HISTOIRES EXTRAORDINAIRES, recueil d’EDGAR ALLAN POE

*Arrivés à une vaste pièce située sur le derrière, au quatrième étage, et dont on força la porte qui était fermée, avec la clef en dedans, ils se trouvèrent en face d’un spectacle qui frappa tous les assistants d’une terreur non moins grande que leur étonnement* (Extrait : HISTOIRES EXTRAORDINAIRES, Edgar Allan Poe, Elit éditions, 2014, première publication en France en 1856, Traduction par Charles Beaudelaire, édition
numérique, 250 pages.)

HISTOIRES EXTRAORDINAIRES est un des grands classiques de la littérature. Ce recueil réunit les nouvelles d’Edgar Allan Poe : DOUBLE ASSASSINAT DANS LA RUE MORGUE, LA LETTRE VOLÉE, LE SCARABÉE D’OR, LE CANARD AU BALLON, AVENTURE SANS PAREILLE D’UN CERTAIN HANS PFAAL, MANUSCRIT TROUVÉ DANS UNE BOUTEILLE, UNE DESCENTE DANS LE MAELSTROM, LA VÉRITÉ SUR LE CAS DE M. VALDEMAR, RÉVÉLATION MAGNÉTIQUE, SOUVENIRS DE M. AUGUSTE BEDLOE, MORELLA, LIGEIA, METZENGERSTEIN. On y trouve tous les genres qui ont fait la notoriété d’Edgar Allan Poe : étrange, fantastique, intrigue policière, horreur, paranormal, mystère, peur…terreur, suspense. Un incontournable de l’univers littéraire traduit par un admirateur inconditionnel de Poe : Charles Baudelaire.

POE LE PRÉCURSEUR
*Ces neuf dernières heures ont été
incontestablement les plus enflammées
de ma vie. Je ne peux rien concevoir de
plus enthousiasmant que l’étrange
péril et la nouveauté d’une pareille
aventure. Dieu veuille nous donner le
succès*
(Extrait : HISTOIRES EXTRAORDINAIRES,
LE CANARD AU BALLON)

C’est vrai. HISTOIRES EXTRAORDINAIRES est un incontournable de la littérature, un petit chef d’œuvre dans le genre, mais pas nécessairement à cause de la qualité ou la valeur des textes mais parce que Poe, sans être nécessairement le Père de la littérature policière, de science-fiction ou de fantastique, a donné une direction à ces genres littéraires. Il a jeté les bases. Je n’ai pas vraiment été emballé par LES HISTOIRES EXTRAORDINAIRES mais je dois dire que j’ai été subjugué par l’acuité intellectuelle de l’auteur.

Le problème avec Poe est qu’il s’étend très longtemps sur des détails techniques, des postulats scientifiques, de savantes démonstrations de logique et de déductions. Ça s’étend sur de nombreuses pages. Les intrigues sont noyées…les mystères dilués. Je ne suis pas surpris que ces histoires aient marqué leur temps mais elles sont aujourd’hui dépassées.

Malgré tout, j’ai apprécié les HISTOIRES EXTRAORDINAIRES car la lecture m’a permis de comprendre le rôle important qu’a joué Edgar Allan Poe dans l’évolution de la littérature. Je ne crois pas exagérer en disant que dans les genres POLARS, SCIENCE-FICTION, FANTASTIQUE et LITTÉRATURE POLICIÈRE, Poe a été un précurseur. Il a influencé des auteurs devenus des maîtres de la littérature…des incontournables comme Jules Verne dont la richesse descriptive des récits est tout à fait remarquable.

Poe a aussi influencé Conan Doyle dans la création de Sherlock Holmes devenu l’archétype du détective privé et qui n’a pas tardé à éclipser le chevalier Auguste Dupin, le fin limier créé par Poe. Avec son génial détective qui n’hésite pas lui non plus à s’étendre sur les détails de sa logique, Conan Doyle a complètement rénové la littérature policière et Edgar Allan Poe n’y est pas du tout étranger.

