Commentaire sur le livre de
ROBERT GALBRAITH
*Pourquoi es-tu née quand tombait la neige ?
Tu aurais dû venir à l’appel du coucou !…
Pourquoi es-tu morte quand paissaient les
agneaux? Tu aurais dû mourir à la chute des
pommes…* (Extrait : L’APPEL DU COUCOU,
Robert Galbraith, version audio, Audiolib éditeur
2014, durée d’écoute : 18 heures 24 minutes.
Narrateur : Lionnel Bourguet.)
Une nuit à Londres, Lula Landry, célèbre mannequin, est retrouvée défenestrée. Son frère, John Bristow, ne croit pas au suicide et contacte Cormoran Strike, détective privé. Strike est un homme à la dérive : il a perdu une jambe à la guerre et sa vie est un désastre. Chargé par Bristow d’enquêter sur la mort de Lula, il se résout à plonger dans les eaux glauques que dissimulent les paillettes de la vie noctambule. Trahisons, secrets, vengeance émergeront peu à peu jusqu’à l’explication finale.
Les dessous de la mode
*Ensuite, il donna à sa nouvelle affaire un
numéro de série qu’il écrivit sur le dos du
classeur avec la légende <mort soudaine
de Lula Landry>* (Extrait)
C’est un roman très fort et toute la force du récit repose sur la personnalité du détective Cormoran Strike, un mufle endetté et blasé, tributaire d’un désastre amoureux et unijambiste, ce dernier détail étant souvent relevé dans le récit et qui pousse sensiblement à l’empathie.
Pour résumer très brièvement, Lula Landry est trouvée morte. Elle se serait jetée par la fenêtre. L’affaire est vite expédiée: suicide. Le frère de Lula, John Bristow n’en croit rien et engage Cormoran Strike pour faire la lumière sur cette affaire. Comme Corcoran doit sa chemise, et comme l’offre monétaire est tentante, il accepte. Tout le reste est un enchaînement de détails, de descriptions et de déductions, assortis de quelques revirements et de fausses pistes jusqu’à la grande finale qui m’a grandement impressionné.
Je suis d’accord avec les commentaires comparant de près ou de loin, Strike à Sherlock Holmes, mais au final, il fait exactement comme le célèbre inspecteur Colombo. Tout doit s’expliquer et Strike prend le temps de le faire. Il en est parfois agaçant et ça crée des longueurs. C’est la principale faiblesse de l’oeuvre, une certaine lourdeur consécutive à l’abondance de détails pas toujours utiles.
Je dois admettre toutefois que l’histoire est bien travaillée, savamment développée et que Cormoran Strike réserve aux auditeurs et auditrices quelques chef d’œuvres de déductions et ça m’a vraiment accroché du début à la fin malgré quelques passages erratiques.
L’auteure s’est bien gardée d’étaler les états d’âme de son héros à part peut-être un moignon qui lui fait mal et dont il est souvent question. Cette manie de faire ressurgir le passé d’un détective ou d’un policier dans le courant d’une enquête m’a toujours énervé. On connait dès le départ les qualités et les défauts du héros et puis on en parle presque plus :
*Le détective était accoutumé à jouer les archéologues parmi des ruines de souvenirs traumatiques. Il avait appris à se montrer autoritaire avec les brutes, rassurant avec les peureux, prudent avec les dangereux et retors avec les fourbes…* (Extrait) La plume est excellente. Elle se caractérise par un surprenant souci du détail. Dans la solution de l’énigme, qui est brillante, ça va vous sauter aux yeux…ou aux oreilles…
Les personnages sont tous bien travaillés et attachants, en particulier Robin, la jeune secrétaire, efficace et débrouillarde qui, sans s’amouracher, s’attache au grincheux détective. Dans la version audio, L’histoire est superbement mise en valeur par la voix orchestrale de Lionel Bourguet qui a développé entre autres une espèce de voix de crécelle qui va comme un gant à Cormoran Strike. Bourguet s’ajuste avec art à chacun des principaux personnages du roman y compris les personnages féminins.
Donc, principale force du roman, le personnage de Cormoran Strike et j’ajouterai en terminant une deuxième force : la qualité des dialogues. Certains sont tout simplement savoureux, spécialement ceux avec les amis du Coucou…vous ne tarderez pas d’ailleurs à comprendre le choix du titre…judicieux.
Dans l’ensemble, c’est bien écrit, bien traduit et la trame est peu prévisible, ce qui rend le tout captivant. Petite remarque : c’est une bonne idée de JK Rawling d’avoir emprunté un pseudo. Elle annonçait ainsi que L’APPEL DU COUCOU allait se démarquer de UNE PLACE À PRENDRE et bien évidemment de HARRY POTTER.
Je crois que ce ne sera pas mon dernier Cormoran Strike. Au moment d’écrire mon article, trois autres romans de la série sont disponibles, papier et audio : LE VER À SOIE, LA CARRIÈRE DU MAL et BLANC MORTEL. J’y reviendrai sûrement.
Suggestion de lecture : IL N’EST SI LONGUE NUIT, de Béatrice Nicodème
Robert Galbraith, avec la série des enquêtes de Cormoran Strike, s’est imposé comme un des nouveaux maîtres incontestés du polar contemporain. Les deux premiers volets des aventures de Strike, L’Appel du coucou et Le Ver à soie, ont été des best-sellers dans le monde entier. Salués par la critique et adoubés par les lecteurs, ils seront prochainement adaptés sous forme de série par Brontë Film and Television pour la BBC.
Robert Galbraith est le pseudonyme de J.K. Rowling, l’auteur mondialement célèbre de la série Harry Potter et d’Une place à prendre.
Bonne lecture
Claude Lambert
le dimanche 2 avril 2023