DEREK AUCOIN LA TÊTE HAUTE

Commentaire sur le livre de
BENOIT RIOUX

<Vivre, c’est donner. Et quand tu donnes, tu reçois. Dans mon cas, Wow ! La vie m’a offert une femme extraordinaire, Isabelle, et un fils dont je suis tellement fier, Dawson. J’me considère comme l’homme le plus chanceux au monde. Je suis choyé, béni et privilégié. Ce sentiment de bien-être qui m’enveloppe, je le dois partiellement au baseball, lequel continue chaque jour à me faire des cadeaux…j’ai longtemps pratiqué ce sport, je l’ai enseigné…> Extrait : DEREK AUCOIN la tête haute, Benoit Rioux auteur, version audio : Vues et Voix éditeur. Durée d’écoute : 5 heures 54 minutes, narrateur : Derek Aucoin.

Une histoire de baseball et de gratitude

Plus jeune, Derek Aucoin n’avait qu’un seul rêve: porter les couleurs des Expos de Montréal. «Go for it!» Ces trois mots, lancés par son idole Andre Dawson, le guideront dans son ascension vers le baseball professionnel et il deviendra, en 1996, un des rares Québécois à jouer pour l’équipe montréalaise.

Porté par une passion indéfectible pour un sport qui lui a fait tant de cadeaux, l’ancien lanceur nous raconte un parcours ponctué de rencontres déterminantes et d’innombrables anecdotes. Depuis qu’il a accroché son gant, il s’est illustré comme animateur et analyste sportif. Reconnu pour son implication dans la communauté, il a également enseigné le baseball aux enfants de New York et d’ailleurs, se donnant comme mission de leur transmettre ses valeurs et sa philosophie du jeu.

Et même s’il doit, en 2019, affronter un adversaire sans pitié, un cancer du cerveau, le grand Derek se considère toujours comme l’être le plus chanceux du monde. Débordant de gratitude, la tête plus haute que jamais,

Le circuit Aucoin

DEREK AUCOIN LA TÊTE HAUTE est un récit biographique intimiste et chaleureux. Son cheminement est remarquable. Passionné de baseball, son rêve de gamin et d’adolescent était de jouer pour les Expos de Montréal. Il a trimé dur pour y arriver et même si les Expos ne lui ont pas réservé la place qu’il méritait vraiment, Derek a toujours regardé en avant et a fait un long chemin sur lequel il a accumulé toutes sortes d’expériences, même la vente de sapins de Noël.

Je veux seulement rappeler ici que Derek Aucoin a signé comme agent libre avec les Expos de Montréal en juillet 1989.  Il a joué avec les Expos de Rockford, puis les Expos de West-Palm beach dans un niveau plus élevé. Son parcours a dévié par la suite vers les Senators de Harrisburg et les Lynx d’Ottawa.

Pour les Expos de Montréal, il n’aura joué que deux matchs en 1996 : deux manches et deux tiers au total. Il s’est ensuite tourné vers les Mets de New York en 1998 pour lesquels il s’est aligné dans les rangs mineurs. Il avait le physique, un talent fou mais les organisations de baseball ne lui ont pas fait la vie facile. Ça ne l’a jamais empêché d’entraîner et développer les jeunes et de s’impliquer dans le sport.

J’ai été touché par le récit de Derek Aucoin dont j’ai écouté la version audio, narrée par lui-même. Je savais déjà que Derek avait un extraordinaire don d’empathie, ce que m’a confirmé le livre. En écoutant Derek Aucoin, j’ai eu l’impression qu’on se parlait tous les deux devant un café, qu’il racontait son histoire pour moi, qu’il me parlait personnellement quoi.