J’ai aussi senti l’influence sur plusieurs autres auteurs comme Agatha Christie dont le fameux détective Hercule Poirot est un puits de science et de raisonnement et même sur Fenimore Cooper qui a donné à son personnage NATTY BUMPER appelé œil de faucon un incroyable pouvoir descriptif…un langage du cœur qui confine parfois à la poésie. Et que dire de l’influence de Poe sur le cinéma…

Voilà pourquoi j’ai passé un bon moment avec les HISTOIRES EXTRAORDINAIRES. C’est vrai. Ses histoires ont vieilli mais j’ai pu me mettre dans la peau d’un pionnier aux extraordinaires talents et à l’insatiable soif de connaissances sans compter le regard critique qu’il jette sur la nature humaine. Poe demeure un maître…respect.

Quelques histoires extraordinaires

           

LA SUITE

 Edgar Allan Poe (1809-1849) est un romancier, dramaturge, poète, nouvelliste et critique littéraire américain natif de Boston. Il compose ses premiers poèmes. Malgré son alcoolisme chronique, il connaîtra beaucoup de succès jusqu’en 1845 où il publie LE CORBEAU dont le succès est particulièrement fulgurant. C’est après que Poe connaîtra une déchéance irréversible, sombrant dans une misère extrême jusqu’à sa mort consécutive à une crise de delirium tremens vers la fin de 1947.

La Critique contemporaine situe Poe parmi les plus remarquables écrivains de la littérature américaine. Il a été reconnu et défendu par des auteurs célèbres dont Charles Baudelaire qui est devenu son traducteur officiel.

QUELQUES FILMS ADAPTÉS DES LIVRES D’EDGAR ALLAN POE

    

C’est le cycle Edgar Allan Poe qui a valu au cinéaste américain Roger Corman une réputation internationale. Il s’est entouré pour ses projets d’une équipe *d’inconditionnels* : l’écrivain Richard Matheson, les scénaristes Charles Beaumont et Charles Griffith.

Plusieurs acteurs sont sollicités dont Boris Karloff, Peter Lorre et bien sûr Vincent Price qu’on retrouve dans tous les films du cycle, des productions cinématographiques à la mise en scène particulièrement soignée donnant un remarquable résultat artistique.

LA CHUTE DE LA MAISON USHER inaugurera le cycle en 1960 et suivront : LA CHAMBRE DES TORTURES en 1961, L’ENTERRÉ VIVANT et L’EMPIRE DE LA TERREUR en 1962, LE CORBEAU, considéré comme un chef d’œuvre, sorti en 1963 avant LA MALÉDICTION D’ARKHAM, LE MASQUE DE LA MORT ROUGE et LA TOMBE DE LIGEIA en 1964.

BONNE LECTURE
Claude Lambert
Le dimanche 27 mai 2018

 

JOUR QUATRE, livre thriller de SARAH LOTZ

*Elle enroula un des foulards de soie de Céline
autour de son cou : elle pourrait s’en couvrir
la bouche. Les microbes le traverseraient mais
elle serait au moins protégée de la puanteur.
Elle aurait l’air ridicule de l’homme invisible,
mais cela valait mieux que passer les prochains
jours à vomir tripes et boyaux.*


(Extrait : JOUR QUATRE, Sarah Lotz, 12-21 éditions,
t.f.  Fleuve Éditions, Dep. Univers Poche, fleuvenoir
2016, édition numérique, 360 pages)

Les passagers vivaient une croisière paradisiaque à bord d’un superbe paquebot de luxe. Mais le confort bucolique des touristes bascule complètement le quatrième jour alors qu’un incendie se déclare à bord. Puis les malheurs s’enchaînent : dérive du navire, communications rompues, meurtre, épidémie et pire, l’apparition de spectres achève de transformer le rêve en cauchemar. 

