LE CRUCIVERBISTE, livre de CLAIRE COOK

*Vous aimez jouer madame la détective? Cela se voit, cela s’entend. J’ai un
pressentiment…ou devrais-je dire une certitude…les lettres trouvent leur place
dans les cases jusqu’à maintenant. Je me trompe? Je suis ravi que la récréation
vous plaise. Alors, jouons encore! Et si je vous provoquais en duel?*
(Extrait : LE CRUCIVERBISTE, Claire Cook, Les Éditions Goélette, 2015, papier, 500 pages)

Joseph Dunstan, un courtier reconnu pour ses dettes de jeu, est assassiné. L’enquête est confiée à la lieutenante-détective Emma Clarke de la Sûreté du Québec. La détective est entraînée dans un horrible jeu imaginé par un meurtrier aussi brillant qu’ignoble qui utilise une grille de mots croisés pour la mettre sur la piste. Mais les énigmes sont complexes et font appel à un sens de la déduction très poussé. Pour Emma, c’est un énorme défi dans lequel se mêle la religion, le latin et cette mystérieuse grille de mots croisés que le meurtrier lui dévoile par fragments…

Le verbicruciste
versus
Le cruciverbiste
*Redevable depuis bien trop longtemps déjà,
l’imposteur n’a eu que ce qu’il méritait. Sa
gorge n’aura plus le loisir de raconter, de
débiter ou de propager quoique ce soit.
(Extrait : LE CRUCIVERBISTE)

C’est un roman complexe mais passionnant. Son sujet est original, peu courant en littérature : un tueur fournit à une lieutenante-vedette de la Sûreté du Québec une grille de mots-croisés ainsi que des indices pour mettre la policière sur la piste de ses meurtres… *Je t’ai choisi parmi tous pour résoudre cette grille et je te donnerai tous les indices possibles pour me retrouver.*

Ici, le cruciverbiste, soit l’amateur de mots-croisés devient le verbicruciste, celui qui crée une grille. Dans ce cas-ci la grille au départ ne contient qu’un mot : DESTIN et des cases noires formant quatre croix, le tout dans une parfaite symétrie.

Donc la policière Emma Clarke se voit lancer un défi intellectuel tout à fait tordu : découvrir le meurtrier et limiter les dégâts en remplissant la grille. Emma ne fait pas que jongler avec les mots et le fait que toutes les victimes appartiennent au monde de l’immobilier, elle doit aussi composer avec les nombres, le latin sans oublier la religion qui devient omniprésente dans son enquête.

Ce livre est non seulement une trouvaille, il est aussi un défi pour le lecteur à qui on fournit même une grille pour lui permettre de placer ses indices au fur et à mesure qu’ils sont fournis par le tueur.

Il s’agit d’un premier roman pour Claire Cook et je crois vraiment que son livre LE CRUCIVERBISTE constitue pour elle un excellent départ dans l’univers de la littérature. Le récit contient beaucoup de forces : les personnages sont bien définis, la trame est complexe mais progressive et ne dévie jamais du fil conducteur. L’écriture est précise.

Il y a des rebondissements intéressants et la finale est imprévisible. Impossible de déterminer l’identité du meurtrier sans la grille ou encore de suivre avec force concentration l’évolution de l’enquête et encore, ce n’est pas simple, LE CRUCIVERBISTE est un véritable défi de 500 pages pour le lecteur. C’est un défi passionnant qui garde en haleine jusqu’à la fin.

Quant aux faiblesses, disons que dans la première moitié du livre, je me suis souvent perdu dans cette quantité impressionnante de personnages qui évoluent dans le récit. On s’y perd, mais ça se rétablit graduellement vers le milieu du récit.

Enfin, je peux comprendre qu’Emma accepte de participer à un jeu auquel la convie le tueur à l’esprit aussi fêlé qu’intelligent, mais tout au cours du récit, elle y prend goût et le jeu prend presque les allures d’un pari, le mot divertissement étant peut-être un peu exagéré. Je n’étais pas vraiment à l’aise avec ce choix de l’auteure. C’est vrai, je l’avoue, c’est très personnel comme perception.

Il reste que j’ai beaucoup aimé ce livre. Son rythme est rapide. Il se lit bien quoiqu’il exige toute la concentration du lecteur. Il est difficile de se défaire du livre avant d’en avoir terminé la lecture. Un livre horizontalement et verticalement brillant.

Suggestion de lecture : À L’OMBRE DE LA MONTAGNE, de Kathleen Brassard

Claire Cook, native de Montréal au Québec a œuvré dans le milieu juridique où elle assistait des avocats en droit criminel et en droit du travail. Puis elle a fait carrière pendant plus de 25 ans dans le domaine de l’immobilier. Sa vaste expérience et son grand intérêt pour la littérature policière l’ont largement inspiré pour l’écriture de son polar LE CRUCIVERBISTE et lui ont permis de faire partie du jury du prix Tenebris en 2013. 

BONNE LECTURE
JAILU/Claude Lambert
15 janvier 2017