CORMORAN STRIKE 1, L’APPEL DU COUCOU

Commentaire sur le livre de
ROBERT GALBRAITH

*Pourquoi es-tu née quand tombait la neige ?
Tu aurais dû venir à l’appel du coucou !…
Pourquoi es-tu morte quand paissaient les
agneaux? Tu aurais dû mourir à la chute des
pommes…*
(Extrait : L’APPEL DU COUCOU,
Robert Galbraith, version audio, Audiolib éditeur
2014, durée d’écoute : 18 heures 24 minutes.
Narrateur : Lionnel Bourguet.)

Une nuit à Londres, Lula Landry, célèbre mannequin, est retrouvée défenestrée. Son frère, John Bristow, ne croit pas au suicide et contacte Cormoran Strike, détective privé. Strike est un homme à la dérive : il a perdu une jambe à la guerre et sa vie est un désastre. Chargé par Bristow d’enquêter sur la mort de Lula, il se résout à plonger dans les eaux glauques que dissimulent les paillettes de la vie noctambule. Trahisons, secrets, vengeance émergeront peu à peu jusqu’à l’explication finale. 

Les dessous de la mode
*Ensuite, il donna à sa nouvelle affaire un
numéro de série qu’il écrivit sur le dos du
classeur avec la légende <mort soudaine
de Lula Landry>*
(Extrait)

C’est un roman très fort et toute la force du récit repose sur la personnalité du détective Cormoran Strike, un mufle endetté et blasé, tributaire d’un désastre amoureux et unijambiste, ce dernier détail étant souvent relevé dans le récit et qui pousse sensiblement à l’empathie.

Pour résumer très brièvement, Lula Landry est trouvée morte. Elle se serait jetée par la fenêtre. L’affaire est vite expédiée: suicide. Le frère de Lula, John Bristow n’en croit rien et engage Cormoran Strike pour faire la lumière sur cette affaire. Comme Corcoran doit sa chemise, et comme l’offre monétaire est tentante, il accepte. Tout le reste est un enchaînement de détails, de descriptions et de déductions, assortis de quelques revirements et de fausses pistes jusqu’à la grande finale qui m’a grandement impressionné.

Je suis d’accord avec les commentaires comparant de près ou de loin, Strike à Sherlock Holmes, mais au final, il fait exactement comme le célèbre inspecteur Colombo. Tout doit s’expliquer et Strike prend le temps de le faire. Il en est parfois agaçant et ça crée des longueurs. C’est la principale faiblesse de l’oeuvre, une certaine lourdeur consécutive à l’abondance de détails pas toujours utiles.

Je dois admettre toutefois que l’histoire est bien travaillée, savamment développée et que Cormoran Strike réserve aux auditeurs et auditrices quelques chef d’œuvres de déductions et ça m’a vraiment accroché du début à la fin malgré quelques passages erratiques.

L’auteure s’est bien gardée d’étaler les états d’âme de son héros à part peut-être un moignon qui lui fait mal et dont il est souvent question. Cette manie de faire ressurgir le passé d’un détective ou d’un policier dans le courant d’une enquête m’a toujours énervé. On connait dès le départ les qualités et les défauts du héros et puis on en parle presque plus :

*Le détective était accoutumé à jouer les archéologues parmi des ruines de souvenirs traumatiques. Il avait appris à se montrer autoritaire avec les brutes, rassurant avec les peureux, prudent avec les dangereux et retors avec les fourbes…* (Extrait) La plume est excellente. Elle se caractérise par un surprenant souci du détail. Dans la solution de l’énigme, qui est brillante, ça va vous sauter aux yeux…ou aux oreilles…

Les personnages sont tous bien travaillés et attachants, en particulier Robin, la jeune secrétaire, efficace et débrouillarde qui, sans s’amouracher, s’attache au grincheux détective. Dans la version audio, L’histoire est superbement mise en valeur par la voix orchestrale de Lionel Bourguet qui a développé entre autres une espèce de voix de crécelle qui va comme un gant à Cormoran Strike. Bourguet s’ajuste avec art à chacun des principaux personnages du roman y compris les personnages féminins.

Donc, principale force du roman, le personnage de Cormoran Strike et j’ajouterai en terminant une deuxième force : la qualité des dialogues. Certains sont tout simplement savoureux, spécialement ceux avec les amis du Coucou…vous ne tarderez pas d’ailleurs à comprendre le choix du titre…judicieux.

Dans l’ensemble, c’est bien écrit, bien traduit et la trame est peu prévisible, ce qui rend le tout captivant. Petite remarque : c’est une bonne idée de JK Rawling d’avoir emprunté un pseudo. Elle annonçait ainsi que L’APPEL DU COUCOU allait se démarquer de UNE PLACE À PRENDRE et bien évidemment de HARRY POTTER.

Je crois que ce ne sera pas mon dernier Cormoran Strike. Au moment d’écrire mon article, trois autres romans de la série sont disponibles, papier et audio : LE VER À SOIE, LA CARRIÈRE DU MAL et BLANC MORTEL. J’y reviendrai sûrement.

Suggestion de lecture : IL N’EST SI LONGUE NUIT, de Béatrice Nicodème

Robert Galbraith, avec la série des enquêtes de Cormoran Strike, s’est imposé comme un des nouveaux maîtres incontestés du polar contemporain. Les deux premiers volets des aventures de Strike, L’Appel du coucou et Le Ver à soie, ont été des best-sellers dans le monde entier. Salués par la critique et adoubés par les lecteurs, ils seront prochainement adaptés sous forme de série par Brontë Film and Television pour la BBC.
Robert Galbraith est le pseudonyme de J.K. Rowling, l’auteur mondialement célèbre de la série Harry Potter et d’Une place à prendre.

Bonne lecture
Claude Lambert
le dimanche 2 avril 2023

LA COUPURE, le livre de FIONA BARTON

*Il paraît que ce qui ne nous tue pas nous rend plus fort. Mais c’est faux. Ça brise les os en mille morceaux qu’on recollent maladroitement avec des bandages souillés et
du sparadrap jaunissant. Il reste des fissures tout le long des failles. On en sort fragile et épuisé à force de résister. *

(Extrait : LA COUPURE, Fiona Barton, publié en 2018, version papier, Fleuves édition, 480 pages. Version audio : Lizzie éditeur, diff. : Audible, durée d’écoute :  11 heures 2 minutes Narration : Anne Tilloy, Anne Kreis, Anne O’Dollan, Daniel Kennigsberg et Clémentine Yelnick.)

Un journal rapporte la découverte d’un squelette de bébé sur un chantier de la banlieue de Londres. Pour trois femmes, cette nouvelle devient impossible à ignorer. Angela revit à travers elle le pire moment de son existence : quarante ans auparavant, on lui a dérobé sa fille à la maternité. Pour Emma, c’est le début de la descente aux enfers, car ce fait divers risque fort de mettre son secret le plus noir à jour et de détruire sa vie à jamais. Quant à Kate, journaliste, c’est une affaire qui pourrait bien lui coûter quelques nuits blanches. Une affaire qui pourrait faire resurgir des vérités que personne ne souhaite connaître

Les trois visages de la peur
*<J’étais en train de déplacer un gros bac en béton…et
il était là…il était enterré profondément. Je me suis
penché pour toucher la terre…> Il se mit à sangloter,
le visage rougi caché par ses mains gercées…*
(Extrait)

Qui est le bébé du chantier?

