BORGIA, le livre de MICHEL ZÉVACO

*-Assassinée !… Empoisonnée !… En est-ce assez ?
Seigneurs dépouillés, princes, barons et comtes
dépossédés, faut-il encore de nouveaux crimes? …
Et c’est toujours la même main qui frappe,
infatigable, jamais rassasiée de meurtres… c’est
toujours le même homme… le même tyran qui
conçoit l’assassinat : le pape !… Et c’est toujours
le même homme… le même tigre qui se rue sur la
victime désignée à ses coups… son fils… César
Borgia !…

À partir de personnages et de faits réels, l’auteur a imaginé une formidable épopée : celle d’un chevalier français, pauvre mais plein d’audace, le jeune Ragastens qui, après s’être mis au service de César Borgia, deviendra son rival et son ennemi le plus acharné. Pour la belle Béatrix, surnommée Primevère, qui hait ouvertement le tout-puissant seigneur romain mais adore en secret le vaillant petit français dont rêve aussi Lucrèce Borgia, l’Italie sera mise à feu et à sang.

Le courage et l’astuce de Ragastens provoqueront le dépit et la chute des Borgia. La justice, le droit et la légitimité triompheront. Ainsi que l’amour de Béatrix et Ragastens, sous le regard complice d’un peintre qui se fera un prénom, Raphaël, et d’un écrivain que le pouvoir inspire, Machiavel…

UN POUVOIR SULFUREUX
«Pas un mot ! dit le vieillard d’une voix si changée
que Ragastens la reconnut à peine. J’ai tout vu,
j’ai tout entendu. Bénissez le ciel que je conserve
mon sang-froid et que, pour éviter un scandale,
une tache à mon nom, je ne vous tue pas ici
comme un chien ! Demain…chez moi…je vous
attends…*
(Extrait : BORGIA)

BORGIA est un récit historique qui amalgame la fiction et la réalité. C’est l’histoire de Ragastens, un chevalier français sans le sou mais d’une trempe exceptionnelle. Pour vivre, il se fait enrôler comme Chevalier par le fils du Pape : César Borgia en personne. Pour faire court, Ragastens tombe en amour avec la belle Primevère, de son vrai nom Béatrix. Un jour, Béatrix accepte de servir de modèle au peintre Raphaël.

En prenant connaissance du tableau ainsi produit, Le pape Alexandre VI, Rodrigue Borgia exige de rencontrer le modèle peint si magnifiquement par Raphaël. De son côté, César Borgia aperçoit Béatrix et la veut lui aussi. La sœur de César et fille du pape, Lucrèce Borgia voit tout ça d’un mauvais œil.

Une chaîne d’évènements amène Ragastens à devenir l’ennemi juré des Borgia. Il développe l’obsession de sauver Primevère des griffes des Borgia. Aidé au départ par ses amis Machiavel et Raphaël, Ragastens établira de nombreuses et précieuses alliances pour mener à bien son plan.

J’ai dévoré ce long pavé de 1000 pages. Beaucoup de choses sont en accord avec l’histoire. Rodrigue Borgia est présenté dans ce livre comme un meurtrier fourbe, hypocrite et ambitieux. L’histoire reconnait en effet la vie dissolue d’Alexandre VI et la toute-puissance de la famille Borgia pour le malheur de toute l’Italie.

J’ai particulièrement apprécié l’insertion dans l’aventure de deux personnages historiques fort attachants à leur façon : Le peintre Raphaël Sanzio et le théoricien Niccolo Machiavelli. Leur présence est relativement discrète, mais elle compte beaucoup et a attisé mon intérêt pour le récit, Raphaël et Machiavel étant des amis du Chevalier Ragastens et par la force des choses, des complices.

Deux personnages importants dans le récit

À gauche, Raphaël Sanzio (1483-1520) appelé aussi Raphaël Santi est un peintre et architecte célèbre de la renaissance. Au Vatican, Raphaël, contemporain de Michel-Ange était chargé de la décoration du palais du pape Jules II, désireux de l’habiter pour ne pas subir la néfaste influence de la puissante famille Borgia.