DU RÊVEUR MAGNIFIQUE
AU
CAUCHEMAR INFERNAL
*Le paquebot grinçait, hurlait, on aurait dit qu’il
voulait se déchirer en deux. Combien de temps
est-ce que ça a duré? J’en sais rien bordel.
Combien de temps ça dure une éternité?*
(Extrait : JOUR QUATRE)

Ce livre n’est pas la suite de TROIS dont j’ai déjà parlé et bien qu’il soit question à plusieurs reprises de Lori et Bobby Small et du fameux jeudi noir, JOUR QUATRE PEUT SE LIRE indépendamment de TROIS. Comme j’ai été déçu de TROIS, j’avais quelques craintes en entreprenant la lecture de JOUR QUATRE. Je peux dire que j’ai été un peu mieux servi.

L’histoire se déroule à bord d’un paquebot de croisière : LE RÊVEUR MAGNIFIQUE ayant à son bord 2,962 personnes. Les trois premières journées sont magnifiques…le bonheur total. La quatrième journée, tout bascule. Le paquebot fait un arrêt complet après avoir perdu ses sources d’énergie suite à un incendie dans la salle des machines.

Tous les systèmes vitaux tombent en panne : plus d’électricité, plus de communication, une épidémie de gastro se déclare à bord, les systèmes sanitaires ne fonctionnent plus. Le paquebot dérive et devient malmené par une forte tempête et en plus, une femme est retrouvée morte dans sa chambre. Tout dégénère, les conditions deviennent critiques, sans compter l’humeur des passagers…bref, un véritable cauchemar.

En marge de ce drame, les passagers se regroupent autour de Céline Del Ray, une voyante qui donne des spectacles et dont la personnalité change complètement, comme si elle était possédée et cela coïncide avec des membres d’équipage convaincus d’avoir vu des apparitions. Je ne peux en dévoiler plus sans vous mettre sur le sentier de la conclusion, c’est-à-dire le destin du navire et ses 2962 passagers.

Bien que le livre souffre de longueurs, l’action est soutenue et est enrichie d’une touche paranormale intrigante et captivante. Comme lecteur, je me suis senti enchaîné à l’histoire au fur et à mesure que la situation se dégradait. Le fond de l’histoire est intéressant. La plume intense de Lotz pousse le lecteur à ressentir la peur des passagers.

Cette peur est d’autant omniprésente que l’auteure n’a prévu aucune communication entre le commandant du navire et ses passagers à part quelques platitudes communiquées régulièrement par Damien, le directeur de croisière.

Donc la peur, le doute, la colère, la panique sont palpables et contribuent à l’atmosphère opaque et lourde qui se dégage de l’histoire et qui finit par envelopper le lecteur.

Il y a quand même des éléments de construction de l’histoire qui seraient susceptibles d’agacer plusieurs lecteurs et lectrices : le rythme de l’histoire est très lent et l’intrigue se développe lentement, à la petite cuillère. Il y a des longueurs dans le livre qui donne parfois l’impression d’une errance de l’auteure.

Aussi, il faut composer avec beaucoup de personnages. Enfin, vous risquez de trouver la conclusion plutôt surprenante. Je l’ai trouvée un peu tirée par les cheveux mais je crois ici qu’il pourrait y avoir autant d’interprétations que de lecteurs. Alors, il faut s’y risquer.

C’est loin d’être une de mes meilleures lectures à vie, mais ça m’a plu en particulier parce que l’atmosphère de l’histoire l’emporte sur l’action. J’entends par là le mystère, le non-dit, l’inexplicable…ces éléments qui poussent le lecteur à aller plus loin jusqu’au dénouement qu’il a été impossible d’entrevoir avant d’y arriver vraiment.

Si vous aimez les histoires aux intrigues glaçantes avec en plus l’angoisse générée par les phénomènes paranormaux. Vous devriez apprécier JOUR QUATRE.

Sarah Lotz

BONNE LECTURE
JAILU/Claude Lambert
19 SEPTEMBRE 2016