LA COUPURE est un roman noir à constance dramatique qui entretient une intrigue forte du début à la fin. Tout commence avec une petite coupure de presse qui annonce la découverte du squelette d’un bébé dans un chantier de construction de la région de Londres. Si cette *coupure* ne suscite pas grand intérêt du lectorat anglais, elle attire l’attention d’une jeune journaliste, Kate, qui décide d’enquêter.

Cette enquête, qui devient attractive pour les policiers, va chambouler le destin de deux femmes : Angela, à qui, 40 ans plus tôt, on a volé le bébé dans la maternité même de l’hôpital où elle a accouché, une petite fille appelée Alice.  Et puis, il y a Emma qui porte en elle un lourd secret qui la lie avec la découverte du *bébé du chantier* .

LA COUPURE raconte l’histoire de ces deux femmes, d’abord en parallèle, puis en convergence et enfin, deux vies s’entrecroisent dans une finale d’une forte intensité dramatique où la vérité éclate et où sortent de l’ombre les acteurs qui croyaient ne jamais avoir à subir et assumer les conséquences de leurs actes.

C’est un roman très sombre écrit avec un étonnant souci du détail. Il est possible que certains lecteurs certaines lectrices trouvent le récit quelque peu prévisible. J’avais une assez bonne idée de qui était le *bébé du chantier* mais qu’à cela ne tienne, avec la plume de Fiona Barton on est sûr de rien. Résultat, vous avez un récit addictif qui vous tient en haleine jusqu’à la fin.

L’auteure, qui a été elle-même journaliste judiciaire, imbrique intelligemment les enquêtes journalistique et policière. La ténacité et l’empathie de Kate sont remarquables et elle n’en est que plus attachante. Par la gravité de son sujet et la fluidité de son écriture, c’est un roman qui se dévore.

Les personnages développés par Barton sont profonds et les secrets de leur passé, enfouis profondément sont élevés graduellement en surface par l’auteure qui décidément, ne ménage pas ses personnages et renvoie constamment les lecteurs/lectrices à la même question : Qui est le bébé du chantier?

Un mot sur la version audio, que j’ai choisie pour ce livre de Fiona Barton : quoique soucieuse de transmettre avec un maximum de justesse l’intensité dramatique du récit, la multi-narration ne m’a pas vraiment emballé. On se retrouve avec plusieurs voix pour un même personnage dans un système d’alternances vocales. Je me suis retrouvé quelque peu en situation d’inconfort.

Pour moi, c’est *jouable* mais ce n’est pas l’idéal. Ce sont surtout des narratrices, je peux comprendre, la seule voix masculine, celle de Daniel Kenigsberg n’est entendue que pour un chapitre. Je n’ai pas vraiment compris ce choix.

Cette faiblesse n’est pas suffisante pour diluer l’intérêt d’une histoire comme la COUPURE car le roman réunit toutes les qualités qu’on recherche habituellement en littérature policière comprenant le fameux fil conducteur qui est ici très solide : Qui est le bébé du chantier? Des éléments qui sont un défi de taille pour les auteurs.

Pour résumer, je ne me suis pas ennuyé avec ce récit parce qu’il n’y a pas de longueurs. L’intrigue est nourrie jusqu’à la fin et l’ensemble ne manque pas de rebondissements, spécialement celui de la fin qui m’a pris par surprise.

Les chapitres donnent, en alternance, la parole aux héroïnes, Angela, Jude, Emma et Kate et qui sont toutes, nonobstant les secrets qui rongent certaines d’entre elles, attachantes. L’histoire a aussi un caractère psychologique développé avec finesse.

J’ai eu le petit frisson que je cherche dans ce genre de récit qui est le deuxième roman de Fiona Barton après LA VEUVE. Une auteure à surveiller sans aucun doute. Entre temps, je vous recommande avec plaisir LA COUPURE, une histoire sombre qui se joue sur un petit article de journal.

Pour ce qui est des supports, ils sont tous bons mais malgré les faiblesses de la version audio, elle traduit mieux je crois l’instinct maternel de Jude, Angela et Emma et pour moi, c’est un élément important.

Suggestion de lecture : PHOBIE, de Sarah Cohen-Scali

Fiona Barton est journaliste et formatrice internationale dans les médias. Elle a notamment écrit pour le Daily Mail, a été rédactrice pour le Daily Telegraph et rédactrice en chef du Mail on Sunday. Née à Cambridge, elle vit aujourd’hui dans le Sud-Ouest de la France. La Coupure est son second roman après La Veuve qui l’a immédiatement propulsée sur le devant de la scène du thriller. Ses œuvres sont traduites dans une trentaine de pays.

Bonne écoute
Bonne lecture
Claude Lambert
le dimanche 14 novembre 2021

NON RECONNU livre de STEVEN M. GREER, m.d.

*…une organisation secrète qui fût lancée dans les années 1940 par le président Truman. Ce groupe d’individus, alors connu sous l’appellation MAJESZTIC-12, avait pour tâche essentielle de dissimuler au grand public la vérité concernant la découverte la plus incroyable de l’histoire du monde- celle des ovnis et de l’existence d’une vie extra-terrestre. *

(Extrait de NON RECONNU, Steven M. Greer, Arianne éditions, 2017, édition de papier avec annexes, 400 pages)

Résolus à faire toute la lumière sur la présence extraterrestre et son camouflage par les autorités, Steven Greer et ses témoins fournissent de surprenants détails sur ce chapitre non reconnu de notre histoire ainsi que sur les systèmes énergétiques et antigravitationnels, les bases lunaires, et sur les technologies qui nous ont été si longtemps et si délibérément dissimulées (et qui, par ailleurs, n’ont toujours pas été brevetées). Pourtant ces technologies pourraient radicalement transformer notre monde…à condition de favoriser leur introduction sur le marché libre.

UN EXPOSÉ DU SECRET LE MIEUX GARDÉ AU MONDE
*Les ovnis sont à la fois de nature extraterrestre et
humaine. Ceux qui travaillaient sur les ovnis
n’avaient pas un seul instant de répit-et T.
Townsend Brown était l’un de ceux qui étaient
le plus au courant avec les allemands. De la
sorte, nous avions un problème- nous devions
garder le secret absolu sur ce que Townsend
faisait dans le domaine du champ antigravitationnel
et de la propulsion électromagnétique.
(Extrait du témoignage de Dan Morris, NON RECONNU)

Quant au secret entourant l’existence des ovnis et aux bassesses atteintes pour le préserver (meurtres, disparitions, menaces, harcèlement, atteinte à la réputation, etc) ce livre ne nous apprend pas vraiment quelque chose de neuf.

Je l’ai trouvé toutefois quelque peu novateur en ce qui concerne l’argumentaire et à l’objectif initial du livre qui n’est pas de nous convaincre de l’existence des ovnis mais bien de mettre fin à la désinformation et de dénoncer l’absurdité de l’argument voulant que les peuples de la terre ne sont pas prêts à entendre la vérité  :

*Je crois aussi que le monde est prêt; les gens croient à l’existence des ovnis et des phénomènes extraterrestres. Le monde est prêt à entendre la vérité et nous sommes tous fatigués de ces petits jeux.* (Extrait)

Le livre donne un très bon aperçu de ce que *ces petits jeux* ont coûté à la société en termes de vies, de détournement de fonds, de pression psychologique et d’infrastructures coûteuses pour préserver ces secrets.

Donc ce livre est un vibrant plaidoyer contre la désinformation et celle-ci est tenace. Quant aux idées développées dans ce livre et qui sont issues des différents témoignages, plusieurs sont archi-connues, d’autres sont un peu plus creusées.