Nicolas Machiavel (1469-1527) est un penseur humaniste de la renaissance, théoricien versé en politique et en histoire. Il a donné naissance à plusieurs termes en français dont le plus célèbre : *machiavélisme* issu d’une interprétation soit déformée soit surfaite de son œuvre. Dans le récit de Michel Zévaco, Raphaël et Machiavel sont deux amis et complices du héros de l’histoire, le chevalier Ragastens.

BORGIA est le récit d’une guerre. Un conflit cruel et sanglant entre les Borgia et les Alma, isolés à Monteforte, le dernier rempart qui s’oppose aux Borgia. C’est une guerre d’ambitions et de pouvoir et que souhaitent ceux qui ont le pouvoir sinon plus de pouvoir. Ce qui m’a le plus frappé dans l’œuvre de Zévaco est sa structure.

Sa plume intense a rendu d’une clarté limpide une puissante chaîne d’évènements et de personnages, ce qui rend la lecture fluide avec un fil conducteur auquel le lecteur s’accroche facilement. Inspiré d’une époque où la chrétienté était carrément décadente, l’auteur a su insérer dans cette réalité un Chevalier fictif avant tout humain avec ses forces et ses faiblesses mais d’une grande adresse et d’une incroyable audace.

Évidemment, Zévaco prend des libertés avec la vérité historique. Il a introduit par exemple LA MAGA, une sorcière qui aurait été amante du pape et mère de deux monstres : Lucrèce et César. Et puis, il y a la mort du pape Alexandre VI. Dans le récit de Zévaco, il est mort empoisonné mais on n’est pas sûr des circonstances exactes de sa mort.

Enfin, avec BORGIA de Michel Zévaco, vous êtes certain d’avoir entre les mains un excellent divertissement, une lecture prenante et pleine d’émotions et surtout de rebondissements. Vous vous attacherez je crois au jeune Ragastens et devrais-je le dire? Pourquoi pas puisque ça m’est arrivé…vous vous plairez sans doute à détester les Borgia car un fait est avéré :

La famille Borgia pâtit d’une sinistre réputation en partie forgée par ses ennemis politiques qui les accusent pêle-mêle d’empoisonnement, de fratricides, d’incestes…cette légende contribue à faire des Borgia le symbole de la décadence de l’Église à la fin du moyen âge. (Wikipédia)

Je recommande donc Borgia de Michel Zevaco. Je crois que vous ne vous ennuierez pas…bien au contraire.

Suggestion de lecture : HISTOIRE DE LA PAPAUTÉ, collectif

Michel Zévaco (1860-1918) est avant tout un auteur de romans populaires, dont le plus connu reste la série de cape et d’épée Les Pardaillan. Journaliste d’obédience anarchiste, il se fait régulièrement emprisonner à la prison Sainte-Pélagie pour ses articles libertaires. En 1900, après avoir tenté de soutenir Dreyfus, il quitte le journalisme politique et retourne au roman-feuilleton. connaît un véritable succès. Plus de dix volumes des aventures de Pardaillan Père et Fils ont été publiés, de son vivant et après sa mort, en avril 1918 à Eaubonne.

Borgia au cinéma

Les Borgia ont largement inspiré le septième art avec une quantité impressionnante de films et de téléséries. Il serait trop long de tout énumérer ici. Je vous suggère de visiter le site cinetraffic.fr pour en savoir plus.

Voici à mon avis, l’affiche la plus représentative du mythe Borgia, celle de la série crée par Canal + en coproduction, réalisée par Tom Fontana en 2011.

