussi question de discours politiques, de contenus d’émissions ou de magazines, de la façon dont les nouvelles nous sont présentées, etc etc. Le livre est français, et les nombreuses références qu’il contient (émissions, postes de télé, personnalités publiques) sont donc aussi françaises. Ça m’a un tout petit peu agacé mais ce n’est pas un obstacle, on trouve très facilement des équivalences dans tous les coins du monde j’en suis sûr.

C’est la richesse et la vastitude des phénomènes rapportés qui m’ont particulièrement plu. Bien que savantes, les explications sont simples et concises. L’auteur n’aborde pas le sujet en prenant l’industrie médiatique comme un grand méchant monstre, mais plutôt de façon objective, parfois contemplative même. Considérant que les médias parviennent à jouer avec nos réflexes vitaux, je ne me sens pas nécessairement invulnérable après la lecture de ce livre, mais je comprend mieux les mécanismes utilisés. Du coup même si ça ne protège pas mon cerveau spongieux et influençable d’être humain, ça me donne assurément des bons outils et arguments pour débattre avec moi-même ou prendre de bonne décision.

Phenixgoglu
Octobre 2012

Suggestion de lecture : COMMENT JE VOIS LE MONDE, Albert Einstein

(En complément…)