Par exemple, je cite l’idée que des gouvernements fantômes hors de tout contrôle politique et financier préservent le secret de l’existence des ovnis pour cacher les découvertes technologiques qui en découlent en matière de transport (anti-gravité, énergie propre) et de santé.

Ces secrets dévoilés au grand public pourraient induire des pertes financières colossales à l’industrie pétrolière et pharmaceutique. C’est évidemment sans tenir compte d’un tas de produits coûteux qui deviendraient obsolètes. De la façon dont il est présenté et développé, l’argument est intéressant.

Ce qui m’étonne en fait, c’est qu’on ait pu publier autant de témoignages alors que les témoins sont encore vivants et semblent sains d’esprit. L’auteur lui-même en sait tellement que je m’étonne qu’il soit encore vivant à près avoir enfreint à ce point la loi du silence. À ce titre, le livre manque de nuances et sa crédibilité en souffre un peu.

J’ai trouvé ce livre extrêmement redondant avec de multiples répétitions, souvent dans la même page, des témoignages extrêmement ressemblants. Éliminer toutes ces redondances équivaudrait à une cure d’amaigrissement de 25%. C’est mon évaluation en tout cas.

Si vous vous arrêtez essentiellement au caractère spectaculaire des témoignages, vous risquez de trouver l’ensemble indigeste avec des répétitions qui rappellent un peu le refrain d’une chanson et je ne suis pas du tout certain que tous les témoignages sont fiables.

En lisant entre les lignes, je crois que le livre ne fait pas vraiment la lumière sur la présence extra-terrestre mais lève plutôt le voile sur le camouflage de la vérité par les autorités. Ce livre est finalement une dénonciation de la désinformation.

Dans son recueil d’AFAIRES ÉTRANGES, Joslan F Keller écrit : *L’essor de masse d’internet et des médias sociaux nous a convaincus facticement que toutes les opinions se valent et que l’information est à portée de tous. Rien n’est moins vrai. Il est donc urgent de former de nouveau les individus au doute… et à la validation de l’information* (Extrait : AFFAIRES ÉTRANGES, Joslan F Keller, Scrinéo, 2018, num.)

Ce livre pourrait peut-être contribuer à faire éclater la vérité un jour prochain. En tout cas, il pousse à la réflexion…

Suggestion de lecture : ARMADA, Ernest Cline

Steven M.Greer est un médecin américain, ufologue et théoricien de la conspiration. Née en 1955. Spécialiste en médecine traumatique, Greer est l’ancien président du département d’urgence de médecine du « Caldwell Memorial hospital » en Caroline du Nord. Il a fondé en 1993 le projet « Disclosure » (Le projet révélation).

Une organisation à but non lucrative qui a pour mission de rendre publique toute information sur les ovnis et de lutter contre la désinformation et l’ostracisme des gouvernements sur le phénomène extra-terrestre. 

Steven M.Greer soutient que les gouvernements américain et anglais entretiendraient depuis longtemps des échanges secrets avec des extra-terrestres et qu’ils cacheraient à l’humanité l’existence d’une nouvelle énergie capable de remplacer le pétrole entre autres. 

À l’appui des thèses de Steven M. Greer, un militaire membre du projet révélation aurait déclaré: « Certains nous ressemblent beaucoup, certains pourraient être parmi nous sans qu’on s’en rende compte », en ajoutant que 57 espèces extraterrestres avaient jusqu’alors été dénombrées.

Bonne lecture
Claude Lambert

Le samedi 6 mars 2021

LE TOUR D’ÉCROU, le livre de HENRY JAMES

*Pour que je m’assurasse de l’identité positive de l’apparition, il aurait fallu que l’heure de l’action eut sonné à la pauvre horloge de mon courage ; en attendant… je transférai mon regard sur la petite Flora…

Un instant, mon cœur cessa de battre, de terreur et d’anxiété, tandis que je me demandais si elle aussi voyait quelque chose ; et je retenais mon souffle, attendant ce qu’un cri, ce qu’un signe naïf et subit, soit de surprise, soit d’alarme, allait me révéler. (Extrait : LE TOUR D’ÉCROU, Henry James, storylab Editions, édition numérique de 2014, 120 pages)

Le huis-clos d’une vieille demeure dans la campagne anglaise. Les lumières et les ombres d’un été basculant vers l’automne. Dans le parc, quatre silhouettes : l’intendante de la maison, deux enfants nimbés de toute la grâce de l’innocence et l’institutrice à qui les a confiés un tuteur désinvolte et lointain. Ils sont quatre. Mais ne seraient-ils pas six si on compte Quint et miss Jessel, les fantômes de serviteurs dépravés qui veulent attirer dans leurs rets les chérubins envoûtés ? Ou les fantasmes d’une jeune fille aux rêveries nourries de romanesque désuet. Le lecteur qui n’y prendra garde, oscillera entre le rationnel et le surnaturel.

TORDU ET DÉRANGEANT
*Je ne pouvais continuer qu’en faisant
confiance à la «nature» en considérant
que ma monstrueuse épreuve était certes
une incursion dans une direction
inhabituelle et déplaisante, mais exigeait
seulement…pour y faire front, de donner
un tour d’écrou supplémentaire aux vertus
humaines*
(Extrait: LE TOUR D’ÉCROU)

C’est un livre étrange, ambigu avec un petit quelque chose de tordu, voire pervers et il y a trop de secrets cachés, de non-dit dans cette histoire pour éclaircir le mystère dans son ensemble. L’auteur laisse le lecteur à lui-même, avec son libre arbitre toutefois…

voyons un peu le tableau : la narratrice, dont on ne sait même pas le nom (l’auteur n’a pas jugé bon de le préciser, comme beaucoup d’autre choses d’ailleurs) s’installe dans le vieux manoir de Bly, à titre de gouvernante, pour prendre soin de deux enfants, en apparence adorables : Miles et sa sœur cadette Flora.

La vie suit son cour pour un temps très court car des évènements bizarres viennent perturber la nouvelle gouvernante : des apparitions…deux spectres : celui de Peter Quint, un ancien Valet de Bly et Miss Jessel, la gouvernante décédée peu avant l’arrivée de la narratrice qui a pris sa place.

À sa grande stupéfaction, la narratrice constate que les fantômes manifestent une attirance pour les enfants, une attirance qui a l’air coupable, morbide, peut-être même sexuelle…à moins que la narratrice devienne obsédée et verse dans le délire. Pour la nouvelle gouvernante, c’est clair : les fantômes cherchent à pervertir l’innocence de ces enfants.

Elle se donne sur le champ la mission de combattre les spectres et sauver les enfants. Folie ou perversion du récit, impossible de le savoir, l’auteur ne laisse pas d’indice et même en s’accrochant à Miss Grose, l’intendante du manoir, la seule personne raisonnable et équilibrée de cette histoire, je ne suis pas plus avancé. Il me manque une clé pour comprendre le sens de cette incroyable histoire.

L’auteur ne me laisse rien sauf LE CHALLENGE qui ouvre au lecteur un champ énorme de possibilités. La lecture de ce livre m’a proprement mystifié simplement parce qu’il est plein de cachotteries dont quelques-unes semblent innommables.

Je me suis senti tellement perdu dans cette histoire que j’ai poussé une recherche pour savoir par exemple si mon esprit a besoin d’une pause. Très vite, je me suis rendu compte que j’étais loin d’être le seul dans l’obscurité. Ce livre a fait l’objet d’une quantité impressionnante d’interprétations.

