TARZAN SEIGNEUR DE LA JUNGLE, EDGAR RICE BURROUGHS

LES CLASSIQUES DE JAILU

 *Haut dans les branches d’un arbre majestueux,
elle serrait contre elle le bébé hurlant,
et bientôt, l’instinct qui dominait cette femelle sauvage
comme il avait dominé le cœur de sa tendre et
gracieuse mère -l’instinct de l’amour maternel-
toucha l’entendement à peine formé du

petit enfant homme, qui se calma aussitôt.

Puis la faim combla le fossé entre eux,
et le fils d’un lord anglais et d’une lady anglaise
téta le sein de Kala, la guenon anthropoïde.
(Extrait : TARZAN SEIGNEUR DE LA JUNGLE,
Edgar Rice Burroughs, édition d’origine, E.R.B. 1912
réédition 2016 : Éditions Archipoche, édition de papier,
330 pages)

JUIN 1888 : Lord John et lady Alice voguent à bord d’une goélette au large de l’Afrique. À la suite d’une mutinerie, ils sont débarqués sur la côte. Dans une cabane, Alice met au monde leur fils John Clayton III, comte de Greystoke. Un an plus tard, les parents meurent. Kala, une jeune femelle, guenon anthropoïde s’empare alors du bébé humain et s’en occupe comme s’il était le sien. Elle lui donne le nom de Tarzan, ce qui signifie *peau blanche*. À 20 ans, Tarzan rencontre une équipe d’explorateurs anglais conduite par le professeur Porter et sa fille Jane. Il y a comme une chimie dans l’air.

LE SEIGNEUR DES CLASSIQUES
*Les français y découvrirent un spectacle
indescriptible. Une douzaine de morts et
de mourants roulaient de bord à bord,
les vivants mélangés aux cadavres. Deux
de ceux-ci avaient été partiellement
dévorés, comme par des loups.*
(Extrait : TARZAN SEIGNEUR DE LA JUNGLE)

Encore une fois j’avais envie d’un classique et je me suis tourné cette fois vers un personnage de légende créé par Edgar Rice Burroughs que j’ai suivi pendant mon adolescence par le biais de la bande dessinée, de la télésérie et du cinéma.

Étant un peu moins connu dans l’univers du roman, je me suis intéressé à la toute dernière édition de TARZAN, SEIGNEUR DE LA JUNGLE, un condensé de l’édition originale réalisé par Archipoche. Je voulais en particulier ce que la BD et la télévision ne pouvait m’offrir, soit l’histoire de Tarzan. En fait je voulais tout savoir.

Le fait est que Lord John et Lady Alice Greystoke se sont échoués sur une île. Alice a donné naissance à un enfant et est morte. Puis John est mort. Le petit a été adopté par une guenon du nom de Kala qui avait déjà un petit, mort dans la cabane qu’habitaient Alice et John. Kala a nommé le bébé Tarzan qui est devenu son enfant par substitution.

Tarzan a grandi et a retrouvé la cabane beaucoup plus tard. Il y avait trois squelettes : deux adultes et un enfant. Tarzan est à la recherche de son identité et découvre différents indices. Une confusion nait dans son esprit. Tout porte à croire que c’est un Greystoke mais le squelette de l’enfant complique beaucoup ses recherches. De qui est le squelette? Entre temps, la belle Jane débarque sur l’île…

Ce roman est toujours demeuré une œuvre culte, malheureusement occultée par le septième art, en particulier par Walt Disney qui a charmé littéralement les babyboomers mais en déformant sensiblement l’oeuvre originale. J’ai beaucoup aimé ma lecture malgré certains irritants.

Mais je veux d’abord signaler la beauté de l’écriture qui décrit remarquablement la splendeur de la jungle africaine ainsi que ses pièges, ses dangers et les tribus qui l’habitent. Les talents descriptifs d’Edgar Rice Burroughs me rappellent un peu Fenimore Cooper qui décrit presqu’avec poésie son Amérique, celle d’œil-de-Faucon.

