*…-Puis vint la convocation des Trois cents pour
les Thermopyles et j’éprouvai là enfin la
véritable perversité des desseins divins.*
(Extrait : LES MURAILLES DE FEU, Steven Pressfield,
traduit de l’américain par Gérald Messadié, éd.
Doubleday 1998, Archipoche, num. 350 pages)
480 avant J.C. : L’ennemi héréditaire des grecs, le roi Xerxès marche vers Athènes, à la tête de 200,000 perses, écrasant tout sur son passage. Le roi de Sparte, Léonidas rassemble ses hoplites, soit quelques centaines de soldats d’infanterie pesamment armés, pour aller au-devant de l’ennemi. Une bataille extrêmement inégale s’annonce. En effet, comment 300 hommes, fussent-ils braves et aguerris peuvent-ils stopper une armée de centaines de milliers de soldats? L’affrontement aura lieu dans le défilé des Thermopyles, un étroit passage rocailleux. La bataille, horriblement sanglante, durera 6 jours.
AVANT-PROPOS :
LA BATAILLE DES THERMOPYLES
La bataille des Thermopyles est une réalité historique. Elle a opposé en août 480 av. J.C. l’empire Perse à l’alliance des Cités grecques. L’armée grecque, comptant environ 7000 fantassins, tenta de retenir la grande armée de Xerxès 1er (qui comptait d’après certaines estimations entre 100,000 et 250,000 guerriers) à l’entrée du défilé des Thermopyles qui donne accès à la Grèce Centrale le long de la mer Égée.
À la suite d’une désastreuse manœuvre, la plupart des grecs abandonnèrent la bataille, et seul le contingent spartiate commandé par le roi Léonidas 1er décida de combattre jusqu’au sacrifice ultime, inévitable vue leur forte infériorité numérique. Ce geste altruiste devait laisser aux grecs le temps d’organiser leur défense. Le courage et le sacrifice des spartiates sont devenus légendaires. C’est l’un des plus célèbres faits d’armes de l’histoire antique.
Affiche du film LA BATAILLE DES THERMOPYLES réalisé en 1962 par Rudolph Maté et produit par la Twentieth Century-Fox. Très réaliste sur le plan géographique et militaire. Voir à ce sujet la fiche préparée par ALLOCINÉ
UNE DÉFAITE SALVATRICE
*…le mur des cadavres de Mèdes bouchait le
défilé comme un éboulis. Les spartiates
se battaient devant ce mur de cadavres
comme si c’était un rempart de pierres.
L’ennemi déferlait par-dessus…*
(Extrait : LES MURAILLES DE FEU)
Peut-être avez-vous vu le film *300* réalisé en 2006 par Zack Snyder. Ce film m’avait impressionné par sa mise en scène, sa photographie très glauque issue d’une technique d’incrustation qui visait à restituer le mieux possible l’imagerie de la bande dessinée de Frank Miller et surtout par son contexte historique.
Voulant en savoir plus sur la guerre des Thermopyles et n’ayant pu mettre la main sur le roman graphique de Miller et Varley, j’ai porté mon choix de lecture sur LES MURAILLES DE FEU, roman historique de Steven Pressfield.
LES MURAILLES DE FEU est un roman épique. C’est le récit de Xéon, un soldat allié des spartiates retrouvé par hasard, gravement blessé parmi les cadavres, suite à la bataille des Thermopyles. Il a été recueilli et soigné par les officiers de Xerxès afin qu’il livre à sa Majesté le récit complet de son périple.
En fait, intrigué par la force colossale déployée par les 300 aux portes de feu, Xerxès voulait tout savoir des spartiates : leur stratégie militaire et la nature de leur entraînement bien sûr, mais aussi sur leur organisation politique, sociale et familiale, leurs amours, leurs espoirs et j’en passe.
C’est un roman très fort et d’une très grande richesse descriptive. C’est aussi très dur et très violent. Dans de nombreux passages consacrés à la vie sociale et culturelle des spartiates, Xéon décrit une société militariste intransigeante, rompue à une discipline cruelle qui ne tolère aucun manquement…
une société où les petits garçons sont introduits à l’art de la guerre, souvent au prix de leur vie ou de leur intégrité physique. *Le fouet à Sparte fait partie de l’entrainement des garçons, non parce qu’ils auraient volé de la nourriture, exploit auquel on les encourageait pour développer leur débrouillardise dans la guerre, mais parce qu’ils y avaient été surpris.* (Extrait : LES MURAILLES DE FEU)
Ce livre m’a surpris au-delà de mes espérances. Malgré son style très direct et l’implacable potentiel descriptif de la plume de Pressfield, il se dégage de ce récit une remarquable finesse. Ça peut paraître paradoxal, mais dans la lecture du récit de Xéon, J’ai ressenti beaucoup d’émotions, parfois contradictoires, mais généralement positives. C’est tout le récit qui m’a absorbé.
Aussi, j’ai fait quelques recherches qui ont conforté l’idée que je me suis faite de la crédibilité du livre de Pressfield. Là encore, c’est positif. L’ensemble est bien documenté et à cela s’ajoute un évident souci du détail. La description de Léonidas, roi des spartiates est particulièrement intéressante.
LES MURAILLES DE FEU est un roman très fort qui met en perspective la valeur de la vie. Il est développé avec intelligence et sensibilité. Il est difficile d’en interrompre la lecture. Je vous le recommande sans hésiter.
Steven Pressfield est un écrivain et scénariste américain né en 1943. Après des débuts difficiles, la publication de son roman LA LÉGENDE DE BAGGER VANCE marque le début de sa carrière d’auteur à plein temps. À ce jour, il a écrit une dizaine de livres et a scénarisé trois films. LA LÉGENDE DE BAGGER VANCE a été porté à l’écran en 2000 par Robert Redford. Je signale aussi FREEJACK et NICO. Il est toujours resté très proche de la culture grecque. Il est d’ailleurs citoyen d’honneur de la ville de Sparte.
L’adaptation cinématographique la plus récente de la guerre des Thermopyles est *300*, une production américano-britannique coécrite et réalisée en 2006 par Zack Snyder d’après le roman graphique *300* de Frank Miller et Lynn Varley. Plusieurs se rappelleront qu’à proximité de sa sortie, le film avait soulevé une controverse sur l’image qu’il projetait des Perses dans le contexte international des tensions entre les États-Unis et l’Iran (anciennement la Perse). Malgré tout, le film a connu un succès impressionnant.
*300* a connu une suite : 300 : LA NAISSANCE D’UN EMPIRE réalisé en 2014 par Noam Murro.
BONNE LECTURE
Claude Lambert
Le dimanche 21 janvier 2018