Il ne faut pas perdre de vue que c’est un conte fantastique, une nouvelle, mais vers le délire psychanalytique, il n’y a qu’un pas : Plusieurs ont vu dans ce récit des manifestations de névrose, perversion sexuelle, psychose, obsession, possession et j’en passe… Même le titre est une énigme mais on peut penser que TOUR D’ÉCROU revient à *serrer la vis*, c’est-à-dire, exercer une pression psychologique.

Le récit exhale un parfum de scandale, énigmatique, ambigu. Le lecteur doit tirer ses propres conclusions avec à peu près rien ni sur les motivations des personnages, ni sur la psychologie des enfants. Pourquoi les actes fantomatiques sont dictés par le mal? Quelle relation Miss Jessel et Quint entretenaient-ils avec les enfants quand ils étaient vivants ?

Ce livre est une énigme, développée dans un français cossu typique du XIXe siècle. L’écriture est huppée et elliptique par moment. Je n’ai pas pu m’attacher aux personnages qui sont plutôt froids et distants. C’est un roman troublant. À la limite dérangeant. Je m’y suis pris comme dans une toile d’araignée.

J’en suis sorti frustré, heureux d’avoir saisi qu’il n’y a pas vraiment grand-chose à saisir. Pourtant, il y a quelque chose de fort dans ce récit : son pouvoir suggestif sans aucun doute. Ce livre est un défi. Malgré mes interrogations, je ne regrette pas de l’avoir lu.

Suggestion de lecture : LES SENTIERS DES ASTRES de Stefan Platteau

LE TOUR D’ÉCROU AU CINÉMA :

Plusieurs adaptations du livre de James ont été réalisées au cinéma. J’en citerai 3 : LES INNOCENTS de Jack Clayton, sorti en 1961 avec Deborah Kerr. C’est mon adaptation préférée.  Il y a aussi LE TOUR D’ÉCROU de Rusty Lamorande sorti en 1994 et LE TOUR D’ÉCROU de Floria Sigisondi en 2020 <photo ci-bas>.

Il y en a beaucoup d’autres, mais je mentionnerai pour terminer cette brève liste une préquelle au livre fantastique : LE CORRUPTEUR de Michael Winner sorti en 1972. Il y a eu aussi de nombreuses adaptation pour la télévision, la plus récente étant LE TOUR D’ÉCROU réalisé par Tim Fywell en 2009.

Henry James est un auteur américain naturalisé britannique, né en 1843 à New-York et décédé en 1916 à Chelsea. Considéré comme une figure majeure du réalisme littéraire du XIXe siècle, Henry James est passé maître dans l’art de la nouvelle :

(DAISY MILLER en 1978, LE MOTIF DANS LE TAPIS en 1896) et du roman (PORTRAIT DE FEMME EN 1881, LES BOSTONIENNES en 1886, LA COUPE D’OR en 1904). Il a également écrit de nombreux autres textes : théâtre, livres de voyage, biographies et critiques littéraires.

Bonne lecture
Claude Lambert
Le dimanche 24 janvier 2021

L’HOMME QUI MIT FIN À L’HISTOIRE, de KEN LIU

*(1931) Nous sommes à la périphérie de Harbin, dans le district de Pingfang… L’unité 731 de l’armée impériale japonaise y a mené durant la guerre d’atroces expériences sur des milliers de chinois et Alliés captifs pour permettre au Japon de créer des armes biologiques et de conduire des recherches sur les limites de l’endurance humaine. * (Extrait : L’HOMME QUI MIT FIN À L’HISTOIRE, Ken Liu, origine 2011, présente édition, numérique, Le Bélial, collection une heure-lumière)

Deux scientifiques mettent au point un procédé permettant de retourner dans le passé. Une seule et unique fois par période visitée, sans interférer avec l’objet de son observation. Une révolution qui promet la vérité sur les périodes les plus obscures de l’histoire. Créée en 1932 sous mandat impérial japonais, l’Unité 731 se livra à l’expérimentation humaine à grande échelle entre 1936 et 1945, provoquant la mort de près d’un demi-million de personnes…

L’Unité 731, à peine reconnue par le gouvernement japonais en 2002, passée sous silence par les forces d’occupation américaines pendant des années, est la première cible de cette invention révolutionnaire. La vérité à tout prix. Quitte à mettre fin à l’Histoire.

LA VÉRITÉ À TOUT PRIX
*Ce que je souhaite vraiment, c’est que
ce que j’ai vu ne se soit jamais produit.
Mais personne ne peut m’exaucer…*
(Extrait : L’HOMME QUI MIT FIN À L’HISTOIRE)

C’est un livre très original, un documentaire présenté sous diverses formes narratives. Des scientifiques réussissent à isoler des particules subatomiques appelées BOHM-KIRINO. Adéquatement manipulées, ces particules permettent un voyage dans le temps, essentiellement le passé, une seule fois par endroit visité par une seule personne qui ne pourra jamais interférer dans ce qu’il voit et entend.

Évidemment, c’est très limité mais ça permet de résoudre des mystères et les énigmes du passé et ça permet aussi de connaître la vérité sur des évènements pénibles, longtemps cachés par les gouvernements, couverts d’abjection, d’opprobre et de honte.

Le livre cite un de ces évènements : les basses œuvres de l’unité 731, une section japonaise de recherches qui, pendant la deuxième guerre, s’est livrée à d’indescriptibles et innommables expérimentations avec des hommes, femmes et enfants vivants :

*Il arrivait qu’un médecin tire une balle dans le ventre d’un prisonnier pour simuler une blessure de guerre sur laquelle nous perfectionner. Après les opérations, l’un des officiers décapitait le sujet chinois ou l’étranglait. Les vivisections servaient parfois pour les stagiaires de leçons d’anatomie et de distractions. * (Extrait)

J’ai été captivé par ce livre même si j’ai senti que les particules BOHM-KIRINO ne sont qu’un prétexte pour rappeler les méfaits de l’Unité 731 et tenter de leur donner une finalité afin de forcer les gouvernements impliqués à s’excuser. Ce qui m’a surtout fasciné dans ce livre qui ne fait qu’une centaine de pages, c’est la matière à réflexion qu’il induit.

Par exemple, un gouvernement doit-il reconnaître les erreurs d’un passé dont il n’est pas responsable. Il y a trop de responsabilités qui s’imbriquent et de changements dans les juridictions.

Est-ce qu’on peut mettre fin à l’histoire, est-il sain d’avoir le dernier mot à l’histoire. Qu’est-ce qu’on ferait de toute cette crasse enterrée par l’histoire. En plus d’être fasciné par la réflexion et la recherche que Ken Liu me pousse à faire, le livre contient beaucoup d’idées intéressantes.

Mais que faire d’une vérité qui fait aussi mal que celle sur les boucheries de l’Unité 731 et comment limiter les responsabilités au Japon quand on sait que le général américain MacArthur, commandant en chef des forces alliées, a préservé les membres de l’Unité 731 de toutes poursuites judiciaires pour crimes de guerre afin de récupérer les résultats de leurs expériences et de soustraire les dites données à l’Union soviétique.

Plus de 3000 personnes sont mortes dans les laboratoires de l’horreur de l’Unité 731. Vous avez compris que ce livre est venu me chercher. Les abominations décrites dans ce livre sont une négation de la vie et le livre comme tel est une dénonciation du négationnisme.

Malgré tout, je n’ai pas senti chez l’auteur de haine ou de désir de vengeance. L’aspect science-fiction du livre permet à l’auteur de pointer sévèrement le doigt sur un épisode sanglant et honteux de l’histoire. Ça sent le prétexte.