Ce raffinement verbal dans la redécouverte d’un de mes héros d’enfance m’a beaucoup plu et j’ai pu enfin avoir le fin mot du rôle joué par Jane Porter dans la vie de Tarzan. Il y a des passages très touchants dans ce roman mais toujours avec cette légèreté, cette délicatesse, cette sobriété qui caractérise Rice Burroughs. J’ai aussi trouvé l’évolution de Tarzan moins ampoulée dans le roman, plus authentique que dans les films que j’ai vus.

Pour moi, le principal irritant de cette histoire tient dans le fait que tout est grossi à outrance quant à la personnalité de Tarzan : sa force, sa puissance, sa beauté, son intelligence, je pense entre autres à la vitesse à laquelle il apprend à lire et à écrire…seul…sans aide, sans oublier sa vitesse et sa facilité d’adaptation à la civilisation moderne.

De plus, il est à peine sujet à l’erreur…*Tarzan, seigneur des singes, était la personnification même de l’homme primitif, du chasseur, du guerrier. Le port altier de sa belle tête sur ses larges épaules, l’éclair de vie et d’intelligence qui animait ses yeux clairs le faisaient ressembler à un demi-dieu venu d’un ancien peuple guerrier de cette forêt.* (Extrait) C’est trop parfait, c’est trop beau pour être vrai. C’est surfait, surréaliste.

Personnellement je n’ai jamais lu un livre que j’ai jugé parfait. Toutefois, dans mon rapport de forces et de faiblesses, le livre sort gagnant. Il m’a rappelé de beaux souvenirs d’enfance et j’observe que le roman ne vieillit pas.

Edgar Rice Burroughs vient ainsi rejoindre dans mes favoris entre autres, Robert Louis Stevenson avec son ÎLE AU TRÉSOR, Fenimore Cooper avec LONGUE CARABINE et Rudyard Kipling avec son magnifique livre de la jungle. Pour les enfants que nous étions et les adultes que nous sommes devenus, Tarzan a toujours sa place dans nos rêves et dans notre bibliothèque…

Suggestion de lecture : LES AVENTURES DE TOM SAWYER, de Mark Twain

Edgar Rice Burroughs (1875-1950) est un romancier américain né à Chicago le premier septembre 1875. Il est l’auteur de plusieurs séries de science-fiction, de romans policiers. Par exemple, il a créé en 1912 un personnage qui sera en fait le premier héros de science-fiction : John Carter. La même année Edgar Rice Burroughs créait un des personnages devenus parmi les plus célèbres de la littérature et du cinéma : TARZAN L’HOMME SINGE publié officiellement pour la première fois en France en 1926. Tarzan a eu un énorme impact dès sa sortie et aura marqué l’enfance et l’adolescence des baby-boomers. 

Pour en savoir plus, je vous invite à visiter la tribune des amis d’Edgar Rice Burroughs.

TARZAN AU CINÉMA

Il serait trop long de développer ici l’évolution de Tarzan au cinéma. Je laisse cela aux sites spécialisés. Toutefois, je dirai que l’acteur le plus populaire ayant incarné Tarzan fut sans aucun doute Johnny Wessmuller (1904-1984) d’origine austro-hongroise. C’était le premier Tarzan du cinéma parlant en 1930. 

Après avoir grandi dans la jungle africaine, Tarzan a renoué avec ses origines aristocratiques, répondant désormais au nom de John Clayton, Lord Greystoke. Il mène une vie paisible auprès de son épouse Jane jusqu’au jour où il est convié au Congo en tant qu’émissaire du Commerce. Mais il est loin de se douter du piège qui l’attend. Car le redoutable belge Leon Rom est bien décidé à l’utiliser pour assouvir sa soif de vengeance et sa cupidité… Réalisation David Yates (2016) avec Alexander Skarsgârd dans le rôle de Tarzan.

Pour ceux que ça intéresse, cineserie.com dresse un portrait très intéressant des principaux acteurs ayant incarné Tarzan dans l’histoire du cinéma. Cliquez ici.

BONNE LECTURE
CLAUDE LAMBERT
Le samedi 8 juin 2019