Minuit dans l’univers

Commentaire sur le livre de
LILY BROOKS-DALTON

*…cette nuit-là, les constellations n’étaient qu’une banale toile de fond pour la cascade de l’aurore boréale qui ruisselait dans l’air : coulées de lumière dansante, irisées de vert, de violet, de bleu. *

(Extrait : MINUIT DANS L’UNIVERS, Lily Brooks-Dalton, Les Presses de la Cité 2017, version papier, 275 pages. Version audio : Audible Studios éditeur, 2021, durée d’écoute : 7 heures 34 minutes. Narrateur : Éric Chantelauze.

Augustin, un brillant astronome, est en mission dans l’Arctique lorsque sa base est évacuée. Alors que les militaires rapatrient ses collègues, il refuse de quitter l’Observatoire. Quel que soit le danger, il veut finir ses jours ici, les yeux dans les étoiles. La rencontre avec une fillette de huit ans change ses plans : il doit reprendre contact avec le monde pour qu’elle soit sauvée. Mais toutes ses tentatives restent sans réponse…

Alors qu’une jeune astronaute, Sully, quitte Jupiter pour regagner la Terre avec son équipage, elle perd tout contact avec Houston. Augustin capte son appel. Au fil des échanges, ils vont se découvrir et se rapprocher, malgré l’immense vide qui les sépare. Ensemble, ils affrontent leurs peurs et leur solitude, réfléchissent sur leurs choix passés et affrontent le futur qui les attend.

 NUANCES D’INFINI

L’histoire suit en parallèle deux personnages principalement. Augustin, un astronome sur la fin de ses soixante-dix ans qui refuse de quitter sa base d’observation arctique malgré l’ordre d’évacuation. Il y a aussi Sully, une jeune astronaute qui tente de quitter l’orbite de Jupiter pour regagner la terre mais perd tout contact avec Houston.

S’ajoute un troisième personnage qui restera pour moi énigmatique du début à la fin du récit : Iris, qui a trouvé refuge dans l’observatoire, à la grande surprise d’Augustin.

De son observatoire, Augustin capte l’appel de détresse de Sully. Un dialogue s’installe et quelque chose de fort se développe entre les deux solitudes. Un lien qui pourrait peut-être les préparer à ce qui les attend.

C’est une belle histoire mais elle souffre de sous-développement. Il n’y a pas d’action comme telle, peu de suspense. Le rythme est lent mais un léger caractère fantastique vient toutefois enrichir le récit. Le quatrième de couverture laisse à penser qu’il s’agit d’un drame apocalyptique mais ce n’est pas le cas. Ici, l’apocalypse est très secondaire.

Pour faire simple, disons que MINUIT DANS L’UNIVERS est la rencontre de deux solitudes alors que la vie telle qu’on la connait pourrait toucher à sa fin, d’où le titre. Le dialogue plonge dans le passé et il en découle une nostalgie, de la tristesse. S’attacher aux personnages relève vraiment du ressenti de chaque lecteur-lectrice.

Le roman comme tel, méditatif et introspectif ne m’a pas vraiment emballé mais j’ai été fasciné par la beauté de l’écriture, de son pouvoir descriptif qui a aisément rejoint mon imagination. La façon dont Lily Brooks-Dalton décrit le vide arctique et le vide spatial et de les lier avec la solitude des personnages est majestueuse. L’expression d’une poésie qui ne m’a pas laissé indifférent.

La plume et l’imagination font la force du livre, les faiblesses étant dans le développement de l’histoire, Iris qui est un personnage énigmatique plus ou moins défini et la finale m’a laissé sur ma faim. Intéressant rapport de forces et de faiblesses. Je n’ai aucun regret.

Suggestion de lecture : SÉCESSION, de Julien Centaure

Extrait du film MINUIT DANS L’UNIVERS, sorti en 2020, réalisé par Georges Clooney, adaptation du livre de Lily Brooks-Dalton. En général, le film a reçu un accueil plutôt froid de la Presse et des critiques.


L’autrice Lily Brooks-Dalton

Bonne lecture

Bonne écoute
Claude Lambert
le vendredi 11 avril 2025



S’AIMER MALGRÉ TOUT

Commentaire sur le livre de
NICOLE BORDELEAU

*Lorsqu’une vieille blessure de rejet se réveille, on est comme saisi d’une forte fièvre et on peut perdre le contact avec la réalité. Quand Madeleine vit le jeune couple s’éloigner d’elle, c’est ce qu’il lui arriva. Elle fut projetée dans le passé. Des souvenirs douloureux fusaient de toutes parts, avec une force qui la fit vaciller. *

(Extrait : S’AIMER MALGRÉ TOUT, Nicole Bordeleau, Flammarion éditeur, 2021, 400 pages, ISBN : 9782081519473, disponible en version audio chez Vues et voix éditeur, durée d’écoute : 9 heures 4 minutes, narratrice : Chantal Fontaine.)