C’est un livre qui m’a ébranlé, choqué et qui m’a fait réfléchir. Le sujet est difficile, mais il est traité avec une remarquable intelligence. L’auteur réussit à imbriquer avec finesse la science-fiction dans la réalité historique. Il en découle un caractère philosophique subtil, dépourvu de lourdeur et de langage compliqué.

L’auteur ne condamne pas, mais se demande plutôt qu’est-ce qu’on peut faire pour que ces horreurs ne se reproduisent pas. Je vous avertis, il y a des passages à soulever le cœur. Je ne crois pas qu’il s’agisse de sensationnalisme prémédité. C’était tout simplement inévitable. Bref, je vous recommande L’HOMME QUI MIT FIN À L’HISTOIRE…un petit livre qui ne manque pas de grandeur. Il est très fort et ne vous laissera pas indifférent.

Suggestion de lecture : L’HOMME QUI N’AVAIT PAS DE NOMBRIL, de Michel Leboeuf

Ken Liu est un écrivain américain d’origine chinoise né en 1976. Il est aussi informaticien juriste et traducteur de science-fiction spéculative. D’ailleurs, il a déjà reçu un prix pour l’excellence de ses traductions en science-fiction et fantasy. Ses nouvelles et textes ont été publiés dans de nombreux magazines prestigieux. Les œuvres de Liu ont été récompensés par de nombreux et prestigieux prix littéraires. Il continue son œuvre dans le domaine des nouvelles et romans courts.

BONNE LECTURE
Claude Lambert
Le dimanche mai 2020

René Goscinny raconte les secrets d’Astérix

*Ma légende selon le cas, m’amuse, m’indiffère ou m’agace.
Elle m’agace quand on me fait dire des choses que je n’ai pas dites.
Elle m’amuse quand un petit garçon me regarde, avec des yeux
écarquillés parce que, pour lui, je suis Astérix réincarné.*

(René Goscinny en citation, extrait de RENÉ GOSCINNY raconte les
secrets d’Astérix, Éditions le Cherche-Midi, 2014, disponible en
papier et en numérique. Pour cet article : édition de papier, 220 pages)

(Le Figaro)
Voici l’histoire d’Astérix racontée par son co-créateur, René Goscinny disparu prématurément en 1977. Rassemblées sous forme d’abécédaire, des centaines de citations composent ce «récit» inédit émanant directement de celui qui, un jour, écrivit pour la première fois sur une feuille de papier le nom «ASTÉRIX».

Avec son ami dessinateur Albert Uderzo, le génial scénariste ignorait alors qu’il venait de créer un héros planétaire :  350 millions d’albums vendus et plus de 150 traductions. On en sait maintenant un peu plus sur Astérix, Obélix, Panoramix et le secret de la potion magique, sur les sources d’inspiration de René Goscinny, sa méthode d’écriture et l’extraordinaire complicité développée avec Uderzo. On en sait maintenant un peu plus sur l’univers d’Astérix, protégé de très haut par Toutatis…

UN AMI POUR LA VIE !
*Notre seule ambition, c’est de
faire rigoler…les autres
Interprétations sont démesurées.*
(René Goscinny, extrait)

RENÉ GOSCINNY RACONTE LES SECRETS D’ASTÉRIX est un recueil de récits, d’extraits d’entrevue, de citations et de calembours de René Goscinny, créateur d’Astérix. Ce n’est pas une autobiographie. Goscinny n’aurait jamais eu le temps de la faire. Il est mort en pleine gloire, très jeune, 51 ans…très prématurément, le 5 novembre 1977 d’une crise cardiaque. Heureusement, Astérix a survécu grâce à un ami de toujours : Albert Uderzo.

Ce faisant, René Goscinny nous a laissé un héritage extraordinaire, voir unique au monde : *L’œuvre de René Goscinny est si abondante et multiple que la notoriété de l’auteur se perd dans celle de ses héros* (Extrait) Tous les propos de Goscinny sous quelques formes qu’ils soient sont réunis dans cet opuscule sous forme d’abécédaire affectueusement préfacé par la fille de monsieur René : Anne Goscinny : *Désormais, pour entendre la voix de mon père, j’ouvrirai aussi ce livre-là.* (Extrait)

Lire le CV de Goscinny a été pour moi, étourdissant. Déjà en 1977, je regrettais sa disparition car il a donné à la BD, ce genre littéraire capricieux à l’époque, un souffle qu’il n’a jamais perdu. Si je reviens à ce livre sur les secrets d’Astérix, sa forme d’abécédaire était pratiquement obligée. Le concepteur n’avait pas le choix…trop de citations sur des sujets extrêmement variés…

Dans un contexte purement autobiographique, je suis sûr que Goscinny aurait présenté les choses d’une façon différente. Mais sous sa forme actuelle, le livre a un petit quelque chose de…je sais pas…nombriliste peut-être, un peu sensationnaliste. Vu l’extraordinaire productivité de Goscinnny, rien ne pouvait m’empêcher de dévorer ce livre.

L’ensemble des citations, les définitions de l’auteur, les bulles, les interventions d’Uderzo, tous ces éléments rassemblés dans une certaine anarchie qui fait sympathique perpétuent avec une évidente émotion l’intelligence supérieure et l’extraordinaire imagination de René Goscinny.

Il se raconte avec une passion débordante et le livre est effectivement bourré de petits secrets, des petites choses toutes simples que j’ignorais, des petites indiscrétions, des notes historiques et surtout comment insérer des personnages ou objets qui n’étaient pas du tout voués à la pérennité comme la potion magique par exemple, ou le Idéfix.

Enfin, c’est non sans émotion que j’ai compris la nature du contact entre Hergé, le père de Tintin, mon ami d’enfance et Goscinny, le père d’Astérix, mon ami d’adolescence, et la profonde interaction entre René Goscinny et Albert Uderzo : *Moi c’est l’autre* (extrait)

Je pense que ce livre vient chercher toutes les générations. Il comprend beaucoup d’humour, la marque distinctive de Goscinny, de l’émotion, de la tendresse, des révélations surprenantes et des allusions aussi fines que drôles comme celle-ci par exemple qui évoque l’installation de Goscinny aux États-Unis : *J’étais parti aux États-Unis pour travailler avec Walt Disney, mais Walt Disney n’en savait rien* (Extrait)

Je ne veux pas me lancer dans ce qui pourrait vous paraître une dithyrambe, mais il faut prendre ce livre pour ce qu’il est : un petit coffre au trésor dans lequel humour rime avec amour, sensible rime avec susceptible, talent rime avec enfant. Le livre rassemble les propos d’un homme qui aimait être aimé. Ce livre m’a touché, m’a fait rire et m’a appris beaucoup de choses. Je vous le recommande chaleureusement.

Le mot de la fin, je le laisse au Cherche midi, car il est l’expression d’une heureuse finalité eu égard au patrimoine culturel mondial. Il dit tout… :*En redonnant aujourd’hui la parole à celui qui l’a donnée à Astérix, nous faisons œuvre de mémoire. Sociologues, essayistes, universitaires, spécialistes, journalistes se sont emparés du mythe. Mais la véritable histoire d’Astérix, c’est celle que raconte René Goscinny.*. (Extrait : introduction «Ils sont fous, ces romains!» René Goscinny raconte les secrets d’Astérix).

Suggestion de lecture : ASTÉRIX CHEZ LES QUÉBÉCOIS, de Tristan Demers

Né le 14 août 1926 à Paris, René Goscinny passe son enfance en Argentine, entre Buenos Aires et la pampa. Après des débuts prometteurs de sous-aide-comptable d’un aide-comptable dans une usine de récupération de vieux pneus, il entre comme apprenti dessinateur dans une agence de publicité. 

