LES 120 JOURNÉES DE SODOME, MARQUIS DE SADE

*…il se relève, baise encore la petite fille,
lui expose un gros vilain cul sale qu’il lui
ordonne de secouer et de socratiser;…*
…………….
*…Moi qui vous parle, j’ai bandé à voler,
à assassiner, à incendier, et je suis
parfaitement sûr que ce n’est pas l’objet
du libertinage qui nous anime,  mais
l’idée du mal.*
(extraits de LES 120 JOURNÉES DE SODOME, 1785)

Vers la fin du règne de Louis XIV, quatre psychopathes de 45 à 60 ans se réunissent pour mettre à exécution une bacchanale d’une incroyable perversité. Le président DeCurval, le financier Durcet, le duc de Blangis et l’évêque son frère sont des aristocrates dont l’énorme fortune n’est que le produit du crime. Ces quatre êtres sans morale réunissent 38 objets de luxure pour les soumettre à leur pouvoir absolu : leur épouse, 8 jeunes garçons, 8 jeunes filles, tous kidnappés,  8 sodomistes choisis pour leur dimension monstrueuse, quatre femmes sexagénaires pour garder le harem, quatre proxénètes appelées historiennes et six cuisinières et servantes. Les 42 personnages s’enferment dans un château isolé pour 120 journées d’une orgie sans nom, dans un crescendo d’horreur. 

UNE INCURSIONS CHEZ LES DÉGÉNÉRÉS

J’ai longtemps hésité avant d’écrire un article sur le Marquis de Sade. Après tout, que peut nous apprendre le Marquis hormis cette incroyable capacité qu’ont beaucoup d’êtres humains (trop nombreux hélas) à dépasser les limites de la perversité et de la cruauté. Et puis je me suis longtemps demandé pourquoi certains pontes de la critique littéraire prétendent que le Marquis de Sade doit figurer dans toutes bonnes bibliothèques dignes du titre. Et je me suis aussi demandé quelle était l’urgence d’adapter ces livres au cinéma (ce qui n’a donné que de parfaits navets) Peut-être ai-je voulu jouer le jeu pour vider la question.

Alors j’ai lu deux livres du Marquis : LA PHILOSOPHIE DANS LE BOUDOIR, un torchon élimé et simpliste, et comme deuxième livre (il n’y en aura pas d’autres, y’a rien de plus sûr) LES 120 JOURNÉES DE SODOME.

C’est après la lecture seulement que j’ai réalisé que ces deux titres étaient des œuvres dites clandestines du Marquis de Sade. C’est-à-dire que le Marquis a nié les avoir écrites jusqu’à ce que la preuve ait été faite qu’il en était bien l’auteur.

Le Marquis de Sade a passé presque la moitié de sa vie en prison, pour crimes multiples dont plusieurs épisodes de débauche. D’ailleurs son livre LES 120 JOURNÉES DE SODOME a été écrit à la Bastille vers la fin de 1785.

Ce livre innommable a été écrit dans un français plus que douteux et très expédié par un esprit torturé. De plus, la version numérique sur laquelle je suis tombé était bâclée complètement. Je m’en suis toutefois contenté, presqu’hypnotisé au départ par une gentille note d’avertissement de l’éditeur : *Voici un livre nauséabond, à tel point qu’il semble voué à finir comme il fut écrit, sous forme de feuilles volantes clouées au mur d’un cabinet d’aisance…un livre criminel et pourtant empreint de la plus froide raison*

Un peu plus loin, le Marquis lui-même semble nous prévenir que si on n’a pas le cœur solide, mieux vaut ne pas entreprendre la lecture de ce livre cru et sans âme.

Le fil conducteur de ce livre (car il y en a un malgré tout) est l’expérimentation, en 120 journées, de 600 perversions les plus représentatives des théories du Marquis de Sade développées dans l’ensemble de son œuvre. C’est ici que l’avertissement du Marquis dont j’ai parlé plus haut prend tout son sens : *C’est maintenant, ami lecteur, qu’il faut disposer ton cœur et ton esprit au récit le plus impur qui ait jamais été fait depuis que le monde existe…*

Cette histoire est donc l’exécution de toutes les facettes de la perversion. Ce livre est insoutenable et réunit ce que le marquis considère sans doute comme les raffinements du libertinage mais que moi je considère plutôt comme la dérive totale d’un esprit tordu : sadomasochisme explicite jusqu’à l’ennui, coprophagie, scatologie, torture, bacchanale, sodomie, pornographie bas de gamme, meurtre pour le plaisir et j’en resterai là.

Je ne nie pas que le Marquis de Sade ait laissé sa marque dans la littérature. Elle est effectivement difficile à éviter. Mais à la lumière du propos de LES 120 JOURNÉES DE SODOME, je dirais qu’en matière de littérature ordurière, on ne peut faire ni mieux ni pire.

Quant aux raisons pour lesquelles le Marquis de Sade devrait obligatoirement figurer dans toutes bonnes bibliothèques qui se respectent, je suis maintenant fixé, il n’y en a pas. Je considère (et c’est très personnel) que le Marquis de Sade est la représentation ultime de l’absence de raison.

Je suis heureux de passer à autre chose.

Suggestion de lecture : LE MOINE, de Mathew Gregory-Lewis

JAILU
MARS 2014

(En Complément…)