*Le vieux Frédérik, m’a dit de vous informer d’être extrêmement
vigilants. Il paraîtrait qu’une tempête s’en vient du côté est de
l’océan Atlantique, sans savoir par où elle va frapper, poursuivit-
elle en se rendant compte qu’elle venait de gaffer, son mari ayant
de la haute mer par gros vent.*
(Extrait : L’ÉNIGME DU MARIE-CAROLE, Michel Carbonneau, Les Éditions
Carte Blanche, 2011, numérique, 290 page. Littérature québécoise.)
Dans ce troisième roman historique publié en moins de 10 ans et basé sur une histoire vraie, Michel Carbonneau propulse le lecteur dans l’espace et le temps jusqu’en 1964. Nous sommes aux Îles-de-la-Madeleine. Cinq marins s’embarquent à bord du Marie-Carole. Ils ne reviendront jamais de ce qui devait être la pêche de leur vie. Dans la nuit du premier au 2 décembre, le Marie-Carole disparaît en même temps qu’un autre chalutier qui naviguait dans les parages de l’Île-de-Sable. Personne n’a jamais su ce qui s’est passé cette nuit-là Michel Carbonneau émet néanmoins des hypothèses surprenantes …
ON CHERCHE ENCORE À COMPRENDRE
*Aux Îles, en ce début de soirée du 1er décembre,
la tempête qui avait fait rage pendant plus de
six heures d’affilée se calma peu à peu. Plusieurs
habitants des villages et cantons étaient chagrinés
de constater les dégâts qu’avait faits Dame Nature…
Pour les proches et les amis de l’équipage du
Marie-Carole, les nouvelles restaient très
contradictoires.*
(Extrait : L’ÉNIGME DU MARIE-CAROLE)
Le Marie-Carole, un chalutier de 82 pieds,
sombre au large de la Nouvelle-Écosse
dans la nuit du 1er au 2 décembre 1964
avec ses 5 membres d’équipage.
Le naufrage du Marie-Carole est une réalité historique qui a ébranlé Les Îles-de-la-Madeleine et tout le Québec en 1964. Cette année-là, alors que les pêcheurs des Îles obtenaient pour leurs poissons un prix dérisoire et compte-tenu d’une politique déficiente en matière de pêcheries, Edmond Richard, propriétaire et capitaine du Marie-Carole décide de tenter une expérience de pêche automnale avancée.
Il était accompagné de trois autres capitaines expérimentés en pêche hauturière : Alphonse Doyle, Rosaire Lapierre et Pierre Poirier. S’ajoute à l’équipe Redger Cyr qui fait office de cuisinier. Le 2 décembre, une tempête d’une rare violence vient à bout du Marie-Carole ainsi que d’un autre chalutier à proximité de l’Île de sable.
On dit que le Marie-Carole n’avait pas l’envergure nécessaire pour naviguer dans ces eaux. Mais quelle sorte de bateau de pêche a l’envergure pour affronter la tempête du siècle?
Suite au naufrage du Marie-Carole, beaucoup de questions sont restées sans réponses. Dans son roman historique L’ÉNIGME DU MARIE-CAROLE, l’auteur Michel Carbonneau, après avoir recueilli les confidences des familles des disparus, émet des hypothèses, certaines surprenantes, plusieurs troublantes. Il y a même un chapitre où les tentatives d’explications s’enchaînent à la vitesse grand V.
Comme on ne sait pas vraiment ce qui s’est passé, l’auteur a exploré toutes les possibilités à travers ses personnages : des moins crédibles, comme par exemple un effet pervers du Triangle des Bermudes, jusqu’aux plus sérieuses, comme le fait que le Marie-Carole, tout comme le Acadia Sea Hawq était sur le chemin d’une monstrueuse vague scélérate.
C’est un récit humain et réaliste. C’est un roman bien sûr, mais la deuxième moitié prend presque l’allure d’un documentaire. Quoiqu’il en soit, il s’en dégage une émotion qui m’a enveloppé et qui m’a tenu en haleine aussi car dans ce récit romancé, il y a de l’intrigue, du suspense et des rebondissements.
J’ai trouvé aussi que le récit met en perspective beaucoup de choses qui amènent le lecteur à explorer les possibilités qui expliqueraient pourquoi ce qui devait être une excursion en vue de la pêche du siècle a tourné au drame : les réalités sociales des Îles-de-la-Madeleine sont clairement exposées, les réalités économiques avec entre autres les fameux *timbres* de chômage qui faisaient le désespoir des travailleurs saisonniers.
Ajoutons à cela les réalités politiques qui donnaient l’impression d’une pêche *fonctionnarisée* teintée de traitements inéquitables et les réalités humaines, non moins capitales si on veut explorer toutes les possibilités et qui font ressortir des tendances comme l’orgueil et l’esprit de compétition, le capitaine du Sea Hawq et celui du Marie-Carole se seraient disputés (par hypothèse) le fameux ban d’aiglefin.
En terminant, en annexe du récit, on trouve des recettes culinaires. J’avoue que je n’ai pas très bien saisi ce que ça fait là. Une histoire aussi dramatique n’était pas de nature à stimuler tellement mon appétit, encore moins pour manger du poisson. Peut-être n’ai-je pas l’esprit assez ouvert mais je trouve ce choix éditorial plutôt étrange.
Heureusement, ça n’enlève rien au récit que j’ai trouvé humain, émouvant, palpitant en plus d’être bien documenté.
Suggestion de lecture : L’ÉPICERIE SANSOUCY, de Richard Gougeon
Michel Carbonneau est un auteur québécois, conférencier, vulgarisateur et professeur né le 19 décembre 1939 à Havre-Aubert aux Îles-de-la-Madeleine. Il fut entre autres, diplômé en recherches opérationnelles de l’Université de Montréal. Au fil du temps, sa passion pour la lecture en devient une pour l’écriture. Son premier livre LE BANC DE L’ORPHELIN « La tourmente » tome 1 est publié en 1998, le tome 2 « Le mal d’aimer » suit en 2007. Il publie en juin 2011 L’ÉNIGME DU MARIE-CAROLE. Finalement, LE NADINE « Le début de la fin » paraît en 2015. (Source : le site officiel de Michel Carbonneau
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