BRÈVE BIOGRAPHIE…GRANDES ÉTAPES POUR GOSCINNY

À 19 ans, il part à la conquête de l’Amérique et, plus précisément, des studios Walt Disney. Il rencontre Morris à New York, Jean-Michel Charlier à Bruxelles et Albert Uderzo à Paris. Goscinny, qui a compris que son talent s’épanouissait plus efficacement dans le scénario que dans le dessin, met en chantier une multitude de bandes dessinées (parmi lesquelles « Oumpah-Pah », « Strapontin » et « Luc Junior »).  

En 1955, il reprend le scénario de « Lucky Luke » et anime, avec Sempé, une version en bande dessinée du « Petit Nicolas »… En 1959, Goscinny, Charlier et Uderzo prennent une part active dans le lancement de l’hebdomadaire ‘Pilote’. Avec Uderzo, Goscinny y signe le premier épisode des aventures d’Astérix ; En 1962, il crée « Iznogoud », une série mise en images par Jean Tabary.

Puis, le petit Gaulois connaît une irrésistible ascension : en 1965, le premier satellite français est baptisé « Astérix » et, quelques années plus tard, les albums sont traduits dans une trentaine de langues…Pendant que le boom « Astérix » secoue la bande dessinée, Goscinny fait de ‘Pilote’ un laboratoire de création où s’épanouit la nouvelle bande dessinée, avec Gotlib entre autres.

En 1973, Goscinny crée, avec Uderzo et Georges Dargaud, les studios Idéfix. En 1976, alors que les studios donnent naissance aux « Douze Travaux d’Astérix », le 23e album du petit Gaulois sort, tiré à 1 300 000 exemplaires. L’histoire de Goscinny s’arrête le 5 novembre 1977, tandis que l’équipe des studios Idéfix travaille sur « La Ballade des Dalton », perpétuant son rêve le plus ancien …

Vous le voyez, il est impossible de faire le tour de cette illustre carrière en quelques lignes. Je vous invite à visiter, pour en savoir plus, le site officiel d’Astérix. Vous ne serez pas déçu.
Bonne lecture
JAILU/Claude Lambert
Le dimanche 15 décembre 2019

LA CHORALE DU DIABLE, de MARTIN MICHAUD

*Le tueur est là, en bas des marches. Il s’apprête à franchir les portes menant
à la station de métro Bonaventure. Le tueur retire sa cagoule…surtout, ne pas
créer de mouvement de panique…*
(extrait de LA CHORALE DU DIABLE de Martin Michaud, éditions Goélette, Qc, 2011, éd. Num. 421 pages)

Avant de se suicider, un homme tue une femme et trois enfants…un carnage d’une horreur indescriptible.  Le meurtrier présumé serait le mari. Deux jours plus tard, une alerte Amber (alerte-enlèvement à grande échelle) est déclenchée : une jeune fille faisant de la porno sur internet est kidnappée. Comme les deux drames semblent sans lien au début, chaque affaire est confiée à un policier. Les deux enquêtes vont finir par converger et elles seront d’autant compliquées que les deux policiers se détestent cordialement.

Ils s’engageront néanmoins dans une démarche dangereuse les conduisant dans plusieurs villes du Québec et même jusqu’au Vatican. Évoluant dans un monde obscur de fanatisme religieux et de perversité dans une enquête parsemée de morts, Victor Lessard et Jacinthe Taillon se rapprochent de la découverte d’un secret terrifiant : celui de la chorale du diable.

Un secret effrayant
*…Est-ce que ça -fitterait- avec des satanistes
de mettre en scène des meurtres, en essayant
de reproduire une invasion de mouches
inspirée du quatrième fléau?*
(extrait de LA CHORALE DU DIABLE)

Avec sa plume puissante et fort bien structurée, Martin Michaud nous livre un récit intense qui évoque les travers les plus tordus de la nature humaine : cruauté, sadisme, violence, pédophilie, satanisme et j’en passe. Je pense que le lecteur doit bien évaluer la sensibilité de son âme avant d’entreprendre la lecture de ce livre et savoir aussi qu’il ne donne pas une image très flatteuse de l’Église Catholique. Une fois commencée la lecture de l’histoire, je me suis senti comme une mouche dans une toile d’araignée…difficile d’en sortir.

L’auteur a imaginé une enquête extrêmement complexe et tentaculaire, car elle amène autant l’enquêteur de l’histoire que le lecteur dans de multiples directions avec de multiples rebondissements pour chaque direction.

Une phrase captée en cours de lecture et qui concerne l’enquêteur Victor Lessard résume très bien la complexité de l’histoire : *…Il ne peut s’empêcher de frissonner : il se heurte à quelque chose de beaucoup plus grand que lui, une bête à multiples tentacules qui le dépasse et qui lui flanque une peur irraisonnée.* (Extrait LA CHORALE DU DIABLE)

Je parle souvent dans mes commentaires de l’importance du fil conducteur d’une histoire…cette espèce de lien qui garde le lecteur dans le coup. Ce fil conducteur prend une importance capitale dans un récit aussi multidirectionnel que LA CHORALE DU DIABLE. Dans ce récit, il y en a deux…et deux solides : d’abord la chorale.

L’auteur dévoile très graduellement le lien entre la chorale et les meurtres. Et puis, il y a les mouches…alors ça c’est une trouvaille : l’omniprésence des mouches dans le récit…des essaims de millions de mouches…

En plus d’établir un lien entre les mouches et l’apocalypse, l’auteur nous livre sa petite explication judiciaire et médico-légale : *…Lessard sait que l’entomologie judiciaire s’intéresse généralement aux mouches et autres insectes qui, les uns après les autres, viennent se nourrir des cadavres en décomposition, parce que ce comportement permet de fixer avec précision le moment de la mort.* (extrait LA CHORALE DU DIABLE)

Mais voilà, dans le récit, il y a beaucoup trop de mouches pour que ce soit naturel. Quoique l’auteur mette le lecteur sur la piste (avec retenue), il ne livre l’explication du mystère qu’à la fin.

Autre lien intéressant dans le récit, la présence constante d’hommes d’église et vous pouvez me croire, ce ne sont pas tous des enfants de chœur et leur rôle dans l’histoire est issu d’une motivation très particulière qui m’a laissé pantois.

LA CHORALE DU DIABLE est un polar bien ficelé, puissant qui rappelle un peu Dan Brown dans le dévoilement progressif de l’intrigue et la multiplicité des indices. Les personnages principaux : les enquêteurs Victor Lessard et Jacinthe Taillon sont deux mufles, mais étrangement, deux mufles attachants.

À vous amis lecteurs de découvrir pourquoi. La violence y est très descriptive…trop à mon goût, mais si vous avez le cœur solide, je vous recommande LA CHORALE DU DIABLE déjà bardé de reconnaissances littéraires : PRIX SAINT-PACÔME du meilleur roman policier en 2011, et PRIX ARTHUR- ELLIS remis au meilleur roman policier francophone publié au Canada en 2012.

Suggestion de lecture, du même auteur : SOUS LA SURFACE

Né à Québec en 1970, Martin Michaud est un véritable homme-orchestre : avocat, scénariste, écrivain, il est aussi musicien. Sur le plan littéraire, il s’est spécialisé dans le thriller à forte intensité. Ses trois premiers ouvrages (IL NE FAUT PAS PARLER DANS L’ASCENSEUR et LA CHORALE DU DIABLE en 2011, JE ME SOUVIENS en 2012) obtiennent un succès spontané et fulgurant avec la création d’un personnage tourmenté mais d’une impeccable moralité : Victor Lessard. 