J’ai eu un peu de difficulté à suivre les explications sur ses techniques de baseball et ses descriptions parce que dans les faits le baseball n’est pas un sport que j’apprécie particulièrement. Mais sur le plan humain et social, il m’a fait vibrer et son récit a généré en moi beaucoup d’émotion, me serait-ce que par le seul fait que ce grand monsieur de 6 pieds 8 pouces était proche des gens, il les aimait, comme son grand-père Alfred. Il a donné de lui-même de tout son cœur jusqu’au dernier souffle. Cet amour de la vie, de sa famille et des êtres humains transpire dans tout le récit qui transmet une profonde gratitude.

Je vous recommande vivement le livre de cet homme emporté par un cancer au cerveau à 50 ans le 26 décembre 2020. Il a fait honneur au Québec et n’a rien ménagé pour aider, soutenir, construire. Je n’oublierai jamais entre autres sa dynamique présence à l’émission Bonsoir les sportifs.

C’est un récit touchant, humble, chaleureux et même drôle qui m’a fait un bien fou…

Suggestion de lecture : LE TEMPS DES SEIGNEURS, Dan Bigras


L’auteur Benoit Rioux et Derek Aucoin

Bonne lecture
Bonne écoute

Claude Lambert

La petite fille qui aimait Tom Gordon, STEPHEN KING

LA PETITE FILLE QUI AIMAIT TOM GORDON

Commentaire sur le livre de
STEPHEN KING

*À son tour, le moine noir s’avança et Trisha éprouva
tout à coup une intense terreur. « Non! Cria-t-elle…
pas vous!…Allez-vous-en!…Mais il leva les bras et en
se retroussant les manches noires révélèrent de
longues griffes jaunes.*
(Extrait : LA PETITE FILLE QUI AIMAIT TOM GORDON, Stephen
King, t.f. Éditions Albin Michel, S.A. 2000, numériques, 260 p.)

L’histoire de Trisha, 9 ans. commence lors d’une excursion dans les Appalaches. Fatiguée et irritée d’entendre sa mère et son frère se disputer continuellement, Trisha décide de s’en éloigner mais elle se perd. Au beau milieu d’une forêt marécageuse, elle doit surmonter sa peur et affronter le froid, la faim, et…la nuit. Elle devra aussi faire face à deux personnages terrifiants qui la harcèlent : la Teigne et la Chose. Heureusement, Trisha a avec elle son baladeur qui lui permet de suivre les exploits de son héros, le joueur de baseball Tom Gordon. Il semble que Tom soit le seul à pouvoir sauver Trisha de sa fâcheuse position.

ON ÉTAIT TOUS COMME TRISHA
*Ses yeux se posèrent sur la masse sombre de la
forêt à sa droite. «Ne t’approche pas de moi…
Reste où tu es,  sinon je compose le 800 et
j’appelle le géant, compris?» La Chose l’entendit.
(Extrait : LA PETITE FILLE QUI AIMAIT TOM GORDON)

C’est un bon livre… ce n’est pas le meilleur de King mais l’histoire est extrêmement originale. Elle est développée comme le déroulement d’un match de baseball. Les chapitres deviennent des manches, il y a des demi-manches et des prolongations.

Le baseball est omniprésent dans le récit ainsi qu’un de ses héros légendaires : Tom Gordon, star des Red Sox de Boston. Tom Gordon est le joueur préféré de Trisha. Tom Gordon est un symbole d’équilibre pour la jeune fille qui va vivre une pénible épreuve. Mais commençons par le commencement.

Patricia McFarland, appelée affectueusement Trisha, est une petite fille de 9 ans. Son frère Pete et sa mère se dispute continuellement. Un jour, lors d’une excursion en forêt, pour échapper un moment à une autre dispute qui ne finit pas de finir, Trisha décide de se distancer d’eux et quitte la piste forestière.

Après un certain temps, Trisha veut regagner la piste, mais sans le savoir, elle s’en éloigne jusqu’à être complètement perdue. Au lieu de rester sur place, Trisha décide d’avancer. Elle avancera pendant 9 jours.

