L’ICKABOG, J.K. Rowling

*Et de par le territoire entier, petits garçons et petites filles jouaient à combattre l’Ickabog, tentaient de se faire peur en se racontant l’histoire de l’Ickabog, et même, si le conte devenait trop convaincant, cauchemardaient de l’Ickabog. *

Extrait : L’ICKABOG, de J.K. Rowling. Édition de papier : Gallimard Jeunesse éditeur, 2020, 400 pages. Édition numérique : Gallimard Jeunesse éditeur, 2020, 316 pages. Version audio : Audible studio éditeur 2020, durée d’écoute : 7 heures 50 minutes, narratrice : Aïssa Maïga.

La Cornucopia était un petit royaume heureux. On n’y manquait de rien, le roi portait la plus élégante des moustaches, et le pays était célèbre pour ses mets délicieux : Délice-des-Ducs ou Nacelles-de-Fées, nul ne pouvait goûter ses gâteaux divins sans pleurer de joie !

Mais dans tout le royaume, un monstre rôde : selon la légende, l’Ickabog habitait les Marécages brumeux et froids du nord du pays. On disait de cette créature qu’elle avait de formidables pouvoirs et sortait la nuit pour dévorer les moutons comme les enfants. Des histoires pour les petits et les naïfs ? Parfois, les mythes prennent vie de façon étonnante…

 Un conte de fantaisie et de
petits frissons

L’Ickabog est un conte dystopique, politique et à certains égards, satirique. L’histoire se déroule dans un royaume appelé La Cornucopia où règne le roi Fred Sans-effroi dont on ne connait finalement que la vanité et l’insipidité et qui n’est rien d’autre que la marionnette de son conseiller suprême, Lord Crachinet, avide de pouvoir et de domination.

Crachinet utilise une vieille légende pour s’enrichir et étouffer le peuple : L’ICKABOG, une créature mythique à qui on prêtait la volonté de dévorer les enfants, entre autres. Invention ou réalité? Ce qu’on peut dire est que la vérité transformera le royaume à tout jamais grâce au courage et à l’empathie de deux enfants : Bert et Daisy.

Il m’a été difficile d’adhérer à cette histoire à cause de ses personnages adultes que je trouvais parfois insignifiants et qui frôlent la carricature. Il y a aussi des passages qui traînent en longueur. Son intrigue est linéaire et métaphorique et tient peu compte des réalités du peuple qui vit sous le joug de Crachinet.

L’écriture est superficielle et oppose de façon peu originale des méchants très méchants aux gentils trop gentils. Rien de neuf. Ça m’a poussé un peu à l’ennui sauf que ce livre comporte des forces qui ont maintenu mon attention. Des petites trouvailles pas mal intéressantes qui enrichissent l’histoire.

Par exemple, la <néance>. C’est un principe Ickabog qui donne à la naissance d’un petit un sens philosophique très profond et qui veut que le nouveau-né adopte la nature des personnes présentes à sa naissance. Cette trouvaille et quelques autres m’ont réconcilié avec l’histoire car elles en disent long sur la connaissance de la nature humaine.

L’ICKABOG est un récit axé sur les dérives du pouvoir. Il repose sur les pires côtés de la nature humaine : pouvoir, domination, manipulation, mensonge, traîtrise, meurtre, soumission, abrutissement et j’en passe.

Je ne comprends donc pas pourquoi ce livre est classé conte pour enfants de sept ans et plus. Personnellement, je ne recommanderai jamais ce livre aux enfants, sauf peut-être sous réserve de la stricte surveillance d’un adulte et encore.

Le personnage le mieux fignolé dans cette histoire est encore celui qui parle le moins : l’Ickabog lui-même. Belle trouvaille de madame Rowling, pas développée comme je l’aurais souhaité mais néanmoins très intéressante.

Le livre nous rappelle que les vrais monstres ne sont pas toujours ceux que l’on croit et est porteur d’une belle réflexion sur les régimes politiques, les abus de pouvoir et la corruption…entre autres.

Ces détails donnent au conte une saveur particulière et c’est la raison pour laquelle je le recommande aux 13 ans et plus. En passant, ne cherchez pas d’analogies ou de ressemblances avec Harry Potter, il n’y en a pas…

Suggestion de lecture, de la même autrice : UNE PLACE À PRENDRE 


L’autrice J.K. Rowling

Bonne lecture
Bonne écoute
Claude Lambert

le samedi 14 juin 2025