Pour en savoir davantage sur cet auteur déjà qualifié de maître du thriller québécois, consultez son site internet michaudmartin.com

BONNE LECTURE

JAILU

AOÛT 2015

BILBO LE HOBBIT, livre de J.R.R. TOLKIEN

*L’animal devint alors fou; il sauta en l’air;
trépigna et jeta ses pattes de droite et de
gauche en d’horribles bonds, jusqu’au moment
où Bilbo le tua d’un nouveau coup d’épée;
après quoi il tomba et perdit conscience
pendant un long moment.*
(extrait de BILBO LE HOBITT, publication originale
1937, rééd. Le livre de Poche, juin 2007. J.R.R. Tolkien,
édition numérique, 253 pages)

Ce livre raconte l’histoire de Bilbo, un Hobbit de la Comté, paisible qui n’aime ni les aventures ni les imprévus. Mais un jour, la douce quiétude de Bilbo s’envole quand Gandalf vient le chercher. Le magicien entraîne Bilbo dans une aventure fantastique qui le mènera jusqu’à la Montagne Solitaire, gardée par un dragon cruel. Le voyage comporte de dangereuses épreuves.  

Bilbo croisera des personnages très étranges, Gollum en particulier, mais aussi des trolls. Avec Gandalf, Gollum, le Seigneur Elrond et plusieurs autres, Bilbo, sans le savoir, tisse la toile de la plus extraordinaire fresque de l’histoire de la littérature : LE SEIGNEUR DES ANNEAUX

Pour les enfants de Tolkien

*-Qu’ai-je, je me le demande?-
se dit-il, pantelant et trébuchant.
Il fourra la main gauche dans sa
poche. L’anneau lui parut très
froid comme il le glissait
doucement à son index tâtonnant.*
(extrait de BILBO LE HOBBIT)

Ce livre m’a envoûté tout simplement. Non seulement j’ai savouré une écriture limpide et qui confine parfois à la poésie, mais j’ai eu des réponses aux questions que je me suis posées suite à ma lecture du SEIGNEUR DES ANNEAUX (que j’ai lu en premier comme beaucoup l’ont déjà fait). Entre autres, j’ai su les circonstances exactes dans lesquelles l’anneau a été découvert par Bilbo.

Dans ce livre, l’anneau n’est qu’un accessoire. Ce n’est que dans LE SEIGNEUR DES ANNEAUX que le lien pourra être établi entre l’anneau et le Nécromancien dont il est question à 2 ou 3 reprises dans BILBO LE HOBBIT et qui deviendra SAURON dans LE SEIGNEUR DES ANNEAUX. Mais la découverte de cet anneau sera le prétexte à un extraordinaire dialogue, essentiellement composé de devinettes entre Bilbo et Gollum. Ça m’en a dit long sur la psychologie de ce dernier.

BILBO LE HOBBIT est une histoire pour les enfants. Tolkien l’a écrite pour ses propres enfants en y incorporant des chansons et comptines et en développant des thèmes qui passionnent les jeunes lecteurs : héroïsme, courage, quêtes, mystères…

Mais ce livre convient très bien aux adultes d’autant que, sans le savoir probablement, avec BILBO LE HOBBIT et LE SEIGNEUR DES ANNEAUX, Tolkien allait modéliser des personnages et des créatures qui occupent encore aujourd’hui l’univers littéraire extrêmement riche du *fantasy* : elfes, gobelins, trolls, dragons, orques, nains, magiciens et j’en passe. De plus le style et les thèmes développés par Tolkien ne sont pas sans rappeler le phénomène *DONGEON ET DRAGONS*.

Mais BILBO LE HOBBIT est avant tout le prologue du SEIGNEUR DES ANNEAUX. Le livre est plus court, plus abordable. L’histoire est basée sur une seule quête, celle des nains qui veulent récupérer le trésor de leur peuple dérobé par Smaug. L’histoire est plus facile à suivre les dialogues étant plus courts et plus simples, un peu moins descriptifs que LE SEIGNEUR DES ANNEAUX et moins guerriers. L’écriture est un heureux mélange de force et de délicatesse.

Il ne faut pas perdre de vue que c’est une histoire pour enfants, elle est construite comme telle, mais elle a tout ce qu’il faut pour séduire les adultes et puis après tout, il faut bien la lire pour saisir tous les aspects profonds de l’œuvre majeure qui suit. Mais ce sera loin d’être une corvée car le récit est rythmé et très bien construit. L’ensemble est simple et captivant.

Pour moi, BILBO LE HOBBIT est un petit bijou de la littérature…incontournable.

Suggestion de lecture,  du même auteur : LE SEIGNEUR DES ANNEAUX

John Ronald Reuel Tolkien (1892-1973) natif d’Afrique du Sud était écrivain, poète et philologue. Au départ, il a imaginé BILBO LE HOBBIT pour amuser ses enfants (Christopher, John, Priscilla et Michael) et stimuler leur sens de l’émerveillement.  Le texte ne sera achevé et publié que beaucoup plus tard, en 1937 et préfigurera LE SEIGNEUR DES ANNEAUX, ouvrage majeur sur lequel Tolkien travaillera à partir de 1938 et qui sera publié en 1954. Son succès ne sera jamais démenti. TOLKIEN était un passionné des langues et de philologie.

Martin Freeman incarne BILBO LE HOBBIT dans le premier film d’une trilogie
adapté et réalisé par Peter Jackson et sorti en 2012. À suivre…

BONNE LECTURE
JAILU
AVRIL 2015

BAISSE LA PRESSION, TU ME LES GONFLES !

Commentaire sur le livre de
San Antonio

*À cause de son visage grêlé, Molly Heigerter devint réellement neurasthénique et se refusa définitivement à son mari. Mais comme il n’avait plus envie d’elle, tout fût pour le mieux dans le pire des mondes!* (extrait de BAISSE LA PRESSION, TU ME LES GONFLES, San Antonio, éd. Fleuve noir, 1958, 160 pages, éd. num.)

Félix mène une enquête sur une étrange résurgence de la variole dans le territoire américain. Après avoir communiqué son rapport aux services policiers concernés, Félix reçoit la visite d’agents secrets qui semblent décidés à l’éliminer. Apparemment, Félix en sait trop. Pour l’aider à comprendre ce qui lui arrive et dénouer cette intrigue pour le moins mystérieuse, Félix, désormais fugitif,  fait appel à son ami San-Antonio. Le célèbre détective se rend à Vienne où se cache Félix pour y mener une enquête pas très orthodoxe et qui ne plaît ni à la police de Vienne ni aux agents secrets. San-Antonio et Félix s’engagent ainsi dans une course contre la montre.

Deux comprimés. Deux cons primés.

-Et ce jeune garçon, qui est-il?
-mon fils adoptif.
-Bravo! Il est tellement mieux de
réparer les erreurs des autres que
d’en commettre soi-même.*
(ex. BAISSE LA PRESSION TU ME LES GONFLES)

Il y a déjà un bon moment que je suis intrigué par San Antonio. Je me disais qu’avec plus de 75 titres pour les seules aventures du détective, il devait y avoir un intérêt du lectorat, voir un engouement.  Je me suis dit *il faut que j’aille voir* et c’est ce que j’ai fait. J’ai pris un titre au hasard dans l’impressionnante production de San Antonio et je l’ai lu. Peut-être suis-je tombé sur le p’tit mouton noir de la série, mais j’ai trouvé ça un peu pénible.

