La vérité sur l’affaire Harry Qubert

Commentaire sur le livre de
JOËL DICKER

« Mon livre avançait. Les heures passées à écrire se matérialisaient peu à peu, et je sentais revenir en moi ce sentiment indescriptible que je croyais perdu à jamais. C’était comme si je recouvrais enfin un sens vital qui, pour m’avoir fait défaut, m’avait fait dysfonctionner ; comme si quelqu’un avait appuyé sur un bouton dans mon cerveau et l’avait soudain rallumé. Comme si j’étais de nouveau en vie. C’était la sensation des écrivains. »

Extrait : LA VÉRITÉ SUR L’AFFAIRE HARRY QUEBERT, de Joël Dicker. Support papier : BFallois éditeur, 2014, 864 pages. Version numérique : Rosie et Wolfe éditeur, 2022, 611 pages. Support audio : Audiolib éditeur, 2013, durée d’écoute, 21 heures 26 minutes, narrateur : Thibault de Montalembert.

Marcus Goldman, auteur d’un premier best-seller, est en panne d’inspiration. Quand il apprend que son mentor, le célèbre écrivain Harry Quebert, est le suspect numéro un d’un crime, il se précipite à son secours. Dans le jardin de Quebert, on a retrouvé le corps de Nola – 15 ans – serrant contre elle le manuscrit du roman d’amour que Quebert lui avait dédié. Devenu un best-seller, il avait fait la gloire de son auteur. L’histoire de Quebert devient alors le sujet romanesque que Marcus avait tant cherché.

Un roman en abyme

C’est une longue histoire développée de façon plutôt leste. Aussi, faut-il être très attentif et patient. Nous suivons dans un premier temps un jeune auteur : Marcus Goldman à partir du moment où celui-ci est en manque d’inspiration et doit affronter la hantise de la page blanche ainsi qu’un délai fixé par son éditeur qui s’amenuise rapidement.

Parallèlement, à Aurora, New Hampshire, un écrivain de grande réputation, Harry Quebert, ancien professeur de Marcus à l’université, aussi devenu son ami et mentor est accusé du meurtre de Nola Kellergan assassinée 33 ans plus tôt alors qu’elle n’avait que 15 ans, Quebert aurait eu une liaison avec Nola.

Malgré les pressions exercées par son éditeur et convaincu de l’innocence d’Harry, Marcus décide de se rendre à Aurora et d’enquêter sur cette sombre affaire. Qui sait si elle ne résoudrait pas son problème d’inspiration.

Pour sauver l’honneur et la carrière de son ami Harry, Marcus doit rapidement découvrir ce qui s’est réellement passé au New-Hampshire en 1975 et qui a assassiné Nola Kellergan. Fait troublant, le corps de Nola, qui était mineure je le rappelle, a été retrouvé dans le jardin de Quebert serrant contre elle le manuscrit du roman d’amour qu’il lui avait dédié.

L’histoire est très centrée sur un amour impossible entre Nola et Harry. C’est une faiblesse majeure du livre parce qu’elle est puérile et d’une naïveté navrante. J’ai trouvé cela trop artificiel pour ressentir une empathie quelconque pour des personnages plus ou moins travaillés.

De plus, l’histoire rebondit tellement qu’elle en donne le vertige : beaucoup de longueurs, de lourdeur, des palabres qui ne finissent pas de finir. L’intrigue est noyée dans des dialogues souvent insipides et plusieurs revirements sont tirés par les cheveux. Par exemple, le syndrome de la double personnalité (Je vous laisse découvrir ce que ça vient faire dans l’histoire) apparait comme un diable sorti d’une boîte.

Il est difficile de lire une histoire dont le fil conducteur est aléatoire. Pourtant, si on enlève les trop nombreux passages qui ne servent à rien, on découvre une intrigue originale, serrée et bien ficelée.

Je dois admettre que le développement pousse à la curiosité d’aller plus loin à cause, en particulier des thèmes qui sont développé dont certains donnent un caractère sociologique à l’ensemble. Par exemple, le détournement de mineurs qui demeure aujourd’hui moralement indéfendable. On pourrait parler aussi de maladies mentales.

L’aspect littéraire m’a aussi beaucoup intéressé : la démarche d’auteur et le processus de création, les recherches requises pour écrire un livre, le redouté syndrome de la page blanche, la fonction de l’éditeur et la pression qu’il exerce sur les auteurs et même le plagia qui s’insère subitement dans le récit.

Autre fait intéressant dans ce livre de Dicker, c’est la mise en abyme. On a l’impression que tous les mystères se résolvent par livres interposés. Ça ne plaira peut-être pas à tous les lecteurs/lectrices, mais j’ai trouvé le procédé de développement intéressant.

L’ensemble est plutôt commercial et manque de profondeur. Les personnages sont artificiels et je ne parlerai pas des dialogues vides et infantiles entre Quebert et Nola, évoquant une histoire d’amour qui n’a pas de sens.

Le roman est complexe et lourd mais malgré tout, je l’ai trouvé fonceur, ambitieux, intrigant et révélateur de la nature humaine. Ce n’est pas de la haute littérature mais je ne regrette pas ma lecture.

Suggestion de lecture : ZERO, de Marc Elsberg


L’auteur Joël Dicker

Des livres de Dicker

Pour parcourir la bibliographie de Joël Dicker, cliquez ici

La série télé

La mini-série télé éponyme a été créée en 2018 par Joël Dicker

Bonne lecture
Bonne écoute
Claude Lambert

Le dimanche 9 février 2025