11 SERPENTS, le livre de PHILIPPE SAIMBERT

*Les yeux grands ouverts, la bouche en cul de poule, la médium des familles fixait un point devant elle. Nul doute, une âme se tenait là et avait accepté de lui causer.*(Extrait : 11 SERPENTS, Philippe Saimbert, Éditeur : Philippe Salamagnou, 2016, numérique et papier, 255 pages numériques)


La terrible cousine Abeline, aussi riche qu’originale, convie amis et famille dans son domaine pour leur faire une étrange proposition. Elle leur propose un jeu où les participants devront se montrer drôles et machiavéliques.

Elle cédera la moitié de sa fortune à celui ou celle qui remportera le défi. 11 invités. 11 serpents. Le gagnant sera celui qui mordra le plus fort.

 


POUR LE PLAISIR DE TOMBER BAS

*Désolé mais dans la vie, celui qui ne rend pas
les coups est destiné à en recevoir de nouveaux…
Mais je vais te dire une chose. Que tu ne devras
jamais oublier. Et qui te servira plus tard. Celui
qui gagne, c’est celui qui baise en dernier !
(Extrait : 11 SERPENTS)

Abeline est une femme très riche et excentrique. Elle convie amis et famille à un jeu particulier. Pendant 8 jours, les convives devront être drôles, machiavélique…*Un jeu d’échec où tous les stratagèmes seront permis pour porter un coup fatal à l’adversaire. Tous sauf un…la violence. Qui sera éliminatoire*(Extrait) …et s’éliminer les uns les autres. L’enjeu : la moitié de la fortune d’Abeline, payable immédiatement à la fin du jeu.

Ce genre de course à l’héritage est loin d’être nouveau en littérature même Saimbert a déjà développé ce thème dans L’HÉRITAGE DE TATA LUCIE. Sujet réchauffé c’est vrai. Toutefois, le livre a de quoi brassé le lecteur. Dans cette réunion d’héritiers potentiels chez Abeline, vous avez le plus beau ramassis de salauds, de Bitchs, de perfides, de manipulateurs et d’hypocrites …onze personnages odieux…onze serpents.

ONZE SERPENTS est le récit de Philippe Depondick, cousin d’Abeline, romancier raté et sympathique, un superbe molasson…*Parce qu’un homme ça aime collectionner les conneries. Et moi, je suis un vrai mec. * (Extrait) Philippe participe au jeu mais est perdant d’avance et pour ce qui est de recevoir des coups bas, il ne l’aura pas facile…

Ce livre m’a fait vibrer et est venu me chercher rapidement. C’est une comédie aussi noire qu’amusante, une véritable collection de méchancetés issue d’une imagination pour le moins fébrile. J’ai été choqué par les bassesses des convives qui se tiraient cruellement dans les jambes pour ne pas dire dans le cœur et dans l’âme…

J’ai été choqué mais j’ai ri et j’ai pris en pitié Philippe, cette loque avec son dos de canard qui donne toujours l’impression de ne pas avoir dit son dernier mot. Quand je lis un livre, je m’attends d’être atteint, réchauffé, brassé, choqué et je mets le reste dans ce que j’appelle couramment la gamme d’émotions. J’ai été surpris, c’est le moins que je puisse dire.

Surpris par autant de méchanceté dont l’exécution s’élève presqu’au niveau de l’art, surpris par la finale superbement imaginée et qui confirme jusqu’où on peut tomber pour être riche. Surpris par la personne qui a gagné ce huis-clos barbare…la moins probable et qui a su s’investir autant en finesse qu’en cruauté. Le livre m’a vraiment accaparé jusqu’à la fin.

Je passerai rapidement sur les irritants de ce livre, c’est-à-dire ses longueurs et ses nombreux développements qui sans être nécessairement longs créent des diversions inutiles et irritantes. Je note aussi cette manie agaçante de Saimbert de prévenir souvent le lecteur qu’il sera sidéré par la suite…

Mais la plume fébrile de Saimbert nous ramène vite fait dans le fil conducteur. Ce livre est très bon divertissement mais il est acide. La cruauté qui est manifestée dans le récit peut mettre beaucoup de lecteurs mal à l’aise.

C’est un roman définitivement cynique mais il m’a fait rire. Je découvre qu’on peut être choqué en dissimulant une envie de rire. On ne peut pas lire une bombe pareille sans être mitigé. C’est bourré de machinations, d’astuces, de coups bas et l’humour et les répliques sont plutôt noirs. Disons que le temps que j’ai pris pour lire ce livre a passé très vite avec un minimum de pauses.

Suggestion de lecture : LE FACTEUR 119, de Lydie Baizot

Philippe Saimbert est un auteur et scénariste français né à Pau en 1962. Il a aussi signé plusieurs albums de bande dessinée en empruntant diverses avenues littéraires telles que la science-fiction, le thriller, l’humour. Ses nombreux polars et sa série LES ÂMES D’HÉLIOS lui ont fait atteindre la notoriété.

Je pense entre autres au livre qu’il a écrit en collaboration avec Isabelle Muzart et dont j’ai déjà parlé sur ce site, LE WAGON qui nous plonge dans une atmosphère très particulière qui n’est pas sans rappeler Agatha Christie. 

Bonne lecture
Claude Lambert
Le samedi 12 décembre 2020