Les personnages sont artificiels, dont Félix que l’auteur a affublé d’un pénis de 19 pouces de long…pas grand-chose à voir avec l’histoire sinon que ça *joue* un peu sur la psychologie du personnage sans doute. Mais le problème est que l’intrigue est noyée dans ce genre d’assertion.

Le fil conducteur s’en va dans tous les sens. L’histoire est inégale et évolue en dents de scie. De plus l’humour contenu dans ce livre ne m’a pas impressionné ni fait rire…à moins de s’imaginer un homme debout et dont le pénis traîne à terre…mais l’effet se dissipe vite.

Autre élément frappant dans ce livre : le langage est extrêmement argotique et plusieurs passages sont carrément vulgaires. Ainsi, Félix a un PAF de 45 centimètres. On ne regarde pas la télé, on VISE LA TELOCHE. Ça ressemble plus à un dialecte qu’à une langue. J

e ne m’habituerai jamais à ce genre d’écriture réservée aux pratiquants de l’argot. Dommage parce que le sujet était prometteur : la réapparition de la variole…d’origine criminelle encore. Ça aurait dû m’accrocher, mais ça n’a pas été le cas.

Toutefois, loin de moi l’idée de bannir San-Antonio de mes projets de lecture. Forte de 75 titres, la collection San-Antonio a quand-même capté l’intérêt de nombreux lecteurs et lectrices.

J’essaierai alors de savoir pourquoi en espérant trouver mieux.

San-Antonio, de son vrai nom Frédéric Charles Antoine Dard (1921-2000) était un écrivain français qui a fait ses débuts comme rédacteur dans un journal local de Lyon. Il a commencé l’écriture en 1949 avec RÉGLEZ-LUI SON COMPTE, un polar.

Ce sera le début d’une longue et impressionnante série à succès publiée d’abord dans la collection Police au Fleuve Noir, puis dans sa propre collection dédiée, toujours au Fleuve Noir à partir de 1970 . Il est devenu célèbre pour avoir créé le fameux commissaire San Antonio dont il adoptera le pseudonyme.

Pour en savoir plus sur Frédéric Dard, alias San Antonio et son impressionnante bibliographie, je vous invite à visiter le site internet http://www.commissaire.org

Suggestion de lecture : LE GAZON…PLUS VERT…DE L’AUTRE CÔTÉ DE LA CLÔTURE, d’Amélie Dubois.

BONNE LECTURE
JAILU/Claude Lambert
NOVEMBRE 2014

LE 5e RÈGNE, le roman de MAXIME CHATTAM

*Soudain l’air fut chargé d’électricité,
et un bourdonnement languissant s’éleva.
Glenn Ferguson vit l’air devant lui s’altérer
et se brouiller comme l’onde de chaleur
au-dessus des routes de bitume quand il
fait très chaud. L’air semblait danser sous
ses yeux, et l’émanation commença à
prendre une forme. Une forme presque
humaine…*
(extrait de LE 5e RÈGNE,  Maxime Chattam,
Éditions du Masque, 2006, 386 pages éd. Num.)

Cette histoire se déroule dans la ville américaine d’Edgecomb où un tueur en série sévit, assassinant des adolescents de manière cruelle. Un soir, Sean Anderson et ses copains, tous adolescents, découvrent dans le grenier du grand-père de Sean un  livre très étrange : un vieux grimoire.

À partir du moment où Eveanna lira ce livre, une force maléfique enveloppera Edgecomb et le groupe d’adolescents : manifestation d’êtres maléfiques, disparitions et meurtres d’une singulière cruauté. Sean et ses amis pourraient bien avoir mis la main sur un livre contenant un terrible secret sur l’humanité et le pouvoir de l’esprit…

AVANT PROPOS :
au sujet des règnes…

Le célèbre naturaliste et nomenclateur suédois Carl Von Linné (1707-1778), qui a fondé les bases du système moderne de la nomenclature binominale a classifié en même temps la terre en règnes : VÉGÉTAL, MINÉRAL et ANIMAL.

Au début du livre, Maxime Chattam semble vouloir justifier le titre de son œuvre à partir d’une citation de Stein Harden :  *…Acceptons de séparer l’homme des bêtes, et nous avons quatre grands règnes terrestres. N’y aurait-il pas la place pour un cinquième qui les lierait tous ensemble, celui qui fixe l’univers et en dicte les rouages? Le 5e règne, tout comme l’homme a 5 sens et cherche désespérément son 6e…deviendra-t-il le diable en passant au chiffre 6?  Le 5e règne est, ce que dans le récit de Chattam, Georges O’Clem appelle *L’ORA*.

Confrontation avec le mal
*L’homme sourit encore plus et ses yeux
se mirent à briller si fort que Warren,
malgré son jeune âge et son inexpérience
de la vie, y vit clairement l’expression
de la démence la plus pure*
(ex. LE 5e règne, MAXIME Chattam)

Ce livre est un *chattam* pure laine : introduction rapide, style direct jusqu’à la dernière page, peu d’étalage sur la psychologie des personnages, sans longueur, atmosphère lourde et niveau d’intensité élevé.

L’auteur a créé des personnages tellement attachants, des jeunes adolescents, qu’on aimerait les avoirs comme amis, petits frères ou petites sœurs. Ils ont chacun leur sensibilité et une certaine fragilité, mais ils sont authentiques et courageux.

Je me suis rapidement enveloppé de l’émotion qui se dégage de cette histoire surréaliste. Qui n’a pas connu les peurs propres à l’enfance…l’obscurité inquiétante du placard, les bruits étranges de la nuit, les rêves bizarres à la limite du cauchemar comme si on y était…

On dirait que Chattam est parti de cette base, en a fait un solide fil conducteur et y a ajouté la magie, le fantastique tout en gardant une remarquable cohérence.

L’écriture est simple et claire et je ne veux pas trop insister, mais elle est très directe et la description des chaînes d’évènements est parfois très dure.

Je recommande LE 5e RÈGNE aux amateurs de fantastique. C’est une histoire fascinante sur fond de thriller où les jeunes héros, qui ne s’en sortiront pas tous vivants, doivent composer et jongler avec la sorcellerie, le spiritisme, la magie et la nécromancie.

Enfin, ce livre n’est pas sans nous faire réfléchir un peu sur un des éléments de base des sciences paranormales : le pouvoir de l’esprit et de la pensée et plus encore…Chattam dit dans sa postface…je cite : *N’oubliez pas, elle est bien là dans notre  vie de tous les jours, mais nous ne la voyons plus*… Chattam parle ici de…magie.

Suggestion de lecture, du même auteur : GENÈSE : AUTRE MONDE

Maxime Guy Sylvain Drouot est un romancier français né en février 1976. Il a écrit sous les pseudonymes Maxime Williams puis Maxime Chattam.  Après avoir joué dans plusieurs téléfilms, il  devient libraire, métier qu’il exerce toujours. Il écrit son premier thriller en 1999 : le 5e règne.

Pour donner un maximum de crédibilité à ses romans, Maxime Chattam, suit une formation de criminologie dans laquelle il s’initie à la psychiatrie criminelle, les techniques et sciences policières et même la médecine légale et consulte des spécialistes afin de documenter ses romans et leur donner un maximum de réalisme. Il a écrit entre autres LA TRILOGIE DU MAL et LA 5e CLÉ.

BONNE LECTURE
JAILU/Claude Lambert
OCTOBRE 2014