Bonne lecture
Claude Lambert
Le samedi 10 août 2019

L’HOMME QUI DEVINT DIEU, GÉRALD MESSADIÉ

*Les Juifs avaient failli aimer leur Dieu.
Mais comme les autres, qui ne survivaient
Qu’à l’aide d’exorcismes, de sacrifices et
D’imprécations, autant de cataplasmes de
Plantain sur des esprits saignant de trouille,
 Ils avaient fini par succomber à la peur.
Yahveh, ç’aurait pu être un père, ce n’était
Plus qu’un policier…
L’HOMME QUI DEVINT DIEU,
Éditions Robert Laffont, 1988

À partir de recherches très poussées et échelonnées sur plus d’une dizaine d’années, Gérald Messadié reconstitue ce qu’aurait pu être en réalité la vie de Jésus. À partir de nouvelles données, l’auteur tente d’éclaircir des points restés obscurs dans les évangiles : des passages éludés, une chronologie incomplète, des personnages et contextes peu ou mal définis. Messadié reprend donc en détail la vie de Jésus pour ce qu’il est d’abord : un homme. Il développe le parcours de cet homme, qui influencera toute l’histoire, dans un contexte politique, social, économique, humain et religieux bien sûr et définira de façon détaillée le rôle de ses proches.

C’est un livre surprenant et très audacieux.  En effet, suivant la logique de faits nouveaux découverts au cours de plusieurs années de recherches intensives, Gérald Messadié a réécrit, sous forme de roman, le parcours de Jésus et ça donne une version complètement différente de celle proposée par les évangiles canoniques. Pour beaucoup de personnes, ce livre est dérangeant à cause de la position de l’auteur face à Jésus et des révélations qui y sont faites.

Je pourrais citer par exemple l’hypothèse selon laquelle Jésus ne serait pas mort sur la Croix. Malgré nombre d’arguments solides qui étayent cette thèse, c’est énorme et plutôt spectaculaire comme *fait nouveau*. Après tout, la Foi catholique ne repose-t-elle pas sur la mort de Jésus crucifié puis ressuscité le troisième jour?

J’aimerais citer aussi le rôle de Marie-Madeleine qui aurait été beaucoup plus actif et intense que le laisse supposer les évangiles de Luc, Mathieu, Jean et Marc. Selon la version de Messadié, elle aurait, à toute fin pratique, présidé à la naissance de l’Église.

J’ai lu ce livre consciencieusement et avec un maximum d’ouverture d’esprit. Je n’ai décelé aucune intention malveillante de l’auteur. Il se garde bien de vouloir bousculer la foi, condamné l’Église ou dénoncer les écritures canoniques. Il le précise très bien dans sa postface.

Ce livre m’a touché parce que Messadié a d’abord considéré Jésus comme un homme. Il a laissé de côté l’essence divine. Il ne s’est pas encombré des dogmes. Il a voulu simplement mettre en évidence ce qui constitue pour lui le vrai parcours de Jésus en posant sur sa vie un regard quasi quotidien quant à son implication dans la communauté, le message qu’il véhiculait et son caractère profondément humain.

Ce livre m’a plus et il devrait vous intéresser dans la mesure où vous gardez l’esprit ouvert. Le point de vue de l’auteur peut être dérangeant, voire offusquant, mais ce n’est qu’un point de vue. Il faut prendre ce livre pour ce qu’il est : la proposition d’une nouvelle version de l’histoire. Pour moi, le livre est bien documenté et ses révélations sont crédibles. Le reste est une question d’interprétation et de Foi.

Suggestion de lecture : LA FORMULE DE DIEU de J.R. Dos Santos

Pour en savoir davantage sur la démarche de Gérald Messadié, je vous recommande de lire L’HOMME QUI DEVINT DIEU LES SOURCES. Vous y trouverez les sources et analyses qui ont permis à l’auteur de reconstituer le parcours de Jésus. Ce livre pourrait répondre à beaucoup de questions et son écriture est très accessible.

BONNE LECTURE
Claude Lambert
FÉVRIER 2014

(En Complément…)