LE RÊVE DE CHAMPLAIN 2

Deuxième partie de mon commentaire sur le livre de
DAVID HACKETT-FISCHER

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Le 3 juillet, Champlain et ses hommes parcoururent un kilomètre et demi au-delà de l’île d’Orléans et parvinrent à un lieu que les indiens appelaient <Kebec>, c’est-à-dire <l’endroit où le fleuve se rétrécit>. Il y avait été cinq ans auparavant. Cette fois il jugea que le lieu est celui qui se prêtait le mieux à un établissement. La force de sa position capta l’œil du militaire en lui. Le promontoire élevé commandait toute la largeur du fleuve. Un fort bien armé pourrait de là contrôler toute la circulation sur le fleuve Saint-Laurent. Sur le promontoire se trouvait un secteur plat, parfait pour un poste de traite. C’est aujourd’hui la basse-ville du Vieux-Québec.

<Extrait :  LE RÊVE DE CHAMPLAIN, David Hackett Gisher, Boréal éditeur 2012, papier, 998 pages. >

Un ouvrage d’exception

La plume et Hackett-Fisher et son style littéraire m’ont amené à lire le livre comme un roman d’aventure avec très peu de temps morts et des illustrations qui parlent fort. Je connaissais déjà un peu Champlain l’explorateur, le cartographe, l’ethnographe, l’aventurier, le chef, le voyageur, le négociateur, l’ambassadeur. David Hacket Fisher m’a fait connaître et comprendre l’homme, l’humaniste : généreux, vertueux, Champlain adhérait à l’idée d’une Église Catholique universelle et avait les guerres et querelles religieuses en aversion.

J’ai trouvé ce livre fascinant car avec le Sieur de Champlain au cœur du récit, l’auteur passe en revue les grands moments de la conquête de l’Amérique par les français. Ce livre est le fruit d’une recherche colossale, fortement documenté. Non seulement une biographie fouillée, exhaustive, mais aussi accessible avec un petit côté initiatique.

Je n’ai décelé qu’un seul irritant dans ce monumental ouvrage. La question est de savoir comment donner à un personnage humble et pieux une image plus grande que nature. J’ai trouvé que l’auteur a magnifié un peu trop Champlain. À mon goût en tout cas…comme si tout était trop beau pour être vrai. Je vous rassure toutefois, la biographie est parfaitement en équilibre car dans les appendices, on apprend que Champlain ne manquant pas de détracteurs.

Mais force est de constater que plusieurs sources se contredisent, ce qui est sans doute normal pour parler d’évènements qui remontent à plus de 415 ans. L’ouvrage de Hacket-Fisher est extrêmement crédible mais laisse à penser que Samuel de Champlain demeure un personnage historique énigmatique.

Enfin, j’aurais souhaité que l’auteur ajoute à ses appendices une petite chronologie des évènements <post-Champlain> introduisant brièvement par exemple les rôles de Montcalm et Frontenac et parlant brièvement de l’engouement soudain des anglais pour la Nouvelle France. C’est très personnel remarquez bien. Le volume fait 900 pages et le quart de l’ouvrage est consacré aux appendices, notes et sources.

Bref, LE RÊVE DE CHAMPLAIN est un ouvrage remarquable qui a suscité en moi de belles émotions et un questionnement bien légitime : comment ma vie actuelle est-elle liée à l’œuvre de Champlain ? Fascinant. Rien de moins.


Samuel de Champlain <1567-1635>

Suggestion de lecture : L’HISTOIRE DU QUÉBEC EN 30 SECONDES, De Sabrina Moisan et Jean-Pierre Charland


L’auteur David Hackett Fischer

Le rêve de Champlain a été adapté en une série docu-fiction de six épisodes de trente minutes sur la vie de Samuel de Champlain. Elle est basée sur l’oeuvre épique de l’historien David Hackett-Fischer. <Idello>.  Télé-Québec et Canal Savoir ont figuré parmi les diffuseurs.

Bonne lecture
Claude Lambert
le samedi 26 octobre 2024

MOI, CLAUDE – le livre de ROBERT GRAVES

Moi, Tibère-Claude-Drusus-Néron-Germanicus, etc
(Je ne vais pas vous infliger dès maintenant tous mes titres)
Connu encore tout récemment de mes amis…sous les noms de
-Claude l’Idiot-, Claude le Bègue-, Clau-Clau-Claude-, ou à
Tout le moins de –pauvre oncle Claude-, je m’apprête
Aujourd’hui à écrire l’étrange histoire de ma vie.
……
-Qui est ce vieux monsieur? Demanda un des soldats,
Nouveau venu au Palais. Il n’a pas l’air dangereux.
-Comment, tu ne sais pas? C’est le frère infirme de
Germanicus. Un brave vieux type. Pas méchant pour
Un sou.. Lève-toi Seigneur. On ne te fera pas de mal.

(extrait de MOI, CLAUDE de Robert Graves, Galimard 1987)

Mémoires et récit autobiographique de Tibère-Claude-Drusus-Néron-Germanicus, petit-neveu d’Auguste, neveu de Tibère, oncle de Caligula, beau-père de Néron, époux d’Agripine et de Messaline…devenu malgré lui empereur de Rome suite au meurtre de Caligula (lui-même héritier de Tibère)

Je précise ici que les mémoires de Claude sont imaginaires. En fait, MOI CLAUDE est un roman historique que Robert Graves a écrit sous forme d’autobiographie. Ça n’a rien à voir avec la série télévisée britannique MOI CLAUDE EMPEREUR qu’on dit une série culte et qui, sans l’apport de Derek Jacobi, aurait été un parfait navet.

L’ouvrage de Graves est supérieur par sa sensibilité, sa sobriété et la recherche constante de la réalité politique de l’époque, une politique qui était polluée par des croyances qu’aujourd’hui nous jugeons absurdes, conditionnés que nous sommes par le modernisme libéral du 21e siècle.

Graves donne donc la parole à Claude, considéré par ses contemporains comme un parfait débile intellectuel et qui fait le bilan de sa vie. J’ai apprécié le fait que l’auteur ait bien mis en perspective le fait que Claude n’a jamais voulu être empereur. Il l’est devenu parce qu’on le jugeait plus manipulable que dangereux…c’était sans doute une erreur.

Graves n’a pas fait l’erreur de sombrer dans le sensationnalisme. Mais que pouvait rapporter Claude de sa vie publique sinon les meurtres, les boucheries, les intrigues de cour, les mensonges, les trahisons, les complots, la vie débridée des Julio-Claudiens. Cependant, l’auteur a pris soin de comprendre l’homme.

Bien que l’empire Romain ait continué de s’étendre sous le règne de Claude, ce dernier était sans doute le moins *militaire* des Césars. Il s’intéressait davantage à la justice, aux affaires sociales et à l’architecture. C’était un bon administrateur et un bâtisseur. En plus, il était travaillant. Pas mal pour quelqu’un à qui on ne prêtait que la moitié d’une cervelle (aspect qui a été retenue dans de nombreux livres et au cinéma)

Bien sûr, MOI CLAUDE est un roman mais je crois que son regard critique sur la politique et la décadence des Césars est crédible…un aperçu de quelques éléments importants qui devaient tisser lentement la toile de la chute de l’empire romain.

Un livre intéressant…

Suggestion de lecture : LE SCANDALEUX HELIOGABALE d’Emma Locatelli

À gauche :
l’auteur Robert Graves

BONNE LECTURE

JAILU/Claude Lambert
MAI 2013