Un concentré d’aveux

S’AIMER MALGRÉ TOUT est l’histoire d’une femme au bout du rouleau : Édith, une professionnelle détruite à petit feu par un misogyne sans conscience, alcoolique avec un foie malade, et guettée par la dépression est perdue dans un cercle de dépendance qui remonte à deux générations et qui met en évidence une tendance à la fragilité mentale.

Pour aider les lecteurs/lectrices à comprendre l’ampleur du problème d’Édith et son destin, l’auteure a incorporé au cœur de son livre les carnets du père d’Édith et l’histoire détaillée de sa mère.

C’est un peu comme un livre dans un livre mais ces carnets font toute la richesse de l’œuvre et constituent un puits d’émotions. Le récit couvre trois générations. Peut-être qu’une version papier m’aurait donné une impression de misérabilisme, je n’ai pas vraiment eu ce sentiment avec la version audio mais cette dernière m’a quand même singulièrement agacé à cause d’une fâcheuse tendance de la narratrice Chantal Fontaine à baisser radicalement son registre vocal dans ses fins de phrase qui deviennent des chuchotements. C’est loin de mettre en valeur le récit qui souffre déjà de longueurs

C’est une histoire d’une infinie tristesse, prenante et qui brasse des émotions au point d’accuser de la lourdeur. Si j’exclus les longueurs et cette impression de remplissage que j’ai ressentie en écoutant le livre audio, c’est la principale faiblesse de l’œuvre.

Quant à ce que j’en retire sur le plan social et sur les principaux thèmes développés, il y a des points intéressants, le principal étant que l’œuvre de Nicole Bordeleau soulève des problèmes et des questionnements avec lesquels la Société compose plutôt mal : la misogynie, l’alcoolisme et autres addictions, la dépendance affective, la dépression et tous les problèmes liés à la santé mentale, l’introspection, l’indifférence, l’empathie.

Si le livre de Nicole Bordeleau laisse matière à réflexion, j’ai été fortement agacé par les petits messages et allusion de l’auteure laissés un peu partout sur la connaissance de soi-même et l’épanouissement personnel. Étant donné le CV de l’auteure, ça sent l’exercice de vente des ateliers de développement de la personnalité et de méditation.

À ce sujet, le titre du livre est très ajusté à l’histoire. C’est un aspect important à mon sens parce qu’il me fait déchanter à tout coups. Bref : Thèmes assez bien travaillés, les carnets sont de belles trouvailles. Le rythme est lent et la trame est longue. Je ne suis pas sorti de cette écoute vraiment emballé.

Suggestion de lecture : LA VIE QUAND-MÊME UN PEU COMPLIQUÉE D’ALEX GRAVEL-CÔTÉ de Catherine Girard-Audet

De la même auteure

À lire : biographie de Nicole Bordeleau,

           Site officiel

Bonne lecture
Bonne écoute
Claude Lambert
le dimanche 22 décembre 2024

LE LIVRE DU VOYAGE, de BERNARD WERBER

Eh oui! Moi, LE LIVRE DU VOYAGE, non seulement
Je t’évite de t’intoxiquer, mais, en plus, même sans
Initiation, je te permets de réussir ce que n’arrivent à
faire que les plus grands chamans.
Non, ne me dis pas merci, c’est tout naturel, c’est
Notre contrat.
(extrait de LE LIVRE DU VOYAGE, Albin Michel, 1997)

Le livre du voyage est un essai de Bernard Werber qui propose au lecteur de s’investir dans un voyage intérieur par le pouvoir de son Esprit et des mots. Le livre s’adresse directement au lecteur en le tutoyant et en le guidant dans un processus de visualisation de lieux ou de situation afin de favoriser la paix et l’harmonie.

Le livre se présente un peu comme un compagnon qui dirige le lecteur vers son inconscient.

Le seul héros du livre est le lecteur lui-même.

Dans l’œuvre de Bernard Werber, LE LIVRE DU VOYAGE fait vraiment bande à part. Il faut prendre ce livre pour ce qu’il est. C’est un essai, un instrument qui peut aider les lecteurs et lectrices à la recherche de l’harmonie avec leur environnement.

Personnellement, ce livre ne m’a pas apporté grand-chose, même si je crois avoir une bonne capacité d’introspection, de rêve et d’émerveillement.

Mais je pense qu’il donne au lecteur ou à la lectrice qui veut vraiment et totalement s’investir dans un voyage intérieur la possibilité d’atteindre un certain bien-être. Mais je le précise, il faut avoir beaucoup d’imagination et être persévérant.

Comme dans n’importe quel livre méditatif, le décrochage guette les lecteurs et lectrices qui ne seraient pas VRAIMENT volontaires pour se laisser aller à un profond voyage intérieur.

Ce livre est loin d’être un chef d’œuvre et il n’offre rien de neuf mais j’en retiens une phrase extraordinaire  qui vient conforter une conviction profonde que j’ai toujours eue en écrivant. *…que les livres ont la puissance que leur accorde le lecteur et que celle-ci peut être sans fin. *

Suggestion de lecture :  L’ODYSSÉE DU TEMPS, livre 1 d’Arthur C. Clarke

BONNE LECTURE
JAILU Claude Lambert
MARS 2014