Trisha va se débrouiller de son mieux, mais une mauvaise alimentation, de l’eau peu potable, l’angoisse et la peur, les dangers finiront par miner son moral et sa santé. Ce régime durera 9 jours.

Pour se tenir debout, avancer et garder le moral, Trisha brasse ses souvenirs avec sa famille, son amie Pepsi Robichaud, (ici, King n’a pas manqué d’humour), son père qui, comme elle, adore le baseball et la présence imaginaire et combien précieuse de Tom Gordon. En plus des dangers de la forêt, deux créatures viennent alimenter son angoisse. La Teigne et la Chose.

C’est ici que je reconnais vraiment Stephen King. S’il y a un point commun dans l’ensemble de son œuvre, c’est bien le développement précis de la psychologie de ses personnages. Par exemple, Trisha a une conscience qui lui parle mais aussi ce que j’appellerais une anti-conscience qui n’a pour but que d’affaiblir la petite fille et miner son moral. La petite voix qui lui parle, c’est la Teigne.

À cette dualité s’ajoute une mystérieuse présence qui suit et menace Trisha tout le long de son périple. Celle-là est réelle et donne au récit un petit caractère fantastique. Je vous laisse la découvrir.

LA PETITE FILLE QUI AIMAIT TOM GORDON est moins un drame d’horreur qu’un thriller psychologique mais l’histoire est écrite avec une remarquable maîtrise. Comme d’habitude, Stephen King prend bien son temps pour présenter ses personnages, introduire les éléments d’angoisse et nous attacher solidement à son histoire et à ses deux principaux personnages : Trisha et Tom Gordon qui représente dans le récit comme une frontière, une démarcation entre la peur et le courage.

Je me suis approprié la peur de Trisha. La plume de King m’a simplement poussé à avoir mal pour elle. Trisha n’a que Tom pour garder l’équilibre et elle a son walkman qui lui permet de suivre un match. Tom Gordon sauve la mise des Sox en dernière manche et pose le geste que Trisha finira par poser dans sa recherche de la victoire…il pointe un doigt au ciel.

J’ai eu deux petites déceptions : La Chose n’a pas la place qu’elle devrait avoir dans le récit. Pour des raisons que j’ignore, elle échappe au long développement que King accorde habituellement à ses personnages. Je croix que La Chose aurait dû être beaucoup plus et mieux exploitée. Enfin, j’ai trouvé la finale un peu étrange et bâclée.

Quant à Tom Gordon, il existe vraiment, il a été lanceur de relève droitier ayant joué dans les Ligues majeures de baseball de 1988 à 2009. Tom Gordon est surnommé « Flash », en référence au super-héros Flash Gordon et il a effectivement établit un record d’équipe avec 46 sauvetages. Il évoluait alors avec les RedSox de Boston. Évidemment sa présence dans le roman se limite à l’imaginaire de Trisha, donc elle est purement fictive.

Principalement parce que Trisha est terriblement attachante, parce que l’écriture est mordante, parce que le brassage d’émotion est très fort et l’angoisse inévitable et parce que King, c’est King, je recommande ce livre. J’ai toujours eu un faible pour cet auteur génial. Même si son livre n’emprunte pas les sentiers de la gloire, j’ai beaucoup apprécié ma lecture.

Tom Gordon est né le 18 novembre 1967 à Sebring en Floride. Il a joué dans 7 équipes dont les Red Sox de Boston cités dans le livre de King, de 1996 à 1999. Il a participé à trois matchs d’étoiles. C’est avec les Phillies de Philadelphie qu’il a remporté la première série mondiale de sa carrière. C’était en 2008.

Pour consulter la biographie et la bibliographie de Stephen King, cliquez ici.

 LECTURE PARALLÈLE SUGGÉRÉE :

(Pour lire le commentaire sur LA PETITE FILLE QUI
AIMAIT STEPHEN KING, cliquez ici)

BONNE LECTURE
Claude Lambert
Le dimanche 31 mars 2019